Financements, changements, anniversaires… La culture en 2025

En 2025, partout dans la province, la scène culturelle a été marquée par de grands retours d’événements emblématiques, mais aussi par d’importantes pertes révélant les failles du secteur. Avec plusieurs cinquantenaires qui ont fait dates dont le grand 50e du drapeau franco-ontarien, ainsi que de nombreux projets pour les arts en Ontario français, ONFR revient sur la culture en 2025 en cinq actus.

Une citation : « La communauté francophone à Toronto est une francophonie plurielle, et il faut que ça se ressente sur scène »

Ces propos de Sophie Bernier, qui a dirigé la programmation de la Franco-Fête cette année, viennent saluer le retour de ce festival francophone. La directrice souligne également que « les gens doivent se reconnaître et sentir qu’ils font partie de cette communauté. » La tenue de l’évènement l’année passée était déjà empreinte d’incertitude, faute de financement. Cette année encore, l’organisation a frôlé l’annulation définitive avant de faire un retour marqué suite au soutien de plusieurs partenaires. Par ailleurs, le retour symbolique au Harbourfront ainsi qu’aux dates historiques autour de la Saint-Jean-Baptiste a fait le bonheur des festivaliers.

La scène du Centre Harbourfront où s’est déroulée la Franco-Fête 2025. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Néanmoins, ailleurs dans la province, d’autres institutions culturelles comme le Conseil des arts de Nipissing Ouest (CANO) n’ont pu surmonter des difficultés financières, faute de fréquentation suffisante. Résultat : le CANO a fermé ses portes après 23 ans d’existence. À Ottawa, ce fut au tour de la maison de production franco-ontarienne Le Réveil de mettre la clé sous la porte à cause d’obstacles concernant la formation, le financement et la compétition entre les écoles. Ailleurs dans le Nord à Sudbury, la Librairie Panache a elle aussi suspendu ses activités à cause de défis structurels.

Une date : 25 septembre 2025

Cette année a été riche en cinquantenaires : le drapeau franco-ontarien, le Festival international du film de Toronto (TIFF) ainsi que le Festival Franco-Ontarien (FFO) ont en effet tous marqué leur demi-siècle.

Le 25 septembre 2025 s’est fortement distingué lorsque les Franco-Ontariens de partout dans la province ont célébré le 50e anniversaire de leur drapeau. À l’occasion, des dizaines d’événements culturels ont eu lieu pour souligner cette journée historique, comme à North Bay, où les compositeurs des hymnes franco-ontariens François Dubé (Notre place) et Brian St-Pierre (Mon beau drapeau) ont interprété leur chanson face à un public envoûté.

LeFLOFRANCO, Brian St-Pierre et la foule du Festival franco-ontarien 2025 lors d’un tournage pour le vidéoclip Mon beau drapeau (nouvelle génération). Photo : Rachel Crustin/ONFR

D’autre part, avec le 25e anniversaire de la chanson Mon beau drapeau l’an prochain, le compositeur Brian St-Pierre a réuni des milliers de personnes afin de créer une nouvelle version de son hymne au drapeau. La vidéo est un grand succès sur la toile, ce qui martèle ce sentiment toujours vif d’appartenance franco-ontarienne.

À Ottawa pour les festivités, la Librairie du Soleil a mis de l’avant dans sa boutique les auteurs franco-ontariens, tels que Sarah Migneron ou Didier Leclair, pour le plus grand bonheur des passionnés de lettres.

Un chiffre : 6 millions

6 millions de dollars, c’est le financement annoncé dans le budget de 2025 en faveur du Conseil des arts du Canada (CAC) à travers lequel le secteur littéraire reçoit ses subventions. Les professionnels du livre ont ainsi reçu 6 millions, au lieu des 140 millions de dollars espérés. En effet, le budget n’a prévu aucun renouvellement pour le Fonds du livre du Canada (FLC) dont les 10 millions de dollars reçus l’an passé s’épuiseront d’ici mars 2026.

Afin de soutenir l’écosystème culturel, le budget a prévu en tout un investissement de 503 millions de dollars à partir de 2026-2027, étalé sur quatre ans. Toutefois, d’autres financements ont redonné du souffle au secteur culturel, tels que les 410 000 $ alloués à la Place des Arts du Grand Sudbury, ou encore les 49 000 $ destinés à la tenue d’ateliers et spectacles à Sault-Sainte-Marie, un finacement issu du Programme d’appui à la francophonie ontarienne. Le nouveau Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) a lui aussi reçu 15,7 millions de dollars cette année.

Une personnalité : Brian St-Pierre

Le compositeur de Mon beau drapeau a réuni cette année des milliers de personnes pour créer une nouvelle version de cet hymne au drapeau franco-ontarien, faisant chanter le slammeur franco-ontarien YAO, la chanteuse de l’Orignal Manon Séguin, les chansonniers d’Ottawa, ainsi que de nombreux autres artistes locaux.

Brian St-Pierre à Contact ontarois 2025. Photo : Rachel Crustin/ONFR

De plus, les écoles en Ontario pourront utiliser la chanson à des fins pédagogiques, grâce aux ressources qui accompagnent la création de la chanson et du drapeau.

Un lieu : Hearst et sa librairie communautaire

Après la fermeture de la Librairie Le Nord de Hearst l’année dernière, les Médias de l’Épinette noire de la ville ont pris l’initiative de revitaliser l’offre littéraire en français à Hearst en ouvrant une nouvelle librairie francophone communautaire, intégrée au paysage médiatique local.

« Depuis qu’on a annoncé le projet, les commentaires affluent. Les gens ont tellement hâte que ça ouvre », confiait Steve McInnis, directeur des Médias de l’Épinette noire avant l’ouverture.

La Librairie Le Nord avait un emplacement au cœur du centre-ville de Hearst. Photo : ONFR/Inès Rebei

La nouvelle librairie a fini par ouvrir plus tôt ce mois-ci avec l’appui de la Caisse Alliance afin que la librairie puisse profiter de la période des Fêtes. La disparition de la librairie du Nord l’an dernier était intervenue peu de temps après le décès de son propriétaire Omer Cantin.. Cette nouvelle librairie redonne donc vie à la scène littéraire de Hearst.

Cinq suggestions de lecture pour le temps des fêtes avec des auteurs de la francophonie

Chaque mois, Marine Sibileau, autrice, scénariste et animatrice du balado Cœur d’encre, t’invite à plonger dans sa chronique de recommandations littéraires.

Tu aimes les surprises? Laisse moi te surprendre avec des livres qui valent le détour. On néglige souvent ce petit objet rectangulaire, pourtant, il est l’allié idéal comme cadeau de reconnaissance aux collègues, au corps enseignant ou aux proches à la fin de l’année.

Avec son prix abordable, se déclinant à tous genres et pour tous les goûts, il s’offre facilement. Lequel choisir parmi la montagne de titres qui existent? Étant moi-même autrice, scénariste et animatrice du balado littéraire Cœur d’encre, je lis des livres comme d’autres dévorent du chocolat. Dans les mois à venir, je vous partagerai plusieurs suggestions. Cette première sélection est très spéciale, car en plus de vous proposer des ouvrages issus de ma bibliothèque personnelle, j’ai eu la chance de rencontrer leurs auteur et autrices dans le cadre du balado Cœur d’encre disponible sur TFO.org.


Welsford de Claude Guilmain, publié aux éditions Prise de parole

Tu adores deviner qui est le meurtrier avant la fin? Cette enquête va te donner du fil à retordre! Ce livre policier, il faut bien l’avouer, donne envie d’être acheté juste pour sa couverture qui sent bon l’été même si on est hors saison. À défaut de faire sploush dans la piscine du camping, plonge dans une enquête policière qui va te surprendre. Oui, oui! La preuve, j’ai mis du temps à deviner qui était le meurtrier, allant de fausse piste en fausse piste. L’histoire parle de quoi? De nos jours, le détective francophone Franck Duchesne aide la police de Toronto à enquêter sur un meurtre survenu dans les années 1970, mais qui est découvert seulement maintenant. Comment est-ce possible? Des ossements sont retrouvés sous une piscine privée en pleine démolition. Coïncidence… ou pas : le détective habitait en face de cette maison quand il était ado.

Si tu veux en savoir plus sur ce livre, rejoins-moi au balado Cœur d’encre ici. L’auteur passe aux aveux de mon interrogatoire littéraire… sans son avocat!

La fille d’elle-même de Gabrielle Boulianne-Tremblay, publié aux éditions Marchand de feuilles


Ça fait quoi, d’être dans la peau d’une personne trans? Dans ce roman touchant, la quête de soi universelle ne laisse pas indifférent. Pas étonnant que ce livre soit en cours d’adaptation pour le cinéma! À travers sa plume sensible, l’autrice Gabrielle Boulianne-Tremblay propose un récit poignant, où chaque mot résonne avec poésie comme un écho à notre propre parcours. On y suit une personne trans qui tente d’affirmer son identité — et de la comprendre — de l’enfance à l’âge adulte. Ce qui est magnifique avec ce roman, c’est qu’il laisse le thème principal de la transidentité s’effacer doucement pour permettre à l’humanité de se déployer. La fille d’elle-même est une autofiction où la justesse des mots permet de comprendre avec douceur les questions de l’âme.

Si tu veux en savoir plus sur ce livre, rejoins-moi au balado Cœur d’encre ici. L’autrice se livre dans une conversation intime sur ce roman inspiré de sa vie.


Capharnaüm de Nancy Vickers, publié aux éditions David


T’aimes les histoires weird? Saute sur ce livre déjanté qui te fait entrer dans la tête d’une accumulatrice compulsive. Ce roman, c’est un peu un plaisir coupable que l’on consomme comme un biscuit volé dans la jarre à biscuits de grand-mère. Pourquoi? Car tu découvres comment Elsa, qui souffre d’accumulation compulsive, voit les objets et les déchets prendre de plus en plus de place dans sa vie. Cette fenêtre intérieure permet de saisir les circonstances qui l’ont entraînée là. Ses amis ont, elles aussi, des obsessions qui ne sont pas banales : l’une collectionne les objets des personnes décédées, l’autre les objets mortuaires (bonjour, lit en forme de cercueil!) et la dernière entasse les animaux chez elle. Derrière ce kaléidoscope humain croustillant, l’autrice lève un voile humain autour de l’accumulation compulsive.

Si tu veux en savoir plus sur ce livre, rejoins-moi au balado Cœur d’encre ici. L’autrice se confie sur ce livre écrit alors qu’elle combattait un cancer.


Des silences et des murmures de Maeva Guedjeu, publié aux éditions L’Interligne


Comment survivre à l’impensable? Dans ce recueil de nouvelles, les femmes s’affirment avec une force silencieuse. Nouvellement arrivée au Canada et sur la scène littéraire, l’autrice d’origine camerounaise Maeva Guedjeu propose, avec ce recueil de nouvelles, un regard direct et pourtant tout en nuance sur les femmes. La beauté de son écriture réside dans les non-dits, car presque tout est indirect dans son récit. Chaque nouvelle suit le parcours, souvent difficile, d’une femme qui a fait preuve de résilience pour s’en sortir, sans oser l’affirmer frontalement. Derrière la dureté des épreuves de la vie, ce recueil amène à réfléchir sur la condition féminine et porte un message d’espoir émouvant.

Si tu veux en savoir plus sur ce livre, rejoins-moi au balado Cœur d’encre ici. L’autrice parle des vraies femmes camerounaises qui l’ont inspirée.


L’Obomsawin de Daniel Poliquin, publié éditions Prise de parole


Tu veux parfaire ta culture de lectures classiques? Ce roman phare de la littérature franco-canadienne n’a rien de poussiéreux! Un bon livre est comme un bon vin, il vieillit bien! L’Obomsawin, c’est le classique franco-
canadien qu’il faut avoir dans sa bibliothèque, car il ne prend pas une ride. Certes, je ne suis pas impartiale — Daniel Poliquin est mon auteur franco-ontarien préféré — mais il n’empêche que son histoire, intergénérationnelle et intemporelle, se savoure comme une poutine saupoudrée d’ironie. Tout commence avec le procès d’un peintre métis qui est accusé d’avoir brûlé la maison familiale, détruisant ainsi ses propres peintures. Cela intrigue… En plongeant dans le passé de cet homme et de sa ville natale, l’histoire à l’allure de fresque historique franco-ontarienne se transforme vite en microcosme social cinglant.

Si tu veux en savoir plus sur ce livre, rejoins-moi au balado Coeur d’encre ici. L’auteur offre un regard franc sur cet ouvrage désormais culte qu’il a écrit il y a plus de trente ans.

Nouveaux centres de justice en Ontario : zone d’ombre sur les services en français

TORONTO – Un accord entre Ottawa et la province a abouti à la création de cinq centres de justice communautaires pour jeunes en Ontario. Bien qu’ils visent à débloquer l’accès à des suivis juridiques égalitaires, les contours exacts de l’offre de services en français restent flous, selon un expert.

Dans un échange de courriel avec ONFR, Alexandra Wilkes, porte-parole du procureur général provincial, Doug Downey, explique que « le Centre de santé communautaire de TAIBU (dans lequel un de ces nouveaux centres sera ouvert) sera doté d’une équipe de cinq représentants bilingues, sur place, qui offriront divers services en français, y compris des programmes de soins primaires et de promotion de la santé. » Le carrefour communautaire de Rexdale également prendra part au projet, nous dit-on.

Néanmoins, en entrevue, le gestionnaire des services francophones du Centre communautaire de TAIBU, Ahmat Hassane Tchanaye, affirme que « notre centre de justice pour jeunes en français n’a pas de structure officielle et n’a pas encore reçu de financement. On espère le recevoir, car nous avons l’expertise nécessaire et le personnel qualifié pour mener ce projet en français. »

Dans leur communiqué, les gouvernements affirment que « les centres de justice reçoivent 2,9 millions de dollars de financement provincial annuellement. »

« Ils parlent au futur, donc j’imagine que l’idée d’un vrai centre de justice francophone est actuellement en cours de réflexion? », se demande le gestionnaire.

Ahmat Hassane Tchanaye est le gestionnaire des services en français au Centre de santé communautaire TAIBU. Photo : Gracieuseté

Les jeunes passant par ces centres satellites de justice bénéficient d’un accompagnement à l’insertion à l’aide d’un suivi de santé, social et juridique. D’un point de vue global, ces centres permettent d’améliorer la sécurité communautaire.

Le carrefour communautaire de Rexdale de son côté n’a pu fournir de commentaires avant la parution de cet article.

La prévention plus forte que la répression

Avec ce programme, près de 2200 affaires juvéniles pourraient voir leur traitement accélérer chaque année, selon les deux paliers de gouvernement. L’investissement prévu totalise 13 millions de dollars versés sur quatre ans afin de financer les centres à London, dans le Nord-Ouest de Toronto, puis à Est du centre-ville, ainsi qu’à Kenora, puis un cinquième à Barrie.

« L’accès à la justice en français pour les jeunes et familles qui utilisent les services d’un centre de justice à Toronto est assuré dans les instances virtuelles tenues dans les centres de justice satellites », avance la porte-parole du procureur général. Cette dernière ajoute que des instances tenues en présentiel sont aussi tenues à Toronto en vertu du droit à l’utilisation du français dans les instances judiciaires.

Malgré un statut non officiel, la structure d’aide juridique en français au Centre de santé communautaire TAIBU « offre une approche préventive qui intervient au niveau des jeunes et des parents pour prévenir la violence, en mettant l’accent sur le développement personnel, la santé mentale, le bien-être de ces personnes », décrit M. Tchanaye.

Dissuader la récidive tout en exerçant exercer un système de justice équitable pour les jeunes personnes noires et racisées ainsi que leur famille, tel est l’un des objectifs cités par les gouvernements.

« Le Centre TAIBU est un organisme fondé par les noirs, pour les noirs et dirigés par les noirs », souligne-t-il.

Le Centre de santé communautaire TAIBU à Scarborough abritera l’un de ces nouveaux centres de justice, selon le gouvernement. Photo : Gracieuseté

« Pour nous, c’est une façon d’apporter notre soutien à ces jeunes-là pour qu’ils soient sur la bonne voie et pour éviter le décrochage scolaire », confie le gestionnaire.

En attendant la constitution d’un centre en français, M. Tchanaye avertit quant aux limites des capacités du centre à long terme et de son personnel : « Nous avons clairement exprimé ce vœu-là, parce que nous recevons des jeunes, mais on n’a pas de financement. »

M. Tchanaye constate toujours un manque de soutien, notamment vis-à-vis des services connexes à l’insertion des jeunes : « Nous avons un service de bénévolat pour les aider professionnellement, mais c’est complètement non financé, alors que nous avons 153 bénévoles et plus de 200 sur liste d’attente », déplore le gestionnaire de services en français.

Qu’est-ce qui a retenu l’attention au niveau de la francophonie canadienne et au fédéral en 2025?

OTTAWA – On revient sur l’année 2025 au Parlement avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu qui ont marqué l’actualité à Ottawa et dans les langues officielles et au niveau fédéral.

Une date : le 6 janvier

Ce jour-là, Justin Trudeau annonçait sa démission comme chef libéral forçant ainsi la tenue d’une course à la chefferie chez les libéraux, qui a son issue aura amené le pays en campagne électorale. Après près de 10 ans au pouvoir, la démission de Justin Trudeau aura changé la façade de la politique fédérale avec l’arrivée de Mark Carney.

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau. Crédit image: Stéphane Bédard
La démission de Justin Trudeau aura complètement changé les événements en politique fédérale en 2025. Photo : Stéphane Bédard

Mais sa démission, tant espérée par Pierre Poilievre – qui se dirigeait alors vers une victoire facile – aura finalement chamboulé l’avenir du chef conservateur, mais aussi celui de son adversaire Jagmeet Singh. Le premier a été défait dans sa propre circonscription par les électeurs, tandis que le second a subi le même sort, en plus de démissionner de son poste de chef néo-démocrate.

Une personnalité : Donald Trump 

Jamais un président américain n’aura autant été présent sur la scène politique au Canada que cette année. La guerre tarifaire, la menace du 51e état et l’humeur changeant du président américain envers son voisin du Nord auront transformé l’opinion canadienne, la relation avec les États-Unis étant devenue l’un des enjeux les plus importants aux yeux des Canadiens dans les sondages.

Élu sous la promesse d’obtenir une entente avec les Américains, Mark Carney a plutôt vu le président américain mettre fin aux négociations entre les deux pays, après une publicité de Doug Ford utilisant des propos de Ronald Reagan en opposition aux tarifs. Tout ça alors que 2026 s’annonce l’année de la renégociation de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique.

Un chiffre : 2

C’est le nombre de ministres qui ont occupé le poste de ministre des Langues officielles cette année en seulement quelques mois – Guilbeault et Miller – alors que le total monte à cinq personnes au cours des cinq dernières années. Quand Mark Carney arrive au pouvoir, succédant à Justin Trudeau, son premier cabinet en mars ne compte pas de ministre attitré avec le poste de ministre des Langues officielles. Mais son cabinet après les élections en avril comporte ce rôle de ministre avec Steven Guilbeault. 

Steven Guilbeault a quitté le cabinet de Mark Carney avec fracas en novembre. Photo : Stéphane Bédard

Ce dernier démissionne avec éclat en novembre, l’ancien ministre de l’Environnement attaquant durement l’absence d’une politique écologique au gouvernement. Quelques jours après son départ, M. Carney annonce le retour d’un ministre de la première heure pour les libéraux, Marc Miller, qui hérite des fonctions aux Langues officielles, mais aussi à la Culture.

Une citation : « C’est évident que mon français est loin d’être parfait », Mark Carney

Le français du premier ministre aura fait l’objet de critiques autant en campagne électorale que durant les derniers mois. Depuis son entrée sur la scène politique, il est parfois arrivé que certaines affirmations dans la langue de Molière de l’ancien banquier nuisent à la compréhension de son propos.

Si la maîtrise de l’une des deux langues officielles du pays de ce dernier s’est améliorée depuis son arrivée sur la scène politique, il a admis encore récemment que son français devait s’améliorer. 

À l’automne, Radio-Canada a mesuré que le français représentait environ 17 % du temps de parole du premier ministre, l’anglais étant majoritaire. Par la suite, on a appris que ce dernier n’avait pas de professeur de français depuis plus de deux mois, après avoir suivi près d’une dizaine d’heures de cours durant l’été.

Un lieu : Battle River-Crowfoot

Cette région de l’Alberta aura marqué une année difficile pour Pierre Poilievre qui était pourtant pressenti à pareille date l’an dernier pour devenir le prochain premier ministre. Perdant à l’élection générale face à Mark Carney, il a aussi subi une double défaite en échappant la même soirée son comté de Carleton en banlieue d’Ottawa qu’il détenait pourtant depuis 2004. 

Le chef conservateur s’est alors tourné vers la circonscription de Battle River-Crowfoot en Alberta pour revenir au Parlement, mais pour ce faire, il a eu besoin de la démission de son député Damien Kurek qui lui a laissé sa place.

Un panneau électoral en faveur du chef conservateur Pierre Poilievre est visible en bord de route dans son ancienne circonscription de Carleton, à Ottawa. Photo : La Presse canadienne/Chris Young

Les derniers mois ont été particulièrement ardus pour le chef conservateur, qui a vu deux de ses députés rejoindre les libéraux (Chris d’Entremont et Michael Ma), écorchant son leadership au passage. Il faut aussi noter la démission de Matt Jeneroux, qui avait également eu des discussions avec Mark Carney pour rejoindre les rangs libéraux. Le chef conservateur fera face à une révision de son leadership le 29 janvier prochain.

« Un projet, une évaluation, une décision » : entente entre l’Ontario et Ottawa sur les grands projets

Le gouvernement fédéral et l’Ontario se sont entendus pour éviter de dupliquer les études d’impact et environnementales concernant les grands projets d’infrastructures et de ressources naturelles, visant notamment le développement du Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario.

Les premiers ministres Mark Carney et Doug Ford en ont fait l’annonce jeudi dans le cadre de la signature d’une entente entre la province et le fédéral, qui autorise la province à évaluer le projet d’une entreprise selon ses propres critères.

Le gouvernement fédéral se servira ensuite des conclusions de cette évaluation pour décider d’approuver ou non le projet. Auparavant, une entreprise était soumise à une étude auprès des deux paliers gouvernementaux.

« Il y a des enjeux pour le gouvernement fédéral, par exemple avec les oiseaux, les poissons et les consultations avec les peuples autochtones. On garde ces responsabilités, on respecte nos engagements, mais on crée en même temps un seul processus plus efficace avec une décision », a affirmé Mark Carney en conférence de presse, ce jeudi.

Doug Ford a répété son désir de conclure une entente de ce type au cours des derniers mois, plaidant qu’elle permettrait de faire avancer le développement du Cercle de feu dans le Nord de l’Ontario. Par ailleurs, le communiqué de l’entente précise que l’Agence d’évaluation d’impact du Canada s’engage à terminer son examen des routes menant au Cercle de feu au plus tard en juin 2026.

« Et nulle part ailleurs l’impact de cet accord ne se fera plus sentir que dans le développement du Cercle de feu, a vanté Doug Ford aux côtés de son homologue fédéral. Notre entente constitue la prochaine étape du travail de grande envergure et du partenariat de notre gouvernement avec les communautés autochtones et du Nord. »

« Nous avions l’habitude de construire de grandes choses dans ce pays, et nous les construisions rapidement. Il est temps de s’y remettre et d’aller de l’avant », a plaidé M. Carney, soulignant que le Cercle de feu « possède les minéraux critiques nécessaires aux véhicules électriques, à l’énergie solaire et éolienne, ainsi qu’aux applications de défense ».

Des ententes similaires ont déjà été signées avec le Nouveau-Brunswick et l’Alberta dans les dernières semaines.

5 albums franco-ontariens de 2025 à écouter

OTTAWA – De Sudbury à l’Est ontarien, plusieurs artistes franco-ontariens ont marqué l’année 2025 avec des albums aux univers distincts, entre introspection, liberté créative et diversité musicale. Retour sur 5 albums à déguster sans modération.

Salon des refusés d’Edouard Landry

Originaire de Sudbury, Edouard Landry a livré en mars 2025 son huitième album. Salon des refusés est un opus inspiré de la vie du peintre Claude Monet, un pionnier qui a su imposer son art malgré la résistance et le conservatisme des institutions académiques de l’époque.

Pochette de l’album Salon des refusés. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

À travers 13 chansons, Edouard Landry explore les thèmes du refus, de la persévérance et de la beauté, dans la nature et dans l’art. Dans cet album, la musique est volontairement sobre mais captivante mimant quelque part le courant impressionniste, l’accordéon rappelle un peu le Paris de Monet. Inspirant.

Mille raisons d’écouter Mélissa Ouimet

Mille raisons, le nouvel album de la Franco-Ontarienne Mélissa Ouimet est disponible depuis le 19 septembre. La chanteuse originaire de Saint-Albert, dans l’Est ontarien, propose 10 pièces écrites et composées en équipe, notamment avec son complice musical et conjoint Bruno Labrie.

Mélissa Ouimet lancera la tournée ontarienne Mille raisons à Orléans (Ottawa) en février 2026. Photo : Gracieuseté de Bombardier communications

C’est la chanson Mille raisons qui donne son titre à l’album. « Mille raisons était vraiment plus représentatif de l’album. Dans chaque chanson, il y a une raison. Une raison de pleurer. Une raison de rire. Une raison de se révolter, d’avoir du fun… c’est un mélange de plein de trucs, cet album-là », affirmait Mélissa Ouimet à la sortie de son album, ajoutant qu’elle raconte aussi bien ses histoires, que celles des autres.

Ultraviolet, un album éclectique

Ultraviolet est le sixième album de Damien Robitaille, chanteur originaire du petit village franco-ontarien de Lafontaine. Sorti en février, Ultraviolet c’est neuf titres aux influences diverses : de la pop, du disco, du funk, du folk, du gospel. Le multi-instrumentiste désormais établi à Montréal s’occupe du piano, des claviers, de la guitare acoustique et des voix.

Ultraviolet est le sixième album de Damien Robitaille. Photo : Martin Girard

Selon l’artiste, les mélodies ont pris naissance dans la période où Damien Robitaille voyait sa popularité exploser, alors qu’il publiait une chanson par jour sur ses réseaux sociaux, pendant la pandémie.

L’exercice lui a permis de « chanter en anglais, de chanter dans une autre langue, d’être libre », tout en orientant l’écriture des prochaines pièces qui composent Ultraviolet, éblouissant!

Le groupe Hey, Wow entre humour et tendresse

La formation franco-ontarienne Hey, Wow a lancé l’album éponyme Hey, Wow IV en septembre. Réunissant des musiciens virtuoses, le groupe de la région d’Ottawa présente une variété de styles musicaux (du traditionnel au country, de la java au ska et blues) et où l’accordéon et les guitares rencontrent des textes ciselés.

Le groupe Hey Wow est issu de la région d’Ottawa. Photo : Joël Ducharme. Source : heywow.ca

Onze chansons qui accrochent les mélomanes et où l’on passe facilement de l’humour à la tendresse, avec des titres aussi évocateurs les un que les autres : Envoie fort, La tournée des fêtards, J’ai perdu ma femme, C’est légal! ou encore Un weekend en plein milieu de la semaine. Un régal!

L’électro-pop de Jessy Lindsay

Lancé en janvier 2025, Plus pareil est le titre du mini album électro-pop de Jessy Lindsay auteure-compositrice-interprète franco-ontarienne.

Jessy Lindsay en spectacle pour Fierté dans la capitale, en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Dans cet opus, l’artiste de 24 ans, fait montre de sa puissante voix, ses textes engagés qui lui ont d’ailleurs valu deux nominations aux derniers prix Trille Or.

Grâce à sa musique groovy et festive, cette artiste qui se définit comme jeune femme queer espère apporter une vague d’air frais.

À Ottawa, une friperie transforme le rétro en acte écolo

OTTAWA – La friperie Lainey’s Luck redonne vie aux vêtements en misant sur la réparation, le recyclage et le savoir-faire local. Un petit bastion de consommation durable face à la mode jetable.

Ils sont rapidement devenus leur produit vedette, particulièrement prisé par les jeunes : des tricots de laine retouchés, ornés de patchs colorés bien visibles. 

Depuis l’ouverture de Lainey’s Luck en 2023, au cœur du centre-ville d’Ottawa, la petite friperie arborant comme logo un chat, Lainey, n’a cessé d’évoluer.

Patchs colorés cousus à la main : la signature des tricots vedettes de Lainey’s Luck. Crédit : Mastodon / laineysluck@ottawa.place

Patchs colorés cousus à la main : la signature des tricots vedettes de Lainey’s Luck. Crédit : Mastodon / laineysluck@ottawa.place

Patchs colorés cousus à la main : la signature des tricots vedettes de Lainey’s Luck. Crédit : Mastodon / laineysluck@ottawa.place

Lainey, le chat mascotte de la boutique, symbole de seconde chance et d’inspiration pour Lainey’s Luck. Crédit : Mastodon / laineysluck@ottawa.place

« Au début, tout était vendu au poids. Puis, avec l’évolution du quartier et l’arrivée de nouveaux magasins rétro, nous avons ajusté notre modèle », explique Jamil Shariff, copropriétaire avec Samantha Dodd. 

Aujourd’hui, une partie des articles est vendue à l’unité. Tout est soigneusement trié, lavé, parfois réparé, puis étiqueté avant d’être mis en rayon.

« Je fais partie des premières générations de garçons qui ont pu suivre à l’école des cours traditionnellement réservés aux filles, comme la couture, au lieu du travail du bois ou de la photographie. Une révolution à l’époque », raconte Jamil.

Mais cette culture de la réparation et de la récupération se perd, déplore cet ancien expert en développement durable. 

« Les gens n’ont plus vraiment ces habiletés, constate Jamil. Leur réflexe : jeter et racheter. Ils préfèrent le prêt-à-porter. »

Et c’est justement ce que la boutique tente de renverser.

Jamil Shariff, copropriétaire de Lainey’s Luck, retouche et répare les tricots qui font la renommée de la boutique. Photo : Amine Harmach / ONFR

Faire du neuf avec du vieux

Lainey’s Luck propose aussi des créations uniques, issues de collaborations avec des artisans locaux, certains provenant d’un refuge voisin, qui réutilisent la matière première récupérée à la friperie.

Mitaines, bonnets, mouchoirs, sacs, chandails, jupes, chaussures, mais aussi savons locaux, tableaux et pots de plantes : chaque pièce a son histoire, que les propriétaires savent raconter.

« Nous sauvons tellement de choses de l’enfouissement, tellement de vêtements qui auraient pu finir à la poubelle, et c’est quelque chose qui compte beaucoup pour nous », confie Samantha.

Pour Jamil, la solution passe par « la revalorisation des compétences locales de couture, un changement d’attitude envers la qualité, et une réflexion plus large sur nos habitudes de consommation ».

Il reconnaît toutefois que ce virage culturel est difficile, mais il reste déterminé à faire sa part.

Engagés dans sa communauté et pour l’environnement

Avant de se consacrer à la friperie, ce natif d’Ottawa a travaillé comme consultant en efficacité énergétique et en énergies renouvelables, entre autres au Tadjikistan, au Cameroun et au Bénin, après des études à Londres. La pandémie a mis un frein à sa carrière internationale.

Son engagement environnemental ne date pas d’hier. En 2008, il publiait 50 Green Projects for the Evil Genius (McGraw Hill TAB), un guide « do-it-yourself » proposant des idées pour réduire la consommation, recycler et adopter un mode de vie plus durable.

« Si je continue ce projet de friperie, c’est parce que je crois à ce défi : contribuer, à mon échelle, à une solution durable à un problème global », dit-il.

Vêtements, accessoires et créations locales, chaque article a son histoire. Photo : Amine Harmach / ONFR

Samantha, elle, a travaillé toute sa vie dans la restauration et le service avant de se lancer à son compte. Amoureuse du vintage et des vêtements de seconde main, elle trouve enfin dans cette boutique un sentiment d’utilité et d’alignement avec ses valeurs.

« Ici, on consomme encore, mais autrement »
— Samantha Dodd

Elle aime imaginer la vie d’un chandail : acheté neuf, porté, puis revenu à la boutique pour être aimé une seconde fois.

Le principal défi pour Sam et Jamil demeure la qualité catastrophique de la mode jetable (fast fashion) : des vêtements conçus pour être portés une ou deux fois, impossibles à réparer durablement.

« Parfois, on ne sait même pas quoi en faire. Ce n’est ni utilisable, ni recyclable, ni acceptable en don », déplore Jamil.

Malgré tout, ils persévèrent et cherchent sans cesse de nouvelles solutions.

Un engouement pour le seconde main

Le magasin attire désormais davantage de clients, même si les débuts ont été difficiles.

« Nous arrivons aujourd’hui à payer le loyer, près de 4000 dollars, et à nous verser un petit montant, mais le projet reste fragile. Les mois de décembre, janvier et février sont particulièrement lents. La fièvre d’achat de neuf autour du vendredi fou n’aide pas », dit-il.

Samantha est tout de même optimiste. Selon elle, la période des Fêtes sera plus active que l’année dernière, la boutique offrant désormais davantage d’articles-cadeaux (sacs et chapeaux recyclés, t-shirts revalorisés, plantes, savons locaux, etc.).

Samantha Dodd, copropriétaire de Lainey’s Luck, affirme se sentir chanceuse, même si la stabilité financière demandera du temps. Photo : Amine Harmach / ONFR

Elle constate déjà une amélioration : les ventes ont augmenté par rapport à l’an passé et la réputation de la boutique commence à se répandre.

« Il y en a pour toutes les bourses, des pièces très abordables et d’autres plus chères, en fibres naturelles, qui durent longtemps et font de beaux cadeaux. »

Elle souligne également le rôle social de la friperie. De nombreuses personnes en situation d’itinérance viennent y chercher des vêtements.

Ce qui lui plaît le plus? « Rendre les gens heureux. Les aider à trouver leur vêtement. »

À l’approche du week-end, elle prépare déjà les plus beaux chandails de Noël, en prévision d’un achalandage accru pour des cadeaux estampillés Lainy’s Luck. 

Pour la petite histoire, Lainey, le chat adopté par Sam et Jamil, doit sa place sur le logo à son propre coup de chance. Recueilli par le couple, le veinard incarne à sa façon cette seconde vie que la boutique offre aux vêtements.

Éducation en français : Patrimoine canadien blâmé par un tribunal pour l’absence de consultation

La Cour fédérale a statué que Patrimoine canadien a failli à ses obligations linguistiques en omettant de consulter de façon appropriée le Conseil scolaire francophone de Terre-Neuve-et-Labrador (CSFP) dans le cadre d’une entente en éducation avec le gouvernement provincial. Le tribunal rejette toutefois les deux millions de dollars que réclamait le conseil scolaire en dommages.

La décision rendue mardi par le juge de la Cour fédérale Guy Régimbald accueille en partie la demande du CSFP, rejetant la réclamation monétaire, l’accusation d’un manque de reddition de comptes, mais épingle le ministère fédéral pour avoir violé la Loi sur les langues officielles sur la démarche de consultation.

Le CSFP accusait Ottawa de ne pas l’avoir consulté avant de signer une entente sur l’éducation en français avec le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador pour la période de 2013 à 2018, où le fédéral comptait investir 1,3 million de dollars avec une contribution provinciale équivalente ou supérieure.

Le seul conseil francophone dans la province s’appuyait dans sa requête sur une enquête du commissaire aux langues officielles qui lui avait donné raison concernant le manque de consultation.

La décision rendue mardi établit que le conseil n’a pas été « consulté directement dans l’élaboration et l’adoption de l’Entente 2013-2018 » et que « si une telle consultation avait eu lieu, le CSFP aurait proposé des initiatives permettant de répondre à certains besoins de la communauté linguistique minoritaire », est-il écrit dans le verdict.

« Le ministre n’a pas dûment tenu compte du fait que le CSF, qui agit à titre de représentant des parents ayant-droits, est le mieux placé pour identifier les besoins locaux », soutient le jugement.

« Dans le cadre de toute Entente ultérieure où des initiatives seront évaluées et négociées entre PC (Patrimoine canadien) et le GTN-L (gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador), le CSF doit être invité et consulté, avec un préavis suffisant pour se préparer et consulter les parents ayants droit, afin que ses besoins soient exprimés et considérés », est-il ordonné par le juge Guy Régimbald qui a écrit cette décision.

Devant la Cour, Patrimoine canadien soutenait qu’une telle demande le « rendrait incapable de mettre en œuvre sa mission » puisqu’il gère des centaines de programmes, un argument rejeté par le tribunal. Le juge considère que le fait de consulter des conseils scolaires francophones « représente une circonstance précise et circonscrite qui n’est pas reproduite dans d’autres contextes », ajoutant que le ministère a déjà effectué ce genre d’exercice auparavant auprès d’autres instances scolaires.

Fait à noter, cette décision a été rendue en vertu de l’anciene version de la Loi sur les langues officielles, avant qu’elle ne soit modernisée en 2023. Ce devoir de consultation a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs modifications dans la refonte de la LLO. Dans un communiqué, le président du CSFP, Michael Clair, a déclaré être « heureux de cette conclusion de la Cour fédérale ».

« La Cour fédérale est sans équivoque : il faut que ces consultations soient effectives et surtout que l’expertise du CSFP en matière d’éducation dans la langue de la minorité pèse lourdement dans le cadre de l’élaboration des priorités financées par le PLOÉ », mentionne-t-il.

Réclamation de 2M $ rejetée

Si la section sur les consultations est accueillie favorablement, les autres arguments, comme celui financier, avancés par le conseil scolaire de la province atlantique, sont rejetés par le tribunal. Le CSFP demandait à ce que la Cour statue que l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit à l’instruction dans la langue de la minorité, s’applique au gouvernement fédéral, ce que n’a pas voulu statuer le juge Régimbald, « puisque le litige peut être tranché sur la base de la LLO », soutient-il.

Le CSFP réclamait une somme de 251 000 $ de fonds fédéraux par année sur sept ans en réparation. Il prétend qu’il aurait dû recevoir ce financement, mais qu’il n’est pas « traçable » en plus d’une somme de 267 000 $ pour un total de près de deux millions de dollars.

L’instance provinciale soutenait aussi que le processus de reddition de compte d’Ottawa, auprès de la province dans ce cas-ci, n’était pas suffisant pour « s’assurer que les fonds sont effectivement investis dans les initiatives proposées ». 

Le juge Régimbald tranche que « les mesures de reddition de compte étaient adéquates », mais écorche les deux paliers de gouvernement, qui « ont fait preuve d’un certain manque de transparence en omettant de les communiquer sur demande » au conseil scolaire francophone.

Le juge a écarté l’argument du CSFP selon lequel le financement d’Ottawa était insuffisant pour respecter l’article 23 de la Charte. Cet argument soutenait que le financement correspondait uniquement au minimum requis et ne faisait que « favoriser la préservation du statu quo » au lieu de l’épanouissement de la communauté, contredisant ainsi les obligations linguistiques.

« La Cour n’est pas en mesure d’établir, en l’espèce, que ce ‘seuil’, ou l’égalité réelle, n’est pas rencontré pour les élèves de la minorité, ni de conclure que tous les fonds PLOÉ (Protocole sur les langues officielles en éducation) sont nécessairement consacrés à permettre au GTN-L de se rapprocher, mais non d’atteindre, l’égalité réelle », a déterminé le juge Régimbald.

Le communiqué du conseil scolaire mentionne aussi la possibilité que l’appel puisse être interjeté autant par Patrimoine canadien que le CSFP devant la Cour d’appel fédérale. Mardi, Patrimoine canadien nous a indiqué, dans une déclaration, avoir « pris acte de la décision rendue par la Cour fédérale et procède présentement à l’étude de ce jugement ».

Le drapeau franco-ontarien hissé de façon permanente sur un mât de Queen’s Park

TORONTO – Le drapeau franco-ontarien est désormais hissé de manière permanente sur le mât cérémonial de l’Assemblée législative de l’Ontario. Celui-ci trônait déjà sur la façade de l’édifice depuis 2021, mais n’était arboré sur le terrain que durant le Jour des Franco-Ontariens. Il prendra ainsi place aux côtés des drapeaux du Canada et de l’Ontario, ornant les deux mâts principaux.

Le drapeau franco-ontarien a pris place de façon permanente sur le mât de célébration de Queen’s Park, situé devant l’entrée des visiteurs, partie sud de l’édifice.

Les deux plus grands mâts, qui ceignent l’entrée principale, portent, eux, les drapeaux de l’Ontario et du Canada.

ONFR a appris que la décision a été votée la semaine précédente par la Commission de régie interne (Board of Internal Economy), organe de l’Assemblée législative de l’Ontario au rôle administratif et financier, pour laquelle il s’agissait de rendre plus visible ce symbole de la communauté pour marquer le 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien.

Constituée de députés représentant les trois partis principaux, et présidée par Donna Skelly, présidente de la chambre, qui n’a pas de vote, la commission regroupe les progressistes-conservateurs Paul Calandra, ministre de l’Éducation, et Steve Clark (Leeds-Grenville-Thousand Islands et Rideau Lakes), le néo-démocrate John Vanthof (Timiskaming-Cochrane) et la libérale Stephanie Bowman (Don Valley-Ouest).

La nouvelle a été annoncée ce 16 décembre par voie de communiqué par le bureau de Donna Skelly, qui a déclaré : « En déployant ce drapeau de manière permanente devant l’édifice, nous ne nous contentons pas d’afficher un symbole reconnu par la Loi sur l’emblème franco-ontarien, nous affirmons à chaque personne qui en franchit les portes que la communauté franco-ontarienne est non seulement partie intégrante de notre histoire, mais qu’elle est fondamentale pour la construction de notre avenir. »

La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, qui y fait référence au récent 50e anniversaire de la création du drapeau, a ajouté que « bien qu’il ait déjà été déployé sur la façade de l’édifice de l’Assemblée législative lors de levers commémoratifs, cette mise en place permanente reflète le rôle continu et essentiel que joue la communauté franco-ontarienne dans la vie de notre province ».

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est réjouie de l’annonce via une déclaration officielle : « Pour la communauté francophone, il s’agit d’un geste d’une portée hautement symbolique et profondément structurante. Le drapeau franco-ontarien incarne l’histoire, la présence continue et la contribution essentielle des Franco-Ontariens à la vie démocratique, sociale et culturelle de la province. En rendant permanente la présence du drapeau au sein de l’Assemblée législative, l’Ontario pose un geste clair de reconnaissance institutionnelle envers sa francophonie. »

En 2021, l’étandard franco-ontarien avait été installé dans la Chambre de l’Assemblée législative, puis sur le balcon au-dessus de l’entrée principale de Queen’s Park, habillant le bâtiment législatif de vert et blanc.

Viamonde prône un meilleur renouvellement des conseillers scolaires pour assainir la gouvernance

Le conseil scolaire Viamonde considère, tout comme le ministère de l’Éducation, qu’une réforme du système de gouvernance est nécessaire, mais par une approche inversée. Le problème selon son président, Benoit Fortin, réside dans le faible taux de participation des parents aux élections qui met à mal ce processus démocratique et la santé de la gouvernance des écoles. Il défend la revalorisation du rôle du conseiller scolaire pour garantir un meilleur renouvellement des élus et, ainsi, assainir la gouvernance.

Comme le gouvernement, le conseil scolaire francophone Viamonde s’accorde à dire qu’il existe un problème de gouvernance au sein des conseils scolaires, mais la cause qu’il identifie est autre.

Ce sont plusieurs cas de mauvaise gestion financière de conseils scolaires qui avaient mis le feu aux poudres, entrainant leur mise sous supervision et l’octroi de nouveaux pouvoirs au ministre de l’Éducation. En juillet 2024, des élus d’un conseil scolaire catholique anglophone (Brant Haldimand Norfolk Catholic District School Board) s’étaient rendus à Rome pour l’achat d’œuvres d’art, pour un coût total de près de 190 000 dollars qui avait fait polémique.

En entrevue avec ONFR, Benoit Fortin, le président de Viamonde, affirme que si des centaines de parents avaient été présents dans la salle lorsqu’il avait été décidé de les y envoyer, l’incident aurait pu être évité.

Le problème selon lui : les conseils scolaires peinent à atteindre ne serait-ce que 10 % de taux de participation aux élections des conseillers scolaires.

« Il n’y aurait pas autant de dérives s’il y avait un plus grand regard et contrôle de la part des parents. »
— Benoit Fortin, président de Viamonde

« Viamonde a fait de gros efforts pour attirer les parents, avec des rappels et des ordres du jour. Mais sur 21 000 parents, je me suis récemment estimé chanceux d’en avoir eu 30 à une rencontre », raconte-t-il.

D’autre part, il souligne le fait que nombre de sièges sont réélus par acclamation faute de candidats, avec des conseillers scolaires vieillissants et qui ne sont jamais challengés : « Plus les gens s’impliqueront aux élections et en réunion, plus les conseils scolaires seront en bonne santé, plus la gouvernance sera surveillée. »

Pour le président du conseil scolaire francophone, l’équation est limpide : une participation accrue favoriserait un meilleur roulement et renouvellement des représentants, soit un meilleur système de gouvernance.

« Il n’y aurait pas autant de dérives s’il y avait un plus grand regard et contrôle de la part des parents », tranche-t-il.

Méconnaissance du rôle du conseiller scolaire

Celui-ci considère que le ministre de l’Éducation s’est saisi d’un problème, mais qu’il en a profité pour réduire des contre-pouvoirs institutionnels : « Or, on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, commente M. Fortin. Du point de vue du gouvernement, moins de conseils scolaires, moins d’opposition. »

« Les parents veulent être représentés par des élus, pas par des fonctionnaires auxquels ils n’ont pas accès. Comment régler le problème de représentation locale avec des fonctionnaires, questionne-t-il. Ils sont là pour être la voix des parents et créer certaines barrières vis-à-vis du gouvernement. »

Selon le président de Viamonde, dans la plupart des cas, les parents n’ont aucune idée du rôle que jouent les conseillers scolaires, un rôle à ses yeux pourtant essentiel qu’il faut promouvoir.

Ceux-ci ont une double représentation, fiduciaire, auprès du conseil, et locale, auprès de la population pour représenter les besoins locaux.

Ils sont également en charge d’administrer les budgets. Le budget total du conseil scolaire Viamonde s’élève par exemple à près de 300 millions de dollars et celui du Toronto District School Board à environ 3,4 milliards de dollars.

Il s’agit entre autres pour eux de déterminer quel quartier a besoin de quelle école, ou encore de dresser la liste des priorités par école, rendues publiques.

M. Fortin, pour qui l’implication des parents est la solution aux problèmes de gouvernance, affirme que voter pour ses représentants locaux ne prend que 30 minutes tous les quatre ans, et que les réunions générales ne prennent qu’une heure par mois.

Revalorisation des conditions de travail

Le conseil scolaire identifie le manque de reconnaissance du poste comme un frein majeur à l’attractivité de la fonction de conseiller scolaire.

« Paul Calandra (le ministre de l’Éducation) veut rajeunir la moyenne d’âge des conseillers scolaires, mais leurs frais de garde d’enfants ne sont pas pris en charge, alors que le salaire n’équivaut qu’à 200 dollars toutes les deux semaines », constate Benoit Fortin.

Il rapporte qu’une des élus du conseil scolaire francophone avait dû se déplacer pour deux jours de réunion et ainsi utiliser tout son revenu en frais de gardiennage pour ses trois enfants.

Emmanuelle Richez, conseillère scolaire, vice-présidente de Viamonde et mère d’un enfant elle-même, témoigne elle aussi : « On entend souvent que les conseillers sont des retraités et pas nécessairement de jeunes parents. Or, ce rôle représente des tâches importantes, du temps et des frais. Il faut pouvoir se libérer les soirs et les fins de semaine, ce qui n’est pas toujours évident, donc il faut avoir recours à des services de garde dont les coûts sont élevés. »

Benoit Fortin et Emmanuelle Richez, respectivement président et vice-présidente du conseil scolaire Viamonde. Photo : gracieuseté

En plus des comités de plusieurs rencontres par an, elle estime son implication à dix réunions par année, de 17h à 21h, ce qui l’oblige à voyager de Windsor à Toronto, à raison de quatre heures aller puis retour, en plus des quatre heures de réunion, avec un besoin de se loger sur place.

« Sans compter que les gens ont leur emploi à temps plein à côté. Sans un époux qui m’appuie, je ne pourrais pas le faire, déplore-t-elle. Si on veut encourager des parents qui font partie de la population active, il faut trouver des solutions pour les soutenir. »

Celle-ci ajoute qu’en tant qu’élus, ils se doivent d’être présents dans la communauté pour la représenter à la table du conseil, ce qui demande aussi du temps et de l’implication à l’extérieur.

« En revalorisant le travail et la paye, plus de gens s’impliqueraient. Si sur toute l’année on dépensait 50 000 dollars de garde d’enfants sur 300 millions, ça ne serait pas grand chose. Si on veut des jeunes parents qui s’impliquent dans la cause scolaire, c’est ce qu’il faut faire », conclut le président.

733 nouveaux bureaux fédéraux seront désignés bilingues

Plus de 700 nouveaux bureaux fédéraux seront désormais désignés comme bilingues et devront offrir des services dans les deux langues officielles, a annoncé le Conseil du Trésor.

Sur près de 8750 bureaux à travers le pays qui auraient pu être touchés par cette nouvelle désignation, 733 nouveaux bureaux offriront des services dans les deux langues officielles dans les régions désignées bilingues. De ce lot, 534 seront à l’extérieur des grands centres urbains, indique le Conseil du Trésor qui a fait l’annonce de ces nouvelles désignations mardi.

7978 bureaux d’est en ouest du Canada n’auront aucun changement à leurs obligations linguistiques alors que 39 passeront de bilingue à unilingue. Ces nouvelles institutions disposent d’un an pour se conformer à leurs nouvelles obligations linguistiques. Selon le Conseil du Trésor, la proportion de bureaux bilingues passera de 34 à 40 % parmi les quelque 10 000 points de service fédéraux.

Cela conclut une révision du règlement sur les langues officielles concernant la communication avec le public et la prestation des services. L’un des nouveaux critères de cette révision stipule qu’un bureau peut être désigné bilingue s’il y a une école de la minorité linguistique dans son aire de service.

Les types de bureaux peuvent varier allant de Service Canada, à l’Agence du revenu du Canada ou aux services d’Immigration Canada.

« Les 62 bureaux nouvellement désignés bilingues dans le cadre de l’exercice de révision de l’application du Règlement sur les langues officielles porteront (notre) nombre total de bureaux bilingues au pays à 207. 127 bureaux demeureront unilingues », nous a répondu Emploi et Développement social Canada (EDSC), qui gère les bureaux de Service Canada.

Plus précisément, 58 bureaux d’EDSC sont considérés comme bilingues en Ontario contre 38 qui ne le sont pas. Les bureaux comme des sièges sociaux ou ceux dans la région de la capitale nationale font déjà partie d’institutions ayant l’obligation de servir les Canadiens dans les deux langues officielles.

Renforcer un pilier francophone : la vision de Lyne Martineau au CSCE

[LA RENCONTRE D’ONFR]

Lyne Martineau, la nouvelle directrice générale du Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE), qui entrera en fonction le 15 décembre, veut renforcer l’accès aux soins en français dans l’Est ontarien et maintenir le CSCE comme pilier francophone dans un territoire rural en pleine évolution.

Vous êtes depuis 20 ans au Centre de santé communautaire de l’Estrie. Que représente cette nomination pour vous sur le plan personnel et professionnel?

Pour moi, c’est vraiment un honneur. Je suis restée ici pendant 20 ans parce que le Centre de santé communautaire de l’Estrie est une organisation où il fait bon travailler. Ce qui me garde ici aussi, c’est la possibilité de travailler en français et de contribuer à améliorer la situation des francophones dans l’Est ontarien.

Parce qu’il ne faut pas perdre de vue la « carte francophone » de notre organisation. On ne voudrait surtout pas, par exemple, devenir un organisme bilingue et perdre la culture francophone qui fait partie de notre identité.

Aussi quand on prend un rôle de leadership et qu’on sent qu’on a une équipe de gestion forte et qu’on croit toujours à la mission de l’organisation, c’est rassurant. Ça donne envie d’aller de l’avant.

Quels seront vos dossiers prioritaires dès votre entrée en fonction, le 15 décembre?

J’ai commencé justement à réfléchir plus profondément à mes priorités. 

D’abord, c’est certain que je vais rencontrer nos partenaires, surtout ceux du milieu francophone, mais aussi les autres, pour voir comment on va continuer à travailler ensemble et quels projets futurs on peut développer pour soutenir la croissance.

Le gouvernement provincial annonce que tous les Ontariens doivent avoir accès à des soins primaires en 2029. Dans ce contexte, mon objectif est de pouvoir offrir, dans l’ensemble de Prescott-Russell et de Stormont, Dundas et Glengarry, l’option de venir chez nous pour tous ceux qui veulent recevoir un soin primaire en français.

Puis, il y a tout l’enjeu de rester un pilier francophone de l’Est ontarien. Pour ce faire, il va falloir continuer de faire du lobbying, notamment avec Santé Ontario, avec l’AFO, avec l’Hôpital Montfort, pour que les services en français demeurent importants aux yeux de nos bailleurs de fonds.

Ça aussi, ce n’est jamais acquis. On n’a jamais fini de travailler là-dessus.

Vous œuvrez dans un vaste territoire rural et francophone. Est-ce qu’il y a des défis particuliers pour offrir des services de santé en français?

Du côté de Prescott-Russell, c’est une communauté qui change. Il y a beaucoup de gens qui travaillent à Ottawa mais qui se déplacent vers le rural, notamment à cause du coût de la vie. 

Un autre changement très important pour la communauté francophone, c’est l’arrivée d’immigrants francophones en milieu rural, ce qu’on voyait beaucoup moins avant. 

On a maintenant des communautés comme Cornwall et Hawkesbury, qui sont devenues des milieux accueillants pour les immigrants francophones. 

Il faut s’assurer que nos services répondent aux besoins de cette clientèle-là, à leurs besoins spécifiques. L’immigration francophone est essentielle à la survie du français en Ontario. 

Un autre défi important, c’est le déplacement. Pour accéder à la plupart des services autres que les soins primaires, il faut rouler longtemps ou sortir du territoire, ce qui augmente la vulnérabilité de la clientèle en milieu rural.

Il y a aussi des régions où la population est plus vieillissante qu’ailleurs en Ontario. Hawkesbury, par exemple, en est un bon exemple. Il faut tenir compte de ces enjeux dans l’offre de services.

À son arrivée au CSCE, Lyne Martineau a préparé l’ouverture des nouveaux sites de Bourget (2006) et d’Embrun (2008). Gracieuseté

L’accès aux soins primaires est un enjeu majeur en Ontario. Comment le Centre peut-il contribuer à atténuer cette pression?

Dans son annonce, Santé Ontario offre des fonds supplémentaires pour augmenter les ressources humaines en soins primaires. On a donc soumis des demandes.

Tout récemment, on vient d’en déposer une, le 14 novembre, pour obtenir d’autres ressources : des médecins, des infirmières praticiennes. Il faut augmenter leur nombre dans la région de Prescott-Russell et dans la région de Stormont, Dundas et Glengarry.

Et quand on fait ces demandes-là, on s’engage toujours à offrir des services en français. 

On va continuer de faire des demandes, avec l’espoir réel d’augmenter notre capacité d’accueil pour la communauté francophone.

Y a-t-il des valeurs que vous souhaitez insuffler à l’organisation?

Une valeur importante, et je ne dis pas qu’on ne l’a pas déjà, c’est la performance. On a des comptes à rendre à notre bailleur de fonds, mais aussi à la communauté.

Il y a aussi l’accès. Quand les gens appellent et veulent un rendez-vous, il faut être accessible. 

Puis il y a la compassion. Notre rôle, c’est de travailler avec des gens vulnérables. Il faut garder cette valeur-là, il ne faut pas la perdre. 

Vous avez grandi à Hawkesbury et travaillé toute votre vie dans le milieu francophone. En quoi vos racines influencent-elles votre façon de servir la communauté aujourd’hui?

Je pense que quand on grandit comme francophone en milieu minoritaire, on comprend rapidement les enjeux, les difficultés d’accès, les désavantages de se retrouver parfois dans un milieu seulement anglophone, surtout en santé. On se rend vite compte que, quand on souffre de douleurs ou qu’on est très malade, notre bilinguisme disparaît un peu. 

J’ai toujours grandi avec l’importance du français à la maison. J’ai fait mes études postsecondaires en français. Mes enfants sont francophones, on parle français à la maison. C’est une valeur profondément ancrée.

Je vois ainsi à quel point on peut facilement perdre les droits de la francophonie, acquis au fil des années, si on néglige les services en français, si on ne lit pas en français, si on ne demande pas des services en français.

Lyne Martineau, nouvelle directrice générale du Centre de santé communautaire de l’Estrie, aux côtés de son mentor et prédécesseur, Marc Bisson. Gracieuseté

Vous avez fait des études en travail social et en psychologie. Qu’est-ce que ces disciplines apportent à votre manière de diriger l’organisation?

Quand on s’intéresse à la psychologie et au travail social, on développe une capacité d’empathie, une capacité de compassion.

J’ai aussi été beaucoup influencée par certains professeurs à l’université, qui nous poussaient à réfléchir à l’équité, à l’importance que tout le monde ait accès aux mêmes services, peu importe ton orientation sexuelle, ta langue, ta culture. Ça a beaucoup façonné ma vision de la vie. Ça a même changé des préjugés que je pouvais avoir plus jeune.

On nous demandait aussi de faire des analyses en profondeur : ne pas prendre des décisions seulement sur la base de l’information brute, mais de comprendre le contexte, les causes, ce qui se passe vraiment. Cette capacité d’analyse me sert encore aujourd’hui dans mes décisions de gestion.

Et pour ce qui est des clients, qu’aimeriez-vous leur dire?

Ce que je voudrais, c’est que les gens connaissent assez notre centre pour penser à nous quand ils ont un besoin en santé. 

Je veux qu’ils aient la confiance de nous appeler, de venir vers nous. On pourra soit les accueillir dans nos services, soit les rediriger vers le meilleur service pour leurs besoins. Nous avons aussi beaucoup de services qui s’adressent à l’ensemble de la communauté : nutrition, programmes d’éducation sur le diabète, santé pulmonaire, cessation tabagique, santé mentale, etc.

Dans un secteur aussi exigeant que la santé, comment prenez-vous soin de votre propre bien-être pour continuer à prendre soin des autres?

C’est quelque chose dont je parle souvent. Comme direction adjointe, j’étais responsable des ressources humaines, donc j’ai souvent initié des employés à l’importance de prendre soin de soi.

Quand on travaille avec une clientèle vulnérable tous les jours, surtout pour ceux qui sont « sur le plancher », c’est très difficile de ne pas s’oublier.

Pour moi, ce qui m’aide, c’est le plein air, la méditation, le temps en famille. Ce sont des choses qui me permettent de garder les pieds sur terre, justement, parce que ça va vite. Il y a toujours beaucoup de travail, beaucoup de choses qui se passent. C’est vraiment important de prendre du temps pour soi.

La culture au Centre est aussi très axée sur l’équilibre travail-famille. Je veux continuer dans ce sens-là, parce que c’est ce qui permet aux gens de rester en milieu communautaire, où notre mandat est de travailler avec une clientèle vulnérable, autant en santé publique qu’en santé mentale.

Vous êtes maintenant un leader. Y a-t-il un moment ou un défi qui a façonné la leader que vous êtes aujourd’hui?

La pandémie a certainement joué un rôle. Elle nous a imposé, du jour au lendemain, d’organiser les choses très rapidement, de rassurer les équipes. Parce que si l’équipe te voit paniquer, elle va paniquer aussi.

Même si, intérieurement, on se disait parfois : « Mon Dieu, qu’est-ce qui va arriver? Ça va durer combien de temps? », il ne fallait pas transmettre ça. Il fallait encourager les troupes, être présent pour les gens, écouter, parfois aider à sécher des larmes, parce qu’il y a eu des moments où des employés étaient à bout.

Ça a testé des aspects de ma personnalité que je connaissais moins. J’ai pris beaucoup de choses en charge à ce moment-là, et j’ai affronté la réalité.

Par ailleurs, j’ai aussi été marquée par diverses personnes avec qui j’ai travaillé : des collègues gestionnaires, la direction générale actuelle, certains employés qui ont marqué mon parcours.

Je ne veux pas nommer une seule personne, mais c’est sûr que Marc Bisson a été un mentor important, par son calme, sa capacité à rassurer, sa confiance envers nous. Le fait de nous laisser aller avec des innovations, de nous faire confiance, m’a donné une grande liberté pour essayer, tester, développer une plus grande confiance en moi comme leader.

Et il y a plein d’autres employés, à tous les niveaux, médecins, infirmières, secrétaires, qui ont fait en sorte que venir au travail est agréable. J’ai rencontré beaucoup de gens, à tous les étages de l’organisation, qui ont marqué mon quotidien professionnel.


LES DATES CLÉS DE LYNE MARTINEAU

1995 : Maîtrise en travail social de l’Université d’Ottawa
1996 : Entrée dans le milieu communautaire francophone, où elle occupe divers rôles d’intervention et de gestion
2006 : Arrivée au Centre de santé communautaire de l’Estrie en tant que gestionnaire des sites de Crysler, Bourget et Embrun
2022 : Directrice générale adjointe du CSCE.

Repreneurs francophones en Ontario : défis pour certains et nécessité pour d’autres

TORONTO – Un Canadien sur quatre sera une personne âgée d’ici 2030 selon Statistiques Canada et près des trois quarts des entrepreneurs voudront se départir de leur entreprise d’ici quelques années selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. Une réalité qui fait émerger une question fondamentale : qui assurera la succession de ces petites et moyennes entreprises? C’est là que le rôle des repreneurs entre en jeu dans un contexte où la population francophone vieillit plus vite que la moyenne provinciale, les besoins sont importants.

Florent Herrmann veut être un repreneur. Il vient d’arriver à Toronto : « Je suis venu en famille et mon objectif ici, c’est la reprise », affirme l’ancien salarié tout juste arrivé de France il y a six semaines.

En vue de reprendre une petite et moyenne entreprise (PME) dans le domaine manufacturier, il explique avoir fait le tour des activités de réseautage francophone dans la région du Grand Toronto pour se familiariser avec le milieu repreneurial franco-torontois. « En tant que nouvel arrivant, j’ai beaucoup misé sur le M&A Club de Toronto, le Club Canadien de Toronto, ainsi que l’Association des Alumni des Grandes Ecoles Françaises en Ontario (AAGEF) », liste-t-il.

Selon lui, « il ne faut pas rester seul trop longtemps, car la première chose c’est de comprendre tout l’écosystème. » Par ailleurs, bien qu’il soit francophone, l’anglais ne lui fait pas peur : « On n’est pas bilingues, mais j’échange en anglais avec les différents interlocuteurs. »

C’est la première fois qu’il prévoie reprendre une entreprise, il souligne la solitude que ce processus implique dans un nouveau pays : « Émotionnellement, c’est un peu les montagnes russes, la reprise. »

Malgré la diversification qu’encourt le secteur repreneurial, les domaines du commerce, des services, le secteur manufacturier, industriel et agricole continuent d’occuper une large portion des entreprises en cession.

« Émotionnellement, c’est un peu les montagnes russes, la reprise. »
— Florent Herrmann, repreneur et nouvel arrivant

Un plan de repreneuriat en français

À Saint-Isidore dans l’Est ontarien, Marcel Laviolette qui est propriétaire d’une ferme avicole depuis plus de 20 ans prépare sa succession et soutient que cette transmission représente un symbole fort particulièrement au sein de la communauté franco-ontarienne.

Après avoir pu convaincre un de ces quatre enfants de prendre le relais lorsqu’il partira à la retraite, M. Laviolette rejoint l’idée que très peu de cédants disposent d’un plan de relève concret. « Tu espères toujours que tes enfants vont suivre tes traces, mais des fois, ce n’est pas évident », évoque l’agriculteur.

Le 15 novembre 2022, la ferme avicole Laviolette a gagné le prix du commerce Ontario-Québec. En tant qu’entreprise franco-ontarienne, la ferme avicole Laviolette est basée à Saint-Isidore, en Ontario. Gracieuseté

« C’est normal qu’on veuille passer la main à un repreneur qui fait partie de la même communauté d’appartenance que la nôtre », décrit-il. D’après lui, cette identité fait en sorte que le tissu social et économique de sa ferme nécessite qu’elle passe aux mains d’un autre francophone.

« Tu as toujours une espérance que tes enfants vont suivre tes traces, mais des fois, ce n’est pas évident. »
— Marcel Laviolette, propriétaire de la ferme avicole Laviolette

En outre, la question de l’expérience tient une place essentielle dans la tête des cédants : « Si quelqu’un commence de rien, c’est pratiquement impossible. C’est sûr qu’à un moment donné, ça prend quelqu’un d’enraciné dans l’agriculture », assure M. Laviolette.

Félix Corriveau souligne de surcroit la pénurie de main-d’œuvre auquel le secteur agricole est confronté. « Le manque de relève dans l’agroalimentaire est criant. C’est pour ça que le repreneuriat en dehors de la famille est récurrent », lance-t-il.

Le directeur décrit que l’organisme, Impact ON s’attelle à porter la voix du secteur auprès des décideurs afin d’obtenir un cadre politique et financier favorable au repreneuriat.

Félix Corriveau a récemment pris la direction générale d’Impact ON. Photo : Gracieuseté

Toutefois, à Toronto, Florent ne cache pas son désarroi vis-à-vis sa démarche de reprise. « En Ontario on voit bien qu’il n’y a pas de système, et cela à tous les niveaux gouvernementaux. À la différence du Québec, où ils ont inventé une sorte d’outil qui incarne au moins cette notion de reprise. »

« Il est nécessaire de mettre en place le cadre législatif et financier pour faciliter la reprise, car sans ça, il est possible que ces entreprises soient reprises par des intérêts étrangers », concède le directeur d’Impact ON.

Ce dernier illustre l’échec de transmission comme « une catastrophe au plan individuel pour l’entrepreneur, mais c’est aussi une fibre du tissu social qui se casse. »

En effet, avec sa ferme, Marcel Laviolette constate l’ancrage important de son établissement au sein de la communauté Isidorienne : « On distribue nos œufs dans la grande région d’Ottawa jusque dans la grande région de Montréal et c’est que c’est sûr que notre nom est vu partout dans les épiceries, les restaurants, etc. »

« Céder une entreprise dans des communautés en situation linguistique minoritaire, c’est encore plus crucial, car c’est comme ça qu’on favorise l’essor de notre langue et nos communautés », confie le Félix Corriveau.

Langues officielles : Miller ouvert à modifier le règlement sur les sanctions financières du commissaire

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles Marc Miller se dit prêt à modifier son projet de règlement sur les pouvoirs du commissaire aux langues officielles à imposer des pénalités financières alors que Raymond Théberge se dit « inquiet » qu’il puisse être adopté sans des modifications.

Déposé à la fin novembre, ce projet de réglementation vise à clarifier les pouvoirs de ce dernier à décerner des amendes pouvant aller de 5 000 $ à 50 000 $ par violation à la Loi sur les langues officielles (LLO) pour les entreprises fédérales desservant un public voyageur. Or, les partis d’opposition, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et Raymond Théberge ont critiqué la proposition d’Ottawa.

« Ça m’inquiète, car si cela passe tel quel, ça créerait une lourdeur administrative pour notre bureau et exigerait des ressources et du temps. Est-ce que cela aurait l’impact qu’on voudrait? », se questionne le commissaire Théberge, qui témoignait jeudi devant le Comité des langues officielles au Parlement.

Nommé ministre des Langues officielles il y a moins d’une semaine, Marc Miller a repris le flambeau de son prédécesseur, Steven Guilbeault, concernant le règlement déposé. Le nouveau venu dit vouloir « regarder l’ensemble de ce qui a été déposé et des critiques », et soutient être « ouvert à tout ce qui peut renforcer le français ».

« Je suis toujours prêt à regarder toutes les critiques légitimes, que ce soit exprimé par les parties prenantes ou l’opposition [je suis] prêt à réviser la question », a-t-il affirmé à la suite d’une réunion du cabinet libéral jeudi matin.

Étant donné qu’il s’agit d’un règlement, le contenu final relève de la décision du gouvernement. Le processus permettra aux parties prenantes de soumettre des commentaires officiels via la Gazette du Canada, bien que le gouvernement libéral ne soit pas tenu d’y donner suite. Mais Marc Miller a également reconnu qu’il y a « beaucoup de gens qui demandent plus de mordant ».

« Le dépôt de ces règlements là était longtemps attendu, donc je pense que c’est une bonne avancée », souligne-t-il.

En comité parlementaire mardi, comme les partis d’opposition, la FCFA a soutenu que le projet de réglementation était trop mou. L’organisme francophone soutient aussi que le montant des pénalités, le processus visant à décerner ces pénalités et les entités visées se devaient d’être corrigés. 

« On doit faire toute une gymnastique pour être en mesure de l’imposer. Si cela avait du mordant, il y aurait une certaine facilité pour imposer ces sanctions. Il faut en faciliter l’application », adhère Raymond Théberge.

Selon ce dernier, des exemples de lourdeur administrative incluent la nécessité de justifier le montant de la pénalité, de décrire la méthodologie employée et de détailler les éléments de preuve. Il espère aussi voir le gouvernement ajouter des entités comme l’Agence des services frontaliers du Canada, l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien et les ports du pays à la liste, soutenant que son bureau reçoit des plaintes à leur sujet.

Des fonctionnaires de Patrimoine canadien ont expliqué aux parlementaires que certaines agences fédérales n’avaient pas été ajoutées en raison du fait que l’entièreté de leur financement provenait de fonds publics.

« Ça serait quand même un incitatif (à respecter la Loi), car ça fait partie du public voyageur », plaide M. Théberge, qui prendra sa retraite à la fin du mois prochain.

Il entrevoit aussi que sa successeure et son équipe auront besoin de davantage de ressources financières et humaines pour faire face à ces nouvelles responsabilités.

Par ailleurs, questionné par les journalistes concernant un éventuel remplaçant à Raymond Théberge, le ministre Miller a répondu que ce serait « à suivre ». L’ex-commissaire aux Services en français de l’Ontario Kelly Burke est pressentie pour occuper le poste.

Ottawa approuve la candidature du marché By comme futur site historique national

OTTAWA – Le conseil municipal d’Ottawa a approuvé la recommandation de soumettre officiellement la candidature du marché By dans le cadre du Programme national de commémoration historique de Parcs Canada, qui reconnaît les lieux, personnes ou événements ayant une importance nationale.

Mercredi soir, c’est sans grande surprise ni opposition que le conseil municipal d’Ottawa a approuvé la mise en candidature du site, laquelle avait été recommandée la veille par le Comité du patrimoine bâti. 

Ce dernier a estimé que le marché By répond à l’ensemble des critères requis pour une éventuelle désignation nationale, une démarche qui s’inscrit dans les préparatifs du 200e anniversaire du marché public.

Prochaine étape : l’envoi du dossier à la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, prévu en janvier 2026. Selon la Ville, le processus de désignation pourrait prendre jusqu’à deux ans avant qu’une décision finale soit rendue.

Le quartier, considéré comme le plus ancien secteur commercial d’Ottawa, est lié aux origines mêmes de Bytown et a joué un rôle déterminant dans l’installation des premières communautés francophones et anglophones de la capitale.

Les limites de la candidature reprennent en grande partie celles du District de conservation du patrimoine du marché ByWard, avec quelques extensions pour mieux refléter les histoires et thèmes du quartier. 

Ces extensions incluent le côté nord de Rideau Street entre Sussex Drive et Dalhousie Street, le côté sud de Guigues Avenue entre Sussex Drive et Parent Avenue, ainsi que le côté sud de St. Patrick Street et le côté nord de Murray Street, à l’ouest de Cumberland Street.

Si elle aboutit, la désignation ne conférera pas de statut de protection particulier aux bâtiments, mais elle se traduira par l’installation d’une plaque en bronze sur les lieux, soulignant officiellement l’importance historique nationale du marché ByWard et renforçant son attrait touristique.

Le marché By rejoindrait ainsi la vingtaine de lieux historiques nationaux déjà désignés à Ottawa, comme les édifices du Parlement ou le Château Laurier.

Parallèlement, le conseil a également approuvé la désignation de l’Adult High School, au 300 Rochester Street, et de la Stewart/Hartin House, au 6019 Perth Street à Richmond, deux bâtiments considérés comme ayant une valeur patrimoniale significative pour la Ville.

Edith Dumont décorée de la Légion d’honneur française

L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, a remis ce mercredi la plus haute distinction de la République française à la lieutenante-gouverneure de l’Ontario.

« Cette reconnaissance va bien au-delà de mon parcours personnel — elle célèbre un engagement collectif, des valeurs partagées, et surtout, les liens indéfectibles qui unissent nos deux pays, a réagi Mme Dumont. »

Cet insigne rappelle à la 30e lieutenante-gouverneure de l’Ontario « la responsabilité qui m’incombe : celle de continuer à œuvrer pour le rayonnement de la Francophonie, pour le renforcement des ponts entre nos communautés. »

« C’est un immense honneur et une grande joie pour moi de rendre aujourd’hui hommage à une ambassadrice inépuisable de la francophonie en Ontario et au Canada, une pédagogue dans l’âme et une grande amie de la France », a déclaré pour sa part l’ambassadeur Miraillet au cours d’une cérémonie à l’ambassade de France au Canada à Ottawa.

La Légion d’honneur s’ajoute à plusieurs autres distinctions reçues par Mme Dumont en reconnaissance de son leadership et son engagement envers le service public, puisqu’elle est membre de l’Ordre d’Ottawa (2017), chevalier de l’Ordre des Palmes académiques (2018), chevalière de l’Ordre de la Pléiade (2021), membre de l’Ordre de l’Ontario (2023), dame de justice de l’Ordre très vénérable de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (2024), et titulaire de la médaille du couronnement du roi Charles III (2024).

Nommée lieutenante-gouverneure de l’Ontario en 2023, Mme Dumont a succédé à Elizabeth Dowdeswell, devenant la première Franco-Ontarienne à ce poste. Avant de devenir la représentante du roi en Ontario, Mme Dumont a oeuvré durant plus de 30 ans dans le soutien à l’éducation de langue française, successivement enseignante, directrice d’école, surintendante, directrice de conseil scolaire puis vice-rectrice à l’Université de l’Ontario français.

Créée par Napoléon Bonaparte, la plus haute distinction française a été aussi récemment attribuée à la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney. Elle récompense les mérites éminents, civils ou militaires, dans tous les domaines d’activité.

« Cornwall a beaucoup à offrir », l’appel d’une médecin à ses confrères

Dre Chloé Rozon, originaire de Cornwall, revient après plus d’une décennie passée à Ottawa, pour exercer comme obstétricienne et gynécologue au Centre médical McConnell et à l’Hôpital communautaire de Cornwall.

La Ville de Cornwall a réussi à recruter six nouveaux médecins grâce à ses programmes de recrutement médical.

Cornwall compte environ 17 000 patients sans médecin de famille, soit près du tiers de la population.

« Qu’est-ce qui a motivé votre installation à Cornwall plutôt qu’à Ottawa, surtout qu’Ottawa déploie aussi une stratégie pour recruter et retenir les médecins?

Avec mon conjoint, qui est également originaire de Cornwall, nous avons passé 11 ans à Ottawa. Cette décision n’a pas été simple à prendre. Le retour à Cornwall signifiait d’abord se rapprocher de nos familles. Nous avons grandi dans cette ville, nous la connaissons bien, et elle nous a offert une enfance extraordinaire. Nous souhaitons offrir à nos enfants le même environnement : un sens de communauté très fort, l’accès facile à la nature, le fleuve, les pistes cyclables, le patinage l’hiver et de quoi grandir en français.

Qu’en est-il sur le plan professionnel?

Sur le plan professionnel, j’ai adoré mon expérience à Ottawa. Mais en communauté, dans un plus petit centre, j’ai la possibilité d’être une vraie généraliste en obstétrique-gynécologie. Ma pratique est plus diversifiée, je peux toucher à tout. Dans les grands centres, les cas complexes entraînent davantage de surspécialisation, ce qui est essentiel, mais ce n’est pas ce que je recherchais.

Un autre élément important, c’est l’accès aux soins opératoires. Dans plusieurs grandes villes, les listes d’attente sont très longues. Dans les petits centres, on peut souvent offrir plus rapidement des chirurgies essentielles.

Enfin, l’appui financier de la Ville de Cornwall a évidemment aidé. La formation médicale est longue et coûteuse, tant pour le gouvernement que pour les étudiants. Mais au-delà de la subvention, j’ai été accueillie ici à bras ouverts, aussi bien par l’hôpital que par la communauté. On nous a soutenus dans toutes les étapes de la transition : emploi pour mon conjoint, information sur les écoles, les sports, les garderies.

Selon Dre Chloé Rozon, l’accès aux soins opératoires demeure un enjeu majeur en Ontario. Gracieuseté

Quel regard portez-vous sur la situation au Québec? Certains affirment que l’Ontario offre plus de flexibilité et d’avantages aux médecins.

Avant tout, je suis très attristée pour mes collègues au Québec. Tous les médecins, peu importe la province, veulent offrir les meilleurs soins possibles. Mais ils doivent composer avec les systèmes qui leur sont imposés.

Ce que je crains surtout, ce sont les impacts sur les patients québécois. Les nouvelles obligations annoncées pour les médecins semblent plus strictes et pourraient réduire leur autonomie.

En comparaison, l’Ontario offre un environnement plus flexible, particulièrement pour les médecins de famille. Dans la région de Cornwall et d’Ottawa, on voit d’ailleurs un intérêt croissant. C’est un milieu francophone, avec de belles possibilités professionnelles et une bonne qualité de vie. L’autonomie qu’on peut conserver ici est un avantage réel pour beaucoup.

À partir de votre expérience, qu’est-ce qui devrait être amélioré en Ontario?

Comme gynécologue, je crois qu’on peut, et qu’on doit, faire mieux pour la santé des femmes. L’accès aux soins opératoires demeure un enjeu majeur. Trop souvent, on considère que les chirurgies gynécologiques ne sont pas « urgentes » parce qu’elles n’engagent pas le pronostic vital. Pourtant, elles affectent profondément la qualité de vie.

On l’a vu durant la pandémie, mais même après la COVID, malgré l’augmentation des blocs opératoires, les besoins demeurent énormes. L’Ontario gagnerait à renforcer la capacité opératoire pour la santé des femmes.

L’autre domaine crucial, c’est la santé mentale. Il y a un manque d’appui clair, psychiatres, psychologues, travail social, notamment en périnatalité. À Cornwall, les services sont débordés. Les patientes, les nouvelles familles, ont besoin d’un accompagnement plus robuste.

Y a-t-il des défis particuliers pour les médecins francophones que vous avez rencontrés?

Honnêtement, j’ai eu beaucoup de chance. Ma langue maternelle est le français, mais j’ai grandi dans une ville réellement bilingue. Mon parcours a toujours navigué entre les deux langues : école primaire et secondaire en français, baccalauréat en anglais, médecine en français, puis une résidence en anglais.

Il faut reconnaître que la médecine au Canada se fait surtout en anglais : les conférences, une grande partie de la littérature scientifique, plusieurs rotations hospitalières. Mais j’ai aussi travaillé à l’Hôpital Montfort et dans l’hôpital d’Ottawa, ce qui m’a permis de servir énormément de patients francophones. Pendant ma résidence, je dirais que la moitié, parfois deux tiers, de mes consultations se faisaient en français.

Je ne peux pas dire que j’ai rencontré des obstacles majeurs liés à ma francophonie. J’ai été soutenue dans les deux langues, autant à Montfort qu’à l’Hôpital d’Ottawa, où le bilinguisme est bien ancré. »

Course à pied : Romain Carette court plus vite que le quotidien

SACRAMENTO – Romain Carette était il y a quelques jours au départ du marathon de Sacramento, son grand objectif annuel. Entre ambitions chronométriques, gestion de course et désillusion finale, ce Français installé à Toronto depuis 2021 incarne cette élite amateur de la course à pied capable de concilier vie professionnelle exigeante et performances de haut niveau.

Arrivé à Toronto en pleine pandémie, en juin 2021, Romain Carette s’est installé dans la ville comme il aborde ses courses : patiemment, méthodiquement, et avec une énergie qui semble inépuisable. Ce Français originaire de Tourcoing mène de front une carrière de Presentation Designer et un niveau de course à pied quasi élite, entretenu au prix d’un quotidien parfaitement réglé.

Avant les chronos, il y avait le basket. Pendant quinze ans, du plus jeune âge jusqu’à ses 20 ans, le Nordiste jouait en club. C’est par hasard qu’il découvre son potentiel en course à pied.

« J’ai annoncé à mon père que j’avais réalisé 10 km en 40 minutes. Et il m’a répondu, étonné que ce n’était pas possible, que je m’étais trompé. » Pour vérifier, il s’inscrit à un 10 kilomètre locale à Tourcoing. Résultat : 37 minutes pour sa première course, sans club, sans rien. La progression ne fait ensuite que s’accélérer.

Un athlète amateur… au rythme professionnel

S’il reste rattaché à son club de Tourcoing, la distance et le décalage horaire font qu’il est quasiment impossible de se coordonner avec un technicien de la course à distance. C’est donc désormais sans entraîneur, mais avec quinze ans d’expérience qu’il organise seul sa préparation.

« Je ne dors pas beaucoup. Je me réveille très tôt au matin, 5-6 heures, et je vais courir avant le boulot. Quand j’ai 20 kilomètres à faire, c’est réveil à 5 heures, départ 5h30. »

Un rituel quotidien : préparer chaque course avec la même précision. Photo : gracieuseté

En pleine préparation de marathon, il s’entraîne deux fois par jour. « Dans les semaines les plus chargées, c’est matin et soir », confie-t-il.

Et surtout, son rythme ne laisse aucune place au repos. Il court tous les jours du lundi au dimanche. « C’est vraiment sept jours sur sept avec un objectif annuel que je me fixe de faire 5000 kilomètres. »

Un sport exigeant… et coûteux

Malgré cette préparation de pro, l’athlète de 35 ans demeure un amateur, dans le sens où il n’est pas sponsorisé. Le matériel, les chaussures, les voyages… Presque tout est à sa charge. « Dès qu’il y a des promos… je me jette dessus », précise-t-il, amusé.

Son club en France lui attribue une aide annuelle selon son niveau, mais cela reste marginal. Selon l’évaluation de son niveau (sur une échelle qui va de National 4 à 1), il reçoit 400 euros par échelon.

« Ma meilleure perf’ a été National 3, donc j’ai reçu une fois une prime de 800 euros. Sinon, en général, je suis National 4, donc j’ai 400 euros par an. »

Parmi les courses qu’il a déjà disputées, Romain Carette a eu la chance de prendre part au marathon de Boston, l’un des plus mythiques au monde. Photo : gracieuseté

Cette prime annuelle, qui lui permet notamment de payer le matériel, est loin de couvrir l’ensemble de ses dépenses, dans un contexte de hausse incessante des coûts d’inscription, qu’il parvient à éviter en se faisant inviter sur les compétitions locales grâce à sa notoriété acquise dans le Grand Toronto.

« Si je devais payer 75 dollars pour courir un 5 ou un 10 kilomètres, je ne le ferais pas, affirme-t-il.

Les voyages représentent la partie la plus honéreuse. Parfois, il tente de concilier voyage professionnel et course, mais la plupart du temps, tout est à sa charge. Pour cette raison, il ne participe en général qu’à un seul marathon « international » nécessitant un voyage coûteux par an.

Un palmarès construit entre l’Europe et l’Amérique du Nord

Au cours des 15 dernières années, Romain a couru à Valence, Barcelone, Rotterdam, Boston, Sacramento, Vancouver ou encore Cocoa Beach. Une trajectoire marquée par la constance et par de solides performances, autant en Europe qu’en Amérique du Nord.

À Toronto, il a signé en 2025 l’une de ses saisons les plus accomplies : victoire au Toronto 5K en mai, au Pride Run 5K en juin, 6ᵉ place au Rev & Run 5K, nouveau succès au 10KTO en juillet, avant de remporter en octobre le marathon d’entraînement de Prince Edward County. Le même mois, il a bouclé le semi-marathon du Toronto Waterfront en 1h08min40, son objectif chrono de l’automne.

Parmi ses souvenirs les plus marquants, il cite Cocoa Beach, son premier marathon remporté en 2h28′, à 12 secondes du record de l’épreuve.

Une scène devenue familière : Romain parmi les plus rapides, course après course. Photo : gracieuseté

Sacramento : un objectif majeur qui bascule après le 30ᵉ kilomètre

Et puis, il y a eu Sacramento, son unique grand marathon international de 2025, celui qu’il avait soigneusement préparé pendant des mois et qu’il abordait avec l’ambition de battre son record personnel (2h22′), peut-être même de se rapprocher des 2h20′.

C’était le week-end dernier. Durant plus de 25 kilomètres, le plan se déroulait parfaitement. « Je passe vraiment le 5, le 10, le 15, le semi pile poil dans les chronos que je voulais. […] Le 25e, je suis encore dans les chronos, mais je sens que ça commence à devenir dur. »

Malheureusement, Sacramento a confirmé sa réputation : un parcours dont la descente annoncée masque une première moitié en « montagnes russes » qu’il avait évoquée avant la course… et qui a fini par lui coûter cher.

« Au 30e kilomètre, je n’étais plus dans les chronos pour faire moins de 2h20, mais j’étais toujours dans les temps pour faire mon record… mais c’est là que ça s’est compliqué. »

Visage fermé, cadence soutenue : Romain Carette dans les moments les plus durs d’une course. Photo : gracieuseté

Puis est venu le moment que tous les marathoniens redoutent… « J’ai mangé le mur. C’était très compliqué de finir. »

La fin de course est devenue un combat entre le mental et le physique. Sur les quatre derniers kilomètres, il a terminé en faisant « une alternance marche-course, marche-course ». Il a fini l’épreuve en 2h33′, loin du chrono espéré.

Cette fois encore, le marathon a rappelé sa loi. « Parfois, ça passe, et parfois, c’est le marathon qui gagne. »

Un gouffre persistant avec les meilleurs du monde

Ce résultat n’entame cependant pas sa lucidité sur son niveau réel, ni son admiration pour les professionnels qui dominent la discipline. « Les meilleurs au monde font ça en 2h05’… On ne se rend pas compte ce que c’est de passer de 2h22 à 2h05.

Derrière ces 17 minutes, il y a tout un monde d’écart. Ce sont des pros, ils sont encadrés, tout est contrôlé jusqu’au sommeil. Ils ont tout : l’équipe, les masseurs, les nutritionnistes, l’équipement pour la récupération. »

Dans la voix de Romain, on sent la fatigue, la déception… et l’âpreté du marathon. Pourtant, cette contre-performance à Sacramento n’a pas brisé sa détermination. « Je ne sais pas si, avec mon âge vieillissant, j’aurai encore beaucoup de chances de faire moins de 2h20… » confie-t-il. Et puis, presque sur un ton de défi : « Mais, on va retenter. »

En point de mire : Chicago 2026. Le marathon de la ville de l’Illinois aura lieu de 11 octobre 2026.

Loi sur les langues officielles : pas de clauses linguistiques dans les ententes provinciales-fédérales

OTTAWA — Ottawa n’obligera pas les ministères fédéraux à inclure des clauses linguistiques dans leurs ententes avec les provinces qui pourraient affecter les minorités francophones. C’est ce qui ressort du dépôt du second de trois règlements nécessaires pour l’application complète de la refonte de la Loi sur les langues officielles et qui a été rendu public par Ottawa mardi.

Ce projet de règlement vise à assurer la mise en application de la Partie VII de la Loi sur les langues officielles, l’une des plus importantes portions de la Loi sur les langues officielles (LLO), selon les juristes et organismes francophones. Il a été déposé mardi à la Chambre des communes par le président du Conseil du Trésor, Shafqat Ali. Il aura fallu plus de deux ans pour présenter ce règlement, qui ne compte que six pages.

La Partie VII de la Loi sur les langues officielles est dédiée à « l’épanouissement et au développement » des minorités francophones et aux mesures positives du gouvernement fédéral. Elle engage le fédéral, notamment financièrement, à assurer l’égalité du français et de l’anglais. Cette partie définit les obligations linguistiques majeures des ministères et institutions fédérales.

« Ce règlement établirait une approche plus cohérente et uniforme qui soutiendrait les institutions fédérales dans la prise de mesures positives visant à soutenir les collectivités de langue officielle en situation minoritaire et à protéger et à promouvoir le français dans tout le pays », a soutenu dans un communiqué le président du Conseil du Trésor, Shafqat Ali.

Clauses linguistiques

Dans la section portant sur les ententes avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, le règlement mentionne de « proposer des dispositions à inclure dans l’accord » et de « favoriser » leur inclusion, mais n’y oblige en rien. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) réclamait que « le règlement puisse contenir des incitatifs, voire des obligations en ce sens, en particulier lorsque des ententes sont signées ».

« Ces obligations pourraient être remplies de plusieurs manières, soit par l’entremise de clauses linguistiques spéciales, ou encore en assurant qu’on évite ou atténue les impacts négatifs sur les communautés francophones », soulignait il y a quelques mois la FCFA dans un mémoire sur les réglementations en lien avec la LLO.

Idem pour le commissaire aux langues officielles qui a souvent réclamé, au gré de ses rapports, l’inclusion de telles obligations dans les ententes entre le fédéral et les paliers provinciaux.

« On a vu par le passé que l’absence de dispositions linguistiques fortes et précises dans les ententes intergouvernementales s’est trop souvent traduite par un financement défavorable à ces communautés, par exemple en petite enfance », écrivait Raymond Théberge dans son rapport intitulé Un avenir en commun : regard sur nos communautés de langue officielle en situation minoritaire en 2024.

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge. Archives ONFR

Parmi les autres points présentés mardi, on détaille la façon dont les institutions fédérales doivent chercher à éviter ou atténuer les répercussions négatives directes de leurs décisions, analyser l’effet des mesures positives, en plus de préciser « comment les institutions fédérales doivent mener leurs activités de dialogue et de consultation ».

Le projet de règlement peut toujours être modifié par le gouvernement. Les parties prenantes pourront dans les prochains mois formuler des commentaires vis-à-vis du projet de règlement et le gouvernement devra ensuite l’adopter. La FCFA et le commissaire aux langues officielles ont tous deux fait savoir qu’ils souhaitaient d’abord analyser le document d’Ottawa avant de présenter leurs commentaires.

L’ex-ministre des Langues officielles Steven Guilbeault avait déposé un premier règlement le mois dernier, portant sur les pouvoirs du commissaire aux langues officielles à donner des amendes aux institutions fédérales récalcitrantes servant le public voyageur. Ces règlements visent à faire entrer en vigueur des sections de la LLO, modernisée en 2023, qui n’ont pas encore d’effet juridique aujourd’hui.

Langues officielles : « Pourquoi pas 1 million de dollars? » Les sanctions financières du commissaire jugées trop faibles

OTTAWA — Les nouveaux pouvoirs du commissaire aux langues officielles de donner des amendes financières aux entreprises de compétence fédérale dans le domaine des transports de voyageurs, comme Air Canada, manquent de mordant, déplorent les partis d’opposition à Ottawa et la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

Selon la FCFA, des entreprises comme Air Canada et VIA Rail s’en tireront trop facilement si la proposition d’Ottawa concernant cette portion de la version modernisée de la Loi sur les langues officielles (LLO) est retenue.

Dans son projet de règlement, le gouvernement fédéral veut permettre au commissaire d’imposer des amendes allant de 5000 $ à 50 000 $ par violation à la LLO.

« La FCFA prend la position que ces sanctions ne sont pas suffisantes. Ça devrait être doublé et pourquoi ne pas aller jusqu’à un million de dollars, parce que la dissuasion doit être financière », a soutenu Roger Lepage, un des avocats de la FCFA devant les élus du Comité des langues officielles mardi matin.

« Le coût de faire de la business pour Air Canada, c’est de simplement dire : ‘Bon, ça coûte 5000 $ chaque fois que je viole les droits linguistiques’. Quand c’est une grande entreprise comme ça, il n’y a tout simplement pas assez de mordant », déplore le juriste, dans le cadre d’une étude du comité sur ce nouveau pouvoir du commissaire, qui n’est pas encore en vigueur.

La FCFA propose aussi de pouvoir modifier les montants en fonction du nombre de plaintes, sa présidente Liane Roy suggérant que « s’il y a dix plaintes de déposées, le commissaire pourrait multiplier par dix le montant de la sanction » . À l’image du commissaire aux langues officielles, l’organisme francophone déplore que le processus soit trop lourd pour ce dernier, lui qui doit notamment produire un procès-verbal pour justifier sa décision d’imposer une sanction financière.

« Le commissaire aux langues officielles peut prendre de belles décisions très bien motivées, mais la Loi permet à la partie visée d’aller en appel sur tout et c’est comme un procès de nouveau », prévient M. Lepage.

Questionnée par le député conservateur Joël Godin, qui a demandé si le règlement avait assez de mordant, Mme Roy a répondu « qu’il pourrait en avoir plu s ».

« Ça manque de mordant. Seulement si on regarde la complexité du procès-verbal pour amener une sanction pécuniaire, c’est énorme », juge Joël Godin, soutenant que « ça démontre encore une fois le manque de volonté et d’intention de ce gouvernement-là ».

Des pouvoirs pas assez étendus

La FCFA et les partis d’opposition déplorent aussi qu’un bon nombre d’organismes fédéraux ne soient pas visés par des amendes financières, comme l’Agence des services frontaliers, les entreprises du secteur des télécommunications, les banques ou encore les ports.

« Je ne comprends pas pourquoi, dans un aéroport, les serveurs de restaurant devraient parler français, mais pas les agents de sécurité », déplore de son côté le député du Bloc québécois, Mario Beaulieu, qui soutient qu’on « accouche d’une souris » avec ce règlement.

Selon la proposition déposée par l’ancien ministre Steven Guilbeault à la fin novembre, une quinzaine d’administrations aéroportuaires, VIA Rail, Air Canada et Marine Atlantique pourraient faire l’objet d’amendes. Des fonctionnaires ont expliqué aux élus que certaines entités fédérales ne sont pas visées, car elles sont financées entièrement par des fonds publics.

« Le but est d’inciter à ce qu’il n’y ait pas de manquements aux obligations en langues officielles, mais si ça ne coûte rien parce que ça vient du Parlement et qu’on redonne au Parlement, ça n’aura pas l’effet voulu », a justifié la sous-ministre adjointe à Patrimoine canadien, Julie Boyer, rappelant l’applicabilité des pouvoirs du commissaire d’émettre des ordonnances et de conclure des accords de conformité.

Or, comme il s’agit d’un règlement, le gouvernement n’a aucune obligation d’écouter les doléances vis-à-vis de celui-ci et peut le modifier ou non selon ce qu’il désire. La secrétaire parlementaire du ministre responsable des Langues officielles, Madeleine Chenette, a refusé à trois reprises de dire si les libéraux considéraient comme la FCFA et l’opposition que le projet de réglementation manque de mordant.

« C’est clair qu’il y a eu de belles recommandations, alors il faut regarder et agir en conséquence », a-t-elle simplement répondu aux journalistes lorsque relancée sur de possibles modifications.

Des services gouvernementaux en français étendus en Ontario

TORONTO – La réactualisation de la liste des régions désignées pour offrir des services gouvernementaux en français crée une nouvelle réalité pour les francophones de six régions de la province.

Les résidents des Comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry, du Comté d’Essex, de la Cité de Hamilton, de la Municipalité de Chatham-Kent, du Comté de Renfrew et du District de Thunder Bay ont obtenu le droit d’être servis en français par le gouvernement. C’était déjà le cas? Pas tout à fait.

Concrètement, ces régions déjà désignées en vertu de la Loi sur les services en français (LSF) l’étaient selon des limites géographiques anciennes. Or, au fil des ans, la Loi sur les services en français (LSF) n’a pas évolué en épousant les changements territoriaux de ces différentes zones.

Le gouvernement ontarien a donc rectifié le tir, ce mardi, en réactualisant sa liste de régions désignées telles qu’elles le sont aujourd’hui. Ainsi, pour les Comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry, la LSF englobera la totalité du Canton de North Dundas.

Pour le Comté d’Essex, l’expansion permet de couvrir la totalité des villes d’Amherstburg et d’Essex. Pour Hamilton et Chatham-Kent, les changemens prennent en compte les amalgamations municipales.

Dans le cas du Comté de Renfrew, l’expansion couvre maintenant la totalité des cantons de Laurentian Valley et de Whitewater Region. Et dans le District de Thunder Bay, est désormais incluse la totalité de la municipalité de Greenstone.

Près de 7700 bénéficiaires francophones à partir de janvier 2029

Cette expansion va obliger les organismes provinciaux (et leurs partenaires) de ces régions à offrir leurs services en français au public. Le gouvernement estime à 7700 le nombre de bénéficiaires francophones supplémentaires découlant de cette mesure.

« Cet élargissement permettra à des milliers de francophones d’accéder aux services dont ils ont besoin, dans la langue de leur choix », anticipe la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

Selon l’élue de York-Simcoe, « cette nouvelle étape reflète les progrès réalisés pour renforcer nos communautés francophones aujourd’hui et pour l’avenir ».

Les résidents concernés devront toutefois patienter trois ans avant que les services ne soient effectifs, le temps de leur mise en œuvre sur une superficie supplémentaire de 6300 kilomètres carrés, correspondant aux limites municipales actuelles dans les régions concernées.

De son côté, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario salue un progrès qui illustre la « collaboration soutenue du gouvernement de l’Ontario. C’est ensemble que nous avons bâti les avancées des dernières années, et c’est ensemble que nous continuerons de faire vivre l’esprit de la Loi dans le quotidien des Ontariennes et Ontariens francophones. »

Ce dépoussiérage de la liste des régions désignées a aussi abouti à d’autres changements :

  • Prescott et Russell : les anciens comtés de Prescott et Russell ont été fusionnés en Comtés unis de Prescott et Russell pour refléter leur structure de gouvernance unifiée. À compter du 1er janvier 2026.
  • Ville de Sarnia : la désignation distingue désormais le comté de Lambton et la ville de Sarnia, assurant une meilleure clarté sur la portée de la couverture dans la région. À compter du 1er janvier prochain.
  • Ville du Grand Sudbury et district de Sudbury : référence redondante supprimée puisque la ville fait géographiquement partie du district de Sudbury. À compter du 1er janvier prochain.
  • Stormont, Dundas et Glengarry : les trois comtés ont été fusionnés en Comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry. Ce changement dans le cadre de la Loi sur les services en français prendra effet en janvier 2029.

Cette annonce intervient le jour-même du quatrième anniversaire de la Loi sur les services en français et un an après une consultation publique sur cet enjeu.

Ottawa : la seule halte francophone pour femmes vulnérables forcée de déménager

OTTAWA – Confronté à la perte de son local du centre-ville, le Centre Espoir Sophie s’apprête à déménager. Seule halte francophone pour femmes vulnérables à Ottawa, l’organisme connait aussi une forte demande, ce qui complique sa mission.

Après plus de deux décennies passées sur la rue Murray, le Centre Espoir Sophie, seule halte francophone pour femmes en situation de vulnérabilité à Ottawa, s’apprête à déménager dès janvier 2026 au 235, rue Donald, dans le quartier Overbrook.

Une transition forcée et coûteuse, qui survient alors que la clientèle du centre a plus que doublé en un an.

« Nous servions environ 450 femmes par année. Aujourd’hui, nous en accueillons plus de 900. La demande a littéralement explosé », explique Magali Mahillet, directrice générale du centre.

Le local historique du centre a été mis en vente par son propriétaire, obligeant l’organisme à quitter les lieux. Le nouveau local, plus petit et dont le loyer coûte plus du double est situé en périphérie.

« Nous n’avions pas d’autre choix parce qu’ils vont démolir la petite maison de la rue Murray », explique Mme Mahillet, ajoutant que c’était très compliqué de retrouver un espace à un prix abordable au centre-ville.

« Et nous allons certainement perdre certaines femmes qui habitaient près de l’ancien local », regrette Mme Mahillet.

Selon elle, la décision du déménagement n’a été confirmée qu’en mars, laissant moins d’un an pour se reloger et aucune marge budgétaire pour absorber les coûts imprévus.

En avril 2013, le Centre Espoir Sophie a ouvert ses portes quatre jours par semaine. Gracieuseté

Ce déménagement n’est pas le premier dans l’histoire de ce centre qui porte le nom d’une jeune femme de 27 ans, enceinte de 7 mois, toxicomane et séropositive qui avait besoin de services en 1994. Son espoir à l’époque était qu’un centre du genre voit le jour.

Ouvert le 23 décembre 1997 grâce à un partenariat avec les Bergers de l’Espoir, le centre, alors destiné principalement aux femmes en situation d’itinérance, occupait une petite maison sur l’avenue King Edward.

En 2000, un avis de démolition force un premier départ.

Après une forte mobilisation communautaire, le centre rouvre ses portes en 2002 au 145, rue Murray, où il restera plus de vingt ans.

Une levée de fonds réussie, mais insuffisante

Chaque année en novembre, l’organisme organise un gala pour soutenir son budget.

Cette année, la levée de fonds a dépassé les attentes : 28 000 $ collectés pour un objectif de 25 000 $.

Selon Magali Mahillet, directrice du Centre Espoir Sophie, le récent gala a dépassé son objectif de collecte de fonds. Gracieuseté

« Ce montant nous évite un déficit, car nous intégrons toujours la levée de fonds à notre budget annuel », précise la direction.

Mais ce succès ne suffit pas à compenser, notamment la hausse de la demande, les besoins alimentaires et matériels, et les coûts liés à la relocalisation.

Le budget global de l’organisme dépasse légèrement sa planification financière. Cette année la Ville d’Ottawa a versé moins de 300 000 $ à l’organisme qu’elle supporte depuis 2007.

Magali Mahillet estime que la croissance de la clientèle s’explique en grande partie par l’arrivée récente de nouvelles immigrantes francophones, après le déblocage des demandes d’immigration restées en attente pendant la pandémie.

« Quand les demandes de 2020 à 2022 ont finalement été acceptées en 2024-2025, beaucoup de femmes sont arrivées à Ottawa. Le bouche-à-oreille a fait le reste », fait observer Mme Mahillet.

La majorité des bénéficiaires ont entre 30 et 40 ans, souvent sans emploi et en situation de précarité. Leurs besoins sont multiples : nourriture et paniers alimentaires, vêtements, manteaux, chaussures, fournitures scolaires, soutien pour les enfants, accompagnement vers l’emploi.

Le coup le plus dur reste la mise sur pause du centre d’emploi, un service essentiel pour l’autonomie financière des femmes. Financé pendant six mois par ACFO Ottawa dans le cadre du programme Ottawa Bilingue, ce service avait permis à 150 femmes de trouver un emploi ou une formation.

L’équipe du Centre Espoir Sophie, entièrement francophone, est au cœur de l’accompagnement offert aux femmes vulnérables d’Ottawa. Gracieuseté

« C’est énorme! Et 90 % des femmes que nous accueillons sont de nouvelles arrivantes. Elles ont absolument besoin de ce type de soutien pour devenir autonomes financièrement et ne plus dépendre du centre ou des banques alimentaires », explique la directrice générale.

Faute de financement stable, le service est aujourd’hui suspendu.

Évolution démographique

Le Centre Espoir Sophie est le seul service francophone de ce type à Ottawa, parmi les 35 organismes équivalents que compte la ville.

« Tous nos services, nos affiches, nos ateliers, nos documents internes sont en français. Tout le personnel parle français », assure Mme Mahillet.

La direction précise toutefois que les femmes anglophones sont accueillies sans discrimination.

Aussi, selon la même source, près de 85 % des bénéficiaires proviennent désormais de communautés maghrébines ou africaines.

Cela génère des besoins spécifiques : « Nous ne pouvons plus utiliser certaines denrées reçues, comme le porc. Je dois acheter chaque jour de la viande halal, ce qui augmente énormément notre budget alimentaire. »

Aucun partenariat n’a, pour l’instant, permis de réduire ces coûts, affirme le centre.

La directrice générale lance ainsi un appel à du soutien financier, des dons de vêtements et d’articles essentiels, et surtout du financement pour relancer le centre d’emploi, jugé crucial pour l’autonomie des femmes.

L’Acadie à l’honneur : le SLO dévoile la thématique « Entre nos mains »

GATINEAU – Après avoir célébré l’Ontario en 2025, le Salon du livre de l’Outaouais (SLO) consacrera sa 47e édition à l’Acadie, du 19 au 22 février. La tradition se poursuit : chaque année, l’événement met en lumière une grande région de la francophonie canadienne, en alternance entre l’Ontario français, l’Acadie et l’ouest du pays.

Pour rendre hommage à la création acadienne, le SLO accueillera le spectacle Déchirures vers l’avenir, un collage poétique inspiré de l’anthologie dirigée par Jonathan Roy. Présentée notamment au Salon du livre de Montréal et au Festival acadien de poésie, cette œuvre réunit les voix de Sébastien Bérubé, Daniel H. Dugas et Joanie Duguay. Une délégation de la Nouvelle-Écosse sera également présente.

L’Acadie est à l’honneur, mais le Salon demeure un lieu incontournable pour les littératures franco-canadiennes, notamment franco-ontariennes.

« Le Salon a toujours fait une belle place aux littératures franco-canadiennes, mais particulièrement à la littérature franco-ontarienne, à cause de la proximité géographique et des liens forts entre nos milieux », souligne Lisanne Rheault-Leblanc, co-directrice générale et directrice artistique du SLO.

Selon la direction, pas moins de six auteurs et autrices de l’Ontario français figureront sur les scènes principales. Le SLO collabore aussi avec les éditions Prise de parole pour des lectures théâtrales et continue de mettre de l’avant la littérature autochtone, très active en Ontario.

Chaque édition présente aussi un invité d’honneur de l’Ontario français, son identité sera dévoilée le 2 février prochain.

À noter que cette année, la programmation s’articule autour du thème « Entre nos mains », qui évoque à la fois le pouvoir d’agir et la place essentielle de la littérature dans nos vies.

« Beaucoup de gens se sentent impuissants face à l’état du monde. L’idée est de rappeler qu’il existe des gestes concrets qui peuvent changer les choses : voter, agir localement, prendre soin des autres… », explique Mme Rheault-Leblanc.


Pour elle, la thématique renvoie aussi au geste fondamental de tenir un livre entre ses mains :
« La littérature nourrit l’empathie, permet d’imaginer d’autres futurs et peut influencer positivement. »

Une direction générale en duo 

Cette 47e édition sera aussi la première dirigée par un duo : Lisanne Rheault-Leblanc et Myriam Roy.

Lisanne Rheault-Leblanc, co-directrice générale du SLO, estime que la littérature peut nourrir l’empathie et renforcer le pouvoir d’agir. Gracieuseté

« Je suis arrivée au Salon en 2022, Myriam en 2019. Nous connaissons très bien l’événement, même si c’est notre première édition à deux », précise-t-elle, ajoutant que le contexte économique représente toutefois un défi.
« Tout coûte plus cher : les locations, les aménagements… Les subventions n’augmentent pas nécessairement. Nous devons jongler avec cela. Malgré tout, nous aurons un Palais des congrès rempli et une édition très dynamique », conclut-elle.

Le Canada veut accueillir le Sommet de la francophonie à Ottawa en 2028

OTTAWA – Mark Carney a annoncé lundi matin que le Canada déposera sa candidature pour accueillir le Sommet de la francophonie en 2028 dans la capitale fédérale. 

Le premier ministre en a fait l’annonce au déjeuner annuel du maire de la ville d’Ottawa, Mark Sutcliffe.

« Une candidature qui renforcera les liens avec 90 pays et mettra en valeur l’identité francophone du Canada, notamment les cultures québécoise, franco-ontarienne et acadienne », a affirmé Mark Carney.

La dernière fois que le Canada a accueilli cet événement réunissant les leaders francophones du monde entier était en 2008 à Québec et auparavant Moncton (1999) et Québec (1967).

« Le Sommet de la Francophonie permettra au Canada d’approfondir les échanges commerciaux et culturels au sein d’un réseau de pays francophones », a dit le premier ministre.

Le Premier ministre Mark Carney participe à une rencontre bilatérale avec le président français Emmanuel Macron lors du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Comme le Canada, la France est un membre fondateur de l’Organisation internationale de la Francophonie . LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

Le prochain sommet est prévu en 2026 au Cambodge à Siem Reap, et cet événement a lieu à tous les deux ans. L’identité du pays hôte pour 2028 devrait être annoncée à ce moment-là. Le Canada est membre fondateur et deuxième bailleur de fonds de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

« Le Canada est un pays fièrement bilingue. Nous intensifions nos partenariats mondiaux et, ce faisant, la langue française demeure au cœur de notre identité et de notre leadership à l’étranger », a mentionné Mark Carney.

Parmi les 93 membres de l’OIF figurent également l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.

« C’est une très grande fierté d’apprendre cette nouvelle parce que nous avons mis des efforts, au cours des derniers mois, pour encourager le gouvernement fédéral à présenter la candidature du Canada », a salué la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy.

« Nous sommes très heureux qu’il reconnaisse tout le potentiel de la Francophonie – forte de 90 pays membres – pour la diversification des marchés de notre pays », ajoute-t-elle.

Le premier ministre Mark Carney a aussi remercié dans son discours la ministre des Affaires francophones de l’Ontario Caroline Mulroney et la députée fédérale d’Ottawa-Vanier Mona Fortier « pour avoir fait progresser cet effort ».

« Nous saluons avec enthousiasme l’annonce de la candidature du Canada pour accueillir le Sommet de la Francophonie de 2028 ici, en Ontario, a réagi le bureau de la ministre Mulroney. Notre gouvernement poursuivra son travail aux côtés de ses partenaires afin d’appuyer la tenue réussie d’un Sommet qui célébrera la francophonie en Ontario, au Canada et partout dans le monde. »

Patinage de vitesse : Ivanie Blondin double la mise aux Pays-Bas

HEERENVEEN – La patineuse de vitesse franco-ontarienne ne s’est pas déplacée pour rien cette fin de semaine à la Coupe du monde de Heerenveen (Pays-Bas). Elle rentre en Ontario avec, autour du cou, une médaille de bronze sur 1500 mètres et une autre d’argent en sprint par équipe, retrouvant la vitesse qui lui avait manqué lors des précédents mondiaux.

Elle avait prévenu ONFR il y a quelques jours : « Sur 1500 mètres, j’aimerais me rapprocher davantage du podium. » Ivanie Blondin a fait mieux que ça, ce samedi : elle est montée dessus, s’adjugeant la troisième marche.

Avec un chrono de 1 min. 53’43’’, l’Ottavienne a complété un podium dominé par les Néerlandaises Joy Beune et Antoinette Rijpma-De Jong, intraitables à domicile, tandis que le même jour elle se classait 10e sur 5000 mètres en 7 min. 01’768’’

« Remporter le bronze au 1500m, c’est un très gros boni, a-t-elle confié aux médias à l’issue de la course. Je suis vraiment contente, mais je ne m’y attendais pas. C’est tellement serré entre toutes les patineuses et c’est ce qui rend tout ça aussi intéressant. »

Et d’ajouter : « Il y a assurément des avantages en lien avec la façon dont tu patines. Pour moi, c’est un avantage si je me retrouve dans une paire avec une bonne athlète. Angel a été tellement rapide au départ et j’ai dû la pourchasser pendant toute la course, jusqu’au dernier demi-tour quand je me suis retrouvée devant elle. »

Le lendemain, Ivanie Blondin a remis le couvert, cette fois avec ses coéquipières Brooklyn McDougal et Béatrice Lamarche, en décrochant ce dimanche le deuxième meilleur temps (1 min. 26’05’’) en finale du sprint par équipe, à 87 centièmes de seconde des Néerlandaises, encore elles, tandis que la Pologne complétait le podium.

L’athlète ottavienne a en revanche échoué au pied du podium dans le départ groupé, se contentant de la quatrième.

Rendez-vous dans une semaine à Hamar (Norvège) pour la prochaine Coupe du monde.

Slalom géant : Valérie Grenier sans trembler à Mont-Tremblant

MONT-TREMBLANT – La skieuse franco-ontarienne Valérie Grenier a arraché un podium en slalom géant sur « sa » montagne, à Mont-Tremblant (Québec), hôte de la Coupe du monde de ski alpin. Après un début de saison poussif, la native de St-Isidore a fait vibrer son public.

Le suspense aura duré jusqu’au bout sur la piste brumeuse des Laurentides. Première à l’issue de son passage dans la deuxième manche, Valérie Grenier a dû s’incliner (2min 17’18 ») sur le fil face à la Néo-Zélandaise Alice Robinson (2min 16’18 ») et la Croate Zrinka Ljutic, leur concédant respectivement une seconde et six centièmes.

Double championne de slalom géant en Coupe du monde, la skieuse de l’Est ontarien victime d’un accident en janvier 2024 s’est ardemment entrainé depuis l’hiver dernier, n’ayant de cesse de courir après un nouveau podium cette saison.

Après une 11e et une 13e place à Sölden, en Autriche, et à Copper Mountain, au Colorado, elle avait à cœur de faire bonne figure à Mont-Tremblant, sa terre d’entrainement. C’est chose faite avec ce cinquième podium dans sa carrière en coupe du monde, le quatrième en slalom géant.

« On peut dire que c’est mission accomplie », a-t-elle réagi sur les ondes de CBC Sports.

« C’est fou, je n’en reviens pas. Je n’ai aucun mot. Je voulais tellement que ça arrive, mais je ne voulais pas trop y penser. C’est incroyable. Je suis extrêmement contente, fière de moi et de notre équipe », a-t-elle ajouté, indiquant que la première manche lui avait donné la confiance nécessaire pour négocier au mieux la suivante.

Dans la première manche, un peu plus tôt en matinée, elle avait en effet signé le cinquième temps, se positionnant à 74 centièmes de seconde de la Néo-Zélandaise Alice Robinson qui aura donc fait la course en tête de bout en bout.

La Canadienne devance au classement deux autres francophones, la Suissesse Camille Rast et la Française Clara Direz. Elle surpasse au passage sa dernière performance à Mont-Tremblant qui remontait à 2023 avec une sixième place.

Ses compatriotes en lice, Britt Richardson et Cassidy Gray, se sont respectivement classées 15e et 27e, tandis que demain se profile le deuxième slalom géant. Autre jour, autre défi pour la prodige de l’Est.

Pierre Lamarche : une vie entière à faire grandir le tennis canadien

[LA RENCONTRE D’ONFR]

BURLINGTON – Figure majeure du tennis canadien depuis plus de cinq décennies, Pierre Lamarche a tout connu : les courts de Saint-Henri et de Trois-Rivières, les championnats nationaux, les universités américaines, la Coupe Davis, les Jeux olympiques, puis la création d’un des plus importants centres de développement du pays, l’Académie ACE. Bâtisseur infatigable, entraîneur national, capitaine de Coupe Davis, gestionnaire de clubs, formateur de centaines d’athlètes devenus champions juniors ou boursiers universitaires, il a laissé une empreinte indélébile sur la manière dont le tennis se structure, se forme et s’imagine au Canada.

Comment le tennis est-il arrivé dans votre vie et comment était-il perçu à l’époque?

J’ai commencé à jouer à Trois-Rivières chez mes grands-parents. Quand j’avais neuf ans, je frappais la balle contre un mur. Il y avait une section en gravelle et puis du gazon : quand je frappais fort et que la balle atterrissait sur le gazon, je l’appelais « out ». Et je jouais « contre » Robert Bédard, qui était le meilleur joueur canadien du moment. Je le battais toujours!

Quand j’ai eu 18 ans, il m’a invité chez lui pour garder ses enfants et m’entraîner avec lui. Là, la réalité s’est imposée : je n’ai jamais gagné un set.

À l’époque, le tennis était un sport mineur au Canada. Au Québec, il y avait un héritage plus fort, mais ailleurs, c’était très anglais.

Quel rôle vos années universitaires ont-elles joué dans votre développement sportif et professionnel?

Je suis allé d’abord à UBC, à Vancouver, avec l’équipe nationale. Mais je n’aimais pas la température. Alors que je jouais le Québec Open, j’ai rencontré des Australiens qui m’ont parlé de Mississippi State University. Je suis allé là-bas, j’y ai joué et fait ma maîtrise.

Pendant que j’étais étudiant, j’ai eu l’idée de créer une école de tennis à l’université. C’était mon projet de maîtrise. Ça a tellement bien marché financièrement que ça m’a permis de jouer sur le circuit professionnel par la suite.

Mes études terminées, je suis devenu l’entraîneur de l’équipe universitaire. J’étais très jeune pour ce poste.

Dès ses années universitaires, Pierre Lamarche a réalisé qu’il avait la fibre pour devenir entraîneur, une chose qu’il fait encore plus de 50 ans après. Photo : gracieuseté

Quel type de joueur étiez-vous?

J’étais gardien de but au hockey, alors j’aimais être au filet. J’étais un joueur de service-volée. J’aimais jouer, vraiment.

Quels sont les moments marquants de votre carrière de joueur?

Le premier moment marquant a été de gagner le championnat canadien junior à 18 ans. C’était la première fois que je devenais champion du Canada et, pour moi, ça a été quelque chose de fameux. Ça reste un souvenir extrêmement fort parce que c’était le début réel de ma carrière.

Le deuxième grand moment, c’est quand j’ai gagné le championnat canadien masculin à Winnipeg, à 27 ans. C’était juste au moment où j’étais sur le point d’arrêter de jouer, alors ça m’a donné une conclusion parfaite, un point final très important dans ma vie de joueur.

Et puis il y a eu la Coupe Davis. Être nommé dans l’équipe canadienne, ça a été le rêve de ma carrière. Je n’étais pas le joueur le plus fort, mais le simple fait d’être là, de faire partie d’une famille qui représente le pays, ça a été un immense honneur, quelque chose que j’ai profondément aimé.

Quel bilan faites-vous de votre passage au poste de capitaine de la Coupe Davis?

Devenir capitaine de la Coupe Davis a peut-être été ma plus grande réussite. Quand j’ai pris l’équipe, le Canada n’était vraiment pas fort. On était un pays « du deuxième ou troisième monde » au tennis. Contre les Australiens ou les Américains, on n’avait aucune chance.

Mais j’avais une très bonne équipe qui commençait à émerger, et j’avais Louis Cayer avec moi, un entraîneur incroyable au point de vue technique et tactique. Il a fait énormément pour le tennis canadien.

Avec lui, on s’est qualifié deux fois pour le Groupe mondial. Le Canada ne l’avait jamais fait et ils ne l’ont pas refait avant dix ans. Notre plan était simple : on bâtissait nos victoires autour du double. Si tu gagnes un des deux premiers simples et le double, tu as 75 % de chances de gagner la rencontre. Alors on s’est dit : on gagne un simple, on gagne le double, et on gagne le match. Et c’est comme ça qu’on a réussi.

Comment passe-t-on du circuit professionnel à une carrière d’entraîneur?

Quand j’ai arrêté de jouer, je pensais qu’avec ma maîtrise, mon bilinguisme et mon expérience, il y aurait une place pour moi dans le tennis. Mais à l’époque, il n’y avait aucune structure, rien de tout ce qui existe aujourd’hui. J’ai donc dû créer mon propre environnement et bâtir moi-même mes programmes.

J’ai commencé au Québec, puis je suis allé en Ontario, à Burlington, où tout a vraiment pris de l’ampleur. J’ai passé cinquante ans à entraîner des jeunes, même si la gestion de l’académie et des clubs m’empêchait parfois d’être autant sur le terrain que je l’aurais voulu.

Cette année, après six ans loin du court, j’ai recommencé à coacher. Je suis au club à six heures du matin, je travaille avec cinq jeunes trois fois par semaine, et je suis heureux comme tout.

Comment décririez-vous votre philosophie d’entraîneur?

Je suis quelqu’un qui planifie. Je crois qu’on forme des athlètes avant de former des joueurs. Nous avons été la première académie au Canada à avoir un entraîneur physique à temps plein. Tu peux être le meilleur frappeur du monde, mais si tu n’arrives pas à la balle, ça ne sert à rien.

J’ai étudié la périodisation avec Tudor Bompa, à l’Université York. J’ai toujours insisté sur les plans à long terme, les plans annuels, le développement structuré.

Un entraîneur proche de ses athlètes, ici avec la famille Mboko. Photo : gracieuseté

Vous vivez en Ontario depuis 1977. Aujourd’hui, vous sentez-vous davantage Franco-Ontarien ou plutôt un Québécois établi en Ontario?

Je me vois comme un Montréalais du Canada qui aime le monde entier. J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie : ma famille, le Québec, le sport… tout ça m’a beaucoup donné. Et vers 15-16 ans, je suis devenu anglophone aussi, ce qui a façonné mon identité.

Mon idole a toujours été Cassius Clay, Muhammad Ali. Ce qu’il représentait, son humour, son courage, ses prises de position… c’était incroyable.

J’ai aussi vécu au Mississippi pendant la grande période des tensions raciales. À l’époque, je pensais que tout cela appartenait au passé. Mais je vois aujourd’hui que ça revient.

Comment s’est passée votre intégration à Burlington, y avez-vous trouvé une communauté francophone?

Dans ma vie professionnelle, je suis extraverti : je parle à tout le monde. Mais dans ma vie privée, je suis l’inverse. Je suis fatigué le soir, après avoir coaché, parlé aux jeunes, parlé aux parents. Je n’ai pas un grand réseau social ici. Beaucoup de mes amis sont des immigrants. J’ai un immense respect pour eux. Ils arrivent ici et donnent tout pour leurs enfants, et je trouve ça admirable.

L’immigration a-t-elle transformé le tennis canadien?

Oui, complètement. Les joueurs issus de l’immigration ont changé le niveau : Félix (Auger-Aliassime), Leylah (Fernandez), Denis (Shapovalov), Raonic (Milos Raonic), Andreescu (Bianca Andreescu), Nestor (Daniel Nestor)…

Ils ont une faim, une discipline, une relation avec l’effort qui est différente. Ils trouvent les clubs canadiens magnifiques. Nous, on critique les installations, eux ils trouvent ça extraordinaire.

Quels sont les athlètes que vous avez entraînés qui vous ont marqué?

Il y en a tellement. J’ai plus de 200 jeunes qui ont obtenu des bourses universitaires aux États-Unis, et pour certains, c’est l’équivalent d’un quart de million de dollars.

Les exemples qui me touchent le plus ne sont pas forcément ceux qui ont fait carrière sur le circuit, mais ceux qui ont réussi dans la vie. Les deux filles de mon entraîneur ukrainien sont allées à MIT et à Harvard.
Un jeune Marocain que j’ai formé a été champion canadien U14, puis il est entré à Brown, à Harvard Law, et aujourd’hui il est médecin à Atlanta.

Et puis il y a évidemment Daniel Nestor, ou encore Vicky Mboko… Vicky est venue chez moi dernièrement avec son père. Elle n’a pas changé : c’est une personne incroyable.

Pourquoi insistez-vous autant sur les valeurs?

Parce qu’on forme des citoyens. C’est devenu plus difficile : les parents voient tout sur Internet, ils ont des opinions sur tout. Notre philosophie repose sur les valeurs. La première question qu’on pose : « Qu’est-ce que tu remercies le plus dans ta vie? » Très peu disent « mes parents ». On leur montre que sans leurs parents, ils ne seraient nulle part. On leur apprend la gratitude, le respect, l’esprit d’équipe. Même dans un sport individuel.

S’il a consacré toute sa vie au tennis, Pierre Lamarche ici avec son fils Walker, met en avant l’importance de la famille dans sa vie de tous les jours. Photo : gracieuseté

Les attentes des parents sont-elles parfois irréalistes?

Oui. C’est pour ça qu’on établit un plan au début, signé par l’athlète et les parents. Si l’enfant vient à 75 % des entraînements, on peut clairement dire : « Vos attentes ne sont pas réalistes ».

De quoi êtes-vous le plus fier aujourd’hui?

Mes trois enfants.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune francophone qui rêve de tennis?

D’appeler Pierre Lamarche (rires). Et je lui dirais ce qui est bon pour lui. Je ne suis pas la solution pour tout le monde, mais je peux trouver une solution pour chacun.


LES DATES CLÉS DE PIERRE LAMARCHE

1947 : Naissance à Montréal, dans le quartier Saint-Henri
1968 : Champion canadien junior U18
1970 : Plus jeune entraîneur universitaire aux États-Unis (Mississippi State)
1971–1974 : Joue sur le circuit professionnel et devient champion canadien
1974 : Sélectionné en Coupe Davis
1989–1992 : Directeur du coaching à Tennis Canada, puis capitaine de Coupe Davis
1996 : Dirige la délégation canadienne aux Jeux olympiques d’Atlanta
2004 : Intronisé au Temple de la renommée de Tennis Canada

Soccer : les francophones de Toronto réagissent au tirage au sort de la Coupe du monde 2026

WASHINGTON D.C – Ce vendredi représentait un moment très attendu pour tous les passionnés de soccer au monde avec le tirage au sort de la Coupe du monde 2026. Avec pas moins de 10 pays francophones concernés par l’événement, ONFR est parti à la rencontre des fans des différentes communautés francophones de Toronto pour recueillir leurs réactions. 

Le Canada et la Suisse dans le groupe B 

Pays hôte de la compétition, le Canada savait d’ores et déjà qu’il se trouvait en tête de série du groupe B et qu’il jouerait son premier match à Toronto le 12 juin puis deux autres rencontres à Vancouver les 18 et 24 juin. 

Le tirage au sort a déterminé deux des trois adversaires des Canadiens puisque le match d’ouverture reste à déterminer. C’est en effet l’équipe qui sortira gagnante des barrages de qualifications entre l’Italie, l’Irlande du Nord, le Pays de Galles et la Bosnie-Herzégovine qui affrontera les Canadiens à Toronto. À Vancouver, les Rouges savent qu’ils affronteront ensuite le Qatar et un autre pays francophone aux multiples langues officielles, la Suisse. 

Pour Matthew, partisan torontois, ce n’est pas le pire scénario mais ce n’est pas le meilleur non plus. 

« Ce n’est pas trop mal d’avoir la Suisse, mais il faut faire attention, c’est une équipe qui se qualifie régulièrement pour les phases finales. Le Qatar c’est bien, car il y avait des équipes plus fortes dans la zone Asie. Ce sera le match à absolument gagner pour le Canada. »

Matthew suit de très près le soccer canadien puisqu’en plus d’être un fan, il commente la sélection canadienne sur One Soccer. Photo : gracieuseté

Il met une petite pièce sur l’Italie, favorite des barrages, mais n’est pas plus inquiet d’affronter cette adversaire qui « ne se débrouille pas très bien depuis plusieurs années maintenant. »

« C’est un peu pile ou face avec cette équipe qui n’avait pas disputé la dernière Coupe du monde, mais qui a remporté la ligue européenne. Je trouve que le niveau a baissé en Italie et ce n’est même pas sûr qu’ils se qualifient.

Si c’est l’Italie, on peut s’attendre à beaucoup de soutien avec la grosse communauté italienne de Toronto. Si c’est une autre des trois équipes, le Canada devrait gagner, ils ont, par exemple, battu le Pays de Galles dernièrement », conclut-il. 

Duel francophone entre le Maroc et Haïti dans le groupe C

Un autre duel entre équipes francophones aura lieu dans le groupe C avec le Maroc et Haïti qui retrouveront le Brésil et l’Écosse. Si le grand favori reste le Brésil, le Maroc aura son mot à dire comme nous l’a confié Faouzi. 

Faouzi arborant fièrement les couleurs du Maroc. Photo : gracieuseté

« Le Maroc va assumer son statut dans cette poule. Le Brésil a de grands joueurs et une belle équipe, mais nous aussi. Nous avons une équipe jeune et professionnelle qui a de l’expérience face au Brésil, nous connaissons parfaitement son jeu. Pour le reste du groupe, il y a toujours des surprises à la Coupe du monde donc il ne faut pas sous-estimer Haïti et l’Écosse. Nous nous réjouissons d’être dans cette poule et nous allons nous battre pour passer ce premier tour.

Les Haïtiens qui vont disputer la Coupe du monde pour la deuxième fois de leur histoire feront figure de petits poucets du groupe. »

La Côte d’Ivoire vise la deuxième place dans le groupe E 

Il faut ensuite sauter au groupe E pour retrouver la Côte d’Ivoire qui a hérité de l’Allemagne, Curaçao et l’Équateur comme adversaires. À priori la poule est à la portée des éléphants, mais Tom se méfie. 

« Je trouve que c’est une poule difficile avec l’Allemagne et l’Équateur. La Côte d’Ivoire aura ses chances mais il va falloir bien négocier le match contre l’Équateur qui sera décisif pour terminer au moins à la deuxième place. » 

Tom attend une qualification des Éléphants de la Cote d’Ivoire en phase finale pour leur retour en Coupe du Monde. Photo : gracieuseté

Les champions d’Afrique en titre vont avoir une grosse échéance pour se tester avec la Coupe d’Afrique qui débute prochainement au Maroc. Une bonne façon de se préparer pour essayer de bien figurer à la Coupe du monde, après avoir raté l’édition précédente au Qatar. Les fans ivoiriens auront une toute petite chance de voir leur équipe à Toronto avec un match du groupe E prévu dans la Ville Reine. 

La Tunisie dans le groupe F pour entrer dans l’histoire

Pour sa septième participation à la Coupe du monde, la Tunisie, comme le Canada, ne connaît pour l’instant que deux de ses trois adversaires. Il s’agit des Pays-Bas et du Japon. Les Aigles de Carthage, qui avaient frappé fort en 2022 en battant la France 1-0, seront opposés à une seconde équipe européenne qui sera déterminée lors des barrages. Cela se jouera entre L’Ukraine, la Suède, la Pologne et l’Albanie. 

Un groupe qui s’annonce donc relevé, mais pas impossible pour réaliser l’exploit qui ne s’est jamais produit lors des six précédentes participations : passer la phase de groupe. Ce nouveau format de Coupe du monde élargi à 48 nations fait que les huit meilleures équipes classées troisièmes passeront. L’opportunité est belle pour les Tunisiens de rentrer dans l’histoire. 

La Belgique grande favorite du groupe G 

Grande gagnante francophone de ce tirage au sort, la Belgique a hérité d’un tirage au sort clément. Têtes de séries, les Diables rouges auront pour objectif de sortir premiers d’une poule dans laquelle ils sont accompagnés par l’Égypte, l’Iran et la Nouvelle-Zélande. 

Antoine, partisan belge de Toronto, se réjouit du tirage et de la localisation du groupe G qui évoluera sur la côte ouest (Vancouver, Seattle, Los Angeles), même s’il n’aura pas la chance de voir son équipe jouer dans la Ville Reine. 

« Bon tirage! On s’en sort bien au niveau des adversaires et même du climat, c’est quelque chose que la presse belge craignait. Je pense qu’on doit viser la première place, si on ne l’atteint pas on pourra se demander si on peut viser quelque chose. »

Antoine avec les couleurs des Diables Rouges. Photo : gracieuseté

Malgré cette position de favori, Antoine se demande si la sélection saura répondre présente après l’échec au Qatar où les Belges n’avaient pas passé la phase de groupe. 

« Même si j’ai un niveau de confiance élevé, j’ai un peu peur de l’Égypte. Ils ont de bons éléments offensifs comme Salah et Marmoush et notre défense est notre faiblesse. Malgré tout, si on veut aller loin, on n’a pas d’excuse dans ce groupe. »

France et Sénégal dans un groupe relevé 

La France et le Sénégal vont se retrouver dans le groupe I en compagnie de la Norvège et du vainqueur du barrage qui verra s’affronter la Bolivie, le Suriname et l’Iraq. Si la quatrième équipe de ce groupe semble destinée à la dernière place, les trois autres nations auront leur mot à dire. 

Que ce soit Olivier, Français de Toronto ou Thierno Sénégalais de la Ville Reine, tous deux se réjouissent de ces retrouvailles. Pour rappel, en 2002, les Lions de la Teranga avaient battu la France, championne du monde en titre, qui n’avait pas passé la phase de poule. 

« Ce match contre la France sera important, mais comme ce sera le premier match, on peut imaginer que les deux équipes ne vont pas tout donner, confie Thierno. On ne va pas vouloir y laisser des plumes pour le reste de la compétition. Je pense que l’équipe qui sera la plus déterminante dans cette poule ce sera la Norvège. »

En plus d’être un fan inconditionnel de l’équipe de France, Olivier est le président du Club de fans du PSG de Toronto. Photo : gracieuseté

Olivier parle de revanche à prendre contre le Sénégal et s’imagine déjà à Toronto en train de regarder dans les gradins le duel entre Mbappe et Haaland dans un duel France-Norvège qui promet. 

« On va surveiller la sortie du calendrier ce samedi, mais j’espère vraiment qu’on aura un match de la France à Toronto » confie-t-il. 

L’Algérie rêve de battre le champion du monde dans le groupe J 

Dernière équipe francophone en lice dans cette Coupe du monde, en attendant les barrages qui pourraient voir la République démocratique du Congo ou la Nouvelle-Calédonie rejoindre le groupe K, l’Algérie est tombée dans le groupe J en compagnie de l’Argentine, l’Autriche et la Jordanie. 

Pour Fayza, franco-canado-algérienne, c’est réjouissant de pouvoir affronter les Champions du monde en titre. 

« Quand j’ai entendu Argentine-Algérie, le souffle s’est un peu coupé. Ça va être un match, on l’espère, aussi formidable qu’on peut l’imaginer. Je suis déjà très impatiente, je sais que les Algériens vont mettre le maximum sur ce match là. Je mise sur un 3-2 pour l’Algérie. » 

A la Coupe du monde, Fayza supportera l’Algérie mais aussi la France et le Canada, ses trois nationalités. Photo : gracieuseté

Si l’Algérie peut avoir l’ambition de sortir à la deuxième place de ce groupe, rien ne sera simple. 

« Ce ne sera tout de même pas un groupe facile, il y a en plus un historique particulier avec l’Autriche, mais les joueurs sont prêts et ils auront tous les Algériens du monde derrière eux. »

Fayza conclut en résumant bien l’état d’esprit qu’auront la plupart des Torontois francophones venus d’ailleurs qui ont parfois plusieurs origines en plus d’être devenus des Canadiens d’adoption. 

« J’ai une pensée aussi pour nos voisins, Maroc-Brésil on est prêt! J’ai aussi la nationalité française donc le cœur va être divisé en deux et je pense aussi aux Franco-Sénégalais qui vont être dans un dilemme. J’ai également acquis la nationalité canadienne et je pense qu’un Canada-Italie serait extraordinaire, ici à Toronto, avec tous les Canado-Italiens de Toronto. »

On en saura plus ce samedi 6 décembre sur les matchs qui se disputeront à Toronto. Ce que l’on sait déjà c’est qu’ils seront au nombre de cinq lors de la phase de groupe : le match d’ouverture du Canada, deux matchs du groupe L, un du E et un du groupe I. 

Le calendrier provisoire de la Coupe du monde 2026 organisée par le Mexique, les États-Unis et le Canada. Photo : infographie Fifa.com

« Le moment le plus dangereux, c’est lorsqu’une femme quitte son partenaire »

Sylvie Gravel, coordinatrice de « Main dans la Main », réseau de personnes bénévoles engagées auprès des clientes de Maison Interlude House (MIH), un organisme établi à Hawkesbury qui offre aux femmes victimes de violence des services essentiels, notamment l’hébergement d’urgence, l’accompagnement juridique et le soutien à la recherche de logement ou d’emploi.

Le 6 décembre, Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, rappelle chaque année le massacre à l’École polytechnique de Montréal en décembre 1989 qui coûta la vie à 14 femmes.

Les inégalités persistantes et le manque de ressources, notamment en logement, exposent davantage les femmes à la violence et au risque de féminicide.

« Depuis le 26 novembre 2024, l’Ontario a enregistré 40 féminicides. Quels sont les facteurs derrière ce fléau de la violence à l’égard des femmes?

Même une seule victime serait déjà une de trop. Lorsqu’on parle de 40 femmes tuées en Ontario en un an, cela représente pratiquement une victime par semaine. Le nombre demeure dramatiquement élevé.

Plusieurs facteurs expliquent cette réalité. D’abord, l’inégalité persistante entre les hommes et les femmes, encore bien présente en 2025. On pourrait croire que les droits sont les mêmes pour tous, mais si les femmes continuent de mourir en raison de la violence conjugale, c’est que quelque chose ne fonctionne pas.
On sait aussi que dans la majorité des cas, l’auteur est un ex-conjoint. Ce n’est pas un hasard si le moment le plus dangereux pour une femme victime de violence survient lorsqu’elle quitte son partenaire.

Pourquoi en est-on encore là en 2025?

Il faut se demander si les peines sont suffisamment sévères ou si le système judiciaire, déjà surchargé, ne contribue pas à laisser des situations dangereuses s’aggraver.

Parmi les facteurs les plus concrets, la crise du logement demeure déterminante. Le manque de logements abordables touche tout le monde, mais il a des conséquences directes et dramatiques pour les femmes victimes de violence.
Quand les maisons d’hébergement sont pleines, comme c’est le cas la plupart du temps, beaucoup n’ont tout simplement nulle part où aller. Faute de solutions, elles restent dans un foyer violent, une situation qui peut ultimement mener au féminicide.

Un autre défi majeur est la sécurité alimentaire. Avec la hausse du coût de la vie, de nombreuses femmes se retrouvent forcées de recourir aux banques alimentaires. Cette précarité est étroitement liée à la pauvreté des femmes et à l’inégalité persistante entre les hommes et les femmes. Tant que ces iniquités structurelles ne seront pas corrigées, la violence restera un risque omniprésent.

Comment se manifeste cette situation dans la région de Prescott–Russell?

Pour ce qui est des féminicides dans la région, depuis 1975, 11 femmes et 3 enfants ont perdu la vie à cause de la violence. C’est le portrait sombre que l’on connaît pour ce territoire, parce que les féminicides ne constituent que la partie visible de l’iceberg de la violence.

L’organisme Interlude gère une maison d’hébergement d’urgence destinée aux femmes et à leurs personnes à charge qui fuient un conjoint violent. Cette année, 59 femmes et 33 personnes à charge y ont été accueillies. Mais 72 femmes ont dû être refusées, faute de place. Et la question demeure : où sont-elles allées? Faute de ressources, certaines ont peut-être dû rester dans un foyer violent, ce qui illustre l’urgence des besoins.

Pour surmonter ces obstacles, Interlude multiplie les actions de revendication auprès de tous les paliers gouvernementaux afin de rappeler l’urgence de créer plus de logements accessibles.


Pour lutter contre ce fléau, plusieurs actions sont nécessaires. Il faut d’abord permettre aux femmes d’accéder à un emploi stable et équitablement rémunéré, assurer un véritable accès au logement social, et renforcer des lois et un système judiciaire qui ne tolèrent aucune forme de violence.

Interlude a récemment bénéficié d’un programme qui permettra d’offrir 35 logements dédiés aux femmes en situation de vulnérabilité, que représente ce projet?

Il s’agit d’un projet important parmi plusieurs autres. Ce projet répond à un besoin identifié depuis longtemps dans l’Est ontarien, notamment à Prescott–Russell, où il manquait une maison de deuxième étape pour les femmes fuyant la violence et ayant besoin d’un soutien résidentiel plus durable.

C’est l’aboutissement de huit années de travail, de démarches et de mobilisation. Plusieurs collègues et partenaires communautaires y ont cru et ont travaillé ensemble pour faire avancer le dossier. Finalement, le financement a été accordé et permettra la construction d’un complexe de 35 unités, qui sera situé à Embrun.

Que représente le massacre de la Polytechnique pour vous à Prescott–Russell?

Même si le massacre de la Polytechnique s’est déroulé au Québec, son impact a été ressenti dans tout l’Ontario. De génération en génération, cet événement tragique continue de marquer la population. Pour nous, il est essentiel de faire le lien entre ces victimes et celles de nos propres communautés, ici en Ontario, et particulièrement dans Prescott–Russell.

Notre travail consiste à rappeler que ces femmes ne sont pas décédées en vain. Nous portons leur voix. Nous voulons nous assurer qu’elles ne soient jamais oubliées. Le 6 décembre est une journée pour se souvenir, mais aussi pour réaffirmer notre engagement. C’est une date importante, mais elle doit être suivie d’actions tout au long de l’année. La lutte contre la violence faite aux femmes ne se fait pas seulement un jour par an : elle se construit au quotidien, dans nos gestes et nos décisions collectives. »

Ivanie Blondin : « L’essentiel, c’est d’arriver aux Jeux olympiques à mon pic »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Ivanie Blondin est l’une des athlètes franco-ontariennes les plus accomplies en patinage de vitesse. Multiple médaillée olympique et spécialiste du départ groupé, elle forme avec Valérie Maltais et Isabelle Weidemann l’un des trios les plus redoutables au monde en poursuite par équipe. À 35 ans, l’Ottavienne reste une référence internationale tant pour sa puissance que pour son expérience.

LE CONTEXTE :

La saison 2025–2026, qui mène aux Jeux olympiques d’hiver, a débuté depuis quelques semaines. Après deux premières étapes de Coupe du monde, dont une à Calgary, où Blondin a remporté le départ groupé devant les siens, l’équipe canadienne se tourne maintenant vers la prochaine manche aux Pays-Bas. Cette étape est toujours particulière : c’est le pays du patinage, l’arène des foules les plus intenses, mais aussi le terrain de sa grande rivale au sprint final, la Néerlandaise Marijke Groenewoud.

L’ENJEU :

À l’approche de la troisième compétition de la saison, Ivanie Blondin doit gérer son pic de forme, ajuster son programme et conserver l’élan acquis lors des premières étapes. L’étape aux Pays-Bas, disputée sur la glace de sa principale adversaire sur le départ groupé, s’annonce comme une étape importante de sa préparation en vue des Jeux olympiques.

« Comment résumez-vous votre début de saison?

En poursuite, nous sommes vraiment très contentes d’être de retour en force. L’an dernier, les Coupes du monde ne s’étaient pas très bien déroulées et, même si nous étions montées sur le podium aux Mondiaux, nous savions qu’il restait du travail. Cet été, nous avons fait trois camps d’entraînement consacrés à la poursuite, et les temps réalisés entre Calgary et Salt Lake montrent que ce travail-là porte déjà ses fruits.

En individuel, sur 3000 m comme sur 1500 m, ce n’est ni excellent ni mauvais. C’est volontaire : je ne cherche pas à être à mon meilleur en début de saison. On s’entraîne plus fort que les années précédentes, parce que le vrai objectif, c’est d’être au pic de forme aux Jeux olympiques, pas en Coupe du monde.

En année olympique, comment gère-t-on le pic de forme?

Si l’on atteint son pic trop tôt dans la saison, c’est très difficile de revenir. Ça m’est déjà arrivé : j’avais piqué dès la première ou la deuxième Coupe du monde, et la suite avait été un véritable ‘dégât total’. C’est pour éviter ça que, cette année, on s’entraîne plus fort dès le début. Même si ça donne des résultats un peu moyens ou irréguliers, l’objectif est ailleurs. Ce qui compte, c’est de rester concentrée sur le processus pour garder le moral et arriver au meilleur moment aux Jeux olympiques.

Votre victoire à Calgary en départ groupé vous a-t-elle rassurée après la mésaventure à Salt Lake City?

Oui, beaucoup. À Salt Lake City, ça ne s’était pas très bien passé. Les officiels avaient compté quinze tours au lieu de seize, ce qui avait donné un résultat un peu tronqué. Gagner ensuite à Calgary, en départ groupé, devant ma famille, ça m’a vraiment rassurée. Je savais que j’avais cette course-là dans les jambes. Le départ groupé est très naturel pour moi. Je sens bien la course et je suis capable de sprinter fort à la fin. Pouvoir prouver mes forces, et le faire à la maison pour sûrement une dernière fois, c’était important après Salt Lake.

On sent que le départ groupé devient de plus en plus tactique. Qu’est-ce qui change?

Il y a davantage de patineuses capables de lancer des attaques, voire de vraies tentatives d’échappée. On voit aussi plus de collaborations entre certains pays. On remarque que ça se parle avant les courses, et on sait déjà que certaines vont travailler ensemble. Il faut garder un œil sur elles.

Pour le sprint final, on dirait que nous ne sommes encore que deux, Marijke (Groenewoud) et moi, à pouvoir sprinter vraiment fort. Derrière, le niveau baisse un peu en vitesse pure, mais il y a plus de mouvements durant la course. Ça rend les départs groupés plus imprévisibles et, au fond, encore plus excitants.

Le Canada signe un début de saison solide en poursuite par équipe, une épreuve qui pourrait peser lourd dans les résultats olympiques. Photo : Dave Holland / Patinage de vitesse Canada

Revenons à la poursuite par équipe. Les excellentes performances individuelles de Valérie Maltais ont-elles un gros impact sur vos bonnes performances collectives?

Depuis quelques années, on voyait qu’elle se rapprochait du podium. L’an dernier, elle avait obtenu une ou deux médailles, notamment au 3000 m. Et cette saison, elle est déjà montée deux fois de suite sur le podium dans cette distance. En poursuite, elle est toujours là, solide, souvent juste derrière Isabelle. Elle est vraiment forte en ce moment, et ça fait du bien à toute l’équipe. Ça rehausse le niveau et ça garde le moral plus haut.

Quels sont vos objectifs pour l’étape de Coupe du monde aux Pays-Bas cette fin de semaine?

J’aimerais faire un meilleur résultat au 5000 m. Le groupe A compte douze patineuses et j’en fais partie, donc je me sens confiante. Sur 1500 m, j’aimerais me rapprocher davantage du podium. Et pour le départ groupé, c’est simple : on donne toujours 100 %.

Il n’y a pas de poursuite par équipe cette fin de semaine, mais je vais prendre part au sprint par équipes. C’est une épreuve un peu plus pour le plaisir. Elle ne figure pas au programme olympique, mais on vise quand même le podium.

En année olympique, est-il difficile de ne pas penser constamment aux Jeux?

Avec l’expérience, beaucoup moins. Je ne pense plus autant aux Jeux qu’avant. Je préfère me concentrer sur ce qui arrive tout de suite, sur les étapes qui se présentent les unes après les autres. C’est la meilleure façon d’arriver prête au bon moment.

Pour terminer, on sait que vous êtes toujours engagée sur un grand nombre d’épreuves, pour les Jeux olympiques, allez-vous adapter votre programme de courses?

Oui. J’ai retiré le 1000 m de mon calendrier. Le 5000 m, je vais le faire seulement pour les points (en Coupe du monde). Aux Jeux, je vais me concentrer sur le 1500 m, le 3000 m, le départ groupé et la poursuite par équipe. C’est déjà beaucoup de courses dans une période de deux semaines. C’est suffisant. »

Six nouveaux médecins s’installent à Cornwall

CORNWALL – La Ville de Cornwall a réussi à recruter six nouveaux médecins grâce à ses programmes de recrutement médical. Des programmes qui datent pour certains de près de 20 ans, mais qui ont été réactivés dans cette ville qui compte environ 17 000 patients sans médecin de famille, soit près du tiers de la population.

« Le recrutement et l’attraction de ces six médecins à Cornwall témoignent du travail accompli dans le cadre de nos stratégies de recrutement médical », a déclaré le maire Justin Towndale dans un communiqué. 

Il est question de Dre Stephanie Amorosa, médecin de famille récemment arrivée des États-Unis, de Dr Zheng Wen Zhang médecin de famille trilingue (français, anglais et chinois), venant de Montréal au Québec, de Dre Nadina Abdullayeva, psychiatre dans la région d’Ottawa, et de Dre Chloé Rozon, obstétricienne et gynécologue bilingue originaire de Cornwall qui revient après plus d’une décennie d’absence.

Ces quatre médecins ont récemment bénéficié d’un programme de relocalisation médicale de la Ville qui offre un prêt-subvention pouvant aller jusqu’à 25 000 $ en échange d’un retour de service de trois ans dans la communauté. Depuis 2001, plus de 40 médecins en ont bénéficié.

Pour leur part, les deux autres médecins, Dre Karen Poirier et Dr Jared McDonald, ont obtenu la Bourse médicale de Cornwall respectivement en 2021 et 2022, précise la ville dans un communiqué.

Estimée à 25 000 $ par année, cette bourse peut être attribuée chaque année, pour un maximum de six ans (150 000 $) , à un étudiant admis en médecine à condition qu’il accepte de pratiquer dans la communauté pendant au moins cinq ans après l’obtention de son diplôme. Depuis 2009, pas moins d’une dizaine de médecins en ont bénéficié.

À noter que la Ville avait lancé un groupe de travail sur le recrutement médical pour favoriser les  partenariats stratégiques et créer une nouvelle campagne ciblée.

Aussi au cours des derniers mois, des représentants de la Ville, des institutions de santé locales et des organisations de santé familiale ont assisté à des événements de recrutement en Ontario, au Québec, au Manitoba et en Colombie-Britannique. 

Services en français : le ministère des Affaires francophones sur le radar du commissaire Bouchard

Dans son rapport annuel déposé ce jeudi, le commissaire aux services en français Carl Bouchard pointe du doigt « un manque de rigueur » entourant la liste des organismes désignés par la Loi sur les services en français (LSF) et des lacunes sur l’application de l’offre active. Il relève également des abus quant à l’usage d’une exemption relative à la LSF qui constituent « une violation des droits linguistiques ». Il exhorte le ministère des Affaires francophones à en définir le cadre.

Dans son rapport annuel, qui recense 315 plaintes, le commissaire aux services en français explique avoir porté à l’attention du ministère des Affaires francophones plusieurs manquements aux règlements régissant la LSF.

Celui-ci met en cause le règlement (398/93), qui liste les organismes désignés en vertu de la LSF, dans la méconnaissance des services par les Franco-Ontariens : « Le manque de rigueur par rapport à l’exactitude des informations communiquées au public est un obstacle à l’accès aux services en français dans plusieurs domaines, dont la santé, la petite enfance, le postsecondaire, les services sociaux et communautaires et les soins de longue durée. »

« L’information souvent obsolète communiquée au public via ce règlement rend difficile la possibilité d’évaluer les obligations de services en français d’organismes désignés, voire impossible dans certains cas. »

Projet de longue haleine du ministère des Affaires francophones, mais qui reste toujours inachevé, celui-ci s’est engagé auprès de l’Unité des services en français à rendre une mise à jour complète d’ici juin 2026.

Dans son rapport de 2024, le commissaire recommandait la création d’un répertoire complet en ligne des services en français, qui fait défaut à la province. Celui-ci a expliqué qu’aucune échéance ne lui a pour l’heure été proposée.

Par ailleurs, le commissaire note des difficultés dans l’application du règlement sur l’offre active (544/22). Par son biais, les services doivent être disponibles en français dès le premier point de contact, sans qu’une personne ait à les demander.

« Plusieurs organisations peinent à assurer une offre active réelle, notamment en ce qui concerne leurs systèmes téléphoniques, leur signalétique et leurs différentes communications », affirme-t-il.

Il indique que même si certains organismes gouvernementaux ont mis en place des mesures, comme l’adoption et la mise à jour de politiques et de la formation du personnel en matière de services en français, la mise en œuvre est « toujours en cours ».

Une exemption abusive de la LSF

Un autre règlement relevant de la LSF a été mis en évidence dans le rapport : le Règlement 671/92, qui offre une exemption quant à l’obligation de fournir des traductions en français de certaines publications spécialisées.

Une exception pouvant s’appliquer lorsque « les publications ou les annexes de celles-ci rédigées par des organismes gouvernementaux […] sont de nature scientifique, technique ou savante, ou ont un but de consultation ou de recherche et […] ne sont pas normalement mises à la disposition du public en général » ou « sont normalement consultées par le public avec l’aide de fonctionnaires ».

Or, l’Unité des services en français a reçu plusieurs plaintes où cette exemption a été appliquée « de manière erronée ».

Des documents liés à des projets de transport en commun et d’infrastructures, et des informations de santé publique auraient dû être disponibles en français, indique le rapport du commissaire, ce qui a été le cas pour Metrolinx, Infrastructure Ontario ou encore Santé publique Ontario.

Le ministère des Affaires francophones a confirmé qu’aucun cadre ne régit actuellement l’application du Règlement, les organismes gouvernementaux évaluant eux-mêmes la pertinence d’appliquer des exemptions.

« Il existe un risque réel que l’application excessive de l’exemption, qui devrait être interprétée et appliquée de manière très restrictive, conduise à une violation des droits linguistiques que la LSF est censée protéger », souligne le rapport.

Le commissaire Bouchard a donc demandé au ministère de créer « un cadre clair et standardisé pour guider les organisations assujetties à la Loi lorsqu’elles considèrent une exemption » et ainsi « combler ces lacunes et incohérences ».

« On a besoin d’un agent indépendant comme la vérificatrice générale de l’Ontario », réclame l’opposition officielle

En mêlée de presse, la députée francophone France Gélinas (Nickel Belt) a déploré le champ d’action limité du commissaire : « On a besoin d’un agent indépendant qui devienne la voix des personnes francophones. Bien qu’il soit le commissaire aux services en français, c’est un employé du gouvernement, qui doit suivre ses directives, et non un officier indépendant ».

« J’en veux beaucoup plus que ça, je veux de la proactivité. Comment se fait-il qu’on ne puisse pas savoir combien de personnes au sein de gouvernement sont capables d’offrir des services en français ? Avec les anciens pouvoirs de François Boileau en tant que commissaire indépendant, je vous garantis qu’on le saurait. »

« En ce qui concerne les services en français, il y a beaucoup de choses que le gouvernement fait qui ne sont pas correctes, et cela devrait être dit publiquement », dénonce celle-ci, avant d’ajouter que Carl Bouchard est pris dans un étau, sans pouvoir émettre ses opinions librement.

« Attendre des plaintes pour agir, ça n’a pas de sens. »
— France Gélinas, députée néo-démocrate

Plusieurs autres dossiers criants auraient dû transparaitre dans le rapport, selon la porte-parole néo-démocrate en francophonie, notamment l’accès aux services en français dans les soins de longue durée, les soins à domicile, les soins primaires et dans les hôpitaux.

« Je reçois des plaintes chaque jour de gens qui sont dans des positions vulnérables. Ce qu’ils veulent, ce sont des actions proactives. On sait par exemple que les services en français, ça ne fonctionne pas dans les services juridiques. Attendre des plaintes pour agir, ça n’a pas de sens. »

Le député francophone Guy Bourgouin (Mushkegowuk–Baie James) a renchéri par voie de communiqué : « Dans le Nord, ces défaillances sont encore plus lourdes de conséquences, puisque les services y sont déjà limités, observe-t-il. Lorsque les francophones font face à des processus de plainte unilingues et à des normes de service inéquitables, cela restreint directement l’accès aux services déjà limité dans le Nord. L’inaction de ce gouvernement isole les communautés francophones et met leurs droits en péril. » 

« On vient de loin » : l’AFMO en meilleure posture financière et à la conquête de nouveaux membres

SUDBURY – Lors de son assemblée générale ce mercredi, l’Association francophone des municipalités de l’Ontario (AFMO) s’est montrée dans une meilleure posture financière et a confirmé la relance de ses activités, avec un congrès annuel prévu en mars 2026 à Sudbury. Alors que la membriété est plus faible que jamais, l’organisme souhaite lancer une campagne d’adhésion en janvier prochain.

Lors de l’assemblée générale annuelle, la présidente de l’organisme et mairesse de Timmins, Michelle Boileau, a présenté un bilan des opérations et les orientations stratégiques pour l’année à venir. 

Selon les états financiers présentés, l’organisme affiche un excédent de 13 600 $ pour l’exercice 2024-2025, avec un actif net disponible de 42 914 $. 

« On vient de loin. Avec les montants qu’on voit aujourd’hui, il y a eu beaucoup de travail accompli par l’équipe et le conseil d’administration pour stabiliser la situation financière de l’AFMO », a déclaré Roger Sigouin, maire de Hearst. 

L’AFMO a traversé une période difficile ces dernières années, marquée notamment par la baisse de la membriété et la réduction de ses activités depuis la pandémie. 

Le prochain congrès de l’association se tiendra à Sudbury en mars, a annoncé la présidente, marquant le retour de cet événement après l’annulation de l’édition de cette année, liée en grande partie aux célébrations du 50e anniversaire du drapeau franco‑ontarien.

Membriété et direction générale

La présidente Michelle Boileau a évoqué, en entrevue avec ONFR après la rencontre, que l’organisme qui représente une vingtaine de municipalités membre connaît une baisse d’intérêt depuis les dernières années.

« Nous avons constaté une stagnation du nombre de membres au cours de la dernière année, qui représente le niveau le plus bas jamais enregistré »
— Michelle Boileau

La mairesse ajoute que l’organisme souhaitait concentrer ses efforts sur la planification stratégique et la restructuration avant de se consacrer à la membriété. Une campagne est prévue pour janvier 2026 afin de renouveler et d’élargir la base des membres. 

« Nous voulons élargir notre influence et être mieux connus et reconnus, a expliqué Michelle Boileau. Avec la force de nos membres, nous pourrons avancer et atteindre nos objectifs pour soutenir les collectivités francophones. »

Niveau embauche, l’AFMO prévoit recruter un directeur général d’ici la fin mars 2026, un poste qui est resté vacant depuis plusieurs années et qui était jusqu’ici assuré par des contrats de service externes.

Michelle Boileau est présidente de l’AFMO depuis septembre 2023. Photo : Inès Rebei/ONFR

Vers un retour de Toronto?

Le siège réservé à la ville de Toronto demeure vacant, mais la possibilité d’un retour a été évoquée par le trésorier, Marc Gagnon, directeur général de Rivière-des-Français, durant la rencontre.

Toronto a été membre de l’Association francophone des municipalités de l’Ontario (AFMO) pendant 28 ans avant de se retirer en 2018. Comme pour toutes les municipalités membres, sa cotisation était proportionnelle à sa taille. 

« Toronto est souvent la première destination pour de nombreux nouveaux arrivants. Son adhésion pourrait améliorer l’expérience de la francophonie provinciale et favoriser un meilleur dialogue avec nos partenaires gouvernementaux provinciaux et fédéraux », estime Mme Boileau.

« C’est un véritable « win-win » pour les deux parties : la municipalité et la francophonie en Ontario. Cela permettrait d’avoir tous les acteurs autour de la même table et de renforcer l’influence de l’AFMO »
— Michelle Boileau

Selon l’élue du Nord, le comité consultatif sur les services en français de Toronto aurait déjà recommandé l’adhésion de la ville à l’AFMO, et la décision finale reviendra au conseil municipal lors d’une prochaine réunion.

La Ville de Toronto a indiqué par voie de courriel à ONFR que des discussions sont bien en cours concernant une possible adhésion et que le personnel municipal devrait présenter un rapport au conseil au cours du premier trimestre de 2026.

D’autres postes vacants à l’AFMO dans le nord de la province devraient aussi être comblés dans les prochains mois.

Accent sur l’inclusion

Lors de l’assemblée, plusieurs membres du conseil ont rappelé l’importance de l’AFMO dans le contexte municipal. Trevor Stewart, conseiller de Clarence-Rockland, a insisté sur le rôle stratégique de l’association pour la défense des droits des francophones, la mise en œuvre de déclarations bilingues et l’accès aux services en français.

« On sent clairement, dans toutes nos discussions au sein du conseil d’administration, que l’AFMO franchit une nouvelle étape. L’environnement municipal ontarien a besoin de nous, plus que jamais », a-t-il affirmé. 

« Que ce soit par l’adoption de déclarations de bilinguisme ou par la protection et l’offre active de services en français, notre rôle est essentiel. Il inclut aussi de représenter toute la francophonie, y compris les nouveaux arrivants qui contribuent à la vitalité de nos communautés. »

Trevor Stewart, conseiller municipal à Clarence-Rockland. Photo : Trevor Stewart/Facebook

Joël Lauzon, conseiller de Hearst, a mis de l’avant l’importance de la diversité et de l’immigration, soulignant le besoin d’encourager la participation des nouveaux arrivants dans les conseils municipaux et au sein de l’AFMO.

« La diversité et l’immigration sont essentielles pour nos collectivités. Il faut encourager la participation des nouveaux arrivants dans les conseils municipaux et au sein de l’AFMO », a-t-il insisté.

Nouveau plan stratégique 

L’AFMO a lancé un processus de planification stratégique triennale au cours de l’exercice financier 2024-2025, pour un coût de 7 365 $. 

Cette démarche vise à renforcer d’abord les aspects organisationnels avant de se concentrer sur les objectifs stratégiques, le développement de partenariats et d’autres activités.

Pour l’année 2025-2026, la priorité est donnée au leadership organisationnel et à la gouvernance durable. 

Le plan d’action comprend quatre volets : une gouvernance forte et transparente, le développement des ressources humaines et du leadership interne, la gestion financière et l’optimisation des ressources, ainsi que la crédibilité, le positionnement et la mobilisation de l’association.

L’AFMO entend ainsi consolider sa structure, accroître sa capacité d’appui aux municipalités francophones et porter la voix de la francophonie municipale à l’échelle provinciale. 

Les actions prévues incluent la modernisation de la gouvernance, le soutien aux élus et gestionnaires municipaux, l’optimisation des communications et le renforcement des partenariats stratégiques.

Une présentation de la trésorerie a également annoncé des prévisions budgétaires équilibrées pour 2026-2027, avec des revenus projetés à 152 293 $ et des dépenses équivalentes, reflétant une approche prudente pour soutenir la relance de l’organisme et ses initiatives stratégiques.

Sept chantiers pour répondre à l’augmentation du nombre d’élèves francophones du Centre-Est

OTTAWA – Pour répondre à une communauté francophone en pleine expansion, le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) mène actuellement sept chantiers en parallèle (nouvelles écoles, agrandissements) et se mobilise pour relever les défis du recrutement.

Il continue à croître, le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), déjà le plus grand réseau canadien d’écoles de langue française à l’extérieur du Québec.

« On parle cette année d’une augmentation de 7 % de l’effectif scolaire, soit 2300 élèves de plus », explique le conseiller scolaire au CECCE Olivier Tremblay-Venneri.

Une hausse qui exerce une pression directe sur les infrastructures.

« Quand l’effectif augmente aussi vite, les installations ne suivent pas toujours. Dans l’éducation, on joue constamment au rattrapage », ajoute-t-il.

La croissance rapide se traduit par un volume important de projets.

Marc Bertrand, directeur de l’éducation du CECCE, souligne que le conseil scolaire mène actuellement sept chantiers en parallèle (nouvelles écoles ou agrandissements), auxquels s’ajoutent plusieurs millions de dollars en projets de réfection : « Remplacement de toitures, systèmes de ventilation, modernisation d’équipements… », énumère-t-il

Marc Bertrand, directeur de l’éducation, et Olivier Tremblay-Venneri conseiller scolaire au CECCE lors du lancement des travaux de la nouvelle école secondaire francophone à Riverside-Sud. Photo : Amine Harmach / ONFR

Parmi ces projets par exemple, on note le lancement mardi des travaux de la première école secondaire catholique francophone dans le secteur de Riverside-Sud à Ottawa. Mobilisant un investissement de 40,8 millions de dollars du gouvernement de l’Ontario, le projet prévoit 826 places pour les élèves dès la rentrée 2027-2028. L’école aura également 49 places en garderie, rendues possible grâce à une enveloppe de 2,4 millions de dollars du programme Canada-Ontario.

« Cette future école permettra aux élèves de ne plus être obligés de prendre l’autobus, de quitter leur quartier, pour accéder à une école secondaire », souligne le conseiller municipal de Riverside-Sud, Steve Desroches, qui se réjouit des progrès réalisés pour répondre aux besoins grandissants de la francophonie dans « ce jeune quartier ».

Steve Desroches, conseiller municipal de Riverside-Sud, souligne l’importance de doter le quartier d’infrastructures francophones adaptées à sa croissance. Photo : Amine Harmach / ONFR

Pour sa part, Nya Njeuga, surintendant de l’éducation au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), confirme que le besoin est criant.
« Ce secteur accueille un très grand nombre de familles francophones. Cette communauté mérite les mêmes droits à l’éducation que nos collègues anglophones », affirme-t-il, évoquant un enjeu d’équité linguistique.

Dans ce contexte, il pointe du doigt un enjeu particulier qui passe parfois sous le radar : les infrastructures sportives.
« Nous avons besoin de terrains adaptés pour permettre à nos athlètes francophones de poursuivre leurs études tout en vivant leur passion », fait observer Nya Njeuga.

Nya Njeuga, surintendant de l’éducation au CECCE, souligne les besoins croissants des familles francophones de Riverside-Sud. Photo : Amine Harmach / ONFR

Pénurie de personnel

La hausse des inscriptions au sein du conseil met également à l’épreuve le recrutement. « La pénurie de personnel touche Ottawa, tout l’Ontario et même d’autres provinces et territoires », constate M. Bertrand.
Malgré tout, selon lui, le CECCE tire son épingle du jeu, notamment grâce à sa proximité avec le Québec et la ville de Gatineau. « Ça nous aide à recruter de la main-d’œuvre qualifiée et francophone », dit-il.

Il estime que les mesures provinciales finissent aussi par produire des effets. « Les places financées dans les facultés d’éducation commencent à donner des résultats », indique M. Bertrand.

Cette année, le CECCE a dû créer une vingtaine de postes supplémentaires pour absorber la croissance. « Nous arrivons à en combler la majorité, malgré la forte demande », assure-t-il.

Face à un effectif qui pourrait continuer d’augmenter « de 7 à 10 % par année », selon Tremblay-Venneri, certaines pistes sont actuellement discutées. « Beaucoup de gens parlent de réduire la durée du baccalauréat en éducation. En ce moment, il est de deux ans. Certains proposent de revenir à un an », explique M. Tremblay-Venneri.

En parallèle, le CECCE poursuit ses efforts de recrutement. « Nous collaborons étroitement avec l’Université d’Ottawa et d’autres institutions de la province pour recruter du personnel hautement qualifié », ajoute M. Njeuga.

Mais pour M. Bertrand, malgré les défis, « liés à la croissance », il voit dans cette dynamique la preuve de la confiance de la communauté. En effet, le CECCE compte plus de 30 000 élèves fréquentant 46 écoles élémentaires, 14 écoles secondaires, une Académie d’apprentissage virtuel, un réseau de classes nature et une école pour adultes.

Les élèves franco-ontariens affichent de meilleurs résultats que les anglophones

TORONTO – Les derniers résultats des tests provinciaux de l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE), publiés ce mercredi, révèlent une nette avance des élèves franco-ontariens sur leurs camarades anglophones. Cependant, le ministre de l’Éducation juge les résultats de la province insuffisants. Il a souligné que la moitié des élèves de 6e année et 42 % de ceux de 9e ne répondent pas à la norme provinciale en mathématique, et a mis en lumière les écarts entre les conseils scolaires. Dès 2026, il souhaite mettre en place un groupe consultatif chargé d’examiner les tests de l’OQRE et le rendement des élèves.

574  000 élèves de la province ont effectué les tests de l’OQRE 2024-2025 aux paliers élémentaire et secondaire des systèmes scolaires de langue anglaise et de langue française.

Rendus publics ce mercredi, les résultats révèlent cette année encore un meilleur niveau scolaire des élèves des écoles de langue française.

En 3e année, les élèves francophones n’ont qu’une avance de 1 % et 2 % en lecture et écriture, toutefois en mathématique, il y a un écart significatif à noter avec 75 % des élèves francophones qui ont atteint la norme provinciale, contre 64 % des anglophones.

En 6e année, les résultats anglophones sont légèrement meilleurs en écriture, avec 85 % d’élèves qui ont atteint la norme provinciale, contre 79 % chez les francophones, mais ces derniers les devancent de 3 % en lecture, et ont une avance significative en mathématiques, 63 %, contre 51 % pour les anglophones.

Autre écart à dénoter en 9e année en mathématiques avec 58 % des élèves anglophones qui atteignent la norme provinciale, contre 66 % des francophones.

Enfin, au secondaire avec le Test provincial de compétences linguistiques (TPCL), passé entre la 10e et la 12e année, qui détermine si les élèves satisfont à la norme provinciale dans toutes les matières, c’est le système de langue française qui devance.

• Côté francophone, 93 % des élèves admissibles pour la première fois ayant effectué le TPCL l’ont réussi, comparativement à 85 % côté anglophones

• 72 % des élèves francophones admissibles antérieurement ayant effectué le TPCL l’ont réussi contre 50 % des élèves anglophones.

Mea Culpa de Paul Calandra

Toutefois, à l’échelle de la province, le ministre de l’Éducation déplore une progression scolaire insuffisante pour les élèves de 3e, 6e et 9e année. Les résultats comparatifs avec les deux années précédentes indiquent en effet une légère progression, ou une stagnation, voire parfois en déclin dans certains cas, selon les matières et niveaux.

« La moitié des élèves de 6e année et 42 % des élèves de 9e année ne répondent pas à la norme provinciale en mathématiques, et plusieurs groupes d’élèves et conseils scolaires continuent de faire face à d’importants écarts en matière de réussite », signale le ministère via communiqué.

« Je l’admets, j’ai été interpellé par ces résultats. Ce n’est pas assez bon, déclare en conférence de presse le ministre Calandra. La moitié de nos élèves n’atteignent pas les objectifs fixés. On peut faire beaucoup mieux de ça. Les gens veulent des résultats et c’est ce qu’on verra ».

« Ces résultats sont la marque de notre travail. J’anticipe le fait que les parents me tiendront responsable et je veux être tenu responsable. »
— Paul Calandra, ministre de l’Éducation

M. Calandra admet devant les journalistes avoir intentionnellement retenu les résultats de l’OQRE depuis septembre, pour prendre le temps de les analyser : « Je voulais être en mesure d’en prendre la responsabilité. Le problème ne se situe pas au niveau des professeurs, mais au nôtre en tant que ministère vis à vis des ressources qu’on leur donne. »

Endossant le blâme, il a poursuivi : « Ces résultats sont la marque de notre travail. J’anticipe le fait que les parents me tiendront responsable et je veux être tenu responsable. Et c’est pour ça que je vais employer des moyens au-delà du ministère. »

« Par contre, je ne devrais pas avoir à supplier les 72 conseils scolaires pour avoir des informations pour comprendre comment agir vite. Je dois littéralement les supplier pour avoir des données », s’est-il défendu.

Il a répondu aux journalistes que la taille des classes n’est pas la cause d’une baisse de niveau scolaire, soutenant que dans certaines juridictions avec de petites classes les résultats peuvent être mauvais et vice versa. Si c’est une partie de la réponse, on le déterminera, mais si on en connaissait toutes les causes, on n’aurait pas les résultats suivants ».

Un nouveau comité d’évaluation du niveau des élèves

Face à ce bilan, Paul Calandra a annoncé ce mercredi la mise en place d’un groupe consultatif afin d’examiner l’approche de la province par rapport à l’évaluation des élèves de 3e, 6e et 9e année. 

Un travail qui sera en étroit lien avec l’examen du gouvernement concernant la gouvernance des conseils scolaires.

Il s’agira notamment d’évaluer les raisons pour lesquelles les résultats scolaires ne s’améliorent pas de façon significative, si le personnel enseignant est suffisamment soutenu ou encore si les tests de l’OQRE sont adéquats par rapport à ce qui est enseigné.

Questionné sur sa volonté de réformer la place et le rôle des conseillers scolaires, le ministre de l’Éducation a répondu : « Je prendrai une décision après le Nouvel An, mais rien ne m’a convaincu que les conseillers scolaires sont la meilleure option pour gérer un budget d’éducation provincial de 43 milliards de dollars. Une réforme de la gouvernance doit être envisagée ».

La composition du comité sera annoncée en début d’année prochaine.

« Après sept ans au pouvoir, la réponse du ministre est de blâmer les conseils scolaires et de nommer deux responsables non identifiés à un comité consultatif, chacun rémunéré 1500 $ par jour – soit un salaire d’un demi-million de dollars – sans aucun engagement à donner suite à ses recommandations, a taclé John Fraser, chef parlementaire du Parti libéral, à travers une déclaration.

« Les écoles ne sont pas des lieux sécuritaires pour apprendre. Il n’y a pas assez d’adultes dans les salles de classe. Les classes sont trop nombreuses. L’éducation spécialisée est sous-financée. Le soutien en santé mentale est absent », a-t-il également déploré.

La députée néo-démocrate Chandra Pasma (Ottawa West – Nepean) a elle aussi exprimé sa frustration par communiqué : « Au lieu de financer adéquatement nos écoles, la réponse de ce gouvernement est de remettre le contrôle des conseils scolaires à des proches du Parti progressiste-conservateur triés sur le volet, qui ont peu ou pas d’expérience professionnelle en éducation. »

Des collègues libéraux de Marc Miller se portent à sa défense

OTTAWA- Les collègues libéraux de Marc Miller se portent à la défense de celui-ci, estimant qu’il est le bon choix comme ministre aux Langues officielles. La nomination effectuée par Mark Carney lundi est remise en question notamment en raison des propos du nouveau ministre sur le déclin du français.

« Je suis un fan de Marc Miller, c’est un ami, je trouve que c’est un excellent ministre », a affirmé son prédécesseur Steven Guilbeault, qui a démissionné du cabinet la semaine dernière.

L’ancien ministre de l’Immigration et des Relations Couronne-Autochtones a fait son retour au sein du cabinet de Mark Carney lundi. En plus des Langues officielles, il a hérité des responsabilités liées à l’identité et la culture canadiennes.

« On a qu’à regarder les ministères où il est passé, notamment Services aux autochtones. C’est assez rare dans l’histoire qu’on ait vu les groupes autochtones s’attrister du départ d’un ministre et saluer son travail. Alors moi, j’ai entièrement confiance en [lui] », a poursuivi M. Guilbeault.

« M. Miller a toute ma confiance. C’est quelqu’un qui a le sort du français à cœur. Je pense qu’on partage ces objectifs-là avec Québec », soutient de son côté le ministre des Travaux publics, Joël Lightbound.

Les affirmations de Marc Miller mardi où il s’est dit « tanné » du débat autour de langue française au Québec ont fait réagir aux Communes avec le chef conservateur Pierre Poilievre et celui du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui ont critiqué cette nomination. Idem à Québec où le premier ministre François Legault a qualifié le nouveau venu de « honte » et ces propos de « conneries ». Marc Miller s’est dit blessé par ces propos en plus de les qualifier de « surprenants ».

« C’est bizarre, car j’ai fait partie d’un gouvernement qui a reconnu le déclin du français partout au Canada et au Québec et qui a modifié la Loi sur les langues officielles en conséquence. En plus de se doter d’un programme de 4,1 $ milliards de dollars (pour les langues officielles) et dans mon rôle précédent, j’ai doublé l’immigration francophone au Canada », a énuméré mercredi le ministre des Langues officielles.

« C’est beau parler, mais j’ai fait mes preuves, puis c’est des preuves qui parlent d’elles-mêmes », argumente-t-il, ajoutant ne pas vouloir « personnaliser » le débat.

Son arrivée dans cette fonction a notamment été saluée par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) et en Ontario par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO)

« Je suis très contente que M. Miller ait été nommé de nouveau au Cabinet. Il va faire un travail exceptionnel », a louangé lundi une autre ancienne ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor.

Marc Miller avait dû s’expliquer au lendemain de sa nomination sur sa position concernant le déclin du français au Québec. Il juge que certains indicateurs comme la « langue parlée à la maison » et « de façon statistique, au travail », démontrent un recul du français dans la province.

« Ce que je refuse, c’est ce catéchisme que veulent certains partis politiques pour dire que le français est en recul total », avait-il plaidé, mais ajoutant qu’il « faut faire un effort supplémentaire » pour protéger le français au pays.

Le Nord de l’Ontario face au défi de garder ses nouveaux arrivants

SUDBURY – Alors que la conférence Nord magnétique 2025 ouvre ses portes ce mercredi à Science Nord, le Nord de l’Ontario se penche sur un enjeu devenu central pour son développement : la rétention des nouveaux arrivants. 

Organisé par le l’Institut des politiques du Nord (IPN), l’événement qui se déroulera jusqu’à ce vendredi réunit plus de 120 participants, dont des représentants municipaux, de gouvernements autochtones, et d’institutions postsecondaires et d’employeurs.

Cette année, la conférence se concentre sur le thème : « La rétention est la nouvelle réalité ». L’objectif est de dépasser les efforts d’attraction et d’accueil pour se concentrer sur la fidélisation à long terme des nouveaux arrivants et de leurs familles.

Le Réseau du Nord, partenaire principal de la conférence Nord Magnétique, estime que la rétention des talents dans le Nord ne se limite pas aux services ou aux emplois.

Le directeur, Thomas Mercier, insiste sur le fait que la rétention doit se pencher sur l’ensemble du continuum : « On sait que l’attraction amène les gens au Nord, que l’accueil et l’établissement les aident à commencer leur vie ici, mais ce qui garantit qu’ils s’enracinent et prospèrent avec leurs nouvelles communautés, c’est la rétention. »

Thomas Mercier, du Réseau du Nord, souhaite créer des dialogues pour améliorer la rétention dans les communautés rurales lors de la conférence Nord Magnétique. Photo : Archives/La Slague

Des obstacles variés selon les communautés

L’organisme note que la rétention ne se présente pas de manière uniforme sur le territoire. 

Certaines petites communautés connaissent de bons résultats, souvent là où la majorité francophone facilite la socialisation et l’intégration. À l’inverse, des régions comme le nord-ouest de l’Ontario rencontrent des défis importants.

« Même avec de bonnes opportunités économiques, beaucoup de nouveaux arrivants utilisent le nord-ouest comme tremplin vers Ottawa ou Toronto. La rétention est particulièrement difficile pour les femmes dans les zones rurales », souligne M. Mercier, se référant à une étude menée en 2022 par le Centr’Elles de Thunder Bay. Cet exercice a révélé que près de 60 % des femmes quittent leur communauté d’origine dans les cinq premières années suivant l’obtention d’un emploi, invoquant le manque de services, d’opportunités de développement professionnel et de soutien communautaire.

Il ajoute que la rétention varie également selon les profils : certaines communautés affichent de fortes réussites, comme avec les Ivoiriens, tandis que d’autres, notamment les personnes originaires du Maghreb, rencontrent plus de difficultés à rester. 

« Il n’existe pas de portrait unique de la situation dans le Nord. Chaque communauté et chaque profil de nouveaux arrivants présente des réalités différentes »
— Thomas Mercier

Francophonie et intégration

Selon M. Mercier, la francophonie du Nord constitue un levier majeur pour renforcer la rétention. Les associations ethnoculturelles, événements communautaires et activités culturelles en français offrent un cadre social et culturel qui facilite l’intégration et le sentiment d’appartenance.

« La langue française permet de créer des ponts entre les nouveaux arrivants et la population locale. Étonnamment, quand les francophones d’ici se rendent compte qu’ils peuvent échanger en français avec des arrivants considérés comme étrangers, cela aide à bâtir des liens », explique-t-il.

Cependant, il souligne que trop souvent, les nouveaux arrivants francophones ne socialisent qu’avec d’autres francophones, limitant leurs interactions avec la majorité anglophone, les autochtones ou autres communautés immigrantes.

Des programmes pilotes utiles

Les programmes comme le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) et son volet francophone (PPICF), lancés respectivement en 2019 et en 2025, sont jugés utiles pour accompagner les nouveaux arrivants jusqu’à l’obtention de la résidence permanente.

« Ces programmes sont très utiles pour faciliter l’installation, mais pour assurer la rétention à long terme, il faut sélectionner les bons profils et les bons secteurs d’emploi. Par exemple, certains programmes pilotes francophones ont ciblé des emplois dans des organismes locaux ou des métiers en demande, car les postes moins rémunérés offrent plus de difficultés à retenir les gens », indique le Franco-Sudburois.

Pour le maire de Sudbury, Paul Lefebvre, la solution passe avant tout sur la qualité de vie. Selon lui, c’est ce qui attire et fait rester les habitants dans la ville.

« Ce qui fait que les gens restent, c’est la qualité de vie, une communauté qui accueille bien, une économie qui roule et des opportunités sociales. On peut vivre, travailler, s’amuser et vieillir de façon saine », affirme-t-il.

L’élu francophone souligne également l’impact direct des programmes d’immigration : « Avec le PPICRN et le PPICF, près de 3000 individus sont venus à Sudbury en cinq ans, avec un taux de rétention de 98 %. Cela montre que l’on peut combiner attractivité et fidélisation, surtout quand la communauté est accueillante et que les opportunités économiques sont présentes. »

Cette année, pour la première fois, la conférence propose des « Bear Pit Sessions », soit de longues périodes de questions-réponses visant à favoriser les échanges entre participants et coordinateurs des programmes pilotes d’immigration rurale. Photo : Institut des politiques du Nord

Des données insuffisantes

Un des défis majeurs pour comprendre et améliorer la rétention dans le Nord de l’Ontario reste le manque de données fiables et à jour. Selon Thomas Mercier du Réseau du Nord, si l’on dispose de statistiques sur les arrivées de nouveaux arrivants, il est beaucoup plus difficile de mesurer les départs et la fidélisation à long terme.

« Les données sur les arrivées sont disponibles chaque mois, mais avec un certain retard. Pour les départs, il faut attendre que les gens remplissent le formulaire du recensement, ce qui peut prendre plusieurs années », explique-t-il.

M. Mercier souligne également que les outils existants, comme les déclarations d’impôts, peuvent partiellement aider à suivre la mobilité des nouveaux arrivants, mais qu’ils ne remplacent pas une recherche complète et régulière. 

Selon lui, un suivi plus précis permettrait aux programmes pilotes et aux municipalités de mieux cibler les mesures pour favoriser l’enracinement et de comprendre pourquoi certaines communautés réussissent mieux que d’autres à retenir les arrivants.

L’Ontario a dépensé une somme record de 112 millions en publicité gouvernementale en un an

TORONTO – Le gouvernement de l’Ontario a dépensé la plus grosse somme jamais enregistrée pour de la publicité gouvernementale, dit la vérificatrice générale (VG), soit 111,9 millions de dollars entre 2024 et 2025. 43 millions de dollars ont été alloués à neuf spots publicitaires jugés partisans et autopromotionnels. Tandis que l’opposition parle de propagande payée avec l’argent du contribuable, le gouvernement Ford en défend l’intérêt informatif et éducationnel.

Les dépenses en publicité du gouvernement suivent généralement le cycle des élections provinciales, souligne la vérificatrice générale dans son rapport. Or, lors des dernières élections tenues en février 2025, les dépenses en publicité gouvernementale ont été les plus importantes jamais enregistrées.

« Pour l’exercice le plus récent se terminant le 31 mars 2025, le gouvernement de l’Ontario a consacré 111,9 millions de dollars à la publicité. Il s’agit de 8,4 millions de dollars de plus que l’exercice précédent, soit le montant le plus important jamais dépensé à cette fin par le gouvernement. »

Dépenses chiffrées pour la publicité gouvernementale en dix ans. Source : rapport annuel 2025 de la vérificatrice générale

La campagne déployée dans les médias américains pour valoriser les partenariats économiques avec les États-Unis constituait la plus grande partie des dépenses, soit 40,1 millions de dollars.

Parmi les différentes campagnes lancées consacrées à la publicité gouvernementale, le Bureau de la VG en a signalé neuf, totalisant 43 millions de dollars, soit environ 38 % du total (111,9 millions de dollars), en indiquant que celles-ci n’auraient pas été approuvées en application de la Loi de 2004 sur la publicité gouvernementale sous sa version originale.

Campagnes publicitaires signalées en 2024–2025. Source : rapport annuel 2025 de la vérificatrice générale

« Certaines publicités sont assez promotionnelles pour le parti au pouvoir et ne fournissent pas vraiment d’informations solides et utiles à la population de l’Ontario, affirme Shelley Spence. Il y a des chiffres dans ces publicités pour lesquels nous n’avons aucune preuve à l’appui. »

« Nous croyons que les publicités ont été conçues pour améliorer l’impression des Ontariens quant à l’état actuel de l’Ontario, dont le sous-texte faisait la promotion du parti au pouvoir », peut-on lire en commentaire de l’analyse.

Une loi sur la publicité gouvernementale trop permissive, selon la VG

La VG a indiqué en point presse que : « Les publicités gouvernementales devraient uniquement servir à informer le public. Si l’on regarde l’ancienne loi, il y avait des critères très stricts pour déterminer ce qui était partisan ou non. Et une grande partie de ces critères a été retirée dans la nouvelle loi. »

Shelley Spence fait référence aux changements à la Loi de 2004 sur la publicité gouvernementale apportés en 2015 par le gouvernement du Parti libéral, permettant l’usage de publicités partisanes avant les élections. L’une des promesses de campagne de Doug Ford en 2018 visait d’ailleurs à rétablir l’autorité de la Vérificatrice générale en matière d’examen et d’approbation de la publicité gouvernementale.

Il est rappelé que l’intention était de s’assurer que l’argent des contribuables ne soit pas utilisé à des fins promotionnelles du parti au pouvoir, et que les publicités restent instructives et non partisanes : « Il s’agit de cas où la Loi, telle qu’elle a été modifiée en 2015, ne permet pas à notre Bureau d’exercer cette surveillance », déplore celle-ci.

« Nous continuons de recommander que la version originale de la loi, qui était en vigueur du 30 janvier 2006 au 3 juin 2015, soit rétablie (…) afin de permettre au Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario d’examiner toutes les publicités numériques payées par le gouvernement, sans exception », rappelle le rapport, avant de préciser que « le gouvernement n’a pas mis en œuvre nos recommandations ».

« Propagande » pour l’opposition, « information » pour le gouvernement

« Propagande financée par les contribuables, ça se passe ici », a ironiquement titré le NPD dans son communiqué de presse, en référence à la campagne gouvernementale « Ça se passe ici, phases 2 et 3 », sensibilisant le public à l’emphase mise par la province sur la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques (VE).

« Doug Ford a dépensé plus de 110 millions de dollars pour polir sa propre image et dire aux Ontariens que tout va bien. Pendant ce temps, les Ontariens ont du mal à trouver du travail et à payer leur épicerie. C’est incroyablement déconnecté de la réalité. Imaginez que vous attendiez 22 heures aux urgences, et qu’à la télévision, vous voyiez une publicité vous disant à quel point tout va bien en Ontario, s’insurge Marit Stiles, la leader de l’opposition officielle. Doug Ford tente de manipuler la population de notre province avec leur propre argent. »

Réaction similaire de la part de John Fraser, le chef parlementaire du Parti libéral, qui estime que la vérificatrice générale confirme le fait que le gouvernement utilise l’argent des contribuables pour ses propres intérêts.

« Au lieu d’investir dans les soins de santé, les écoles et les emplois, le gouvernement a dépensé près de 112 millions de dollars en publicités autopromotionnelles qui n’ont réglé aucun problème. »

De gauche à droite : le député Anthony Leardi (Essex), adjoint parlementaire à la ministre de la Santé, Todd McCarthy, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs, et Stephen Crawford, ministre des Services au public et aux entreprises et de l’Approvisionnement. Photo : Sandra Padovani/ONFR

En conférence de presse, aux côtés du ministre des Services au public et aux entreprises, Stephen Crawford, et de l’adjoint parlementaire à la ministre de la Santé, Anthony Leardi, le ministre de l’Environnement Todd McCarthy a défendu le caractère éducatif des publicités diffusées par le Parti progressiste-conservateur.

« Ce sont des publicités gouvernementales qui sont informatives et éducatives, c’est notre engagement. Elles sont un outil pratique et essentiel pour informer nos concitoyens et pour informer nos voisins du Sud. Il est très important d’éduquer et d’informer le public sur les services et programmes gouvernementaux », a-t-il avancé.

« Toutes nos publicités gouvernementales ont été pré-approuvées par la vérificatrice générale, et elles respectent les limites de dépenses normales, lesquelles sont cohérentes avec le taux d’inflation pris en compte au cours des 20 dernières années », a conclu le ministre McCarthy.

Déclin du français : Marc Miller appelle à « faire un effort supplémentaire »

OTTAWA – Quelques heures après sa nomination au cabinet, Marc Miller estime que « ça prend l’implication du fédéral », surtout hors du Québec pour « faire un effort supplémentaire » et parvenir à freiner le déclin du français au pays. Pour Mark Carney, le nouveau ministre des Langues officielles a « beaucoup d’expérience », mais les enjeux sur la langue française se font en équipe, a souligné le premier ministre.

La réunion du cabinet, ce mardi au Parlement, marquait le retour de Marc Miller au sein du conseil des ministres, lui qui avait été écarté des deux premières équipes ministérielles de M. Carney. Lundi, le premier ministre lui a confié les tâches de ministre responsable des Langues officielles et ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes. Appelé à expliquer son choix, le chef libéral a soutenu que le nouveau venu était quelqu’un de « très capable » et qui possède « beaucoup d’expérience ».

« Mais c’est une équipe en ce qui concerne la culture, les langues officielles et les enjeux qui concernent le Québec et la langue française à travers le Canada », a signalé M. Carney au Parlement.

Marc Miller reprend les responsabilités de Steven Guilbeault qui a annoncé sa démission la semaine dernière en raison de l’entente énergétique signée entre l’Alberta et le fédéral ouvrant la voie à une éventuelle construction d’un nouveau projet d’oléoduc.

« Ce que je dis sans équivoque, c’est que le français est fragilisé partout en Amérique du Nord, a commenté Marc Miller mardi. Je vais m’assurer que le fédéral ait son rôle à jouer pour aider le Québec qui a la juridiction primaire sur l’enjeu au Québec et aussi en dehors du Québec. »

Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, l’arrivée d’un ministre avec « beaucoup expérience » pour piloter les dossiers reliés à la francophonie canadienne est bien accueillie. M. Miller n’en est pas à ses premiers pas concernant la francophonie, rappelle sa présidente Liane Roy. Alors qu’il était à la tête du ministère de l’Immigration, il avait augmenté pour la première fois en deux décennies la cible de nouveaux arrivants francophones hors Québec dans le cadre d’une nouvelle politique sur l’immigration francophone.

« On espère qu’il va nous montrer le même esprit pragmatique dans ses nouvelles fonctions qu’il a montré en appui à l’immigration francophone », avance Mme Roy.

La FCFA souhaite voir rapidement la confirmation d’une personne au poste de commissaire aux langues officielles et un plan d’action par rapport aux réglementations à prendre à la suite de la réforme de la Loi sur les langues officielles en 2023.

Une nomination décriée à Ottawa

« Il faut faire un effort supplémentaire, a affirmé le nouveau ministre des Langues officielles concernant le déclin du français au Québec et au Canada. Je pense que ça prend l’implication du fédéral que ça soit au Québec ou ailleurs au Canada. »

Ce dernier s’est aussi fait questionner sur des propos tenus en 2023 alors qu’il était ministre de l’Immigration où il refusait d’admettre un déclin du français au Québec. Appelé à justifier ces propos, il a soutenu être « tanné » du débat autour du déclin du français soulignant une « politisation de l’enjeu », ajoutant que ce n’est pas tous les indicateurs sur la langue qui mentionnaient un déclin du français dans la province.

« Ce que je refuse, c’est ce catéchisme que veulent certains partis politiques pour dire que le français est en recul total parce que la réalité dans tout ça, c’est qu’il y a de bonnes nouvelles, notamment grâce à la Loi 101, grâce à l’entente Canada-Québec, mais le français reste immensément fragile en Amérique du Nord. »

Les déclarations du nouveau membre du cabinet de Mark Carney ont été le sujet d’un débat à la période des questions, le chef conservateur Pierre Poilievre pressant le gouvernement en demandant : « De tous les députés libéraux qu’il aurait pu nommer, pourquoi a-t-il nommé quelqu’un qui est tanné de défendre la langue française? »

« Je suis pour mon nouveau ministre et je suis contre le chef de l’opposition qui est contre le plan d’action sur la langue française de 4,1 $ milliards, il est contre les investissements dans le secteur culturel québécois et il est contre l’augmentation de l’immigration des francophones au Canada. Nous défendons la langue française », a rétorqué Mark Carney lors de cette joute orale aux Communes.

Quelques instants plus tôt, le chef du Bloc québécois a dit accueillir la nouvelle nomination dans le gouvernement Carney avec « une bouteille de champagne », Yves-François Blanchet estimant qu’elle démontre « comment ce gouvernement-là n’a aucune lecture de la réalité québécoise ».

« Tu es tout nouvellement responsable du dossier du français au Québec et des langues officielles, et la première affaire que tu dis à ton interlocuteur, c’est ‘ça ne m’intéresse pas’. Ça commence bien », a-t-il lancé sarcastiquement.

Même le premier ministre du Québec, François Legault, a vivement réagi aux propos de M. Miller, les qualifiant de « conneries » et jugeant que ce dernier était « une honte pour tous les Québécois ».

Les Indisciplinés de Toronto bousculent les classiques

TORONTO – Cette semaine, 18 anciens et nouveaux talents de la troupe amateur francophone « Les Indisciplinés de Toronto » vont présenter au théâtre Palmerston un spectacle au format court et humoristique. Pour cette dernière production de l’année, les apprentis metteurs en scène sont mis à l’honneur.

« L’idée était que chaque metteur en scène puisse monter des petites pièces de six à dix minutes », explique la coordinatrice du projet, Agnès Salmon.

Comédienne d’origine française installée à Toronto depuis 50 ans, Mme Salmon s’attelle désormais à transmettre aux apprentis tout ce qu’elle a appris et à « leur donner des outils pour les faire voler de leurs propres ailes », raconte-t-elle.

Libre cours à la mise en scène

Ce mercredi et jeudi, la troupe présentera son spectacle « Veuillez, Madame ». Il s’agit de sept courtes pièces tirées du domaine public, composées par les auteurs français du XXe siècle, Courteline, Feydeau et Bernard qui placent les rôles féminins au-devant de la scène.

« Les Indisciplinés choisissent souvent des pièces légères avec lesquelles on s’amuse beaucoup », décrit Agnès Salmon. Les pièces ont ainsi été adaptées dans un style moderne par les sept metteurs en scène.

Ces derniers avaient carte blanche : « Sept metteurs en scène c’est sept interprétations différentes. C’était à eux de faire ce qu’ils voulaient, avec le texte qu’ils avaient », assure la formatrice.

Lee-Ann Fonlebeck (à gauche) a intégré la troupe des Indisciplinés cette année. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Lee-Ann Fonlebeck fait partie de la troupe comme comédienne depuis cette année seulement et selon elle : « l’expérience ne vaut pas tout. » Cette dernière souligne l’importance de l’imagination, de la créativité et d’une bonne collaboration, notamment en milieu amateur.

« Mon rôle est très versatile et a beaucoup de subtilités à comprendre », remarque-t-elle. La jeune femme qui a déjà fait du théâtre amateur par le passé raconte que c’est grâce à la communauté francophone qu’elle a renoué avec la scène : « J’ai trouvé la troupe à travers un groupe des Antillais à Toronto. »

La comédienne en herbe ajoute que « le milieu francophone fait toujours tout pour qu’il y ait de tout pour tout le monde ».

Une troupe en fusion

Impliquée avec Les Indisciplinés depuis trois ans, Agnès Salmon s’est aussi jointe au conseil d’administration et espère amener plus de régularité dans l’offre de spectacles. Assurer la relève à travers ces ateliers de mise en scène demeure un de ses objectifs essentiels pour cette troupe communautaire. « J’espère que plus tard on pourra monter des pièces d’une heure trente ou deux heures », confie la coordinatrice.

Avec la première session de ce mercredi qui affiche complet et avec le succès du spectacle « Le Prénom » plus tôt cette année, la troupe redouble d’efforts pour son 24e spectacle à date.

« Donner la chance aux acteurs qui ont envie de faire de la mise en scène, c’était le but de l’atelier et quatre d’entre eux sont maintenant prêts à monter des plus grandes pièces », affirme Mme Salmon.

David Café-Fébrissy est l’un des metteurs en scène formé par Agnès Salmon. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Sur scène, on retrouvera des comédiens de longue date tels que Régine Guyomard, mais aussi de nouveaux talents et passionnés de la scène.

En tant que troupe ouverte à tous qui vise à faire la promotion du théâtre en français, les organisateurs disent vouloir maintenir le statut amateur pour accueillir tous les francophones et francophiles sans distinction.

Lorsque Agnès Salmon s’est lancée dans le théâtre professionnel après sa retraite, le français a joué un rôle clé dans son évolution : « J’en ai eu assez de faire du théâtre en anglais, car je ne pouvais pas m’exprimer comme je le voulais », se souvient-elle.



Cinéma et audiovisuel : un virage vert

En Ontario comme ailleurs, l’industrie du cinéma s’unit pour accélérer l’adoption de pratiques écoresponsables à toutes les étapes de production. Plusieurs initiatives sont mises de l’avant afin de réduire l’empreinte environnementale : covoiturage des équipes techniques, gestion responsable des déchets et extinction des lumières de plateau pour ne nommer que celles-ci.

Marc Miller devient ministre des Langues officielles

OTTAWA — Marc Miller a été nommé ministre des Langues officielles et de la Culture lors d’une cérémonie à Rideau Hall lundi après-midi, en remplacement de Steven Guilbeault, qui a démissionné la semaine dernière.

Son titre officiel sera celui de ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles. Le ministre des Travaux publics et de l’Approvisionnement, Joël Lightbound ajoutera aussi à ses tâches celle de lieutenant du Québec, qu’occupait M. Guilbeault.

M. Miller est député de Ville-Marie—Le Sud-Ouest—Île-des-Sœurs sur l’île de Montréal et a été exclu des deux premiers conseils des ministres de Mark Carney. Il s’agit donc d’un retour pour lui qui a été dans le cabinet du gouvernement de Justin Trudeau comme ministre de l’Immigration, Services aux autochtones et Relations Couronne-Autochtones entre 2019 et 2025. Autre nouveauté annoncée lundi, la ministre de l’Environnement Julie Dabrusin aura désormais le titre de ministre de l’Environnement, du Changement climatique et de la Nature.

Le tout a été officialisé lors d’une cérémonie à la résidence de la gouverneure générale Mary Simon en compagnie de Mark Carney et des trois ministres.

Ces nominations visent à remplacer Steven Guilbeault qui a annoncé sa démission du cabinet jeudi dernier. Il était alors ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et responsable des Langues officielles en plus d’être le lieutenant du Québec. Il était aussi responsable de Parcs Canada.

Steven Guilbeault s’était dit en « profond désaccord » avec l’entente de principe énergétique entre l’Alberta et le gouvernement fédéral, qui pave la voie à un nouvel oléoduc. Il déplorait aussi que Mark Carney ait ou soit sur le point de défaire plusieurs politiques énergétiques qu’il avait mis en place comme ministre de l’Environnement entre 2021 et 2025. Ce poste lui avait été retiré en mars dernier après l’élection de Mark Carney. 

Langues officielles : six ministres en cinq ans

Le portefeuille des Langues officielles aura vu se succéder six ministres en cinq ans, M. Miller étant le plus récent. Ses prédécesseurs sont Ginette Petitpas Taylor (de 2021 à 2023, avec un intérim de trois semaines en 2024), Randy Boissonnault (de 2023 à 2024) et Rachel Bendayan (de 2024 à 2025), tous ayant occupé le poste avant Steven Guilbeault.

Les dossiers de la francophonie ne seront pas une première pour Marc Miller. C’est sous sa gouverne à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) qu’il avait lancé la toute première politique en immigration francophone. C’est sous sa direction que le fédéral avait commencé à augmenter ses cibles en immigration francophone, alors qu’elle avait été à 4,4 % pendant plus d’une vingtaine d’années.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Liane Roy, souligne que la FCFA a « déjà travaillé avec lui de façon productive » lorsqu’il était ministre de l’Immigration. Elle a souligné dans un communiqué la nomination d’un « ministre avec une approche très pragmatique ». La FCFA « souhaite rencontrer rapidement le ministre pour clarifier sa vision en matière de langues officielles et son calendrier pour passer à l’action sur le dépôt des règlements pour la mise en œuvre de la nouvelle Loi sur les langues officielles », ajoute Mme Roy.

Plus récemment, suite à une enquête du commissaire aux langues officielles, la décision prise par IRCC d’imposer un plafond sur les permis d’études en 2024, sous la direction du ministre Miller, a été jugée non conforme à la Loi sur les langues officielles.

« Il ne faut surtout pas considérer que le VIH est réglé », prévient Benjamin Sourisseau

Benjamin Sourisseau est le directeur général d’Action positive, seule organisation francophone exclusivement dédiée à la lutte contre le VIH et la réduction des méfaits à Toronto.

AIDS Committee of Toronto (ACT), pilier du réseau VIH ontarien depuis plus de 40 ans, a récemment annoncé sa mise à l’arrêt, conséquence d’une baisse des donations, de subventions stagnantes et de difficultés internes à maintenir la fréquentation et l’engagement du personnel.

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, M. Sourisseau souligne les défis persistants, notamment pour les francophones, et rappelle qu’Action Positive souhaite offrir un soutien en santé mentale en français à Toronto pour les personnes séropositives.

«  En Ontario et au Canada, plusieurs organismes VIH signalent des baisses de soutien. La fermeture d’ACT est-elle, selon vous, le signe avant-coureur d’une crise plus large dans le réseau VIH?

La fermeture d’ACT reste un cas isolé dans le réseau VIH au Canada. Ce qui s’est passé là-bas est attribuable à un ensemble d’éléments très précis : une baisse de fréquentation, des difficultés à motiver les employés, un manque d’innovation et une chute importante des dons. Les subventions gouvernementales, elles, demeurent relativement stables. Mais comme tout coûte plus cher et que les salaires doivent suivre, un financement stable peut paradoxalement devenir insuffisant.

Action Positive a été officiellement reconnue comme organisme de bienfaisance à la mi-septembre 2025, une étape qui ouvre de nouvelles possibilités pour l’organisme, notamment le lancement de sa campagne en ligne de levée de fonds pour les fêtes de fin d’année. Photo : Gracieuseté d’Action positive

Avec les progrès médicaux et la baisse de la demande en service évoquée par ACT, comment expliquez-vous que les cas de nouveaux diagnostics de VIH continuent d’augmenter au Canada ces dernières années, selon les données de santé publique?

Oui, les dernières données montrent une remontée des nouvelles infections contractées ici, au Canada. Ce ne sont pas des cas liés à l’immigration : ce sont des transmissions locales. Plusieurs organismes, comme nous, observent même une hausse de fréquentation. Ce contraste soulève une question de fond : est-ce que le modèle actuel des organismes VIH répond encore aux besoins?

On voit un glissement important. Les organismes généralistes perdent en fréquentation, alors que les organismes spécialisés, par communauté culturelle, linguistique ou démographique, augmentent. Par exemple, Black CAP et l’APAA qui interviennent auprès des communautés africaines, caribéennes et noires; Action Positive qui dessert les francophones; d’autres se focalisent sur les communautés asiatiques. Les gens veulent des services qui leur ressemblent.

Pourquoi, selon vous, les nouvelles infections augmentent elles à l’intérieur du Canada?

Les statistiques fédérales donnent les chiffres, mais pas les causes. On peut seulement émettre des hypothèses : une baisse de l’éducation sexuelle dans les écoles, une prévention qui ne s’adapte plus, un excès de confiance lié aux traitements préventifs comme la PrEP et la PEP.

Un peu comme la varicelle : quand les gens oublient de se protéger eux-mêmes parce que « les autres doivent déjà être protégés », le virus profite du relâchement. Il faut toujours se protéger soi-même. Ne jamais compter sur la protection présumée de l’autre.

Ce qui fragilise particulièrement les organismes, ce sont les dons individuels. Les grandes donatrices et grands donateurs des années 1980 et 1990, très engagés dans les communautés arc-en-ciel, vieillissent ou sont décédés. Ils ne sont pas remplacés. Et comme le VIH se gère beaucoup mieux médicalement, plusieurs personnes ne ressentent plus le même besoin de donner. C’est ça la vraie tendance.

La clientèle vieillissante des personnes vivant avec le VIH, souvent isolée et en conditions précaires, a des besoins en santé mentale particulièrement importants, souligne M. Sourisseau. Photo : FARFO

Est-ce que Action Positive offre actuellement des services en français pour le soutien en santé mentale, et si non, y a-t-il des projets pour rendre ces services accessibles aux francophones? 

À l’heure actuelle, Action Positive n’est pas capable de l’offrir en français. Il existe uniquement des services anglophones largement financés par le ministère de la Santé à travers le bureau SIDA et à l’heure actuelle ce n’est toujours pas le cas pour les francophones en Ontario. On souhaite, on travaille avec eux pour voir dans quel cas on pourrait continuer, pour pouvoir commencer à offrir ce genre de service sous couvert de l’équité des services en français. Les services de soins en santé mentale doivent être distribués dans la langue natale, car c’est essentiel de pouvoir s’exprimer dans la langue de son choix. 

Le Réseau juridique VIH a affirmé, jeudi dernier, que la réponse du Canada est en « stagnation ». Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes vivant avec le VIH en Ontario?

L’un des enjeux majeurs en Ontario concerne la loi criminelle entourant la non-divulgation du statut VIH. Les protections existent dans la jurisprudence, mais pas dans la loi elle-même. Ça veut dire qu’une personne indétectable, donc non transmissible, pourrait quand même faire face à une plainte, même si cette plainte n’aboutira jamais. On souhaiterait que l’Ontario soit beaucoup plus à l’avance dans la définition de l’indétectabilité, qu’elle soit encore plus fidèle à ce que les scientifiques avancent à l’heure actuelle.

Le Réseau juridique VIH demande que la loi soit mise à jour pour aligner les droits des personnes séropositives sur la science actuelle. Pour un pays développé comme le Canada, on devrait être plus avancés là-dessus.

Que devrait rappeler la Journée mondiale aux Canadiens qui croient que le VIH « n’est plus un enjeu »?

Qu’il ne faut surtout pas considérer que le VIH est « réglé ». C’est une cause mondiale qui touche toute l’humanité. Les progrès scientifiques ne doivent pas faire oublier l’essentiel : la prévention, le dépistage, l’éducation et la lutte contre la stigmatisation restent indispensables. »

Sudbury : vers un comité consultatif pour renforcer les services en français 

SUDBURY – La Ville du Grand Sudbury prévoit mettre sur pied un comité consultatif afin de guider l’amélioration des services en français pour ses citoyens, a appris ONFR. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la révision de sa politique sur les services en français, dont la version finale devrait être présentée au conseil municipal en 2026.

Selon le maire, Paul Lefebvre, ce comité pourrait jouer un rôle clé dans l’identification des besoins de la communauté et dans la formulation de recommandations concrètes. 

« Nous voulons nous assurer que l’offre de services soit accessible et efficace. Le comité pourra nous aider à mieux comprendre les défis rencontrés sur le terrain », souligne M. Lefebvre.

Le comité devrait notamment s’intéresser à l’offre active des services en français, à l’orientation des documents municipaux et à la désignation des postes bilingues, mais ses objectifs précis restent à définir. 

« Quand on crée des comités ou des panels, il faut s’assurer de savoir quels résultats on recherche. Est-ce que le comité servira à faire valoir certaines plaintes pour améliorer les services, ou aura-t-il un autre rôle? Il faut définir clairement les objectifs et les buts tangibles afin d’assurer que le comité puisse réellement contribuer à l’amélioration de l’offre de services », fait-il remarquer.

Le maire espère que le comité pourra être mis en place dès le printemps prochain, parallèlement à la finalisation de la politique sur les services en français.

Vers un bilinguisme officiel?

L’ACFO du Grand Sudbury, qui milite depuis longtemps pour le bilinguisme officiel de la Ville, se montre favorable à cette initiative, tout en soulignant que la pérennité du comité dépendra de son inscription claire dans la politique. 

« Il est important que ces initiatives soient redevables et ne dépendent pas uniquement de la bonne volonté des personnes en poste. Sinon, chaque changement de personnel risque de ralentir les progrès », affirme la directrice générale, Joanne Gervais.

« Il y a encore beaucoup de travail à faire avant d’adopter une telle déclaration »
— Paul Lefebvre

L’organisme continue également de souhaiter que Sudbury, où près du quart ( 22,5 % ) de la population a le français comme première langue officielle parlée, se déclare officiellement bilingue, comme Ottawa ou Moncton. 

Un tel statut impliquerait que tous les documents, services et conseils municipaux soient accessibles en français et en anglais, et que les postes clés soient occupés par des employés bilingues. 

« La Ville offre déjà des services dans les deux langues à un certain niveau. Il y a encore beaucoup de travail à faire avant d’adopter une telle déclaration. On doit clarifier ce que ça changerait concrètement et définir ce que ça veut dire pour les résidents du Grand Sudbury », répond, de son côté, l’élu francophone.

Désignation des postes bilingues

Concernant la suggestion de désigner l’ensemble des postes comme bilingues, une autre demande de longue date de l’ACFO, le maire a expliqué que la Ville est une « boîte avec des conventions collectives qu’on doit respecter » et qu’« ajouter une telle exigence devrait être négocié dans la prochaine convention collective ».

Actuellement, la Ville a des postes désignés bilingues là où il y a la plus grande interaction avec le public, ce qui n’est pas sans défi.

« Le défi, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de gens bilingues qui appliquent sur ces postes-là. La demande n’est pas là, et ça rend ça difficile à combler. »

Paul Lefebvre est le premier maire franco-ontarien de Sudbury depuis 1982. Photo : Archives ONFR

Une deuxième vague de consultations

Adoptée en 2001, la politique actuelle sur les services en français de la Ville fait l’objet d’une révision afin de mieux répondre aux besoins des citoyens. 

En 2023, la Ville a entamé des consultations et recueilli des données auprès des résidents et du personnel municipal, donnant ainsi naissance à une version révisée provisoire de la politique qui n’avait pas fait l’unanimité.

Un sondage réalisé à l’interne auprès de 153 employés municipaux a démontré que 62 % des répondants parlent français et que 50 % souhaiteraient suivre des cours pour améliorer leurs compétences. 

Si les services de première ligne, notamment le 311, semblent répondre aux attentes, ce n’est pas le cas pour des services spécialisés, comme les cours de natation en français qui ne sont garantis que dans certaines installations.

La deuxième vague de consultation, qui a lieu jusqu’au 12 décembre, vise à approfondir les discussions, notamment sur l’offre active des services en français, la communication bilingue et la désignation des postes bilingues. 

« Le prochain défi, ce n’est plus tant les services de première ligne, mais d’assurer que nos documents écrits, nos rapports et nos communications soient disponibles dans les deux langues », conclut le maire.

« Une certaine complaisance s’installe » : l’un des pères de la FCFA s’inquiète pour l’avenir de la francophonie

Près de 50 ans après sa fondation, l’un des deux cofondateurs de la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ), Michel Bastarache, déplore que la défense des droits des minorités francophones soit devenue « trop bureaucratique » et déplore qu’une certaine « complaisance » s’installe.

La FFHQ, qui a changé de nom pour devenir la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) en 1991, a été fondée à la fin novembre 1975 par Michel Bastarache et Hubert Gauthier. Si les deux cofondateurs admettent ne pas suivre au jour le jour les dossiers touchant la francophonie canadienne autant qu’auparavant, ils soutiennent que l’organisation qu’ils ont fondée il y a un demi-siècle s’est transformée grandement.

« Je trouve que ça devient un petit peu trop bureaucratique », lance Michel Bastarache, joint au téléphone à la mi-novembre alors qu’il était chez lui à Moncton pour une entrevue sur le 50e anniversaire de la FCFA.

L’ancien juge de la Cour suprême et défenseur des droits des minorités francophones soutient observer « un dynamisme » qui a changé au cours des années. En plus d’avoir été son cofondateur, il a été impliqué directement dans la FCFA pendant ses trois à quatre premières années comme conseiller stratégique.

« Elle fonctionne quasiment comme le gouvernement lui-même dans la façon de présenter les problèmes et tout ça. C’est sûr qu’ils font des revendications qu’on supporte. Mais je ne suis pas si sûr qu’ils ont la connexion avec la base qu’on avait nous », revendique celui qui a aussi été président de la Société Nationale de l’Acadie.

« Il y a une certaine complaisance qui s’installe chez les gens. Ils ont l’impression qu’on a obtenu beaucoup de ce qu’on voulait. Les associations sont beaucoup mieux financées et elles ont beaucoup d’argent pour des activités sociales », poursuit-il.

« Et il y a eu une amélioration évidemment dans les services de Radio-Canada et autres. Alors, dans ce sens-là, on voit moins l’urgence de faire quelque chose », déplore aujourd’hui Michel Bastarache.

« La société a changée »

Hubert Gauthier est d’accord avec certains propos de son ancien collègue, jugeant lui aussi que le milieu pourrait être « plus picosseux ».

« L’organisation a duré 50 ans, c’est déjà quelque chose. Les médias et les gouvernements, ils savent que ça existe », concède-t-il. 

« Je trouve que des fois, on pourrait être un petit peu plus revendicateur (…) Moi je regarde ça à la télévision quand la présidente parle, puis je me dis que c’est trop accommodant », dit M. Gauthier.

Mais les époques ont changé, contrebalance ce dernier, et la manière de faire les choses n’est plus la même, avance celui qui a été le premier président et directeur général de la FFHQ

« Dans les communautés francophones et acadiennes, il y avait aussi de la révolte dans le sens que les jeunes voulaient prendre leur place aussi. C’était l’époque, c’était l’environnement. Aujourd’hui, c’est différent », observe M. Gauthier.

À l’instar de M. Gauthier, Liane Roy, la présidente de la FCFA depuis 2021, estime que « la société a changée et la manière de faire des relations avec le gouvernement a également changée ».

« Quand on doit dénoncer quelque chose, on le fait. On le fait assez régulièrement quand ça arrive, mais on aime bien travailler quand même avec l’ensemble des parties et par consensus si possible… Je pense que c’est la meilleure manière de faire », affirme l’Acadienne.

Liane Roy, la présidente de la FCFA. Source : compte Twitter/Liane Roy

Selon Liane Roy, l’époque de la création de la FFHQ nécessitait probablement de brasser les choses plus souvent, en raison de l’absence d’acquis pour les francophones dans plusieurs domaines de la société.

« Il y avait une Loi sur les  langues officielles, mais il n’y avait pas de Constitution par rapport à l’éducation, il n’y avait pas de gestion scolaire. Il y avait beaucoup d’éléments qu’on avait besoin et il fallait vraiment brasser les gens pour qu’ils comprennent qu’on avait besoin de droits. À cette époque-là, c’était important d’être beaucoup plus revendicateur », avance celle qui a aussi dirigé la Société Nationale de l’Acadie à l’instar de Michel Bastarache.

« Je n’ai absolument pas de problème à dénoncer quand c’est important de dénoncer. Mais autre que ça, moi j’aime beaucoup mieux avoir des discussions et m’assurer que les gens nous comprennent, comprennent nos dossiers et comprennent nos enjeux aussi », conclut-elle.

Quand le savoir-faire franco-ontarien relance le fromage de l’Outaouais

LA NATION – La Fromagerie coopérative St‑Albert, entreprise franco-ontarienne centenaire, prend les devants pour relancer la Fromagerie Montebello, en difficulté au Québec. Le partenariat stratégique, annoncé jeudi, permet de sécuriser des emplois tout en renforçant la présence franco-ontarienne dans le secteur laitier.

Le partenariat entre St‑Albert et Montebello ne s’est pas fait du jour au lendemain. 

Éric Lafontaine, directeur général de St‑Albert, raconte qu’il connaît le propriétaire de Montebello depuis une quinzaine d’années et avait déjà discuté à plusieurs reprises de travailler ensemble. 

« J’ai semé beaucoup de graines un peu partout pour ce concept-là. Ce partenariat est le résultat de 10 à 12 ans d’efforts », confie-t-il.

Ce n’est que lorsque Montebello s’est retrouvée dans une très mauvaise situation financière, début 2025, que la discussion a véritablement abouti. 

« Le partenariat est né de l’idée d’unir nos forces pour être meilleurs. Nos forces en ventes et distribution, combinées à l’expertise de Montebello, permettent de sécuriser la production et d’assurer la pérennité de l’entreprise »
— Éric Lafontaine

« C’est la première fois que des gens me disent : « Écoutez, ça nous tente, on peut en discuter plus longtemps. » C’est là que tout a commencé à prendre forme », ajoute encore M. Lafontaine.

Montebello, une entreprise familiale de produits fromagers de haute qualité fondée en 2011, traversait une crise financière importante après avoir bâti une nouvelle usine il y a quelques années, faute de volumes suffisants pour soutenir les coûts.

Pour Alain Boyer, propriétaire de Montebello, cette alliance marque un tournant : « C’est un grand jour pour la famille Boyer, mais surtout pour la pérennité des emplois et de l’entreprise. »

Mais M. Lafontaine insiste : il ne s’agit pas d’une acquisition. « Les anciens propriétaires restent impliqués et passionnés. Notre rôle est de les supporter et travailler ensemble, pour que l’usine reste dans la région et que le savoir-faire local perdure. »

La famille Boyer, et des membres de la fromagerie St-Albert et la Laitière de l’Outaouais lors de l’annonce, jeudi. Photo : Gracieuseté de la Fromagerie St-Albert

Une complémentarité entre coopératives

La force de St‑Albert réside dans son statut de coopérative, qui permet une prise de décision collective et une vision à long terme. 

Selon M. Lafontaine, le partenariat repose sur la complémentarité et la similitude des forces : « Nous ne sommes pas des compétiteurs directs, mais nos compétences et ressources se complètent parfaitement. Nous avons la force de la distribution, de la vente et de la gestion, eux un savoir-faire artisanal exceptionnel. Ensemble, nous allons plus loin. »

La Laiterie de l’Outaouais, troisième partenaire du projet, apporte sa propre expertise dans le lait de consommation, renforçant ainsi le concept de « recrutement régional » et de synergie interentreprises. 

« Quand on joint nos forces, on devient vraiment un acteur régional plus fort », explique-t-il.

Même son de cloche à la Chambre de commerce de Prescott-Russell : « nous voyons ce type d’initiative comme un modèle à suivre : lorsqu’on unit nos forces, les retombées sont positives autant sur le plan économique qu’humain. »

Et d’ajouter : « Ce genre d’initiative montre concrètement à quel point nos entreprises francophones savent innover, se structurer et collaborer pour bâtir des projets solides, qui ont un réel impact dans leur milieu »

Éric Lafontaine travaille au sein de la fromagerie St-Albert depuis une trentaine d’années. Photo : Archives ONFR

Sécuriser l’emploi et stimuler l’économie locale

Le partenariat a des retombées concrètes pour l’Outaouais et l’Ontario. Les emplois à Montebello sont sécurisés et de nouvelles opportunités devraient se créer, notamment dans la distribution et le service à la clientèle.

« Pour nos équipes en Ontario, cela signifie plus d’ouvrage dans les secteurs des montages de commande, des services à la clientèle et pour les livreurs », précise celui qui est à la direction générale de la fromagerie depuis plus de dix ans.

« Au niveau des emplois, on conserve les 20 employés de notre fromagerie. C’est une excellente nouvelle pour notre main-d’œuvre et pour notre village », indique de son côté le propriétaire de Montebello qui espère voir une création d’emplois à moyen terme.

Pour l’entreprise québécoise, ce partenariat ouvre de nouvelles perspectives en Ontario : « Nos fromages vont maintenant se retrouver un peu partout en Ontario grâce au réseau de distribution de Saint-Albert. Ce partenariat nous permet de maximiser la production de notre nouvelle usine et d’exploiter pleinement notre potentiel. »

Rébellion 1837 s’est distingué au concours des fromages du Québec Caseus, en remportant la catégorie pâte persillée en septembre dernier. Photo : Gracieuseté de Montebello

Un leadership franco-ontarien rare et stratégique

St‑Albert est l’une des rares coopératives franco-ontariennes encore actives dans le secteur laitier canadien et la seule en Ontario, selon M. Lafontaine.

« Il n’y a pas beaucoup de coopératives de producteurs francophones en Ontario, contrairement au Québec où le mouvement coopératif est beaucoup plus développé. Notre rôle est donc stratégique : montrer que le savoir-faire franco-ontarien peut rayonner au-delà de nos frontières », explique-t-il.

L’entente permet également de sécuriser la succession familiale. Le fils de M. Boyer rejoint l’actionnariat et bénéficiera de l’encadrement de la coopérative : « La pérennité de l’entreprise est assurée grâce à un bon encadrement avec nos partenaires. C’est doublement important pour la relève familiale et pour la continuité de Montebello. »

« C’est important pour nous d’avoir la relève engagée dans le projet. Cela garantit que le savoir-faire et l’expertise artisanale se perpétuent pour les prochaines décennies », livre quant à lui M. Lafontaine.

M. Boyer et son fils, nouvellement actionnaire. Photo : Gracieuseté de Montebello

Un modèle pour d’autres entreprises francophones

Pour le Franco-Ontarien, cette collaboration constitue un modèle à suivre. « En 2025, pour survivre et prospérer, les entreprises francophones ne peuvent pas tout faire seules. Il faut travailler ensemble, partager nos forces et créer des partenariats gagnant-gagnant. »

Il espère que d’autres coopératives et entreprises artisanales, en Ontario comme au Québec, s’inspireront de ce partenariat. 

« Nous avons montré qu’il est possible de combiner expertise, distribution et savoir-faire artisanal pour assurer la pérennité d’une entreprise et soutenir l’économie locale », conclut-il.

Avec ce partenariat, St‑Albert ne se limite pas à sauver Montebello : la coopérative vise à étendre sa présence au Québec et dans le reste du Canada, tout en développant de nouveaux produits et en consolidant son réseau de distribution. 

« Notre objectif est de faire rayonner le savoir-faire franco-ontarien et de sécuriser l’avenir de la coopérative pour les prochaines générations », conclut-il.

Trois ans après la sortie de la LACC : la Laurentienne est-elle tirée d’affaire?

SUDBURY – Trois ans après sa sortie de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), l’Université Laurentienne a atteint l’objectif de financement complet du fonds de distribution destiné aux créanciers. Malgré cela, certains membres de la communauté universitaire portent encore les cicatrices d’une restructuration qui laisse des professeurs et des employés toujours en attente d’indemnisation. 

C’est ce vendredi que l’Université devait avoir conclu une entente d’achat et de vente des biens immobiliers avec la province de l’Ontario.

Pour compléter le plan de règlement des dettes, l’institution devait transférer au gouvernement les actifs immobiliers destinés à alimenter le fonds de compensation des créanciers, qui s’élève à environ 53,5 millions de dollars, un objectif atteint en août dernier. 

La vente de ces bâtiments, comprenant plusieurs résidences universitaires et installations institutionnelles, permettra à l’Université Laurentienne de finaliser son plan de remboursement tout en stabilisant ses finances.

Certains terrains, comme le Living With Lakes Centre, ont déjà été vendus, et des ententes de location avec la province garantissent l’usage continu de ces installations. 

Par ailleurs, sur le prêt de 35 millions de dollars consenti par le gouvernement de l’Ontario, il reste 31,3 millions à rembourser, auxquels s’ajoutent les intérêts annuels, le tout devant être soldé d’ici 2038.

« La conclusion de la vente des actifs immobiliers à la Province est une étape cruciale qui permet à l’Université Laurentienne de satisfaire aux exigences de la LACC. Puisque cette vente est conclue plus tôt que prévu, nous pourrons finaliser le processus et entamer un nouveau chapitre en décembre 2025, une étape importante dans les 65 ans d’histoire de l’Université Laurentienne », peut-on lire dans une déclaration de Lynn Wells, rectrice et vice-chancelière de l’Université Laurentienne, transmise à ONFR.

Les professeurs, toujours en attente

Même si les chiffres financiers sont aujourd’hui plus rassurants, les questions de la confiance et de la gouvernance demeurent.

Fabrice Colin, président de l’Association du corps professoral de l’Université Laurentienne (LUFA), estime que cette étape est « une bonne nouvelle » pour la communauté, mais rappelle que le processus a été « cruel pour beaucoup d’employés licenciés ».

Malgré les montants mis en banque pour le fonds de compensation, les professeurs licenciés ne savent pas exactement quand ils recevront les sommes qui leur sont dues par le contrôleur responsable du processus, Ernst & Young – Sharon Hamilton.

Jean-Charles Cachon, un de la centaine de professeurs licenciés et observateur de la crise, rappelle que les sommes promises représentent seulement une fraction des indemnités prévues par la convention collective, variant entre 14 % et 24 % pour les professeurs licenciés.

« Dans mon cas, ils ont éliminé environ les trois quarts de ce qui m’était dû. La somme qui m’a été déterminée correspond à peine à un tiers ou un quart de ce que j’aurais dû recevoir. Franchement, ça ne fait pas grand‑chose, je ne pourrais même pas remplacer ma vieille voiture avec ça », confie-t-il avant d’ajouter que les données restent opaques : « On ne sait pas comment ces montants ont été calculés, il y a tellement de lacunes dans tout ce processus. »

De son côté, Fabrice Colin anticipe que les premiers versements devraient avoir lieu « dans les prochaines semaines », mais précise qu’il n’y a pas de calendrier officiel et que le processus pourrait s’étendre jusqu’au printemps 2026.

Il ajoute que la restructuration a aussi affecté le régime de retraite, amputant jusqu’à 30 % à 40 % des pensions pour certains employés encore en poste.

« Une leçon très claire »

Pour Gilles LeVasseur, ancien président de l’Institut d’administration publique du Canada, la crise à la Laurentienne illustre les fragilités du modèle financier des universités ontariennes.

« Il y a une leçon très claire : tout établissement qui ne planifie pas sa gestion financière de façon rigoureuse peut se retrouver en situation critique. Même si la Laurentienne est un cas extrême, le modèle de recours à la LACC pourrait théoriquement être utilisé par d’autres universités si la gouvernance et la surveillance restent faibles. »

« Les universités sont autonomes et doivent générer leurs propres revenus, souvent à partir des frais de scolarité des étudiants internationaux », explique-t-il. « Mais la croissance démographique ne suffit pas toujours à soutenir les ambitions financières, et une mauvaise planification peut mener à une catastrophe. »

Le professeur en gestion et droit à l’Université d’Ottawa rappelle que le cadre législatif n’a pas été modifié depuis la crise pour réduire ces risques .

« On limite la croissance des frais de scolarité, mais les salaires et les coûts opérationnels continuent d’augmenter. Si les universités n’ont pas de moyens flexibles pour générer des revenus supplémentaires, elles restent vulnérables. »

Embrun : 35 nouveaux logements pour femmes et enfants fuyant la violence

EMBRUN – Grâce à un financement de plus de 17,2 millions de dollars, un projet de 35 logements de deuxième étape verra le jour dans l’Est ontarien afin de soutenir des femmes et leurs enfants fuyant la violence.

« Ce projet changera concrètement la vie des personnes de cette collectivité », a déclaré la députée fédérale de Prescott–Russell–Cumberland, Giovanna Mingarelli, en annonçant l’investissement.

Selon elle, l’initiative s’inscrit dans les efforts du gouvernement fédéral pour augmenter l’offre de logements à Embrun, ville majoritairement francophone, et ailleurs au pays. « L’une des façons d’y parvenir est de soutenir le Fonds pour le logement abordable », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La députée fédérale Giovanna Mingarelli annonce un investissement de 17,2 millions $ pour la construction de 35 logements de transition à Embrun. Photo : Facebook / Giovanna Mingarelli

Les logements seront gérés par Interlude, un organisme reconnu pour son accompagnement auprès des survivantes de violence genrée dans l’Est ontarien. Ils offriront une solution de transition entre les maisons d’hébergement d’urgence et une vie autonome.

« Notre maison de deuxième étape offrira un espace de transition sûr, accessible et avec des services de soutien qui permettront aux femmes de retrouver leur autonomie et leur stabilité », explique Muriel Lalonde, directrice générale d’Interlude.

Elle rappelle que les besoins sont criants dans la région. « Chaque jour, des femmes et leurs enfants fuient des situations de violence. Mais le manque de logements abordables les force souvent à retourner dans des environnements précaires ou dangereux. »

Un programme fédéral ciblé

Le financement provient du Fonds pour le logement abordable, un programme de 16,1 milliards de dollars de la Stratégie nationale sur le logement (SNL). Il vise en priorité les groupes les plus vulnérables, dont les femmes et enfants fuyant la violence familiale, les personnes âgées, les Autochtones, ou encore les personnes handicapées.

Ce programme concerne également les personnes ayant des enjeux de santé mentale ou de toxicomanie, les anciens combattants, et les jeunes adultes.

Le Fonds offre des prêts à faible taux d’intérêt, des prêts-subventions ou des contributions directes afin de construire, rénover ou réparer des logements abordables et communautaires.

Une forêt symbolique pour la francophonie à l’Université Saint‑Paul

OTTAWA – L’Université Saint‑Paul (USP) prépare un projet ambitieux pour 2026 : la création de la Forêt de la francophonie, un espace vivant destiné à célébrer la mémoire, la solidarité et l’avenir de la communauté francophone ontarienne. L’établissement cherche également à renforcer sa visibilité et à démontrer son ouverture, face aux perceptions parfois limitantes, liées à son identité catholique et à son statut d’établissement bilingue.

Pour 2026, l’université prévoit d’étendre cet espace afin de transformer la Place de la francophonie en un véritable cœur d’une forêt symbolique, qui s’enrichira progressivement au fil des ans avec la plantation annuelle de nouveaux arbres et l’aménagement de lieux favorisant le bien‑être et la convivialité sur le campus.

De gauche à droite, Louis Patrick Leroux, recteur de l’USP, Daniel St-Louis, directeur du campus Collège Boréal à Ottawa et Martin Normand, Président-directeur général de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, le 25 septembre dernier. Photo : Gracieuseté de l’USP

Ce projet s’inscrit également dans le cadre du 40e anniversaire de la Loi sur les services en français, soulignant l’engagement durable de l’USP pour la promotion et le soutien de la communauté francophone ontarienne dans une perspective à la fois commémorative et tournée vers l’avenir.

Le recteur Louis Patrick Leroux souligne que ce projet dépasse le simple symbole : « Nous voulions aller plus loin que le drapeau et le discours : chaque arbre représente la continuité, le renouveau et la vitalité de notre communauté francophone ». 

« Lorsque je suis arrivé à l’Université Saint‑Paul, il y a presque deux ans, j’ai demandé qu’on installe un mât et un drapeau franco-ontarien pour souligner l’importance de notre présence francophone locale »
— Louis Patrick Leroux

La sélection des essences n’est pas anodine : chacune reflète un aspect de la francophonie, de sa résilience à sa capacité d’adaptation face aux changements.

Le recteur précise que ce projet contribuera à faire du campus, entre le canal et la rivière Rideau, un lieu accueillant et stimulant, où la communauté pourra se rassembler et profiter d’un environnement vert et inspirant.

Un bilinguisme symétrique

L’Université Saint‑Paul, fédérée à l’Université d’Ottawa depuis 1965 et désignée depuis 2019 en vertu de la Loi sur les services en français, a su maintenir une proportion stable d’étudiants francophones dans ses programmes : la moitié des 1 100 étudiants de l’institution suivent des cours en français. 

Pour favoriser l’accès des francophones, l’institution s’appuie sur le programme « 2 + 2 », qui permet aux étudiants ayant complété deux ans dans des collèges francophones comme La Cité ou Boréal de poursuivre directement leur baccalauréat pendant deux années supplémentaires. 

« Ce modèle représente environ un quart de nos nouveaux étudiants francophones », explique le recteur. Ce programme permet d’attirer des étudiants spécialisés dans des domaines comme la communication sociale ou l’innovation sociale, des secteurs où la demande francophone reste forte.

« Nous avons un bilinguisme officiel parfaitement équilibré : 50 % des étudiants suivent les cours en français et 50 % en anglais. C’est très rare : souvent, les universités se disent bilingues, mais la promotion du français reste marginale. Ici, ce n’est pas le cas, et il m’a semblé essentiel de le mettre en valeur pour montrer à la communauté francophone que nous en faisons pleinement partie. »

Le recrutement international

Saint‑Paul accueille aussi une proportion significative d’étudiants internationaux : environ 30 % de la population étudiante. La majorité provient de pays francophones, en particulier d’Afrique et d’Europe, mais certains sont anglophones. 

Ce recrutement est cependant confronté à plusieurs défis. Depuis 2024, les nouvelles restrictions fédérales sur les permis d’études et les permis de travail postdiplôme ont limité l’arrivée de nouveaux étudiants internationaux, compliquant le maintien des effectifs.

Malgré ces contraintes, le recteur souligne que les candidats qui postulent à Saint‑Paul sont généralement très motivés et sérieux. « Nous avons dû nous adapter rapidement, mais nous avons réussi à maintenir un niveau de qualité et de diversité dans notre population étudiante », affirme-t-il.

Pour l’établissement, l’avenir passe par sa capacité à croître tout en restant fidèle à sa mission francophone. « La présence d’étudiants francophones issus de l’immigration est extrêmement importante. Elle maintient l’effervescence du campus et nous permet de continuer à croître, même si la population francophone locale pourrait diminuer », explique-t-il.

Louis Patrick Leroux est recteur de l’USP depuis 2024. Photo : Gracieuseté de l’USP

Renforcer la réputation et l’ouverture

L’université fait également face à un défi de réputation lié à son identité catholique. Certains étudiants potentiels peuvent percevoir l’établissement comme fermé, alors que Saint‑Paul accueille des étudiants de différentes confessions et convictions, incluant anglicans, musulmans et non-croyants. 

Pour le recteur, clarifier cette ouverture est essentiel pour continuer à attirer des étudiants francophones et internationaux.

Cette ouverture se traduit aussi par des partenariats internationaux avec des universités au Brésil, en Turquie et en Espagne. Ces collaborations permettent de créer des programmes conjoints et des séminaires sur des thèmes interculturels et sociaux, offrant aux étudiants des expériences uniques et renforçant la visibilité et la réputation de l’université.

La dimension francophone reste centrale : Saint‑Paul a aussi noué des ententes avec des établissements francophones, comme l’Université d’Angers ou un institut catholique en Martinique, qui accueillent chaque année une quinzaine d’étudiants.

Steven Guilbeault démissionne du cabinet de Mark Carney

Le ministre de l’Identité et de la Culture canadienne et responsable des langues officielles Steven Guilbeault a annoncé ce jeudi sa démission du cabinet de Mark Carney.

« Cet après-midi, c’est avec une grande tristesse que j’ai remis au premier ministre ma démission comme ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, ministre responsable des Langues officielles, ministre de la Nature et de Parcs Canada, ainsi que de lieutenant au Québec », a-t-il écrit dans une déclaration sur les réseaux sociaux, assurant qu’il restera dans le caucus libéral comme député.

Cette démission fait suite à l’annonce aujourd’hui entre l’Alberta et le gouvernement fédéral concernant le protocole d’entente énergétique entre les deux paliers, pavant la voie à un nouvel oléoduc. Se disant conscient que les relations avec les États-Unis « ont entraîné de profonds bouleversements » et comprendre les efforts du premier ministre « pour que notre pays reste uni », l’ex-militant de Greenpeace dit ne pas pouvoir accepter un tel projet.

« Malgré ce contexte économique difficile, je reste de ceux pour qui les enjeux environnementaux doivent demeurer à l’avant-scène. C’est pourquoi je suis en profond désaccord avec l’entente de principe entre le gouvernement fédéral et celui de l’Alberta », souligne-t-il dans sa lettre de démission.

Dans les derniers jours, M. Guilbeault évitait les journalistes au Parlement alors que cette annonce se préparait. ONFR a pu l’interviewer mercredi soir concernant le dépôt de règlements sur la Loi sur les langues officielles, mais son bureau avait indiqué clairement que les questions se limiteraient à ce sujet.

Réaction de Mark Carney

S’opposant à l’accord signé entre Mark Carney et la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, M. Guilbeault déplore que celui-ci ait été conclu sans consultation des nations autochtones et du gouvernement de la Colombie-Britannique, « qui seraient grandement affectés par cette entente ».

« De plus, un pipeline vers la côte ouest aurait des impacts environnementaux majeurs, notamment parce qu’il pourrait traverser la forêt du Grand Ours, contribuer à une augmentation importante de la pollution climatique et éloigner encore davantage le Canada de ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre », dénonce-t-il.

Le premier ministre Mark Carney en compagnie de son ancien ministre responsable des Langues officielles et de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeault, Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld

S’attardant sur les raisons de son départ, Steven Guilbeault évoque le fait que Mark Carney a, ou est sur le point de démanteler plusieurs des politiques environnementales qu’il avait instaurées sous le gouvernement de Justin Trudeau comme la taxe sur le carbone, le plafond sur les émissions du secteur du pétrole et du gaz et les quotas de vente de véhicules électriques.

« À mes yeux, ces mesures restent essentielles à notre plan de lutte contre les changements climatiques », avance-t-il.

Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, Mark Carney a salué « le leadership de Steven Guilbeault en matière de développement durable », exprimant qu’il était « profondément reconnaissant pour ses conseils et sa contribution à notre nouveau gouvernement ».

« Même si nous avons parfois des opinions divergentes sur la manière exacte de réaliser les progrès essentiels, je suis heureux que Steven continue à offrir ses perspectives importantes en tant que député au sein de notre caucus libéral », mentionne M. Carney.

Langues officielles : 5 ministres en cinq ans

M. Guilbeault était ministre responsable des Langues officielles depuis la réélection du gouvernement libéral en avril dernier. Il s’agit donc d’un cinquième ministre en autant d’années pour le portfolio des Langues officielles. Ginette Petitpas Taylor (2021 à 2023 et par intérim pendant trois semaines en 2024), Randy Boissonnault (2023 à 2024), Rachel Bendayan (2024 à 2025) ont chacun occupé le poste avant Steven Guilbeault.

« Je tiens à remercier Steven Guilbeault pour l’écoute dont il a fait preuve, depuis sa nomination au printemps, à l’égard de la FCFA et des communautés qu’elle représente », a salué par voie de communiqué Liane Roy, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Jugeant qu’il reste « beaucoup à faire à court terme » pour terminer la modernisation de la Loi sur les langues officielles, la présidente de la FCFA presse le gouvernement Carney d’agir rapidement pour trouver un successeur.

« Tout cela requiert la nomination, rapidement, d’un ou d’une ministre responsable des Langues officielles qui connaisse bien ces enjeux ainsi que les réalités de nos communautés », réclame Mme Roy.

Élu pour la première fois en 2019, M. Guilbeault a été ministre de Patrimoine canadien dès son arrivée jusqu’en 2021. L’ancien cofondateur et porte-parole de l’organisation environnementale Équiterre devient par la suite ministre de l’Environnement en 2021 avant de voir ce poste lui être retiré par Mark Carney en mars 2025.

« Comme vous le savez, j’ai choisi de me présenter en politique afin de défendre la cause de la lutte aux changements climatiques et la protection de l’environnement. Et au cours des dix dernières années, notre pays a fait des progrès historiques en matière de réduction de la pollution climatique, de conservation de la nature et de protection de l’environnement, alors que notre économie a continué de croître », présente-t-il également dans sa missive de départ.

Cercle de feu : le gouvernement Ford se rapproche des Premières Nations

TORONTO – Le gouvernement Ford a signé, ce jeudi, un nouvel accord en vue du développement de routes pour l’exploitation minière du Cercle de feu. Marten Falls est la troisième Première Nation qui s’aligne à l’Ontario depuis janvier 2025. Un pas de plus pour le développement minier de la région, malgré les recours en justice d’opposition d’autres Premières Nations concernées.

Le premier ministre ontarien Doug Ford, et Greg Rickford, ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations et ministre responsable des Partenariats économiques et communautaires pour le développement du Cercle de feu, ont signé une entente avec le chef Bruce Achneepineskum de la Première Nation de Marten Falls.

Ce partenariat devrait accélérer l’aménagement de la route d’accès toutes saisons pour la Première nation de Marten Falls (MFCAR) qui la reliera au réseau routier provincial.

Un avantage double : pour la première nation qui aura un meilleur accès à des services essentiels, et pour le gouvernement Ford qui accédera à un réseau routier menant au Cercle de feu.

Carte des routes proposées dans la région du Cercle de feu. Photo : gouvernement de l’Ontario

L’accord comprend un investissement de 39,5 millions de dollars de la province pour des priorités urgentes de la communauté, notamment des infrastructures communautaires et des mesures de soutien économique.

« Cet accord historique marque une étape déterminante dans notre plan visant à tirer parti des retombées économiques du Cercle de feu, à apporter la prospérité au nord de l’Ontario et à créer 70 000 emplois partout dans la province, a déclaré Doug Ford en conférence de presse », remerciant le chef Achneepineskum et la Première Nation de Marten Falls.

« Résister aux droits de douane »

Le premier ministre considère que ce type de partenariat contribue à « résister aux droits de douane et à tout autre défi qui pourrait se présenter », a déclaré Doug Ford en conférence de presse.

« Pendant des années, nous avons travaillé avec diligence sur les processus d’évaluation environnementale, en commençant par la route d’accès pour la Première nation de Marten Falls, puis la route de raccordement du Nord (…) Il ne s’agit pas seulement de réconciliation économique, mais aussi de réconciliation fondée sur la réparation d’une relation qui nous a historiquement laissés pour compte », a affirmé Bruce Achneepineskum, chef de la Première Nation de Marten Falls.

De gauche à droite : Will Bouma, adjoint parlementaire au ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations, Greg Rickford, ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations, le chef Bruce Achneepineskum de la Première Nation de Marten Falls, Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, et Bob Baxter, conseiller de la Première Nation de Marten Falls. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Nous sommes très enthousiastes quant à ce que représente cette entente (…) Cela comprend un engagement à construire des infrastructures dans la collectivité et à lancer des projets de préparation communautaire en vue des travaux à venir. Cela signifie que nous construisons la route ainsi que nos infrastructures et notre capacité communautaires, ce qui a toujours été notre vision. »

L’Ontario avait déjà signé une entente avec la Première Nation d’Aroland en janvier et, en octobre dernier, avec la Première Nation de Webequie pour la construction de routes vers le Cercle de feu.

Cornelius Wabasse, le chef de cette dernière, avait dit espérer que cela bénéficie à sa communauté en créant des débouchés économiques.

Il était là aussi question de financements pour soutenir les infrastructures communautaires et services de soutien pouvant atteindre 39,5 millions de dollars pour la Première Nation de Webequie et 22,27 pour Aroland.

Des discussions en cours avec d’autres Premières Nations

L’Ontario affirme par ailleurs poursuivre les discussions avec d’autres Premières Nations situées le long du tracé proposé des routes menant au Cercle de feu, en vue d’éventuels partenariats.

15 Premières Nations se trouvent dans la zone touchée par le développement des activités de la région du Cercle de feu.

La Première Nation de Marten Falls soumettra son évaluation environnementale d’ici le 20 février 2026. Sous réserve des approbations et des consultations, les travaux commenceront dès août 2026, « à condition que le gouvernement fédéral mette fin à ses évaluations d’impact redondantes dans la région », précise le communiqué de presse du gouvernement ontarien.

« L’entente confirme également l’engagement de l’Ontario et de la Première Nation de Marten Falls à faire progresser le projet de route de raccordement du Nord. Cette route toutes saisons reliera la route d’accès pour la Première nation de Marten Falls et le réseau routier provincial élargi à la route d’approvisionnement de Webequie et au Cercle de feu. »

Loi sur les Langues officielles : le commissaire Théberge critique le premier règlement d’Ottawa

OTTAWA — Le processus pour infliger des amendes aux transporteurs publics qui enfreignent la Loi sur les langues officielles sera trop « laborieux » dans la forme proposée par le gouvernement fédéral, déplore le commissaire Raymond Théberge.

« Je peux déjà affirmer que certains éléments vont alourdir notre processus interne, ce qui me préoccupe grandement », a réagi le chien de garde des langues officielles à la proposition d’Ottawa présentée mercredi.

Le ministre des Langues officielles, Steven Guilbeault, a déposé le premier de trois règlements que doit adopter le gouvernement fédéral pour pleinement mettre en œuvre la réforme de la Loi sur les langues officielles (LLO), adoptée en 2023. Depuis son adoption, des sections de la LLO ne sont pas en vigueur, car elles doivent être détaillées et adoptées via des décrets gouvernementaux.

La section portant sur le pouvoir du commissaire de donner des pénalités financières aux entreprises du transport de compétence fédérale comme Air Canada, VIA Rail et les aéroports du pays est le premier règlement déposé par Ottawa. 

On y apprend que ces compagnies de transport pourraient payer entre 5000 $ et 50 000 $ en amende si jamais elles violent la LLO. Le montant des pénalités financières sera déterminé en fonction de « la gravité de la situation, sa répétition et son impact, les mesures correctives prises ainsi que la taille de l’organisation », indique le communiqué de presse du gouvernement. Au départ, le montant maximal devait être de 25 000 $, mais Ottawa propose désormais de doubler le plafond.

Mais pour Raymond Théberge, le chemin pour se rendre jusqu’à la distribution d’une sanction pécuniaire est « un processus qui nous apparaît laborieux », indique-t-il dans une déclaration.

« Un régime moins chargé, comme la majorité des autres régimes de sanctions pécuniaires existants au sein du gouvernement fédéral, nous permettrait d’être plus efficaces », plaide-t-il.

Il a indiqué que son équipe procéderait à une « analyse approfondie de ce projet » pour « bien comprendre la portée » sur les communautés linguistiques et les activités du Commissariat. Appelé à commenter ce premier règlement mercredi soir, Steven Guilbeault laissait déjà entendre qu’il pourrait être modifié si c’est nécessaire. 

« L’avantage des règlements, c’est que c’est beaucoup plus facile à changer, à faire évoluer que des lois »,  a-t-il affirmé.

Sur la décision d’augmenter le montant maximal, Steven Guilbeault explique que c’est pour s’assurer que la prochaine commissaire ait « plus de moyens et de mordant ».

« Il y en a d’autres (des moyens) évidemment, mais ça en est certainement un, soutient le ministre du gouvernement Carney. Ce n’est quand même pas rien là. Je veux dire, c’est pas mal plus que l’inflation. Mettons ça comme ça », lance-t-il avec un sourire.

Jeudi, les parlementaires au Comité des langues officielles ont déjà signalé leur intention de procéder à une étude sur le prochain règlement, ce qui a été salué par Raymond Théberge, qui estime que « des discussions publiques sont nécessaires pour que nous ayons une compréhension commune de sa nature et de sa portée ».

Immigration francophone : Ottawa annonce 3,6 millions de dollars pour quatre nouveaux projets

OTTAWA – Le fédéral financera quatre projets touchant l’immigration francophone hors Québec d’une valeur de près de 3,6 millions de dollars.

La ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) Lena Metlege Diab en a fait l’annonce jeudi à l’Université Saint-Paul à Ottawa.

Une partie de l’enveloppe ira à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) qui bénéficiera d’un financement de 658 000 dollars sur 4 ans. Cet argent servira à améliorer la coordination des partenaires et à créer une communauté de pratique pour aider les étudiants internationaux dans leur transition vers la résidence permanente, tout en actualisant une étude pour mieux cerner leurs défis, indique un communiqué de presse sur l’annonce.

En Ontario, le Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell (CSEPR) pilotera un projet visant à aider les entreprises de l’Est ontarien à attirer près de 80 immigrants francophones qualifiés.

Du côté de la Nouvelle-Écosse, l’Université St-Anne sera financée pour une initiative qui « accompagnera 45 étudiants internationaux des campus de Pointe-de-l’Église et d’Halifax, dans leur parcours d’immigration ». Finalement au Nouveau-Brunswick, le ministère provincial de l’Emploi recevra de l’argent pour un projet de recrutement de professionnels de la santé marocains.

IRCC n’a pas précisé le détail des montants de ces trois autres projets ni sur combien d’années ils s’étendent.

« Ensemble, ces projets montrent concrètement ce que le programme d’appui à l’immigration francophone rend possible. Il crée des emplois, renforce la francophonie et fait grandir l’économie au bénéfice de tous les Canadiens », a affirmé la ministre en conférence de presse lors de l’annonce.

La ministre de l’Immigration Lena Metlege Diab lors d’une annonce jeudi à l’Université Saint-Paul. Crédit image : ONFR

Étudiants étrangers francophones

C’était la première fois que Mme Diab abordait en conférence de presse la question de la plainte formulée par l’ACUFC, déterminée comme fondée par le commissaire aux langues officielles qui vise son ministère et la nouvelle réduction du nombre d’étudiants étrangers.

« C’était nécessaire », a-t-elle indiqué sur ce nouveau coup de frein instauré par Ottawa.

« Mais maintenant, j’espère qu’avec les cibles qu’on a lancées pour 2026 et avec la collaboration de nos institutions, on va travailler ensemble pour faire meilleur pour les étudiants étrangers qui viennent chez nous au Canada, et pour les institutions qui accueillent ces étudiants et puis tous les Canadiens », a-t-elle ajouté.

Concernant les établissements francophones, celle-ci n’a pas précisé si des modifications étaient apportées au plafond des étudiants étrangers. Rappelons que le commissaire aux langues officielles avait déterminé qu’IRCC avait violé la Loi sur les langues officielles en instaurant ce plafond.

« On a un programme pilote qui est en marche maintenant. C’est la première année et il y a beaucoup de discussions et de collaborations et on espère que ça va marcher très bien pour nos institutions, mais on est toujours là pour collaborer », a-t-elle soutenu en lien avec ce projet qui exempte près de 2000 étudiants francophones du plafond national.

Des « dead ducks » de Lévesque à la colère de Trudeau : la naissance de la première association de francophones hors Québec

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) fête en ce 27 novembre son 50e anniversaire. C’est en 1975, dans un contexte de débats intenses entre le Québec et le Canada anglais qu’est créée la première association nationale de francophones hors Québec. On vous ramène en récit dans les premières années de cette nouvelle association. Une « gang de jeunes », qui « n’avait pas froid aux yeux », des jeunes « méchants » aux yeux de Pierre Elliott Trudeau qui ont décidé de confronter un certain René Lévesque.

On est en 1975 à Chicoutimi au Congrès de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF). Dans la salle se trouvent des acteurs communautaires, éducateurs et universitaires. Mais deux jeunes dans la mi-vingtaine, un Franco-Manitobain et un Acadien ont un autre objectif en tête, créer une association de francophones hors Québec.

Cette idée n’est pas nouvelle, elle a fait son bout de chemin à travers des discussions entre le Manitobain Hubert Gauthier et le Néo-Brunswickois Michel Bastarache. Ils sont alors respectivement présidents de leur association francophone provinciale.

« On s’est rendu compte que les gens de l’ACELF n’étaient pas capables de nous représenter. D’abord, ils étaient surtout québécois et pas francophones hors Québec et ils choisissaient des thèmes qui ne correspondaient pas aux priorités de nos associations », raconte en entrevue Michel Bastarache près de 50 ans plus tard.

Par la suite, il a fallu convaincre les associations provinciales d’embarquer notamment l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO), « très hésitante au début », se souvient l’ancien juge de la Cour suprême. L’ACFO s’est ralliée une fois que « tout le monde a commencé à adopter notre façon de faire ». Ça a été un travail de « longue haleine » d’en convaincre certains, se remémore Hubert Gauthier, mais cette « gang de jeunes, tous en bas de 30 ans », n’entendait pas à recevoir non comme réponse, se rappelle-t-il.

« Nos pères faisaient partie de ça (les associations francophones provinciales) et nos pères, quand on parlait de ça, ils nous trouvaient presque baveux, ils nous trouvaient audacieux, ils trouvaient que nous allions bien trop vite et que nous allions tout casser », affirme Hubert Gauthier.

Le premier président de la FCFA, anciennement FFHQ, Hubert Gauthier. Archives ONFR

« Notre jeune génération, nous n’avions pas froid aux yeux. Nous avions décidé qu’il fallait faire notre place et dire les choses telles qu’elles étaient : que oui, nous nous assimilons, et que si on ne faisait pas quelque chose, nous allions tout droit chez le diable », ajoute celui qui sera le premier président de la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ), avant de démissionner pour en devenir le directeur général.

« Il n’y a personne qui voulait risquer sa vie pour être le directeur général d’une organisation dont on ne savait pas où ça aboutirait (…) J’avais 26 ans, 27 ans, ça n’a pas de maudit bon sens », raconte-t-il en riant près d’un demi-siècle plus tard.

Contexte

Dans les années 1970, l’accès à des écoles de langue française était réduit à la bonne volonté des provinces et recevoir des services en français dans certaines régions relevait de l’utopie sans oublier que le poids démographique des francophones hors Québec était en chute.

L’association se crée aussi dans un contexte sociétal plutôt explosif. L’arrivée au pouvoir du Parti Québécois en 1976 coïncide avec l’essor d’un nationalisme identitaire au Québec, dans un contexte de préparation référendaire qui aboutira en 1980. L’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969 n’a eu aucune retombée, ou presque, pour les francophones en situation minoritaire au cours des années, clame la FFHQ à cette époque.

« Les gens étaient très très solidaires parce qu’ils étaient convaincus que ça allait marcher, qu’il y avait de la place pour nous dans le débat public », remarque Michel Bastarache, qui concède qu’il y a eu très peu d’embûches pour la création de ce qui est aujourd’hui la FCFA.

Rapidement après sa constitution en novembre 1975, la FFHQ fait sa marque, mais c’est véritablement en 1977 qu’elle obtient une certaine notoriété en publiant un manifeste choc, « Les Héritiers de Lord Durham ». Ce document décrit la situation alarmante des francophones en milieu minoritaire, ce qui attire l’attention de Québec, du gouvernement fédéral et des médias à l’époque. 

Photo du comité politique de la FFHQ en 1976 (Gracieuseté FCFA/autorisation d’utilisation obtenue de Sophie Gaulin du journal La Liberté)

« Notre situation de francophones hors Québec ressemble à celle d’une famille devant sa maison incendiée. Elle est sans abri, les yeux rivés sur quelques biens épars. Mais il lui reste la vie », peut-on lire dans ce document.

« On a présenté ça à la galerie de presse à Ottawa et puis il y avait probablement 100 journalistes qui étaient là, à ce moment-là, c’est extraordinaire, tu sais. Mais nous autres, je ne pense pas qu’on a pris conscience de l’ampleur de ce qu’on faisait », avoue candidement M. Gauthier.

Un Trudeau en colère 

Dans ce contexte et à la suite de la publication de son rapport en 1977, la FFHQ demande une rencontre avec le premier ministre du Québec René Lévesque et celui du Canada Pierre Elliott Trudeau.

« Nous parvenons à jouer avec les deux parties. À Ottawa, les politiciens détestent notre flirt avec les séparatistes », écrit Michel Bastarache dans son autobiographie en 2019. 

« Ottawa nous a même dit qu’à un moment donné, vous mettez en cause vos subventions vous autres quand vous faites ça . Ben nous autres, qu’est-ce qu’on a fait le lendemain matin, on a dénoncé ça publiquement », confirme Hubert Gauthier au bout du fil.

« Je me suis fait dire par de hauts fonctionnaires ma gang de p’tits criss, on va vous enterrer dans l’argent »

Hubert Gauthier, co-fondateur de la FFHQ

Ils obtiennent leurs rencontres et c’est un Pierre Elliott Trudeau pas nécessairement content qui les accueille et qui juge les représentants de l’organisation francophone de « méchants », écrit l’ancien juge de la Cour suprême dans sa biographie : Ce que je voudrais dire à mes enfants.

« Notre rencontre avec le premier ministre Trudeau est assez mémorable puisqu’il semble particulièrement irrité que nous ne l’appuyions pas ouvertement. Après quelques minutes seulement, il nous accuse de ne pas être très reconnaissants à son endroit. Il nous reproche de le critiquer publiquement », écrit Michel Bastarache.

Hubert Gauthier se souvient aussi de l’accueil réservé à une FFHQ, qui n’avait pas peur de brasser la cabane. « Je me suis fait dire par de hauts fonctionnaires : ‘ma gang de p’tits criss, on va vous enterrer dans l’argent’ (…) Quand je regarde ça en rétrospective, c’est quasiment ça qu’ils ont fait parce qu’on a eu des subventions. »

Un René Lévesque repentant

Pour la rencontre avec René Lévesque, c’est plutôt les deux francophones en milieu minoritaire qui attendent le premier ministre québécois avec une brique et un fanal. Quelques années auparavant, le politicien indépendantiste avait, lors d’une entrevue à CBC, qualifié les francophones hors Québec de dead ducks, une expression qui résonne encore 55 ans plus tard.

Les deux co-fondateurs de la FCFA éprouvent envers le premier ministre du Québec, René Lévesque « une forte amertume après qu’il nous a traités de dead ducks », écrit Michel Bastarache dans son autobiographie. Crédit : Duncan Cameron/Bibliothèque et Archives Canada/PA-115 039

« Quand on a été voir René Lévesque, évidemment, on voulait lui faire avaler ça jusqu’à un certain point, raconte Hubert Gauthier. On lui a dit : ‘Ce n’était pas très gentil ce que vous êtes venu nous dire au Manitoba’, et moi, j’étais le Franco-Manitobain en place là, tu sais. »

Monsieur Gauthier poursuit : « Et puis, René Lévesque a répondu : ‘Je vous regarde et vous avez l’énergie, vous êtes une gang de jeunes,’ il dit, ‘Je ne peux pas faire autrement que de souligner et d’accepter que ce que j’ai dit, bien, peut-être que je me trompe, tu sais.’ Forcément, ça nous a fait plaisir. »

« Et ce que ça a donné, c’est que le Québec nous a même subventionnés, pas avec une très grosse subvention, mais à ce moment-là, ça irritait Trudeau et sa gang à Ottawa », rapporte celui qui s’est joint plus tard à la Société Santé en français pendant plusieurs années.

Les décennies suivantes pour la FCFA seront marquées par de nombreuses négociations constitutionnelles qui domineront le débat jusqu’aux années 90. On peut penser aux référendums de 1980 et 1995, au rapatriement de la Constitution, à l’Accord du lac Meech et à l’Accord de Charlottetown.

On note aussi les nombreux combats juridiques menés par les francophones sur l’éducation en milieu minoritaire en Alberta, en Ontario, et à l’Île-du-Prince-Édouard, les causes se sont multipliées entre 1980 et 2000.

La ville d’Ottawa peine à installer les nouveaux panneaux bilingues

Le retrait des radars photo, imposé par la Province, devait être compensé par de nouveaux panneaux de signalisation bilingues dans les zones scolaires et communautaires. Mais Ottawa fait face à des panneaux trop grands pour être installés, retardant leur mise en place.

À Ottawa, le remplacement des radars photo, interdit depuis le 14 novembre dernier par le gouvernement de l’Ontario, par les panneaux de signalisation bilingues dans les zones scolaires et communautaires ne se déroule pas comme prévu.

« Les panneaux livrés la semaine dernière sont très grands, entre 8 et 10,6 pieds de haut, et ne peuvent pas être fixés à des poteaux ordinaires », indique à ONFR Kunjan Ghimire, gestionnaire des programmes de contrôle automatisé de la vitesse à la Ville d’Ottawa. Il précise que la Ville avait demandé des panneaux bilingues et qu’elle a reçu, pour l’instant, des panneaux temporaires bilingues.

Le MTO indique que des panneaux de 900 mm de large remplacent les radars fixes dans certaines zones scolaires pour renforcer la visibilité. Photo : Ville d’Ottawa.

« Nous collaborons avec la Province afin de trouver une solution et installerons les panneaux dès que possible », ajoute-t-il.

Contacté par ONFR, le ministère des Transports de l’Ontario (MTO) a précisé que les écoles qui disposaient de radars automatiques municipaux fixes reçoivent des panneaux de 900 mm de large pour améliorer la visibilité et la sécurité. Ces grands panneaux, ajoute la même source, « viendront compléter la signalisation scolaire existante dans la région ».

La province souligne également qu’elle a fourni tous les détails aux municipalités il y a plus d’un mois et a même proposé d’installer les panneaux.

« Tous les panneaux, y compris les panneaux bilingues, commandés par la Ville d’Ottawa ont été expédiés. Le MTO a produit des panneaux en anglais et bilingues, ce qui est une pratique courante et conforme à nos exigences », assuré le ministère.

Par ailleurs, en parallèle aux panneaux, la Ville prévoit également mettre en place des mesures permanentes afin d’améliorer la sécurité, comme l’ajout de dos d’âne dans certaines zones.

Avant leur interdiction, Ottawa comptait 60 radars photo actifs, tous désactivés le 14 novembre 2025. La Ville prévoyait également en installer 24 nouveaux d’ici la fin de l’année. Les caméras de surveillance des feux rouges, elles, demeurent en service.

Langues officielles : Ottawa veut imposer jusqu’à 50 000 $ d’amende aux transporteurs publics

OTTAWA — Le gouvernement fédéral veut sévir encore plus envers les entreprises de transport fédérales qui ne respectent pas leurs obligations linguistiques en permettant au commissaire aux langues officielles de leur imposer jusqu’à 50 000 $ en pénalité financière. Cette proposition fait partie du premier de trois règlements visant à pleinement mettre en œuvre la Loi sur les langues officielles.

Le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes et ministre responsable des Langues officielles, Steven Guilbeault, a déposé en Chambre ce projet de règlement qui vise à mettre en application cette section sur les nouveaux pouvoirs du commissaire aux langues officielles. 

« Les gens qui voyagent au Canada doivent être en mesure de recevoir des services en français et en anglais, partout et en tout temps. Cet avant-projet de règlement vient renforcer la véritable égalité entre ces deux langues et répondre aux préoccupations exprimées par les voyageurs qui souhaitent être servis dans la langue officielle de leur choix », a déclaré le ministre Guilbeault par voie de communiqué.

De 25 000 à 50 000 $ d’amende

En 2023, l’adoption de la modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO) donnait le pouvoir au commissaire de distribuer des amendes aux entreprises de compétence fédérale qui desservent le public voyageur comme Air Canada, VIA Rail, Marine Atlantique et les administrations aéroportuaires. Or, cet outil n’est pas en vigueur à l’heure actuelle en raison du fait qu’il attend la mise en vigueur de ce décret déposé mercredi. La mouture adoptée en 2023 permettait d’imposer des pénalités financières allant jusqu’à 25 000 dollars par violation de la LLO.

Or, le projet de réglementation de Steven Guilbeault va plus loin. Les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations linguistiques pourraient faire l’objet de sanctions pouvant aller à 50 000 $ par violation, y apprend-on dans la version déposée au Parlement mercredi.

Le montant des pénalités financières sera déterminé en fonction de « la gravité de la situation, sa répétition et son impact, les mesures correctives prises ainsi que la taille de l’organisation », indique le communiqué de presse. Le projet de règlement du ministre Guilbeault prévoit une pénalité financière entre 5000 $ et 50 000 $ par violation de la Loi sur les langues officielles.

Les montants et types de violations que pourra décerner le Commissariat aux langues officielles aux entreprises fédérales desservant un public voyageur. Capture d’écran de Patrimoine canadien.

On ne sait pas pour le moment quand le commissaire pourra officiellement disposer de ce nouveau pouvoir de distribuer des pénalités financières. Il faut compter encore plusieurs mois, car le processus de réglementation nécessite au moins soixante jours de séances au Parlement, un processus de consultation pour finalement aboutir à la fin, à l’adoption du règlement.

On mentionne aussi la possibilité que ce règlement soit revu à chaque 10 ans « pour en assurer la pertinence ».

Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge.
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Photo : Commissariat aux langues officielles du Canada

Raymond Théberge avait souvent comparé le nouveau processus d’enquête à une autoroute avec chaque nouveau pouvoir correspondant à une sortie. 

« On reçoit une plainte, puis on peut aller en médiation pour résoudre le problème rapidement. On peut aussi conclure une entente de conformité avec des échéanciers en spécifiant les résultats. Si l’entente de conformité n’est pas respectée, on peut émettre des ordonnances, comme le font les tribunaux… Et plus tard, avec la possibilité d’imposer des sanctions pécuniaires », avait-il expliqué aux sénateurs du Comité permanent des Langues officielles en mai 2024.

Loin des Raptors, Pascal Siakam continue d’impacter Toronto et sa communauté francophone

TORONTO – De retour dans la Ville reine avec les Pacers de l’Indiana, attendus ce mercredi face aux Raptors, Pascal Siakam a rappelé qu’il n’oublie pas la ville où il a passé huit saisons en NBA. Malgré la distance, l’ancien Raptor reste impliqué à Toronto grâce à sa fondation PS43, dont l’impact se fait sentir dans la communauté francophone. Lors du lancement de la deuxième cohorte du Siakam EdTech Engine, mené avec l’incubateur DMZ, le travail du fondateur francophone Jonathan Bloomfield, membre de la première cohorte a été mis de l’avant. Startups, éducateurs et partenaires y ont dressé un premier bilan du programme lancé en février dernier.

Interrogé en français par les médias francophones présents à l’événement, Pascal Siakam a insisté sur l’importance personnelle de garder la Fondation PS43 active à Toronto, malgré son départ des Raptors.

« Je me sens toujours bien quand je reviens à Toronto, bien sûr. C’est comme une maison ici pour moi, donc ça fait très plaisir d’être là. […] Continuer à avoir la fondation ici, même après que je sois parti, c’est quelque chose d’exceptionnel, quelque chose qui était très important pour moi. »

Il ajoute que cet événement reflète les efforts fournis pour maintenir la présence de PS43 dans la ville.

« On a travaillé dur pour que ça se fasse. Être ici, avoir un événement comme ça, c’est quelque chose de génial. Ça prouve que les choses qu’on s’est promises se passent. »

Pascal Siakam a rappelé son attachement à la ville de Toronto, où il a passé la majeure partie de sa carrière en NBA, avant son départ en janvier 2024. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

La technologie au cœur du partenariat

Interrogé sur sa collaboration avec l’incubateur torontois, Siakam a rappelé l’importance cruciale de la technologie en éducation.

« La technologie, nous savons que c’est l’avenir. Le travail qu’ils accomplissent est très important pour le monde, et y participer m’a vraiment fait plaisir. Ils sont d’excellents partenaires pour nous et la fondation. »

Le Siakam EdTech Engine offre un accompagnement de douze semaines aux jeunes entreprises en technologie de l’éducation (EdTech), incluant un mentorat de Google for Startups, des ateliers spécialisés et un accès direct aux réseaux scolaires du Canada et des États-Unis.

Des portes ouvertes pour un entrepreneur francophone

Parmi les entrepreneurs qui ont bénéficié du programme, un jeune francophone Jonathan Bloomfield était présent mercredi soir. Il fait partie des fondateurs et a participé à la première cohorte. Il explique avoir créé sa plateforme qui simplifie les tâches administratives des professeurs. Faire partie de ce programme lui a permis d’ouvrir des portes qui lui étaient fermées jusque-là.

« C’est très difficile d’entrer en contact avec les administrateurs qui travaillent pour les conseils scolaires. On a également eu accès à du mentorat de professionnels d’industrie chez Google et du soutien d’entrepreneurs très chevronnés ici au DMZ.

Du côté de PS43, on a pu présenter notre travail au Conseil scolaire catholique de Toronto et au IMSA (Indiana Math and Science Academy West) une école située à Indianapolis aux États-Unis, et on a eu de très belles rétroactions. »

Jonathan Bloomfield est un ancien enseignant à Toronto Ouest, son expérience en enseignement l’a encouragé à apprendre le codage et à lancer son entreprise. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Une plateforme rendue accessible aux Francos

Ancien enseignant devenu entrepreneur, Jonathan Bloomfield explique que le programme lui a permis de faire évoluer très concrètement sa plateforme destinée à alléger les tâches administratives des professeurs. Les échanges avec les conseils scolaires et le mentorat technique l’ont poussé à rendre son outil plus accessible, notamment pour les écoles francophones.

« On a pu améliorer notre communication, on a traduit notre plateforme en français pour que les enseignants francophones puissent en bénéficier. Et on a plusieurs nouvelles surprises qui s’en viennent dans les prochains six mois. »

Au-delà des aspects techniques, Bloomfield insiste sur la portée symbolique du soutien de Siakam et de sa fondation. Pour lui, être associé à l’initiative d’un athlète si important dans l’histoire récente de Toronto représente un moteur supplémentaire.

« C’est un honneur et je pense que c’est une très belle chose de voir à quel point son impact n’est pas centré que sur le basket. En voyant le travail qu’il fait avec son organisation PS43, non seulement pour appuyer les futurs athlètes, mais les futurs chefs d’industrie, les entrepreneurs, c’est un plaisir de participer. »

Membres de la première cohorte Siakam EdTech Engine Photo : DMZ

Une ambition qui dépasse les frontières

Pour Pascal Siakam, le Siakam EdTech Engine n’a jamais été pensé comme un programme exclusivement torontois ou même nord-américain. L’ancien Raptor insiste sur la nécessité d’apporter ce type d’initiatives là où les besoins éducatifs sont les plus criants, en particulier dans les communautés sous-desservies.

« La Fondation, c’est le Cameroun, c’est l’Afrique, c’est Toronto, c’est les États-Unis… c’est partout. Globalement, on veut essayer d’être où on peut. »

Et lorsqu’on lui demande s’il imagine un événement similaire dans son pays natal, la réponse est immédiate.

« Oui, bien sûr. […] En Afrique, au Cameroun, avoir des ressources comme ça, c’est très important. Pour moi, avoir quelque chose comme ça, ce serait très bien. »

« L’isolement est l’un des principaux obstacles à l’intégration », dit Fété Ngira-Batware Kimpiobi

Fété Ngira-Batware Kimpiobi est la fondatrice et directrice générale du SOFIFRAN (Solidarité des femmes immigrantes francophones du Niagara) depuis sa genèse, en 2007.

Nouvelle récipiendaire du Prix de la ministre des Affaires francophones, pour son engagement envers les familles immigrantes francophones de la région, cette leader communautaire de Welland sortira en décembre un guide pour les nouveaux arrivants au Canada, Petit GPS pour ne pas perdre le nord.

Convaincue du fait que l’isolement constitue l’un des principaux obstacles à l’intégration, Mme Ngira-Batware Kimpiobi étudie la création d’une chaîne de télévision communautaire pour aiguiller et rapprocher les populations francophones du Niagara.

« Vous avez reçu le prix de la ministre de la Francophonie au Congrès de l’AFO en octobre dernier. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Je suis une personne simple qui relativise beaucoup. Ce prix dépasse la reconnaissance individuelle, il symbolise l’aboutissement d’une œuvre collective. Et c’est pour ça que dans mon discours j’ai parlé de la communauté qui m’a reconnue et qui m’a donné l’opportunité de la servir. Ça reste un aboutissement bien sûr, mais si la communauté n’avait pas été là, je n’en serais pas là non plus. La collectivité, le fait d’être ensemble, c’est extrêmement important.

Cette fin d’année, vous publiez un livre intitulé Petit GPS pour ne pas perdre le Nord, soit un guide pour les immigrants. En quoi consiste-t-il ?

Je l’ai pensé comme un abécédaire qui aborde différents aspects qui touchent les immigrants qui arrivent ici. Il s’agit d’un mode d’emploi du nouvel arrivant. Le parcours d’immigrant, je le connais très bien moi-même et, plus tard, en travaillant avec les immigrants, j’ai vu leur fragilité et leurs difficultés. J’ai assisté aux erreurs commises par ignorance et par manque d’informations.

J’ai aussi vu l’impatience des Canadiens qui sont eux dans leur pays. D’une certaine manière, c’est aux arrivants de s’adapter et pas le contraire. C’est pour cette raison que j’ai écrit ce livre. Il m’aura fallu un an et chaque fois qu’une anecdote utile arrivait, il me fallait l’ajouter. Avec ma nouvelle maison d’édition AB Éditions, nous visons une sortie pour décembre 2025.

Vous envisagez de lancer un programme de télévision communautaire francophone dans le Niagara. Pourquoi une telle initiative?

Ce serait en effet l’idée d’une télévision communautaire. On en est à une étape très préparatoire de mise en place et de constitution d’un plan stratégique avec des gens du milieu.

On se trouve dans le Niagara, une région qui accueille énormément de nouveaux arrivants, migrants ou réfugiés. Non seulement ces nouveaux arrivants sont déboussolés, mais ils n’ont pas de contact. L’isolement est l’un des principaux obstacles à l’intégration. Donc c’est une population qui a besoin d’être suivie tout le temps, de recevoir de l’information, d’être connectée avec la communauté et avec les partenaires qui offrent des services d’immigration. Cette chaîne de télévision pourrait être une sorte de passerelle ou de levier qui permettrait de connecter les gens. Ma vision depuis toujours est la suivante : ça ne sert à rien de quitter son pays pour venir vivre avec les gens de chez soi. Mais il faut les aider pour qu’ils puissent vraiment s’intégrer.

Quels thèmes seraient adressés?

Ce serait toutes sortes d’informations utiles, par exemple sur la vie communautaire et sociale, les thèmes de la santé, adaptés parfois à des contextes culturels uniques. La vie économique en ferait partie, avec une mise en avant de l’entrepreneuriat francophone qui est fort dans la région.

Comment la francophonie évolue-t-elle dans la région du Niagara?

Avec 11 écoles de langue française, quatre églises francophones, une immigration active et des organismes francophones (Centre de santé, ABC communautaire, Collège Boréal), la francophonie est très vivante pour une si petite région. Le maire (anglophone) de Welland, Frank Campion, fait des efforts formidables à titre personnel et lit son discours en français à chaque événement. Cependant, dans les différents comités et les institutions officielles, dont la mairie ou les hôpitaux, il faudrait qu’on puisse sentir la présence francophone et avoir accès à plus de services en français. »

Le commissaire Théberge s’offre comme professeur de français de Carney

OTTAWA — Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge s’explique mal que le premier ministre Mark Carney n’ait plus de professeur de français depuis maintenant près de trois mois. 

« J’ai l’impression qu’il y a des professeurs de français qui sont disponibles », a-t-il commenté en conférence de presse mardi lors de la présentation d’un rapport sur le Plan d’action pour les langues officielles.

Rappelons que M. Carney se retrouve sans enseignante de français depuis le 2 septembre, en raison du départ de celle-ci de la région de la capitale nationale. C’est ce qu’avait expliqué le chef de cabinet du premier ministre, Marc-André Blanchard, dans une lettre au Comité des langues officielles. Il précisait qu’un remplaçant « serait choisi sous peu et les séances de formation devraient reprendre avant la fin de cette année ».

« Je serai disponible à compter du 1er février », a lancé Raymond Théberge à la blague lors de sa conférence de presse.

Ce dernier prend sa retraite à la fin janvier 2026. La Franco-Ontarienne Kelly Burke est pressentie pour lui succéder.

11 heures de cours de français

La semaine dernière, le bureau du premier ministre a confirmé que le premier ministre a suivi 11 heures de cours de français en près de six mois depuis son entrée en fonction. Ces cours ont eu lieu entre le 30 juin et le 2 septembre.

Le chef de cabinet de M. Carney soutenait dans sa lettre que pour l’ex-gouverneur de la Banque du Canada, parfaire son français est un enjeu « qui lui tient réellement à cœur ». M. Blanchard avait aussi spécifié que les hauts fonctionnaires de son équipe étaient des francophones et que le premier ministre interagit avec les médias et son bureau dans la langue officielle de leur choix.

« À mon avis, il est également souhaitable que le premier ministre du Canada s’exprime de manière équitable dans les deux langues officielles, afin de rejoindre l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes », a indiqué à ONFR par courriel après la conférence de presse, le commissaire aux langues officielles.

« Le bilinguisme du premier ministre représente non seulement une compétence, mais aussi un symbole fort de l’identité canadienne et de l’égalité linguistique », ajoute M. Théberge

Même si la Loi sur les langues officielles « impose des obligations aux institutions fédérales, et non aux individus », poursuit-il, « il me semble néanmoins souhaitable qu’il incarne ces valeurs en s’exprimant lui-même dans les deux langues dans le cadre de ses fonctions ».

Sécurité : les résidents d’Overbrook réclament des mesures concrètes

OTTAWA – Les résidents d’Overbrook, l’un des quartiers vulnérables de la capitale, ont réitéré lundi soir leur appel à des actions concrètes contre l’insécurité. Police, organismes communautaires et citoyens s’étaient déplacés en grand nombre pour une réunion organisée par l’Association communautaire d’Overbrook, en présence du conseiller municipal Rawlson King.

« Cet été, il s’est passé trop d’événements inquiétants : des situations violentes, des accidents, même des morts. Ça doit changer et c’est pour ça qu’on est ici », a déclaré à ONFR David Ferguson, lors d’une réunion sur la sécurité à Overbrook, lundi soir. 

Membre du conseil d’administration de l’association, il cite notamment la mort tragique d’un enfant de cinq ans, happé par un camion le 15 octobre sur le chemin Presland, dans une zone de construction.

« Certains résidents n’aiment pas parler à la police. Il faut créer plus de liens, plus de compréhension », souligne David Ferguson. Photo : Amine Harmach / ONFR

Elle-même mère d’un enfant de 5 ans, Mandy Metcalfe réside dans le quartier depuis 2017. Elle observe une dégradation des conditions routières dans ce secteur qui se situe à proximité du quartier Vanier.

« Là où j’habite, il y a presque un accident par jour », s’inquiète-t-elle. Elle raconte également avoir été victime de vol : « On m’a volé mon vélo. C’était mon premier vélo. »

Elle repart toutefois de la rencontre mieux informée. 

« Beaucoup de résidents ne savent pas vers qui se tourner pour faire un signalement. Aujourd’hui, c’était très informatif, je sais maintenant à qui m’adresser », a-t-elle confié alors qu’elle remplissait un sondage sur la sécurité, partagé durant cette rencontre. 

Tout au long de la soirée, plusieurs organismes et intervenants se sont succédé pour présenter leurs services et renforcer le dialogue avec les résidents de ce quartier dont près de la moitié est bilingue. 

Pour Robynn Collins, spécialiste de l’accueil communautaire au Service de police d’Ottawa, un problème demeure central : le manque de signalements.

« Beaucoup de personnes hésitent à appeler, par peur d’être identifiées ou de représailles. Or la police va là où les appels nous mènent. Si les crimes ne sont pas signalés, on ne peut pas savoir qu’un problème persiste », affirme-t-elle.

Les caméras, une solution?

Lors de sa présentation, le sergent Sébastien Lemay a détaillé plusieurs initiatives, dont CAMsafe, un registre volontaire lancé au printemps. Celui-ci permet aux résidents et aux entreprises d’indiquer s’ils souhaitent partager, sur demande, les images de leurs caméras de surveillance.

Selon lui, l’outil vise avant tout à faciliter les enquêtes et à remplacer le porte-à-porte traditionnel.

Le sergent Sébastien Lemay et Robynn Collins ont insisté sur l’importance des signalements et de la collaboration entre police et résidents. Photo : Amine Harmach / ONFR
« Ce n’est pas Big Brother. On n’a pas accès aux caméras. On identifie seulement les adresses où il pourrait y en avoir. »

Ottawa frôle désormais les 1000 inscriptions sur le registre, grâce aux événements communautaires et aux codes QR distribués sur le terrain, précise le sergent Sébastien Lemay, ajoutant que les caméras déployées récemment par les policiers en première ligne sont également concernées. 

Il insiste sur le gain de temps et de ressources, dans un contexte où les effectifs sont limités. La plateforme permet, « en un clic », d’identifier les résidences équipées d’une caméra et de contacter rapidement leurs propriétaires pour vérifier les images, qu’il s’agisse d’un véhicule suspect, de personnes recherchées ou d’un dossier de personne disparue, explique-t-il.

Lors de leur présentation, les services de la Société de logement communautaire d’Ottawa (OCH) (Ottawa Community Housing) ont également déclaré disposer de près de 2900 caméras installées. 

À ce sujet, le sergent Lemay précise que pour obtenir des images, « nos agents ont le réflexe, quand ils approchent d’un édifice ou d’une station, de communiquer avec OCH ou OC Transpo, qui dispose pour sa part de dizaines de milliers de caméras ».

Ces caméras ne figurent toutefois pas dans CAMsafe, faute de volume, mais les policiers savent vers qui se tourner lorsqu’un incident survient, assure le sergent Lemay.

Des initiatives qui s’essoufflent

Pour Ismael Awaleh, président de l’Association communautaire d’Overbrook, la méfiance reste forte. Il rappelle qu’il y a cinq ou six ans, la Ville avait tenté d’installer des caméras publiques dans Overbrook, un projet rejeté par les habitants, mais aussi faute de consensus politique à l’échelle du conseil de la Ville.

Ismael Awaleh, président de l’Association communautaire d’Overbrook, explique que la sécurité du quartier demeure une préoccupation importante pour les familles. Photo : Amine Harmach / ONFR

« Aujourd’hui, on demande aux gens d’enregistrer leurs caméras personnelles. Plusieurs voisins craignent que cela ouvre la porte à une forme de surveillance », estime-t-il.

Ismael Awaleh, qui vit dans le quartier Overbrook depuis plus de 20 ans, dit aussi constater que les initiatives communautaires peinent à durer : « Chaque fois qu’on fait un pas en avant, on recule. On nous dit qu’il n’y a pas assez de fonds, que c’était juste un projet pilote. Quand on commence un travail, il faut le finir. »

Il espère néanmoins que les engagements récents mèneront à des actions concrètes.

Pour le conseiller municipal Rawlson King, qui représente le quartier Rideau-Rockcliffe, la clé réside dans la collaboration.

« La sécurité n’est pas seulement l’affaire de la police ou des autorités : c’est aussi celle de la communauté. »

Rawlson King a présidé l’Association communautaire d’Overbrook avant de devenir conseiller municipal. Photo : Amine Harmach / ONFR

Il souligne qu’Overbrook travaille depuis longtemps dans une logique multisectorielle, avec des enjeux complexes : criminalité, usage de drogues, problèmes d’abordabilité, santé mentale. Il rappelle aussi l’existence du protocole de soutien post-incident, un programme pilote lancé dans le quartier.

Plusieurs partenaires étaient présents, dont les représentants du Centre de ressources Rideau-Rockcliffe, du programme d’amélioration de la sécurité des routes à Ottawa, du programme Échec au crime ainsi que des agents du Service d’application des règlements municipaux.

Langues officielles : encore des « problèmes récurrents », s’inquiète le commissaire Théberge

OTTAWA — Dans un bilan à mi-parcours du Plan d’action pour les langues officielles, le commissaire Raymond Théberge s’inquiète que des problèmes récurrents impactent encore les communautés de langues officielles en milieu minoritaire. Ce rapport qui porte entre autres sur l’immigration francophone presse Ottawa d’augmenter plus rapidement sa cible.

« Mon bilan reste mitigé : certains problèmes récurrents compromettent depuis trop longtemps nos communautés dont l’avenir ‒ voire le destin ‒ me tient énormément à cœur », étales comme constat Raymond Théberge.

Ce dernier estime qu’il a encore du pain sur la planche pour les institutions fédérales concernant le Plan d’action.

Ce plan d’action de 2023 à 2028 promettait 4,1 $ milliards pour les langues officielles dans plusieurs domaines : santé, éducation, économie, immigration, arts et culture, etc.

« Ce que je pourrais dire est que l’on constate qu’il y a eu certains progrès, mais comme c’est typiquement le cas quand on parle des langues officielles, on a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à l’égalité réelle. Je pense que le gouvernement doit encore déployer plus d’efforts », a-t-il affirmé en conférence de presse à Dieppe mardi matin pour présenter ce document.

Lors de cette même conférence, l’ancien éducateur et recteur universitaire décerne une note de B au gouvernement pour son travail jusqu’à présent dans cette feuille de route gouvernementale sur les langues officielles.

Hausser la cible en immigration francophone

S’il reconnaît que le gouvernement a fait « un pas dans la bonne direction » en matière d’immigration francophone, il estime que le fédéral a « encore du chemin à faire », citant l’intégration et la rétention des nouveaux arrivants de langue française.

« Je m’attends d’ailleurs à ce que les cibles en admission de résidents permanents d’expression française continuent à progresser, accompagnées de moyens, de ressources et d’une ligne du temps qui permettront d’entrevoir le rétablissement (et l’accroissement au-delà) du poids démographique des minorités francophones », écrit-il dans ce rapport.

Il mentionne aussi que le ministère de l’Immigration vend de fausses perceptions « aux nouveaux arrivants potentiels une vision du vivre en français qui minimise les difficultés auxquelles ils feront face en milieu linguistique minoritaire ». Il s’inquiète particulièrement de l’impact des compressions budgétaires à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

« J’invite IRCC à respecter son engagement d’intégrer une lentille francophone dans chaque étape du développement de l’ensemble de ses politiques et programmes, même dans un contexte de restructuration, de compressions budgétaires et de réduction de l’immigration. »

En novembre, le gouvernement avait annoncé une légère réduction de sa cible en immigration francophone pour les trois prochaines années.

En éducation, Raymond Théberge souligne que dans le cadre des ententes entre les provinces et le fédéral, il y a toujours « une certaine difficulté à suivre le cheminement des fonds issus des ententes ». Selon le commissaire Théberge, « les informations ont tardé à se rendre sur le terrain » auprès des intervenants francophones, plaçant ceux-ci dans « des situations précaires ». 

Le commissaire mentionne aussi une lourdeur administrative qui est imposée aux organismes francophones, notamment dans la reddition de compte avec « des processus rigides et complexes qui entraînent une charge de travail parfois démesurée ».

L’Est ontarien sécurise son service de répartition incendie bilingue

HAWKESBURY – Après des semaines d’incertitude, Hawkesbury et les Comtés unis de Prescott et Russell (CUPR) confirment qu’ils augmenteront dès 2026 la dotation du centre régional de répartition des incendies. Une décision cruciale pour préserver le seul service de répartition incendie francophone entièrement bilingue en Ontario, menacé par l’arrivée du 9-1-1 de nouvelle génération.

L’annonce met fin aux craintes soulevées en automne, alors qu’un rapport interne évoquait la possibilité que Prescott et Russell perdent son service local si les nouveaux standards technologiques ne pouvaient être respectés. 

Le NG911, ou 9-1-1 de nouvelle génération, est un système numérique régulé par la Commission de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) qui doit être pleinement adopté par tous les centres d’urgence canadiens d’ici 2027. Ce système nécessite une présence constante des répartiteurs pour assurer la rapidité et la sécurité des interventions, une exigence que le centre de Hawkesbury ne pouvait pas respecter avec la taille de son équipe actuelle.

Le budget de la répartition passera ainsi à 1,191 million de dollars en 2026, une hausse de plus de 578 000 dollars, afin de doubler le nombre de répartiteurs, de quatre à huit permanents, et d’ajouter deux postes à temps partiel, ainsi qu’un superviseur.

Un modèle désuet

Pour le capitaine du Service des incendies de Hawkesbury, Julien Boisvenue, cette transition était devenue incontournable. Avec le système NG911, les centres doivent utiliser des consoles sécurisées en continu, ce qui rend impossible la présence d’un seul répartiteur par quart, comme c’était le cas jusqu’à maintenant.

« Présentement, il y a un ordinateur dans la cafétéria, dans la cuisine, même un téléphone dans la salle de bain. Si le répartiteur se déplace, il doit pouvoir répondre. Avec le NG911, ça ne peut plus exister », explique-t-il.

« Le ministère du Travail ne permet plus ce genre de pratiques. Les normes recommandent deux personnes sur place en tout temps. »

Le modèle en vigueur depuis des années reposait sur un répartiteur accompagné d’un pompier de garde, qui pouvait prêter main-forte au besoin. 

Une formule devenue intenable : « Si moi je pars en intervention, le répartiteur se retrouve seul. Même appeler un collègue pour se faire aider prend dix ou douze minutes. Ce n’est plus acceptable avec le système qui s’en vient », dit-il.

Un téléphone d’urgence dans la salle de bain du centre de répartition. Photo : Gracieuseté du centre de répartition de Hawkesbury

La francophonie comme force

Le maire de Hawkesbury, Robert Lefebvre, insiste sur l’importance linguistique du centre local, qui dessert l’ensemble des services d’incendie des CUPR, à l’exception de Clarence-Rockland.

« C’est le seul centre de répartition incendie francophone et parfaitement bilingue en Ontario », rappelle-t-il.

« Pour nous, c’était impensable de perdre ça. »
— Robert Lefebvre

Selon lui, la mise à niveau permettra même de solidifier la position du centre dans la région, où plus de 60 % des habitants parlent français comme langue principale, tout en assurant un service bilingue pour l’ensemble de la population.

« Le nouveau système va améliorer la qualité de l’information envoyée aux intervenants. Et ça peut aussi nous permettre d’offrir nos services à d’autres municipalités, peut-être même dans le Nord ou au Québec. »

Le capitaine Boisvenue voit la même occasion : « Notre force, c’est la francophonie. On garantit que si un enfant appelle en français, il aura un répartiteur francophone immédiatement. Pas de transfert, pas de délais. C’est unique. »

Une facture partagée, mais jugée raisonnable

L’augmentation du personnel sera financée par les CUPR, ce qui se traduira par une hausse du coût par habitant. 

« Ça va passer d’environ 6 dollars à 11 ou 12 dollars par citoyen », estime le capitaine Boisvenue, qui demeure confiant que la population comprendra. « Quand il y a un incendie, on nous veut vite. Mais à part ça, on est toujours trop chers », lance-t-il en riant.

Le maire Lefebvre confirme que le financement supplémentaire a été approuvé tant par Hawkesbury que par les CUPR.

« C’était ça, ou perdre le service et devoir envoyer nos appels ailleurs. Ce n’était pas une option. »

Un chantier qui commence dès janvier

Les postes sont désormais affichés en ligne et les nouvelles recrues devront être formées à la technologie NG911, un processus qui prendra plusieurs mois.

Le chef du service des incendies, Brian Wilson, souhaite que les embauches débutent en janvier 2026, afin que le centre soit prêt lors du déploiement du système au cours de l’année.

Malgré le défi financier, Hawkesbury voit dans cette transition une occasion de consolider sa place en tant que pôle de services essentiels en français. 

« Nous sommes fiers d’offrir ce service bilingue », dit le capitaine Boisvenue. « Et maintenant, il sera plus solide que jamais. »

« Les locataires les plus vulnérables en danger », alarme un avocat en droit du logement

Adopté ce lundi à Queen’s Park, le projet de loi 60 favorisera l’expulsion des locataires les plus vulnérables, selon un avocat francophone spécialiste du droit du logement. Une Commission de la location immobilière (CLI) défaillante, un pouvoir plus unilatéral en faveur des lobbies de propriétaires… Celui-ci expose ses vues sur un contexte systémique et ses effets sur les droits des locataires.

Le projet de loi 60, dont le vote a été perturbé par de violentes protestations du public à Queen’s Park, a été adopté à 71 voix contre 43 « non » des trois partis d’opposition. « Vous mettez les gens à la rue », pouvait-on notamment entendre de la tribune.

Pierre-Étienne Daignault, avocat et directeur à la clinique juridique de Prescott et Russell, est spécialisé en droit du logement.

Il dénonce un projet de loi au pouvoir « unilatéral » au détriment des locataires : réduction du délai pour les demandes de loyer impayé de 14 à 7 jours, réduction des délais de contestation d’une décision de la Commission de la location immobilière, de 30 jours à 15 jours, ou encore obligation de payer 50 % des arriérés avant de pouvoir formuler une défense à la CLI.

Les locataires seront également tenus de faire une requête de défense ou de dénonciation au préalable avec preuve, plus automatiquement incluse au processus.

Le projet de loi permettra ainsi aux propriétaires de récupérer leurs logements plus rapidement, laissant craindre encore de rénovictions cachées.

« Le gouvernement a tout de même dû reculer sur la mesure la plus inacceptable, explique celui-ci. Celle du non-renouvellement du bail, à la fin duquel un propriétaire pouvait faire partir son locataire à sa guise, ou pouvait augmenter de 500 dollars le loyer si ça lui chantait et évincer n’importe qui. »

Une Commission de la location immobilière « dysfonctionnelle »

« C’est un peu les mesures ‘bonbons’ que les propriétaires ont demandées. On va accélérer le tribunal dysfonctionnel en usant les locataires. Non seulement on ne va pas les écouter, mais on ne va le faire que dans certaines circonstances. »

Selon Me Daignault, le cœur du problème se situe à la Commission de la location immobilière qui serait dysfonctionnelle : « L’Ombudsman Paul Dubé l’affirme dans son rapport de mai 2023 Justice administrative retardée, équité refusée : ce tribunal (la Commission de la location immobilière) est fondamentalement défaillant en Ontario ».

Pierre-Étienne Daignault, avocat spécialisé en droit du logement, est également directeur de la clinique juridique de Prescott et Russell. Photo : Gracieuseté

« Les associations de locataires le répètent : remettez les audiences en personne et nommez des gens compétents qui ont de l’expérience en droit et en logement. Avant 2018, on avait des audiences en personne traitées dans un délai de deux ou trois mois. Moi, j’ai des audiences qui traînent depuis des années », décrie celui-ci.

« Les locataires les plus vulnérables de notre société sont en danger, affirme Pierre-Étienne Daignault. Pourquoi ouvrir la chasse aux locataires en Ontario? On a pourtant une situation qui est catastrophique au niveau du sans-abrisme et ce n’est pas le moment de serrer la vis. »

L’avocat spécialisé en droit du logement dénonce l’influence du lobby des associations de propriétaires, dont la Federation of Rental Housing Providers of Ontario (FRPO), qui « envoie sa liste au père Noël au gouvernement de l’Ontario pour réduire les délais d’attente et se débarrasser des irritants ».

« La FRPO pèse lourd en donations, insinue-t-il. Il y a 10 ans, ils avaient un budget de lobbyisme de plus de 300 000 dollars. Un montant que je ne connais pas aujourd’hui, mais qui a peut-être bien suivi l’inflation. »

L’opposition contre-attaque

En chambre ce lundi, le ministre des Affaires municipales et du Logement Rob Flack a défendu le fait que « le projet de loi 60 aidera les propriétaires et les locataires en réduisant les délais de traitement. Il faut rétablir l’équilibre dans le système et penser aux petits propriétaires qui doivent payer leur hypothèque. »

« Il rajoute des droits, il n’en enlève pas. Mais les personnes qui ne payent pas leur loyer seront punies devant la Commission », a appuyé le procureur général Doug Downey.

Ce à quoi la néo-démocrate Chandra Pasma (Ottawa-Ouest-Nepean) a objecté : « Je ne pense pas qu’on puisse être fiers d’accélérer les processus d’expulsion ».

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles s’était jointe aux manifestants, à l’occasion de la Journée nationale du logement, protestant contre le projet de loi 60 et réclamant plus de protection pour les locataires. Photo : compte X officiel de Marit Stiles

Marit Stiles, cheffe de l’opposition officielle de l’Ontario, a quant à elle déposé une motion d’opposition demandant à Doug Ford de protéger les locataires ontariens. Cette motion, réclame « plus d’équité à la Commission de la location immobilière (CLI) afin de mettre fin aux expulsions abusives et aux augmentations de loyer supérieures aux lignes directrices ».

Elle demande également au gouvernement Ford d’abroger le projet de loi 60.

« Il s’agit de rendre la vie plus abordable pour les Ontariens, a déclaré la leader néo-démocrate. L’Ontario est confronté à une catastrophe de l’emploi, mais Doug Ford préfère s’attaquer aux locataires et rendre le logement encore plus cher. »

Le chef du Parti vert Mike Schreiner a lui aussi appelé le gouvernement à « abroger le projet de loi » et à « rendre la vie plus abordable pour tout le monde ».

« Depuis l’élection de Doug Ford, les rénovictions ont explosé, les droits des locataires se sont érodés et les temps d’attente à la Commission de la location immobilière n’ont jamais été aussi élevés. Le projet de loi 60 rendra encore plus difficile pour les locataires d’obtenir justice et de tenir les propriétaires fautifs responsables de leurs actes. »

Kelly Burke en lice comme prochaine commissaire aux langues officielles

La juriste franco-ontarienne Kelly Burke serait le choix d’Ottawa pour devenir la prochaine commissaire aux langues officielles. Sa nomination n’est pas officielle encore, car l’approbation est attendue par le premier ministre Mark Carney.

La nouvelle, initialement rapportée par Radio-Canada, selon laquelle Mme Burke a été choisie pour remplacer Raymond Théberge au poste de commissaire, nous a été confirmée. Des notes biographiques avaient été demandées à trois ou quatre personnes pressenties pour le rôle, dans les derniers mois, selon d’autres sources.

Le commissaire aux langues officielles est nommé par le premier ministre sur recommandation d’un comité du Bureau du Conseil privé. Ensuite, le choix doit être approuvé par un comité parlementaire, ainsi que par le Sénat et la Chambre des communes. 

En 2020, Kelly Burke est devenue commissaire aux services en français en Ontario au sein du bureau de l’ombudsman, poste qu’elle a occupé jusqu’en 2023. Cette avocate en droit du travail avait auparavant joué divers rôles dans la fonction publique ontarienne. La Franco-Ontarienne originaire de Cornwall a notamment été sous-ministre adjointe au ministère des Affaires francophones de l’Ontario.

Elle devrait succéder à Raymond Théberge qui a vu son mandat de sept ans être prolongé à deux reprises dans la dernière année. Son mandat intérimaire se termine à la fin janvier.

Le chantier de l’école élémentaire francophone Hamilton Ouest débutera en mars 2026

HAMILTON – La construction de la nouvelle école élémentaire de langue française Hamilton Ouest, annoncée il y a trois ans, débutera dès le mois de mars 2026. L’établissement, qui accueillera 271 élèves et un centre de garde d’enfants de 49 places, sera situé au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville de Hamilton. Le conseil scolaire Viamonde envisage une ouverture pour 2027.

Le gouvernement de l’Ontario avait approuvé et annoncé un investissement de 10,3 millions de dollars pour la construction d’une nouvelle école élémentaire publique à Hamilton en 2022.

C’est au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville de Hamilton que l’établissement scolaire sera situé.

Le Conseil scolaire Viamonde en avait fait l’acquisition dès 2016, avant de procéder à la démolition d’une ancienne école élémentaire (Prince Philip du Hamilton-Wentworth District School Board) dont l’édifice était vétuste.

Imaginée et conçue par la firme d’architectes JP Thomson, cette structure permettra d’accueillir 271 élèves francophones et proposera 49 places en service de garde agréé.

La nouvelle école élémentaire Hamilton Ouest, du Conseil scolaire Viamonde, sera située au 125 chemin Rifle Range, dans l’ouest de la Ville. Photo : Google Maps

« Nous avons reçu l’approbation ministérielle pour sélectionner un entrepreneur en construction », explique à ONFR Steve Lapierre, le directeur des communications du conseil scolaire Viamonde, à la suite de laquelle un processus d’appel d’offres sera lancé.

« Ceci sera fait dans les prochaines semaines, avec un début de chantier probable en mars 2026, à condition que les soumissions obtenues satisfassent au budget accordé par le ministère de l’Éducation », détaille celui-ci.

Le conseil scolaire, qui espérerait inaugurer l’école au plus tôt en septembre 2026, envisage désormais une ouverture pour septembre 2027. 

« Nous sommes heureux de cette annonce qui prévoit la construction d’une toute nouvelle école élémentaire laïque de langue française dans la portion ouest de la ville d’Hamilton », avait déclaré trois années plus tôt Benoît Fortin, alors vice-président et désormais président de Viamonde.

« Cette nouvelle école viendra solidifier l’offre Viamonde dans la 5e plus grande ville de la province où de nombreux francophones et francophiles sont établis. Nous remercions le gouvernement de l’Ontario, qui, en investissant toujours plus dans de nouvelles écoles de langue française, reconnaît les besoins spécifiques de la communauté franco-ontarienne et contribue ainsi à sa pérennité. »

Tennis : Victoria Mboko mise à l’honneur par la Ville de Burlington

BURLINGTON – La Ville de Burlington a remis, vendredi 21 novembre, la clé de la ville à la joueuse de tennis Victoria Mboko, 19 ans, lors d’une cérémonie tenue au Centre communautaire Robert Bateman. Environ une centaine de personnes étaient présentes, parmi lesquelles plusieurs élus municipaux, provinciaux et fédéraux, ainsi que la famille de l’athlète, venue assister à la reconnaissance officielle d’un parcours étroitement lié à cette communauté.

Cette remise d’honneur intervenait alors que la jeune joueuse canadienne d’origine congolaise revenait tout juste du Mexique, où elle avait conclu sa saison par une première sélection en Coupe Billie Jean King, ponctuée par une qualification obtenue avec l’équipe canadienne. Un retour rapide à Burlington après une expérience marquante sur la scène internationale.

Lors de son intervention, quasi exclusivement en anglais, Victoria Mboko a répondu en français à une question d’ONFR, expliquant ce que cette reconnaissance représentait pour elle.

« C’est une journée importante pour moi d’être ici à Burlington et de recevoir la clé de la ville. Je suis très heureuse de cet honneur. Je pense que cela va m’aider à gagner encore plus de confiance lorsque je voyage partout dans le monde. De savoir que je viens de Burlington, c’est ma ville et j’en suis très fière. »

La jeune athlète de 19 ans est consciente de l’impact qu’elle a sur la jeunesse de la ville et a demandé plus de terrains de tennis dans la ville lors de son discours. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Elle a rappelé que Burlington avait constitué un cadre essentiel depuis l’arrivée de sa famille en 2009.

« La communauté ici est accueillante. J’ai eu une belle enfance et j’ai eu accès à des opportunités importantes. »

2025, l’année de la révélation

En 2025, la jeune Burlingtonaise a connu une véritable année de révélation sur le circuit féminin, portée notamment par sa victoire à l’Omnium Banque Nationale de Montréal, un tournant majeur dans sa saison. Mais elle n’a pas oublié que tout a commencé à l’académie de Pierre Lamarche, Ace Tennis, lieu fondateur de sa formation.

« C’était un environnement où je me sentais très à l’aise. Pour ma croissance comme joueuse et comme personne, ça m’a aidée énormément. »

Dans son discours, Mboko a également formulé un souhait précis : voir davantage de terrains de tennis dans la ville. Elle estime que l’accès aux infrastructures reste déterminant pour permettre à des jeunes joueurs d’avoir les mêmes chances d’évoluer. Une demande qui rejoint celle de Pierre Lamarche, qui insiste lui aussi depuis des années sur le manque d’installations adéquates à Burlington.

Vicky Mboko a reçu la clé de la ville de Burlington des mains de Meed Ward, la maire de la ville. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Une compétitivité évidente dès l’enfance

C’est sous la houlette de Lama­rche et des entraîneurs de l’académie que Mboko a fait ses classes, démontrant dès le plus jeune âge un tempérament de compétitrice. Le fondateur québécois de l’académie se souvient bien de leurs premières interactions, alors qu’elle n’avait que quatre ans.

« Je donnais un cours à sa sœur. Pendant qu’elle ramassait les balles, Vicky se mettait au fond du court, en position, et disait : ‘Donne-moi des balles’. Elle était prête, sans hésitation. »

Il raconte aussi les matchs entre sœurs :« Sa grande sœur la battait largement, mais Vicky détestait perdre. Elle voulait absolument gagner. Quand elle perdait, elle pleurait, pas par caprice, mais parce qu’elle cherchait déjà comment faire mieux. »

Une caractéristique confirmée par Mboko elle-même. « J’ai toujours voulu gagner. Même quand je ne connaissais pas encore les règles, j’étais très compétitive. »

Gérer les sollicitations sans perdre la priorité de vue

Avec le succès, les sollicitations grandissent. Interrogée à ce sujet, la jeune athlète a montré une compréhension lucide des exigences associées à son statut. Consciente que les requêtes médiatiques, commerciales ou institutionnelles vont continuer d’augmenter, elle explique gérer ces nouvelles responsabilités en gardant un principe simple : ne pas confondre visibilité et priorité.

« Toutes ces obligations autour du tennis, je les vois comme des quêtes annexes. Le tennis reste la priorité. »

Mboko souligne que sa capacité à rester concentrée repose en grande partie sur son environnement familial. Un rôle stabilisateur que Lamarche confirme volontiers : selon lui, l’équilibre de la jeune joueuse repose sur une combinaison de discipline personnelle et d’un entourage solide.

Victoria Mboko en compagnie de sa famille et de M. Lamarche. Photo : Mickael Laviolle / ONFR

Un geste symbolique pour une athlète ancrée dans sa communauté

Pour Burlington, la remise de la clé de la ville matérialise autant la reconnaissance des succès sportifs de Mboko que l’attachement durable entre l’athlète et la communauté qui l’a vue grandir. La cérémonie s’est conclue par une séance de photos officielles réunissant les élus, l’athlète, sa famille et un groupe d’élèves invités pour l’occasion.

En clôture, Mboko a résumé son sentiment en quelques mots : « Je suis très fière d’avoir grandi ici à Burlington et je continuerai de faire de mon mieux pour vous rendre fiers. »

Un nouveau service de repas chauds gratuits à Hawkesbury

HAWKESBURY – Un nouveau programme de repas chauds gratuits destiné aux familles à faible revenu et aux personnes en situation d’itinérance voit le jour dans l’Est ontarien. Le Centre 440, installé dans une salle de l’église anglicane Holy Trinity sur la rue Stanley, accueille toute personne souhaitant se réchauffer autour d’un repas chaud et convivial tous les samedis.

Le centre est le fruit d’une initiative de la paroisse du Lower Ottawa Valley, un projet regroupant cinq églises, dont deux situées au Québec. Carolyn Coffin-Caputo, membre de l’équipe exécutive, explique que le projet est né d’une réflexion lancée au printemps dernier dont l’objectif était d’identifier les besoins prioritaires de la communauté au-delà des murs de l’église.

« Nous avons consulté des organismes locaux, dont le bureau des services aux victimes, la banque alimentaire de Hawkesbury et les comtés unis de Prescott-Russell, pour déterminer les besoins réels », explique la bénévole.

« Tous nous ont dit la même chose : Hawkesbury avait besoin d’un programme de repas chauds pour les personnes itinérantes et les familles à faible revenu. »

Après avoir visité d’autres services similaires à Rockland et Cornwall, l’équipe a décidé de lancer son propre programme dans la ville, avec le soutien de l’église pour l’utilisation de sa salle et de sa cuisine certifiée.

Les moments de convivialité dans la cuisine font partie des raisons pour laquelle Mme Coffin-Caputo aime l’initiative. Photo : Gracieuseté de Carolyn Coffin-Caputo

Samedi dernier pour la première distribution, une vingtaine de personnes ont profité du service, dont huit enfants, « un véritable succès » selon l’organisme. Le programme reste inclusif et accessible, sans exigence de justificatif de revenu ni d’identification à l’entrée.

« Nous voulions choisir le samedi pour que les familles à faible revenu puissent venir avec leurs enfants, car elles ne le peuvent pas pendant la semaine », ajoute la Montréalaise d’origine.

Des repas préparés sur place

Tous les repas sont préparés sur place, à partir d’invendus de supermarchés et de dons de particuliers, des boissons chaudes et froides sont également offertes.

La semaine dernière, les bénévoles ont servi du jambon rôti accompagné de pommes de terre au gratin, de légumes rôtis, ainsi que des desserts comme des tartes aux pommes avec de la crème glacée ou des tranches de pommes avec sauce caramel pour les enfants. 

« Nous recevons beaucoup d’aliments qui approchent de la date de péremption, mais qui sont parfaitement consommables »
— Carolyn Coffin-Caputo

Le programme repose sur l’engagement de neuf membres de l’équipe exécutive, principalement des retraités, assistés de bénévoles supplémentaires. 

« Tout le monde se soutient mutuellement. Il y a aussi notre ministre qui participe, ainsi que d’autres bénévoles qui viennent nous aider chaque semaine », précise encore Carolyn Coffin-Caputo.

Le maire d’Hawkesbury, Robert Lefebvre, a d’ailleurs participé à la première distribution et se félicite de cette nouvelle offre alimentaire : « Ces initiatives offrent un repas chaud, mais aussi un lieu de rencontre où les gens peuvent briser l’isolement. »

Les repas distribués samedi dernier lors de l’ouverture. Photo : Gracieuseté de Carolyn Coffin-Caputo

Demande record aux banques alimentaires

Au-delà des repas du samedi, la paroisse collabore avec la banque alimentaire de Hawkesbury ainsi que les services d’hébergement pour mieux répondre aux besoins des personnes vulnérables qui ne cessent d’augmenter.

Selon Robert Lefebvre, qui agit aussi comme trésorier bénévole de la banque alimentaire centrale d’Hawkesbury, le nombre de personnes ayant recours à ces services a augmenté de 15,4 % entre septembre 2024 et septembre 2025, pour atteindre 1 157 individus, dont 415 enfants. 

« C’est énorme pour une ville d’un peu plus de 10 000 habitants. On voit vraiment que le nombre de personnes qui viennent chercher de l’assistance a beaucoup augmenté », confie-t-il sans détour.

Bien que les besoins augmentent depuis la covid-19, selon lui, cette hausse s’explique principalement par l’inflation et le coût de la vie qui ne cessent d’augmenter depuis la pandémie, fragilisant de plus en plus de ménages.

Données issues de la Banque alimentaire centrale de Hawkesbury (BACH).

La région de Hawkesbury n’est d’ailleurs pas la seule à voir la demande exploser : à Ottawa, le plus récent rapport de la Banque d’alimentation, publié la semaine passée, montre que plus d’un ménage sur quatre est désormais en situation d’insécurité alimentaire.

Près de 30 % des organismes membres du réseau de la Banque d’alimentation d’Ottawa ont dû refuser de servir des personnes et 72 % ont réduit la taille des paniers en raison de contraintes de capacité.

Besoins matériels et soutien communautaire

L’équipe du Centre fait appel à la générosité de la communauté pour certains besoins matériels : congélateurs de grande capacité, petites tables pliantes et autres équipements. 

Le Centre 440 évaluera régulièrement sa capacité à répondre à la demande et ajustera son programme si nécessaire.

Il sera ouvert tous les samedis de 11 h 30 à 13 h, et l’équipe espère voir de plus en plus de familles et de personnes en situation de vulnérabilité bénéficier de cette initiative.

Le Club canadien de Toronto souligne 40 ans d’engagement communautaire

TORONTO – Né la même année que la Loi sur les services en français (LSF), le Club canadien de Toronto constitue depuis quatre décennies un espace d’interventions et d’échanges pour les francophones hors Québec. Pour ses 40 ans d’existence, ONFR retrace le parcours et l’impact de cet organisme au service de la communauté franco-torontoise.

D’après l’actuel directeur général, Alexis Maquin, le Club est : « Le seul organisme de réseautage francophone en Ontario à être 100 % en français ».

Alexis Maquin, directeur général du Club canadien de Toronto. Photo : Sandra Padovani/ONFR

Grâce aux 29 présidents et aux 213 membres du conseil d’administration qui sont passés par le regroupement, le Club canadien de Toronto maintient sa proximité avec la communauté.

« Le plus gros impact c’est d’être présent depuis 40 ans et de proposer des événements de qualité où la communauté francophone peut s’exprimer en français », décrit-il.

Le renouveau avec des formats repensés

« Jusqu’à mon arrivée, c’était quasiment que des déjeuners d’affaires », raconte le directeur, qui a entrepris de moderniser le Club avec son équipe depuis son entrée en fonctions.

Son prédécesseur Dominic Mailloux qui préside actuellement la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) a aussi profondément transformé le Club en créant RelèveON. Un gala qui récompense des personnalités inspirantes de la relève entrepreneuriale franco-ontarienne.

Les cinq lauréats des prix RelèveON 2025 et l’ensemble des finalistes. Photo ONFR TFO/ Mickael Laviolle

« RelèveON ça a permis au club de récupérer pas mal de jeunes », explique M. Maquin qui rappelle que ce concept avait initialement commencé à plus petite échelle en tant que « RelèveTO » pour enfin s’élargir à la province.

Rallier la jeunesse ontarienne a constitué un des objectifs clés de l’organisation. Alexis Maquin souligne l’importance d’attirer les jeunes vers la communauté pour qu’ils puissent ensuite y contribuer.

En tant qu’ancien président du Club canadien, Dominic Mailloux a joué un rôle majeur dans la modernisation du Club. Source : compte X Club canadien

Il remarque que les adhérents du club se sont diversifiés au fil du temps, tels que de nouveaux arrivants issus de pays africains francophones. C’est dans cette lignée que nombre d’initiatives ont vu le jour : « On a créé des ateliers pour les personnes issues de l’immigration, par exemple le dernier en date c’est le Sommet  », remarque Alexis Maquin.

Assurer la pérennité

Depuis la pandémie, le Club fonctionne majoritairement grâce à des partenariats, toutefois le directeur estime qu’un financement pérenne serait plus souhaitable.

« On ne peut pas vivre que de commandites. »

« On a créé des partenariats avec les chambres de commerce qui va se visualiser dans les prochaines semaines aussi », assure-t-il.

Une soirée sous le signe de la célébration

Afin de commémorer les 40 ans de l’organisme, la communauté francophone s’est réunie hier soir pour le gala anniversaire.

« Le Club ce n’est pas un club privé, c’est le club de la communauté », rappelle M. Maquin.

Lors du rassemblement, plusieurs personnalités politiques et de la communauté francophone étaient présentes pour saluer les accomplissements de l’organisme.

Le Secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO, Yves-Gérard Méhou-Loko, avec le journaliste Nicolas Haddad. Photo : Gracieuseté

Au cours de la soirée, quatre personnalités de la francophonie ontarienne sont revenues sur l’influence du Club dans leur parcours : Yves-Gérard Méhou-Loko Secrétaire général de la Commission canadienne pour l’UNESCO (CCUNESCO), Madeleine Meilleur, ancienne ministre déléguée aux Affaires francophones, ainsi que l’ancien ministre délégué aux Affaires francophones, Charles Beer et François Boileau, ancien commissaire aux services en français de l’Ontario.

11 heures de cours de français en six mois pour Mark Carney

OTTAWA — Mark Carney a suivi 11 heures de cours de français depuis son arrivée en poste à la tête du pays, et n’a pris aucune leçon depuis le début du mois de septembre. L’équipe de M. Carney affirme que c’est en raison du départ de sa professeure et confirme être à la recherche d’une nouvelle personne pour poursuivre la formation.

Mark Carney a suivi plus exactement 11 cours pour une durée totale de 10 heures et 45 minutes, selon des documents envoyés dans le cadre d’une étude sur l’usage du français par le premier ministre au Comité des langues officielles et qu’ONFR a consultés. De septembre à novembre, le premier ministre n’a pas pu suivre de cours de français, car sa professeure a quitté la capitale nationale, soutient le chef de cabinet du premier ministre Marc-André Blanchard.

« Un nouveau professeur de français sera choisi sous peu et les séances de formation devraient reprendre avant la fin de cette année », assure M. Blanchard dans une lettre transmise au Comité des langues officielles le 13 novembre dernier.

À la suite de l’adoption d’une motion dans ce sens, le Comité des langues officielles avait demandé au bureau du premier ministre des informations concernant son apprentissage du français depuis son entrée en poste.

Ces cours ont eu lieu entre le 30 juin et le 2 septembre et la majorité a été tenue au mois de juillet, selon les renseignements transmis par le Bureau du conseil privé. De plus, trois cours de 60 minutes ont été annulés, indique aussi l’horaire du premier ministre. Aucun cours ne figure à l’agenda du premier ministre avant le mois de juin et après le mois de septembre.

« Le premier ministre est résolu à continuer à parfaire son français pendant son mandat », soutient son chef de cabinet dans cette lettre.

« Il s’agit d’une question qui lui tient réellement à cœur. Il aime la langue française, poursuit M. Blanchard. Il croit qu’il est important de maintenir et de promouvoir le caractère bilingue du Canada. Le premier ministre est conscient qu’il s’en est engagé auprès de l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens, et il s’efforce de respecter cette promesse chaque jour. »

Marc-André Blanchard, chef de cabinet du premier ministre Mark Carney, se rend à une réunion du caucus libéral sur la Colline du Parlement à Ottawa, le mercredi 5 novembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang

Ce dernier souligne que Mark Carney s’est entouré de francophones et de gens bilingues dans les hautes sphères de son équipe, et qu’il interagit avec les médias et son équipe dans la langue officielle de leur choix.

« Ces interactions offrent l’occasion au premier ministre de poursuivre l’apprentissage du français et de renforcer sa capacité à discuter des questions dans les deux langues officielles », mentionne Marc-André Blanchard.

Cette étude du comité a été demandée après la publication d’un article de Radio-Canada qui révélait que 17 % des contenus des discours du premier ministre étaient en français. L’ex-gouverneur de la Banque du Canada s’était défendu, jugeant qu’il faudrait aussi prendre en compte la proportion des réponses en français.

Son bureau estime plutôt que « l’amélioration de ses compétences » dans la langue de Molière a permis au chef libéral « d’accroître la proportion de français dans ses discours, depuis son entrée en poste ». 

« Ce changement démontre que son engagement à l’égard du français porte déjà ses fruits, et ce, à quelques mois à peine après le début de son mandat », écrit M. Blanchard.

« Je vais leur en trouver un prof de français »

À la lumière des chiffres présentés aux députés du comité, les intentions de M. Carney envers la langue française n’ont pas convaincu les élus de l’opposition à Ottawa.

« Ça démontre qu’il n’a pas la volonté de faire du français l’une de ses deux langues d’usage, affirme le député conservateur Joël Godin. On ne le sent pas, tant au niveau du nombre d’heures que de ses actions au niveau de son utilisation du français dans ses interventions, dans les communications et dans l’utilisation du français par ses ministres et son cabinet. »

« Ça montre qu’il n’y a vraiment pas de volonté de donner plus de place au français dans ses discours, dit de son côté l’élu bloquiste Mario Beaulieu. C’est des belles intentions, on courtise l’électorat francophone, mais on ne fait rien pour le français », ajoute-t-il.

« Ne pas être capable de trouver un prof de français depuis septembre, ça fait dur »
— Mario Beaulieu

Ces derniers n’achètent pas l’excuse du bureau de premier ministre concernant l’absence de cours de français depuis plus de deux mois.

« Ça, c’est ridicule honnêtement, s’insurge Joël Godin. Qu’il m’appelle, je vais leur en trouver un prof de français. »

Le Comité des langues officielles poursuit son étude sur l’utilisation du français par M. Carney et dans les hautes sphères de la fonction publique. Le ministre des Langues officielles Steven Guilbeault doit d’ailleurs témoigner prochainement.

Un appui municipal peu concluant pour les entrepreneurs franco-torontois

TORONTO – Lors de la dernière réunion du Comité consultatif des affaires francophones de Toronto, trois organismes de la francophonie ont fait valoir l’importance d’une collaboration avec la ville pour renforcer l’entrepreneuriat en français.

« Investir dans ces entrepreneurs francophones, c’est investir dans la résilience de notre pays », a affirmé Félix Corriveau, actuellement à la direction générale d’Impact ON.

« Nous sommes prêts à développer des initiatives avec vous », a-t-il certifié. Ce dernier a ensuite appuyé sa vision avec des idées : « Des services en français pour l’enregistrement d’entreprises, des permis d’exploitation et l’accès à des programmes municipaux. »

Puisque l’ordre du jour de la rencontre portait sur les aides disponibles pour les petites entreprises, plusieurs représentants francophones du conseil ont souligné le manque de volets disponibles pour stimuler l’entrepreneuriat.

D’autres organismes, également présents, ont répondu aux appels de collaboration non seulement à propos d’un renforcement de ce bassin d’entrepreneurs, mais aussi sur l’entrepreneuriat féminin ainsi que celui des nouveaux arrivants.

« La Société Économique de l’Ontario (SÉO) souhaite travailler en partenariat avec la ville de Toronto, mais aussi avec les autres organismes francophones, tel qu’Impact ON, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) et d’autres organismes de la province », a déclaré ce mercredi Cathy Modesto, présidente du conseil d’administration de la SÉO.

Stéphane Bukk est directeur des affaires entrepreneuriales à Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) depuis janvier 2025. Photo : Laetitia Dogbe/ONFR

Afin de démontrer l’importance des partenariats, la FGA a mis de l’avant ses récentes initiatives entrepreneuriales : « Nous avons un nouveau pôle d’exportation qui met en place des services de conseils et des ressources pour faciliter les projets d’expansion et d’exportation des entrepreneurs franco-ontariens », a ajouté Stéphane Bukk, qui dirige les affaires entrepreneuriales de la FGA.

Les membres du comité sont ensuite intervenus afin de comprendre la position de la ville par rapport aux besoins et aux demandes des entreprises émergentes. La ville de Toronto n’affiche toujours pas de mandat spécifique pour les programmes francophones jusqu’à ce jour.

Mareva Cestor, membre du comité consultatif des affaires francophones de Toronto pose une question à Félix Corriveau. Photo : Laetitia Dogbe/ONFR

Les représentants municipaux répondent

Employé au sein du département de développement économique de la ville, John Preece a examiné les actions demandées par les trois organismes et membres du comité. Ce dernier a avoué que les besoins des entrepreneurs francophones n’ont pas été abordés en dehors de ce comité.

« Je pense que ce serait une belle prochaine étape que nous nous asseyons tous à la même table pour discuter des besoins des organismes francophones, ainsi que des entrepreneurs francophones », a donc proposé Mme Cestor.

« Je n’ai pas de réponse spécifique, car nous interagissons déjà avec ces entreprises et si elles ont des idées ou des projets, ou si nous avons des priorités en matière de francophonie, nous savons déjà à qui parler », a repris M. Preece.

Finalement, la présidente du Comité et conseillère municipale, Alejandra Bravo a constaté le peu d’avancées en termes de soutien adéquat à l’intention des francophones.

« C’est évident que l’entrepreneuriat de la communauté francophone est très dynamique et je regrette que les communautés ontariennes n’aient pas les ressources nécessaires », remarque-t-elle, à la suite d’une discussion qui a mis en opposition la ville et les représentants de la communauté francophone.

Francophonie : une coopération Ontario–Louisiane officialisée

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a signé une déclaration conjointe avec le lieutenant-gouverneur de la Louisiane, Billy Nungesser en vue d’une collaboration future autour de la francophonie. Une première avec un état américain, avec une volonté mutuelle d’intensifier des échanges dans différents domaines dont l’enseignement supérieur, la culture et le tourisme ou encore le développement économique francophone.

Une coopération autour de la francophonie avec les États-Unis est une première pour l’Ontario. Elle résulte d’une rencontre entre Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario, et de Jeremy Stine, sénateur de l’État de la Louisiane, au Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris, en octobre 2024.

L’Ontario et la Louisiane, tous deux membres observateurs de l’OIF, prennent le pari d’aller plus loin pour valoriser le français en créant de nouvelles occasions de collaboration, explique à ONFR le bureau du ministère des Affaires francophones.

« L’objectif est que cette entente débouche sur des résultats concrets qui profitent aux citoyens, aux entreprises et aux institutions des deux côtés (…) En Ontario, les entreprises francophones génèrent près de 80 milliards de dollars et représentent 12 % du PIB. »

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney et le lieutenant-gouverneur de la Louisiane Billy Nungesser signent la déclaration conjointe. Photo : compte officiel X de la ministre

« Depuis plus de 400 ans, les francophones contribuent à façonner l’histoire de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, l’Ontario et la Louisiane ont signé une déclaration commune visant à renforcer les liens culturels, linguistiques et économiques entre nos communautés francophones. Ce partenariat célèbre notre héritage commun et ouvre la voie à de nouvelles perspectives de collaboration et de développement », a publié la ministre Mulroney sur ses réseaux sociaux.

Les deux gouvernements se sont notamment engagés à encourager et promouvoir les échanges économiques, éducatifs et culturels dans le cadre de la francophonie commune et à renforcer la coopération dans des secteurs stratégiques : enseignement supérieur, culture et tourisme, médias numériques, l’énergie et le développement économique francophone.

Les prochaines étapes consisteront en la finalisation d’un accord officiel pour un plan d’action conjoint marquant la mise en œuvre de ces engagements concernant le commerce, l’innovation, la sécurité, l’énergie propre et la mobilité.

La province canadienne et l’état américain visent également le lancement de projets pilotes pour encourager la collaboration économique ou encore la recherche technologique.

Crise à Fauquier-Strickland : le conseil demande une vérification judiciaire financée par la province

FAUQUIER‑STRICKLAND – Lors d’une réunion spéciale, mercredi soir, le conseil de Fauquier-Strickland a adopté une entente modifiée avec le ministère des Affaires municipales et du Logement, prolongeant l’aide financière d’urgence à 900 000 $ jusqu’au 31 janvier 2026. Les élus ont aussi voté en faveur d’une vérification judiciaire afin de mieux comprendre les circonstances ayant conduit la municipalité dans sa situation financière actuelle.

La réunion municipale, plus courte qu’à l’habitude, avait pour objectif premier de ratifier une entente récemment proposée par la province, laquelle proposait une aide financière supplémentaire de 600 000 $, s’ajoutant aux 300 000 $ du mois d’août dernier, et la proposition d’un audit.

Après vérification auprès de Toronto, la greffière a précisé qu’il ne s’agissait pas d’un audit financier, mais d’un audit administratif et organisationnel, entièrement payé par la province, visant à dresser un portrait complet de la municipalité et à recommander des mesures pour prévenir de futurs problèmes financiers.

Cependant, plusieurs élus ont souligné le besoin d’une vérification financière indépendante plus approfondie pour identifier les erreurs ou irrégularités passées.

« Nous payons pour des erreurs du passé, et les contribuables méritent de savoir exactement ce qui s’est passé », a expliqué la conseillère Priscilla Marcoux qui fut la voix la plus forte pour demander cette vérification judiciaire.

« L’argent que nous étions censés utiliser pour le pont… où est-il passé? Je ne sais pas. Je suis sûr qu’il y a d’autres choses de ce genre que, en tant que conseiller, je ne connais pas », a lancé de son côté le conseiller Pierre Lamontagne.

Madeleine Tremblay, mairesse de Fauquier-Strickland, n’a pas montré de grand intérêt pour cette initiative : « Je ne suis pas exactement sûre où cela nous mènerait. Je ne dis pas que j’ai peur ou quoi que ce soit d’une vérification judiciaire, mais je ne suis pas prête à en payer le coût ».

Aux frais de la province

L’élue a ajouté que la province a déjà regardé les documents financiers de la municipalité et que s’ils avaient trouvé une anomalie, ils auraient eux-mêmes proposé une vérification judiciaire.

La conseillère Marcoux a alors rétorqué qu’ils ne pourraient pas le savoir sans en conduire une, tout en ajoutant que « s’il n’y a jamais eu de demande officielle du conseil pour obtenir cette vérification financière – je sais qu’une pétition a été envoyée au gouvernement pour cet audit au nom des contribuables – pourquoi le conseil ne pourrait-il pas faire de même et le demander? »

Selon elle, prendre le risque de ne pas demander un audit de ce type, lequel était attendu depuis plusieurs années, immédiatement pourrait rendre impossible de le réaliser plus tard et laisser perdurer des zones d’ombre sur la gestion financière de la municipalité.

Les conseillers se sont toutefois accordés pour dire qu’ils ne souhaitent en aucun cas que ce soit la municipalité qui ait à payer la facture.

Une motion a alors été amenée pour demander au ministère de réaliser une vérification judiciaire complète, distincte de l’audit provincial et entièrement financée par la province, laquelle a été adoptée par l’ensemble des conseillers.

De strictes conditions

Les élus ont aussi officialisé l’aide financière d’urgence maximale à 900 000 $ dont la date de l’accord a été étendue de trois mois, passant du 31 octobre 2025 à la fin du 31 janvier 2026.

Ce financement est subordonné à un respect strict des dispositions de l’accord. Le ministère des Affaires municipales et du Logement effectuera essentiellement un examen a posteriori de tous les coûts mensuels pour s’assurer que si la municipalité rencontre des difficultés à honorer ses obligations, le ministère interviendra.

Parmi les autres exigences pour démontrer que la municipalité est sur la bonne voie : le conseil doit suivre d’ici la fin de l’année une formation sur les fondements des finances municipales et adopter une politique budgétaire d’ici la fin du mois de décembre, et déposer un budget avant le 30 avril 2026.

Cette politique devra assurer la transparence envers les citoyens, avec la présentation des budgets et leur consultation tout au long du processus décisionnel.

La province s’est aussi engagée à faciliter les discussions avec des prêteurs potentiels concernant un prêt en capital pour régler certains des projets historiques qui ont conduit à la crise financière actuelle.

« C’est un soutien essentiel pour que la municipalité puisse continuer à offrir ses services essentiels, tout en respectant ses obligations financières », a déclaré la mairesse, qui a exprimé son soulagement de voir la province rester aux côtés de la municipalité dans cette période difficile. 

Le conseil prévoit également rédiger une lettre de remerciement au ministre Robert J. Flack pour son appui.

Vers une meilleure gestion financière

Le conseil a par ailleurs approuvé le plan de travail de l’administration pour novembre 2025, qui couvre les finances, le greffe, l’administration et la gestion générale, y compris les heures et coûts estimés. 

Les élus ont confirmé que les dépenses prévues restent dans le budget mensuel et visent à stabiliser la municipalité à court terme, d’ici janvier et février, avant d’aborder une vision à plus long terme pour la prestation des services.

« Je suis confiante que nous commencerons l’année avec un projet de budget en janvier et que nous serons en assez bonne posture. Nous ferons en sorte que cela satisfasse la province », a fait savoir la greffière.

Par ailleurs, le conseil a fait le point sur le personnel et les opérations : le chef d’équipe des Travaux publics commencera lundi, un poste d’opérateur d’équipement est en cours de recrutement, le poste de bureau suscite de l’intérêt et le site d’enfouissement retrouvera des heures normales grâce à un nouvel employé. 

Un appel pour les services de conciergerie sera lancé prochainement, avec une aide provisoire déjà assurée.

La Ville d’Ottawa crée un nouveau fonds pour soutenir ses grands festivals

OTTAWA – La Ville d’Ottawa, en partenariat avec Tourisme Ottawa, mettra en place un Fonds des grands festivals qui pourrait apporter jusqu’à un million de dollars par année aux festivals ayant un fort impact touristique et économique dans la capitale. Le programme d’une durée de deux ans doit encore recevoir l’approbation budgétaire.

L’annonce a été faite mercredi à l’hôtel de ville par le maire Mark Sutcliffe, dans le cadre du Sommet des festivals d’Ottawa, qui a réuni organisateurs, producteurs d’événements, partenaires communautaires et responsables municipaux.

Le Fonds des grands festivals octroiera un montant supplémentaire d’un million de dollars par année aux festivals ayant le plus fort impact touristique et économique, selon la Ville.

« Ottawa est une ville de festivals. C’est incroyable de voir que nous avons plus de festivals par habitant que n’importe quelle autre municipalité du Canada. Ces festivals améliorent la qualité de vie, attirent les touristes et favorisent l’activité économique. Ce nouveau soutien fera en sorte que nos prestigieux festivals continuent à prendre de l’envergure et à connaître le succès », a déclaré M. Sutcliffe.

Le Sommet a également permis l’adoption d’un énoncé de vision collective, visant à renforcer les partenariats entre la Ville, les festivals et la communauté, en reconnaissant la valeur culturelle, sociale et économique des événements.

« La langue ne présentera pas une barrière »

L’enveloppe budgétaire sera administrée par Tourisme Ottawa, qui élabore actuellement les critères d’admissibilité du programme.

Selon Jérôme Miousse, directeur des affaires publiques de l’organisme, « toute organisation qui répondra à ces critères sera la bienvenue à soumettre une demande et nous pouvons confirmer que la langue ne présentera pas une barrière à celles-ci ».

L’argent proviendra d’une augmentation proposée de 1 % de la taxe municipale sur l’hébergement, qui cible les hôtels et autres établissements touristiques.

« Tourisme Ottawa soutient fièrement la réussite et l’essor continus de nos festivals générateurs de tourisme, contribuant ainsi à la prospérité économique de notre ville et à la qualité de vie des résidents et visiteurs », a souligné Michael Crockatt, président-directeur général de l’organisme.

Du côté des organisateurs, la réaction est positive. Tara Shannon, directrice générale du Réseau des festivals d’Ottawa, a salué cette initiative qu’elle perçoit comme une reconnaissance de l’impact des festivals sur la vie culturelle et économique de la ville. « C’est une formidable avancée pour notre secteur et nous sommes reconnaissants de cet engagement à aider nos festivals à prospérer », a-t-elle déclaré.

Le projet de loi 33, qui ébranle les conseils scolaires, passe en force

TORONTO – Le projet de loi 33 qui donne plus de pouvoir au ministre de l’Éducation, notamment la possibilité de prendre le contrôle des conseils scolaires, a été adopté, malgré la vive contestation des partis d’opposition et un front de résistance de la part de professionnels de l’éducation, syndicats et parents. Ils dénoncent un pouvoir centralisé, de même qu’une tentative de « diversion » de la part du gouvernement pour blâmer l’état des écoles sur les conseillers scolaires.

La majorité du gouvernement Ford l’a emporté pour faire adopter la Loi de 2025 sur le soutien aux enfants, aux élèves et aux étudiants à 74 voix contre 40.

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles a, elle, été expulsée de la chambre quelques minutes plus tôt, après avoir qualifié le gouvernement Ford de « corrompu » et refusé de retirer ses propos.

En mai dernier lors du dépôt du projet de loi 33, Paul Calandra, le ministre de l’Éducation, avait invoqué la mauvaise gestion de certains conseils scolaires anglophones mis sous supervision pour justifier la nécessité de renforcer : « la supervision du gouvernement ainsi que la responsabilité et la transparence des conseils scolaires publics, de l’éducation postsecondaire et des sociétés d’aide à l’enfance. »

Une annonce qui s’était attiré les foudres des conseils scolaires et des syndicats, et qui s’est intensifiée ces dernières semaines. Les partis d’opposition dénoncent une tentative de diversion de la part du gouvernement pour blâmer l’état du système scolaire public sur les conseils scolaires, et non sur le manque de moyens alloués à l’éducation.

La veille, lors d’une conférence de presse « d’urgence » organisée par le NPD, regroupant parents, groupes de défense et syndicats, la cheffe néo-démocrate Marit Stiles dénonçait une centralisation du pouvoir à Toronto, pas représentative des besoins des écoles des localités ontariennes.

Marit Stiles en conférence de presse à la veille du vote en 3e lecture, aux côtés de la députée Chandra Pasma (à sa droite), pour dénoncer le projet de loi 33 avec des parents, des professionnels et des syndicats du secteur de l’éducation. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Il est très clair que personne ne veut de ce projet de loi. Les conseillers scolaires ne veulent pas perdre leur voix au sein de leurs écoles. Ils veulent du financement pour répondre aux défis dans les salles de classe », avait ajouté la députée Chandra Pasma (Ottawa-Ouest-Nepean), porte-parole de l’opposition en Éducation.

Elle avait souligné le fait que le ministre ait déjà à sa disposition tous les outils pour mettre les conseils scolaires sous surveillance.

« De plus, les nouveaux superviseurs qu’il veut mettre en poste ne sont pas qualifiés en éducation et leurs décisions ne pourront pas être challengées en justice », avait alarmé celle-ci.

Révélé dans les médias, leur salaire à hauteur de 350 000 dollars par an constitue également un autre point de contention.

Une des revendications des partis d’opposition concerne également le manque de moyens pour les enfants aux besoins particuliers : « Nous n’avons pas assez de personnel, d’aide aux enseignants, de travailleurs spécialisés et de travailleurs en santé notamment pour les enfants atteints d’autisme. Il n’y a rien de tel dans le projet de loi 33. Vous ne prenez pas soin de la santé mentale de nos enfants », avait accusé en débat John Fraser, chef parlementaire du Parti libéral.

« Vous ne pouvez pas aller de l’avant avec des changements comme ça. Les francophones ne les accepteront pas. On a travaillé trop fort pour avoir nos conseils scolaires francophones indépendants », avait tempêté en chambre France Gélinas.

La communauté francophone avait en effet tiré la sonnette d’alarme, craignant pour l’autonomie des conseils scolaires et les droits constitutionnels des Franco-Ontariens.

Bien que le ministère de l’Éducation ait confirmé que les conseils francophones et catholiques anglophones sont protégés par la Constitution (contrairement aux conseils anglophones publics), Paul Calandra avait néanmoins affirmé que s’ils « sortaient des rails », il n’hésiterait pas à intervenir et à prendre le contrôle.

Toronto francophone : le combat pour faire vivre les événements

Organiser un événement en français à Toronto relève parfois du parcours du combattant. Entre une communauté dispersée, des budgets limités et le défi constant de rejoindre le public, comment les organisateurs s’y prennent-ils? Et en contrepartie, qu’est-ce qui motive réellement les festivaliers à se déplacer?

Casselman : les élus francophones rejettent l’obligation de traduire tous les rapports municipaux

L’obligation de produire tous les rapports administratifs en français et en anglais a été rejetée mardi soir par le Conseil municipal de Casselman. La motion, défendue par la mairesse, anglophone, a été repoussée par la majorité des conseillers, francophones.

Le vote survient après le dépôt d’un rapport détaillant les impacts sur l’administration municipale de produire tous les rapports administratifs dans les deux langues officielles.

« Nos citoyens anglophones paient des taxes. Ils ont droit, comme les francophones, d’accéder aux documents du Conseil dans leur langue », a plaidé la mairesse, invoquant la Charte canadienne des droits et libertés.

La mairesse a rappelé que sa proposition s’inscrit dans la continuité d’un avis de motion présenté en mai dernier par le conseiller Paul Groulx, visant à permettre aux citoyens d’obtenir une réponse dans la langue utilisée lorsqu’ils s’adressent au Conseil. Cette initiative avait déjà provoqué un débat particulièrement tendu entre la mairesse et plusieurs élus.

Lors de la séance de mardi, elle a réitéré l’importance d’offrir les documents du Conseil dans les deux langues officielles, estimant que citoyens et élus doivent pouvoir les lire avant de poser des questions.

Le conseiller Groulx a de son côté rétorqué que les documents écrits ne relèvent pas de la même dynamique que les échanges verbaux.

« Quand les rapports sortent le jeudi, les gens doivent pouvoir les lire. Ils peuvent ensuite appeler à l’hôtel de ville pour poser des questions, mais ce n’est pas la même chose qu’un échange un à un », a-t-il affirmé, confiant être lui-même obligé de lire des rapports en anglais, alors qu’il aimerait mieux les lire en français.

Une charge accrue dans plusieurs services

Les élus ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité de la municipalité à assumer une telle obligation.

« Nous ne sommes pas la Ville d’Ottawa qui a un système de communication de plusieurs personnes »,
— Paul Groulx conseiller municipal

« Nos directeurs ont déjà la charge pleine. Imposer la traduction complète exigerait plus de personnel et de ressources que nous n’avons pas », a-t-il ajouté.

Paul Groulx, conseiller à Casselman, s’est opposé à l’obligation de traduire tous les rapports administratifs. Gracieuseté

Selon le rapport présenté au Conseil, la production systématique de documents bilingues ajouterait 4 à 5 jours ouvrables au processus d’approbation en raison des étapes supplémentaires de traduction et de validation linguistique. Certains rapports pourraient même être reportés à une séance ultérieure, ralentissant la prise de décision du Conseil.

Le document souligne également que la majorité des directeurs de service ne disposent d’aucun soutien administratif et devraient traduire eux-mêmes leurs documents, au détriment de dossiers prioritaires. Le service du greffe verrait aussi sa charge de travail augmenter en raison de la coordination et de la validation linguistique.

Le rapport rappelle enfin que l’année 2026 sera particulièrement exigeante pour la municipalité, avec les élections municipales, le déménagement de l’hôtel de ville, et une charge accrue dans plusieurs services.

La piste technologique

Le rapport indique que des outils d’IA gratuits (comme Copilot) peuvent soutenir l’administration, mais recommande plutôt une solution spécialisée (comme DeepL), plus fiable pour la traduction administrative et capable de conserver le format des documents.

Coût estimé : 450 $ par utilisateur par année, soit 4050 $ pour les 9 directeurs de service.

Par ailleurs, l’administration municipale souligne que depuis l’entrée en vigueur du nouveau formulaire de service à la clientèle, en juin 2024, aucune plainte liée à la langue des rapports n’a été reçue. Un sondage mené entre février et avril 2025 n’a relevé aucun commentaire concernant la langue des documents du Conseil, ajoute-t-on.

Parmi les huit municipalités des Comtés unis de Prescott et Russell, quatre publient systématiquement leurs rapports dans les deux langues officielles : Russell, Hawkesbury, Champlain et La Nation.

La municipalité de Casselman rappelle qu’un grand nombre de documents sont déjà disponibles en français et en anglais, notamment les ordres du jour et procès-verbaux, les règlements de procédure, le site internet municipal, les publications médiatiques et les offres d’emploi. Il en va de même pour le budget, le plan stratégique et ses mises à jour, les bulletins d’information et les documents électoraux, entre autres.

Soccer : Florence Belzile, une première saison professionnelle prometteuse malgré une fin crève-cœur

OTTAWA – Un peu plus d’une semaine après une élimination en demi-finale de la Super Ligue du Nord (SLN) en tirs au but, Florence Belzile, l’attaquante du CF Rapide d’Ottawa revient sur une première saison professionnelle positive, qui l’a malgré tout laissée sur sa faim.

Il a fallu plusieurs jours à Florence Belzile et à ses coéquipières du CF Rapide d’Ottawa pour digérer l’élimination en demi-finale de la première saison de la SLN. Après un parcours solide conclu au deuxième rang du classement général, la défaite face à Vancouver (1-2, 2-1 puis défaite 4-3 aux tirs au but) a mis fin à une aventure aussi intense qu’enrichissante pour la jeune formation ontarienne.

« C’était très, très difficile après la demi-finale, confie la jeune attaquante de 21 ans. On était tellement proches de la finale. Tout le travail d’équipe qu’on avait accompli pendant la saison… ça nous a vraiment frappées. Mais, après coup, on s’est dit qu’on était fières de nous. Finir deuxièmes de la Ligue pour une première saison, c’est un très bel accomplissement. »

Un groupe compétitif dès la première année

Pour Ottawa, cette première saison dans la nouvelle ligue professionnelle féminine canadienne aura surtout servi à poser les bases d’une identité de jeu forte et d’un esprit collectif solide. L’équipe a rapidement trouvé son rythme, enchaînant les performances convaincantes.

« On a eu une belle saison et on est prêtes à bâtir là-dessus pour la prochaine »
— Florence Belzile

« En général, c’était super positif, pas seulement pour moi, mais pour toute l’équipe, explique la joueuse québécoise. On a eu quatre filles dans l’équipe étoile de l’année, c’est immense. On a eu la défenseure de l’année (Jyllissa Harris), l’attaquante et joueuse de l’année (DB Pridham). Ça montre à quel point on avait un bon groupe. »

Cette reconnaissance symbolise la qualité de la structure mise en place à Ottawa.

Une adaptation rapide au monde professionnel

Pour Florence Belzile, cette première saison avait une saveur particulière. Sortie des rangs universitaires américains, elle découvrait le monde professionnel pour la première fois. Son intégration s’est faite progressivement, entre apprentissage, ajustements et premières réussites.

« C’était ma première année pro, donc j’ai beaucoup appris. Je suis arrivée un mois et demi après le début de la saison parce que je venais de terminer mes études. Je n’ai pas fait la présaison, donc j’ai eu un petit retard à rattraper », explique-t-elle.

Florence Belzile a fait partie du 11 partant à neuf reprises cette saison. Photo : CF Rapide d’Ottawa

Malgré cela, l’athlète de Chicoutimi a cumulé plus de 800 minutes de jeu et neuf titularisations, inscrivant deux buts et délivrant deux passes décisives.

« C’est sûr que j’aurais aimé jouer un peu plus, mais pour une première saison, j’ai acquis énormément d’expérience. J’espère augmenter mon temps de jeu et avoir un rôle plus important l’an prochain », précise-t-elle.

Son adaptation au rythme du jeu professionnel a demandé un petit temps d’ajustement.

« L’universitaire et le pro, c’est très différent. C’est plus technique, plus rapide, et il faut réfléchir encore plus vite. Au bout d’un mois, je me suis sentie à l’aise. Après ça, tout a cliqué. »

Apprendre à dominer sans le ballon

Florence Belzile identifie surtout un aspect précis de son jeu sur lequel elle a énormément progressé : sa mobilité et sa lecture sans ballon.

« Mon mouvement sans la balle, c’est là que j’ai le plus progressé, explique-t-elle. Comment me placer, anticiper, créer des espaces, aider défensivement. C’est technique, mais c’est ce qui fait la différence à ce niveau. »

Joueuse offensive à vocation créatrice, elle espère retrouver la même efficacité que lors de ses années universitaires, où elle avait compilé 17 passes décisives lors de sa troisième saison.

« J’aime trouver mes coéquipières, créer des occasions. Deux buts et deux passes cette année, ce n’est pas à la hauteur de mes standards, donc je veux vraiment contribuer davantage à l’attaque l’an prochain. »

Une défaite au goût amer, mais pleine d’enseignements

La défaite en demi-finale face à Vancouver reste le seul vrai regret de la saison. Ottawa menait pourtant un projet solide et semblait capable d’aller jusqu’au bout.

« Voir Vancouver gagner, ça fait un peu mal, mais en même temps, on se dit qu’on a perdu contre les championnes, souligne Belzile. Et honnêtement, contre Toronto, j’étais confiante qu’on aurait gagné. On joue toujours très bien contre elles. »

Florence Belzile et les Ottaviennes étaient à deux doigts de rejoindre Toronto en finale, une équipe qui leur a bien réussi cette saison. Photo : CF Rapide d’Ottawa

Malgré la frustration, l’attaquante retient surtout la cohésion du groupe et la promesse d’un avenir stable. Selon elle, le noyau principal de l’équipe devrait être conservé pour la deuxième saison.

« Il y aura sûrement quelques mouvements entre équipes, mais je pense qu’Ottawa gardera une grosse base de joueuses. On partage les mêmes valeurs et on veut revenir encore plus fortes. »

Un impact durable pour le développement du soccer féminin

Au-delà de sa saison personnelle, Florence Belzile insiste sur l’importance de la SLN pour la visibilité et le développement du soccer féminin au Canada. Pour la joueuse comme pour plusieurs observateurs, la création de cette ligue change profondément le paysage du sport au pays.

Avant, les joueuses canadiennes devaient souvent s’expatrier vers les États-Unis ou l’Europe pour évoluer à un haut niveau. Désormais, elles peuvent jouer et se développer au Canada, devant leurs proches et avec une structure professionnelle stable. Ce nouveau modèle devrait contribuer à faire grandir le sport et renforcer le bassin de l’équipe nationale à moyen terme.

Une Québécoise pleinement adoptée par Ottawa

Originaire d’une famille québécoise mais installée depuis plusieurs années dans la capitale, Florence Belzile représente parfaitement ce lien entre les communautés francophones d’Ottawa et du Québec.

« Je dirais que je suis plus québécoise, mais j’ai vécu à Ottawa pendant cinq ans. Pour les fans, franco-ontariennes, ça marche aussi, ça me va très bien », dit-elle en riant.

Elle passera d’ailleurs l’hiver à Montréal, où elle poursuivra son entraînement avec le programme Starting Eleven avant de retrouver Ottawa au printemps.

« C’est sûr qu’on repartira avec encore plus d’expérience et de confiance. On sait maintenant à quoi s’attendre. La base est solide, et on a faim de plus », conclut-elle.

Projet pilote : des travailleurs sociaux sillonnent le métro de Toronto

TORONTO – Depuis samedi dernier, une vingtaine d’intervenants sillonnent la ligne 1 du métro de Toronto pour répondre aux appels de détresse et aux situations de crises. Il s’agit d’un projet pilote lancé par la Commission de transport de Toronto (CTT) en collaboration avec le Service de crise communautaire de Toronto (SCCT), qui prévoit d’ailleurs des interventions en français.

À l’approche de l’hiver, la mission du Service de crise communautaire de Toronto (SCCT) s’étend désormais au réseau de transport en commun. Le SCCT précise d’ailleurs que ces services sont ouverts à « tout le monde », c’est ce qu’explique Nicolas Shink, employé au Centre de crise Gerstein et qui travaille pour le service communautaire.

Aider rapidement tout en limitant les perturbations du service, tel est l’objectif des travailleurs de ce projet pilote, spécialement formés pour assister les personnes vulnérables en crise et faire des interventions qui ne requièrent pas toujours l’intervention des policiers.

L’importance du français

Nicolas Shink, qui ne sera pas déployé dans le métro mais à proximité, se tiendra prêt à intervenir dans les stations souterraines lorsque des interventions en français seront nécessaires. Selon lui, utiliser la langue de son choix permet aux personnes en crise de décrire leur situation avec les mots justes : « La langue maternelle est l’outil le plus simple et le plus naturel pour connecter avec la personne, car c’est un outil qui aide à bâtir de la confiance pendant l’intervention », raconte-t-il.

La communication publique autour du projet se fait principalement en anglais, mais la TCCS assure que : « Les intervenants en situation de crise du TCCS sont multilingues et peuvent offrir des services dans différentes langues, dont le français ».

Le projet pilote touche les stations situées sur le segment en « U » de la ligne 1 pour le moment. Photo : Archives ONFR

D’après la ville de Toronto, entre janvier 2022 et juin 2025, les agents spéciaux de la CTT ont reçu un total de 3 811 appels de service concernant une personne en situation de crise, dont 36 % dans la zone U de la ligne 1. Ce sont donc au total, les 15 stations de cette zone spécifique qui sont identifiées dans le projet pilote et où les intervenants surveilleront les demandes en temps réel.

La Commission rappelle que les intervenants du SCCT ne resteront pas stationnaires, ils seront déployés en fonction de la demande. En pratique, il s’agira pour les passagers d’utiliser l’application SafeTTC pour alerter le personnel ou en composant le 211 ou 911.

Vigilance et rapidité au cœur de l’expérience

Prenant lui-même part aux déploiements en cas de besoin, Nicolas Shink raconte que le manque d’endroits pour se réchauffer à Toronto pousse les personnes dans le besoin à se réfugier dans les wagons du métro durant l’hiver.

Originaire de Québec, Nicolas Shink est l’un des travailleurs sociaux francophones du Centre de crise Gerstein à Toronto. Photo : Gracieuseté

Le SCCT est appuyé par quatre organismes communautaires, dont le Centre de crise Gerstein qui, de ce fait, joue un rôle majeur dans le déploiement du projet pilote.

« Parfois on voit des personnes pleurer dans le métro et c’est d’avoir une présence pour y soutenir les personnes qui en ont besoin », dit l’intervenant. « Peu importe le besoin, on va essayer d’y répondre », poursuit-il. Formés indépendamment de la CTT, ces agents du SCCT fondent leur intervention sur l’établissement d’un lien de confiance avec les personnes pour mener à bien leurs missions. Dépendamment de la situation et de l’emplacement, les intervenants en crise auront la possibilité d’être déployés en l’espace de quelques minutes, annonce la CTT.

La prochaine phase du projet pilote

Pour le moment, les interventions couvrent uniquement les stations situées sur le segment en « U » dans la ligne 1, avec les services d’urgence habituels présents sur le reste du réseau. En respect de son mandat, le SCCT tient à limiter les interventions policières et à jouer l’intermédiaire entre l’autorité et les citoyens, car : « La vue de l’uniforme peut perturber certaines personnes », conclut M. Shink.

Dans d’autres cas, lorsque les équipes ne parviendront pas à répondre aux besoins, ces dernières se chargeront de diriger les personnes en crise vers les services adéquats. La suite du projet, dont la forme n’a pas encore confirmé par la CTT, sera déterminée selon les résultats de ce projet pilote. L’évaluation sera basée sur la quantité d’appels, le nombre d’interventions policières évitées, ainsi que l’avis des passagers et si le service métropolitain demeure inaffecté.

Article écrit avec les informations de Abigail Alves Murta.

Près d’un million de dollars pour de la main-d’œuvre bilingue dans le Sud de l’Ontario

Trois organisations francophones du Sud de la province bénéficieront de près d’un million de dollars du fédéral pour la formation et l’appui à de la main-d’œuvre bilingue dans la région.

Evan Solomon, le ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario (FedDev Ontario) a annoncé lundi par communiqué une ronde de financement pour des organismes de la région des Mille-Îles et de Windsor.

La Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) recevra 350 000 dollars au cours des deux prochaines années pour aider près de 200 entreprises de Windsor et du Sud-Ouest de l’Ontario. Ce financement servira à offrir des services aux entreprises et aux entrepreneurs francophones, en améliorant l’accès aux services actuels dans l’écosystème, en plus de favoriser la création de nouvelles opportunités économiques.

« La FGA pourra aider encore plus d’entrepreneurs francophones dans le sud de la province, en leur offrant gratuitement du mentorat, des conseils personnalisés, ainsi que des possibilités de formation et de réseautage en français », soutient son président Dominic Mailloux, dans ce communiqué.

Dominic Mailloux, président du Club canadien et de la FGA. Photo par // Photagonist.ca

Le Collège Boréal obtiendra 600 000 dollars « pour offrir de la formation et des voies d’accès à l’emploi aux nouveaux arrivants et aux entrepreneurs francophones de Windsor et du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario ».

« Grâce à l’investissement de FedDev Ontario, cette formation certifiée contribuera à accélérer le développement économique en renforçant les compétences des entrepreneurs locaux et en facilitant l’intégration de ceux nouvellement arrivés dans notre région », souligne Carole Nkoa, vice-présidente au Collège Boréal.

Finalement, l’Association canadienne-française de l’Ontario, Conseil régional des Mille-Îles (ACFOMI) soutiendra jusqu’à 12 entreprises dans les secteurs du tourisme, du développement durable et des services via un financement de 103 000 dollars.

« Ce financement crée un pont entre les employeurs anglophones et les talents francophones. Le projet favorisera des milieux de travail plus inclusifs et ouvrira la voie à un meilleur accès aux services en français dans la région », a indiqué Laurianne Montpetit, directrice générale de l’ACFOMI.

Ces trois initiatives seront financées dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028, qui compte près de 30 millions de dollars pour des mesures d’aide de nature économique.

« Ces projets permettront non seulement de mettre en relation les travailleurs francophones avec des emplois et des occasions entrepreneuriales significatives, mais ils aideront également les entreprises à accéder à de nouveaux talents et à prospérer dans les deux langues officielles », a souligné le ministre Evan Solomon.

Le projet de loi sur la protection des librairies franco-ontariennes est rejeté

Le projet de loi 58 pour la protection des librairies franco-ontariennes a été rejeté ce matin à Queen’s Park avec 70 votes contre et 37 en faveur. Lors du dernier débat pour le passage en seconde lecture, le gouvernement avait indiqué qu’il ne le soutiendrait pas « dans sa forme actuelle », notamment à cause du cadre réglementaire : les institutions financées par des fonds publics auraient, entre autres, eu l’obligation de se procurer leurs livres auprès de ces librairies francophones.

Avec la disparition de neuf librairies franco-ontariennes en l’espace de quelques années, passant de 12 à trois, la députée d’Ottawa-Vanier Lucille Collard souhaitait proposer « des solutions concrètes pour renverser la tendance », avait-elle affirmé.

Il s’agissait d’ouvrir la voie à une législation unique en Ontario (inspirée d’une loi québécoise) visant à protéger et assurer la survie des librairies franco-ontariennes incluant : la création d’une accréditation, l’obligation pour les institutions financées par les fonds publics de s’approvisionner auprès de celles-ci, la nomination d’un registrateur des librairies franco-ontariennes, ou encore la création d’un fonds de soutien provincial afin d’aider ces librairies à moderniser et à maintenir leurs activités.

En débat, le 6 novembre dernier, le député d’Essex Anthony Leardi avait annoncé en français que le gouvernement ne soutiendrait pas le projet de loi lors du prochain vote :

« Notre gouvernement reconnaît l’apport des librairies à la communauté et demeure fermement engagé à soutenir les francophones et leurs institutions (…) Mais notre responsabilité est aussi de mesurer, avec rigueur, les effets d’une loi sur l’ensemble de l’écosystème. »

« Après examen attentif, nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi 58 dans sa forme actuelle (…) Parce qu’il substitue une logique de réglementation et de contrainte à une approche de partenariat et d’autonomisation des institutions. »

Le Franco-Ontarien Stéphane Sarrazin (Glengarry-Prescott-Russell) avait lui aussi pris la parole au nom du gouvernement, saluant tout d’abord l’engagement de la députée Collard envers la culture franco-ontarienne.

« Nous partageons cet attachement. Nous savons que les librairies franco-ontariennes sont des espaces de vie, d’identité et de mémoire. Elles font partie de ce tissu culturel qui unit notre société franco-ontarienne. »

Il avait néanmoins pointé du doigt un manque de « modernité, souplesse et concertation », comme raisons pour lesquelles le gouvernement ne pouvait pas appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle.

De justifier : « Refuser le projet de loi 58 ne signifie pas refuser la culture, c’est refuser de la figer. Nous choisissons une francophonie vivante, ouverte et collaborative. »

Une conversation qui restera ouverte?

En sortie de chambre après le vote, Mme Collard a dit espérer une proposition de la part du gouvernement.

« Le gouvernement a voté contre le projet de loi. S’ils n’aiment pas ma proposition, j’espère qu’ils s’en inspireront pour la leur. Si on ne fait rien, les librairies franco-ontariennes vont se faire manger par les entreprises multinationales, même les entreprises québécoises qui elles sont protégées au Québec et qui sont en mesure de proposer des rabais, ce que nos librairies ne peuvent pas faire », déplore-t-elle.

Celle-ci confirme qu’elle continuera à dialoguer avec le gouvernement à ce sujet, notamment avec la ministre Caroline Mulroney : « Proposer une solution législative pour venir protéger nos librairies, c’est tout à fait dans le mandat de la ministre des Affaires francophones à travers le Loi sur les services en français (LSF), qui prévoit qu’elle soit responsable de faire la promotion des entreprises franco-ontariennes. »

Côté gouvernement, « nous souhaitons garder ce dialogue ouvert, avec la députée et avec l’ensemble du milieu, afin d’explorer des avenues concrètes et durables », s’était engagé oralement le député progressiste-conservateur Anthony Leardi.

Plusieurs députés de l’opposition, présents lors du dernier débat avaient, eux, appuyé le projet de loi de la députée libérale, dont la néodémocrate France Gélinas : « Le projet de loi est pour moi bien pensé. On veut acheter en Ontario et c’est exactement ce dont il est question ici. Avec la perte des trois quarts des librairies francophones, est-ce si dur de voter pour la survie des Franco-Ontariens? », avait-elle questionné.

« Les librairies francophones sont importantes en Ontario, car elles soutiennent et font rayonner la culture franco-ontarienne en offrant un accès à des livres en français (…) Elles contribuent ainsi à la préservation et à la vitalité de la langue, ainsi qu’à l’identité culturelle dans la province », avait commenté la députée de Nickel Belt auprès d’ONFR.

En chambre, le député libéral Ted Hsu (Kingston et les Îles) avait argumenté en français, en faveur de l’initiative : « Le projet de loi est d’intérêt public. Notre loi sur les services en français nous oblige à promouvoir l’épanouissement de la communauté dont la culture en est un des socles. Ce projet de loi ancre ces investissements dans nos communautés, sans quoi les budgets (alloués aux livres) des écoles continueront à quitter la province. »

Décès de Rolande Faucher, bâtisseuse franco-ontarienne

OTTAWA – Rolande Faucher, ancienne présidente de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) et figure incontournable de la défense des droits linguistiques, est décédée samedi à l’âge de 84 ans. Militante, consultante et auteure, elle laisse derrière elle plus de cinq décennies d’engagement pour la vitalité des francophones de l’Ontario.

Née à Ottawa en 1941, Rolande Faucher s’est rapidement imposée comme l’une des voix les plus constantes de la francophonie ontarienne. 

Après avoir longtemps vécu à Kapuskasing, dans le nord ontarien, Mme Faucher s’installe à Orléans et assume la direction de l’ACFO de 1988 à 1990, période pendant laquelle elle contribue à consolider le rôle politique et communautaire de l’organisme, à un moment charnière pour les droits linguistiques en Ontario.

Elle a ensuite présidé plusieurs institutions culturelles et éducatives, notamment le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), avec lequel son parcours restera indissociable

C’est sous sa direction que le centre a amorcé sa professionnalisation, lancé sa première planification stratégique et posé les bases de la construction du bâtiment qui deviendra l’un des piliers francophones d’Orléans.

« C’était une inspiration pour moi lorsque je me suis présentée comme députée »
— Mona Fortier

Elle s’est aussi impliquée au sein du Studio des jeunes d’Orléans et La Nouvelle Scène, renforçant l’ancrage des arts et de la culture françaises dans la région de la capitale nationale.

Réactions et témoignages

Les premières réactions ont rapidement afflué. « Elle a défendu le MIFO avec une conviction inébranlable et a toujours cru en son importance pour la vitalité francophone. Grâce à son leadership et à sa détermination, le MIFO est devenu un lieu incontournable qui continue, encore aujourd’hui, à servir des générations entières des tout-petits aux aîné.e.s », écrit l’organisme dans une publication sur les réseaux sociaux.

« C’était une inspiration pour moi lorsque je me suis présentée comme députée : je me suis inspirée de ses actions pour défendre et protéger la langue française », a réagi la députée libérale d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier en entrevue avec ONFR.

« J’ai eu le privilège de la connaître depuis ma jeunesse et tout au long de ma vie adulte. C’était une femme très impliquée, une chercheuse et une activiste, qui savait exactement comment défendre la francophonie et aider notre communauté à prendre sa place. »

La députée fédérale Mona Fortier aux côtés de Rolande Faucher. Photo : Gracieuseté de Mona Forier

« Madame Faucher nous a offert, tout au long de sa vie, un modèle d’engagement public qui force l’admiration », peut-on lire dans une publication Facebook sur la page du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes.

« Aujourd’hui, nous avons la chance d’apprécier les fruits de son engagement, notamment à travers la création de l’Université de l’Ontario français, la réouverture de l’Université de Sudbury, et la reconstruction du MIFO. Pour l’AFO comme pour moi personnellement, elle demeure un modèle de leadership et d’inspiration au service de la francophonie ontarienne », a déclaré, de son côté, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert.

Langues officielles et santé en français 

Son passage à la présidence du Conseil de l’éducation et de la formation franco-ontarienne, de 1993 à 1996, a aussi marqué les discussions sur la gouvernance scolaire en français, à une époque où les revendications pour des conseils scolaires homogènes prenaient de l’ampleur. Mme Faucher a aussi été membre du Comité consultatif sur les affaires francophones de l’Ontario de 2004 à 2009.

« Le départ de Rolande Faucher m’attriste beaucoup »
— Dominic Giroux

En parallèle de son rôle de militante, Rolande Faucher a offert son expertise comme recherchiste au Parlement canadien et comme consultante sur les langues officielles, la santé, la justice et la formation professionnelle. 

Elle a également siégé au conseil d’administration de l’Hôpital Montfort, durant les années turbulentes de la contestation judiciaire.

Plusieurs rapports qu’elle a dirigés, notamment sur le manque de professionnels de la santé francophones et les obstacles à l’accès aux services en français, demeurent des références dans le secteur.

« Le départ de Rolande Faucher m’attriste beaucoup (…) Mes premières interactions avec elle remontent à l’époque où l’on siégeait ensemble au conseil d’administration de Montfort, pendant la crise de SOS Montfort à la fin des années 90. Comme jeune leader franco-ontarien, j’étais inspiré par sa rigueur intellectuelle. Rolande était d’ailleurs membre honoraire de l’Association de l’Hôpital Montfort », a déclaré Dominic Giroux, président-directeur général de Montfort, dans une déclaration écrite à ONFR.

Et d’ajouter  : « J’ai hâte de lire le dernier legs auquel elle a contribué avant son départ, l’ouvrage sur l’histoire d’Orléans lancé il n’y a que quelques semaines. »

De gauche à droite : Dominic Giroux, PDG de Montfort; Estelle Ethier, cheffe de direction de l’Institut du Savoir Montfort; Rolande Faucher, François Charbonneau, Louise Bouchard, Michel Bock et Marcel Martel, à l’occasion du lancement de l’ouvrage Le moment Montfort dans la francophonie canadienne, à l’Université d’Ottawa en septembre 2024. Photo : Gracieuseté de Martin Sauvé

Auteure et gardienne de la mémoire franco-ontarienne

Rolande Faucher est aussi connue pour avoir signé la biographie Jean-Robert Gauthier : « Convaincre… sans révolution et sans haine », publiée en 2008. Cet ouvrage, qui lui a valu le prix Champlain en 2009, retrace le parcours de l’un des plus ardents défenseurs des droits linguistiques au Parlement canadien. 

Elle est également l’auteure du texte Pour une culture universitaire française pleine et entière en Ontario, qui plaidait pour une université autonome en français bien avant la création de l’Université de l’Ontario français.

Au cours de sa carrière, elle a reçu de nombreux honneurs, notamment l’Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO) en 1999, le prix Albert-Régimbald décerné par les centres culturels de l’Ontario (ACCO), le grade de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade remis par l’Association parlementaire de la Francophonie (APF), ainsi que le Prix du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa en 2012.

En 2014, elle a été nommée membre honoraire du Réseau des services de santé en français de l’Ontario pour son rôle majeur dans l’évolution du secteur.

Selon l’avis de décès, une cérémonie en mémoire de Mme Faucher se tiendra le mardi 2 décembre 2025 à 13 h, au Centre commémoratif national Beechwood, situé au 280 avenue Beechwood à Ottawa.

Avec Tupqan, Ondinnok célèbre 40 ans de théâtre autochtone francophone

OTTAWA – Ondinnok, première compagnie de théâtre autochtone francophone au Canada, célèbre cette année son 40e anniversaire. Pour souligner l’événement, la troupe présente Tupqan | Nos territoires intérieurs, une nouvelle création qui sera d’abord dévoilée en avant-première au Centre national des Arts (CNA) du 20 au 22 novembre 2025, puis au Théâtre Duceppe à Montréal du 4 mars au 4 avril 2026.

La pièce est née du désir de rassembler des amis et artistes qui ont fait leurs débuts chez Ondinnok avant de créer leurs propres compagnies (Menuentakuan, AUEN et Duceppe).

« Je voulais une œuvre qui nous rassemble », explique le coauteur et directeur artistique Dave Jenniss, de la Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk.

L’image du wampum, symbole ancestral d’unité entre les nations, s’est imposée naturellement. « Les perles du wampum représentaient chacun de nous. Je voulais tisser notre propre wampum collectif. Et le public, lui aussi, devient une de ces perles », dit-il.

À mi-chemin entre « thriller » politique et quête intérieure, Tupqan explore les thèmes de l’identité, de la réconciliation et de l’héritage culturel.

L’action se déroule dans la communauté fictive de Whitefish (Wapeyit-Nameha), bouleversée par le vol d’une ceinture wampum sacrée. « La disparition de l’objet plonge la communauté dans une zone sombre. Pour devenir chef, Polam, le héros, doit retrouver le wampum et faire un travail de vérité », résume M. Jenniss, qui a signé cette pièce avec Xavier Huard. Pour lui, l’histoire raconte surtout un parcours visant à « guérir ses blessures pour imaginer un avenir plus lumineux, pour soi et sa communauté ».

Hommage aux pionniers

Depuis sa fondation en 1985 par Yves Sioui Durand, Catherine Joncas et John Blondin, Ondinnok a longtemps développé un « théâtre de guérison » auprès de communautés vulnérables. 

Une approche qui continue de teinter ses créations. « On ne fait plus exactement ce type d’intervention, mais chaque œuvre demeure une forme de guérison, par la manière dont elle est créée et par les thèmes qu’elle porte. On souhaite que le public reparte avec quelque chose qui apaise », souligne-t-il.

Dave Jenniss, directeur artistique d’Ondinnok, co-signe Tupqan, une création célébrant 40 ans de théâtre autochtone francophone. Crédit image : Maxime Côté

Créer Tupqan, c’est aussi rendre hommage aux pionniers du théâtre autochtone contemporain : Yves Sioui Durand et Catherine Joncas, mais aussi des compagnies anglophones, comme Native Earth Performing Arts à Toronto ou Full Circle à Vancouver.

« Sans leur courage, ce théâtre autochtone n’existerait pas », dit-il.

La mise en scène est confiée à la performeuse et artiste multidisciplinaire Soleil Launière, qui apporte sa signature visuelle. De grandes draperies colorées, des chants, des mouvements et des éléments cérémoniels viennent nourrir un univers qui puise dans des traditions millénaires du théâtre autochtone.

« Parfois, quand les mots ne suffisent pas, le corps parle », souligne Dave Jenniss.

Membre d’Ondinnok depuis 2002, Dave Jenniss a occupé tous les rôles : comédien, auteur, observateur, metteur en scène. « Yves et Catherine ont été mes mentors. J’ai aussi étudié en Europe, ce qui m’a permis de forger ma vision tout en restant enraciné dans l’héritage mythologique et cérémonial », raconte-t-il. Directeur artistique depuis 2017, Tupqan marque la fin d’un cycle de huit ans. Il quittera la direction en mars 2026, tout en demeurant associé à la compagnie, pour se consacrer à la transmission de son savoir.

À travers cette pièce et son travail des dernières décennies, Ondinnok poursuit un même objectif : affirmer une présence.

« Nous voulons dire que nous avons toujours été là, même si on nous a mis de côté. Nos histoires existent. Perdre sa langue et son identité laisse des traces, mais on peut retrouver un chemin. Aujourd’hui, une nouvelle génération se lève, fière et forte », conclut-il.

La création est soutenue par le Fonds national de création du CNA, qui a investi plus de 15 millions de dollars dans des productions canadiennes depuis 2018. Une aide de 155 000 $ a permis à Ondinnok de développer un processus de recherche et de création, réunissant les talents autochtones d’aujourd’hui et de demain.

Emmanuelle Erny remporte le Prix du livre d’Ottawa

OTTAWA – C’est l’auteure Emmanuelle Erny qui remporte le Prix du livre d’Ottawa 2025, honorée pour son livre Charlotte au pays des mots aux Éditions L’Interligne. Cette œuvre de fiction nous plonge dans un univers personnifié de la langue française, où les mots, noms, adverbes ou encore adjectifs, sont des personnages. La cérémonie de remise de prix se déroule ce soir à 19h au Studio théâtre Les-Lye des Théâtres Meridian à Centrepointe.

Lancé en 1985, le Prix du livre d’Ottawa récompense le meilleur ouvrage publié en français au cours de l’année précédente, et c’est Charlotte au pays des mots d’Emmanuelle Erny qui est mis à l’honneur pour l’édition 2025.

Dans son roman, « à la manière d’Alice au pays des merveilles, Charlotte se retrouve aspirée par son livre de grammaire. Perdue dans ce monde étrange où les mots sont vivants, Charlotte doit négocier avec les verbes, les adverbes et les noms pour retrouver son chemin ».

Charlotte au pays des mots d’Emmanuelle Erny. Photo : gracieuseté

L’ouvrage propose une réflexion sur nos interactions avec les mots de la langue française à travers la protagoniste, Charlotte, qui, tombant dans son livre de grammaire, se retrouve au milieu d’un monde peuplé de mots devenus des personnages à part entière.

Décrite comme « une faiseuse d’histoires et une pédagogue » par sa maison d’édition L’Interligne, Emmanuelle Erny cumule plus de vingt ans d’expérience dans le domaine de l’éducation, où elle a travaillé autant en pédagogie qu’en formation bilingue pour adultes. Elle a notamment contribué à la conception de programmes de formation et au développement d’outils et supports d’apprentissage multimédias.

Résidant à Ottawa, elle occupe parallèlement le poste de directrice de l’apprentissage chez Competency Weaver.ai, une entreprise spécialisée dans le développement de solutions éducatives utilisant l’intelligence artificielle pour appuyer la reconnaissance des compétences et la création de parcours de formation adaptés.

Les autres finalistes dans la catégorie fiction en français étaient Margaret Michèle Cook avec La lumière de minuit, Monia Mazigh avec Histoires de racines, et Claire Ménard-Roussy avec Un lourd prix à payer.

Les lauréates des catégories anglophones sont Nina Berkhout pour This Bright Dust (fiction en anglais), publiée chez Goose Lane Editions, et Denise Chong pour Out of Darkness : Rumana Monzur’s Journey through Betrayal, Tyranny and Abuse, publiée chez Random House Canada (non-fiction en anglais).

La radio communautaire : un média de proximité qui stimulerait l’économie locale

« Faire valoir nos radios communautaires comme des moteurs économiques dans les milieux ruraux, c’est vraiment notre objectif », lance le président de l’Alliance des radios communautaires du Canada (ARC), Gary Ouellette, qui est lui-même directeur d’une station de radio.

« On aimerait être au même statut que le diffuseur national », poursuit-il.

«  Ces radios communautaires sont un point de repère dans les régions francophones pour leur langue et pour leur culture ».

Au nom de l’ARC, qui compte 28 autres membres à travers le pays, M. Ouellette profite du Mois de l’économie sociale et solidaire pour rappeler la contribution des radios communautaires dans le tissu économique.

Selon lui, « les radios ont su mettre les entreprises de leurs régions en avant, grâce à leurs médias, grâce à leurs réseaux sociaux et grâce à leurs personnalités publiques ».

Des ondes par et pour la communauté

Shawn Pitre travaille depuis plus d’un an comme coordonnateur à la station CFRH de Penetanguishene, qui offre une programmation en français.

« Dans le comté de Simcoe, séparer la communauté de la station radio est comme une impossibilité. C’est beaucoup plus fort qu’un lien », raconte-t-il.

Au moyen d’une programmation qui met les talents franco-ontariens de l’avant, ainsi qu’en engageant des bénévoles francophones et francophiles, Shawn Pitre positionne la station comme un phare pour la communauté francophone locale.

« Si une organisation à but non lucratif n’a pas le budget pour diffuser des annonces, on travaille tout de même avec elle parce qu’on veut renforcer les partenariats et les liens entre les individus. »

Shawn Pitre se réjouit également de constater que les médias communautaires francophones perdurent malgré la présence de grandes plateformes numériques.

« Ce qui est important aussi ce sont les différentes variantes régionales, les dialectes, etc. Avec cette philosophie, on travaille donc pour faire vivre tous les différents types de français ici », renchérit-il.

D’origine acadienne, Shawn Pitre s’est senti adopté par sa communauté dans le comté de Simcoe. Photo : Gracieuseté

Des élèves de l’École publique Saint-Joseph de Penetanguishene ont travaillé avec la station CFRH pour des projets collectifs locaux. Photo : Gracieuseté

Le coordonnateur de la station note que ses journalistes participent de plus en plus aux événements politiques locaux et à ceux du Mouvement des intervenants et des intervenantes en communication radio de l’Ontario (MICRO) pour faire valoir la voix de la communauté. Le MICRO est un organisme provincial qui chapeaute les cinq radios communautaires ontariennes. Les membres du MICRO, dont fait partie CFRH, entreprennent chaque année des projets avec des écoles francophones de la région.

Tenir les médias traditionnels en vie

Les radios commerciales tout comme les radios communautaires font face à une crise des médias en situation minoritaire qui amplifie les défis d’un réseau, déjà exposé au manque de ressources.

« On aimerait payer des salaires justes et garder nos employés »
— Gary Ouellette président de l’ARC

En effet, les subventions perçues en vertu de la loi sur les langues officielles ne couvrent pas entièrement les besoins réels des radios communautaires en situation minoritaire pour maintenir leur activité.

« On aimerait pouvoir parfaire nos équipements techniques et l’argent souvent n’est pas fait pour être dépensé pour des biens ou du matériel », déplore M. Ouellette.

Gary Ouellette (en vert) dirige la radio de Sommet FM au Nouveau-Brunswick et préside l’Alliance des Radios Communautaires (ARC).

Il y a quelques semaines, le Consortium des médias communautaires de langues officielles en situation minoritaire a publié un nouveau Livre blanc avec la participation de l’ARC, dans lequel la recherche confirme une utilisation non négligeable par la population des médias communautaires, tels que les journaux ou la radio.

« Ils (les gouvernements) sont conscients de notre force. Toutefois, ça ne se reflète pas toujours dans les subventions », martèle Gary Ouellette qui continue de faire valoir ses inquiétudes auprès des gouvernements.

Soccer SLN : Nyota Katembo veut « garder la coupe à la maison »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Nyota Katembo est une joueuse de soccer canadienne d’origine congolaise, évoluant cette saison avec AFC Toronto dans la Super Ligue du Nord (SLN). Ancienne joueuse universitaire, elle a découvert cette saison le niveau professionnel au sein d’un effectif torontois ambitieux. Seule francophone de l’équipe, elle fait entendre la voix du français dans un environnement largement anglophone.

LE CONTEXTE :

AFC Toronto dispute la grande finale de la première saison de la SLN ce samedi (14 h) contre Vancouver, après avoir terminé en tête du classement de la saison régulière. Pour la joueuse de 24 ans, cette saison a été marquée par la constance collective de l’équipe, mais aussi par des défis personnels, notamment une blessure en milieu de parcours. De retour en pleine forme, la milieu de terrain a contribué à la qualification historique du club torontois pour la finale.

L’ENJEU :

Au moment d’affronter Vancouver au BMO Field ce samedi, Nyota Katembo évoque la préparation de son équipe, l’évolution du groupe tout au long de la saison et l’importance de cette nouvelle ligue pour les joueuses canadiennes.

« Comment s’est passée la saison de votre équipe?

Je crois que c’était une très bonne saison. Nous avons terminé premières de la Ligue et nous sommes en finale. Nous avons réussi à établir ce que nous voulions mettre en place dès le départ. Les deux premiers matchs ont été un peu difficiles, mais ensuite, tout a cliqué. Après la victoire contre Calgary, nous avons trouvé notre rythme et notre cohésion.

Y a-t-il un moment clé qui résume votre parcours cette année?

Je dirais le dernier match de la saison contre Montréal. Nous avions encaissé un but en premier, mais nous sommes revenues pour l’emporter 2-1. Cela a montré la force de caractère que nous avons développée au fil de la saison. En début d’année, si nous avions été menées, je ne pense pas que nous serions revenues. Cela prouve à quel point l’équipe a grandi.

Jouer contre Montréal, c’est quelque chose de spécial pour vous?

Toujours. C’est toujours particulier d’affronter Montréal, surtout là-bas. J’ai un petit sentiment d’attachement à la ville, bien sûr, mais à la fin de la journée, je suis très heureuse d’être à Toronto. C’est ici que je me sens chez moi maintenant.

Vous êtes la seule francophone de l’équipe. Comment vivez-vous cela?

Très bien! Mes coéquipières essaient d’apprendre quelques mots en français, elles sont toujours curieuses. Bien sûr, le quotidien se passe en anglais, mais je garde le français bien présent. J’écoute toujours du rap français avant les matchs, c’est un petit rituel.

Nyota Katembo et ses coéquipières ont remporté le premier titre de saison régulière de la SLN. Photo : AFC Toronto

Sur le plan individuel, comment évaluez-vous cotre première saison chez les pros?

Il y a eu des hauts et des bas. Je me suis blessée et j’ai manqué une bonne partie de la saison, mais je retiens surtout le positif. Revenir en fin de saison, jouer à Calgary, gagner même en infériorité numérique, puis enchaîner avec un gros match contre Montréal, ça m’a redonné beaucoup de confiance.

Plus largement, que représente pour vous la création de la SLN?

C’est une opportunité incroyable pour les joueuses canadiennes. Nous avons grandi sans ligue professionnelle au pays, ce qui obligeait beaucoup d’entre nous à partir à l’étranger. Maintenant, nous pouvons jouer chez nous, devant nos proches. C’est aussi une belle vitrine pour les jeunes joueuses et une chance de faire grandir le soccer féminin au Canada. Nous avons du talent ici, il fallait simplement une plateforme pour le mettre en lumière.

Venons-en à la finale, comment l’équipe s’est-elle préparée pour ce moment si important?

Honnêtement, il n’y a pas eu de gros changements. Nous avons connu quelques blessures en défense centrale, donc il a fallu s’ajuster, mais la formule fonctionne. Nous avons beaucoup misé sur la cohésion et la confiance. Le dernier match contre Vancouver s’est très bien passé (victoire 7-0 le 13 septembre), donc l’objectif est de retrouver ces sensations et de reproduire ce qui a marché.

Quels seront, selon vous, les éléments clés pour remporter la finale?

Rester unies, concentrées, et croire en nos habiletés. Nous avons déjà battu Vancouver et nous savons que nous pouvons le refaire. Il y aura de la pression, beaucoup d’attention médiatique, mais il faudra garder la tête froide et jouer notre jeu.

Jouer cette finale de la SLN au BMO Field, à Toronto, a-t-il une signification particulière?

Oui, c’est très spécial. Nous avons commencé la saison là-bas et perdu contre Montréal. Depuis ce jour-là, nous nous sommes promis d’y retourner pour la finale et de la gagner. Nous voulons ramener la coupe à la maison… enfin non, nous serons déjà à la maison. Nous voulons la garder ici. »

Conseils scolaires : Calandra veut créer des « bureaux d’assistance aux élèves et aux familles »

C’est à la surprise générale que le ministre de l’Éducation Paul Calandra a annoncé la veille la création de nouveaux « bureaux d’assistance aux élèves et aux familles ». D’abord imposés à cinq conseils anglophones sous supervision dès janvier 2026, ils seront mis en place dans tous les conseils scolaires ontariens d’ici le 31 mars 2026. Les réactions sont mitigées chez les représentants des conseils francophones et l’AEFO. Entre espoir et dépit, ils s’accordent toutefois à dire qu’ils n’ont pas été consultés.

« Les bureaux d’assistance aux élèves et aux familles examineront les préoccupations soulevées par les familles en vue de les aider à résoudre les problèmes qui, après une première discussion avec l’enseignant et la direction de l’enfant, nécessitent plus d’attention », explique le communiqué de presse.

« Il s’agit de donner aux familles un meilleur accès au système d’éducation et d’aider à résoudre les frustrations de longue date ressenties par de nombreux parents qui ont été déçus tant par le système que par les conseillers scolaires », a répondu à ONFR la porte-parole du ministère de l’Éducation, Emma Testani.

Ce nouveau processus de rétroaction accuserait réception des demandes dans les deux jours ouvrables, et offrirait une réponse dans les cinq jours ouvrables. 

« Les bureaux de soutien aux élèves et aux familles fourniront une voie directe aux familles pour résoudre les problèmes ».

Celle-ci ne s’est pas prononcée sur le coût de ces nouveaux organes d’assistance mais a précisé que, pour les conseils scolaires sous supervision, les ressources précédemment dédiées aux conseillers scolaires seront redistribuées pour soutenir ces bureaux.

« Pour tous les autres conseils, nous examinerons leurs plans une fois soumis pour nous assurer qu’ils répondent aux besoins des élèves et des familles ».

Tous les conseils scolaires devront soumettre d’ici le 31 mars 2026 un rapport sur la façon dont ils mettront en place le bureau de soutien pour le 1er septembre 2026. Chaque bureau sera dirigé par une agente ou un agent de supervision.

Les bureaux de cinq conseils anglophones sous supervision ministérielle devront ouvrir plus tôt, dès janvier 2026 (Dufferin-Peel Catholic District School Board, Ottawa-Carleton District School Board, Thames Valley District School Board, Toronto Catholic District School Board et Toronto District School Board).

Entre surprise et désenchantement : des réactions mitigées

L’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a réagi par le biais d’une déclaration de sa présidente Gabrielle Lemieux pour qui les conseils scolaires disposent déjà de procédures pour traiter les préoccupations des familles.

« Cette nouvelle annonce du gouvernement démontre une fois de plus l’ingérence persistante du gouvernement dans la gouvernance des conseils scolaires, tout en préparant le terrain pour une élimination graduelle des postes d’élues et élus scolaires. »

« Le gouvernement met en place un mécanisme parallèle qui ne règle rien aux véritables problèmes dans les écoles : surcharge, manque de services, ratios intenables et besoins criants en santé mentale », dénonce Mme Lemieux.

L’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO), pour qui l’annonce est une surprise, assure que ni l’association ni ses conseils membres n’ont été consultés dans le cadre de l’élaboration de cette mesure.

« Nous sommes en attente des précisions nécessaires pour bien comprendre les attentes et exigences du Ministère quant à la mise en œuvre de cette initiative ».

Même surprise pour l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) qui dit ne pas avoir connaissance d’un processus de consultation ouvert aux conseils.

« Cela pourrait offrir un point de contact clair pour les familles et les élèves qui ont des questions ou des préoccupations dépassant le cadre de l’école ou du conseil (…) et contribuer à un meilleur accès à l’information et à la résolution plus rapide de certaines problématiques », salue l’association.

De nuancer : « Il faudra aussi veiller à ce que ces bureaux n’érodent pas la responsabilité locale des conseils scolaires et des écoles : leur rôle dans le soutien à l’élève et à la famille doit demeurer central et non être délégué de façon non encadrée. »

Elle souligne également le fait que la création de bureaux d’assistance doit s’accompagner de ressources suffisantes, d’un mandat clair et d’une articulation avec les services existants pour éviter redondances ou confusions.

Selon celle-ci, il faut en parallèle garantir l’accessibilité et la sensibilité linguistique et culturelle, préserver la responsabilité locale des écoles et des conseils, et mettre en place un suivi pour s’assurer que ces bureaux apportent un réel bénéfice aux élèves et aux familles.

L’AFOCSC demande au ministère de l’Éducation de fournir un cadre de référence clair pour ces bureaux d’assistance. 

1er Festival du film de plein air d’Ottawa : « une célébration de nos espaces verts »

[ENTREVUE EXPRESS]

Mélinda Gilhen-Baker est responsable des communications et de la sensibilisation pour la Société canadienne pour la nature et les parcs, section Vallée de l’Outaouais (SNAP-VO).

Le SNAP-VO organise, ce samedi et pour la première fois, le Festival du film de plein air, au cinéma Bytowne, à Ottawa.

Le festival vise à sensibiliser le public à la protection des espaces verts et à la biodiversité de la région, en particulier le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure qui s’étend sur 20 000 hectares dans la région de la capitale nationale, deux milieux fragiles menacés par l’urbanisation et l’absence de protection législative.

« Qu’est-ce qui a motivé la création de ce festival de films de plein air à Ottawa?

L’objectif principal est de donner de l’espoir aux gens. On sait que beaucoup ressentent de l’anxiété face aux changements climatiques et à la perte de biodiversité. On voulait rassembler des personnes partageant les mêmes valeurs pour leur montrer qu’ensemble, on peut faire une différence. 

On voulait surtout démontrer deux projets auxquels nous tenons particulièrement en ce moment : le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure, ainsi que la fragmentation des habitats. Nous voulons aussi montrer que nous essayons de créer des connexions entre nos espaces verts pour que les animaux puissent bien voyager d’un espace à l’autre et pour s’assurer que leur habitat reste connecté. C’est un peu une célébration de nos espaces verts, ce qui rend la région d’Ottawa si spéciale.

Pourquoi avoir choisi le cinéma comme moyen de sensibilisation?

Le cinéma est un outil puissant pour toucher les gens émotionnellement et transmettre des messages complexes. À travers l’histoire, l’art a toujours été un moyen de sensibiliser, que ce soit la littérature ou la peinture. Aujourd’hui, le cinéma nous permet de combiner l’information et l’émotion, d’éduquer sans être trop scientifique et de créer un moment de réflexion et d’inspiration pour le public.

Le festival espère accueillir environ 600 personnes pour sa première édition, explique Mélinda Gilhen-Baker. Photo : Gracieuseté de Mélinda Gilhen-Baker

Pourquoi avoir sélectionné ces trois films en particulier?

Tous les films sont canadiens et indépendants, chacun mettant en lumière différents aspects de la nature et de notre culture. Electric Greg et Wildflowers montrent comment profiter de la nature de manière responsable, tandis que Traversée explore également des aspects culturels et environnementaux. On a aussi tenu à ce que la cinématographie soit inspirante pour capter l’attention et susciter des émotions.

Quelle sera la langue des projections et y aura-t-il des activités d’accompagnement?

Electric Greg et Wildflowers seront en anglais avec des sous-titres en français, et Traversée sera bilingue. Bien que ce soit la première édition et que le temps nous ait un peu limité pour organiser des conférences ou des questions-réponses, nous aurons tout de même une courte discussion avec l’équipe de la SNAP et une introduction par notre directeur général, John McDonnell, pour présenter nos projets.

Quels sont les principaux enjeux pour le parc de la Gatineau et la Ceinture de verdure?

Le problème majeur est l’absence de protection législative. Même si le parc de la Gatineau porte un nom officiel, il n’existe pas de loi formelle pour le protéger. Cela signifie que des parcelles de terre pourraient être vendues ou utilisées pour de nouvelles constructions, réduisant ainsi l’espace disponible pour les animaux et fragilisant leurs habitats naturels. La Ceinture de verdure fait face à des enjeux similaires, et nous cherchons à mobiliser la population pour demander une protection législative.

L’équipe du SNAP-VO lors d’une sortie pour visiter un musée sur la rivière des Outaouais. Photo : Gracieuseté de Mélinda Gilhen-Baker

Quels gestes concrets espérez-vous voir de la part des participants après le festival?

Nous encourageons les citoyens à signer des pétitions pour soutenir des projets de loi visant à protéger ces espaces, à suivre nos campagnes via l’infolettre et, si possible, à soutenir financièrement la SNAP. L’argent recueilli grâce à la vente de billets servira directement à financer nos initiatives. Nous aurons aussi des tirages avec des prix offerts par nos commanditaires pour remercier les participants.

Pensez-vous que ce festival pourrait devenir un rendez-vous annuel?

Absolument. Nous espérons élargir la programmation, trouver une salle plus grande, prolonger l’événement sur deux jours et collaborer avec plus de partenaires. Plus nous aurons de personnes impliquées et d’idées, plus nous pourrons avoir un impact concret sur la protection de nos espaces verts. »

Gouvernement Ford : trois nouvelles lois omnibus aux impacts directs pour les Ontariens

Fin des élections provinciales à date fixe, changement aux droits des locataires et des propriétaires, suppression des radars photo à compter d’aujourd’hui, ou encore centralisation des approbations d’infrastructures : tour d’horizon de quelques effets directs sur la vie des Ontariens de trois nouvelles lois omnibus déposées par le gouvernement Ford.

À l’issue des trois premières semaines de session parlementaire depuis la rentrée de Queen’s Park, le gouvernement a déposé plusieurs projets de loi omnibus — modifiant plusieurs lois en série — « en accéléré », selon l’opposition officielle, et créant la controverse.

Certaines de ces nouvelles lois auront des effets directs sur la vie quotidienne des Ontariens, allant de la sécurité routière et des droits des locataires jusqu’aux règles entourant les élections provinciales et la gouvernance municipale.

Les droits des locataires affectés

Le Projet de loi 60, Loi de 2025 visant à lutter contre les retards et à construire plus rapidement, soumis le 23 octobre et adopté en première lecture, vise entre autres à accélérer la construction de nouveaux logements, l’aménagement et l’homologation d’infrastructures.

Il suscite notamment de vives critiques pour ses effets potentiels sur les droits des locataires ou encore ses effets sur la gestion municipale. Il propose ainsi des amendements à une quinzaine de lois dont : la Loi de 2006 sur la location à usage d’habitation, Loi sur l’aménagement du territoire, Loi de 2001 sur les municipalités ou encore la Loi de 2025 sur les sociétés publiques de gestion de l’eau et des eaux usées.

Qualifié d’« antidémocratique » par l’opposition officielle, le texte inquiète également des groupes de protection des locataires sur la sécurité du logement.

« Le projet de loi 60 laisse les Ontariens sans protection contre les augmentations de loyer et les évictions injustes de la part des propriétaires corporatifs », a déclaré la leader néo-démocrate Marit Stiles.

Le projet de loi prévoit de raccourcir les délais avant qu’un propriétaire puisse déposer une demande pour loyer impayé (de 14 à 7 jours), en plus d’une réduction des délais pour contester une décision de la Commission de la location immobilière (Landlord and Tenant Board), de 30 jours à 15 jours. Il propose également de restreindre les motifs que le locataire peut invoquer pour se défendre lorsqu’il conteste une éviction ou un retard de paiement.

Pour les propriétaires, cela signifierait donc une procédure plus rapide pour récupérer leurs logements locatifs.

Le gouvernement vise ainsi « à réduire l’arriéré de traitement des dossiers à la Commission de la location immobilière et à promouvoir l’accroissement de l’offre de logements locatifs ».

Fin des élections à date fixe ?

Le gouvernement a formalisé son intention de réformer la Loi électorale via l’Énoncé économique de l’automne, dans le cadre de la Loi de 2025 sur le plan visant à protéger l’Ontario.

En plus de révoquer les élections à date fixe — soit « le premier jeudi de juin de la quatrième année civile », règle instaurée en 2005 par le gouvernement de Dalton McGuinty —, le mandat du premier ministre pourrait désormais s’étendre jusqu’à cinq ans au lieu de quatre.

« Les réformes proposées à la Loi électorale visent à permettre aux élections provinciales de se tenir à une date déterminée par la lieutenante-gouverneure, sur l’avis du premier ministre, sous réserve de la limite légale maximale de cinq ans entre les élections, prescrite par la Constitution », a précisé Julia Facca, porte-parole du procureur général Doug Downey.

La réforme apporterait des modifications à la Loi sur le financement des élections. Celle-ci abrogerait notamment les plafonds de dépenses publicitaires avant le déclenchement de l’élection. En plus de prolonger de façon permanente le versement des allocations trimestrielles aux partis politiques, elle accroîtrait les plafonds de contributions de tous les partis.

Si elles sont adoptées, « ces réformes entreraient en vigueur immédiatement et s’appliqueraient à la législature actuelle », a ajouté le ministère du procureur général.

Le projet de loi a pour l’heure été adopté en première lecture.

Fin des radars photo

Le projet de loi 56, Loi de 2025 pour bâtir une économie plus concurrentielle, déposé le 20 octobre 2025, qui a reçu la sanction royale en trois semaines, vise à stimuler l’économie en allégeant les formalités administratives.

Le gouvernement souhaite ainsi réduire de 35 % la quantité de permis requis, notamment pour faciliter la construction, l’aménagement, l’extraction et les activités commerciales à l’intérieur de la province.

Cette loi impactera la façon dont les municipalités opèrent côté réglementation, permis, contrôle des constructions et infrastructures, et affectera notamment les processus d’approbation pour la gestion forestière et l’eau potable municipale.

Impliquant une modification au Code de la route (Highway Traffic Act), elle prévoit notamment l’abolition des caméras automatisées de contrôle de la vitesse dans les municipalités de l’Ontario, dont celles situées près des écoles.

Une mesure qui prend effet à compter de ce 14 novembre 2025. Les contraventions émises via ces caméras ne sont plus valides dans la province.

Un affaiblissement certain de la sécurité, selon les partis d’opposition à Queen’s Park, certaines municipalités, des conseils scolaires et des chefs de police.

« Au lieu de laisser les contrevenants payer pour leurs excès de vitesse, le gouvernement veut que ce soit les citoyens respectueux de la loi qui financent la sécurité routière avec leurs impôts. Ce n’est pas juste », a déploré Olivia Chow, la mairesse de Toronto.

« Les véhicules des ministres provinciaux ont commis plus de 20 infractions… Pas étonnant qu’ils n’aiment pas les radars de vitesse, qui les attrapent en flagrant délit », a-t-elle également dénoncé.

Le chef parlementaire du Parti libéral de l’Ontario John Fraser avait déclaré que : « Les radars de vitesse visent à protéger les enfants et à s’assurer que les rues qu’ils empruntent sont sûres. Être un leader, c’est faire ce qui est juste, pas ce qui est populaire. »

En remplacement des radars municipaux dans les zones scolaires notamment, l’Ontario a annoncé un nouveau fonds de 210 millions de dollars pour financer des infrastructures de modération du trafic telles que des dos d’âne, des passages piétons surélevés, des ronds-points, une signalisation accrue et un renforcement policier ciblé.

Un premier versement de 42 millions de dollars sera disponible immédiatement pour les municipalités qui utilisaient des radars. Le reste du financement pourra être demandé l’an prochain sur présentation de plans de construction d’infrastructures.

Financement accru pour la Direction des services en français d’Ottawa

OTTAWA – La Direction des services en français de la Ville d’Ottawa a présenté jeudi soir son budget provisoire 2026 devant le Comité consultatif sur les services en français (CCSF), lequel enregistre une légère hausse par rapport à l’année précédente. La discussion a toutefois suscité questionnements et frustrations de la part des membres. Certains ont exprimé leur frustration face au manque d’informations directement liées à leur mandat.

Le budget provisoire pour 2026 s’élève à 3,654 millions de dollars, une hausse de 166 000 $ par rapport à 2025. Cette augmentation est principalement liée à la création d’un nouveau poste à temps plein : gestionnaire de programme des services en français.

« Nous saluons l’engagement de la Ville qui a permis de débloquer les ressources nécessaires à ce poste », a souligné Nathalie Lemire, coordonnatrice des Services en français, qui occupera ce poste d’ici peu.

Elle aura pour rôle de guider les directions municipales dans l’optimisation des services en français, d’assurer que les besoins des francophones soient pris en compte et de veiller à ce que toute préoccupation ou plainte concernant ces services soit traitée efficacement

La Ville compte une coordonnatrice, trois traductrices-réviseures internes, trois commis et une trentaine de traducteurs pigistes externes.  Le budget prévoit 2,37 millions de dollars pour les services de traduction et d’interprétation, et environ 1,27 million pour la rémunération du personnel de la Direction des services en français.

Mme Lemire a confirmé que les traductions se font dans les deux sens, du français vers l’anglais et vice-versa, sans toutefois disposer de données consolidées sur la proportion exacte.

Place à l’amélioration

Il a aussi été précisé que les dépenses liées à l’intégration des services en français ne sont pas comptabilisées séparément dans les autres directions municipales, car l’offre bilingue constitue une attente fondamentale de la politique de bilinguisme.

« Je dirais pas que je suis d’accord qu’il y a une offre constante de service en français », a exprimé, la vice-présidente du comité Mireille Brownhill qui dit ne pas toujours constater ce résultat « dans les interactions avec les services offerts par la ville avec les employés de la ville. »

Ce à quoi Mme Lemire a répondu : « On sait qu’il y a toujours place à l’amélioration que ce soit dans la prestation des services dans les deux langues ou que ce soit dans la prestation de d’autres services à la ville. »

Manque de transparence

Plusieurs membres du CCSF ont exprimé leur difficulté à commenter le budget municipal déposé mardi et qui, selon eux, offre peu de prise directe pour le comité.

« On a très peu d’informations qui touchent au mandat du CCSF. C’est difficile de formuler des recommandations », a lancé Mme Brownhill, qui s’interroge également sur la transparence entourant les interactions entre la Direction des services en français et le cabinet du maire en amont du budget.

Une autre membre a souligné que les 12 000 $ alloués aux frais administratifs, incluant la coordination et la participation à des événements pour la communauté francophone, n’auraient pas été connus sans questionnement direct et n’avaient pas changé depuis plus de trois ans.

« Il faut savoir sur quoi vous nous consultez. Si les dés sont déjà jetés, ce n’est plus une consultation », a résumé une autre membre, Katherine Dupuis, rappelant que plusieurs directions soumettent habituellement des questions précises au comité.

Un processus déjà bien avancé

Des membres du comité ont rappelé que le cycle budgétaire municipal commence au printemps, ce qui limite les possibilités de modification après la publication du budget préliminaire.

Les commentaires du CCSF seront transmis au Comité des finances et des services organisationnels avant le 21 novembre,  où le budget des Services en français pourrait être débattu. Du côté du budget municipal, le Conseil doit se réunir le 10 décembre 2025 pour l’adoption finale.

N-B : Ottawa défend en Cour suprême sa nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue

OTTAWA — Les avocats du gouvernement fédéral ont défendu l’idée jeudi devant la Cour suprême qu’un lieutenant-gouverneur au Nouveau-Brunswick n’est pas obligé d’être bilingue. Certains des neuf juges ont semblé sceptiques à l’idée qu’une personne unilingue puisse occuper la fonction dans la seule province au pays où le français et l’anglais sont des langues officielles.

Jeudi matin avait lieu l’audience devant le plus haut tribunal au pays opposant la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et le gouvernement fédéral. La SANB a soutenu que la nomination en 2019 par le gouvernement de Justin Trudeau de Brenda Murphy, une personne unilingue anglophone, est incompatible avec la constitution canadienne, qui énonce l’égalité de statut et de droits aux communautés linguistiques française et anglaise du Nouveau-Brunswick.

Pour le fédéral, il est « souhaitable » que le poste soit occupé par quelqu’un qui parle français et anglais, ont exprimé les avocats du procureur général du Canada.

« Mais la question que vous devez trancher est : est-ce que la constitution exige que le lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick maîtrise les deux langues officielles? À notre avis, la réponse doit être non », a affirmé d’entrée de jeu l’avocate du fédéral, Lindy-Rouillard-Labbé, à l’intention des neuf juges.

Cette dernière a défendu la position d’Ottawa, qui consiste à faire une distinction d’une part entre la personne de la lieutenante-gouverneure et ses fonctions, et d’autre part l’obligation de bilinguisme imposée à l’institution.

Lors de l’audience, avant d’inviter l’avocate du fédéral à préciser son argument, le juge Nicholas Kasirer a exprimé de sérieux doutes quant à la possibilité de dissocier le titulaire de l’institution. Il a notamment déclaré que la confusion « semble être complète » et qu’« on est (les juges) un peu habités par le doute ».

Sa collègue, la juge Suzanne Côté a soulevé la question de l’égalité de statut entre les communautés francophone et anglophone, se demandant « comment l’unilinguisme permet de respecter cette disposition ».

L’avocate du gouvernement a répondu qu’il existe « juridiquement » une distinction essentielle « entre la personne qui occupe la charge et l’institution » lorsqu’on interprète la constitution. Selon Mme Lindy-Rouillard-Labbé, les fonctions de la lieutenante-gouverneure comme de dissoudre l’Assemblée législative à la demande du premier ministre « ne sont pas assujetties aux obligations constitutionnelles de la charte ».

Décisions passées et impacts futurs

Dans ce dossier, un premier jugement déclarait que la nomination de Brenda Murphy était inconstitutionnelle, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a ensuite renversé cette décision en mai 2024. Plus tôt cette année, la Cour suprême avait accepté d’entendre la cause.

La lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Brenda Murphy. Source: Facebook gouvernement du Nouveau-Brunswick
Justin Trudeau avait nommé en 2019 Brenda Murphy comme lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick malgré le fait qu’elle ne parlait pas français. Source : gouvernement du Nouveau-Brunswick

Lors de l’audience jeudi matin, la SANB a soulevé que pour la communauté francophone, la nomination d’une personne unilingue anglophone dans un poste « symbolique » pour incarner l’État est problématique. Cette nomination au poste de lieutenant-gouverneur a porté atteinte à l’obligation constitutionnelle de l’égalité de statut entre les deux communautés linguistiques, a avancé leur avocat Gabriel Poliquin.

Le juge en chef Richard Wagner a souligné durant l’argumentaire de la SANB qu’il est « un peu ironique » que la seule province canadienne officiellement bilingue ait à sa tête une personne unilingue. Il reconnaît que le droit doit souvent concilier « le sens commun et la loi », mais a qualifié cette situation de « particulièrement surprenante ».

Les autres juges, Malcolm Rowe et Mahmud Jamal, ont poussé la SANB à expliquer en quoi sa position ne forcerait pas aussi d’autres titres symboliques, comme les juges de la Cour suprême, le premier ministre du Nouveau-Brunswick ou encore le ministre des Finances à être bilingue de facto.

« Le lieutenant-gouverneur est vraiment une institution unique en ce que sa fonction principale est unique. La lieutenante-gouverneure a pour fonction vraiment de manipuler les symboles de l’État, de les exprimer. Le premier ministre, lui, n’a pas la même fonction symbolique », a défendu l’avocat Gabriel Poliquin.

L’affaire a été prise en délibéré par la Cour suprême et celle-ci rendra une décision à une date ultérieure.

Timmins : une mine désignée comme projet d’intérêt national par Carney

Une mine de nickel située à une quarantaine de kilomètres de Timmins fait partie d’une nouvelle liste de projets d’intérêts nationaux, annoncée par le premier ministre Mark Carney ce jeudi après-midi.

« Timmins possède ce que le monde recherche : des ressources, des occasions d’investissement et maintenant un projet d’envergure nationale que le Canada fait avancer », fait savoir, de son côté, la mairesse de Timmins Michelle Boileau dans une déclaration écrite envoyée à ONFR.

« Le projet de nickel Crawford propulsera Timmins vers l’avant et consolidera notre position comme l’une des régions les plus riches en ressources minières de l’hémisphère occidental. »
— Michelle Boileau mairesse de Timmins

« Grâce à la désignation du projet Crawford comme projet d’intérêt national, toutes les autorisations et permis pourront être traités en parallèle, réduisant un délai qui aurait pu durer cinq ou six ans à seulement deux ans », a rapporté Dawn L. Farrell, présidente du Bureau des grands projets, lors de la période de questions.

Création de près de 3000 emplois

Le gisement, situé le long de la route 655 près de l’intersection avec l’autoroute 11 et exploité par l’entreprise torontoise Canada Nickel Company vise à extraire et à traiter de manière responsable et durable des minéraux critiques, principalement le nickel, mais aussi le fer, le chrome, le cobalt, le palladium et le platine. 

Le projet devrait générer en moyenne près de 1000 emplois permanents lorsque la mine sera opérationnelle et environ 2000 postes à temps plein durant la phase de construction, laquelle devrait durer trois années.

En outre, la construction d’une voie ferrée de 25,2 kilomètres, le déplacement de l’autoroute 655 et l’édification d’un passage temporaire sur cette même route font partie des principales infrastructures prévues dans le cadre du projet.

Pelletée de terre dans un an

« Je suis impatient de vous accueillir dans un peu plus d’un an pour une cérémonie de première pelletée de terre ici pour Crawford », a mentionné le président directeur-général de Canada Nickel, Mark Selby, en conférence de presse depuis Timmins jeudi en fin d’après-midi.

Une étude d’impact réalisée en 2024 a confirmé, du côté des revenus salariaux, que le projet devrait générer directement environ 1,2 milliard de dollars, auxquels s’ajouteraient 341 millions de dollars de revenus indirects pour les travailleurs à l’échelle du pays.

« Le projet Crawford est prêt, le Timmins Nickel District est prêt : Canada peut redevenir un leader mondial du nickel », selon Mark Selby. Photo : Capture d’écran CPAC

La mine pourrait extraire jusqu’à 240 000 tonnes de minerai par jour et traiter 120 000 tonnes par jour dans son usine, pour une durée d’exploitation d’environ 41 ans. Une fois en production, le nickel extrait alimentera les marchés des véhicules électriques et de l’acier inoxydable.

« Crawford est conçu pour être net zéro carbone, et nos résidus miniers peuvent séquestrer naturellement des millions de tonnes de CO₂ chaque année, ouvrant la voie à l’un des premiers clusters industriels zéro carbone au monde dans cette région », a aussi lancé M. Selby.

Cercle de Feu

Lors d’une rencontre avec les journalistes la veille, Doug Ford a affirmé qu’il comptait sur le gouvernement Carney pour respecter son engagement de travailler avec les provinces et ainsi accélérer la réalisation de grands projets en ressources naturelles et en infrastructures à l’échelle du pays.

« C’est formidable qu’ils avancent avec le projet de mine de nickel Crawford, a déclaré Doug Ford, mais il faut que nous laissions de la place aux autres projets. Cela inclut le Cercle de feu : il faut un seul projet, un seul processus, pour éviter les doublons avec le gouvernement fédéral. »

« Le gouvernement du Canada et le gouvernement de l’Ontario intensifient justement leurs pourparlers en ce moment pour accélérer ces démarches », a avancé son homologue fédéral durant l’annonce de jeudi, après voir rappelé, que la semaine dernière, le ministre des ressources naturelles a annoncé 26 nouveaux investissements, partenariats et mesures visant à mettre en œuvre des projets de minéraux critiques pour plus de 6 milliards de dollars.

À Capreol, une Franco-Ontarienne organise un marché de Noël gratuit pour tous

SUDBURY – Des boîtes remplies de décorations, de vaisselle et même de sapins artificiels : le sous-sol d’une église de Capreol se transformera ce samedi en un véritable marché de Noël… sans caisse. Le Capreol Community Closet organise son tout premier Marché de Noël gratuit, une initiative menée par une Franco-Ontarienne pour aider les familles tout en donnant une seconde vie aux objets.

« On a tellement de belles choses! », lance Mélanie Lavoie, coordonnatrice du Capreol Community Closet. « Je dirais qu’on a au moins 50 à 60 boîtes pleines d’objets de Noël. Le magasin est plein, mon sous-sol aussi! »

La bénévole dit avoir été inspirée par un autre marché de Noël organisé en juillet par une paroisse, qui avait des surplus d’articles.

L’organisme reçoit toute l’année des dons de vêtements et d’articles ménagers à redistribuer gratuitement aux familles dans le besoin. Avec l’afflux d’articles de Noël accumulés pendant l’été et l’espace du magasin étant limité, Mme Lavoie a proposé d’utiliser le sous-sol de l’église United Trinity pour organiser un marché entièrement gratuit.

« Peu importe qui vous êtes, tout le monde est le bienvenu samedi »
— Mélanie Lavoie

« Je voulais éviter que tout ça finisse au dépotoir, explique-t-elle. C’est une bonne façon de recycler et de partager la magie de Noël. »

Les participants pourront repartir avec autant d’articles qu’ils le souhaitent, sans justification de besoin. Les dons de dernière minute seront également acceptés sur place.

Mélanie Lavoie est en plein dans les préparations de son premier marché de Noël gratuit. Photo : Robert T. Kirwan

Faire vivre la magie de donner

L’initiative ne s’arrête pas là. Le Community Closet organise également le une séance de magasinage de Noël pour les enfants, le 5 décembre au Millennium Centre. 

Cinquante enfants âgés de 4 à 12 ans pourront choisir gratuitement des cadeaux pour leurs parents, frères et sœurs.

« Quand on était jeunes, on recevait toujours des cadeaux, mais on n’en donnait jamais, dit-elle en souriant. Là, les enfants peuvent vivre l’expérience du don, sentir la joie de faire plaisir à quelqu’un d’autre. »

Les articles destinés aux enfants ne sont pas forcément des jouets, mais des objets variés et utiles pour leurs proches : tasses, décorations, articles ménagers et autres petites surprises. 

Tout est offert gratuitement grâce aux dons de la communauté et partenaires locaux, comme des surplus d’entreprises ou de plateformes de commerce en ligne.

Les articles vont des décorations aux sapins artificiels, en passant par vaisselle, objets vintage, cookie-cutters des années 1940, et autres « knick-knacks ». Photo : Gracieuseté de Mélanie Lavoie

Un besoin de plus en plus criant

Le Capreol Community Closet fonctionne grâce à une poignée de bénévoles. « On est sept femmes à gérer le magasin, chacune a sa journée de la semaine, dit Mme Lavoie. On reçoit aussi des étudiants du secondaire qui viennent faire leurs heures de bénévolat. »

Celle qui coordonne l’initiative depuis février 2023 confie qu’elle-même a trouvé dans cet engagement un sens nouveau.

« Je travaillais de la maison, et il me manquait le contact humain. Maintenant, je peux aider les gens et j’adore ça. »

« Beaucoup de gens m’appellent pour demander s’il y a des cartes-cadeaux d’épicerie »
— Mélanie Lavoie
Le Capreol Community Closet existe depuis 2012. Photo : Gracieuseté de Mélanie Lavoie

Avec la hausse du coût de la vie et de l’inflation, de plus en plus de familles de Capreol et des environs se tournent vers les organismes communautaires comme le Capreol Community Closet pour obtenir une aide concrète, constate Mme Lavoie.

Pour répondre à ce besoin et offrir un petit coup de pouce supplémentaire, elle organise un tirage mensuel pour les familles, en utilisant 50 $ pour acheter des produits essentiels et en choisissant un gagnant chaque mois.

Un succès qui inspire déjà

Depuis la publication de l’annonce, Mme Lavoie reçoit une avalanche d’encouragements.

« Beaucoup de gens m’ont écrit pour dire que c’était une belle idée, que ça allait aider beaucoup de monde. Certains veulent déjà me donner plus d’articles! »

Et si l’événement rencontre le succès escompté, Mme Lavoie n’exclut pas de le reproduire annuellement, voire de multiplier ce type d’initiatives gratuites. 

Capreol est une collectivité du Grand Sudbury dont une bonne partie de la population parle français. Photo : Wikipedia/Par P199

« J’aimerais beaucoup répéter l’expérience, confie-t-elle. Il me faudrait juste plus d’espace pour entreposer tous les dons, mais sinon, je le referais sans hésiter. » Le marché de Noël gratuit se tiendra samedi de 10 h à 15 h au sous-sol de l’église United Trinity, sur Young Street.

L’entrée est libre, et chacun est invité à venir prendre ce dont il a besoin ou à faire un don pour soutenir le fonctionnement du Capreol Community Closet.

Paul Poirier : « Si on ne pense qu’aux Jeux, tout devient trop grand, trop lourd à porter »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Paul Poirier est un patineur artistique canadien originaire de Toronto. Depuis 2011, il forme avec Piper Gilles l’un des duos de danse sur glace les plus constants au monde. Ensemble, ils ont remporté deux titres aux Championnats des quatre continents et plusieurs médailles aux Mondiaux.

LE CONTEXTE :

Le duo Gilles-Poirier a débuté sa saison 2025-2026 au Grand Prix de Saskatchewan, où il s’est imposé pour la sixième année consécutive. Une victoire symbolique qui ouvre leur dernière ligne droite vers les Jeux olympiques d’hiver de 2026.

L’ENJEU :

Entre nouveaux programmes, gestion de l’énergie et réflexion sur la suite de sa carrière, Paul Poirier aborde une saison charnière qu’il veut à la fois sereine et ambitieuse.

« Il se murmure que cette saison pourrait être la dernière pour vous. Qu’en est-il réellement?

C’est une possibilité, oui. Pour être honnête, nous n’y pensons pas trop. Les Jeux olympiques qui approchent occupent toute notre attention pour l’instant.

Nous n’avons pas encore pris de décision, parce que nous voulons rester concentrés sur cette saison et sur la préparation. Une fois les Jeux terminés, nous verrons ce que nous voulons faire ensuite.

Vous venez de remporter le Grand Prix de Saskatchewan, votre sixième victoire consécutive dans cette compétition. Quelle importance accordez-vous à ce succès?

C’est une excellente manière de commencer la saison. Même si nous n’étions pas entièrement satisfaits, cette compétition nous a permis de voir ce qui fonctionne et ce qui doit encore être ajusté. C’est le premier test de la saison, celui qui montre où en sont les programmes dans un vrai contexte de performance, devant un public.

Certaines parties ont très bien marché, d’autres un peu moins, mais c’est normal. Si tout était parfait dès le départ, ce serait presque inquiétant. Cela voudrait dire qu’on a choisi la facilité. Nous aimons garder de la marge pour faire évoluer les programmes tout au long de la saison.

Piper Gilles et Paul Poirier ont présenté leur nouveau programme de danse rythmique en compétition internationale pour la première fois à Saskatoon. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Comment avez-vous conçu les programmes de cette année?

Pour la danse rythmique, le thème imposé est la musique des années 90. C’est une décennie que j’aime beaucoup, celle de mon enfance. C’est beaucoup de nostalgie, de souvenirs. Nous nous sommes inspirés de l’ère des supermodels et de la scène ballroom. C’est un programme plein d’énergie, d’attitude et de mouvement, avec une touche ludique et visuelle qui parle autant au public qu’à nous.

Pour la danse libre, nous avons choisi de revisiter Vincent, un programme que nous avions présenté il y a sept ans, inspiré du peintre Van Gogh. C’était un programme que nous aimions énormément, mais que nous trouvions inabouti à l’époque. Il n’avait pas pu atteindre tout son potentiel.

Nous avons donc voulu le recréer avec notre expérience et nos habiletés d’aujourd’hui. C’est une version plus aboutie, plus méditative, qui explore davantage la relation entre l’artiste et son œuvre.

À quoi ressemble votre calendrier avant les Jeux?

Après le Grand Prix de Saskatchewan, nous serons en Finlande la semaine prochaine, puis nous espérons nous qualifier pour la finale des Grands Prix au Japon début décembre. Ensuite, il y aura les championnats nationaux en janvier, qui seront la dernière étape avant la sélection olympique.

C’est un calendrier classique, mais dans une année olympique, chaque compétition a une résonance différente. Il faut performer à chaque étape, tout en gérant l’énergie. On veut arriver aux Jeux avec du rythme, de la confiance et un bon niveau de reconnaissance auprès des juges. Dans un sport jugé, cette dynamique compte énormément.

Paul Poirier et Piper Gilles ont totalisé 202,89 points au Grand Prix de Saskatchewan, un résultat qu’ils ont jugé perfectible malgré leur victoire. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Comment réussir à se concentrer sur chaque compétition sans penser uniquement aux Jeux dans une année olympique?

C’est une question d’équilibre. Si on ne pense qu’aux Jeux, tout devient trop grand, trop lourd à porter. Nous travaillons plutôt avec une série d’objectifs rapprochés : des objectifs pour chaque compétition, pour chaque semaine, parfois même pour chaque jour.

C’est comme ça qu’on garde le contrôle et qu’on avance sans se laisser submerger. Il y a aussi l’importance du momentum : si vous enchaînez de bonnes performances avant les Jeux, vous arrivez avec plus de confiance, et les juges aussi vous perçoivent comme un des couples forts. Tout cela fait partie de la préparation mentale.

Est-ce qu’à ce niveau, la prévention des blessures devient une préoccupation constante?

Oui, absolument. C’est probablement le plus grand défi de notre sport. Les blessures surviennent souvent par répétition, à force d’exécuter les mêmes mouvements des milliers de fois. Ce ne sont pas des gestes naturels pour le corps humain, donc il faut apprendre à en prendre soin.

Avec l’expérience, on sait mieux ce dont on a besoin : quand il faut se reposer, quand il faut pousser plus fort. La récupération fait partie intégrante de l’entraînement. Cela passe par les étirements, le travail avec les kinés et les massothérapeutes, le foam rolling, la nutrition, le sommeil…

En fait, à ce niveau, la vraie différence entre un athlète expérimenté et un jeune, c’est cette capacité à se connaître. On apprend à anticiper les signaux du corps, à prévenir avant de corriger. On ne peut pas tout contrôler, bien sûr, mais on fait tout ce qu’on peut pour éviter les blessures évitables. »

Budget fédéral : l’industrie du livre reléguée en bas de page?

TORONTO – Avec un investissement de 6 millions de dollars au Conseil des arts du Canada (CAC), le budget fédéral laisse peu de place au monde du livre. Le secteur littéraire reçoit un appui limité, bien en deçà des attentes des acteurs de la chaîne du livre, aujourd’hui mis en difficulté.

L’espoir des organismes culturels de création de recevoir un financement de 140 millions de dollars a été rapidement éclipsé par une enveloppe qui a tendance à se réduire au fil des ans. « 6 millions de dollars sur 3 ans, à compter de 2026-2027, au Conseil des arts du Canada afin d’aider les artistes professionnels et les organismes artistiques », lit-on dans le communiqué du gouvernement.

Le budget n’a prévu aucun renouvellement pour le Fonds du livre du Canada (FLC) dont les 10 millions de dollars reçus l’an passé s’épuiseront d’ici mars 2026.

« Ce n’est pas du tout à la hauteur de ce qui avait été souhaité en fonction des besoins », affirme Stéphane Cormier, qui observe que le financement de base du FLC stagne depuis près de vingt ans.

La librairie Panache à Sudbury fait une pause de ses activités à compter du 11 juillet. Photo : gracieuseté d’Isabelle Bourgeault Tasse

Ce dernier, qui assure la co-direction des Éditions Prise de parole à Sudbury, explique que l’investissement en question n’épongera pas les coûts qui augmentent à tous les niveaux de la chaîne de production d’un livre. La fermeture temporaire de la Librairie Panache cet été, illustre bien les enjeux auxquels se heurte le secteur du livre franco-canadien dans son ensemble, bien que ces 6 millions soient destinés notamment aux maisons d’édition.

Des subventions qui stagnent pour les éditeurs

D’un côté, la fluctuation des coûts d’impression, de distribution et des contrats avec les auteurs selon l’inflation et de l’autre, l’invariabilité du montant des subventions perçues réduit leur impact auprès des éditeurs.

« Ce n’est pas un petit renflouement de 6 millions au Conseil des arts du Canada qui va changer cette situation », déplore Stéphane Cormier qui ajoute que, pour la très grande majorité des maisons d’édition, les montants de subventions de base sont restés presque inchangés ces 8 dernières années.

Non seulement l’inflation contribue à l’appauvrissement du milieu éditorial francophone, mais la multiplication de nouvelles maisons d’édition face à un soutien financier qui stagne, réduit l’effet de ces subventions. « Même certaines nouvelles maisons d’édition professionnalisées n’arrivent même pas à accéder aux demandes de subventions de base », avertit l’éditeur.

Un accompagnement limité pour les auteurs

Du côté des auteurs, alors que le budget mentionne la révision d’un meilleur encadrement du droit d’auteur pour l’industrie audiovisuelle, le livre « a été oublié », considère la présidente de l’Association des auteures et des auteurs de l’Ontario français (AAOF), Marie-Josée Martin.

De plus, nombre de créateurs littéraires s’accordent sur le manque de bourses octroyées. Le taux de réponses favorables aux demandes demeure faible : « Parfois les bourses du CAC, c’est vraiment le seul moyen de se consacrer à l’écriture », confie Piedad Sáenz, directrice générale du Regroupement des éditeurs franco-canadiens.

Visiblement relégué en bas de la page du budget fédéral, le secteur littéraire tire la sonnette d’alarme face au risque de sa trajectoire déclinante qui menace directement la création de contenus francophones.

Piedad Sáenz est la directrice générale du Regroupement des éditeurs franco-canadiens. Photo : Gracieuseté de Piedad Sáenz

À l’échelle nationale, la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) qui soutient depuis longtemps la demande d’une rémunération équitable des créateurs en encourageant les institutions éducatives locales à puiser leurs ressources littéraires auprès des libraires locaux, martèle également la nécessité de protéger la souveraineté culturelle du secteur et baliser l’intelligence artificielle.

« C’est important de rappeler que si on n’investit pas dans le milieu du livre ou dans tous les secteurs de la culture, on risque de perdre notre souveraineté culturelle », souligne Christian Laforce qui participe au comité exécutif de la CDEC.

Christian Laforce est le directeur général de Copibec et secrétaire du comité exécutif de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC). Photo : Gracieuseté de Fanie Gregoire

« Il faut des mesures destinées au milieu culturel pour justement apprivoiser l’IA et limiter les pertes de revenus pour les créateurs », explique le représentant de la CDEC.

La présidente de l’AAOF évoque même la notion d’un « pillage numérique » des œuvres littéraires francophones par l’IA, rappelant le piratage de livres francophones par Meta plus tôt cette année afin d’alimenter une de ses applications.

« Ça fait 25 ans que suis dans le milieu du livre, ça fait 25 ans que le milieu est sous-financé », dénonce M. Cormier qui rejoint le consensus du milieu éditorial qui s’accorde sur une visible mise au second plan du secteur littéraire et de la culture de la création.

« Le livre, c’est vraiment le parent pauvre qui a été un peu laissé pour compte », constate également M. Laforce. Le secteur espère encore le renouvellement du budget du FLC.

Diriger à deux : le pari de l’ACFO-SDG

CORNWALL – Le renouveau, la créativité et la collaboration : c’est ce que veut incarner la nouvelle direction à deux têtes de l’Association des communautés francophones de l’Ontario de Stormont, Dundas et Glengarry (ACFO-SDG).

Après des années à la tête de l’ACFO de Stormont, Dundas et Glengarry (SDG), Céline Baillargeon-Tardif passe le flambeau. L’organisme adopte une double direction générale, confiée à deux jeunes leaders, Justin Chénier, 26 ans, et Cassandra McElhone, 22 ans, qui partageront la gestion de ses projets jeunesse et communautaires.

« Je reste consultante pour certains projets stratégiques, notamment la Communauté francophone accueillante, mais Justin et Cassandra vont prendre la relève pour tous les autres projets », explique Céline Baillargeon-Tardif.

« Être deux jeunes à la direction, c’est une belle preuve de confiance »
— Cassandra McElhone

« Cette formule répond à la croissance de nos projets et à la diversité de notre public », explique Cassandra McElhone, directrice du développement communautaire. « Être deux nous permet d’avoir plus de présence sur le terrain et d’être plus disponibles pour nos partenaires », ajoute-t-elle.

« Ce sont deux jeunes qui ont des expertises différentes et des types de défis qu’ils aiment relever. Cela leur permet de bâtir tranquillement leurs compétences en gestion, tout en poursuivant nos projets phares », lance quant à elle la directrice générale sortante.

Celle qui a passé 35 ans dans le milieu communautaire et qui souhaitait prendre sa retraite de l’organisme depuis 2020 rappelle que le sous-financement des organismes francophones est un défi constant.

Céline Baillargeon-Tardif a siégé sur plusieurs conseils d’administration et occupé la direction générale de plusieurs organismes communautaires dont, depuis 2014, l’ACFO de Stormont-Dundas-Glengarry. Gracieuseté

« Les salaires des directions générales et des coordonnateurs dépendent souvent des subventions de projets. On ne peut pas toujours offrir un poste à temps plein financé avec un seul projet, mais on arrive à combiner les compétences et les intérêts des jeunes pour continuer à faire avancer l’organisme », continue-t-elle.

Céline Baillargeon-Tardif voit ce changement de direction comme un souffle de renouveau : « Je n’ai pas du tout peur de passer la gestion à la jeunesse. Cela va rafraîchir les idées et amener de nouvelles perspectives. »

Deux parcours enracinés dans la région

Les deux nouveaux leaders de l’ACFO-SDG sont originaires de l’Est ontarien.

Justin Chénier, aujourd’hui directeur du développement jeunesse, a connu l’organisme en 2020 comme participant à l’un de ses programmes avant d’y gravir les échelons.

« Je viens de Plantagenet et je travaille à l’ACFO depuis cinq ans. J’ai d’abord connu l’équipe en participant à un projet jeunesse, puis j’ai eu la chance d’y être embauché. Aujourd’hui, je veux redonner à la communauté ce que j’y ai appris », confie-t-il.

Cassandra McElhone a, elle aussi, fait ses débuts à l’ACFO en tant qu’employée étudiante en 2021. Diplômée de l’Université Queen’s à Kingston, elle a rapidement pris plus de responsabilités avant d’être nommée à la direction.

« J’ai beaucoup appris ici, notamment auprès de notre ancienne directrice, Céline Baillargeon-Tardif. C’est un honneur de poursuivre ce travail et de contribuer au rayonnement de la francophonie à Cornwall », souligne-t-elle.

Des projets jeunesse qui rayonnent

Sous leur leadership, l’ACFO-SDG entend renforcer son ancrage communautaire et multiplier les activités qui permettent de « vivre en français plutôt que de simplement le parler ».

L’un des programmes phares demeure LOL : Mort de rire, une formation en humour destinée aux jeunes francophones et dont la finale a lieu en juin à Ottawa.

Justin Chénier, directeur du développement jeunesse à l’ACFO SDG, veut mobiliser la relève francophone à travers des projets créatifs et rassembleurs. Gracieuseté

« Ce programme permet d’offrir des formations en stand-up dans plusieurs provinces, surtout en Ontario. Il vise à donner confiance aux jeunes et à leur faire vivre des expériences culturelles en français », explique M. Chénier.

Parmi les autres initiatives, l’ACFO-SDG est aussi partie prenante du programme PassepART, qui met en valeur les actions artistiques et culturelles dans les écoles francophones.

L’autre moment fort organisé par l’ACFO-SDG est sans conteste la célébration annuelle du Jour des Franco-Ontariens, le 25 septembre, au parc Lamoureux de Cornwall.

L’ACFO agit également comme fiduciaire de la Communauté francophone accueillante (CFA), un projet visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants francophones.

« Nous travaillons aussi avec des bénévoles qui lisent dans les écoles primaires pour encourager la lecture en français dès le jeune âge. C’est essentiel pour la vitalité de notre langue », ajoute Mme McElhone, à propos du programme Lire et faire lire, où des personnes de 50 ans et plus partagent le plaisir de lire avec les enfants.

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans le cadre des axes stratégiques définis par la nouvelle codirection.

« Être deux jeunes à la direction, c’est une belle preuve de confiance. On veut écouter, collaborer et faire entendre la voix de tous : des aînés aux plus jeunes », insiste Mme McElhone.

Cassandra McElhone, directrice du développement communautaire à l’ACFO-SDG, souhaite renforcer la collaboration et l’inclusion au sein de la francophonie régionale. Gracieuseté

Mais pour les deux dirigeants, l’enjeu majeur reste l’accès aux services en français, toujours insuffisant dans la région de Cornwall.

« Beaucoup de gens souhaitent être servis en français, que ce soit dans les commerces ou en santé, par exemple. Nous travaillons ainsi avec nos partenaires à valoriser diverses initiatives et à les rendre plus visibles », explique-t-elle.

35 ans d’engagement à célébrer

En 2025, l’ACFO-SDG marquera son 35e anniversaire, une étape symbolique que Cassandra McElhone et Justin Chénier veulent transformer en moment de rassemblement.

« Ce sera une belle occasion de souligner tout le travail accompli et de mettre en avant la créativité et l’énergie de la nouvelle génération », affirme M. Chénier.

« Quand les jeunes découvrent la langue à travers des activités dynamiques et inclusives, ils trouvent naturellement le goût de vivre en français. C’est notre vision pour l’avenir », conclut-il.

IA : révolution ou mutation dans le cinéma et les médias?

L’intelligence artificielle (IA), qualifiée de plus grande révolution technologique depuis la bombe atomique, redéfinit le cinéma, les médias et nos récits collectifs. Quand l’algorithme prend la plume ou la caméra, tout change : journalisme, fiction, montage, aucun métier n’est épargné.

Outil créatif pour certains, menace systémique pour d’autres, l’IA questionne le rôle des artistes, la créativité et l’éthique de la production audiovisuelle. Elle ne prédit plus l’avenir, elle commence à le produire.


Des élèves font avancer le français à Penetanguishene

PENETANGUISHENE – Ils ont entre 9 et 10 ans et ils ont fait plier la municipalité de Penetanguishene. Grâce à l’initiative d’élèves de 3ᵉ et 4ᵉ année de l’École publique Saint-Joseph, le site Web de la Ville sera officiellement offert en français dès jeudi.

Tout a commencé lors d’un projet dans le cadre d’un cours d’étude sociale. Les élèves ont exploré le site Web de la ville et ont constaté qu’aucune section n’était disponible en français. 

« On cherchait, on cliquait, mais on ne trouvait pas », raconte Patrick, 9 ans, originaire de Penetanguishene. « On voulait que le français soit visible pour que tout le monde puisse comprendre l’information. »

Pour Isabella, 9 ans, également élève de la classe, il s’agissait d’un enjeu d’accessibilité. « Si tu ne connais pas l’anglais, tu ne peux pas savoir ce qui se passe dans la ville. »

La jeune élève, comme plusieurs de ses camarades, a indiqué que ce geste a été posé dans l’espoir que la version française du site puisse contribuer à attirer des francophones souhaitant s’installer dans la petite ville de près de 9 000 habitants.

De son côté, Théo, dont la mère est originaire de France, a ajouté : « On veut montrer qu’on est fiers de parler français. »

Isabella et Kayla ont bien hâte de voir le résultat sur le site internet de la municipalité. Photo : Inès Rebei/ONFR

Première et effet boule de neige

Sous la supervision de leur enseignante, Mme Anne Perrault, les élèves ont rédigé une lettre bilingue destinée au maire Doug Rawson. 

« C’est la première fois que je fais ce genre d’initiative avec une classe », explique Mme Perrault. « Je voulais juste que les élèves écrivent une lettre et la livrent à la mairie. Je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite et que ça ait un tel effet boule de neige. »

Et pour cause, la rapidité avec laquelle la municipalité a répondu a surpris celle qui enseigne dans cet établissement du Conseil scolaire Viamonde depuis trois ans et ses élèves. 

« Je pense que cette expérience peut inspirer d’autres élèves et enseignants à s’impliquer de la même manière »
— Anne Perrault

« On s’attendait à ce que ça prenne plus de temps, surtout qu’un technicien n’était pas disponible au départ, explique-t-elle. Mais tout s’est débloqué beaucoup plus vite que prévu, et quelques semaines après avoir remis la lettre, le projet était déjà en cours. »

Anne Perrault estime qu’elle aurait pu aller plus loin avec ses élèves s’ils étaient encore dans sa classe cette année. Photo : Inès Rebei/ONFR

Elle raconte que tous les enfants se sont mis à sauter et crier de joie en apprenant que leur demande avait été acceptée à l’hôtel de ville.

Tous les élèves ont signé la lettre datée de juin dernier, et certains ont même lu leur texte en anglais pour s’assurer que le maire anglophone comprenne bien leur demande.

Pour Mme Perrault, cette initiative a été une leçon concrète de citoyenneté pour ses élèves : « Ils ont compris qu’on peut influencer sa communauté, peu importe son âge. Ils ont vu que leurs actions ont un impact réel. Je pense que cette expérience peut inspirer d’autres élèves et enseignants à s’impliquer de la même manière. »

Les élèves se disent eux-mêmes fiers de leur contribution. « Ça nous donne envie de faire d’autres projets pour le français et pour aider la communauté », confie Mila, 10 ans.

Avery, comme plusieurs autres de ses camarades, avait également soulevé d’autres suggestions pour améliorer la ville, telles que des réparations à effectuer ou l’ajout de parcs. Photo : Inès Rebei/ONFR

Réponse rapide de la municipalité

Le maire Doug Rawson raconte que la démarche des élèves l’a impressionné : « Ils ont présenté un projet bien documenté, et c’était clair que la communauté scolaire était sérieuse. Nous avons immédiatement communiqué notre intention de répondre à leur demande. »

Le maire a également confié qu’il trouvait « embarrassant » le fait que la ville n’ait pas reconnu ce besoin, surtout lorsque d’autres municipalités voisines disposaient déjà de sites internet bilingues.

La ville a rapidement intégré des fonctionnalités d’accessibilité et de bilinguisme sur son site Web, permettant désormais de naviguer en français et d’adapter le contenu pour des besoins spécifiques, comme la dyslexie ou autres difficultés de lecture. 

L’ex maire et actuel conseiller francophone Doug Leroux a accompagné le maire Rawson pour visiter les élèves après avoir reçu leur lettre à l’école Saint-Joseph. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le maire Doug Rawson souligne que ces changements ne se limitent pas au français, comme l’ont aussi demandé les élèves. « Le site offrira la possibilité d’être consulté dans d’autres langues, selon les besoins de la communauté, comme l’espagnol, et d’autres modules sont intégrés pour répondre aux différentes demandes », explique-t-il. 

Le conseil municipal a annoncé officiellement le lancement du site en français lors de la réunion municipale de mercredi soir. 

Des gestes pour la francophonie

Penetanguishene est reconnue comme un berceau de la francophonie ontarienne, en raison de son histoire qui remonte aux premiers contacts entre Samuel de Champlain et la Nation huronne‑wendat au début du XVIIᵉ siècle, et de son rôle dans l’établissement de familles francophones dans la région de la baie Georgienne. 

Aujourd’hui, environ 7,6 % des habitants ont le français comme langue maternelle, selon le recensement de Statistique Canada de 2021, et la ville abrite plusieurs institutions et organismes francophones, dont des écoles et des stations de radio communautaires.

Le maire Doug Rawson souligne que l’initiative de faire traduire le site s’inscrit directement dans le plan stratégique communautaire de 20 ans de la Ville, notamment sous le pilier du bien-être et de l’inclusion communautaire. Photo : Inès Rebei/ONFR

Depuis le début de son mandat en 2022, le maire Doug Rawson affirme que le conseil municipal multiplie les initiatives pour rendre la Ville plus accessible aux francophones. Trois des six conseillers municipaux parlent français, et lors des réunions, l’engagement du conseil et la reconnaissance territoriale sont lus en anglais et en français.

« Nous voulons montrer que nous sommes une communauté bilingue et inclusive, et que nos actions reflètent les besoins de tous nos citoyens, explique Doug Rawson. La francophonie fait partie intégrante de notre façon de communiquer et de travailler. »

Tennis : Pierre Lamarche retrace l’année de la révélation de Victoria Mboko

De Burlington à Hong Kong, la jeune Victoria Mboko a vécu une ascension fulgurante en 2025. À seulement 18 ans, la prodige canadienne est passée de la 350e à la 18e place mondiale, s’imposant notamment face à Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka lors d’un parcours historique à Montréal. Son premier entraîneur, Pierre Lamarche, revient sur cette saison hors norme, entre promesse confirmée et maturité gagnée.

« C’est vraiment incroyable, le parcours qu’elle a fait en une année », lance Pierre Lamarche, figure incontournable du tennis canadien et fondateur de l’Académie ACE Tennis à Burlington. Le tout premier entraîneur de Victoria Mboko l’a découverte alors qu’elle n’avait que quatre ans et a accompagné ses premiers pas dans le tennis de haut niveau.

« De partir au-delà de la 300e place mondiale et de finir 18e, je ne sais pas si quelqu’un d’autre a déjà fait ça dans le tennis féminin. »

Que de chemin parcouru depuis ses premiers pas à l’Académie ACE tennis de Pierre Lamarche. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

La saison de l’explosion

L’année 2025 aura été celle de l’éclat et de la confirmation. Après un hiver marqué par plusieurs titres sur le circuit Challenger, Mboko a gagné le droit de se produire sur la plus grande scène du tennis mondial : le circuit WTA.

Les débuts sur le circuit majeur ont été encourageants. À Roland-Garros, elle a atteint pour la première fois le troisième tour d’un Grand Chelem, avant de s’incliner avec les honneurs face à la Chinoise Qinwen Zheng (3-6, 4-6). Quelques semaines plus tôt, à l’Open de Miami, elle avait remporté sa première victoire sur le circuit WTA 1000 en battant la Colombienne Camila Osorio (7-5, 5-7, 6-3), confirmant qu’elle pouvait déjà rivaliser avec des joueuses installées du top 30.

Mais c’est à Montréal, en août dernier, que tout a véritablement basculé. Invitée par les organisateurs de l’Omnium Banque Nationale, la jeune Torontoise qui parle d’ailleurs très bien le français a signé un parcours sensationnel, battant successivement Coco Gauff, Elena Rybakina et Naomi Osaka pour remporter son premier WTA 1000.
Le genre de victoire qui fait passer du statut d’espoir à celui de joueuse du top 20 mondial. Mais après un tel exploit, le plus dur a été de confirmer.

Une période difficile

Touchée au poignet droit lors de l’Omnium Banque Nationale, puis ralentie par une légère élongation à la cuisse droite, la Canadienne a dû réduire sa préparation avant l’US Open. Elle n’a pratiquement pas pu s’entraîner pendant les dix jours précédant le tournoi, arrivant à New York diminuée physiquement. Elle s’est ainsi inclinée dès le premier tour face à la Tchèque Barbora Krejčíková (6-3, 6-2).

Une adversaire, selon Pierre Lamarche, « au jeu très complet et plein de coupures », dont la variété a contrarié le style plus direct de Mboko. L’entraîneur explique que ce type de profil technique, capable de casser le rythme et de multiplier les trajectoires différentes, reste difficile à manœuvrer pour une jeune joueuse qui mise avant tout sur la puissance et la vitesse d’exécution.

La suite de la tournée nord-américaine n’a pas été plus clémente, avec deux autres éliminations précoces : dès le deuxième tour à San Diego, battue par Jessica Pegula, puis au premier tour à Guadalajara face à Emma Navarro.

« Le pire qui aurait pu se passer, c’est que ces trois défaites lui fassent perdre la confiance qu’elle avait », ajoute Lamarche.

Rebond à Hong Kong

Mais Victoria Mboko a su rebondir lors de son dernier tournoi de l’année, à Hong Kong, où elle a retrouvé son meilleur niveau. La jeune joueuse y a battu successivement Bianca Andreescu et Leylah Fernandez, les deux têtes d’affiche du tennis canadien, pour s’offrir un deuxième titre d’envergure.

« C’est pour ça que la victoire à Hong Kong est incroyable pour elle. Elle a prouvé qu’elle avait le niveau et la résilience. »
— Pierre Lamarche

Ce retour en Asie lui a permis de terminer l’année sur une note forte avant les rencontres de barrage de la Coupe Billie-Jean-King, qui se tiendront la fin de semaine prochaine (du 14 au 16 novembre) au Club Sonoma de Monterrey (Mexique), sur surface dure extérieure. Elle y figure au sein d’une jeune équipe canadienne composée également de Marina Stakusic, Rebecca Marino, Kayla Cross et Ariana Arseneault.

Une grande marge de progression

Même s’il ne l’entraîne plus directement, Pierre Lamarche observe avec admiration les progrès de celle qu’il a vue grandir sur les courts de Burlington.

Pierre Lamarche reste très proche de sa protégée à qui il a transmis les bases du tennis. Photo : gracieuseté de Pierre Lamarche

« Son développement physique est remarquable, surtout dans la défensive et la contre-attaque. Elle a démontré des qualités que je ne savais pas qu’elle avait, » confie-t-il.

Mais l’entraîneur pointe aussi certains axes d’amélioration : « Son service est très bon quand il passe, mais son pourcentage n’est pas assez élevé, et elle aime trop servir à l’extérieur. Elle doit apprendre à mieux varier et à être moins prévisible. Et puis, à la volée, elle doit encore développer de meilleures sensations. »

Le futur d’une ambassadrice du tennis canadien

À 18 ans, l’Ontarienne que tout le monde appelle Vicky confirme la vitalité du tennis féminin canadien et prouve qu’une nouvelle génération peut désormais rivaliser avec l’élite mondiale. Son prochain objectif : confirmer en 2026 face aux meilleures, dans les Grands Chelems où elle sera désormais tête de série.

« Elle est là pour longtemps. Elle a la tête sur les épaules, elle apprend vite, elle comprend ce qu’il faut faire pour durer. »