Tarifs américains : les petites et moyennes entreprises de l’Est ontarien sur le fil

Entre résilience et incertitude, une enquête menée auprès de 74 entreprises locales révèle les impacts tangibles des tarifs douaniers américains sur le tissu économique de Prescott et Russell. 

Près d’un quart (24 %) des entreprises de Prescott et Russell disent avoir été directement affectées par les tarifs américains, alors que 53 % ont répondu ne pas avoir été directement impactées, et 23 % sont incertaines.

C’est ce que révèle une enquête de la Société de développement Prescott et Russell (SDPR) menée auprès de 74 entreprises de la région.

« L’annonce de nouveaux tarifs et l’incertitude qui les entoure constituent une menace réelle pour les entreprises et les résidents », a affirmé à ONFR Yves Laviolette, président du Conseil des Comtés unis de Prescott et Russell.

Yves Laviolette reconnaît que la plupart des entrepreneurs craignent pour leur stabilité financière. Gracieuseté CUPR

Toutefois, selon lui, les résultats préliminaires du sondage mené par la SDCPR indiquent que les petites et moyennes entreprises (PME) de Prescott et Russell sont résilientes.

En effet, la majorité d’entre elles (66 %) affirment ne pas avoir subi de perturbations majeures dans leur chaîne d’approvisionnement en raison des tarifs, tandis que 30 % ont été légèrement perturbées et 4 % fréquemment.

« Cette stabilité pourrait être attribuée au fait que les entreprises ont des fournisseurs fiables, une gestion adéquate des stocks ou des stratégies d’approvisionnement diversifiées », lit-on dans le rapport qui met également en lumière les différentes stratégies adoptées par les entreprises pour atténuer l’impact des tarifs.

Dans ce sens, plus de la moitié (54 %) optent pour une combinaison consistant à absorber les coûts, les répercuter les coûts aux clients et réduire certaines dépenses opérationnelles. 35 % des répondants répercutent les coûts et 12 % préfèrent les absorber.

Les résultats du sondage suggèrent aussi que la recherche de fournisseurs alternatifs est répartie entre le recours à des fournisseurs nationaux (20 %) et la recherche de fournisseurs d’autres pays non affectés par les tarifs (19 %), tandis que 32 % sont catégoriques : ils ne changeront pas de fournisseurs.

Par ailleurs, le rapport dresse un portrait des entreprises de Prescott et Russell. La majorité des entreprises sondées (77 %) comptent moins de 10 employés. Elles opèrent principalement dans les secteurs des services (65 %), du commerce de détail (31 %), de la transformation (22 %) et de la construction (19 %).

On y apprend aussi que le marché intérieur reste la cible principale pour 91 % des répondants, tandis que seuls 7 % commercent avec les États-Unis.

Ce sont justement ces entreprises qui exportent vers les États-Unis qui seront en toute évidence les plus affectées, comme le confirme Normand Riopel, maire de Champlain et ancien président du Conseil des Comtés unis de Prescott-Russell.

« C’est certain que dans Champlain, il y a une industrie majeure : une fonderie d’acier à L’Orignal. Cette industrie aura un impact majeur si les tarifs persistent », affirme-t-il.

Toutefois le maire Riopel relativise : « Il ne faut pas partir en peur. Même si ce sont des tarifs, je ne pense pas que les Américains demain matin vont arrêter d’acheter de l’acier. Ils ne peuvent pas construire une aciérie et produire la qualité d’acier qu’Ivaco produit », souligne-t-il.

Des attentes fortes face aux incertitudes

« Au niveau municipal, nous avons travaillé de manière proactive pour mieux comprendre comment ces pressions économiques peuvent affecter nos opérations et nos projets d’investissement à venir », ajoute M. Riopel, soulignant l’engagement à soutenir les entrepreneurs locaux.

De son côté, Yves Laviolette déclare : « Nous continuerons donc de suivre de près l’impact des tarifs sur notre région et nous demeurons déterminés à appuyer la SDCPR dans l’analyse des effets des modifications tarifaires et dans la proposition de solutions potentielles pour soutenir davantage la croissance et la compétitivité des entreprises de Prescott et Russell. »

Il reconnaît aussi que « la plupart des entrepreneurs craignent pour leur stabilité financière à long terme ».

À ce titre, le rapport précise que 61 % des entreprises affirment ne pas avoir vu leur rentabilité affectée significativement, mais que 45 % des répondants expriment une vision négative quant à leur planification à long terme.

Normand Riopel, maire de Champlain et ancien président du Conseil des Comtés unis de Prescott-Russell. Gracieuseté CUPR

Ainsi, face aux incertitudes, les entreprises réclament des actions concrètes : 50 % demandent l’expansion des accords de libre-échange, 35 % un meilleur accès aux canaux logistiques, et 20 % davantage de programmes d’aide.

« Les municipalités ne travaillent pas directement avec le fédéral. On travaille beaucoup avec le provincial. C’est au provincial, à M. Ford, de mettre de la pression sur le fédéral pour faire avancer les choses », rappelle le maire Riopel qui ne cache tout de même pas son indignation.

« Trump fait n’importe quoi. En imposant des tarifs, c’est certain que ça monte le coût. Un tarif, c’est une taxe cachée », tranche M. Riopel, résumant le sentiment d’incompréhension envers les politiques commerciales américaines et appelant à une réponse politique concertée et forte au profit des entreprises locales. 

ServiceOntario sous le coup d’une enquête du commissaire aux services en français

TORONTO – Une enquête visant à contrôler le respect de la Loi sur les services en français (LSF) dans les agences ServiceOntario vient d’être lancée ce mardi par le commissaire aux services en français, Carl Bouchard.

Dans un communiqué envoyé par l’Ombudsman de l’Ontario, on apprend que l’initiative relève de la propre initiative du commissaire. L’enquête, qui propose trois directives claires, ferait suite à de nombreux retours d’expérience d’usagers dans les centres ServiceOntario. Ils disent ne pas recevoir de services appropriés en langue française.

Il s’agira d’examiner, dans un premier temps, si le personnel des centres dans les régions désignées par la LSF est bien informé sur les obligations prescrites par la loi en termes de services en personne en français. La manière dont la LSF s’applique et la qualité des services rendus seront ensuite passées au crible.

Selon le commissaire qui encourage chacun à contribuer à l’enquête, « les Ontariennes et les Ontariens ont le droit, comme le prévoit la loi, d’être servis en français et de recevoir la même qualité de service qu’en anglais ». 

Dans son dernier rapport annuel rendu public en fin d’année dernière, le commissaire signalait que près de 6 % des plaintes émanaient du ministère des Services au public, responsable des agences ServiceOntario et recommandait la création d’un répertoire numérique des services afin de mieux oritenter les usagers de langue française.

Depuis février 2024, la province a fermé certains de ces centres au profit de kiosques intégrés à l’enseigne américaine Staples/Bureau en Gros, une décision controversée soulèvant des questions sur la garantie d’accès aux services en français.

C’est la troisième enquête menée par l’Unité des services en français depuis 2022, après qu’une première ait montré en 2021 que l’Université Laurentienne a manqué à ses obligations légales en supprimant des programmes en français. L’année dernière, ce sont des carences systématiques de la province sur l’affichage extérieur en français qui ont fait l’objet d’une deuxième enquête.

Dépendances : neuf sites contraints de fermer sans prise en charge des usagers

Malgré l’injonction de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, neuf des dix sites de consommation supervisée (SCS) sont désormés fermés. Si le ministère de la Santé a affirmé que, dès ce 1er avril, ses nouveaux carrefours de désintoxication sont opérationnels, selon plusieurs sources, rien n’est en place pour la prise en charge des usagers vulnérables exposés aux risques de surdose.

Malgré l’injonction de la Cour autorisant les SCS à demeurer ouverts jusqu’à ce qu’un verdict soit rendu, dans des poursuites judiciaires contre la loi provinciale, neuf des sites identifiés comme trop proches d’écoles ou de garderies ont officiellement dû fermer leurs portes ce mardi.

Le Kensington Market overdose prevention site (KMOPS), du groupe The Neighbourhood Group Community Services (TNGCS) reste quant à lui ouvert, car il est autofinancé.

Pour les neuf autres sites, profiter de l’injonction en restant ouverts signifiait perdre la promesse de financement pour la conversion en HART hubs, le nouveau concept imposé par le ministère de la Santé, des carrefours d’aide à la désintoxication fondés sur l’abstinence.

Une des conditions dans la promesse d’un financement futur : « Le financement provincial pour fonctionner en tant que centre HART est conditionnel à ce que les centres ne recherchent pas d’autres financements pour fournir des services de consommation de drogues maintenant ou à l’avenir », confirme Hannah Jensen, la porte-parole de la ministre de la Santé Sylvia Jones.

« Les autres SCS ont été mis face à un choix impossible. »
— Bill Sinclair, PDG de TNGCS

Par ailleurs, sans l’obtention d’une exemption fédérale, les sites ne peuvent pas offrir des services de consommation supervisée. Or, cette échéance expirait ce 31 mars pour plusieurs SCS et n’aurait pas pu être renouvelée sans financement provincial garanti. Il s’agit de la même échéance choisie par le gouvernement pour la fermeture des sites.

Selon Bill Sinclair, le PDG du TNGCS, « les autres SCS ont été mis face à un choix impossible : soit obtenir un financement à la condition de ne plus avoir de services de consommation supervisée soit pas de financement du tout. »

Celui-ci explique que les HART hubs sont seulement conçus pour les personnes qui sont prêtes à arrêter de consommer : « Nous voulions cette option de traitement et plus de personnel depuis longtemps, mais pas en remplacement de nos services qui sont vitaux pour beaucoup d’usagers. »

« Établir de nouveaux modèles et établissements prend du temps. J’avais demandé au gouvernement un délai plus long, mais ils ont été catégoriques. »

Photo : Christopher Katsarov Luna/ONFR

Une transition incertaine : la vie des usagers en jeu

« Notre gouvernement investit 529 millions de dollars pour créer 27 nouveaux centres de traitement et de rétablissement des dépendances pour les personnes sans-abri, opérationnels d’ici le 1er avril », a assuré le ministère de la Santé.

Or, une source nous a informés que les SCS censés transitionner dès aujourd’hui n’ont encore rien reçu pour opérer : « Pas de nouvel espace, pas de lit de convalescence. Rien ne nous a été donné et rien n’est prêt pour transitionner comme prévu par les HART Hubs ».

Le ministère soutient lui que « tous les carrefours en transition ont reçu un financement de démarrage pour assurer la continuité des services dès leur ouverture aujourd’hui », sans fournir de détails sur le montant ou l’échéancier.

Selon également la députée de Nickel-Belt France Gélinas, porte-parole en Santé pour le NPD, « aucun des centres qui ferment n’a reçu son argent, aucun n’est capable d’offrir des services dès aujourd’hui. Par contre ils n’ont plus le droit de garder les gens en vie en prévenant les surdoses ».

Selon l’élue d’opposition, les carrefours ne pourraient pas être opérationnels, au plus tôt, avant l’automne prochain, pointant du doigt le temps nécessaire, le fonds, ne serait-ce qu’à l’embauche de personnel, l’équipement, l’aménagement d’espaces supplémentaires, etc.

« Tout ça est basé sur de la discrimination du gouvernement contre des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendance, et non basé sur ce que les données probantes et les experts disent. »

Et de s’insurger : « Depuis quand est-ce au gouvernement de décider du plan de traitement de gens malades? »

La députée rappelle que la loi 223 de la province, contestée en justice, interdit au fédéral de délivrer des exemptions aux services d’injection supervisée en Ontario et qu’en théorie l’injonction de la Cour suspend ce véto.

« Quand un gouvernement ignore une injonction de la cour, c’est grave pour une démocratie. »

Si les SCS restants s’attendent à un afflux considérable de visites, Bill Sinclair entrevoit toutefois un autre obstacle. Les études prouvant que ces populations vulnérables, qui tendent à ne pas se déplacer à plus de 15 minutes, se tourneront vers les drogues de rues et auront de grandes chances d’en mourir.

« Je suis également très préoccupé par des communautés qui n’avaient qu’un seul site, comme Guelph, Kitchener et Thunder Bay, désormais privées de ces services. Il y a eu plus de morts par overdose que par Covid, et en tant que société, nous ne faisons rien pour l’empêcher », se désole-t-il.

Les neuf SCS qui ont fermé leurs portes :

  • Parkdale Queen West Community Health Centre (PQWCHC) – 168, rue Bathurst, Toronto
  • Regent Park Community Health Centre – 465, rue Dundas Est, Toronto
  • The Works – Santé publique de Toronto – 277, rue Victoria, Toronto
  • South Riverdale Community Health Centre – 955, rue Queen Est, Toronto
  • Guelph Community Health Centres – 176, rue Wyndham Nord, Guelph
  • Hamilton Urban Core Community Health Centre – 70, rue James Sud, Hamilton
  • Region of Waterloo Public Health and Paramedic Services and Sanguen Health Centre – 150, rue Duke Ouest, Kitchener
  • Somerset West Community Health Centre – 55, rue Eccles, Ottawa
  • NorWest Community Health Centres and Dilico Anishinabek Family Care – 525, rue Simpson, Thunder Bay

Le seul des 10 SCS qui demeure ouvert :

  • Kensington Market Overdose Prevention Service (KMOPS), The Neighbourhood Group – 260, avenue Augusta, Toronto

Le fait français, une solution pour se détacher économiquement des États-Unis?

élection, canada, élections

L’actuelle campagne électorale et la crise économique qui frappe le Canada sont une opportunité pour recentrer un peu plus le viseur sur l’économie de la francophonie canadienne, croient les entreprises et francophones en milieu minoritaire.

À un jour, de l’imposition de tarifs par les Américains sur tous les pays dans le monde, comme l’a dit Donald Trump, le Canada, déjà touché par des droits de douane de 25 % sur l’automobile, se prépare au pire, en pleine campagne électorale fédérale.

« Ce qui ressort le plus c’est l’incertitude que ça crée (pour les entreprises), lance le président et directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), Yan Plante

« On dirait qu’en ce moment, la position change aux deux jours. Ce n’est pas un contexte dans lequel tu vas investir ton propre argent », renchérit le dirigeant de l’organisme qui se veut en quelque sorte le porte-voix économique des entreprises francophones en milieu minoritaire.

Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.
Yan Plante, président et directeur général du RDÉE Canada. Gracieuseté.

Cette élection est « super importante », probablement la plus importante depuis les années 1980 alors que le Canada avec Brian Mulroney à la tête des progressites-conservateurs avait fait campagne sur un pacte de libre-échange avec les États-Unis, avance M. Plante. Il mentionne certains secteurs clés attachés aux entreprises francophones qui pourraient être victimes des tarifs américains : le secteur laitier dans l’Est ontarien, celui minier au nord de l’Ontario ou encore de la pêche en Atlantique.

« Je pense que tout le monde en est conscient », dit-il.

Si la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA) admet qu’avec la conjoncture économique, ça pourrait être un risque qu’on parle moins de dossiers attachés aux langues officielles dans cette campagne électorale, mais il n’est pas pour autant synonyme d’ignorer les francophones du pays.

« La partie francophone du Canada est importante pour diversifier nos marchés et nous différencier des Américains, plaide Liane Roy. On a les deux langues officielles au Canada, ça nous ouvre des marchés sur les cinq continents, on est membre de l’OIF, on a des ouvertures sur d’autres pays, on a des ouvertures sur l’Europe et on a des gens qui parlent le français et l’anglais », suggère-t-elle comme pitch de vente.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Très franchement, si on ne saisit pas l’opportunité que présente cette crise-là par rapport au commerce intérieur et international, je ne sais pas comment on va le faire un jour », presse M. Plante, qui donne en exemple l’accroissement d’échanges commerciaux entre le Québec et les francophones des autres provinces.

« Je suis convaincu qu’il y a plusieurs entreprises au Québec qui ignorent complètement que 70 000 entreprises francophones et bilingues avec qui il pourrait faire affaire désormais », souligne-t-il.

Depuis plusieurs semaines, les menaces d’annexion de Donald Trump ramènent sur une lancée le patriotisme canadien au pays, et le bilinguisme officiel se retrouve au cœur des discours des politiciens de gauche à droite, mais il faut que ça l’ait un peu plus loin, pousse Mme Roy.

« Il faut que les bottines suivent les babines. Si on parle de francophonie qui nous différencie, mais il faut continuer à développer ce filon-là et en parler beaucoup plus… Une francophonie forte, c’est un pays et un Canada fort. La francophonie fait partie de notre identité et ce qui nous différencie comme pays », soutient la présidente de la FCFA.

L’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire plonge d’ailleurs sur plusieurs initiatives durant cette campagne, rencontre avec des candidats en plus de demander aux partis de s’engager sur certaines de leurs demandes comme sur l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre francophone.

Laurentienne : la rectrice souligne son premier anniversaire et « 65 ans de francophonie inclusive »

SUBDURY – Il y a un an, jour pour jour, l’Université Laurentienne accueillait sa nouvelle rectrice en la personne de Lynn Wells alors que la crise de confiance entre les francophones et l’établissement était encore bien palpable. Pour souligner cet anniversaire, celle-ci a choisi de publier une lettre d’opinion sur la francophonie inclusive de l’établissement.

« Lorsque j’ai choisi de me joindre à la Laurentienne il y a un an, le mandat bilingue et triculturel de l’établissement a été un facteur déterminant dans ma décision », s’est-elle exprimée dans la lettre envoyée à ONFR.

Elle rappelle avoir travaillé en étroite collaboration avec des groupes francophones et autochtones en Saskatchewan, en Alberta et en Ontario pendant son parcours.

« Alors que je célèbre mon premier anniversaire en tant que rectrice et vice-chancelière de l’Université Laurentienne, je ne cesse d’être impressionnée par l’incidence considérable que l’enseignement bilingue offert par la Laurentienne a eue sur la communauté locale. »

Selon celle qui est diplômée en littérature française de l’Université de York, cette lettre d’opinion s’inscrit dans le cadre du 65e anniversaire de la Laurentienne (28 mars) et de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars).

« Chose certaine, nous sommes reconnaissants du rôle que nous avons joué, ici à la Laurentienne – et que nous continuerons de jouer – dans l’épanouissement des communautés francophones du nord de l’Ontario », a également fait savoir Mme Wells.

Bien qu’elle n’a pas souvent accordé d’entrevues à des médias francophones, Mme Wells est capable de s’exprimer en français, contrairement à sa prédécesseure, Sheila Embleton, qui avait fait les manchettes après avoir été présentée comme étant francophone par l’établissement, mais qui ne savait pas s’exprimer dans la langue de Molière.

ONFR a demandé une entrevue avec Mme Wells lundi, mais la rectrice n’était pas disponible.

Hausse des inscriptions

« Nous sommes également fiers du fait que les inscriptions aux programmes en français de la Laurentienne ont connu une augmentation constante au cours des cinq dernières années », a spécifié celle qui avait désigné le recrutement des étudiants comme étant sa priorité au début de son mandat.

Rappelons que le 12 avril 2021, l’Université Laurentienne abolissait 69 programmes dont 28 de langue française, et licenciait une centaine de professeurs et employés après s’être placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Des données communiquées par le département des communications de la Laurentienne démontrent une hausse effective, mais relative : alors qu’en 2021, la proportion d’étudiants francophones était de 21,43 %, celle-ci a atteint 22,59 % en 2022, 22,56 % en 2023 et 23,68 % en 2024.

« Aujourd’hui, la Laurentienne compte plus de 2 500 étudiants qui s’identifient comme francophones, inscrits dans 34 programmes et plus de 500 cours que nous offrons en français. Plus de 85 % des membres du personnel et du corps professoral s’identifient comme bilingues, ce qui reflète en soi la communauté du Grand Sudbury que nous servons », précise Mme Wells.

Concernant le retour potentiel de programmes supprimés, le service des communications écrit : « Il est possible qu’un programme revienne, mais surtout, le plan académique guidera notre programmation future. Son lancement est prévu dans les prochains mois. »

Défense du français : Mark Carney reste vague sur ses propositions

élection, canada, élections

Mark Carney demeure évasif sur ses propositions concernant la défense de la langue française au Canada alors que, s’il est porté au pouvoir, il s’engage à contester la Loi 96, visant à protéger le français au Québec.

La semaine dernière, le chef libéral a confirmé en conférence de presse son intention de contester cette législation qui fait du français la langue officielle du Québec. Dans ses rassemblements depuis le déclenchement de la campagne électorale, le chef libéral martèle, sur la langue française, comme point de démarcation entre lui et M. Poilievre, le fait de vouloir conserver CBC/Radio-Canada. 

« Je comprends bien l’importance de renforcer, promouvoir et protéger la langue française au Québec et j’ai fait de grands efforts pour cela, y compris le renforcement de Radio-Canada », soutient Mark Carney.

Mais, lorsque questionné sur ses autres initiatives, le premier ministre sortant est resté vague sur son plan concernant la défense de la langue de Molière, assurant que « c’est très très important pour nous ». Il a plutôt souligné la présence de plusieurs ministres francophones dans son Cabinet et le nouveau rôle de la Culture et l’Identité canadiennes de Steven Guilbeault, une fonction de « super ministre » a-t-il assuré, poste qui a toutefois effacé celui de ministre des Langues officielles.

« Monsieur Guilbeault est mon lieutenant québécois et il est chargé avec une mission de renforcer, protéger et promouvoir la langue française en utilisant tous les outils du gouvernement fédéral », a lancé l’ex-banquier en déplacement à Woodbridge en Ontario, ce lundi matin.

Il annonçait alors la création d’une nouvelle agence, intitulée Bâtir Maisons Canada (BMC)— qui a finalement été raccourci pour Maisons Canada, après plusieurs critiques sur le choix du nom en français- qui aurait pour visée la construction de 500 000 maisons par an.

Une contestation de la Loi 96 par un gouvernement Carney a été la cible de dénonciations de ses adversaires et du gouvernement québécois dans les derniers jours.

« Mon gouvernement a un malaise avec l’utilisation [préventive] de la clause nonobstant. Ça, c’est une position connue », a expliqué M. Carney, se disant toutefois « d’accord avec l’objectif » de la législation québécoise.

Ses adversaires Pierre Poilievre (conservateur) et Jagmeet Singh (néo-démocrate) ont déjà assuré qu’il ne contesterait pas cette législation si jamais ils étaient appelés à former le prochain gouvernement.

« Nous respectons le bilinguisme, la dualité linguistique des Canadiens à travers les programmes fédéraux », a soutenu cette fin de semaine, Pierre Poilievre.

Le chef conservateur Pierre Poilievre sert de la nourriture au restaurant Berto’s à Mississauga, le dimanche 30 mars 2025. Crédit image : La Presse canadienne/Laura Proctor

« Nous allons renforcer les programmes d’immersion pour les jeunes anglophones afin de leur permettre d’apprendre le français… Je sais que le français fait face à des difficultés et les conservateurs reconnaissent que le français est la langue fondatrice de notre pays, et nous voulons le renforcer, le conserver », a-t-il lancé samedi dernier.

À Québec, le ministre de la Francophonie canadienne et de la Francisation, Jean-François Roberge, a dénoncé l’intention des libéraux de Mark Carney, déclarant que « le Québec, et lui seul, peut décider sur cette question ».

Tempête de verglas : de multiples pannes d’électricité et des écoles fermées

Près de 400 000 Ontariens sont privés d’électricité en Ontario à cause d’une tempête de verglas qui s’est abattue sur une partie du pays.

« Nous avons rétabli le courant à plus de 358 000 clients depuis le début de la tempête, indique Hydro One. Mais l’opérateur du réseau d’électricité prévient qu’il faudra plusieurs jours pour rétablir le courant chez tous les clients. 

Au moins autant sont ce lundi matin sans électricité après ce phénomène météorologique qui a conjugué pluie verglaçante, orages et vents violents par endroit, poussant plusieurs villes comme Orillia à décréter l’état d’urgence.

Les transports scolaires ont été perturbés, voire annulés, et plusieurs écoles francophones ont décidé de fermer leurs portes ce lundi : celles du Conseil scolaire Viamonde à Penetanguishene, Barrie et Borden, tout comme celles du Conseil scolaire catholique MonAvenir dans les régions de Simcoe et Peterborough, affectées soit par des pannes d’électricité ou des problèmes d’accès à l’eau potable. Dans l’Est, les établissements sont restés ouvertes.

Quant à savoir si les écoles rouvriront demain : « Nous allons réévaluer la situation au cours de la journée et prendre les décisions qui s’imposent, a fait savoir le Conseil scolaire Viamonde. Nous devons nous assurer que les écoles soient chauffées, branchées à l’électricité et à l’eau courante et qu’il n’y a aucun autre risque au niveau de la sécurité avant de pouvoir autoriser la réouverture des écoles. »

Quelles écoles sont fermées ce lundi?
– ÉP St-Joseph (Penetanguishene)
– ÉS Le Caron (Penetanguishene)
– ÉÉ La Source (Barrie)
– ÉS Roméo-Dallaire (Barrie)
– ÉÉ Académie de la Pinède (CFB Borden)
– ÉSC Nouvelle-Alliance
– ÉÉC Frère-André
– ÉÉC Marguerite-Bourgeois de Borden
– ÉÉC Notre-Dane-de-le-Huronie
– ÉÉC Saint-Louis
– ÉÉC Sainte-Croix
– ÉÉC Samuel-de-Champlain)
– ÉC Monseigneur-Jamot (Peterborough)

Carte des pannes d’électricité en Ontario. Source : Hydro One

« Des équipes continuent de se mobiliser depuis d’autres régions pour rétablir le courant dans les zones les plus touchées, assure Hydro One à ONFR. Grâce à l’amélioration des conditions météorologiques, c’est aujourd’hui la première journée de rétablissement où la pluie verglaçante et les précipitations mixtes n’ont pas été un facteur. »

Compte tenu de l’ampleur des dégâts occasionnés, la société de transport et de distribution d’électricité indique que le retour à la normale dans les zones les plus durement touchées se poursuivra tout au long de la semaine.

« L’accès routier demeure problématique dans les zones les plus touchées, et la chute de branches d’arbres pose des problèmes de sécurité. Dans les zones reculées, notamment celles accessibles uniquement par voie maritime, la remise en état pourrait prendre plus de temps », prévient Hydro One, conseillant la plus grande prudence au public.

« Restez en sécurité et à au moins 10 mètres des lignes électriques tombées. Signalez les lignes tombées au 1-800-434-1235. Pour obtenir les informations les plus récentes, consultez notre carte des pannes ou l’application Hydro One. »

Patinage artistique : Paul Poirier et Piper Gilles encore vice-champions du monde

Lors des Championnats du monde de patinage artistique, organisés à Boston du 24 au 30 mars, le patineur franco-ontarien Paul Poirier et sa partenaire canado-américaine Piper Gilles se sont illustrés en danse sur glace. Ils raflent la médaille d’argent, devenant ainsi vice-champions du monde pour la seconde année consécutive.

Poirier et Gilles ont brillé sur leur deux programmes : ils terminent ainsi deuxième lors du passage rythmique ce vendredi et deuxième également lors du passage libre ce samedi, un pointage de 216,54 leur assurant la médaille d’argent, tout comme l’année précédente.

Le patineur franco-ontarien a exprimé avec émotion que c’est « le cœur que nous voulons mettre dans notre travail et les programmes que nous voulons partager avec les gens ».

« Nous nous sentons tellement fiers de ce que nous avons accompli dans cette compétition, et ce pendant toute la saison. Nous sommes tellement excités d’en être là avant l’année olympique qui arrive déjà, ce qui est fou. C’est agréable d’arriver à la fin de la saison et de savoir que nous l’avons amené où nous voulions l’amener, et d’avoir ce genre de performance devant un grand public, c’est vraiment spécial », a conclu Paul Poirier.

Paul Poirier et Piper Gilles lors du programme libre ce samedi 29 mars. Photo : Skate Canada

Pendant ce temps, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha ont terminé au septième rang du classement général avec un total de 200,41 points, grâce notamment au cinquième meilleur score de 81,77 points réalisé en danse rythmique. Le troisième duo canadien en compétition, composé d’Alicia Fabbri et Paul Ayer, a connu des débuts prometteurs, terminant dans le top 20 avec un score de 170,88 points.

La deuxième place du couple Poirier-Gilles et la septième de l’autre duo canadien permettent d’assurer provisoirement trois places en danse sur glace pour le Canada aux Jeux olympiques de 2026 qui se dérouleront à Milan-Cortina.

Soirée Saphir : Samia Ouled Ali est la personnalité de l’année

OTTAWA – C’est une personnalité bien connue du milieu de l’éducation francophone qui a remporté le prix de la personnalité de l’année à la 10e Soirée Saphir, qui s’est tenue samedi soir à Ottawa. Visiblement émue, la présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), Samia Ouled Ali, a livré un discours touchant pour remercier sa famille et sa famille choisie, celle de la francophonie ontarienne.

Il s’agissait du 10e anniversaire de la Soirée Saphir. Cet événement annuel de la Fondation franco-ontarienne (FFO) récompense les femmes impliquées dans leur milieu et dans leur communauté. Parmi les gens présents, on comptait l’instigatrice de la Soirée Saphir, Marie-Michèle Laferrière.

L’ancienne directrice générale de la FFO a d’ailleurs reçu le tout premier prix Bâtisseuse, pour reconnaître les « femmes visionnaires qui, par leur leadership, leur engagement et leur dévouement, ont laissé un impact durable à la vitalité et à la pérennité de la Fondation franco-ontarienne ».

Un peu plus d’une vingtaine d’anciennes lauréates de prix Saphir se sont rassemblées pour le 10e anniversaire de l’événement. Photo : Ahmed Baidou

La FFO avait invité toutes les anciennes lauréates à se rassembler au Infinity Convention Centre. Un peu plus d’une vingtaine se sont présentées, dont Lise Bourgeois, la seule personne à avoir remporté deux prix Saphir à travers les années. Elle avait reçu le prix dans la catégorie Éducation lors de la toute première édition, puis celui de Personnalité en 2023, alors qu’elle avait annoncé qu’elle quittait son poste de présidente-directrice générale du collège La Cité.

La FFO a tenu à saluer les anciennes lauréates qui n’ont pas pu être présentes, ainsi que trois détentrices d’un prix Saphir qui sont aujourd’hui décédées, soit Nathalie Béland, Jeannine Legault et Ethel Côté. La mention de cette dernière a fait réagir la salle, encore émue de son décès prématuré en octobre dernier.

Samia Ouled Ali, personnalité de l’année

La foule s’est levée pour féliciter Samia Ouled Ali lorsque son nom a été dévoilé comme lauréate du prix Personnalité, le moment culminant de la soirée. Essuyant quelques larmes, la présidente du CEPEO est revenue sur son parcours, de la Tunisie au Canada, en appuyant sur les 26 ans passés à Ottawa jusqu’à présent.

« C’est avec une immense émotion, une grande fierté et une profonde gratitude que je me tiens devant vous ce soir, a lancé la lauréate sur scène. C’est un honneur que je partage avec toutes et tous, car il symbolise non seulement une reconnaissance personnelle, mais aussi la force et la résilience des femmes qui, chaque jour, tracent leur chemin avec courage et détermination. »

La Soirée Saphir a débuté par un moment de réseautage. L’artiste Geneviève RB s’est occupée de l’ambiance musicale, interprétant plusieurs classiques de la chanson francophone. Photo : Rachel Crustin/ONFR

En plus de son mari, de ses enfants et de ses collègues qui la supportent, Samia Ouled Ali a tenu à saluer ses regrettés parents, qui ont encouragé leurs enfants à poursuivre leurs études, peu importe qu’ils soient garçons ou filles.

« Ils ont insisté, ils nous ont soutenus. Ils nous ont dit : l’éducation, c’est votre levier social. »

Cette déclaration a provoqué les applaudissements de la foule, Samia Ouled Ali étant reconnue pour son implication constante dans le domaine de l’éducation. Arrivée au Canada dans les années 1990 pour étudier à l’Université Laval, à Québec, elle a rapidement choisi de s’installer à Ottawa.

« J’ai été portée par la conviction que la francophonie ontarienne est un espace dynamique, riche de sa diversité, de sa résilience. Mais nous savons que le chemin n’est pas toujours facile. Être une femme comporte encore des défis. Être une femme francophone, une femme immigrante et une femme racialisée en rajoutent d’autres. Pourtant, chaque épreuve que j’ai traversée m’a rendue plus forte et déterminée à briser les barrières et à ouvrir les portes pour celles qui viendront après moi. »

Samia Ouled Ali a reçu le prix Saphir des mains de Lynn Casimiro, présidente-directrice générale de La Cité. Photo : Ahmed Baidou

En plus de la présidence du CEPEO, Samia Ouled Ali assure aussi la vice-présidence du Consortium Centre Jules-Léger et de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO). Elle siège également sur les conseils d’administration de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) et de l’hôpital Montfort.

En 2015, elle a fondé un organisme à but non lucratif pour aider les familles nouvellement arrivées ou à faible revenu.  

Des lauréates de différents horizons

Cinq autres prix Saphir ont été remis samedi soir, en plus de deux prix spéciaux.

C’est Nathalie Ladouceur qui est venue chercher le premier trophée de la soirée, dans la catégorie Engagement communautaire. La présidente de la Fondation de l’hôpital général de Hawkesbury s’implique entre autres au sein de l’initiative de communauté francophone accueillante.

La catégorie Entrepreneure a récompensé la coach en leadership dans le domaine de la petite enfance, Marilyne Thauvette.

Le Saphir jeunesse est allé du côté de Camille Rochon. L’élève de 11e année à l’École secondaire catholique Béatrice-Desloges s’est entre autres impliquée de près pour faire reconnaître un nouveau médicament pour aider les personnes atteintes de la fibrose kystique, comme elle.  Cette démarche a mené Camille Rochon à être porte-parole de la Fondation de la fibrose kystique et de la Fondation du CHEO.

Camille Rochon a reçu le Saphir Jeunesse. Photo : Ahmed Baidou

La catégorie Organisme a récompensé Marianne Vancaemelbeke. Celle qui s’est décrite dans sa vidéo de présentation comme agricultrice et féministe est directrice générale de l’Union culturelle des Franco-Ontariennes.

Finalement, Jepthée Élysée a remporté le prix dans la catégorie Professionnelle. Elle est derrière des initiatives comme la première stratégie d’immigration de la ville d’Ottawa. Elle est aujourd’hui directrice générale associée du Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CESOC).

Pour être admissible à un prix Saphir, une candidature doit être proposée par quelqu’un de l’entourage de la personne. Deux prix spéciaux sont par contre remis directement par l’équipe de la FFO. En plus du prix Bâtisseuse à Marie-Michèle Laferrière, le prix Coup de cœur a été remis à Michelle O’Bonsawin. La juge à la Cour suprême du Canada a souligné le fait que ses collègues et elle sont maintenant tous bilingues. Michelle O’Bonsawin est Franco-Ontarienne et Abénaquise.

La juge à la Cour suprême, Michelle O’Bonsawin, a reçu le prix Coup de coeur de la Soirée Saphir. Photo : Rachel Crustin/ONFR

La cérémonie s’est terminée sur une annonce de la FFO et du Collège Boréal de Sudbury, qui souligneront respectivement leurs 40 et 30 ans d’existence en 2026. Pour l’occasion, la soirée Saphir se déplacera dans la ville du nickel pour sa 11e édition.

L’importance historique et patrimoniale de la Compagnie de la Baie d’Hudson

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

La Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), la plus ancienne compagnie au Canada, d’Amérique du Nord et la plus vieille entreprise de commerce à charte du monde, s’est placée récemment à l’abri de ses créanciers. Toute une page d’histoire du Canada risque de disparaître si l’emblématique détaillant fondé il y a 355 ans met la clé sous la porte.

Deux Français à l’origine de la Compagnie

Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers sont deux beaux-frères, coureurs des bois et négociants français en fourrures, qui parcourent l’Amérique du Nord dans les années 1650 pour trouver des peaux d’animaux. Ils tentent à plusieurs reprises, sans succès, de convaincre le roi de France d’investir dans les richesses de l’arrière-pays de la Nouvelle-France. Les deux hommes se tournent donc vers le roi Charles II d’Angleterre, qui accepte de les financer en 1666.

Des Groseilliers et son beau-frère Pierre-Esprit Radisson établissent un poste de traite de fourrures dans le Nord-Ouest en 1662. Peinture d’Archibald Bruce Stapleton (1917-1950). Crédit photo : Musée McCord Museum.

Partie en 1668, une première expédition revient un an plus tard avec une précieuse et abondante cargaison de peaux de castors. Couronné de succès, ce voyage démontre la rentabilité du projet de Radisson et Des Groseillers.

Le 2 mai 1670, Charles II signe la charte royale, établissant la Compagnie de la Baie d’Hudson, officiellement nommée « le Gouverneur et la Compagnie des aventuriers d’Angleterre faisant le commerce dans la baie d’Hudson ». Basée à Londres, en Angleterre, il s’agit de la première compagnie commerciale à capital-actions du monde anglophone.

Peinture mythique de Frances Anne Hopkins de 1869 qui représente un gros canot à marchandises de la Compagnie de la Baie d’Hudson passant devant une chute, probablement sur la Rivière-des-Français, dans le Moyen-Nord ontarien actuel. Les passagers à bord du canot sont peut-être l’artiste et son mari, Edward Hopkins, secrétaire du gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson. On remarque à gauche le drapeau rouge de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

La charte établit un monopole légal sur un immense territoire de la grande zone de drainage du bassin de la baie d’Hudson. Cela correspond à peu près à un million et demi de miles carrés de régions de l’ouest et du nord du Canada, soit plus de 40 % du pays actuel. Le roi Charles II s’octroie le droit de donner ce territoire qui ne lui appartient pas, parce qu’aucun autre monarque chrétien ne l’avait revendiqué, bien que des peuples autochtones y vivaient depuis des temps immémoriaux.

Ce vaste territoire prit le nom de la « Terre de Rupert » en l’honneur du Prince Rupert du Rhin, cousin du roi Charles II et partisan de la première heure de la compagnie. Le prince Rupert sera d’ailleurs le premier gouverneur de la compagnie, jusqu’à son décès en 1682.

En 1821, la Compagnie de la Baie d’Hudson fusionne avec sa farouche rivale, fondée à Montréal en 1779, la Compagnie du Nord-Ouest. Le nom, la charte et les privilèges de l’ancienne CBH fournissent l’assise de l’entreprise fusionnée.

1870 : la Terre de Rupert est cédée au Canada

Trois ans après la confédération, le Canada cherche à agrandir son territoire vers l’ouest et le nord du continent. Les États-Unis sont prêts à payer jusqu’à 10 millions $ pour la Terre de Rupert, alors que la Compagnie de la Baie d’Hudson en espérait 40 millions.

La Terre de Rupert. Crédit image : L’Encyclopédie canadienne.

Craignant l’expansionnisme américain, la CBH est forcée par l’Angleterre de ne pas considérer l’offre américaine. Au terme de six mois de négociations menées par deux ministres du cabinet de Sir John A. Macdonald (George-Étienne Cartier et William McDougall), un accord est conclu. La Terre de Rupert est cédée à la Couronne britannique, qui la transfère au Dominion du Canada en 1870, conformément à l’Acte de cession de 1869. En compensation, la CBH (qui comptait alors 97 postes de traite) reçoit 1,5 million $ (300 000 livres sterling), garde des lots de terre autour de ses postes de commerce de fourrures (5% du territoire) et se voit octroyer également près de sept millions d’acres en terres agricoles dans la zone fertile des Prairies du Sud (qu’elle vend progressivement au cours des 85 années qui suivent).

Il s’agit de la plus grande transaction immobilière en superficie dans l’histoire du pays. L’achat de la Terre de Rupert a géographiquement agrandi le Canada. Le territoire a éventuellement été divisé entre le Québec, l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Les grands magasins

Après la vente de la Terre de Rupert, et même si elle continue le commerce des fourrures, la Compagnie de la Baie d’Hudson ajoute à ses activités les magasins de vente au détail : elle ouvre son premier magasin à rayons à l’extérieur des postes à Winnipeg, en 1881.

En 1909, les activités de la Compagnie sont divisées en trois secteurs : les fourrures, la vente de terres et le commerce de détail.

Rez-de-chaussée du grand magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Winnipeg en 1957. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

À partir de 1913 et jusqu’en 1926, la compagnie fait construire les premiers de ses six grands magasins phares (« department stores » en anglais), typiquement nord-américains, de style architectural Beaux-Arts, à Calgary, Edmonton, Saskatoon, Vancouver, Victoria et Winnipeg.

Ascension et déclin

Dans les années 1960, 1970 et 1990, la Compagnie de la Baie d’Hudson s’établit dans le centre du Canada en acquérant d’autres commerces de détail comme Henry Morgans & Company, Freimans, Shop-Rite, Zellers, Simpsons, Towers, Kmarts Canada et Woodward’s. Son nom est raccourci à « The Bay » en 1965 et son nom en français « La Baie » apparaît en 1972. 

En 1970, lors de son 300e anniversaire, la reine Élisabeth II renouvelle sa charte, qui est rapatriée au Canada. La compagnie devient une société canadienne et son siège social est déplacé de Londres à Winnipeg en 1974 (il sera déménagé à Toronto quatre ans plus tard).

Les voyages maritimes sont demeurés une importante partie de la vie de HBC jusqu’à la vente de son dernier vaisseau, le MS Kanguk, en 1987. La même année, la compagnie ferme ses postes de traite. En 1991, la Compagnie cesse la vente des peaux d’animaux (mais reprendra ses encans en 1997). En 1999, après la fermeture des magasins Eaton, La Baie devient le plus grand détaillant au Canada.

En 2006, un entrepreneur américain prend le contrôle de la direction de la Compagnie de la Baie d’Hudson, puis la compagnie est officiellement vendue à des intérêts américains en 2008.

Identité et patrimoine

La Compagnie de la Baie d’Hudson a profondément marqué l’histoire et le patrimoine du Canada. En plus de sa contribution au commerce des fourrures, elle a exploré et cartographié de vastes territoires. Certains de ses forts sont devenus des capitales provinciales comme Winnipeg, Edmonton et Victoria.

Certains de ses produits, comme sa célèbre couverture à points blanche aux couleurs rayées, créée en 1779 pour le troc des peaux de castor, est devenue avec le temps un produit emblématique de mode.

Lors des Jeux olympiques d’hiver de 1936, la compagnie devient l’habilleur officiel des athlètes olympiques canadiens, rôle qu’elle a conservé pendant presque toutes les compétitions suivantes.

Les athlètes canadiens font leur entrée vêtus de manteaux à l’effigie des célèbres couleurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de 1964 à Innsbruck, en Autriche. Crédit photo : Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

En 1974, la Compagnie de la Baie d’Hudson prête ses archives aux Archives du Manitoba. Leur valeur est estimée à près de 60 millions $. Vingt ans plus tard, la compagnie leur en fait officiellement don et offre ses artéfacts au Manitoba Museum. À même les économies d’impôt résultant du don, la Fondation d’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson est créée.

En 1977, c’est à la Fondation du patrimoine ontarien que fait don la CBH de son établissement de Moose Factory.

En 2007, les documents des archives des 250 premières années de la CBH ont été inscrits au Registre de la Mémoire du monde de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

La version en langue française de la plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien sur le magasin de la Baie d’Hudson au centre-ville de Toronto trône sur la rue Bay. Crédit photo : The Historical Marker Database.

Du côté du patrimoine bâti, on compte quelques-uns de ses grands magasins. Par exemple, la Ville d’Ottawa a procédé l’an dernier à la désignation en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario du magasin de la CBH au centre-ville.

Le gouvernement du Canada a désigné au pays 39 lieux historiques nationaux liés à la Compagnie de la Baie d’Hudson, 14 édifices du patrimoine (9 reconnus et 5 classés), deux personnages historiques nationaux et deux événements historiques nationaux.

Pas moins de 14 plaques d’histoire de la Fiducie du patrimoine ontarien portent aussi sur un aspect de l’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

La compagnie avait aussi effectué en 2013 un retour officiel à son nom d’origine « La Baie d’Hudson », afin de mettre en valeur son riche patrimoine et son rôle dans l’histoire canadienne. Elle avait également incorporé dans son nouveau logo ses armoiries historiques, qui portent sa devise traditionnelle en latin pro pelle cutem (« une peau pour une peau »). Le changement de l’identité de marque comprenait aussi le lancement d’une collection de produits dérivés à l’effigie des lignes colorées de son iconique couverture à points.

Discussion de trois Inuits devant le poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, en 1956. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

L’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson a façonné l’histoire du Canada actuel. Elle l’a même devancée. De ses origines coloniales européennes à sa relation complexe avec les peuples autochtones, c’est une histoire transnationale, territoriale et commerciale qui a grandement contribué à l’identité et au patrimoine canadiens d’aujourd’hui.

Du 17e siècle de Charles II au 21e siècle de Charles III, cet empire commercial espère maintenant sauver six magasins (dont trois à Toronto) parmi ses 80 actuels. Sa disparition définitive marquerait la fin d’une épopée typiquement canadienne.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Les sites de consommation supervisée resteront ouverts jusqu’au verdict de la Cour

TORONTO – Les 10 sites de consommation supervisée (SCS) identifiés comme trop proches d’écoles ou de garderies, qui devaient fermer après le 31 mars, obtiennent une injonction de la Cour supérieure de justice de l’Ontario. Ils peuvent rester ouverts jusqu’à ce qu’une décision soit rendue dans le recours en justice en cours contre la province, dont la loi violerait la Charte des droits et libertés, portant atteinte à la vie et à la sécurité des personnes dépendantes de ces services.

À trois jours de l’échéance fixée par le gouvernement pour la fermeture de 10 sites de consommation supervisée, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a accordé une injonction pour les maintenir ouverts en attendant qu’un verdict soit rendu et 30 jours après celui-ci.

Il s’agissait d’une des requêtes de The Neighbourhood Group Community Services (TNGCS), qui exploite le Kensington Market overdose prevention site (KMOPS), et qui, aux côtés de deux usagers, poursuivent en justice le gouvernement depuis décembre.

En cause, la Loi de 2024 visant à accroître la sécurité dans les rues et à renforcer les collectivités, interdisant les SCS situés à moins de 200 mètres des écoles et des garderies, qui prévient également l’ouverture de nouvelles structures.

Les plaignants espèrent obtenir une ordonnance déclarant que la nouvelle Loi viole les articles 7, 12 et 15 de la Charte des droits et libertés et la Constitution, y compris le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne ou qu’elle est inconstitutionnelle, empiétant sur la compétence exclusive du Canada en matière de droit criminel.

« C’est un grand pas en avant dans notre lutte pour protéger ces services vitaux. Vos voix et votre soutien ont rendu cela possible », a réagi le TNGCS sur son compte X.

Un bémol pour neuf d’entre eux « tenus » par le ministère de la Santé

Le ministère de la Santé a toutefois fait valoir que les neuf SCS qui avaient, face à l’obligation de fermer, accepté de transitionner en HART Hubs, Carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE), seraient quand même tenus de suspendre leurs services s’ils veulent obtenir le financement de la province.

« La transition des neuf sites d’injection de drogues vers les centres de traitement de l’itinérance, de la toxicomanie et du rétablissement (HART) se déroulera comme prévu le 1er avril. Le financement provincial des centres AIDE ne peut être utilisé pour les services d’injection de drogues et sera conditionnel à ce que l’organisme ne souhaite pas maintenir ces services », a déclaré Hannah Jensen, la porte-parole de la ministre de la Santé Sylvia Jones.

« Puisque l’accent est mis sur le traitement et le rétablissement, les carrefours AIDE n’offriront pas d’approvisionnement prétendument plus sécuritaire pour la consommation supervisée de drogues ni de programmes d’échange de seringues », pouvait-on lire dans un communiqué du gouvernement.

Reste à savoir quelle décision prendront les 9 centres concernés suite à cette annonce.

Les audiences se sont tenues cette semaine à la Cour supérieure de justice de l’Ontario. La tombée du verdict au cours des prochains mois permettra de trancher sur le sort des SCS et de leurs usagers.

77 000 fonctionnaires ontariens de plus ont gagné plus de 100 000$ en 2024

TORONTO – Comme chaque année, le gouvernement de l’Ontario dévoile sa Sunshine List, soit la liste des employés de la fonction publique avec un revenu de plus de six chiffres. Des centaines de Franco-Ontariens figurent dans ce club de moins en moins fermé. On y retrouve des agents ministériels, des enseignants, des médecins, des dirigeants de conseil scolaire, d’université et d’hôpitaux.

En l’espace d’un an, 77 096 nouveaux employés de la province ou d’organismes publics ont fait leur apparition sur cette liste, qui regroupe tous les salaires en haut de 100 000$ pour l’année 2024. En 2023, la hausse par rapport à l’année qui l’avait précédée était de 30 000, un chiffre qui s’apparente également à celui des années précédentes.

On retrouve 377 666 employés des secteurs public et parapublic de l’Ontario sur la liste, comparativement à 300 570 noms l’année précédente. Ils n’étaient que 4 500 en 1996, au moment de sa création sous le gouvernement Harris.

Paiements rétroactifs, réajustements de salaire

Comme mentionné dans le communiqué de l’annonce de ces divulgations, le gouvernement ontarien explique cette notable augmentation par des « rajustements salariaux à l’échelle du conseil, aux paiements rétroactifs effectués au cours de l’année civile 2024 et aux résultats des plus récentes conventions collectives. »

Rappelons qu’en 2019, la Loi 124 avait plafonné les augmentations de salaire des travailleurs du secteur parapublic à 1 % par année pendant trois ans, mais avait été abrogée quand la Cour d’appel de l’Ontario a jugé cette mesure inconstitutionnelle.

Le gouvernement de l’Ontario devait alors payer une somme de plus de 6 milliards de dollars aux travailleurs du secteur public.

« Près de la moitié de la croissance constatée dans la liste est attribuable au secteur des conseils scolaires, les enseignantes et enseignants contribuant à 87 pour 100 de cette augmentation », pouvait-on aussi lire.

En haut de la liste

En haut de la pyramide et comme toujours, le patron d’Ontario Power Generation (OPG) culmine à 2 010 895,76 de dollars. Cette année, il n’est plus talonné par l’un de ses lieutenants, Dominique Minière qui, selon les informations de son portail LinkedIn, serait à la retraite depuis janvier 2023.

Cette année, c’est au deuxième rang que l’on retrouve une femme, Nicolle Butcher, avec un salaire vertigineux de 978 380,20 $ pour 2024, alors qu’en 2023, elle occupait la 4e place avec 894 783,33 $.

Parmi les plus hauts salaires, on retrouve Ronald Gagnon, président et chef de la direction du Grand River Hospital (GRH) de Kitchener avec 591 247,93 $ par an.

Notons aussi Paul Seguin, vice-président principal, Production d’énergie renouvelable à Ontario Power Generation (OPG), avec un salaire annuel de 544 604,26 $ et Guy Chartrand, Président-directeur général de Santé Bruyère à Ottawa avec 535 884,68 $.

Dans la sphère franco-ontarienne, on retrouve également Dominic Giroux, président directeur général de l’Hôpital Montfort, avec 440 069,18 $.

Toujours dans le domaine de la santé, le médecin-hygiéniste et directeur général du bureau de santé publique de l’est de l’Ontario, Paul Roumeliotis, a perçu un traitement de 373 871,65 $, soit beaucoup moins que Kieran Moore, qui a perçu 455 105,68 $ à titre de médecin-hygiéniste en chef de Kingston, puis de l’Ontario.

Des changements en éducation

Les dirigeants des institutions postsecondaires francophones sont aussi bien représentés sur la liste. Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa, a obtenu 399 616,08 $.

À Toronto, l’ex-recteur de l’Université de l’Ontario français, Pierre Ouellette, n’est pas très loin avec 354 261,00 $, mais celui-ci a quitté ses fonctions en mai dernier. Normand Labrie, qui l’a remplacé au même moment a empoché la somme de 276 622,89 $.

Les dirigeants par intérim du Collège universitaire bilingue de Glendon, Dominique Scheffel-Dunand et Ian Roberge, ont empoché 234 353,11 $ et 198 029,64 $, respectivement. Lynn Wells, de l’Université Laurentienne, 215 111,25 $.

Daniel Giroux, président du Collège Boréal, a obtenu 279 520,74 $ en 2024. Son homologue à La Cité d’Ottawa, Lise Bourgeois, 397 411,20 $, mais celle-ci a quitté son poste en juin 2024.

Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a empoché la somme de 215 913,47 $. Le vice-recteur associé à la francophonie à l’Université d’Ottawa, Yves Pelletier, a remporté 206 764,32 $.

Aurélie Lacassagne, ex-doyenne des Facultés des sciences humaines et de philosophie à l’Université Saint-Paul (Ottawa) et rectrice de l’Université de Hearst depuis fin juin 2024, a gagné 129 906,24 $ en 2024. Luc Bussières, qui était le recteur de Hearst avant elle, avait cumulé, quant à lui, 194 859,36 $.

Anne Vinet-Roy, qui était présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens jusqu’en septembre 2024, a remporté 189 399,49 $. Celle qui lui a succédé, Gabrielle Lemieux, a quant à elle récolté 150 825,48 $.

Des dizaines d’autres professeurs et cadres de ces institutions se trouvent aussi sur cette liste.

Doug Ford loin du top

Loin des hauts salaires des dirigeants d’établissements postsecondaires des grandes villes, on trouve le premier ministre, Doug Ford, qui a gagné 208 974,00 $ en 2024, soit exactement le même salaire que l’année précédente.

Autre élément à noter, 47 personnes du bureau du premier ministre se retrouvent sur la liste, dont six ont gagné plus que M. Ford en 2024. Rappelons que le salaire du premier ministre et des députés est gelé depuis 2008, bien que Doug Ford ait récemment signalé qu’il pourrait bientôt changer.

Les députés de l’Ontario gagnent d’ailleurs moins que les conseillers municipaux de Toronto, lesquels ont voté jeudi soir une augmentation de leur salaire de 24%, une première depuis 2006.

Les conseillères francophones de la ville reine, Alejandra Bravo et Dianne Saxe, ont chacune remporté 133 650,95 $. En comparaison, France Gélinas, députée néodémocrate de Nickel Belt, a gagné 125 874,00 $ et la libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard, 129 254,04 $.

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, s’en sort avec 165 851,03 $ et Roda Muse, sous-ministre au ministère des Affaires francophones de l’Ontario, avec 153 932,96 $.

Michelle Séguin, qui a quitté la direction de TFO en février 2024, a gagné 241 999,94 $. Le nouveau président-directeur général de la chaîne éducative en français de l’Ontario, Xavier Brassard-Bédard, ne figure pas encore sur la liste, mais il n’a été nommé qu’en décembre dernier.

Le commissaire aux services en français, Carl Bouchard, a obtenu une rémunération de 256 660,08 $ alors qu’Edith Dumont, lieutenante-gouverneure générale de l’Ontario, a gagné 156 100,09 $ en 2024.

Parmi les maires qui ont fait la liste, on compte Mark Sutcliffe d’Ottawa (198 702,14 $), Paul Lefebvre du Grand Sudbury (149 788,50 $), Robert Lefebvre d’Hawkesbury (113 753,14 $) et François Landry de Stormont Nord (102 609,49 $).

Divulguée chaque année avant le 31 mars, la Sunshine list est née de la Loi de 1996 sur la divulgation des traitements dans le secteur public, qui exige que les organismes qui reçoivent des fonds publics de la province de l’Ontario rendent publics les noms, postes, salaires et le total des avantages imposables des employés qui ont gagné 100 000 $ ou plus au cours de l’année civile précédente.

Festival du film Black d’Ottawa : « On est plus que ce que l’on pense dans cette industrie » selon Nerline Labissière

Nerline Labissière est Coordonnatrice de la logistique et des relations avec la communauté pour le Festival du film Black d’Ottawa (FFBO)

La cinquième édition du FFBO se déroule du 28 mars au 2 avril à l’édifice de Bibliothèque et archives nationales du Canada.

Ce jeune festival veut faire prendre conscience des nombreux talents afrodescendants dans l’industrie du cinéma. Il veut également soutenir les jeunes personnes noires qui rêvent de faire carrière dans ce domaine.

« Qu’est-ce qu’on devrait savoir sur le FFBO?

C’est un jeune événement, par rapport aux autres festivals du film Black organisés par la Fondation Fabienne Colas. Celui de Montréal a 20 ans. Celui de Toronto, 13 ans. Les autres ont poussé durant la pandémie. Les premières années, on était en ligne, pour satisfaire la population qui ne pouvait pas sortir, changer le réflexe Netflix pour faire découvrir des films indépendants.

Avec sa fondation, Fabienne Colas organise plusieurs événements et festivals culturels pour la communauté noire au Canada, dont les festivals du film Black dans différentes villes. Photo : Fabienne Colas au FFBO en 2023. Gracieuseté du FFBO

On a commencé à le faire en personne en 2023. Notre but est de mettre en lumière les talents de la communauté noire, qui travaillent d’arrache-pied tout en étant sous-représentés dans l’industrie.

Même dans notre communauté, on ne sait pas tout le temps qu’il y a autant de talents.

Quelles sont les particularités des festivals du film Black selon les villes?

Chaque ville a son histoire. Par exemple, Halifax a toute une histoire au niveau de l’esclavage et une population assez dense, mais qui rencontre beaucoup de difficultés.

À Montréal, il y a une plus grande industrie. Il y a des prix qui sont remis, ce qu’on n’a pas dans les plus petites villes.

À Toronto, il y a beaucoup de musiciens, donc ils ont aussi des performances.

Nerline Labissière est Coordonnatrice de la logistique et des relations avec la communauté pour le Festival du film Black d’Ottawa. Photo : Gracieuseté du FFBO

Ici, on a beaucoup d’ambassadeurs et de députés, puisque c’est la capitale.

C’est sensiblement le même programme, mais avec une touche spéciale selon les villes.

Qu’est-ce que le programme Être noir.e au Canada?

C’est un programme de la Fondation Fabienne Colas pour des jeunes entre 18 et 30 ans, qui vont faire un court-métrage pour la première fois. Ils sont soutenus et encadrés. Ils vont le présenter en tournée dans nos festivals.

L’an dernier, il y a même un participant franco-ontarien qui a pu présenter son court-métrage dans un festival à Los Angeles!

À Ottawa, on a monté un projet avec le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) pour que les participants de l’an dernier présentent leurs œuvres dans les écoles.

Quelle est la part du français au FFBO?

La majorité des films sont en anglais, ou sous-titrés en anglais, mais parlés dans la langue du pays. On a quelques films francophones.

À Montréal, tout le festival est bilingue. Ici, on est en train de travailler pour améliorer nos présentations, notre site web et notre programmation.

Un panel de discussion lors de l’édition 2023. Photo : Gracieuseté du FFBO

On a des panels de discussion en français aussi. On travaille pour mettre de l’avant la communauté francophone d’Ottawa davantage.

Quels sont les autres éléments de la programmation que vous voudriez mettre de l’avant?

On a une petite vente collective de produits d’entrepreneurs afrodescendants. Ça fait quatre ans qu’on le fait à Montréal, et j’ai décidé de l’inclure à Ottawa. Je trouve que c’est important de mettre de l’avant les produits faits de chez nous.

Ces produits peuvent aussi être présentés dans les écrans. Par exemple, un personnage de femme noire ne va pas se laver les cheveux avec n’importe quel shampoing. On veut que ça se voit au cinéma.

Il y a aussi le gala d’ouverture, où l’on rencontre des dignitaires et des acteurs. Le film d’ouverture est Samia, de Yasemin Şamdereli. C’est l’histoire vraie d’une jeune femme qui fait de la course, ce qui n’est pas encouragé pour une femme dans son pays (la Somalie). Elle a travaillé très fort et s’est rendue aux Jeux olympiques. C’est une histoire inspirante, une belle façon de commencer le festival.

Le film d’ouverture 2025 est Samia, de Yasemin Şamdereli. Photo : Gracieuseté du FFBO

Dans les panels de discussion, il y a un acteur qui va présenter comment faire une audition par vidéo en se filmant soi-même. On a souvent des panels qui présentent des outils pour ceux qui voudraient avancer dans l’industrie.

Dimanche, il y a un panel en ligne en français qui parle de la garde-robe des personnes noires au cinéma.

Les films sont aussi disponibles en ligne. Pourquoi avoir gardé une programmation hybride?

Ce n’est pas tout le monde qui a la possibilité de se déplacer. On voulait permettre à ces gens de regarder les films dans le confort de chez eux, de ne pas se sentir exclus.

Le documentaire Johanne, tout simplement de la Franco-Ontarienne Nadine Valcin fait partie de la sélection du FFBO 2025. Photo : Gracieuseté du FFBO

On veut aussi que ce soit un événement international, donc il y a une passe en ligne qui donne accès à une trentaine de films, peu importe où les gens sont. Ça augmente notre visibilité.

Qu’est-ce que des événements du genre apportent concrètement à la communauté noire?

Ça nous permet de se retrouver et de se rendre compte qu’on est plus que ce que l’on pense dans cette industrie.

On veut aussi montrer à ceux qui sont intéressés à avoir une carrière que c’est possible.

Voyez-vous une évolution générale par rapport à l’inclusion des personnes noires dans l’industrie du cinéma, ou s’il reste encore beaucoup de chemin à faire?

Les deux. Par exemple, les gens du Festival international du film d’Ottawa (IFFO) et du Bureau du cinéma d’Ottawa s’impliquent et sont intéressés. Ils savent qu’on a besoin de leur soutien, car il y a souvent une question de ressources et de contacts que notre communauté n’a pas eu l’opportunité d’avoir dans le passé.

Le fait d’être là avec le FFBO depuis cinq ans fait déjà une grosse différence. Mais effectivement, il y a encore beaucoup de travail à faire. L’industrie du cinéma est assez restreinte, donc il y a encore certaines mentalités et stéréotypes qu’on doit essayer de contourner. C’est beaucoup de travail, mais on voit que le verre est en train de se briser.

Élections fédérales : Le NPD à risque de disparaître en Ontario français?

élection, canada, élections

Alors que les projections démontrent que le NPD pourrait faire face à une débandade le 28 avril prochain, les résultats de la formation progressiste en Ontario français pourraient bien être une projection de l’allure nationale. Le parti de Jagmeet Singh, qui fonde ses espoirs plus particulièrement sur trois comtés du Nord, se retrouve sans ses figures de proue dans cette élection. Tour d’horizon des candidats.

En Ontario français, le NPD est le parti auquel le redécoupage de la carte électorale fait le plus mal. La formation politique voit deux de ses sièges dans le Nord être réorganisés en un. Cela a du même coup poussé deux de ses députés les plus expérimentés à se retirer de la vie politique, Charlie Angus et Carol Hughes.

Dans ce nouveau comté de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk, c’est la mairesse de Moonbeam, Nicole Fortier Lévesque, qui tentera de conserver le siège. Elle est aussi l’ancienne présidente de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) et membre du conseil d’administration de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Si le NPD veut faire des gains, il doit espérer l’emporter dans le Grand Sudbury, comme c’est le cas au provincial. Les deux candidates dans cette élection, Nadia Verrelli (Sudbury) et Andréane Chénier (Sudbury East–Manitoulin–Nickel Belt) avaient chacune mordu la poussière en 2021, mais en obtenant plus de 26 % des suffrages. La première est une professeure de Droit à l’Université Laurentienne alors qu’Andréanne Chénier est une conseillère scolaire et une travailleuse syndicale.

Plus à l’est, dans Nipissing-Timiskaming, c’est Valerie Kennedy, une ancienne employée de la ligne de train Northlander et du bureau de Charlie Angus, qui sera la représentante du NPD.

Dans la région d’Ottawa, c’est Tristan Oliff, un Franco-Ontarien, qui affrontera la députée sortante Mona Fortier dans Ottawa-Vanier-Gloucester. Il s’agit d’un ancien attaché de presse de Jagmeet Singh qui a ensuite fondé sa propre entreprise de communications. Dans Orléans, le NPD mise sur Oulai B. Goué, un enseignant et entrepreneur du monde technologique.

Au moment de publier ce texte, le NPD n’avait toujours pas de candidat dans l’Est ontarien, soit la circonscription de Prescott-Russell-Cumberland.

Selon l’agrégateur de sondages 338 Canada, le comté de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk est celui où le NPD a le plus de chances, alors que se dessine une course à trois avec les conservateurs et les libéraux. Le NPD est au 3e rang projeté pour le moment dans ce comté, et ce malgré un petit écart de cinq points de pourcentage pour la première place, soit dans la marge d’erreur.

Tarifs américains : un appel « dans les prochains jours » entre Trump et Carney

Mark Carney et le président américain Donald Trump auront un appel téléphonique dans les prochains jours, a confirmé le premier ministre canadien, qui s’attend à ce que les tarifs imposés sur l’industrie automobile au Canada soient moindres qu’ailleurs dans le monde.

« Il y aura une conversation entre moi et Monsieur le président dans les prochains jours, l’appel arrivera bientôt », a-t-il déclaré, près de 24 heures après que les États-Unis aient annoncé des droits de douane de 25 % sur les automobiles importées.

Ces tarifs commenceront à être collectés dès le 3 avril et impacteront près de 500 000 travailleurs canadiens, selon le chef libéral, principalement en Ontario comme à Windsor. Mark Carney a indiqué que le Canada répliquera « avec force » la semaine prochaine aux tarifs américains, alors que le président Trump a promis une vaste gamme de tarifs réciproques dès le 2 avril.

« Ça vaut mieux pour le Canada de réagir après tout cela avec la transparence. On va le faire, ça, c’est clair », a assuré le chef libéral qui a suspendu le temps de quelques heures sa campagne électorale pour revenir à Ottawa jeudi.

À Queen’s Park, Doug Ford a aussi mentionné que « l’Ontario répondra tarif pour tarif. Mais nous attendons de voir ce qu’il (Donald Trump) fera le 2 avril vu qu’au cours des derniers mois les décisions ont changé plusieurs fois. »

Doug Ford et Mark Carney lors d'une rencontre à Etobicoke quelques jours après l'élection de ce dernier comme chef libéral. Source: Twitter Doug Ford.
Doug Ford et Mark Carney ont chacun promis de répliquer aux tarifs américains de 25 % sur l’automobile. Source : Twitter de Doug Ford.

Les premiers ministres des provinces tiendront d’ailleurs une rencontre vendredi dans laquelle ils seront sondés, tout comme des dirigeants d’entreprise et syndicaux sur la meilleure façon de répondre, a avancé M. Carney. Doug Ford veut quant à lui conserver une approche « équipe Canada » et imposer des mesures de représailles fortes.

« Nous allons nous assurer d’infliger un maximum de conséquences pour les Américains et minimiser au plus possible l’impact pour les Canadiens. Donald Trump pense que les prix vont baisser pour les Américains et c’est tout à fait le contraire. Je me sens mal pour les Américains, mais c’est un seul homme qui provoque ce chaos », a ajouté le premier ministre ontarien.

M. Carney n’a pas voulu dire s’il comptait imiter l’approche entreprise par Doug Ford, qui avait menacé de taxer de 25% l’électricité ontarienne destinée aux États-Unis avant de revenir sur cette décision, se cantonnant à dire que « c’est une option, mais pas plus que ça ».

L’Ontario et le Canada moindrement touché

Cet appel avec le président américain sera le début d’une négociation, considère Mark Carney, imposant comme condition de ces pourparlers « le respect de notre souveraineté ». S’il admet qu’il sera « difficile » de faire changer d’idée M. Trump sur les tarifs sur l’automobile, le Canada sera moins affecté que certains autres pays assujettis à cette nouvelle taxe.

« Les tarifs pour le Japon, la Corée et l’Union européenne sont en effet plus grands que les tarifs pour le Canada, mais 25 % c’est grand », a -t-il formulé.

Edouard Landry : 10 ans, huit albums et des projets plein la tête

SUDBURY – Il y a 10 ans jour pour jour, Edouard Landry lançait son premier album, Pomme Plastique. Le 18 mars dernier, il présentait déjà au public son huitième opus. Salon des refusés est un hommage à la vie et à la carrière du peintre Claude Monet. ONFR s’est entretenu avec l’artiste sur ces 13 chansons qui explorent les thèmes du refus, de la persévérance et de la beauté, dans la nature et dans l’art.

« C’était un bon feeling de le lancer, ça faisait un bout que je travaillais (sur ce projet) », explique Edouard Landry, qui a profité de la 52e Nuit sur l’étang de Sudbury pour faire son lancement officiel.  

Il se dit heureux de la réaction du public et des commentaires reçus jusqu’à présent. « On me dit qu’on ressent l’histoire que j’essaie de raconter. »

Edouard Landry lors du lancement de Salon des refusés, à La Nuit sur l’étang, le 22 mars 2025. Photo : ONFR

L’album est issu de deux événements distincts que l’artiste fait fusionner. Après avoir reçu une lettre de refus pour l’un de ses projets il y a quelques années, le musicien avait réagi avec un élan d’inspiration, écrivant plusieurs chansons, dont une demi-douzaine se retrouvent aujourd’hui sur son album.

Plus tard, lors d’un voyage à San Francisco, Edouard Landry visite une exposition sur l’œuvre de Claude Monet et découvre le concept du Salon des refusés. Cette exposition réunissait des peintres dont les œuvres avaient été refusées par le Salon de Paris. Cet événement de 1863 est à l’origine du courant impressionniste.

« Dans la chanson Le salon de Paris, je nomme plein de tableaux qui ont presque tous été rejetés. Dans le texte, c’est Monet qui se demande quoi soumettre à l’Académie. »

Un processus de création logique

Edouard Landry aime les albums concepts, trouvant facilement l’inspiration dans les contraintes. Il a continué d’explorer l’histoire de Claude Monet, entre autres en visitant sa maison à Paris.

Il a assemblé les textes qui pouvaient s’adapter à la vie du peintre, les remettant dans un ordre logique et réécrivant certains passages. « Quand j’écris, je vois un arc de l’histoire où je veux me rendre, du point A au point B, qui est la dernière chanson. »

Ce sont donc sept titres qui ont été écrits directement avec le concept de Salon des refusés en tête. On peut penser à Soleil levant ou à Les nymphéas, qui clôt l’album et évoque la quiétude de Monet qui créait chez lui, « à son propre rythme ». Ces deux chansons sont les préférées de l’artiste sur cet opus.

Edouard Landry lors de l’enregistrement de Salon des refusés. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Le point de départ de l’histoire est la pièce En plein air. « Je voulais vraiment commencer l’album avec l’amour pour l’art, indique Edouard Landry. Je voulais aussi parler de la lumière dans mes textes et de l’idée de capter les moments, qui est aussi un peu le thème des albums précédents, comme Lands End (2023), Forteresse (2022) et Be Here Now (2021). »

Tout au long de Salon des refusés, la musique est volontairement gardée simple, presque acoustique, même si le musicien explique avoir « triché » en intégrant la guitare électrique. L’accordéon rappelle un peu le Paris de Monet.

Le rejet comme moteur

En plus de l’hommage à un grand peintre, l’album aborde le thème de la persévérance. Selon Edouard Landry, ne pas abandonner après un échec, continuer de travailler fort et de croire en soi permettra de récolter plus tard les fruits de son travail.

« Ce que j’ai aimé des histoires de Claude Monet, c’était sa passion de l’art et qu’il ait trouvé des façons de continuer. Je me suis retrouvé là-dedans et je trouve qu’il y a pas mal d’artistes qui peuvent s’y retrouver. Plus ça change, plus c’est pareil. »

D’ailleurs, la chanson Lettre de rejet peut très bien s’appliquer à notre époque. Sans le contexte, on pourrait croire qu’elle parle d’une demande de subvention au Conseil des arts de l’Ontario (CAO).

Il y a 10 ans jour pour jour, le 27 mars 2015, Edouard Landry lançait son premier album, Pomme Plastique. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Même s’il a lancé huit albums dans la dernière décennie, un chiffre impressionnant, Edouard Landry garde son emploi à la Ville du Grand Sudbury. Il écrit et enregistre ses chansons sur ses heures de dîner, les soirs, les fins de semaine et pendant ses vacances.

Il nomme l’appui de sa famille, la discipline, les périodes de création ponctuelles et les dates de tombée comme les éléments qui l’incitent à tout faire rapidement. « Quand je suis en période de création, c’est comme aller au gym. »

Il prône le principe de « faire de l’art pour l’amour de l’art », mais est reconnaissant du revenu qu’il peut en retirer.

« J’ai eu du succès avec la radio, en particulier la radio satellite. Ça m’a permis de financer mes projets, donc c’était un système durable pour un bout. Parce que j’ai cet autre emploi (à la Ville), l’argent que je faisais en musique, je pouvais le remettre dans la musique. »

Nouveau chapitre

Edouard Landry voit la sortie de Salon des refusés comme la fin d’un cycle qui aura duré une décennie. Il ne croit pas soutenir le même rythme de création à l’avenir. Même s’il a encore des chansons dans les cartons, il compte prendre le temps de placer ses idées et de prendre un peu de recul, ce qu’il n’a pas fait dans les dernières années.

« Depuis 2016, je roule toujours deux albums en même temps. Il y a eu des moments où c’était trois. Cet album-là a été enregistré principalement en 2021. Il fallait lancer Forteresse, Lands End…. Focaliser sur le prochain album. Je crois qu’on va vivre cet album-là un peu plus que les précédents. »

Pochette de l’album Salon des refusés. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Avec ses amis Dayv Poulin et Stef Paquette, il forme le trio les Bilinguish Boys. Le groupe tourne à travers l’Ontario et lancera même un EP dans les prochains mois. Celui-ci sera composé de cinq titres et mélangera les reprises et les chansons originales. Il contiendra des sonorités bluegrass et « des niaiseries », puisque l’humour est essentiel dans le trio.

Si la date de sortie n’est pas encore fixée, les trois complices espèrent lancer du nouveau matériel avant leur passage au 50e Festival franco-ontarien, en juin. À cette occasion, les Bilinguish Boys assureront la première partie des Trois Accords. Nul doute que l’univers de ces formations se mariera à merveille.

Edouard Landry sera en spectacle solo au Corbeil Park Hall de North Bay le 11 avril. Il se concentrera ensuite sur la tournée des Bilinguish Boys, en Ontario et dans l’Est canadien.

Poilievre promet de maintenir les services en français de Radio-Canada à travers le pays

élection, canada, élections

S’il forme le prochain gouvernement, le chef conservateur Pierre Poilievre s’engage à nommer une gouverneure générale bilingue, conserver le financement pour la culture francophone en plus de préserver les services de Radio-Canada en français à travers le pays.

Dans un discours à Québec mercredi soir, le chef conservateur a lancé quelques-unes de ses idées concernant sa plateforme du Québec qui touche aussi la francophonie au Canada.

« Un gouvernement conservateur va aussi maintenir le financement pour la culture francophone et québécoise. On va préserver les services de Radio-Canada partout au pays », a courtement énuméré Pierre Poilievre, dans une allocution faisant de l’œil aux Québécois, soutenant que c’est grâce à eux que « les francophones survivent en Amérique du Nord aujourd’hui ».

Le chef conservateur a fait du définancement de CBC, l’une de ses promesses fétiches depuis son ascension comme leader conservateur. Or, couper le service anglophone aurait des impacts sur son penchant francophone, ont répété à maintes reprises les hauts dirigeants de la société d’État.

Dans sa plateforme québécoise, M. Poilievre s’engage à nommer une gouverneure générale bilingue à l’avenir, alors que l’actuelle occupante du poste, Mary Simon, ne parle pas français. Si élu, un gouvernement conservateur va reconnaitre que la langue française est en déclin et doit être protégé en plus de « collaborer avec le gouvernement du Québec et la francophonie canadienne » pour la protéger et en faire la promotion, est-il promis par la formation conservatrice.

Le chef conservateur a attaqué la non-nomination d’un ministre des Langues officielles de la part de Mark Carney en plus de dénoncer le refus de ce dernier de faire un second débat en français. Il a aussi lancé une flèche aux aptitudes dans la langue de Molière du leader libéral affirmant que le Canada a besoin d’un premier ministre bilingue, soit « quelqu’un qui peut parler aux Québécois et plus important, écouter les Québécois en français ». 

Le député de Carleton a fait référence à ses origines fransaskoises de son père dans son allocution d’une quarantaine de minutes, soulignant avoir perdu son français durant son adolescence en raison des difficultés d’accéder à une école d’immersion. Mais, il a pu le retrouver, a-t-il poursuivi, grâce à un programme de francisation à l’Université du Québec à Chicoutimi. Un programme qu’il souhaite élargir pour permettre à plus de jeunes « de se franciser et comprendre la belle langue française ».

Pierre Poilievre s’adressant à ses partisans lors de son rassemblement de campagne à Québec, mercredi soir. Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

« Dans le contexte actuel où notre pays est menacé d’une force injustifiable de l’étranger, c’est plus important que jamais que nous ayons une identité partagée et qui nous unit comme raison d’être comme pays » a partagé M. Poilievre au quatrième jour de la campagne électorale.

Le chef conservateur poursuivra sa tournée aujourd’hui en Colombie-Britannique où il tiendra un rassemblement en soirée à Surrey. Mark Carney, qui devait en principe se rendre à Québec, tiendra plutôt une réunion du comité du conseil des ministres sur les relations canado-américaines à Ottawa à la suite à l’annonce de Washington sur l’imposition de tarifs de 25 % sur toutes les voitures importées aux États-Unis. Pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, il sera à Windsor.

Des ambassadeurs prônent une reconnaissance accrue des diplômes étrangers en Ontario

Plusieurs ambassadeurs participant au Mois de la francophonie se rejoignent sur la nécessité de faire bouger les lignes en Ontario en matière de mobilité et de reconnaissance des diplômes étrangers.

« L’immigration telle qu’elle est pratiquée est un échec à tous les niveaux : pour le pays d’origine qui investit à coup de milliards dans la formation et qui voit partir ses cerveaux, mais aussi pour le pays d’accueil qui utilise nos médecins comme chauffeurs de Uber », déplore Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada.

Le diplomate qui participait cette semaine, aux côtés d’homologues, à une conférence du Club canadien de Toronto sur la francophonie dans un monde global, considère que le système actuel représente « une perte ».

Une perte car « on va chercher une compétence à l’étranger pour remplir un secteur donné, par exemple la médecine, mais la personne ne peut pas la pratiquer car son diplôme n’est pas reconnu. Quand on soulève la question, on nous dit que c’est au niveau des ordres ou que ça relève de la souveraineté », a-t-il argumenté au micro d’ONFR à l’issue de la conférence.

Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

En Ontario, les expériences d’immigrants se heurtant au mur de la non-reconnaissance des diplômes sont légion. Pour résorber la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, la province a lancé certaines initiatives, notamment dans l’enseignement et la médecine.

Elle permet par exemple aux diplômés français de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation titulaire d’un master d’être directement embauchés en Ontario sans passer par l’Ordre des enseignants. Elle tente par ailleurs d’attirer une centaine de médecins dans les zones rurales et le Nord dès cette année, via le programme Practice Ready Ontario.

L’Ontario doit-il en faire plus? Oui croit Gorgui Ciss, ambassadeur du Sénégal. « Ce sont des chantiers qu’on doit explorer davantage. On a commencé à travailler avec le Québec pour parvenir à des ententes mutuelles en matière de qualifications et d’harmonisation des curriculums. »

Et de poursuivre : « Aujourd’hui, l’intérêt d’une telle activité (venir débattre au Club canadien) est de mettre la lumière davantage sur l’Ontario. Une bonne partie de notre diaspora est au Québec mais cela ne signifie nullement un intérêt moindre pour l’Ontario où on doit être beaucoup plus présent, tant au niveau culturel qu’économique. »

Gorgui Ciss, ambassadeur du Sénégal au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

« Certaines provinces sont plus ouvertes que d’autres », nuance Patrick Van Gheel, ambassadeur de Belgique et président du groupe des ambassadeurs et ambassadrices francophones à Ottawa.

Il souligne au micro d’ONFR que « c’est surtout le Québec qui est rétissant, ce qui nous arrange bien. La ministre (des Affaires francophones de l’Ontario) Mulroney veut vraiment pousser la reconnaissance des diplômes. C’est important d’aller dans ce sens, car les immigrants qui passent par Québec vont finir dans les provinces très actives comme l’Ontario. »

Le diplomate est d’avis de mieux encadrer la mobilité dans le cadre de partenariats transparents, y compris dans la formation. « La Belgique a développé avec certains pays africains des filiales pour former des professionnels, illustre-t-il. La moitié reste chez vous, l’autre moitié vient chez nous, mais cette idée de partenariats n’est pas encore suffisamment développée ici. »

Patrick Van Gheel, ambassadeur de Belgique au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

La route est encore longue, esquisse pour sa part Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada. Le représentant de l’Hexagone participait ce même jour à un lever de drapeau de la Francophonie à Sudbury.

« Si on veut vraiment attirer des Français en Ontario, il faut faire en sorte qu’un médecin français formé en France voit ses diplômes reconnus par la faculté de médecine ontarienne. En Europe, un diplôme acquis en République tchèque est valable en France (…) mais ici de petits groupes essayent de se protéger. »

Pour améliorer l’attractivité ontarienne, M. Miraillet croit qu’il faut dépasser cela, mais aussi améliorer le système de santé, afin que les immigrants entrevoient un avenir au Canada.

Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada, en déplacement à Sudbury. Photo : ONFR/Inès Rebei

Avec la collaboration d’Inès Rebei.

« Plus de femmes doivent s’avancer en politique », dit une experte

Marie-Noëlle Lanthier, ancienne conseillère municipale, est la présidente de l’organisme Leadership féminin Prescott-Russell (LFPR), seule école de campagne francophone pour des élections municipales qui vise au développement des voix féminines en politique à tous niveaux, notamment par le recrutement, la formation et l’accompagnement.

Au sortir des élections provinciales ontariennes, même si les chiffres des députés tendent à évoluer vers une plus grande présence féminine, les femmes sont encore loin de former la moitié des rangs, avec 37 % en Ontario. Doug Ford a également constitué son cabinet ministériel pour un total de 9 femmes, contre 27 hommes.

Augmenter la parité dans la représentation politique à tous les niveaux gouvernementaux en donnant des chances égales aux femmes de se présenter, constituant ainsi un plus grand bassin électoral féminin.

« Queen’s Park compte une élue de moins qu’en 2022, trois de moins qu’en 2018. Est-ce un recul?

Si on pousse le comparatif plus loin, avec les élections de 2011, seulement 30 femmes avaient été élues. Il y a donc une évolution positive, bien qu’en effet les députées soient passées de 49 à 46 candidates au cours des sept dernières années.

Cependant, pour bien comprendre la dynamique, il faut plutôt regarder le nombre de candidates qui se sont présentées. Pour ces élections de 2025, elles ne représentaient que 37 % des candidatures au sein des quatre principaux partis. Le Parti progressiste-conservateur (PC) totalisait 25 % de candidates, le Parti libéral 35 %, le Parti vert 45 % et le NPD, 48 %, ces deux derniers se rapprochant d’une parité.

De tous les partis, le PC est celui qui recrute le moins de femmes, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que l’idéologie en question les attire moins.

Nombre de candidates par rapport au nombre total de candidats inscrits dans chacun des partis politiques principaux. Source : Leadership féminin Prescott-Russell (LFPR)

Que dénote cette part moindre de candidates?

Que ce n’est pas que l’électorat vote moins pour des femmes, mais qu’il y a simplement moins de candidates pour qui voter. Quand suffisamment d’entre elles s’avancent, elles ont de très bonnes chances. C’est là où c’est moins paritaire. Plus de femmes doivent s’avancer en politique.

À quelles difficultés se confrontent-elles? 

Elles sont plus sujettes à la cyberviolence, à la discrimination et aux critiques sur leur physique par exemple, choses auxquelles sont peu ou pas confrontés les hommes.

Regrettablement, les femmes se questionnent aussi beaucoup plus, notamment sur leurs compétences et leurs capacités, et sur l’impact que l’entrée en politique pourrait avoir sur leur travail, sur leur famille. J’ai été moi-même conseillère municipale pendant huit ans et j’ai travaillé au sein d’une formation politique pour le recrutement de candidates.

La tendance chez la grande majorité des femmes est d’avoir une plus grande exigence envers elles-mêmes en quelque sorte. Elles doivent se sentir entièrement compétentes et tout savoir sur tel et tel sujet avant de se lancer.

Le nombre de conversations nécessaires pour convaincre une femme de se lancer en politique est sept fois plus élevé que pour un homme. Cela exige un réel effort de soutien.

Les femmes ont-elles plus de difficulté à accéder à différents paliers gouvernementaux, notamment provinciaux? 

Parmi les politiciens qui évoluent d’un palier à un autre, beaucoup étaient déjà connus dans la circonscription et bénéficiaient d’une certaine popularité dans une municipalité. De là pour nous l’importance de recruter plus de femmes en politique municipale parce qu’on crée un plus gros bassin de candidates potentielles.

Il y a plusieurs partis politiques qui seraient à la recherche de candidates pour les différentes circonscriptions. Le palier municipal peut être stratégique pour que des femmes s’avancent en politique et poursuivent leur carrière à d’autres niveaux.

Une fois recrutées, il s’agit aussi de les garder, de créer un environnement où elles sentent qu’elles ont leur place, qu’elles bénéficient d’un temps de parole égal, qu’elles sont reconnues, etc. On travaille fort dans les municipalités pour en créer les conditions.

Le Canada et l’Ontario sont-ils prêts pour élire à nouveau une première ministre?

Le climat politique a beaucoup joué dans le choix des dernières courses mais il faut être leader de parti pour devenir premier ministre et c’est là où ça sort des mains de l’électorat, car c’est le parti qui vote. C’est dont aussi aux partis de montrer que des femmes sont capables de s’atteler à des situations de crise.

Au Canada et au sein des provinces je crois que l’électorat est ouvert et n’a pas de préjugés envers les femmes. Il y a du progrès mais il ne faut pas baisser les bras dans ce travail d’accompagnement, et de campagnes de recrutement.

Nous sommes d’ailleurs la seule école de campagne francophone pour les élections municipales et provinciales. On ne reçoit pas de financement de base de la province, qui est pourtant responsable de la condition féminine. Notre projet est heureusement soutenu par un financement fédéral Femmes et Égalité des genres Canada, et c’est le nerf de la guerre. »

« C’est évident que mon français est loin d’être parfait », concède Mark Carney

élection, canada, élections

OTTAWA – Le chef libéral Mark Carney admet que sa maîtrise du français est loin d’être parfaite alors qu’il subit des attaques de ses adversaires à ce sujet, notamment au Québec depuis le début de la campagne électorale.

« Je viens de l’Alberta, c’est évident que mon français est loin d’être parfait », a-t-il reconnu mercredi en conférence de presse à Windsor, à proximité du pont Ambassadeur.

Lors d’un discours mardi en Nouvelle-Écosse, il a confondu la tuerie de l’École polytechnique de Montréal avec celle de l’Université Concordia en plus de mal prononcer le nom de Nathalie Provost, l’une des survivantes qui se présente comme candidate libérale.

M. Carney a parlé de la survivante de la tuerie de polytechnique comme étant « Nathalie Pronovost » et l’a décrite comme une « survivante de la fusillade de Concordia ». Le féminicide de Polytechnique avait coûté la vie à 14 étudiantes en 1989 alors que la tuerie de Concordia renvoit à un professeur de cette université, Valery Fabrikant, qui a tué quatre collègues de travail en 1992.

En anglais, M. Carney a indiqué sur scène que « Nathalie Pronovost est devenue une militante en faveur de la justice sociale après la tragédie de la fusillade à Concordia ». Il a par la suite présenté ses excuses à Mme Provost. Cette double erreur n’était « pas une question de langue, c’est plus une question que je me suis mal exprimé », a justifié le premier ministre sortant, en anglais.

Débat en français

Au jour 2 de la campagne, c’est son refus de participer à un second débat en français, le Face à Face de TVA, qui a soulevé l’ire des partis d’oppositions, l’accusant de se cacher des Québécois et des francophones. Hier, Mark Carney s’en est défendu, expliquant qu’il ne comptait pas participer au débat de TVA en raison de l’absence d’un représentant du Parti vert.

« Une décision insultante » aux yeux du chef néo-démocrate Jagmeet Singh, alors que le chef conservateur Pierre Poilievre est allé jusqu’à proposer de payer les 75 000 $ des libéraux, réclamés par TVA pour chaque parti.

« Est-ce que c’est parce qu’il est trop fragile et si oui, comment peut-il confronter Donald Trump? Est-ce que c’est parce qu’il ne respecte pas la langue française? », avait énuméré M. Poilievre mardi à Vaughan.

Questionné par les journalistes sur son éventuel manque de sensibilité vis-à-vis des enjeux au Québec, le chef libéral a soutenu qu’il « aimait le Québec, la langue, la culture, l’histoire, l’initiative des entrepreneurs du Québec ». 

Il a par la suite souligné la présence de ministres dans son cabinet comme Mélanie Joly et François-Philippe Champagne, en plus de plusieurs proches conseillers de son équipe qui proviennent de la Belle Province.

Dans un discours mardi soir, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a accusé Mark Carney de multiplier les « grenailles de gaffe » en français, qualifiant de « moyen » le niveau de français de l’ex-banquier et encensant légèrement celle de M. Poilievre comme « moins pathétique que l’autre ».

PLC : un nouveau chef, mais des candidats similaires en Ontario français

Malgré le départ de Justin Trudeau et l’arrivée de Mark Carney, l’équipe libérale en Ontario français reste sensiblement la même. Les députés et candidats sortants qui étaient de la dernière campagne électorale se représentent. Tour d’horizon.

Dans la région de la capitale fédérale, l’ex-ministre Mona Fortier est de retour comme candidate dans Ottawa-Vanier-Gloucester et Marie-France Lalonde tente d’être réélue pour une troisième fois consécutive dans Orléans. À proximité de ces deux circonscriptions francophones, on compte aussi sur le retour de Yasir Naqvi, élu en 2021 dans Ottawa-Centre.

L’une des nouveautés dans le camp libéral est le départ de Francis Drouin, qui représentait l’Est ontarien à la Chambre des communes depuis 2015 sous la bannière libérale. C’est Giovanna Mingarelli qui tentera de conserver le château fort rouge de Prescott–Russell–Cumberland (anciennement Glengarry-Prescott-Russell). Ce comté a toujours été entre les mains des libéraux, à l’exception de cinq élections sur 23 depuis 1953.

Entrepreneure du monde de la technologie, Giovanna Mingarelli a travaillé, au cours de sa carrière, sur la Colline parlementaire, auprès de l’ancien premier ministre Paul Martin. Elle affrontera la conservatrice Julie Séguin, dans un duel franco-ontarien, dans le seul comté majoritairement francophone de la province.

Giovanna Mingarelli est native de Rockland. Photo : PLC

Dans le Grand Sudbury, il n’y a aucun changement pour les libéraux. Les députés franco-ontariens sortants sont de nouveau sur la ligne de départ avec Marc Serré dans Sudbury Est-Manitoulin-Nickel Belt et Vivianne Lapointe à Sudbury. Le premier a été élu en 2015 pour la première fois et la seconde en 2021.

Plus au Nord, en raison du redécoupage de la carte électorale, la majorité du corridor de la Route 11 n’est plus séparée en deux, mais désormais réunie sous une seule circonscription, Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk. C’est l’ancien maire et conseiller municipal actuel de Timmins Steve Black qui portera à nouveau les couleurs des libéraux, lui qui avait mordu à la poussière en 2021 face à Charlie Angus.

Dans Nippissing-Timiskaming, c’est la mairesse d’East-Ferris, Pauline Rochefort, qui tentera de succéder au libéral sortant Anthony Rota, qui ne se représente pas. Il faut aussi noter le retour de la députée et ministre franco-ontarienne Arielle Kayabaga, candidate libérale dans London-Ouest.

L’élection générale aura lieu le 28 avril.

L’ambassadeur de France en déplacement à Sudbury, une première en 37 ans

SUDBURY – L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, est de passage à Sudbury ce mardi, à l’occasion de la Semaine de la francophonie. C’est la première fois en 37 ans qu’un ambassadeur du pays de Molière fait le déplacement dans la ville du nickel.

Ils étaient une trentaine de personnes à l’hôtel de ville de Sudbury pour assister au lever de drapeau de la Francophonie internationale et celui de la France. Une réception aura également lieu ce mardi soir à la Place des Arts.

« En Ontario et plus particulièrement à Sudbury, cette Journée internationale de la Francophonie a une résonance particulière puisque ce lever de drapeau fait naturellement écho à celui du drapeau franco-ontarien hissé pour la première fois à l’Université de Sudbury en 1975 et chaque année depuis », a déclaré M. Miraillet dans un discours précédant le lever de drapeaux.

Le drapeau français et celui de la Francophonie internationale resteront hissés pendant une semaine. Photo : Inès Rebei/ONFR

Dans une allocution précédant les levers de drapeaux, l’ex-consul honoraire de France à Sudbury, Jean-Charles Cachon, a rappelé le caractère exceptionnel de la visite du dignitaire de France : « C’est la première visite d’un ambassadeur de France à Sudbury au 21e siècle ».

Selon ce dernier, auquel a succédé Federico Dudet en novembre 2023, il y aurait environ 600 personnes originaires de France dans le Grand Sudbury.

Un déplacement stratégique

En entrevue avec ONFR, Michel Miraillet a mis en avant la volonté de la France de se rendre dans des communautés hors Québec où la Francophonie occupe encore une place importante.

« Célébrer la francophonie à Ottawa ou Québec, c’est trop simple », a-t-il indiqué en précisant que ses derniers déplacements protocolaires dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie étaient en Nouvelle-Écosse et à Winnipeg, au Manitoba.

Concernant le timing de sa visite, celui-ci indique que « cela n’a rien à voir avec le contexte politique actuel », à savoir l’effondrement des relations canado-américaines et le rapprochement du Canada et de l’Europe (le premier déplacement international du premier ministre Mark Carney a été la France).

Il a fait savoir que sa visite avait bien pour but de rapprocher encore plus la France et Sudbury et d’écouter les suggestions de la communauté.

L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, a tenu à faire le déplacement en voiture depuis Ottawa. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le dignitaire a rappelé que la signature de l’Entente France-Ontario, en avril 2024, a posé de premières bases pour des partenariats stratégiques.

« Ce qui peut être très intéressant c’est de permettre à des étudiants qui viennent de l’Université de Sudbury de faire une partie de leur parcours en France et d’avoir un double diplôme »
— Michel Miraillet

M. Miraillet a aussi souligné le pôle minier de la région du Grand Sudbury : « Nous avons fait beaucoup d’efforts pour convaincre pas mal de start ups et nos grandes entreprises minières comme Orano de ne pas seulement s’intéresser aux mines d’uranium du nord de la Saskatchewan. »

Université Laurentienne et de Sudbury

Au-delà des partenariats économiques, l’ambassadeur souhaite aussi que des ententes interuniversitaires voient le jour entre la France et les établissements de Sudbury.

« Je suis allé voir l’Université Laurentienne pour voir un peu, techniquement, en termes de recherche, ce qui pourrait les intéresser. C’est très étonnant parce que nos écoles sont en lien avec l’Afrique du Sud et l’Australie, mais pas avec le Canada », dit-il observer.

Il indique l’École des mines de Nancy, l’Université de Lorraine ou l’Université de Lyon comme étant des partenaires potentiels pour l’éducation aux métiers des mines.  

De gauche à droite, Jean-Charles Cachon, Lucie Moncion, Jamie West, France Gélinas, Paul Lefebvre, Michel Miraillet, Éric Benoit (conseiller de Sudbury), Pauline Fortin, Bertrand Pous (consul de France à Toronto), Federico Dudet et la conseillère culturelle au consulat de France à Toronto. Photo : Inès Rebei/ONFR

Celui-ci confie s’être entretenu, un peu plus tôt ce mardi matin, avec Serge Miville, recteur de l’Université de Sudbury, « pour lui dire qu’il y a de vraies possibilités de travailler ensemble, par exemple, avec les universités de la région Rhône-Alpes, c’est-à-dire Grenoble qui est un énorme pôle pour l’ingénierie, ou encore Lyon 1, Lyon 2 qui sont réputées mondialement pour leurs formations en sciences humaines ou en médecine. »

M. Miraillet estime qu’il s’agit d’un début et que les potentiels partenariats pourraient s’étendre à d’autres établissements ailleurs en France.

Il évoque aussi d’autres possibilités d’échanges comme « permettre à des étudiants qui viennent de l’Université de Sudbury de faire une partie de leur parcours en France et d’avoir un double diplôme. »

Ex-directeur général de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et de la coopération internationale du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Michel Miraillet a été nommé ambassadeur de France au Canada en 2022. Photo : Consulat de France à Toronto

Des liens Sudbury-France

Parmi les personnalités publiques présentes pour l’événement, on compte le consul de France à Toronto, Bertrand Pous, les députés provinciaux néodémocrates, France Gélinas, de Nickel Belt et Jamie West, de Sudbury, ainsi que la sénatrice Lucie Moncion, le maire de la ville du Grand Sudbury, Paul Lefebvre et la conseillère municipale, Pauline Fortin.

Le maire Paul Lefebvre a rappelé l’importance de la relation France-Canada : « Cette relation se reflète ici, nous continuons à entretenir des liens étroits avec les communautés francophones du monde entier y compris avec la France. »

La sénatrice Lucie Moncion a été invitée par le maire Paul Lefebvre, à gauche, et dit représenter les francophones au Sénat. Photo : Inès Rebei/ONFR

Après avoir rappelé son rôle en tant que présidente de l’association parlementaire de la Francophonie pour l’Ontario, France Gélinas a tenu à saluer le caractère des immigrants de France.

« Ça m’a permis d’établir des liens avec des députés de la France et peu importe le domaine dans lequel on s’attarde, les gens de la France arrivent toujours bien préparés, avec des solutions et prêts à aider et ça on l’apprécie beaucoup », souligne-t-elle.

La liste des candidats conservateurs en Ontario français finalisée

élection, canada, élections

Les troupes de Pierre Poilievre ont complété son équipe de candidats dans les circonscriptions de l’Ontario français. Il ne manquait qu’une circonscription dans l’Est ontarien où la candidature de l’ex-député conservateur Pierre Lemieux n’a pas été retenue.

La candidature de l’ex-député conservateur sous Stephen Harper entre 2006 et 2015 a été rejetée par l’association locale de Prescott-Russell-Cumberland. Il avait été défait par le député libéral sortant Francis Drouin lors des élections fédérales de 2015 et 2019 et, en 2021, le parti avait aussi rejeté sa candidature.

C’est plutôt son ancienne employée politique, Julie Séguin, aussi conseillère municipale à la Ville Hawkesbury, qui sera la candidate des conservateurs dans cette circonscription ontarienne à majorité francophone. Il s’agit de l’une des seules dans la région d’Ottawa que les conservateurs peuvent espérer ravir aux mains des libéraux, en profitant du départ de M. Drouin.

Un peu plus à l’Ouest, le député sortant et francophile Eric Duncan est à nouveau le candidat conservateur dans Stormont-Dundas-Glengarry, pour une troisième fois depuis 2019.

L'ex-député conservateur de l'Est ontarien au niveau fédéral, Pierre Lemieux. Archives ONFR
L’ex-député conservateur de l’Est ontarien au niveau fédéral, Pierre Lemieux. Archives ONFR

Dans les autres circonscriptions de la région à forte présence francophone, c’est un avocat et fonctionnaire fédéral, Steve Mansour, qui représente les conservateurs dans Orléans. Idem dans Ottawa–Vanier–Gloucester avec un autre travailleur de la fonction publique, Dean Wythe.

Dans le Grand Sudbury, c’est un résident d’Azilda et entrepreneur du secteur minier, Jim Bélanger, qui essayera de ravir aux libéraux le siège de Sudbury East-Manitoulin-Nickel Belt. Dans le comté voisin, le médecin Ian Symington tentera, pour une seconde fois, de faire tourner le comté au bleu. Aucune de ces deux circonscriptions, à aucun moment dans son histoire, n’est tombée entre les mains conservatrices, mais dans les deux cas, le site de projection électoral 338 Canada prévoit une lutte serrée.

Plus au Nord, dans Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk, la seconde circonscription la plus francophone dans la province, c’est le Franco-Ontarien Gaétan Mallette qui se présente pour les troupes de Pierre Poilievre. Cet ancien dirigeant du secteur minier et forestier et résident de Timmins se présente dans une circonscription qui a été grandement modifiée en raison du redécoupage de la carte électorale.

Plus à l’Est, la démission récente de la candidate Cassidy Villeneuve dans Nipissing-Timiskaming a ouvert la porte dans les derniers jours à un nouveau candidat, Garry Keller. Ce dernier a un long parcours en politique ayant travaillé auprès de Stephen Harper en plus d’avoir été le chef de cabinet de l’ancien ministre aux Affaires étrangères John Baird et de l’ex-cheffe de l’opposition par intérim du parti, Rona Ambrose.

L’élection générale aura lieu le 28 avril.

Bureaux fédéraux vides : un levier contre la pénurie au Canada

Depuis la pandémie, les bureaux fédéraux se vident, mais la crise du logement s’aggrave. Et si la solution était sous nos yeux? À Ottawa, plus de 14 000 personnes attendent un logement abordable, mais la conversion des édifices fédéraux inoccupés pose de nombreux défis. Entre bâtiments vieillissants, normes inadaptées et lourdeur bureaucratique, comment rendre ces conversions possibles? Des experts se prononcent.

Le lait canadien sur le feu de Trump : sauver la gestion de l’offre

Après l’acier et l’aluminium, Donald Trump menace d’imposer des tarifs sur les produits laitiers canadiens. Il s’attaque au système canadien de gestion de l’offre, qu’il accuse de bloquer l’accès aux producteurs étrangers. Mais dans les campagnes de l’Est ontarien, les fermiers, eux, redoutent surtout une nouvelle brèche dans un système qu’ils jugent vital.

Jacques et Noëlle Pasquier produisent environ 1,8 million de litres de lait par an sur leur ferme familiale d’Embrun, à une cinquantaine de kilomètres d’Ottawa.

Leur secteur est dans la mire du président Trump qui s’indignait récemment de tarifs douaniers de 250 % imposés par le Canada contre des produits laitiers américains.

« Dire qu’on impose 250 % de taxes, c’est un mensonge. Ces 250 %, c’est une protection pour notre marché, pour éviter d’être submergés par leurs produits », affirme Jacques Pasquier.

En effet, selon Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, les producteurs américains ne paient pas un tel tarif douanier, ils suspendent plutôt leurs exportations avant d’atteindre certains quotas au-delà desquels des droits de douane entreraient en vigueur.

Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. Gracieuseté

« Contrairement aux États-Unis, on n’a pas de subventions. On produit simplement ce que le marché local demande. », souligne M. Dignard qui a été dans le secteur du lait pendant 46 ans.

Un système en péril

La gestion de l’offre permet d’adapter la production à la demande intérieure. « Environ 1 % de notre production est exportée… c’est une pinote », lance Jacques Pasquier.

Mais ce dernier est convaincu que derrière les déclarations de Donald Trump, un objectif bien plus stratégique se profile : « Trump veut notre marché au complet. Il veut détruire la gestion de l’offre pour écouler leur surplus. »

« Aux États-Unis, ils produisent, produisent et surproduisent. Et maintenant, ils veulent utiliser le Canada comme dépotoir », dénonce-t-il.

Ainsi pour lui, la gestion de l’offre ne doit en aucun cas être négociable. « On ne doit pas être une monnaie d’échange dans les traités commerciaux. »

Lors de la renégociation de l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), entré en vigueur le 1er juillet 2020, les producteurs canadiens ont justement vu leur marché grignoté.

Les États-Unis ont obtenu un accès substantiel, exempt de droits de douane, au marché laitier canadien.

« Pour sauver l’automobile, le gouvernement canadien a donné accès à Donald Trump à notre marché laitier », déplore M. Pasquier.

Les conséquences sont visibles. Selon Mark Hamel, président du conseil d’administration de Dairy Farmers of Ontario (DFO), les États-Unis bénéficient aujourd’hui d’un excédent commercial laitier avec le Canada :
877,5 millions de dollars de produits exportés contre 357,9 millions importés en 2024.

« Cet accès accru s’est fait au détriment direct des producteurs canadiens, réduisant leur part de marché et fragilisant la stabilité du secteur laitier domestique », affirme le président du conseil d’administration de DFO.

« On a perdu jusqu’à 18 % de notre production à cause des traités. Chaque entente nous a fait céder une partie de notre marché », confirme M. Pasquier.

Défendre un territoire, une identité

Pour ces agriculteurs, il ne s’agit pas seulement d’économie, mais aussi de territoire et d’identité.

« On reste au Canada avec des fermes à taille humaine, familiales. On ne verra jamais une ferme avec 10 000 vaches à Ottawa », soutiennent Jacques et Noëlle Pasquier.

« Il faut garder des fermes laitières partout sur le territoire. Pas une région 100 % céréalière et une autre 100 % lait. L’agriculture de proximité, c’est notre richesse », assurent-ils.

Même son de cloche chez Jacques Dignard : « Notre suivi est plus serré. Il n’y a pas d’hormones dans le lait au Canada. Je pense sincèrement que notre qualité est meilleure. »

« Aux États-Unis, si une compagnie a des problèmes, elle est seule. Ici, on a un système solidaire entre provinces. Le consommateur canadien paie moins cher pour un produit de meilleure qualité », poursuit-il.

Selon DFO, le secteur laitier représente le plus important secteur agricole de l’Ontario, avec près de 8,5 milliards de dollars en contributions au PIB et 89 040 emplois soutenus en 2024.

« Chaque jour, les familles d’exploitants laitiers travaillent pour fournir aux Canadiens un lait de qualité, sûr et nourrissant. C’est un pilier de notre souveraineté alimentaire », insiste Mark Hamel.

Mark Hamel, président du conseil d’administration de Dairy Farmers of Ontario (DFO). Gracieuseté

Les attentes envers les gouvernements fédéral et provinciaux sont claires.

« Nous appelons nos gouvernements fédéral et provincial à défendre notre économie et à protéger notre sécurité alimentaire et notre souveraineté nationale », relève le président du conseil d’administration de DFO.

« Ce qu’on attend, c’est que le gouvernement arrête de donner notre marché laitier en échange de gains ailleurs », martèle Jacques Pasquier.

« Le problème, c’est qu’on ne sait plus à quel gouvernement faire du lobbying. Trudeau est parti, Mark Carney pas élu. On est entre deux eaux », regrette-t-il.

Face à cette incertitude, les producteurs resserrent les rangs au même titre que l’ensemble des Canadiens. « Ce que M. Trump a fait, c’est qu’en rentrant le loup dans la bergerie, les brebis se sont toutes mises ensemble », conclut Noëlle Pasquier.

« Un champion du progrès dans notre région » : décès de l’ex-maire de Rayside-Balfour, Lionel Lalonde

SUDBURY – L’ex-politicien reconnu de la scène sudburoise, Lionel Lalonde, est décédé à l’âge de 89 ans, dimanche à l’hospice McCulloch de Sudbury, après avoir combattu un cancer.

Électricien, enseignant, commissaire d’école, M. Lalonde a œuvré dans plusieurs domaines, mais c’est surtout en politique qu’il a bâti une solide carrière qui a marqué les esprits.

Le Franco-Ontarien a d’abord été maire de la ville de Rayside-Balfour de 1988 à 2000, puis a été élu conseiller pour la grande ville de Sudbury au moment de sa création après la fusion des municipalités. Il se retirera de la vie politique en 2003, mais restera présent dans divers événements de Sudbury.

M. Lalonde était connu pour son plaidoyer passionné pour Rayside-Balfour, qui inclut Azilda, Chelmsford et Blezard Valley. Le centre Lionel E. Lalonde, situé à Azilda, porte son nom.

Depuis le 24 juin 2024, un drapeau franco-ontarien est hissé en permanence au Centre Lionel E. Lalonde, à Azilda. Photo : Paul Lefebvre/Facebook

Un hommage du maire

Le maire du Grand Sudbury a tenu à lui rendre un vibrant hommage à travers une déclaration publique parue lundi soir.

« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès de Lionel Lalonde, un fonctionnaire dévoué et ancien maire de Rayside-Balfour. Lionel était un pilier de notre communauté, un leader qui se souciait profondément des gens qu’il servait et un champion du progrès dans notre région », a-t-il fait savoir.

« Il laisse derrière lui un héritage d’engagement et de dévouement, et s’est toujours efforcé de faire de Rayside-Balfour et du Grand Sudbury un endroit où il fait bon vivre. Ses contributions, notamment en matière de gouvernance locale et de renforcement de notre communauté, ne seront pas oubliées. »

Et de finir : « Son influence se fera sentir pendant des générations. »

Le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre (à gauche) et Lionel Lalonde. Photo : Paul Lefebvre/Facebook

D’autres se souviennent

Ailleurs sur les réseaux sociaux, plusieurs ont aussi salué son héritage pour la région.

« Toute une perte pour la communauté. Une personne tellement passionnée! », a lancé le président du Collège Boréal de Sudbury.

De son côté, l’entrepreneure Lynne Dupuis écrit : « Un vrai pilier de la communauté, il a certainement laissé sa marque! Mes sympathies à sa famille. »

Ex-conseiller et candidat néodémocrate au fédéral Gerry McIntaggart se souvient : « J’ai eu le privilège de siéger au conseil municipal et régional avec Lionel pendant environ 13 ans. Ses réalisations sont trop nombreuses pour être énumérées ici. »

Même son de cloche chez David Courtemanche, ancien conseiller municipal et maire du Grand Sudbury, qui a parlé de M. Lalonde comme étant un « véritable bâtisseur communautaire et leader » et a exprimé que « c’était un honneur de travailler avec lui ».

La famille recevra parents et amis à la Coopérative funéraire, 4691 Regional Road 15, Chelmsford, le jeudi 27 mars 2025, de 14 h à 17 h et de 19 h à 21 h 00. Une messe funéraire sera aussi célébrée le vendredi 28 mars 2025, à 10 h, à la Paroisse Notre Dame du Rosaire, Blezard Valley.

Des activités pour la fin du Mois de la Francophonie

Alors que s’achève le Mois de la Francophonie, les idées de sorties sont encore nombreuses en Ontario. Ce fil culturel ira de l’Est au Nord, en passant par la capitale, pour se déposer pour la dernière fois dans sa forme actuelle. ONFR continuera de vous suggérer des activités en français à travers la province, dans un autre format, très bientôt.

Concours de talents à Ottawa

La Maison de la francophonie d’Ottawa organise sa première Compétition de groupes virtuoses le 29 mars. Il s’agit d’un concours musical devant public, pour les artistes émergents ou amateurs. Des prix en argent et une séance d’enregistrement professionnelle seront remis aux gagnants.

La Compétition des groupes virtuoses aura lieu pour la première fois à la Maison de la francophonie d’Ottawa. Photo : Canva

Ottawa, le 29 mars. Billets pour le public sur la plateforme Eventbrite.

Des chansons pour les tout-petits du Nord

Le chanteur jeunesse franco-manitobain Micah! sera de passage dans le Nord de l’Ontario cette semaine. Il chantera pour les tout-petits de Longlac, Geraldton et Marathon les 28 et 29 mars. Sa tournée Micah! joue de la musique est organisée dans le cadre des Rendez-vous de la francophonie.

À 19 ans, Micah! a déjà plusieurs années de scène derrière la cravate. Étant le fils de Jocelyne Baribeau, alias Mme Diva, il avait l’habitude de monter sur scène avec sa mère, dans son enfance.

Micah! est déjà bien connu des jeunes familles francophones de sa province natale, le Manitoba. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Nord de l’Ontario, les 28 et 29 mars. Détails sur le site de l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario.

Cornwall au pensionnat des toujours jeunes

À Cornwall, le Centre Charles-Émile-Claude et l’organisme L’Amalgame présentent la pièce communautaire Au pensionnat des toujours jeunes, jusqu’au 30 mars. Ce texte de l’auteur français Jérôme Dubois raconte l’histoire de trois sœurs octogénaires qui voient la maison qu’elles louent être transformée en pensionnat pour personnes âgées. Elles en deviendront les premières pensionnaires, mais leur mode de vie épicurien ne plaira pas aux nouveaux propriétaires, qui exigeront une hygiène de vie impeccable.

La troupe communautaire de l’Amalgame présente la pièce Au pensionnat des toujours jeunes jusqu’au 30 mars. Photo : Gracieuseté de l’Amalgame

Une bataille originale à Ottawa

Le théâtre français du Centre national des arts (CNA) présente la pièce jeunesse Batailles les 29 et 30 mars. Ce spectacle de théâtre acrobatique vise un public de huit à 14 ans. Il y a un beau divan à quatre places, particulièrement confortable… et cinq personnes qui veulent absolument s’y asseoir. Derrière la bisbille et les simagrées se cache un thème plus sérieux, celui de la cohabitation en société.

Y a-t-il assez de place pour tous sur ce divan? Photo : Robert Etcheverry

Ottawa, les 29 et 30 mars. Détails et billets sur le site du CNA.

Rire en français à Cornwall

La tournée d’humour des Rendez-vous de la francophonie (RVF) s’arrête pour la deuxième et dernière fois en Ontario pour 2025. Le 26 mars, à l’école secondaire publique Héritage de Cornwall, le spectacle réunira la co-porte-parole des RVF Garihanna Jean-Louis, les Québécois François Massicotte et Jérémie Larouche et la Franco-Ontarienne Chloé Thériault. De plus, les jeunes gagnants du concours LOL – Mort de rire Desjardins de 2024 seront aussi appelés à monter sur scène.

L’humoriste Garihanna Jean-Louis est co-porte-parole des RVF, avec le poète et musicien Guyaume Boulianne. Photo : Fondation Dialogue

Cornwall, le 26 mars. Détails et billets sur le site des RVF.

« Le Canada doit tirer parti des investissements européens dans l’armement », selon un syndicat

Daniel Cloutier est le directeur québécois d’Unifor. Le plus grand syndicat du secteur privé au Canada regroupe 320 000 membres, répartis dans divers secteurs de l’économie. 

Les licenciements s’accumulent en Ontario. À L’Orignal, Ivaco a licencié 30 employés et mis à pied temporairement 120 autres. À Sault-Sainte-Marie, l’usine Algoma Steel Group a supprimé 20 postes et annoncé des réductions de main-d’œuvre jusqu’à 25 % de son effectif. À Hamilton, les autorités locales ont alerté sur 28 000 emplois menacés, dont 9 000 directement liés à la production et à la transformation de l’acier et des métaux.

Les nouveaux tarifs douaniers annoncés par l’administration Trump sur les exportations canadiennes d’acier et d’aluminium, qui devraient entrer en vigueur le 2 avril, provoquent des remous dans l’industrie manufacturière ontarienne. Daniel Cloutier voit des opportunités à saisir, notamment en Europe, où les investissements massifs dans la défense pourraient ouvrir de nouveaux débouchés.

« En quoi les tarifs douaniers impactent différemment les secteurs de l’acier et de l’aluminium?

Le marché de l’acier fonctionne différemment de celui de l’aluminium, les impacts sur les entreprises canadiennes seront donc distincts. 

En 2022, les États-Unis ont importé 17 % de leur consommation totale d’acier, dont 22 % provenaient du Canada. Les tarifs auront ainsi des conséquences importantes pour les travailleurs et l’industrie de l’acier, notamment en Ontario.

Pour ce qui est de l’aluminium, les États-Unis dépendent davantage des importations : 44 % de leur consommation vient de l’étranger, et le Canada représente 60 % de ces importations.

À court et moyen terme, les producteurs américains ne peuvent pas combler ce besoin localement, faute d’infrastructures suffisantes et d’accès à l’énergie nécessaire pour alimenter des fonderies d’aluminium. Les producteurs canadiens d’aluminium brut, principalement au Québec et en Colombie-Britannique, continueront donc à exporter vers les États-Unis. Il est probable que le coût soit absorbé par le marché.

Quel pourrait être l’impact en Ontario dans ces deux secteurs?

L’Ontario, qui ne produit pas d’aluminium brut, est au cœur de l’industrie de la transformation, notamment dans le secteur automobile. C’est là que les répercussions seront les plus lourdes : les pièces fabriquées à partir d’aluminium taxé subiront elles-mêmes une taxe à l’exportation. Pire, lorsqu’elles traversent plusieurs fois la frontière pour être intégrées dans un véhicule, chaque passage entraînera une nouvelle taxe.

Lors des précédents tarifs de 2018, cela avait entraîné une hausse de 700 $ par véhicule chez le groupe General Motors. Or, les tarifs annoncés aujourd’hui risquent d’être encore plus élevés.

Je cite aussi un effet inflationniste. Comme les prix de l’aluminium sont établis selon un indice nord-américain (le West American Tariff), incluant les droits de douane, les taxes et les coûts de production, même les entreprises qui n’exportent pas subiront les hausses. C’est déjà visible, notamment dans l’industrie de la bière en Ontario, où le prix des canettes a augmenté de plusieurs dollars par caisse de 24 unités.

Le marché de l’acier fonctionne différemment de celui de l’aluminium. Photo : Canva

Quelles réponses face à cette crise? 

Il est essentiel de renforcer notre industrie locale et d’augmenter le commerce interprovincial afin d’élargir notre marché intérieur. 

Le Canada doit aussi agir contre le transbordement, particulièrement dans le cas de l’aluminium secondaire souvent importé de pays comme la Chine. En mettant fin à ces pratiques, on favoriserait l’utilisation de l’aluminium canadien.

Sur l’acier, la situation est plus délicate. Certains producteurs risquent même de fermer ou rapatrier leur installations aux États-Unis. Il faut donc, autant que possible, répondre à nos besoins avec l’acier canadien et chercher à diversifier nos débouchés à l’international.

Quel message Unifor lance-t-il face aux pressions américaines?

Ce moment exige une mobilisation de toutes les forces vives : industrie, politiques, société civile, travailleuses et travailleurs. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions, faire preuve de résilience et résister à la pression. Il ne faut surtout pas céder face à l’autoritarisme de Donald Trump, qui menace notre économie, notre souveraineté et notre stabilité. Nous devons rester solidaires et déterminés à défendre nos intérêts.

Y a-t-il une opportunité, derrière cette crise?

Cette situation, aussi tendue soit-elle, crée une nouvelle solidarité au Canada. Il faut y voir une chance. Mark Carney s’est dirigé pour son premier voyage international en tant que premier ministre vers la France et l’Angleterre. Et ses récents échanges avec l’Europe, notamment en matière de défense, ouvrent la porte à des marchés alternatifs pour nos industries, notamment l’acier et de l’aluminium.

Justement, l’industrie militaire, notamment en Ontario, est consommatrice de métaux… 

On ne peut pas parler de faire de l’aviation sans parler d’aluminium et d’alliage métallique. Et avec l’engagement du Canada à atteindre 2 % de son PIB en dépenses militaires — soit une augmentation de 18 milliards de dollars — cela représente un immense potentiel de retombées économiques locales.

Le Canada pourrait renforcer ses liens avec les pays européens, qui eux aussi augmentent leurs budgets militaires pour répondre aux enjeux géopolitiques actuels. Ces investissements pourraient dépasser les 2 % du PIB, offrant ainsi des opportunités à long terme. En échangeant avec l’Europe, le Canada pourrait fournir des pièces et composantes pour l’industrie militaire, tout en stimulant l’innovation et la recherche dans le secteur.

Il ne s’agit pas de souhaiter des conflits, bien au contraire. Mais si des milliards de dollars sont investis dans ces industries, il est vital que le Canada en tire parti pour soutenir son économie, protéger ses emplois et développer son autonomie industrielle. » 

Élections fédérales : pas de second débat en français, Mark Carney n’y participera pas

Il n’y aura pas un deuxième débat en français pour ce scrutin fédéral, comparativement aux précédentes élections canadiennes. Le Parti libéral du Canada (PLC) a refusé de payer le 75 000 $ que demandait TVA pour pouvoir présenter le duel entre les chefs des partis politiques fédéraux.

Les libéraux n’ont fourni aucune justification pour expliquer leur refus alors que leur chef avait pourtant déclaré quelques heures plus tôt qu’il serait partant d’être au duel télévisé.

« M. Carney ne participera pas au  »Face-à-Face » proposé par TVA. Il se réjouit à l’idée de participer aux débats de la Commission des débats des chefs, qui ont été confirmés aujourd’hui pour les 16 et 17 avril à Montréal », a indiqué un porte-parole du PLC dans une déclaration.

TVA avait clairement indiqué qu’il ne présenterait pas ce débat télévisé si l’une des quatre principales formations politiques (NPD, PLC, Parti conservateur et Bloc québécois) n’y était pas. Le prix demandé visait à couvrir les coûts de production d’une telle émission, avait justifié le service de nouvelles québécois.

Les conservateurs, le NPD et le Bloc québécois avaient déjà acquiescé à la demande. Les conservateurs de Pierre Poilievre avaient mis au défi M. Carney d’accepter la requête, qui lorsqu’il a été questionné par les journalistes lundi matin, sur une possible participation, avait accepté en répondant, « pourquoi pas? ».

« La décision de Mark Carney est insultante et ça réduit l’occasion de parler des enjeux qui sont chers aux Québécois et Québécoises », a déploré le chef du NPD Jagmeet Singh.

« Tu prétends avoir les bras pour faire face à Donald Trump, mais tu n’es même pas prêt à venir parler aux Québécois (…) Il y a à peu près 20 % de la population canadienne qui est au Québec et tu dis  »vous n’êtes pas assez important pour que je vienne vous parler » », a dénoncé le chef bloquiste Yves-François Blanchet, en campagne à Québec.

Un seul rendez-vous en français

Les principaux chefs des partis politiques fédéraux croiseront donc le fer une dizaine de jours avant le scrutin, alors que des débats en français et en anglais auront lieu les 16 et 17 avril.

Le Commission des débats des chefs a annoncé lundi que le débat en français aura lieu le mercredi 16 avril à 20 h et que celui en anglais aura lieu le lendemain à 19 h. Les deux joutes télévisées seront dans les studios de Radio-Canada à Montréal alors que celle en français sera animée par l’animateur de Radio-Canada Patrice Roy et celui en anglais sera avec Steve Paikin, de TVO. Pour l’Ontario français, le débat sera diffusé sur les ondes de TFO et Radio-Canada.

En vertu des règles, les formations politiques suivantes sont quasi assurées d’y participer : le Bloc québécois, le NPD, le Parti libéral et le Parti conservateur.

Les partis doivent remplir deux des trois critères suivants :

  • A) à la date du déclenchement de l’élection générale, le parti est représenté à la Chambre des communes par un député qui a été élu en tant que membre de ce parti.
  • B) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes.
  • C) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti a endossé des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions fédérales.

Le Parti vert, qui possédait deux sièges au moment de la dissolution du Parlement, vogue présentement autour de 4 % des intentions de vote selon le site de projection électoral 338 Canada. S’il se maintient ainsi, la formation écologique se garantirait une place au duel télévisé. Si tel est le cas, c’est le co-chef Jonathan Pedneault des Verts qui serait le candidat choisi pour participer aux débats.

En 2021, le Parti vert était présent aux débats des chefs avec Annamie Paul en plus du Bloc québécois, du Parti conservateur, du Parti libéral et du NPD.

Le jour de vote aura lieu le 28 avril.

Élections fédérales : le niveau de français de Mark Carney sera-t-il un obstacle?

Le niveau de français, parfois rudimentaire et chancelant, démontré par le chef libéral Mark Carney, pourrait-il avoir un impact dans cette campagne électorale, lui qui part légèrement comme le favori? Normalement oui, mais pas dans cette campagne, selon trois politologues que nous avons sondés. Elles croient qu’il pourrait avoir un laissez-passer en raison du contexte économique avec les États-Unis.

« Tout le monde va orienter sa campagne par rapport à ce qui va se passer aux États-Unis », prédit Mireille Lalancette, experte en communication politique à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

« À cette étape-ci, ce n’est pas la question du français qui va être au cœur, mais celle de Donald Trump (…) La question du français est reléguée au second plan », ajoute-t-elle.

Idem pour la politologue Stéphanie Chouinard, qui croit que le climat de guerre tarifaire avec les États-Unis laisse très peu de place à la critique.

« On s’attarderait probablement plus (en temps normal) à des éléments comme la qualité de son français, mais j’ai l’impression que dans le contexte actuel, il pourrait avoir un petit passe-droit », analyse la professeure du Collège militaire royal du Canada.

Le chef conservateur Pierre Poilievre tire de l’arrière, selon la firme Léger dans un récent sondage, avec 39 % des intentions de votre contre 42 % pour Mark Carney. Photo : Chambre des Communes

Depuis son entrée sur la scène politique, il est parfois arrivé que certaines affirmations dans la langue de Molière de l’ancien banquier nuisent à la compréhension de son propos. Par exemple, lors du débat en français à la course à la chefferie, il avait affirmé en français que « nous sommes d’accord avec Hamas » avant d’être reprises par l’ex-ministre Chrystia Freeland pour admettre qu’il voulait dire « sur le Hamas ».

La semaine dernière, en conférence de presse au Nunavut, il a répondu à une question concernant ses avoirs financiers placés dans une fiducie en parlant plutôt de resserrement budgétaire et d’augmenter la productivité du Canada, forçant le journaliste à répéter sa question en anglais.

La politologue Geneviève Tellier est aussi d’avis que « les électeurs vont se dire qu’il vient d’arriver en politique et qu’on comprend qu’il n’a pas eu l’occasion de parler français », mais émet toutefois une limite.

« Ça va lui nuire s’il n’arrive pas à faire passer son message. Pendant le débat des chefs, parfois, on l’écoutait en français et on ne comprenait pas ce qu’il voulait dire. Si ça arrive souvent, les gens vont dire, je ne le comprends pas », avertit la professeure de l’Université d’Ottawa.

« C’est un service de traduction ici comme premier ministre », a même lancé en plaisantant le chef libéral dimanche en conférence de presse, alors qu’il était appelé à traduire ses réponses offertes aux questions en anglais. Il s’agit d’un exercice qui risque de se répéter au cours des 36 prochains jours pour le leader libéral, qui en est à ses premiers coups de patin dans l’arène politique.

Cela ne veut donc pas dire que le français de ce dernier ne jouera pas un rôle, prévient Mireille Lalancette, mais elle rappelle qu’il y a souvent eu une alternance entre francophone et anglophone à la tête du Parti libéral, sans qu’il y ait nécessairement d’impact.

« Même Justin Trudeau avait un français qui était accompagné de l’anglais avec des anglicismes et des tournures de phrases en anglais », rappelle la professeure en communication sociale.

Trump et l’Ontario : l’ombre sur le français

Pour les Ontariens qui sortent tout juste d’une campagne provinciale, ne soyez pas surpris que la campagne fédérale soit une copier-papier, avance Geneviève Tellier.

Elle prévoit que la question de l’urne sera « Qui est la meilleure personne pour affronter Donald Trump? », la même avancée par Doug Ford il y a un mois.

Les trois expertes entrevoient toutefois que le plus grand défi en termes de langue de Molière pour le politicien libéral sera dans les deux débats des chefs prévus en français. Il doit s’assurer qu’il ne se fasse pas « manger tout rond », caractérise Stéphanie Chouinard.

La politologue Stéphanie Chouinard
La politologue Stéphanie Chouinard. Source : Capture d’écran

« Tant qu’il est capable de se faire comprendre, si son français n’est pas parfait, ce n’est pas grave, poursuit la politologue du Collège militaire royal. Si sa capacité est mauvaise à tel point qu’il n’est pas capable de faire passer ses idées ou s’il fait de grosses gaffes pendant un débat des chefs en français, à ce moment-là, ça va poser problème. »

Mark Carney affrontera trois chefs qui ont l’habitude de débattre à la Chambre des communes et de répondre presque quotidiennement à des questions en français dans le cadre de leurs tâches de chefs, depuis plusieurs années. Il faudra aussi surveiller comment la troupe de Pierre Poilievre « utilisera la carte linguistique en campagne alors que d’habitude, c’est plutôt retourné sur les conservateurs », note Mme Chouinard.

La course aux sièges dans le Grand Toronto devrait aussi fortement influencer ce 45e scrutin général et l’allure du prochain Parlement.

« Si on se dit que les élections vont se gagner en Ontario, ce n’est pas la question du français qui va être la principale question », relève Mme Tellier.

La 52e Nuit sur l’étang de Sudbury en sept images

SUDBURY – La 52e Nuit sur l’étang a rassemblé près de 250 personnes samedi soir à la salle Trisac du Collège Boréal de Sudbury. ONFR revient sur les temps forts de cet événement incontournable de la musique franco-ontarienne du Nord en quelques images.

Lancement d’album pour Édouard Landry

Photo : Dominique Demers/ONFR

Samedi soir était un double événement pour l’auteur-compositeur-interprète Édouard Landry. Le Sudburois a fait un lancement exclusif de son 8e album intitulé Le salon des refusés. Cet album s’inspire de la vie du peintre emblématique de l’impressionnisme, Claude Monet. Durant la soirée, il a interprété plusieurs ballades dont Lettre de rejet, qui reprend les motifs de refus d’une demande de subvention qu’avait fait l’artiste.

La chanson a généré rires et émois dans la salle. Il était accompagné de la vocaliste Sara Craig et de son acolyte et chanteur des Bilinguish boys, Dayv Poulin. Il y a quelques années, Édouard Landry avait aussi lancé son 2e album à la Nuit sur l’étang.

Retour de Brasse-Camarade pour la 53e Nuit

Photo : Inès Rebei/ONFR

Samedi soir, c’était aussi l’occasion de présenter les têtes d’affiche de la prochaine édition de la Nuit sur l’étang, qui aura lieu le samedi 21 mars 2026. Il s’agit de Brasse-Camarade. Fondé en 1990, le groupe ne s’est plus produit sur scène depuis 1999. Pour faire cette annonce, le chanteur Nicolas Doyon a fait venir brièvement sur scène un de ses membres, le bassiste Pierre Lamoureux.

Ce dernier interpelle alors son frère, le guitariste, saxophoniste et chanteur du groupe François Lamoureux, à travers un écran derrière lui. Cette interaction annonçant le retour du groupe, bien qu’asynchrone, a suscité les applaudissements de la salle.

Jean-Guy « Chuck » Labelle reçoit le Prix du Nouvel-Ontario

Photo : Dominique Demers/ONFR

Le conseil d’administration de la Nuit sur l’Étang a procédé à sa traditionnelle remise du Prix du Nouvel-Ontario durant la soirée. Cette année, il a été remis à l’auteur-compositeur-interprète Jean-Guy « Chuck » Labelle. Celui-ci, ému et en larmes, s’est dit très surpris de recevoir cette distinction. Le chanteur originaire d’Azilda a alors entonné sa mythique chanson Le Cowboy, en chœur avec le public.

Des images d’archives de prestations passées de l’artiste ont ensuite été projetées, suscitant une certaine émotion dans la salle. À la fin de son discours, Chuck Labelle a annoncé avoir « un album freaking wicked qui s’en vient », que le public pourrait peut-être entendre à la prochaine édition de la Nuit sur l’Étang.

Le Compas avec l’Ottavien KingH509

Photo : Dominique Demers/ONFR

Suivant la volonté du comité organisateur de varier les styles musicaux pour cette édition, c’est donc un spectacle assez différent de la tradition de la Nuit qui a été offert au public avec le deuxième artiste invité. Originaire d’Haïti et installé à Ottawa depuis quelques années, le chanteur KingH509, de son vrai nom Liautaud H Philogène, a offert une prestation dynamique mêlant hip-hop, afrobeats et influence caribéenne.

Ce fut le premier artiste à avoir réussi à faire danser le public devant la scène, notamment les plus jeunes qui étaient présents en plus grand nombre que lors des éditions précédentes. Sa chanson « Franco », qui se veut un hymne à la fierté franco-ontarienne, a largement séduit la salle, qui a fini par apprendre le refrain et le chanter en boucle. Il a aussi joué des chansons au tempo plus doux avec un hommage au compas, ou compas direct, ce genre musical originaire d’Haïti qui fête ses 70 ans cette année.

La country avec Ghys Mongeon

Photo : Dominique Demers/ONFR

Les amateurs de country ont été servis grâce à une prestation enflammée du chanteur originaire de l’Outaouais, Ghyslain Ghys Mongeon. Pour son premier passage à Sudbury, celui-ci a interprété ses plus grands tubes tels que Enweye à maison ou encore Une autre raison de boire. Le Québécois a également tenu à rendre hommage aux grands noms de la musique disparus dans les dernières années, tels que Karl Tremblay ou Cayouche, en chanson. Et comme le veut la tradition, Ghys Mongeon a invité la salle à lever le verre et faire un cul-sec à la manière de St-Tite.

LGS, le clou du spectacle

Photo : Inès Rebei/ONFR

Ils étaient nombreux à attendre son arrivée sur scène, qui s’est déroulée après 23h, y compris une jeune famille qui a fait le déplacement depuis Timmins. Le groupe LGS, anciennement le Groupe Swing, a fait son grand retour à la Nuit sur l’étang pour la première fois depuis 2019. Michel Bénac et Jean-Philippe Goulet se sont produits sur scène avec des danseurs venus spécialement d’Ottawa. Ils ont joué leurs plus grands succès et quelques nouveautés.

Comme toujours, le chanteur Michel Bénac a emprunté les téléphones des personnes du public pour se filmer en chantant et avant la fin du spectacle, toute la salle s’est retrouvée sur scène. C’était aussi l’occasion de souligner le 25e anniversaire de la création du groupe originaire d’Ottawa.

Photo : Inès Rebei/ONFR

Aux alentours de minuit et demi, les organisateurs ont invité le public à se diriger vers la salle Au pied du Rocher afin de terminer la soirée à l’ancienne. Gino St-Jean, président du conseil, explique qu’il s’agissait d’une demande de la part des spectateurs, qui souhaitaient revoir cette activité de fin de soirée jadis très appréciée.

C’est Nicolas Doyon, qui a d’ailleurs animé le spectacle, et Les Voyons Don’, qui ont repris cette tradition empruntée des anciennes éditions de la Nuit sur l’étang de jouer de vieilles musiques emblématiques de la francophonie ontarienne en fin de soirée, jusqu’au petit matin. Ginette, Quelle vie de criss, Bienvenue au paradis et de nombreuses autres ont été proposées au public encore présent pour l’after party.

Le Canada en campagne électorale jusqu’au 28 avril

élection, canada, élections

OTTAWA – C’est officiel, le Canada plonge en élections fédérales jusqu’au 28 avril prochain, jour de vote. Le premier ministre sortant, Mark Carney, a dissous le Parlement en rendant visite à la gouverneure générale Mary Simon dimanche, déclenchant ainsi une campagne électorale qui durera 36 jours.

Alors que Pierre Poilievre lançait ce marathon de plus d’un mois à Gatineau, aux abords de la Rivière des Outaouais, avec le Parlement en arrière-fond, Mark Carney franchissait quelques instants plus tard les portes de Rideau Hall pour dissoudre la Chambre des communes. Celle-ci devait officiellement reprendre ses travaux lundi, après avoir été en pause depuis le mois décembre.

« J’ai demandé à la gouverneure générale de dissoudre le Parlement et d’appeler à une élection le 28 avril et elle a accepté », a lancé Mark Carney en conférence de presse au-devant de Rideau Hall, demandant aux Canadiens « un mandat fort ».

La campagne à peine déclenchée, le chef libéral a sorti sa première promesse, celle de couper d’un point de pourcentage l’impôt pour le premier palier d’imposition des Canadiens. Selon les libéraux, cette mesure affectera 22 millions de Canadiens et permettra à certaines familles d’économiser 825 $ par an.

Avec « Le Canada d’abord pour faire changement » comme slogan, le chef conservateur Pierre Poilievre a lancé le bal de la journée, répétant son message de couper les taxes et impôts et de bâtir des logements, en plus de promettre de « tenir tête à Trump ». Ces élections risquent de se jouer sur cet enjeu, à savoir quel chef serait le mieux placé pour affronter Donald Trump.

« C’est le choix pour les Canadiens, un Trump canadien ou un gouvernement qui uni notre pays », a rapidement attaqué Mark Carney, lui qui a annoncé samedi qu’il se présenterait dans un comté de la région d’Ottawa, à Nepean. C’est avec le slogan « Un Canada fort » que ce dernier s’est envolé à Terre-Neuve-et-Labrador pour son premier ralliement de campagne.

Selon un sondage de la firme Ipsos, 48 % des électeurs favorisent M. Carney, contre 31 % pour M. Poilievre, comme meilleur négociateur contre Donald Trump. Et c’est 43 % qui estiment que le chef conservateur flancherait pour accepter n’importe quelle demande du président Trump, contre la moitié moins pour son opposant libéral Mark Carney (22 %).

« Je suis Canadien, je veux mettre notre pays d’abord, pour faire changement. Quand je dis que je veux couper les taxes et les impôts pour ramener nos emplois ici et favoriser nos travailleurs, c’est pour les Canadiens, ce n’est pas pour les Américains », se défend Pierre Poilievre.

Le chef conservateur mise donc sur le changement, arguant que « ce sont toujours les mêmes députés libéraux, les mêmes ministres libéraux, les mêmes conseillers libéraux », malgré un changement de chef.

« Quand je parle aux gens dans la rue, ils disent qu’ils ont peur de perdre leur emploi parce que notre économie est faible, après 10 ans des libéraux… Je suis le seul qui leur offre un vrai changement pour amener la promesse du Canada, pour amener nos emplois ici et promettre à nos gens d’avoir un beau futur », a-t-il lancé.

343 sièges en jeu, un de moins dans le Nord de l’Ontario

Ce sont 343 circonscriptions qui seront en jeu dans le cadre de cette 45e élection générale. Il s’agit de cinq sièges de plus qu’au moment de la dissolution du Parlement, en raison d’un redécoupage de la carte électorale d’est en ouest du pays, affectant notamment le Nord de l’Ontario.

La vaste région ontarienne se retrouve désormais avec 9 sièges contre 10 auparavant, alors que c’est le Sud de l’Ontario qui « gagne » un nouveau siège, une modification expliquée en raison des changements démographiques. Il n’y a pas de variations pour la région d’Ottawa et de l’Est ontarien en termes de nombre, mais certains comtés ont changé de nom, en plus de voir leurs délimitations être modifiées.

Le redécoupage électoral de la carte du Nord dans sa proposition finale. Capture d’écran Élections Canada.

Le NPD en danger?

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh lançait aussi sa campagne dans la région d’Ottawa, sous le thème du « cœur au ventre ». Le NPD part en danger dans ces élections, avec seulement 11 % des intentions de vote, comparativement aux 18 % récoltés aux élections de 2021.

« Mark Carney a été appuyé par Donald Trump et Elon Musk a appuyé Pierre Poilievre, donc je suis le seul candidat au niveau fédéral qui est 100 % non appuyé par la formation de Donald Trump », s’est vanté M. Singh dans le but de se distinguer de ses opposants, accusant Mark Carney et Pierre Poilievre d’être du côté des « ultras riches ».

Les Verts misent de leur côté sur le courage qu’il est nécessaire d’avoir face à la situation actuelle, au niveau de la crise écologique et de la guerre tarifaire, ont plaidé les co-chefs Jonathan Pedneault et Elizabeth May.

Mektoub

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

Que les lectrices et les lecteurs ne se méprennent pas, la titraille de la présente chronique n’est nullement une promotion travestie de l’un de mes romans! Non, non, ce n’est pas le style de la maison. Si j’ai choisi de vous parler de Zahra (Rose!), c’est parce qu’au-delà de l’œuvre, c’est toute une leçon de vie qui découle de la trajectoire de ce livre, celle de ne jamais abandonner ses rêves, quitte à s’exiler avec. Et puis, on raconte souvent les histoires des hommes, et rarement celle des livres, et pourtant…

À vrai écrire, la substance de cette chronique n’était pas mijotée à l’avance. C’est en lisant un portrait récent de votre serviteur sur l’un des médias francophones les plus lus au pays du soleil couchant que j’ai eu l’idée, d’une manière aussi automatique que la signature d’un document administratif, de coucher sur écran mon état d’âme, avant d’aller me blottir dans les bras de Morphée.   

Et pour cause, les mots de cette journaliste marocaine, très professionnelle, soit écrit en passant, m’ont fait prendre conscience de tout le chemin parcouru, et d’à quel point je peux être une vraie tête de mule à long terme. L’effet avait surgi dès la lecture du titre : Soufiane Chakkouche, l’auteur qui a migré pour éditer un roman.

Il est vrai que, contrairement au mien, l’intitulé est aguicheur et donne bien une idée sur ce qui va suivre dans le corps du texte. Néanmoins, texte sans contexte est texte borgne, car à mon goût, il y a, tapi là, entre les mots, un enseignement de valeur, voire de vie.  

Pas bonne, la petite bonne

Pour la faire courte, j’ai écrit Zahra il y a neuf ans de cela, après avoir publié deux romans policiers : l’un au Maroc, où je vivais à l’époque, et l’autre en France.

Confiant en ce petit historique littéraire, je pris mon manuscrit sous l’aisselle, le tout sous un soleil de Casablanca anormalement ardent pour ce début juin, et je toquai, une à une, aux portes des éditeurs locaux avec pignon sur rue. Taux de fin de non-recevoir : 100%. Aucune maison d’édition ne jugea mon histoire de petite bonne assez bonne pour la publier. Même sort chez les plus écolos, celles qui acceptent les manuscrits par courriel plutôt que sur papier.

Des projets achevés agonisant sous la poussière dans des tiroirs, faute de sous et/ou de soutien, comme tout artiste qui se respecte ou pas, j’en ai eu et j’en ai encore. Mais pas celui-là, parce que je l’avais écrit avec les tripes, ou plutôt en trempant ma plume dans ce qu’il y avait dans ces dernières! 

Le roman Zahra a finalement connu le succès une fois arrivé au Canada. Photo : Soufiane Chakkouche

Alors, je défouraillai mon courage et fourrai le dernier manuscrit papier qui me restait dans mon bagage, puis je pris les airs, direction Toronto. Certes, Zahra n’est pas l’unique raison pour laquelle j’avais quitté ma terre, mon soleil et les miens, mais c’en est la meilleure, au regard de ce qui allait suivre.  

Et ce qui suivit fut bon : Zahra trouva rapidement preneur au Canada et fut publié dans la foulée en 2021, avec à la clé, la même année, une mention spéciale du jury du prix Champlain et deux places de finaliste aux prix Alain-Thomas et Trillium.   

Ironie du sort

Quatre ans plus tard, me voilà invité pour la deuxième fois dans mon pays natal, et en grande pompe, pour parler de ce même livre dix fois refusé sur cette même terre quelques années plus tôt. « Les Occidentaux appellent cela : l’ironie du sort, les musulmans : le mektoub (ce qui est écrit. » (Zahra p.9).  

Délicieuse petite revanche de bonne guerre. In fine, je suis une tête de mule doublée d’un caractère rancunier. C’est dans de telles prises de conscience que je me rends compte à quel point je peux être insupportable pour mes proches, et je me fais tout petit, pendant un moment.

Mais ne crachons pas dans la soupe du chef. L’accueil réservé en février dernier par les organisateurs du Festival du livre africain de Marrakech à la quarantaine d’auteur(e)s convié(e)s dont je faisais partie, ainsi que la qualité de l’évènement sur le plan intellectuel, ont résonné dans ma boîte crânienne d’abord, puis dans mon cœur, comme une réconciliation.  

Cela écrit, il convient de boucler la boucle et d’éviter la méprise à nouveau. La moralité sans prétention de cette histoire ne réside guère dans le simple état d’âme de ma petite personne, car comme jadis sur parchemin, le chemin de ce livre est nettement plus intéressant. Au fond, il enseigne une chose : n’abandonnons jamais nos rêves quand on a une bonne raison d’y croire, et surtout, ne les limitons point dans l’espace.

À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous). 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Une variété de styles musicaux à la 52e Nuit sur l’étang

SUDBURY – La 52e Nuit sur l’étang aura lieu samedi soir à la salle Trisac du Collège Boréal. Cette tradition de Sudbury mise cette fois sur une variété d’artistes, allant du hip-hop de KingH509 au country de Ghys Mongeon, en passant par le prolifique sudburois Edouard Landry et terminant avec un incontournable franco-ontarien, LGS.

« On a décidé de rapporter un aspect de fête, comme dans le bon vieux temps de La nuit », explique le président des Concerts La nuit sur l’étang, Gino St-Jean, à ONFR.

Un élément qu’on retrouvera entre autres avec l’animateur du spectacle principal, Nicolas Doyon, qui donnera lui-même une performance de fin de soirée avec son groupe Doyon et les Voyons don’.

Nicolas Doyon et ses compagnons de Deux saisons s’était réunis pour la 50e Nuit sur l’étang, en 2023. Photo : Léo Duquette

Ce sera aussi l’occasion de remettre le Prix du Nouvel-Ontario. « Ça fait un bout de temps qu’on remet ce prix à quelqu’un qui en a fait beaucoup pour la musique franco-ontarienne, pour les arts franco-ontariens, qui a travaillé dans le domaine et qui a aidé à promouvoir et soutenir les artistes. » Gino St-Jean précise que ce sont les membres du conseil d’administration des Concerts La nuit sur l’étang qui décident du gagnant.  

Lancement, première et anniversaire

Après la chanson-thème Viens nous voir, interprétée par Nicolas Doyon, les artistes présenteront chacun leur segment. Il n’y a pas de grandes collaborations ou de spectacle concept comme on a pu le voir dans les dernières années.

Gino St-Jean suggère quand même que quelques invités se grefferont à l’animateur au cours de la soirée.

L’artiste ottavien d’origine haïtienne KingH509 affirme son amour pour la francophonie dans sa tournée Franco, qui sort de sa région actuelle pour la première fois pour se rendre à Sudbury avant un dernier arrêt à Montréal, la semaine prochaine.

Edouard Landry lancera son huitième album, Salon des refusés, à La nuit sur l’étang 2025. Il était aussi à l’événement en 2023, avec son trio Les Bilinguish Boys. Photo : Léo Duquette

L’artiste franco-sudburois Edouard Landry profitera de La nuit sur l’étang pour lancer officiellement son nouvel album. Salon des refusés est disponible depuis le 18 mars.

Le Gatinois Ghys Mongeon, reconnu sur la scène country du Québec, sera de passage à Sudbury pour la première fois ce samedi.

Le clou du spectacle principal est un groupe franco-ontarien qui fête ses 25 ans : LGS. Michel Bénac et Jean-Philippe Goulet n’avaient pas joué à La nuit sur l’étang depuis 2018.

Fin de soirée festive

Le public sera ensuite invité à se rendre Au pied du rocher, le restaurant du Collège Boréal, pour entendre les grands succès franco-ontariens interprétés par Doyon et les Voyons Don’. Nicolas Doyon a réuni ses amis pour « une fusion inédite entre deux groupes légendaires qui ont enflammé les scènes et festivals depuis les années 1990 », selon une capsule promotionnelle de La Nuit sur l’étang.

De Deux saisons, on retrouve, en plus de Nicolas Doyon, Fritz Larivière et Jocelyn Godin. De Latreille, on ajoute Éric Latreille, Patrick Brousseau et Patrice Dumais. Ces « vieux routiers » interpréteront des chansons franco-ontariennes de différentes époques.

Une tradition en transition

La nuit sur l’étang vit une période de transition au niveau de l’organisation depuis son 50e anniversaire, en 2023. Certains habitués avaient alors annoncé leur départ, mais étaient restés tout près pour donner un coup de main à la nouvelle équipe en 2024.

Le poste de directeur général n’a toujours pas été pourvu depuis, alors que Pierre-Paul Mongeon a tiré sa révérence. C’est donc le conseil d’administration qui s’occupe de toute l’organisation. Avis à ceux qui voudraient s’impliquer, une place est d’ailleurs toujours vacante.

L’an dernier, en 2024, un grand spectacle concept avait revisité la carrière de Breen LeBoeuf, sous la direction musicale de Dan Bédard. Ce dernier n’est pas de retour cette année. Le concert avait été d’une grande qualité, la principale critique entendue sur place étant le fait que de nombreux billets n’avaient pas trouvé preneurs, et que le public semblait constitué d’habitués de longue date. L’événement semblait boudé par les jeunes sudburois.

Le rocker Breen LeBoeuf originaire de North Bay était la tête d’affiche de La nuit sur l’étang en 2024. Photo : Dominique Demers / ONFR

« On a remarqué, depuis quatre ou cinq ans, que les plus jeunes ne sont pas à La nuit. On a de la difficulté avec la relève, avoue Gino St-Jean. Un de nos buts est d’aller dans les écoles, chercher les jeunes musiciens qui sont intéressés à jouer de la musique en français. Peut-être qu’il y en a qui vont découvrir la musique franco-ontarienne. »

Pour intéresser ces jeunes, Gino St-Jean mise sur La brunante, un autre classique associé à l’organisme. Créée en 1982, La Brunante offre quelques jours de formation à des artistes de la relève, vers la fin mai.

Le président du conseil d’administration croit aussi que le choix des artistes de La nuit sur l’étang fera la différence.

« On a essayé de trouver des artistes locaux et des artistes de toute la province. Ce qu’on voulait faire, c’est avoir différents groupes pour offrir un spectacle pour les jeunes, et pour les moins jeunes. »

Il croit que les efforts de promotion (tournée des médias et capsules vidéo sur les réseaux sociaux) permettront de remplir les 350 sièges de la salle Trisac. Il indique que la vente se passe bien, et qu’il croit que les décisions de dernière minute viendront compléter la vente.

Le duo LGS sera de retour à La nuit sur l’étang samedi soir. Photo : Gracieuseté de LGS

Pour l’avenir, il souhaite la continuité de La nuit sur l’étang et de sa mission de « promouvoir les artistes franco-ontariens ».

La 52e Nuit sur l’étang aura lieu samedi soir le 22 mars, à Sudbury. « Passons la nuit ensemble », conclut Gino St-Jean, répétant le slogan de cette année. La page Facebook de La nuit sur l’étang promet également qu’une grande nouvelle sera annoncée aux spectateurs sur place.

Le groupe CANO réuni pour le 50e Festival franco-ontarien

OTTAWA – Les organisateurs du Festival franco-ontarien (FFO) ont dévoilé la liste des artistes qui prendront part au spectacle du 50e anniversaire de l’événement, à l’occasion du Rendez-vous francophone annuel du maire (d’Ottawa), ce vendredi. D’une rare apparition de CANO jusqu’à la prestation d’artistes encore à l’école secondaire, le spectacle Aujourd’hui pour demain revisitera l’histoire du festival, tout en s’ouvrant sur la prochaine génération.

Trois heures de musique en continu attendent les spectateurs au parc Major’s Hill, le 13 juin. Tel que dévoilé il y a quelques semaines, la direction artistique et musicale a été confiée à François Dubé et DJ UNPIER, qui ont donné quelques détails supplémentaires en entrevue avec ONFR.

Pour François Dubé, Aujourd’hui pour demain sera « un grand spectacle, unique. J’espère que les gens vont se déplacer, car il y aura des surprises. Les gens qui ne seront pas là vont le regretter. »

En plus de CANO, d’autres artistes de la génération fondatrice de la culture franco-ontarienne seront sur place. Michel Lalonde, de l’autre formation mythique Garolou, et Robert Paquette, l’un des premiers Franco-Ontariens à avoir connu le succès à l’extérieur de sa province, complèteront l’alignement de vétérans. 

Michel Lalonde était également au Festival franco-ontarien en 2023. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Les générations suivantes seront représentées par Manon Séguin, Mélissa Ouimet et LeFLOFRANCO. DJ UNPIER a également réuni une brochette de cinq jeunes rencontrés alors qu’il donnait des ateliers au festival en milieu scolaire Quand ça nous chante. Une démarche constante pour l’artiste, qui a souvent offert une tribune à la relève à travers ses albums et ses spectacles. 

Chaque artiste interprètera non seulement ses propres chansons, mais aussi au moins deux pièces franco-ontariennes en dehors de son répertoire. Un narrateur ajoutera un peu de contexte et de transitions. 

DJ UNPIER se réjouit de participer à cet événement festif. « Ce n’est pas pour revendiquer des droits ou parce qu’on est en train de se faire couper quelque chose. C’est vraiment pour le plaisir, pour célébrer. » Il se dit « très honoré » qu’on ait pensé à lui. François Dubé affirme de son côté : « C’était tellement important pour moi d’être là. »

Aujourd’hui pour demain

En 2024, le FFO avait reconnu que l’un de ses défis était de rajeunir et de diversifier sa programmation, tout en prévenant que 2025 regarderait dans le rétroviseur. Bien sûr, les co-directeurs auraient souhaité inviter beaucoup plus d’artistes sur scène. Il a fallu faire des choix, dû aux horaires et au budget.

Néanmoins, François Dubé assure qu’une attention a été portée afin d’engager un pourcentage équitable de femmes. « C’était prioritaire pour Pier-Bernard (DJ UNPIER) et moi », même si « ce sont les hommes qui se sont imposés » dans les premières années d’émancipation de la culture franco-ontarienne.

« C’est un choix qui n’est pas évident (…) il ne fallait pas se retrouver avec une programmation à 80% d’hommes. On n’aurait pas été confortables là-dedans. » Il assure, entre autres, que Manon Séguin et Mélissa Ouimet prendront beaucoup de place dans le cœur du spectacle.

Mélissa Ouimet lancera un nouvel album en septembre. Aussi sur la photo : le guitariste Olivier Laroche, à Contact ontarois 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le titre est un clin d’œil à l’hymne franco-ontarien Notre place, composé par François Dubé (avec des paroles de Paul Demers) et intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2023.

Celui qui compte lui-même plus de 50 ans de carrière était la personne tout indiquée pour réunir les piliers de la musique franco-ontarienne. 

La formation CANO à l’époque de l’album Tous dans l’même bateau, en 1976. Crédit : Disqu-O-Québec

Toutefois, la partie n’était pas gagnée au moment de demander à Marcel Aymar de réunir ses compatriotes de CANO. Le dernier retour du groupe avait été fait au gala Trille Or il y a une dizaine d’années, mais seulement quatre musiciens étaient présents. Cette fois, « ce sera peut-être la dernière fois » qu’on pourra voir une majorité des membres originaux réunis sur scène, argumente François Dubé. 

« Ils nous préparent tout un numéro. Ils vont essayer de faire en une demi-heure la majorité de leur matériel que les gens connaissent. C’est un événement historique. »

Michel Lalonde présentera aussi un pot-pourri des grands succès de Garolou. Il y aura peut-être aussi un clin d’œil à une collaboration passée avec Bobby Lalonde, puisque ce dernier sera sur place pour accompagner CANO. 

Des jeunes allumés

Pier-Bernard Tremblay, de son vrai nom, rappelle que son premier geste en tant que DJ UNPIER a été de lancer une version remixée de Notre place. Pour lui, une communauté qui encourage ses artistes est la clé de la pérennité de sa culture. 

L’artiste espère montrer au public qu’il y a « un talent exceptionnel en Ontario français qui est différent de celui que l’on avait il y a 50 ans, mais qui est tout aussi fort. Quand tu penses à CANO ou à Robert Paquette (…), ils étaient soutenus par leur communauté. »

Il espère que cette fierté franco-ontarienne soit reconduite pour la relève actuelle, qu’il présente cette fois avec Hélo Rose, ST200F, EmCee JaN!E et le duo de rap Genman et Ulyvan.

DJ UNPIER et son complice LeFLOFRANCO invitent régulièrement des artistes de la relève sur scène, comme lors du FFO en 2022. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

 « J’ai dit à Pierre : je vais m’occuper des vieux, occupe-toi des jeunes », s’amuse François Dubé.

« C’est devenu plus collaboratif que ça. On s’entend vraiment très bien », renchérit DJ UNPIER. « On était d’accord sur à peu près tout, » acquiesce son compatriote. 

François Dubé ne tarit d’ailleurs pas d’éloges envers la jeune Hélo Rose, à qui il enseigne le piano et la composition depuis plusieurs années. À seulement 14 ans, Hélo Rose est la plus jeune membre de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). 

De son côté, DJ UNPIER affirme que « Genman est le Robert Paquet de 2025 et le monde ne le sait pas encore. (Ces jeunes) sont exactement ce dont notre culture a besoin. »

Changement de mains… ou presque

C’est Groupe Simoncic qui organisait le Festival franco-ontarien dans les deux dernières décennies. Le 5 mars dernier, on apprenait que l’événement passait aux mains des Forains, une nouvelle compagnie du Groupe JKB qui se spécialise dans le déploiement de grands événements. 

Ce changement est aussi une continuité, puisque le président-directeur général et fondateur de Groupe JKB, José Bertand, occupait la fonction de directeur général de Groupe Simoncic depuis 2023. Le président de Groupe Simoncic, Daniel Simoncic, reste aussi en tant que conseiller principal auprès des Forains. 

José Bertrand lors du lancement de la programmation générale du FFO 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Joint au téléphone, José Bertrand confirme que l’équipe reste la même. « C’est exactement la même structure, sous un autre toit ». 

La filiale Les Forains a été créée pour séparer les activités événementielles de celles de l’agence artistique du Groupe JKB.

Le 50e Festival franco-ontarien aura lieu du 12 au 14 juin au parc Major’s Hill d’Ottawa. L’humoriste Patrick Groulx agira comme ambassadeur pour les trois prochaines années.

Élections fédérales : Doug Ford ne fera pas campagne avec Pierre Poilievre

OTTAWA – Doug Ford et ses députés progressistes-conservateurs ne feront pas campagne auprès de leurs confrères au fédéral, a affirmé le premier ministre de l’Ontario à près de 48 heures d’un déclenchement d’élections fédérales.

« Je n’aiderai personne. Ce n’est pas mon rôle », a affirmé Doug Ford vendredi devant les journalistes.

Comme en 2021 avec Erin O’Toole, le premier ministre ontarien, qui a nommé plus tôt cette semaine son nouveau cabinet, a précisé qu’il préférait que ses députés ne soient pas aux côtés des candidats conservateurs fédéraux lors des cinq semaines de campagne électorale.

« Je veux être certain que mes députés vont remplir notre mandat. Nous allons être complètement submergés. Concentrons-nous sur l’Ontario. C’est notre objectif principal », a-t-il offert comme explication, quelques instants avant une rencontre de premiers ministres des provinces du pays avec Mark Carney à Ottawa.

Il a formulé ces propos après un reportage du Toronto Star jeudi, qui rapportait que M. Poilievre aurait demandé au premier ministre ontarien de l’appuyer publiquement, ce qu’il aurait refusé. Doug Ford avait alors répliqué « qu’il serait prêt à travailler avec n’importe qui » à Ottawa.

Doug Ford et Pierre Poilievre ont chacun soutenu que le reportage dans le quotidien torontois n’était pas véridique.

« Il ne m’a pas demandé de le soutenir. Il m’a demandé pour mes conseils et comme je l’ai dit à tous : dis aux Canadiens comment vous allez les protéger, protéger leurs emplois, leurs communautés et leurs entreprises… J’ai donné les mêmes conseils à Mark Carney », a relaté Doug Ford, qui précise que c’était la première fois qu’il parlait au leader fédéral.

Le chef conservateur Pierre Poilievre lors d’une conférence de presse plus tôt cette semaine à Sudbury. Crédit image : Inès Rebei/ONFR

Le quotidien torontois indique que, selon des sources conservatrices anonymes, l’appel entre les deux chefs conservateurs était même « malaisant » en raison du peu d’atomes crochus entre M. Ford et M. Poilievre, ce qu’a démenti ce dernier.

« On a eu une excellente conversation par rapport au Cercle de feu, à la nécessité de couper les taxes et impôts, de libérer le potentiel de notre économie et de confronter l’agression économique des Américains en ramenant la souveraineté économique ici, au Canada », a soutenu M. Poilievre.

Pierre Poilievre aurait aussi appelé Doug Ford pour le féliciter pour sa victoire près de trois semaines après sa réélection. C’était la première fois que M. Poilievre offrait ses félicitations au premier ministre ontarien, alors que Justin Trudeau avait offert ses compliments dans l’heure suivant la reconduite du politicien progressiste-conservateur à la tête de l’Ontario.

La politologue Geneviève Tellier se dit peu surprise d’un tel constat entre les deux politiciens, argumentant que M. Ford veut probablement envoyer un message au politicien fédéral : « Tu veux travailler avec moi, tu vas me prendre au sérieux. ».

« On ne voit pas beaucoup d’affinités alors qu’il devrait y en avoir. M. Poilievre n’aurait jamais dû laisser ça arriver et je pense qu’il aurait dû parler à M. Ford depuis très longtemps. M. Poilievre arrive quand les choses vont mal au Parti conservateur », observe la professeure de l’Université d’Ottawa.

Dans les dernières années, Doug Ford a souvent vanté le travail de ministres libéraux fédéraux comme Dominic Leblanc et Chrystia Freeland. Cette dernière était une invitée d’honneur de Doug Ford mercredi lors du dévoilement de son Conseil des ministres. La semaine dernière, le leader ontarien a rencontré son homologue fédéral Mark Carney lors d’un déjeuner.

Doug Ford et Mark Carney lors d'une rencontre à Etobicoke
 quelques jours après l'élection de ce dernier comme chef libéral. Source: Twitter Doug Ford.
Doug Ford et Mark Carney lors d’une rencontre à Etobicoke, quelques jours après l’élection de ce dernier comme chef libéral. Source : Twitter Doug Ford.

En 2021, sous Erin O’Toole, Doug Ford avait demandé à ses ministres de ne pas faire campagne auprès des candidats conservateurs. En 2019, Andrew Scheer a refusé de se présenter aux côtés de M. Ford, invitant même le premier ministre albertain de l’époque, Jason Kenney, à faire campagne avec lui en Ontario, notamment à Etobicoke, un fief de Doug Ford.

Un nouveau financement de 1,8 million de dollars pour l’Université de Sudbury

SUDBURY – Le gouvernement fédéral octroie une première tranche de financement de 1 809 310 $ sur trois ans afin de soutenir la mise en place de la facture académique unique de l’Université de Sudbury (UdeS).

« On a reçu des nouvelles de Patrimoine canadien (la semaine dernière). C’est vraiment un élément névralgique de la façon qu’on fait l’enseignement ici », confie le recteur et vice-chancelier de l’Université de Sudbury, Serge Miville, en entrevue avec ONFR.

« Cette aide financière n’a pas été octroyée par le biais du fonds complémentaire, mais plutôt dans le cadre du Fonds d’investissement stratégique pour les établissements postsecondaires (FIS), réaffirmant ainsi l’engagement du gouvernement à promouvoir le savoir en français », confirme le Cabinet de la ministre des Langues officielles et de la ministre associée de la Sécurité publique.

Le financement a été octroyé avant l’assermentation du nouveau premier ministre Mark Carney et de son cabinet, alors que Rachel Bendayan était la ministre des Langues officielles. La nouvelle n’a pas encore été publicisée par le gouvernement fédéral qui se prépare à entrer en élections ce dimanche.

« On est bien contents, c’est le travail acharné de nos députés fédéraux, les fonctionnaires à la fois au fédéral et au provincial qui nous ont soutenus », a également lancé Serge Miville lors du 5 à 7 organisé par l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury, jeudi soir à l’UdeS.

Le provincial a appuyé le financement

Le recteur de l’établissement, qui s’était vu refuser un financement du gouvernement provincial en juin 2023, indique que le ministère des Collèges et Universités a appuyé l’octroi de ce financement auprès du gouvernement fédéral.

Dans un échange de courriel, l’attachée de presse du ministre Nolan Quinn confirme qu’en novembre 2024, le ministère des Collèges et Universités a envoyé une lettre au gouvernement du Canada afin de manifester son appui à cinq projets proposés par des établissements collégiaux et universitaires de l’Ontario dans le cadre du Fonds d’appui au secteur postsecondaire et aux savoirs scientifiques en français mis en place par le gouvernement fédéral. 

« Parmi ces cinq projets ontariens figurait le financement fédéral destiné à l’Université de Sudbury qui vise à mettre en place une structure et des outils favorisant la réussite scolaire. Ce programme étant financé par le gouvernement fédéral, la province de l’Ontario n’a versé aucune contribution financière à ces projets », écrit également Bianca Giacoboni.

Une approche unique

En mars 2024, l’Université de Sudbury avait annoncé un partenariat avec l’Université d’Ottawa pour offrir des cours dès la rentrée 2025. En tout, ce seront 23 programmes dans les domaines des arts, des sciences sociales, de la gestion et des sciences de la santé qui y seront proposés.

« Tous les programmes vont intégrer une mineure en leadership et gestion des équipes, et à l’intérieur de ça, il y a tout un mécanisme d’appui continu des étudiantes et des étudiants », fait savoir M. Miville.

L’objectif : promouvoir la rétention et le succès des étudiants. Pour ce faire, les étudiants seront accompagnés par des coachs.

L’ex-professeur d’histoire souhaite, avec cette approche particulière, créer un sentiment de cohorte et d’appartenance à la communauté pour tous les étudiants : « L’idée ici, c’est qu’on a une équipe. Le succès est collectif plutôt que strictement individuel. »

Il conclut : « C’est la valeur ajoutée de l’Université de Sudbury. Tous les programmes vont passer à travers ce noyau-là, ce qui fait en sorte que c’est un parcours unique qui n’existe nulle part ailleurs au pays. »

Quatre ministres de l’Éducation en moins d’un an : les enseignants réclament de la stabilité

La nomination d’un nouveau ministre de l’Éducation, le quatrième en l’espace d’un an, suscite des interrogations chez les enseignants. En quête de dialogue stable, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) regrette ce changement, alors que des «  enjeux pressants » doivent être réglés.

« Nous ne pouvons ignorer notre vive inquiétude face à l’instabilité dans ce ministère », a déclaré ce jeudi Gabrielle Lemieux, présidente de l’AEFO, au lendemain de l’assermentation des ministres ontariens.

« Paul Calandra devient le quatrième ministre de l’Éducation en moins d’un an : une situation qui soulève des questions sur la priorité qu’accorde ce gouvernement quant à l’éducation, ainsi que sur la continuité et la cohérence des politiques éducatives en Ontario. »

L’ex-ministre des Affaires municipales et du Logement succède à Jill Dunlop qui elle-même avait repris ce portefeuille en août 2024 à la suite du retrait de la vie politique de Todd Smith, resté deux mois à la tête de ce portefeuille. Auparavant, c’était Stephen Lecce qui assurait ce rôle depuis l’arrivée au pouvoir des progressistes-conservateurs en 2018.

Sous le gouvernement Ford, Paul Calandra a enchainé plusieurs portefeuilles : un an et demi au Logement et autant aux Soins de longue durée, en parallèle du portefeuille des Affaires législatives (qu’il a géré durant deux ans et demi) et de son rôle de leader parlementaire (depuis 2019).

Le député de Markham-Stouffville avait débuté comme adjoint parlementaire au ministre de l’Énergie, du Développement du Nord et des Mines de 2018 à 2019, avant d’être nommé ministre sans portefeuille.

« Besoin de stabilité et de leadership à long terme »

« Nos membres du personnel enseignant, les élèves et leurs familles ont besoin de stabilité et de leadership à long terme pour faire face aux défis du secteur », clame le syndicat qui représente quelque 12 000 professionnels de l’éducation de langue française, impatient de traiter les « enjeux pressants » du système éducatif francophone.

Et de citer la pénurie de personnel enseignant et de soutien, la charge et les conditions de travail, la violence croissante dans les milieux scolaires, le besoin accru de ressources en santé mentale et le manque de financement et de ressources spécialisées adaptées aux besoins des élèves.

« Ces enjeux nécessitent des solutions concrètes et urgentes et j’espère que cette nomination apportera une nouvelle orientation avec des politiques éducatives plus équitables et adaptées aux réalités du terrain », indique Mme Lemieux qui se dit prête à collaborer avec le nouveau ministre.

Des syndicats anglophones, comme l’Association des enseignants catholiques de l’Ontario (OECTA), ont réagi dans la même veine : « La rotation des ministres nous amène à nous demander si le gouvernement Ford partage nos priorités. Nous sommes déçus qu’aucun des ministres de l’Éducation qui ont siégé à Queen’s Park au cours de la dernière année n’ait véritablement collaboré avec nous. »

La Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (ETFO), a fait part quant à elle de son souhait de « rétablir et renforcer le système d’éducation publique de l’Ontario après des années de compressions budgétaires néfastes. »

Une émission dans les deux langues officielles signée TVO et TFO

En cette Journée internationale de la Francophonie, ce jeudi soir, une émission spéciale bilingue en partenariat avec TVO et TFO a été diffusée à 20h sur les deux chaînes. Le thème : « Où en sont les deux solitudes au Canada? » – les mondes anglophone et francophone – 80 ans après le livre emblématique Two solitudes de Hugh MacLennan. L’occasion de faire vivre sur un même plateau, et pour la première fois, les deux langues officielles à égalité, avec des invités bilingues et des sous-titres.

Cette émission spéciale d’une heure, diffusée à la télévision sur les chaines TFO et TVO dès 20 h jeudi soir, peut désormais être visionnée via le lien YouTube ci-dessous à loisir ainsi que sur les sites TFO.org et TVO.org.

Autour de la table, quatre invités bilingues : Yann Martel, philosophe et écrivain, auteur du fameux ouvrage L’Histoire de Pi, Stéphanie Chouinard, professeure agrégée de science politique au Collège militaire royal de Kingston, Tasha Kheiriddin, chroniqueuse politique pour le National Post et Serge Dupuis, historien et auteur, notamment de l’ouvrage Deux poids, deux langues.

Le français et l’anglais, utilisés de façon égalitaire et interchangeable par tout le monde, seront accompagnés des sous-titres.

Ainsi, répondre à la question « Où en sont les deux solitudes au Canada? » est l’occasion d’aborder des enjeux clés sans détours, de rappeler des contextes historiques parfois ignorés, de démystifier des stigmas, pour permettre à chacune des deux solitudes de se mettre à la place de l’autre.

Part intégrante de cette conversation, les voix des Autochtones et des allophones sont également au cœur des échanges.

L’évolution des démographies, l’inclusivité versus la protection linguistique, les barrières que dressent l’insécurité linguistique, ou encore les limites et les pistes d’amélioration du bilinguisme, autant de sujets clés débattus avec ce panel.

Une première au hasard d’une rencontre

Cette collaboration est le fruit d’une rencontre fortuite entre les journalistes d’ONFR Rudy Chabannes, rédacteur en chef, et Sandra Padovani, journaliste parlementaire, avec Steve Paikin, l’animateur de The Agenda with Steve Paikin de TVO, en juin 2023, à l’occasion du 50e anniversaire du Bureau de Québec à Toronto.

Une discussion démarre alors sur les aspirations de la journaliste parlementaire de travailler davantage dans les deux langues officielles pour les rapprocher et de la réponse sans équivoque de Steve Paikin « Let’s do this ».

Une idée que lui-même espérait en effet voir le jour depuis près de 20 ans, selon ses propres mots « Enfin une émission bilingue pour un pays bilingue ».

Les difficultés à faire naître un projet télévisé de zéro, entre deux entités distinctes, les deux chaines s’étant séparées l’une de l’autre depuis 2007 (auparavant TVOntario), n’ont pas entamé la ténacité des deux côtés de vouloir chambouler le paysage médiatique canadien, drastiquement fractionné et segmenté par langue officielle.

The rest is history, car c’est maintenant chose faite.

Même si cette émission n’a pas vocation ni prétention à régler un problème et des enjeux de plusieurs siècles et de plusieurs dernières décennies, il s’agit d’un premier pas pour initier un rapprochement, bâtir des ponts et inclure tous les Canadiens, quelle que soit leur langue officielle.

Le Canada entre en période électorale

élection, canada, élections

OTTAWA – Le nouveau premier ministre Mark Carney va déclencher des élections anticipées avec un jour de scrutin prévu le 28 avril ou le 5 mai. Il ira voir la gouverneure générale ce dimanche 23 mars pour dissoudre le Parlement.

C’est ce qu’ont rapporté plusieurs médias nationaux jeudi, dont Radio-Canada et le Globe and Mail. La campagne électorale doit durer un minimum de 37 jours et les règles d’Élections Canada exigent que ça soit un lundi. Les travaux au Parlement devaient en principe reprendre le 24 mars, la Chambre des communes ayant été dissoute au début du mois de janvier par Justin Trudeau, lors de l’annonce de sa démission à titre de premier ministre. Mark Carney n’a pas voulu confirmer qu’il irait rendre visite à Mary Simon à Rideau Hall dimanche.

« C’est la convention ici que la première personne qui sait la date de l’élection, c’est la gouverneure générale avant les autres. Ce qui est clair, c’est nécessaire pour le gouvernement d’avoir un mandat clair pour le Parti libéral », a-t-il plaidé lors d’une conférence de presse à Edmonton

Ces élections interviennent dans un contexte une guerre tarifaire provenant des États-Unis, ce qui a ramené le Parti libéral au-devant de la scène.

Selon la firme de sondage Léger, en date du 18 mars, les libéraux sont de retour au sommet avec 42 % des intentions de vote contre 38 % pour les conservateurs de Pierre Poilievre. La course est principalement serrée en Ontario où Mark Carney recueillait 44 % des voix contre 42 % pour son opposant conservateur. Ces chiffres sont un renversement de situation alors que c’est la première fois depuis 2023 que les libéraux sont au premier rang à l’échelle du pays.

Depuis son élection à titre de chef libéral il y a deux semaines, Mark Carney a nommé un nouveau cabinet en plus de s’envoler en Europe où il a rencontré le président français Emmanuel Macron et son homologue britannique, Keir Starmer. Le président américain Donald Trump a d’ailleurs indiqué sa préférence pour Mark Carney, affirmant qu’« il est plus facile de traiter avec un libéral », tout en précisant qu’il se « fiche complètement » des élections canadiennes.

« Le conservateur qui se présente n’est vraiment pas mon ami. Je ne le connais pas, mais il a tenu des propos négatifs », a déclaré M. Trump sur Pierre Poilievre, sur les ondes de Fox News.

« La langue française, c’est une résistance pour eux » : Réagir face aux géants du web anglophones

Au moment où l’utilisation du français sur Internet rétrograde à la 5e place, l’intelligence artificielle (IA) évolue à travers des biais algorithmiques qui favorisent l’exception anglo-saxonne, au détriment d’une diversité culturelle francophone. En cette Journée internationale de la Francophonie, l’idée de mettre l’IA au service du français est préoccupante dans la province, comme dans toutes les nations qui pratiquent la langue de Molière.

« La souveraineté culturelle va de pair avec la souveraineté numérique. Et il faut reconnaître une chose, c’est qu’on l’a perdue », soutient l’expert médias Alain Saulnier, également auteur du livre Tenir tête aux géants du web. Une exigence démocratique.

Dans un contexte où les cultures et les langues sont largement diffusées par des plateformes monopolisées par les géants du Web, à savoir Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft (GAFAM), ces deux souverainetés font jeu égal sur la toile.

Hosni Zaouali, un entrepreneur franco-ontarien devenu conférencier à Stanford University sur l’impact de l’IA sur l’éducation en a très tôt compris les enjeux et en fait une analogie puissante avec la colonisation. « C’est une colonie digitale. Aujourd’hui les francophones n’utilisent aucun outil français et toutes leurs données s’en vont à Pékin ou dans la Silicon Valley », dit-il.

Au fur et à mesure qu’Internet devient interactif, les implications de l’IA sur la culture, telles que la traduction automatique (ou curation de contenu), risquent de s’appuyer sur des données et algorithmes biaisés, autrement dit entrainés à une culture initiale de leur choix.

« Ces plateformes utilisent des algorithmes plus agressifs dans le sens qu’ils sont conversationnels et ils sont encore plus obscurs parce qu’on ne connait pas la base de données », décrypte la Dr Hela Zahar, professeure agrégée et responsable du pôle d’études et de recherche en cultures numériques à l’Université de l’Ontario français (UOF).

Selon la chercheure et sociologue de numérique Hela Zahar, une guerre numérique se profile. Photo : Gracieuseté : Hela Zahar

Une guerre des algorithmes

À Paris le mois dernier, le Canada s’est érigé parmi les fervents défenseurs de la diversité linguistique lors du 18e Comité intergouvernemental pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO. La transparence des outils et plateformes n’a jamais été aussi cruciale à l’heure où l’espace numérique devient capable de façonner langues et cultures.

Alain Saulnier soutient de surcroît que l’IA n’est pas neutre et donc « surtout pas favorable à ce moment-là aux cas francophones ».

Basée à Ottawa, l’Alliance nationale de l’industrie musicale (ANIM), a également anticipé le risque des algorithmes. Alexis Adamczyk, qui en est le coordinateur numérique, a mis en place des « guichets » d’aide au référencement des métadonnées des artistes francophones en Ontario et partout hors Québec, afin de favoriser la découvrabilité des acteurs de l’industrie musicale francophone.

En tant que coordinateur numérique de l’ANIM, Alexis Adamczyk (à droite) aide les professionnels de l’industrie musicale francophone en Ontario et partout en dehors du Québec. Photo : Gracieuseté : Alexis Adamczyk

Par ailleurs, la portée politique l’ANIM s’inscrit dans ses initiatives de lobbying pour la loi C-11 qui contraint les services de streaming à favoriser le contenu canadien. « C’est une bataille constante d’être un artiste francophone hors Québec, une bataille culturelle, identitaire et politique », affirme Pénélope Gaultier qui siège dans le conseil d’administration de l’organisation.

« C’est une guerre technologique qui est en train de se passer »
— Dr Hela Zahar, chercheure à l’UOF

Avec les pressions exercées par l’administration de Trump et les GAFAM, la nécessité d’exercer un droit souverain et de concourir à des politiques visant à protéger la langue et la culture francophone s’impose. En effet, selon la Dr. Zahar, le contrôle vient par le numérique « C’est une guerre technologique qui est en train de se passer », soutient-elle.

La francophonie est-elle en train de perdre pied?

Couvrant 38,7 % des contenus sur Internet, l’anglais jouit d’une présence si forte qu’il demeure difficile de dire comment le français pourrait tirer son épingle du jeu à court terme. Toutefois, M. Zaouali pense que la francophonie ne disparaitra pas.

Il affirme que l’Afrique qui représente près des deux tiers de la francophonie mondiale peut inverser la tendance. « D’ici 2050, un humain sur quatre sera africain. »

Dans cet ordre d’idées, l’impératif de sensibiliser la jeunesse à consommer, créer, innover et entreprendre sur la scène francophone est la clé pour assurer l’existence du français dans l’espace numérique.

Accolade entre Emmanuel Macron et Justin Trudeau
Accolade entre le président français Emmanuel Macron et Justin Trudeau, dont les pays représentent les deux principaux bailleurs de fonds de l’OIF. Photo : Pool / Collectif / Getty Images News via Getty Images

La stratégie de la Francophonie numérique 2022-2026 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) met la pression sur les gouvernements pour investir pour favoriser un progrès culturel francophone. L’alliance entre le Canada et la France évolue au même titre que la révolution technologique place l’IA au cœur de cette amitié politique pour assurer son service à la langue française.

Ces derniers mois, une visite du président français à Ottawa et de l’ancien premier ministre Trudeau au Sommet sur l’IA à Paris a contribué à aligner l’agenda des deux chefs d’État sur la francophonie.

L’antagonisme entre souveraineté culturelle et numérique devient une source de frictions dans la mesure où la souveraineté démocratique des États pourrait entrer jeu. « Aujourd’hui, la souveraineté digitale est la plus importante souveraineté », lance Hosni Zaouali. En tant que pays bilingue, la quête du Canada vers une souveraineté numérique francophone est d’autant plus pertinente dans un pays où des minorités linguistiques doivent cohabiter et défendre de leur statut. « Pour construire nos propres outils, positionne-nous dès maintenant », conclut l’entrepreneur torontois.

Cohabiter : à la recherche d’un toit et d’une connexion humaine

Dans le documentaire Cohabiter, la réalisatrice Halima Elkhatabi suit de jeunes Montréalais en quête d’une colocation, capturant avec sensibilité leurs échanges, espoirs et vulnérabilités. À travers une série de visites d’appartements, le film brosse le portrait d’une génération qui manque de repères, naviguant entre individualisme et besoin de communauté. Un premier long métrage documentaire touchant, qui explore avec finesse ce que signifie vraiment « vivre ensemble ».

Dix endroits sur la planète où la francophonie surprend

De la forêt amazonienne au Pacifique-Sud, en passant par l’Asie centrale et l’océan Indien, la langue française s’est implantée dans des régions inattendues, au gré des liens diplomatiques, de l’enseignement, de l’usage administratif ou encore de la proximité avec des pays de langue française. En cette Journée internationale de la francophonie, voici dix endroits aux influences francophones dont vous n’avez peut-être pas entendu parler.

Dans les rues de Cabinda (Angola), on parle français et portugais, entre autres. Photo : Canva

Cabinda, exception francophone en pays lusophone

En Angola où la langue officielle est le portugais, une région se distingue par l’usage courant du français dans sa population. Dans Cabinda, 90 % des alphabétisés parlent français, contre 10 % portugais. Une situation linguistique singulière qui s’explique principalement par sa géographie…

Cette région enclavée de 7 270 km² est séparée du reste du pays par un bout de territoire de la République démocratique du Congo (RDC), pays francophone avec qui elle entretient des relations économiques et culturelles. Elle est aussi bordée par un autre pays francophone, au nord : la République du Congo. C’est en partie cette caractéristique qui a incité l’Angola à rejoindre l’Organisation internationale de Francophonie (OIF).

Le français est une langue officielle dans la Vallée d’Aoste, en Italie. Photo : Canva

Dans la Vallée d’Aoste, toute une « Histoire »

Saviez-vous que dans le nord-ouest de l’Italie, le français était la langue officielle (au côté de l’italien) d’un minuscule territoire de 3200 km²? C’est la Vallée d’Aoste, à la frontière française. Ses 123 000 habitants parlent également le valdôtain, un dialecte franco-provençal reconnu régionalement. La raison est profondément historique : du 15e siècle jusqu’à son annexion par l’Italie en 1860, ce territoire a été exclusivement francophone, largement associé aux États de Savoie.

De nos jours, bien que l’Italien y soit la langue majoritaire, le français y est enseigné dans les écoles et utilisé dans l’administration. Depuis 1948, le statut spécial d’autonomie de la vallée instaure la parité lingusitique. Il demeure un vecteur culturel local riche qui se retrouve dans la littérature, la musique et les arts, à l’image du Festival de la musique de Vallée d’Aoste.

Wallis, une des trois îles de l’archipel de Wallis-et-Futuna (France) dans le Pacifique-Sud. Photo : Canva

Wallis-et-Futuna, une langue (de terre) dans l’océan

Mettons les voiles sur Wallis-et-Futuna, planté dans l’immensité du Pacifique-Sud. Dans cet ensemble de trois îles, plus de 82 % des quelque 11 600 habitants parlent français, la langue officielle. Moins connu que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, ce double archipel est pourtant tout autant qu’eux un territoire d’outre-mer français d’Océanie, et ce depuis 1961.

Les cours à l’école primaire, au collège et au lycée sont entièrement en français. La chaîne de télévision et la radio locale, Wallis et Futuna 1re, émettent des programmes en français et en wallisien ou en futunien, deux langues polynésiennes vernaculaires. L’anglais s’y accroche également de par la proximité des îles anglophones Fidji, Tonga et Samoa.

L’Amapá est plus tournée vers la Guyane que vers le reste du Brésil, dont elle est séparée par l’Amazone. Photo : Canva

L’Amapa, porte d’entrée vers la Guyane française

Au Brésil, le plus francophone des pays de l’Amérique du Sud (avec près de 620 000 locuteurs et 150 000 apprenants), une région du nord entretient une étroite relation avec le français : il s’agit de l’Amapá. seul État brésilien où la première langue étrangère apprise est le français. Son apprentissage du français est d’ailleurs obligatoire dans ses écoles publiques depuis 1999, protégé par une loi fédérale.

Dans cet État coupé du reste du pays par le fleuve Amazone, l’intérêt de la population est naturellement porté sur la proximité immédiate de la Guyane française, gage de désenclavement, de développement économique et d’opportunités d’emploi. À tel point que la première langue Apprendre le français nourrit l’espoir d’une vie meilleure. En Amapá, on parle aussi le karipuna, un créole à base lexicale française comportant du vocabulaire lusophone.

Chisinău, capitale de la Moldavie, un pays d’Europe de l’Est membre de l’OIF depuis 2016. Photo : Canva

À Chisinău, une langue de prestige et de diplomatie

La langue française est aussi une réalité en Moldavie. À Chisinău, la capitale, on enseigne cette langue étrangère dans les écoles et à l’Université d’État qui dispense des programmes en français qui ouvrent des perspectives d’emploi à l’international. La francophonie est renforcée par la présence d’institutions comme le Centre culturel français et de grandes entreprises telles que Danone ou Carrefour.

Au-delà des liens diplomatiques entre Paris et Chisinău, le français a conquis dans ce coin d’Europe de l’Est un statut de langue d’élite intellectuelle sous l’Empire russe et l’ère soviétique. On estime à près de 40 % la part des élèves qui l’apprennent au secondaire et à 1% la proportion de Moldaves la pratiquant dans ce pays qui a rejoint l’OIF en 2016.

Une façade colorée de Pondichéry (Inde), ancien comptoir français au bord de l’océan Indien. Photo : Canva

À Pondichéry, 300 ans d’influence en héritage

Dans la ville côtière indienne de Pondichéry, l’influence française se retrouve dans l’architecture, la culture et même la pratique administrative, bien que l’anglais y soit la langue officielle. Près de 300 ans de colonialisme ont laissé en héritage un quartier français, des noms de rues caractéristiques et une forte empreinte catholique symbolisée par la Cathédrale de l’Immaculée Conception et l’Église Notre-Dame-des-Anges.

Première langue étrangère enseignée dans le pays, le français demeure une langue vivante transmise par les écoles et collèges comme le Lycée français de Pondichéry. Celle que l’on surnomme la « Petite France de l’Inde » abrite également la plus vieille des Alliances françaises, le consulat général de France et l’Institut français en Inde.

La cité portuaire de Banjul (Gambie) est linguistiquement étroitement liée au Sénégal voisin. Photo : Canva

Banjul, îlot gambien au milieu de la francophonie sénégalaise

Le français y est une langue étrangère. Pourtant, 20 % de sa population le parle. Nous sommes en Gambie, pays (membre observateur de l’OIF depuis 2018) qui a bâti ses frontières autour du fleuve du même nom. Dans sa capitale, Banjul, l’anglais, de par son statut officiel, est la langue la plus répandue parmi ses plus de 35 000 habitants.

Elle côtoie les langues régionales (le madinka, le wolof, le peul, le soninké, le sérère, le krio), mais aussi le français. Il faut dire que le Sénégal voisin, où vivent plus de 4 millions de locuteurs francophones, encercle la quasi totalité de ce pays bordant l’océan Atlantique.

Près de 80 % des habitants de la Dominique communiquent en kwéyòl, un créole dérivé du français. Photo : Canva

La Dominique, trait d’union entre Guadeloupe et Martinique

Petite île perdue dans les Caraïbes, la Dominique a certes l’anglais pour langue officielle, mais 5 % de sa population pratique le français standard et près 80 % le créole dominicain (kwéyòl), un dérivé du français qui se perpétue largement. Dans ce pays membre de l’OIF depuis 1979, un an après son indépendance du Royaume-Uni, le français a marqué de son empreinte l’histoire et la culture locale.

Il se perpétue grâce aux écoles, à travers des événements tels que la Semaine de la francophonie et des institutions comme le Lycée français ou encore l’Alliance française. La Dominique entretient par ailleurs des relations commerciales et culturelles avec la Gadeloupe au nord et de la Martinique au sud, deux territoires ultramarins de la France. Le Canada y soutient des programmes de développement et la France, par l’intermédiaire de l’Agence française de développement, y finance des projets d’infrastructure.

Dans la justice, les médias, la politique, l’éducation… le français occupe une place à part à Djibouti. Photo : Canva

À Djibouti, le français officiel dans une région dominée par l’anglais et l’arabe

Dans ce petit pays d’à peine plus de 23 000 km2 situé sur la Corne de l’Afrique, où anglais et arabe dominent la géolinguistique, le français occupe paradoxalement un statut de langue officielle, même si les langues nationales, l’afar et le somali, sont bien plus utilisées dans la vie courante. Après son indépendance acquise en 1977, Djibouti a en effet conservé cette langue omniprésente dans l’éducation, l’administration, les médias et la justice.

Les discours politiques de portée internationale sont rédigés en français, les échanges sur les réseaux sociaux sont principalement en français, le système judiciaire de droit commun travaille exclusivement dans cette langue, la presse écrite francophone est en situation de monopole, la monnaie est le franc djiboutien et la scolarité s’appuie sur les programmes français.

Ancienne capitale du Kazakhstan, Almaty est un centre culturel et historique du pays. Photo : Canva

Almaty ou l’inattendue francophonie d’Asie centrale

Ancienne capitale du Kazakhstan, Almaty est le centre culturel et historique du pays des steppes. La francophonie y joue une part modeste mais active, à l’image de son Alliance française implantée depuis une vingtaine d’années. Chaque année, la cité accueille le Printemps de la francophonie, un festival célébrant la diversité des cultures francophones.

Le français est enseigné dans plusieurs écoles, dont un des quatre établissements bilingues du pays. On estime à 1 % le nombre d’élèves apprenant cette langue, souvent une troisième langue après le Kazakh, langue officielle, et le russe. Depuis l’indépendance obtenue en 1991, le Kazakhstan a intensifié ses liens diplomatiques avec la France, un des premiers pays à le reconnaître.

Seuls 13 % des Franco-Ontariens reçoivent systématiquement leurs soins en français 

De récents chiffres publiés par Statistique Canada sur la « fréquence de l’obtention de services ou de soins de santé dans la langue officielle minoritaire » révèlent une réalité contrastée pour les francophones de l’Ontario. 

En 2022, une étude de Statistique Canada a interrogé plus d’un million et demi de citoyens à travers tout le Canada, dont 327 270 personnes à l’échelle de la province de l’Ontario. Les résultats publiés récemment montrent que 76,6 % des Franco-Ontariens déclarent avoir reçu des services ou des soins de santé en français au moins une fois. Cependant, cet accès reste irrégulier et loin d’être garanti. 

Seuls 13 % des patients francophones affirment recevoir toujours leurs soins en français, tandis que 21,6 % y ont accès souvent. À l’inverse, 42,1 % des Franco-Ontariens disent ne recevoir des soins en français que parfois ou rarement, et 23,4 % n’y ont jamais accès. 

Dr Michael Reaume. Gracieuseté

Le Dr Michael Reaume, spécialiste en néphrologie à l’Hôpital d’Ottawa, confirme que ces données reflètent la réalité du terrain. « Environ trois quarts des francophones en Ontario reçoivent au moins une partie de leurs soins en français, mais près de 25 % n’y ont jamais accès », affirme-t-il.

Pour lui, ces résultats sont similaires à ceux d’autres études menées avec différentes bases de données, notamment ses propres recherches sur la concordance linguistique patient-médecin et les résultats de santé cardiovasculaires. 

Mais bien que les chiffres Statistique Canada offrent un aperçu global de la situation, les experts sont unanimes : il faut les interpréter avec prudence. 

Antoine Désilet, directeur général de la Société Santé en français, souligne une limite méthodologique dans la collecte des données : « Il est difficile de quantifier précisément l’expérience linguistique des patients. Une visite chez un pharmacien ou une réceptionniste peut être comptabilisée comme un service reçu en français, même si l’ensemble des soins médicaux ne l’est pas. » 

Selon lui, une autre étude menée par Léger Marketing en 2020 pour Santé Canada peignait un tableau bien plus sombre : 60 % des Franco-Ontariens déclaraient ne pas avoir reçu de service de santé en français.

Antoine Désilets, directeur général de Société Santé en français. Gracieuseté

« L’écart entre ces deux ensembles de données montre que les méthodologies utilisées sont très différentes », observe M. Désilet. 

Même constat du côté de Normand Glaude, directeur général du Réseau des services de santé en français de l’Est de l’Ontario : « Lorsque l’on regarde les chiffres globaux, cela peut donner l’impression que la situation est satisfaisante. Mais en creusant, on voit des disparités géographiques importantes. »

Des services inégalement répartis

Selon M. Glaude, l’accès aux soins en français varie considérablement selon la localisation des patients. Ainsi, dans l’Est ontarien et à Ottawa, où les francophones sont plus nombreux, l’offre est relativement bien développée, explique-t-il, rappelant que de nombreux établissements de santé y sont désignés pour offrir des services en français.

En revanche, dans certaines régions rurales de l’Est, l’accès aux services de santé en français est compliqué par la distance que les patients doivent parcourir pour se faire soigner, estime-t-il

Il cite également comme exemple l’ouest d’Ottawa où l’offre n’a pas suivi l’évolution démographique. 

« Certaines régions, comme Kingston, Pembroke et l’ouest d’Ottawa, sont encore mal desservies en matière de soins de santé en français, malgré les obligations légales », précise-t-il.

Normand Glaude, directeur général du Réseau des services de santé en français de l’Est de l’Ontario. Gracieuseté

Il déplore aussi qu’il existe encore des secteurs où il n’y a tout simplement aucune offre de soins en français, comme les soins palliatifs, qui n’étaient pas accessibles en français jusqu’à récemment. 

Selon Dr. Reaume, plusieurs facteurs expliquent ces difficultés, à commencer par l’absence de données linguistiques dans le système de santé. « Nos systèmes de santé ont de la difficulté à identifier les patients francophones. Contrairement à l’Île-du-Prince-Édouard ou la Nouvelle-Écosse, l’Ontario n’inclut pas la langue de préférence sur la carte santé. »

La pénurie de professionnels de santé francophones est également pointée du doigt par Antoine Désilet : « Avec la pénurie actuelle de médecins, il est souvent impossible de jumeler les patients avec des professionnels qui parlent leur langue. » 

Pour améliorer l’accès aux soins en français en Ontario, Dr Micheal Reaume appelle à améliorer la collecte de données linguistiques auprès des professionnels de santé. 

Il souligne également la nécessité de sensibiliser les décideurs politiques et les travailleurs de la santé à l’importance des soins dans la langue maternelle.

Mais le Dr Reaume reste optimiste quant à l’évolution de la situation, s’appuyant sur des exemples positifs ailleurs au Canada : « J’ai vécu au Manitoba où, en cinq ans, trois cliniques entièrement francophones ont vu le jour grâce à un effort concerté. Avec une volonté politique et institutionnelle, il est possible de faire de même en Ontario. »

Doug Ford s’entoure du même cabinet ministériel

TORONTO – C’est un cabinet de 36 ministres du gouvernement Doug Ford qui a été appointé et assermenté ce mercredi. La grande majorité des ministres conserve un portefeuille identique, dont Caroline Mulroney, nommée ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du Trésor. L’ancien ministre du Logement Paul Calandra prend, lui, la tête du ministère de l’Éducation.

Doug Ford et les nouveaux membres de son Conseil des ministres ont été assermentés par la lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont.

Parmi les changements majeurs dans les ministères clés, Paul Calandra prend la barre du ministère de l’Éducation, un portefeuille qu’occupait Jill Dunlop qui devient ministre de la Protection civile et de l’Intervention en cas d’urgence. Le ministère de l’Éducation a connu quatre ministres différents dans la dernière année.

Caroline Mulroney demeure ministre des Affaires francophone et présidente du Conseil du Trésor. Natalia Kusendova-Bashta, conserve le ministère des Soins de longue durée.

Aucun changement pour Sylvia Jones qui reste ministre de la Santé et vice-première ministre. Il en est de même pour Peter Benthlenfalvy aux Finances, David Piccini au Travail, à l’Immigration, à la Formation et au Développement des compétences. Le ministère des Transports reste entre les mains de Prabmeet Sarkaria, et le celui de l’Infrastructure entre celles de Kinga Surma.

La ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a prêté serment en français et en anglais. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Le premier ministre ontarien s’entoure du même duo pour lutter contre les tarifs avec Vic Fedeli, en tant que ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce, et Stephen Lecce, en tant que ministre de l’Énergie et des Mines. Un portefeuille auquel s’est ajoutée la mission qui entoure les mines, rôle qui incombait auparavant à George Pirie qui, lui, devient ministre du Développement et de la croissance économique du Nord.

Seuls Caroline Mulroney, Natalia Kusendova-Bashta, Michael Kerzner et Peter Bethlenfalvy ont prêté serment dans les deux langues officielles canadiennes.

« Notre gouvernement doublera les efforts pour former et requalifier les travailleurs, supprimer les barrières commerciales internes, outiller les entreprises afin qu’elles puissent conquérir de nouveaux marchés, attirer plus d’investissements (…) en vue de développer nos vastes ressources naturelles, notamment les critiques minérales dans le Cercle de feu », a déclaré le premier ministre, affichant l’emploi comme une priorité de ce troisième mandat.

« Coûteuse banquette », raille l’opposition

« Ce cabinet comprend le même ministre des Transports qui n’a pas réussi à ouvrir une ligne de transport en commun, le même ministre de la Santé qui a minimisé la pénurie de médecins et le même ministre de l’Infrastructure qui a passé des semaines à éluder des questions fondamentales », a réagi Marit Stiles, estimant que « tous ces ministres sont sur la banquette avant la plus coûteuse de l’histoire de la province ».

« Les citoyens méritent un gouvernement et un cabinet à la hauteur des défis actuels », a plaidé la cheffe de l’opposition officielle qui a prêté serment un peu plus tôt ce même jour, et dont le cabinet fantôme devrait être bientôt annoncé.

De son côté, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a salué une forme de « stabilité gouvernementale », propice à la poursuite des dossiers en cours, tout en appelant le cabinet Ford à « collaborer et s’engager pour assurer un appui concret au déploiement, à l’épanouissement et à la vitalité de la francophonie ontarienne ». 

Voici le cabinet ministériel au complet

  • Doug Ford, premier ministre de l’Ontario et ministre des Affaires intergouvernementales
  • Sylvia Jones, vice-première ministre et ministre de la Santé
  • Trevor Jones, ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise
  • Doug Downey, procureur général
  • Michael Parsa, ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires
  • Graham McGregor, ministre des Affaires civiques et du Multiculturalisme
  • Nolan Quinn, ministre des Collèges et Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité
  • Vic Fedeli, ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce
  • Paul Calandra, ministre de l’Éducation
  • Jill Dunlop, ministre de la Protection civile et de l’Intervention en cas d’urgence
  • Stephen Lecce, ministre de l’Énergie et des Mines
  • Todd McCarthy, ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et des Parcs
  • Peter Bethlenfalvy, ministre des Finances
  • Greg Rickford, ministre des Affaires autochtones et de la Réconciliation économique avec les Premières Nations et ministre responsable des Partenariats économiques et communautaires pour le développement du Cercle de feu
  • Kinga Surma, ministre de l’Infrastructure
  • David Piccini, ministre du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences
  • Natalia Kusendova-Bashta, ministre des Soins de longue durée
  • Rob Flack, ministre des Affaires municipales et du Logement
  • Mike Harris, ministre des Richesses naturelles
  • George Pirie, ministre du Développement et de la croissance économique du Nord
  • Stephen Crawford, ministre des Services au public et aux entreprises et de l’Approvisionnement
  • Andrea Khanjin, ministre de la Réduction des formalités administratives
  • Lisa Thompson, ministre des Affaires rurales
  • Raymond Cho, ministre des Services aux aînés et de l’Accessibilité
  • Michael Kerzner, solliciteur général
  • Neil Lumsden, ministre du Sport
  • Stan Cho, ministre du Tourisme, de la Culture et des Jeux
  • Prabmeet Sarkaria, ministre des Transports
  • Caroline Mulroney, présidente du Conseil du Trésor et ministre des Affaires francophones
  • Michael Tibollo, procureur général associé, au sein du ministère du Procureur général
  • Zee Hamid, ministre associé de la Lutte contre le vol d’automobiles et de la Réforme relative aux mises en liberté sous caution, au sein du ministère du Solliciteur général
  • Sam Oosterhoff, ministre associé des Industries à forte consommation d’énergie, au sein du ministère de l’Énergie et des Mines
  • Kevin Holland, ministre associé des Forêts et des Produits forestiers, au sein du ministère des Richesses naturelles
  • Graydon Smith, ministre associé des Affaires municipales et du Logement, au sein du ministère des Affaires municipales et du Logement
  • Vijay Thanigasalam, ministre associé délégué à la Santé mentale et à la Lutte contre les dépendances, au sein du ministère de la Santé
  • Nina Tangri, ministre associée des Petites Entreprises, au sein du ministère du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce
  • Charmaine Williams, ministre associée des Perspectives sociales et économiques pour les femmes, au sein du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires

Le retour des travaux législatifs à l’Assemblée n’interviendra pas avant le 14 avril prochain.

Poilievre assure qu’il nommerait un ministre des Langues officielles

SUDBURY – Contrairement au cabinet de Mark Carney, le chef conservateur Pierre Poilievre assure qu’il nommerait un ministre responsable des langues officielles, s’il formait le prochain gouvernement.

C’est ce qu’a indiqué le leader de l’opposition officielle, de passage à Sudbury ce mercredi, à quelques jours d’un possible déclenchement d’une campagne électorale nationale. 

La semaine dernière, le premier ministre Mark Carney a dévoilé la composition de son premier cabinet, dans lequel le poste de ministre des Langues officielles a été aboli. Le rôle se retrouve plutôt dans les mains de Steven Guilbeault à titre de ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes.

« Je vais nommer un ministre des Langues officielles. J’ai été très déçu que M. Carney ait manqué de respect envers nos communautés linguistiques minoritaires à travers le pays. Il faut protéger la langue française », a-t-il affirmé en conférence de presse, en réponse à une question d’ONFR.

Le chef conservateur a poursuivi sa réponse en mentionnant qu’avec les racines fransaskoises de son père et le fait d’avoir « perdu un peu la langue française » en grandissant, « je sais que c’est difficile de protéger la langue dans les milieux minoritaires ».

« Ana (sa femme Anaida Poilievre) et moi, on parle à nos enfants en français, on veut protéger le français dans notre famille et à travers le Canada et ça commence en ayant un ministre qui est responsable des langues officielles », juge M. Poilievre.

Six mois pour le Cercle de feu

Au cours de la même conférence de presse, le chef conservateur a annoncé s’engager pour la mise en œuvre de l’exploitation du Cercle de feu dans un intervalle de six mois en approuvant tous les permis fédéraux, s’il est élu à la tête du gouvernement. 

En outre, il promet d’injecter 1 milliard de dollars pour construire une route reliant les communautés autochtones et les gisements au réseau routier ontarien. Le Cercle de feu contient des gisements de chromite, cobalt, nickel, cuivre et platine et commence à 500 km au nord de Thunder Bay.

« Ça changerait la vie des grandes villes dans le grand nord du Canada, ici en Ontario, avec des milliers d’emplois bien payés et des infrastructures modernes, des rues vont être bâties », a-t-il déclaré en rappelant que les gisements avaient été découverts en 2007.

M. Poilievre en a profité pour critiquer le Parti libéral et l’ex-ministre de l’Environnement Steven Guilbeault, qu’il appelle un « écologiste radical » opposé à la construction d’autoroutes.

M. Poilievre assure avoir déjà eu des discussions avec des membres des Premières nations et vouloir respecter toutes les normes environnemental pour ce projet. Source : Gouvernement de l’Ontario

Des milliards pour Sudbury

Selon lui, le fait que le projet n’a toujours pas vu le jour est lié aux politiques libérales : « Le projet de loi C-69 et la taxe carbone industrielle rend impossible ce type de projet très coûteux et presque impossible à réaliser. »

Et d’ajouter : « Donc maintenant après une décennie d’idéologie libérale de ‘’gardez le dans la terre’’, le cercle de feu est au bord de l’effondrement. »

Le chef de l’opposition officielle a aussi rappelé la menace tarifaire et s’est félicité de la remarque du président américain, la veille, qui avait indiqué une préférence pour les libéraux en matière de négociations. « Cette bureaucratie et ces obstacles ont eu des effets dévastateurs sur le Canada avant que Donald Trump ne menace de taxer notre économie. Aujourd’hui, c’est un acte de suicide économique. »

Répondant à une question d’un média présent, celui-ci a aussi affirmé qu’il approuverait le traitement de ces minéraux à Sudbury et invite les jeunes à se tourner vers des formations pour ces métiers.

« Ça va ramener des milliards de dollars pour Sudbury. »

Il estime aussi que les investissements du gouvernement conservateur dans la réalisation de ce projet de route permettront au Canada d’atteindre son objectif de 2 % du PIB consacré à la défense.

Réélection in extremis du NPD dans la plus francophone des circonscriptions

KAPUSKASING – Le recomptage effectué ce lundi matin dans la circonscription provinciale de Mushkegowuk Baie-James confirme la victoire du député sortant Guy Bourgouin. Contrairement à ce qui a été rapporté lors de la compilation officielle des résultats, l’écart avec son opposant, le progressiste-conservateur David Plourde, serait légèrement supérieur à huit votes.

Près de trois semaines après le scrutin provincial, c’est finalement ce mardi que l’on connaît l’identité du député de la circonscription de Mushkegowuk Baie-James. Le néodémocrate Guy Bourgouin reprend donc les rênes de sa circonscription pour un troisième mandat.

Un recomptage dans cette circonscription à majorité francophone avait été appelé après que quatre voix séparaient M. Bourgouin de l’ex-maire de Kapuskasing selon les résultats du soir du scrutin le 27 février dernier. Suivant la compilation officielle des résultats, quelques jours plus tard, Élections Ontario avait comptabilisé quatre votes supplémentaires arrivés par bulletin postal.

Selon des résultats non officiels, la marge entre les candidats serait de neuf voix selon les informations de l’équipe de Guy Bourgouin. Les résultats définitifs seront compilés dans la Gazette de l’Ontario d’ici mercredi.

« Je me sens soulagé pour moi, ma famille et toutes les personnes qui ont travaillé sur ma campagne », confie M. Bourgouin qui est en route vers Toronto pour le caucus du NPD.

« Je n’ai jamais expérimenté ça et je ne le souhaite à personne parce que c’est trop d’incertitude. C’est comme vivre deux jours d’élections en trois semaines, c’est les mêmes émotions et le même stress sur une plus longue période », ajoute le député réélu au sujet de l’expérience du dépouillement judiciaire.

Du côté de M. Plourde, la défaite est difficile à accepter : « C’est la deuxième fois qu’on perd en un mois mais on a toujours voulu sortir en avant. »

« Le fait que c’était si proche, encore une fois, ça démontre qu’il y a un besoin dans notre région et puis que les gens veulent voir un changement. »

David Plourde dit être toujours aussi impliqué en politique et va continuer d’exercer en tant que maire de Kapuskasing.

Les routes du Nord comme priorité première

Syndicaliste et militant des droits des travailleurs, M. Bourgouin a été porte-parole de l’opposition pour les Affaires francophones, les Ressources naturelles, les Forêts et les Mines.

Concernant ses priorités pour ce nouveau mandat, ce dernier répond : « La sécurité routière c’est ce qu’on entendait le plus pendant le porte à porte. »

Le jour du recomptage, un accident mortel au niveau de Fauquier avait provoqué la fermeture de la route 11 pendant plusieurs heures et causé des retards dans le trajet de l’équipe de M. Bourgouin.

« C’est inacceptable qu’il y aient des personnes qui perdent la vie à cause des conditions des routes hivernales sur la route 11 ou 17 dans le nord de l’Ontario. Ce sont nos artères principales et les gens ont peur de les utiliser, c’est inacceptable pour un gouvernement de pas de pas réagir à ça. »

Il cite également les impacts des tarifs américains, le manque de médecins, l’accès aux soins de longue durée ou encore l’éducation comme étant d’autres enjeux sur lesquels il aimerait travailler à Queen’s Park.

Le recomptage a eu lieu tôt en matinée lundi et s’est déroulé sans encombre en présence des avocats des équipes des partis. Aucun des candidats, lesquels n’étaient pas présents dans la salle lors du dépouillement judiciaire, ne contestent les résultats.

La Semaine de la francophonie se déploie à Toronto

TORONTO – La Semaine de la francophonie de Toronto (SFT) fait son retour dès ce mardi et s’étendra jusqu’au 27 mars. Portée par un comité regroupant huit organismes de la région, cette célébration annuelle met à l’honneur la langue française et la diversité culturelle qu’elle représente.

Cette édition 2025 présente un programme éclectique, alternant entre conférences, expositions, projections cinématographiques, concerts et activités familiales.

Le 20 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, le traditionnel lever de drapeau organisé par l’ACFO à l’hôtel de ville de Toronto sera effectué à 11 h. Il sera suivi d’une soirée cocktail animée par le Collège Boréal à partir de 17 h. L’événement invite à plonger au cœur de la diversité culturelle et culinaire de la francophonie torontoise à travers la dégustation de « bouchées savoureuses provenant de différentes régions francophones ».

Trois conférences thématiques sont organisées par le Campus Glendon de l’Université de York les 18, 19 et 24 mars. La première sur le thème Réflexions de l’Ouest, exclusivement en ligne, sera animée par Racelle Kooy. D’origine Secwepemc, St’atl’imc et hollandaise et membre de la Première Nation Samahquam, l’intervenante proposera un dialogue intime sur le regard Secwépemc concernant les relations avec le territoire et les peuples centré sur le concept de réciprocité.

La deuxième conférence se déroulera à la fois en présentiel sur le Campus de Glendon (Salle YH A201) et en ligne. Elle sera présentée par René Saint André, un Franco-Ontarien originaire de Pondichéry dans le sud de l’Inde. À travers sa présentation qui sera à la fois en français et en anglais, il retracera son parcours depuis ses origines jusqu’à son installation et son quotidien dans la communauté franco-ontarienne de Hearst.

Pour clôturer cette série de trois conférences, le 24 mars la dernière qui aura également lieu en présentiel (Pavillon York, Salle YH A304 ) et en ligne, aura pour thème Entre résilience et résistance  : Vers une francophonie décolonisée. Géorgie Gagné, francophone trans-féminine avec un héritage mixte franco-québécois et cri, discutera « des liens entre le colonialisme et la langue française sur l’île de la tortue, son impact limitatif sur le plaidoyer des communautés francophones hors Québec, et des pistes vers la décolonisation de ses espaces et de nos communautés ».

Cinéma, exposition et atelier

Une exposition intitulée Contre-feu de Samuel Choisy se tiendra du 21 au 31 mars avec un vernissage sur invitation le 21 mars. Samuel Choisy est un artiste visuel qui utilise la photographie comme « un moyen ludique de s’exprimer avec le corps et l’esprit ».

Soutenue par l’Alliance française de Toronto, Contre-feu est une série de photographies et d’installations inédites explorant la formation de l’identité artistique franco-canadienne de l’auteur à travers une relation intime avec la peinture, où photographie et peinture se croisent pour évoquer l’émotion, l’émerveillement et la quête d’une distance critique face à la folie du monde. 

The Shape of Madness de Samuel Choisy. Photo : Instagram de l’artiste

Le 22 mars, les amoureux du cinéma assisteront à un marathon de films francophones organisé également par l’Alliance française de Toronto. De 10 h à 22 h 45, pas moins de sept films québécois (cinq) et français (deux) seront projetés. Les spectateurs pourront ainsi voir les films de Jérôme Prieur, Ky Vy Le Duc, Jean-Martin Fortier, Jesper Moller et Piet de Rycker, Camille Cotin, Patrice Sauvé et Miryam Bouchard. Toutes les séances sont gratuites, la liste des films et les inscriptions étant disponibles sur le site de l’Alliance française de Toronto.

Les enfants ne seront pas en reste. Un atelier Parents et bambins, destiné aux familles ayant des enfants de 0 à 6 ans, sera organisé le 21 mars au Centre francophone du Grand Toronto à Étobicoke et aura pour thème la promotion du développement moteur cognitif et social des enfants par le biais d’activités variées. Aucune inscription n’est requise, il suffit de se rendre sur place (71 Second Street) à partir de 9 h.

Le lendemain, deux options s’offriront cette fois pour les enfants et les jeunes de tous les âges. Une sortie Cabane à sucre au parc provincial Bronte Creek à Oakville (inscriptions closes) et un atelier d’improvisation théâtral pour les jeunes est organisé par l’Université de l’Ontario français (places disponibles, à partir de 15 ans) de 15 h à 17 h 30 à l’Université de l’Ontario français. S’ensuivront à 18 h des matchs d’improvisation où les jeunes pourront mettre en pratique les techniques apprises.

Les enfants pourront découvrir comment est confectionné le sirop d’érable de manière traditionnelle. Photo : Canva

Déjeuner-conférence et concerts

Le 25 mars, un déjeuner-conférence sur La francophonie dans un monde global se tiendra à l’initiative du Club canadien de Toronto. Les ambassadeurs Patrick Van Gheel (Belgique), Gorgui Ciss (Sénégal), Weibert Arthus (Haïti) et Zahra Kamil Ali, représentante de l’OIF pour les Amériques, mettront en lumière la diversité et les multiples perspectives de la Francophonie, en abordant les défis contemporains, les enjeux économiques, culturels et diplomatiques qui l’entourent à l’échelle mondiale, au cours Arcadian (401 Bay Street) sur réservation.

Deux concerts viendront clore l’événement : le 26 mars, la chanteuse québécoise Jeanne Côté se produira à l’Alliance française de Toronto, et le 27 mars, le groupe Le Vent du Nord offrira une prestation en collaboration avec Francophonie en Fête. Des places sont encore disponibles.

Jeanne Côté et Le Vent du Nord concluront en musique la Semaine de la Francophonie de Toronto. Photo : pages Facebook des artistes

Gagnante de la 27ème édition des Francouvertes, Jeanne Côté propose un univers folk-pop enraciné au piano, où voix et textes sont mis en valeur. Elle a sorti son premier album, Suite pour personne, dans lequel elle explore les états de la solitude, les joies et les repères éparpillés de la vingtaine.

Le groupe québécois Le Vent du Nord est loin de son premier album puisqu’il fête cette année son 20e anniversaire. Ce groupe de folk/trad compte à son actif plus de 2000 concerts sur quatre continents et un 11e album sorti en 2022 intitulé 20 printemps.

L’importance de l’art dans le monde de l’éducation

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.

L’art, sous toutes ses formes, joue un rôle fondamental dans le domaine de l’éducation. Bien souvent perçu comme un domaine secondaire dans le système scolaire, l’art a des effets profondément bénéfiques sur l’épanouissement intellectuel, émotionnel et social de la jeunesse.

Dans une époque où la logique des performances académiques domine, avec en prime un penchant pour les métiers technologiques et scientifiques, il est crucial de rappeler que l’éducation artistique n’est pas un luxe, mais une ressource primordiale et un pilier essentiel au cheminement scolaire, au développement des élèves et à la fabrication de leur identité.

L’art, pilier de la créativité et de la pensée critique

Dans un monde en constante évolution, où les défis auxquels nous sommes confrontés sur le marché du travail sont souvent complexes et multidimensionnels, la capacité à penser différemment, à résoudre des problèmes sous divers angles et à proposer des solutions innovantes devient primordiale. L’art, qu’il soit plastique, musical, théâtral ou littéraire, stimule cette créativité. Par le biais de l’expression artistique, l’enfant apprend à penser de manière non linéaire, à explorer des solutions inédites, à remettre en question les normes, à s’assumer et à expérimenter sans craindre la réprimande ou l’échec.

Les projets artistiques encouragent les élèves à sortir des schémas traditionnels de pensée et à développer leur pensée critique. Lorsqu’ils créent, les étudiants sont amenés à poser des questions, à faire des choix, à prendre des risques et à apprendre à admirer, à documenter et à présenter les résultats de leurs actions. Ainsi, dès le plus jeune âge, l’art forme les gens à acquérir des compétences intellectuelles qui sont totalement en marge des matières académiques, mais qui les complètent avec un éventail plus large de questionnements et d’imagination.

L’art et le développement émotionnel

L’un des aspects les plus souvent négligés de l’art est son impact sur le bien-être émotionnel. En offrant un espace de libération, de catharsis et de compréhension de soi, l’art nous aide à développer une meilleure conscience émotionnelle. À travers la peinture, la musique, la danse ou même le théâtre, l’étudiant peut explorer et exprimer des sentiments qu’il ne parvient pas toujours à mettre en mots. Cette exploration de soi permet non seulement d’accepter ses émotions, mais aussi d’apprendre à les gérer de manière positive et à véhiculer des messages plus cohérents, même s’ils ne sont qu’émotions.

Mes années d’école avec une concentration artistique m’ont menée à me confronter à moi-même, à être témoin du développement et de l’ancrage de plusieurs de mes camarades et étudiant.e.s. En étant face-à-face devant quelque chose qui nous stimule et nous interroge, on découvre une partie de soi et on pallie nos défis de manière intrinsèque. En découvrant l’œuvre de quelqu’un autre ou en travaillant à plusieurs sur un projet, nous sommes amenés à comprendre des perspectives différentes, à nous ouvrir à une gamme d’émotions et de différences et à aiguiser nos capacités d’analyse.

La réussite scolaire et l’activité artistique

Mon vécu m’a inculqué qu’au-delà de ses bienfaits cognitifs et émotionnels, l’art joue un rôle dans la réussite scolaire en général. Les études ont démontré que les élèves qui s’engagent dans des activités artistiques présentent souvent de meilleures performances dans d’autres matières académiques, notamment les mathématiques et les sciences. L’art stimule la pensée logique et l’attention au détail, des compétences directement transférables aux matières plus « traditionnelles » de l’enseignement. De plus, la discipline et la rigueur acquises lors d’une pratique artistique influencent positivement les autres domaines d’apprentissage, tout en participant à l’acquisition de plusieurs compétences sociales et en développant la confiance en soi.

Je pense que l’art est bien plus qu’une simple matière scolaire, que c’est un vecteur indispensable dans le développement des petits et des grands. C’est aussi une porte d’intégration dans l’aspect culturel de chaque milieu. C’est une ressource précieuse qui nourrit la créativité, l’intelligence émotionnelle, les compétences sociales et la construction de soi.

La chroniqueuse Rym Ben Berrah plaide pour une plus grande valorisation de l’art à l’école, dès le plus jeune âge. Photo : Canva

Étant immigrante, j’ai réussi à avoir une meilleure expérience d’intégration et d’acceptation dans mon école secondaire (École secondaire publique De La Salle, à Ottawa) en ayant adhéré à la concentration Écriture du Centre d’excellence artistique de l’Ontario. Dans un monde actuel où le marché du travail est dur à percer et où l’éducation tend à se concentrer uniquement sur les exigences et les savoirs académiques, il est essentiel de défendre la place de l’art dans le développement scolaire.

L’art ne doit pas être perçu comme une option dans une grille horaire de cours, mais comme une composante indispensable à l’épanouissement complet de tout être humain. Nous devons continuer à revendiquer la place de l’art dans le domaine scolaire et nous mobiliser pour chercher les fonds nécessaires à chaque institution, afin d’accomplir son honorable mission. Nos enfants devraient bénéficier des mêmes chances que nous, sinon plus.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Aucun ministre des Langues officielles : « Un manque de respect pour le français », juge Poilievre

OTTAWA – La décision du nouveau premier ministre Mark Carney de ne pas nommer un ministre des Langues officielles au sein de son cabinet ne passe pas auprès du chef de l’opposition, Pierre Poilievre, ni auprès d’organismes de la francophonie canadienne.

« Un manque de respect pour le français, a résumé le chef conservateur en conférence de presse. C’est encore pire avec la nomination de Rachel Bendayan comme ministre de l’Immigration, qui s’est déjà prononcée que le français n’est pas en déclin », a aussi signalé M. Poilievre.

Dans sa première prise de parole à titre de premier ministre, Mark Carney a mentionné à plus d’une reprise les deux langues officielles du pays, mais ces deux mots ne se retrouvent pas dans la composition de son cabinet.

Le chef libéral a confirmé que les responsabilités concernant l’anglais et le français tomberont plutôt entre les mains de Steven Guilbeault, à titre de ministre de la Culture et de l’Identité canadienne et de lieutenant du Québec.

« C’est un renforcement de notre identité. La langue française est au sein de l’identité canadienne et M. Guilbeault est un ministre exceptionnel (…) Cette question de l’identité canadienne, c’est plus large que les langues officielles, c’est plus large que notre patrimoine », s’est défendu Mark Carney en réponse aux questions des journalistes.

Steven Guilbeault
Steven Guilbeault hérite d’un nouveau rôle créé qui remplace celui du ministère de Patrimoine canadien. Crédit image : Stéphane Bédard

Un mauvais message est envoyé, selon la FCFA

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) déplore que Mark Carney « lance le message qu’en termes d’identité canadienne, les langues officielles, ça n’existe pas ».

« Le fait de vouloir un cabinet de petite taille n’est pas une excuse pour faire disparaitre le portefeuille des langues officielles, surtout pas au moment où l’identité canadienne et la souveraineté nationale du pays sont au centre des préoccupations », a déclaré la présidente de la FCFA, Liane Roy, qui se réjouit toutefois du bon nombre de ministres pouvant parler français.

« Le problème, c’est que la disparition du portefeuille des Langues officielles dilue énormément l’importance du dossier à un moment où l’on doit mettre l’accent sur tout ce qui fait la souveraineté nationale du Canada », ajoute-t-elle, signalant que l’enjeu « ne porte pas sur les convictions francophones » de M. Guilbeault.

La dernière fois que le portefeuille des Langues officielles n’était pas dans le cabinet était il y a 10 ans, note la FCFA, soulignant que c’est « la plus grande réingénierie du portefeuille de la culture depuis la création du ministère du Patrimoine canadien en 1993 ».

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

Pour l’assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), il s’agit d’un « changement notable », et le fédéral « devra clarifier rapidement la structure ministérielle en matière de langues officielles », plaide son président Fabien Hébert.

« Les langues officielles, c’est un dossier qui nous tient à cœur », mentionne la présidente du Conseil du Trésor et ex-ministre responsable de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, Ginette Petitpas Taylor.

M. Guilbeault a défendu son nouveau rôle, expliquant qu’il vise à intégrer plusieurs facteurs qui définissent l’identité canadienne, ce qui inclut les « langues officielles, les arts, la culture et notre environnement et le milieu naturel ».

« C’est certain que les langues officielles sont au cœur de ce qu’on va faire au cours des prochains mois et des prochaines années », a rassuré l’ex-ministre de l’Environnement.

Pour l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC), la fin du portfolio des Langues officielles combinée au fait qu’une ministre des Femmes et Égalité des genres n’existe plus non plus, signifie que les femmes francophones « risquent d’être encore plus marginalisées par cette omission ».

Pour le Bloc québécois, l’absence d’un responsable au rôle des deux langues officielles « est la confirmation du peu de considération qu’ont les libéraux pour la langue française au Québec, comme au Canada ».

« Clairement, les libéraux ne s’en cachent plus : défendre et promouvoir la langue française, ça ne les intéresse pas du tout », soutient le député bloquiste Mario Beaulieu.

Le Mois de la francophonie se poursuit en Ontario

Cette semaine culturelle est bien remplie, puisqu’elle culminera avec la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars. Les Torontois pourront profiter de plusieurs activités grâce à la semaine de la Francophonie, du 18 au 27 mars. Les Rendez-vous de la francophonie (RVF) se poursuivent aussi avec des activités à travers le pays. Le Festival international du film d’Ottawa (IFFO) propose des films francophones dans la capitale, alors qu’un conteur primé part en tournée dans la province. Et peu importe où vous êtes, deux suggestions en ligne vous livreront la culture directement dans votre salon.

La relève artistique franco-queer à Ottawa

En musique ou en arts visuels, les jeunes artistes franco-queer seront à l’honneur vendredi soir au Club Saw, situé dans l’édifice de la Cour des arts d’Ottawa. Les Franco-Ontariennes Kaiday et Jessy Lindsay monteront sur scène, respectivement à 20 h et 21 h. Avant, après et entre les spectacles, les visiteurs pourront parcourir les kiosques d’une vente d’art franco-queer et ainsi découvrir de nouveaux artistes de la capitale. Ces moments de vente d’art seront accompagnés par la musique de DJ Xannie. La soirée est présentée par la Maison de la francophonie d’Ottawa.

Jessy Lindsay en spectacle pour Fierté dans la capitale, en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ottawa, le 14 mars. Détails et billets sur la plateforme Eventbrite.

Dan Bédard présente Martin Alex Aucoin à Sudbury

Au bistro des découvertes est une série de spectacles présentés par la Slague, au Bistro de la Place des arts du Grand Sudbury. Le concept réunit un artiste établi et un artiste moins connu du grand public, qu’il souhaite faire découvrir. Le 18 mars, c’est le musicien, réalisateur musical et directeur artistique incontournable de Sudbury, Dan Bédard, qui se prête à l’exercice. Une édition qui risque d’être intéressante, puisque c’est Dan Bédard lui-même qui a eu l’idée du concept Au bistro des découvertes. Il présentera son ancien camarade de classe, Martin Alex Aucoin, dont la feuille de route est impressionnante. Ce claviériste de talent a notamment travaillé auprès de Garth Brooks et a été nommé pour un prix Juno. Nul doute que les prouesses musicales seront au rendez-vous lors de cette soirée.

Dan Bédard est très impliqué dans le monde musical de Sudbury, étant entre autres derrière les concepts de concerts de La Nuit sur l’étang et de la série Au bistro des découvertes. Photo : Dominique Demers / ONFR

Sudbury, le 18 mars. Détails et billets sur le site de La Slague.

Spectacle virtuel pour la Journée internationale de la Francophonie

Les RVF proposent un concert en ligne pour réunir des artistes de la francophonie canadienne et célébrer le 20 mars. C’est le Franco-Ontarien Yao qui animera l’événement présenté sur Zoom. L’un des porte-parole des RVF 2025, Guyaume Boulianne, prendra part à la fête avec son groupe Trécarré. La Franco-Métisse Andrina Turenne sera aussi présente, tout comme la Montréalaise Senaya. Attention, la Célébration du 20 mars se déroulera l’après-midi, à compter de 13 h 30.

Yao lors d’un enregistrement de sa chanson Imaginaire pour le Festival franco-ontarien, en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

En ligne, le 20 mars. Détails et connexion sur le site des RVF.

Stéphane Guertin en tournée

Le conteur Stéphane Guertin a remporté le prix Distinction de Réseau Ontario deux fois plutôt qu’une, à Contact ontarois 2024 et 2025. L’an dernier, c’est son spectacle Sortir la tempête du verre qui lui a valu cet honneur, et c’est la tournée remportée à ce moment qui se déroulera dans les prochaines semaines. Après un passage au Québec récemment, le Franco-Ontarien sera à l’École secondaire Trillium de Chapleau le 20 mars, dans le cadre de la programmation du Centre culturel Louis-Hémon. On le verra ensuite à La Clé de la Baie de Penetanguishene le 22 mars, à la Maison de la francophonie d’Ottawa le 26 avril et à l’Auditorium Béatrice-Desloges le 27 avril, dans le cadre de la programmation du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO).

Stéphane Guertin et sa compagnie Productions Effet papillon ont remporté le prix Audace à Contact Ontarois 2024, pour Sortir la tempête du verre. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Chapleau, le 20 mars. Détails sur la page Facebook de l’événement.

Les 20 ans d’Improtéine sur TFO

On parle une deuxième fois de Stéphane Guertin dans ce fil culturel, mais cette fois il est avec sa bande d’improvisateurs : Vincent Poirier, Nadia Campbell, Martin Laporte et Olivier Nadon. Le documentaire Improtéine : 20 ans et presque quasiment légendaire, produit par Moi & Dave, est maintenant disponible sur le site web et l’application de TFO. Dans une discussion animée par Fabienne L’Abbé, les cinq amis reviennent sur leurs deux décennies de carrière. Le tout est parsemé d’anecdotes et d’images d’archives. Une section du site de TFO est également réservée aux apparitions d’Improtéine sur les ondes à travers les années.

Improtéine. De gauche à droite : Olivier Nadon, Nadia Campbell, Martin Laporte, Stéphane Guertin et Vincent Poirier. Photo : TFO

À visionner en tout temps sur le site de TFO.

Le documentaire Cohabiter à Barrie

Dans le cadre des RVF, la Bibliothèque publique de Barrie, succursale du centre-ville, diffusera le 18 mars le documentaire de l’ONF, Cohabiter. La réalisatrice Halima Elkhatabi part à la rencontre de jeunes montréalais qui cherchent des colocataires. Les discussions prenant place dans la quinzaine d’appartements visités offrent une vision intime sur les enjeux, envies et aspirations de cette génération « habituée à sortir toutes les cartes de son identité pour trouver sa place dans le monde », selon la description du film. Cohabiter est le premier long métrage d’Halima Elkhatabi.

Le documentaire Cohabiter aborde les enjeux qui touchent la génération de jeunes locataires, dans un contexte où le logement est parfois difficile à obtenir. Photo : Gracieuseté de l’ONF

Barrie, le 18 mars. Détails sur le site de l’ONF.

Cabinet Carney : le poste de ministre des Langues officielles aboli et une Franco-Ontarienne nommée ministre

OTTAWA – Mark Carney est officiellement le 24e premier ministre du Canada, lui qui a été assermenté vendredi en compagnie de ses ministres, parmi lesquels se trouve la Franco-Ontarienne Arielle Kayabaga. Le poste de ministre des Langues officielles est, quant à lui supprimé, mais les responsabilités tombent entre les mains de Steven Guilbeault.

La députée de London-Ouest fait donc son entrée dans le Conseil des ministres à titre de leader du gouvernement à la Chambre des communes et ministre des Institutions démocratiques. Arielle Kayabaga est une ancienne de l’école secondaire Gabriel-Dumont, à London, et a été élue députée en 2021 sous la bannière libérale. La dernière Franco-Ontarienne à avoir fait partie du cabinet libéral était Mona Fortier, qui avait été présidente du Conseil du Trésor jusqu’à son exclusion, en 2023. Cette dernière a, par ailleurs, perdu son poste de Whip en chef du gouvernement dans la foulée du remaniement ministériel.

La nouvelle ministre du cabinet de Mark Carney, Arielle Kayabaga. Gracieuseté

Née au Burundi, Arielle Kayabaga émigre au Canada alors qu’elle a 11 ans, en tant que réfugiée de la guerre civile burundaise. Elle arrive à Montréal avant de déménager à London avec sa famille. À 34 ans, elle est la deuxième plus jeune membre de ce Conseil des ministres. Depuis mai 2021, elle était aussi présidente du caucus libéral noir.

« Je me sens très honorée, je veux dire d’être Canadienne premièrement, et de pouvoir avoir cet honneur de pouvoir servir en cette capacité et de travailler avec une équipe qui est très chargée à faire sûr qu’on répond aux besoins des Canadiens présentement », a-t-elle réagi, quelques instants avant sa première réunion du Conseil des ministres.

Terminé, le poste de ministre des Langues officielles

Parmi la liste restreinte des 24 membres du cabinet de Mark Carney, on ne compte plus le poste de ministre des Langues officielles. Ce qui pourrait se rapprocher le plus de cette fonction est celle dont hérite Steven Guilbeault, qui devient ministre de la Culture et de l’Identité canadienne, de Parcs Canada et lieutenant du Québec.

Cette fonction de Culture et de l’Identité canadienne remplace le ministère du Patrimoine canadien, qui n’existe pas dans ce Conseil des ministres. Sous Stephen Harper, le poste de ministre des Langues officielles était occupé par la personne responsable du portefeuille de Patrimoine canadien.

Parmi les autres nouveautés, François-Philippe Champagne devient ministre des Finances. Celui qui occupait ce poste dans le dernier cabinet de Justin Trudeau, Dominic LeBlanc, sera chargé du Commerce international et des Affaires intergouvernementales. Sa collègue acadienne Ginette Petitpas Taylor conserve son poste de présidente du Conseil du Trésor.

Celle qui occupait le rôle de ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan, s’occupera désormais du dossier de l’Immigration. L’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland, qui avait claqué la porte à la mi-décembre, héritera du portfolio des Transports et du Commerce intérieur.

Parmi les ministres notables du cabinet Trudeau qui sont exclus, on compte Marc Miller, Jean-Yves Duclos, Diane Lebouthillier et Jenna Sudds.

Jeudi, Jean-Yves Duclos et Diane Lebouthillier avaient annoncé dans des déclarations qu’ils ne seraient pas dans ce cabinet du gouvernement Carney. La ministre Lebouthillier a même parlé d’un « conseil des ministres transitoire » dans son communiqué, alors qu’il est attendu que Mark Carney déclenche des élections d’ici quelques jours, avant le retour des travaux au Parlement, le 24 mars.

La liste complète du cabinet :

  • Mark Carney, premier ministre
  • Dominic LeBlanc, ministre du Commerce international et des Affaires intergouvernementales et président du Conseil privé du Roi pour le Canada
  • Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères et du Développement international
  • François-Philippe Champagne, ministre des Finances
  • Anita Anand, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie
  • Bill Blair, ministre de la Défense nationale
  • Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones
  • Jonathan Wilkinson, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles
  • Ginette Petitpas Taylor, présidente du Conseil du Trésor
  • Steven Guilbeault, ministre de la Culture et de l’Identité canadienne, Parcs Canada et lieutenant du Québec
  • Chrystia Freeland, ministre des Transports et du Commerce intérieur
  • Kamal Khera, ministre de la Santé
  • Gary Anandasangaree, ministre de la Justice et procureur général du Canada et ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord
  • Rechie Valdez, whip en chef du gouvernement
  • Steven MacKinnon, ministre de l’Emploi et des Familles
  • David J. McGuinty, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile
  • Terry Duguid, ministre de l’Environnement et du Changement climatique
  • Nate Erskine-Smith, ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités
  • Rachel Bendayan, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté
  • Élisabeth Brière, ministre des Anciens Combattants et ministre responsable de l’Agence du revenu du Canada
  • Joanne Thompson, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne
  • Arielle Kayabaga, leader du gouvernement à la Chambre des communes et ministre des Institutions démocratiques
  • Kody Blois, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire et du Développement économique rural
  • Ali Ehsassi, ministre de la Transformation du gouvernement, des Services publics et de l’Approvisionnement

Lune de sang : « Il faut être debout bien tard ce soir ou se lever de bonne heure demain matin pour la voir »

Lucie Robillard est communicatrice scientifique au planétarium de Science Nord, à Sudbury.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, tout l’Ontario pourra observer une éclipse totale de Lune.

L’éclipse lunaire totale, contrairement à une éclipse lunaire partielle ou à une éclipse lunaire pénombrale, est un phénomène plutôt rare, mais qui est facilement visible même dans les grandes villes, si la météo le permet.

« Pouvez-vous expliquer ce qui va se produire cette nuit dans le ciel ontarien?

On va pouvoir voir une éclipse lunaire totale ce soir. Ça commence autour de 23 h 57. La lune va passer à travers l’ombre de la Terre. Donc, la Terre se trouve directement entre le soleil et la lune. Et quand la lune est complètement dans l’ombre de la Terre, on appelle ça une éclipse lunaire totale, ce n’est pas juste partiel.

Le temps fort de l’éclipse va se situer autour de trois heures du matin, mais en tout ça va durer autour de six heures pour se conclure justement aux alentours de six heures, le vendredi matin. Il faut être debout bien tard ce soir ou se lever de bonne heure demain matin pour la voir. C’est un phénomène vraiment intéressant parce que la lune va prendre une couleur rouge.

Qu’est-ce qui explique que la lune prenne cette couleur rougeâtre?

La raison derrière ça, c’est que la lumière du Soleil passe à travers l’atmosphère de la Terre et ça se réfracte. Donc, la lumière se divise dans les couleurs de l’arc-en-ciel, puis la couleur rouge se redirige dans l’ombre de la Terre. D’habitude, on ne peut pas voir le phénomène car il n’y a rien à cet endroit, mais là la lune va se placer là et donc devenir rouge au lieu de juste devenir sombre.

Donc, ça va être super beau à voir. En anglais on appelle ça blood moon et en français lune de sang ou lune cuivrée. Selon les croyances, ça peut avoir différentes significations. Par exemple, certains voient ça comme une occasion d’avoir plus de chance.

Les étapes de l’éclipse lunaire totale de cette nuit. Source : NASA

Pour ceux qui ne pourront pas veiller cette nuit, pouvez-vous nous dire si c’est un évènement rare à observer?

Les éclipses lunaires se produisent assez souvent, on en voit quelques fois par année. Cependant, ce n’est pas quelque chose qu’on va voir de chez nous parce que peut-être que ça va se passer pendant notre journée. C’est vraiment plus l’Europe ou l’Asie qui vont les voir. Au final, ça dépend vraiment d’où on se trouve dans le monde. En ce qui concerne l’éclipse lunaire totale, c’est un peu plus rare, c’est un phénomène qui se passe une fois par décennie environ.

Là, en plus, ça arrive le 14 mars donc le jour du Pi-day, 3.14, pour Pi. C’est comme un genre de blague mathématique. Que les deux coïncident, ça arrive seulement une fois par 300 ans. Et puisqu’en anglais, Pi, ça sonne comme, ‘pie’ donc une tarte, on célèbre communément cette journée en mangeant des tartes.

Quels sont les meilleurs endroits en Ontario pour observer cette éclipse?

Comme c’est un phénomène lié à la lune, c’est quelque chose qu’on peut voir à travers une grande région. Ça va être visible dans toute l’Amérique du Nord, et même l’Amérique du Sud.

D’habitude, ça aide si on se trouve loin des villes parce qu’il y a moins de pollution et de lumière, mais comme c’est relié à la lune, c’est visible partout, tant et aussi longtemps qu’il n’y a pas de couverture nuageuse. À Sudbury, on est chanceux, car selon les prévisions météorologiques, le ciel semble être dégagé cette nuit. Et si vous n’avez pas de visibilité chez vous, il est toujours possible de voir l’éclipse en ligne le lendemain.

Lucie Robillard anime des présentations sur les éclipses au planétarium de Science Nord à Sudbury. Gracieuseté de Lucie Robillard

Est-ce qu’on peut l’observer à l’œil nu, contrairement à une éclipse solaire?

Absolument. Une éclipse solaire, c’est quand la lune va devant le soleil et comme on regarde vers le soleil, ça peut faire mal aux yeux si on regarde trop longtemps. Mais quand on regarde la lune durant la nuit, il y a très peu de luminosité, ce qui fait qu’on peut l’observer tout simplement à l’œil nu. Si vous avez une paire de jumelles ou même un télescope, vous pourrez voir la lune d’un peu plus proche.

On aura le droit à une éclipse solaire partielle le 29 mars, un an après une rarissime éclipse solaire totale. Comment expliquer qu’il y ait autant de phénomènes en aussi peu de temps?

C’est comme ça que ça fonctionne. Quand on a une éclipse lunaire, on va avoir une éclipse solaire entre deux semaines avant ou deux semaines après. Et ça, c’est parce que la lune va autour de la Terre, mais elle est souvent juste suffisamment inclinée pour ne pas passer devant le Soleil ou dans l’ombre de la Terre. Dans notre cas, on ne va pas voir l’éclipse solaire cette fois-ci en Ontario. »

Vente directe d’alcool aux consommateurs : une avancée attendue, mais des obstacles à surmonter

L’annonce, le 5 mars dernier, des premiers ministres du Canada concernant l’autorisation de la vente directe d’alcool aux consommateurs a été bien accueillie par les acteurs du secteur. Cependant, des incertitudes demeurent quant à sa mise en œuvre.

« C’est une bonne nouvelle. L’industrie du vin réclamait ce type de relation entre les provinces depuis longtemps », réagit Daniel Lafleur, directeur des ventes au vignoble Tawse à Vineland, en Ontario.

Face à l’augmentation des tarifs américains et à la fermeture progressive de ce marché, cette mesure est perçue comme une opportunité pour renforcer le commerce intérieur et favoriser l’achat local.

« Cette annonce marque une avancée importante pour ouvrir le marché canadien et inciter les Canadiens à consommer local », explique Daniel Lafleur, dont le vignoble produit environ 22 000 caisses de vin par an.

Daniel Lafleur, directeur des ventes au vignoble Tawse. Gracieuseté

Un marché sous le contrôle des monopoles provinciaux

Depuis plusieurs décennies, la vente d’alcool au Canada est fortement régulée par des monopoles provinciaux, tels que la SAQ au Québec et la LCBO en Ontario.

« Un Québécois a du mal à acheter un vin ontarien et vice-versa. Cette situation n’a aucun sens et revient presque à instaurer des barrières douanières entre provinces », critique Frédéric Laurin, professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Il pointe du doigt le contrôle exclusif exercé par ces monopoles, qui limitent les options disponibles : « Actuellement, si un producteur ontarien ou du Nouveau-Brunswick n’est pas distribué par la SAQ, il est presque impossible d’y accéder autrement qu’en passant par l’importation privée, ce qui est complexe pour un particulier. »

Du côté des producteurs de vin, cette réforme constitue une occasion d’augmenter leurs marges de profit et d’accéder plus facilement aux consommateurs.

« Actuellement, nous passons par des agences dans chaque province, ce qui réduit notre marge de profit. Si nous pouvons vendre directement, nos bénéfices par bouteille augmenteront », explique M. Lafleur.

L’enjeu ne concerne pas uniquement la rentabilité, mais aussi la mise en marché. « Cette réforme nous permettrait d’investir davantage dans la promotion et le marketing, pour cibler directement notre clientèle, sans dépendre des décisions des monopoles provinciaux. »

Les premiers ministres présentent également cette mesure comme un levier pour stimuler l’économie locale en créant de nouveaux marchés pour les producteurs.

« Aujourd’hui, notre site Internet ne permet pas aux consommateurs situés hors de l’Ontario de commander en ligne. Nous devrons modifier cela pour nous adapter aux nouvelles possibilités de vente », ajoute Daniel Lafleur.

Des obstacles et des résistances

Si l’intention des premiers ministres est claire, sa mise en application pourrait s’avérer plus complexe.

Selon Frédéric Laurin, les monopoles provinciaux pourraient chercher à ralentir ou à contourner cette réforme pour préserver leur modèle économique.

« Soit la vente directe passe par les monopoles, qui n’aiment pas être bousculés pour des raisons de rentabilité, soit elle ouvre une brèche dans le monopole, ce qui pourrait être contesté en justice. »

Au-delà des obstacles internes, des tensions juridiques pourraient émerger sur la scène internationale.

« Si l’on autorise les producteurs canadiens à vendre en dehors des monopoles, les producteurs étrangers (australiens, européens) pourraient exiger le même droit et porter plainte », prévient M. Laurin.

L’Australie, par exemple, a déjà intenté une action en justice contre le Québec devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dénonçant une mesure favorisant les vins québécois dans les supermarchés sans passer par la SAQ.

Une réforme encore à concrétiser

Bien que la vente directe d’alcool représente un espoir pour les producteurs et les consommateurs, sa concrétisation reste incertaine.

Dans ce sens, Frédéric Laurin rappelle que des annonces similaires ont été faites par le passé, particulièrement en temps de crise, notamment pendant la pandémie, sans jamais être appliquées. « Il y a eu beaucoup d’annonces dans le domaine du vin et des alcools, mais souvent, elles restent sans suite ou aboutissent à de petits changements insignifiants. »

De son côté, Daniel Lafleur attend des précisions sur les mesures concrètes avant de se réjouir : « Avoir la possibilité de vendre directement aux autres provinces nous donne une meilleure flexibilité, mais il faut s’assurer que cette mesure bénéficie réellement aux producteurs. »

L’annonce des premiers ministres est un premier pas vers un assouplissement du commerce interprovincial de l’alcool, mais elle devra passer plusieurs tests pour devenir une réalité.

Par ailleurs, le 28 février 2025, le comité fédéral-provincial-territorial sur le commerce intérieur s’est réuni et a convenu, entre autres mesures, de lancer un système pancanadien de vente directe de produits alcoolisés canadiens aux consommateurs.

À l’heure actuelle, la Colombie-Britannique autorise la vente directe de vin aux consommateurs. Le Manitoba est déjà ouvert aux ventes directes de toutes les boissons alcoolisées aux consommateurs. Le Yukon explore des avenues pour la vente directe d’alcool aux consommateurs sur son territoire.

Panne de courant à -51 °C : les excuses tardives d’Hydro One passent mal à Hearst

HEARST – Presque deux mois après la panne électrique qui avait poussé la Ville à décréter l’état d’urgence, c’est finalement mardi soir qu’Hydro One a formellement présenté ses excuses pour son manque de communication devant le conseil municipal de Hearst.

« Nous sommes ici pour présenter des excuses avant tout et pour faire mieux », a déclaré mardi soir à Hearst la vice-présidente exécutive d’Hydro One Works, Teri French.

C’était lors de l’une des journées les plus froides de l’année, le 20 janvier dernier, que la ville de Hearst s’est retrouvée sans électricité alors que deux disjoncteurs avaient dysfonctionné.

Plus de 350 résidents et près de 500 autres clients le long de la route 11 étaient alors privés de courant. Le maire de Hearst a évoqué l’exemple d’une femme âgée et seule qui aurait pu succomber au froid, mais qui a pu être transportée vers l’hôpital.

« Il faisait moins 51 degrés dehors, ce n’est pas acceptable », a lancé le maire Roger Sigouin à Mme French qui a reconnu qu’il avait raison.

« Mensonge à la con »

Le maire Sigouin a rappelé que le manque de transparence et de communication d’Hydro One sur l’heure de retour de l’électricité avait retardé l’organisation de la Ville qui a néanmoins choisi de déclarer l’état d’urgence en matinée.

« Là où nous avons fait la plus grande erreur, c’est au niveau de l’heure estimée de la restauration. Nous vous avons dit 9 heures parce que nous pensions avoir trouvé le problème. Quelque chose d’autre s’est produit et nous l’avons repoussée », continue Teri French.

Et d’ajouter : « Ce n’est pas une excuse, c’est la façon dont cela s’est produit et cela ne vous a pas donné la capacité de préparer votre communauté pour un centre de réchauffement. »

La présentation et les échanges devant le conseil municipal de Hearst ont eu lieu en anglais dans cette ville à majorité francophone. Source : Ville de Hearst/Youtube

La responsable d’Hydro One a assuré aux conseillers qu’ils verraient des améliorations et une meilleure communication à l’avenir.

De son côté le conseiller Joël Lauzon s’est montré dubitatif, qualifiant les mots de Mme French de « mensonge à la con » (traduction libre de l’anglais ‘bald-face lie‘)

« Vous n’avez pas fait votre travail. La communication n’était pas là. Vous ne pouvez pas me dire le contraire », a ajouté M. Lauzon.

Intervention grâce aux médias

Le conseiller en a profité pour indiquer que les retours d’Hydro One n’avaient commencé qu’après l’apparition du maire sur CTV News Northern Ontario.

« Tout à coup, des choses ont commencé à se produire et les gens ont commencé à communiquer avec nous, les appels étaient renvoyés », a déclaré M. Lauzon.

Le maire Roger Sigouin avait aussi, à l’époque, demandé qu’Hydro One fournisse du café et des beignets pour le centre de réchauffement préparé par la Ville, sans succès.

« La réponse qu’il a reçue était ‘’c’est quelque chose que nous ne faisons pas, ce n’est pas dans nos politiques’’ », a continué M. Lauzon.

« Ce point est juste. Le café et les beignets, c’était absolument une faute de notre part. Je ne cherche pas d’excuse, ils l’ont pris au pied de la lettre. Nous aurions dû demander à notre équipe des communications et de la gestion des urgences de travailler avec le groupe. »

Teri French, la personne responsable des communautés éloignées pour Hydro One, a indiqué au conseil qu’elle a tenu à faire le déplacement, elle-même, depuis Toronto. Source : Chambre de Commerce de l’Ontario

Un don de 2500 dollars

En fin de rencontre, Hydro One s’est engagée à mieux coopérer avec la Corporation de distribution électrique de Hearst pour améliorer toute situation possible à l’avenir.

Mme French a également promis de rester en contact avec la Ville au sujet des futures améliorations et de mises à jour à apporter dans la région, car Hearst souhaite attirer plus d’industries minières et industrielles.

La fonctionnaire d’Hydro One a également fait un don, en son nom et au nom d’Hydro One, de 2 500 dollars à son centre communautaire pour améliorer ses installations.

Une séance d’information est prévue pour Kapuskasing à une date ultérieure.

Le Festival international du film d’Ottawa, « un peu comme une boutique du cinéma », selon Tom McSorley

Tom McSorley est le directeur général de l’Institut canadien du film, qui organise différents événements, dont le Festival international du film d’Ottawa (IFFO).

L’IFFO est un festival de taille modeste qui propose des films ayant déjà gagné des prix dans d’autres festivals de partout dans le monde. La cinquième édition se déroule à la Galerie d’art d’Ottawa et au Cinéma ByTowne du 12 au 23 mars.

L’Institut canadien du film programme l’IFFO avec la population d’Ottawa en tête et souhaite refléter ses particularités, dont son bilinguisme.

« Qu’est-ce qui distingue l’IFFO par rapport à d’autres festivals de films en Ontario?

Un festival, c’est un festival. On présente des films canadiens et internationaux, comme les autres. Mais à mon avis, Ottawa est une ville très spéciale. Nous avons le français et l’anglais, mais aussi le gouvernement du Canada et les ambassades. C’est donc très cosmopolite et nous présentons des films de partout dans le monde. Cette année, nous avons des films de l’Ukraine, de l’Iran, du Liban, de l’Espagne, de l’Allemagne et de la France aussi, évidemment.

Aussi, c’est un petit festival de 25 films. Ce n’est pas comme Toronto ou Montréal. À cause de ça, on veut présenter des films très particuliers, pas des grands films commerciaux. Pour moi, c’est un peu comme une boutique du cinéma. Ce n’est pas trop gros, mais c’est important et je suis très fier des choix que nous avons faits.

Quels sont les grands moments prévus cette année?

Le film d’ouverture est un film canadien d’Ann Marie Fleming, qui s’intitule Can I Get a Witness?, avec la grande vedette Sandra Oh. Ce film est spécial pour moi, car il parle des thèmes de l’environnement, de la mort et de l’état de notre planète. C’est aussi très touchant, car c’est l’histoire d’une mère et de sa fille.

Keira Jang et Sandra Oh dans Can I Get a Witness? d'Ann Marie Flemming. Photo: Gracieuseté de l'IFFO
Keira Jang et Sandra Oh dans Can I Get a Witness? de la Canadienne Ann Marie Flemming. Photo : Gracieuseté de l’IFFO

Nous avons aussi deux films de la France. L’histoire de Souleymane décrit 48 h dans la vie d’un jeune Guinéen qui travaille comme livreur à vélo à Paris et qui se prépare à faire sa demande d’asile. Il a gagné quatre prix César le 28 février dernier. C’est très réaliste. Le rôle principal est tenu par un acteur non professionnel, Abou Sangare, qui a justement gagné le César de la Meilleure révélation masculine. C’est un film très important, parce que c’est un thème qui est d’actualité et que la performance de cet acteur est extraordinaire.

Nous avons aussi le film français Diamant brut, dans notre programme The Gaze. La première mondiale a eu lieu à Cannes. C’est l’histoire d’une jeune femme de 19 ans qui veut devenir une star d’Internet. Elle est obsédée par son image. Elle rêve de participer à une émission de téléréalité. C’est un film intelligent, fort, dur et courageux sur l’enjeu d’identité chez les jeunes femmes.

Diamant brut est le film choisi cette année pour le programme The Gaze, qui met en lumière des oeuvres de réalisatrices femmes ou issues de communautés sous-représentées dans l’industrie du cinéma. Photo : Gracieuseté de l’IFFO

Les deux films français de cette année sont très engagés. C’est important pour l’IFFO de présenter des films qui parlent des enjeux qui se passent dans le monde en ce moment.

Il y a aussi un film franco-ontarien, Rêver en néon de Marie-Claire Marcotte. Qu’est-ce qui vous a charmé dans ce film?

C’est un film issu d’une pièce de théâtre que Marie-Claire Marcotte a écrite. C’est l’histoire d’une petite fille de huit ans qui est à la recherche de sa mère absente. C’est très touchant. Elle vit dans une famille dysfonctionnelle. Elle imagine que sa mère est Karen Kain, la danseuse de ballet renommée. C’est tragicomique. La jeune actrice (Maélya Boyd) est extraordinaire. C’est un de mes films préférés du festival cette année.

De quelle façon le bilinguisme fait-il partie de vos préoccupations lorsque vous organisez l’IFFO?

C’est important. Chaque année est différente. L’an dernier, nous avions plus de films en français. Cette année, c’est onze films en comptant les courts et longs métrages. C’est important pour nous d’avoir des films en français, évidemment, car nous sommes à Ottawa devant un public bilingue.

Maélya Boyd a récemment remporté le Prix d’interprétation de l’UDA au Festival International du Film pour Enfants de Montréal pour son rôle dans Rêver en Néon, un film tourné à Sudbury. Photo : Gracieuseté de l’IFFO

Cette année, le festival est plus petit à cause des budgets et des limitations de notre organisme. Mais c’est vraiment important d’avoir une présence, pas seulement des films de la France et du Québec, mais aussi des films en français qui sont faits dans la francophonie canadienne.

Nous avons aussi des séances de discussions avec des réalisateurs en français. Nos présentations sont aussi faites dans les deux langues, et c’est la même chose pour nos autres événements, comme le Festival du film d’animation et le Festival du film de l’Union européenne.

C’est la cinquième année de l’IFFO. Comment ce jeune événement évolue-t-il?

Ce n’est plus un bébé, c’est un bambin qui marche et parle. Mais comme je dis, chaque année, le festival est le même, mais différent. Ce sont les films, ce qui se passe sur l’écran et avec le public, qui font le festival.

Ottawa est une ville extraordinaire pour les cinéphiles. Chaque année, je suis impressionné de voir autant de gens qui viennent voir un film du Liban, par exemple. Nous continuons de développer le festival et nous voulons le faire grandir dans les années à venir. »

Acier et aluminium : nouvelle réplique tarifaire d’Ottawa envers Donald Trump 

OTTAWA – Le fédéral a annoncé ce mercredi qu’il ripostera avec ses propres contre-tarifs à la hauteur de 25 % sur les produits américains pour une valeur totale de 29,8 milliards de dollars, après l’entrée en vigueur de tarifs similaires de la part de l’administration américaine sur l’acier et l’aluminium.

12,6 milliards de dollars de tarifs sur l’acier, 3 $ milliards sur l’aluminium et un 14,6 $ milliards sur d’autres produits américains, comme des ordinateurs, des outils, des équipements de sports, etc., entreront en vigueur dès jeudi minuit, a annoncé le ministre des Finances, Dominic LeBlanc mercredi matin.

Il s’agit d’une réplique de tarifs de 25 % qui sont entrés en vigueur depuis mercredi minuit sur les produits de l’acier et de l’aluminium qu’imposent les Américains sur leurs partenaires économiques, ce qui inclut le Canada.

« On avait dit qu’on allait répondre de façon ferme et mesurée et c’est ce que nous avons fait aujourd’hui », a soutenu M. Leblanc.

Le ministre acadien a aussi indiqué qu’Ottawa pourrait imposer d’autres contre-tarifs supplémentaires après avoir appris hier que certains produits dérivés contenant de l’aluminium et de l’acier seraient assujettis aux droits de douanes américains

Cette réplique d’Ottawa fait suite à une journée rocambolesque mardi entre Doug Ford et le président américain Donald Trump, qui a commencé par l’imposition d’une surtaxe ontarienne de 25 % sur l’électricité destinée aux États-Unis pour finalement se conclure par un recul de la part du premier ministre ontarien, après l’obtention d’une rencontre à Washington.

Il sera accompagné de Dominic Leblanc et du ministre de l’Industrie et de l’Innovation François-Philippe Champagne, à la Maison-Blanche pour rencontrer Howard Lutnick, le secrétaire au Commerce des États-Unis et d’autres représentants américains.

« Demain, la discussion sera sur l’urgence de diminuer la température et d’enlever les tarifs douaniers qui sont appliqués sur l’acier et l’aluminium aujourd’hui », a anticipé Dominic Leblanc.

Les acteurs principaux du gouvernement fédéral n’ont d’ailleurs pas désapprouvé la méthode utilisée par Doug Ford face à l’administration américaine, Mélanie Joly appuyant être « fière de la réponse canadienne de façon générale ».

« Les premiers ministres et tout le monde au pays, ce qu’on fait présentement, c’est qu’on essaie de trouver quels sont nos leviers pour mettre de la pression pour envoyer un message pour faire réagir le peuple américain, qui est ultimement notre grand allié pour mettre de la pression sur l’administration Trump », avance la ministre libérale.

Mélanie Joly a prévenu son homologue américain Marco Rubio qui doit être au Canada dès jeudi, lui lançant comme message en conférence de presse : « vous arrivez dans notre pays, vous respectez notre souveraineté. » Archives ONFR

Car le Canada est dans une « bataille existentielle » en ce moment pour « nos jobs, les familles et notre souveraineté », a ajouté celle qui doit recevoir son homologue américain, Marco Rubio dès jeudi à Charlevoix dans le cadre d’une réunion du G7, réunissant les ministres des Affaires étrangères des sept pays.

« Ce n’est pas juste une question économique, c’est ultimement l’avenir de notre pays », juge-t-elle.

« On sait que les Américains vont être divisés et donc, basé là-dessus, on va continuer à montrer du leadership et à soutenir les premiers ministres qui démontrent du leadership ensemble parce que, ce qu’on doit faire au final, c’est faire reculer les Américains », plaide Mme Joly.

Il s’agit d’une nouvelle couche de contre-tarifs canadiens, alors que le gouvernement fédéral applique depuis près d’une dizaine de jours des droits de douane de 25 % sur 30 milliards de dollars de produits américains.

Première rencontre entre Ford et Carney

Le premier ministre désigné Mark Carney, élu à titre de chef libéral il y a quelques jours, a aussi eu une première rencontre avec son futur homologue ontarien Doug Ford.

« Nous avons convenu de la nécessité de rester fermes et forts face aux menaces du président Trump », a indiqué Doug Ford dans une déclaration sur ses médias sociaux.

La veille, celui qu’on surnomme « capitaine Canada » avait menacé de taxer de 25 % les exportations d’électricité ontarienne destinées aux États du Michigan, New York et Minnesota. Ce moyen de pression a choqué Donald Trump, qui a menacé de riposter en faisant doubler les tarifs sur l’aluminium et l’acier canadien. En fin d’après-midi, le premier ministre ontarien a reculé, justifiant qu’il ne pouvait refuser la « branche d’olivier » tendu par l’administration Trump d’avoir une rencontre face à face.

« Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, je vais travailler de bonne foi avec le secrétaire Lutnick, nos partenaires fédéraux et chaque premier ministre en vue de parvenir à un accord de libre-échange équitable pour les deux pays », a signalé M. Ford, qui a été qualifié « d’homme très fort » par Donald Trump la veille.

« Un grand combat nous attend et nous travaillerons ensemble pour lui faire face. Nous sommes plus forts quand nous sommes unis, » a commenté sur X, Mark Carney, qui en a profité après sa rencontre avec Doug Ford à Toronto pour visiter une usine d’aluminium à Hamilton.

Bisbille au conseil de Mattawa : une proposition pour réduire le nombre des élus divise

MATTAWA – Il y a eu de la bisbille lors du conseil municipal de Mattawa lundi soir. Un rapport suggérant de réduire le nombre de conseillers municipaux divise ces derniers qui se sont laissés emporter par leurs émotions.

C’est le maire adjoint, Matthew Gardiner, qui a déposé ce rapport proposant de passer de sept membres de conseil à cinq.

Il justifie cette proposition comme étant une bonne manière de réduire les coûts dans la collectivité, et a ajouté qu’il avait reçu l’appui de la communauté lors de la dernière élection municipale en 2022.

« Comme nous le savons tous, la municipalité continue d’augmenter, mais nos électeurs n’ont pas les moyens de s’offrir des augmentations d’impôt », lit-on dans son rapport. En réduisant le nombre de conseillers à 4 (en plus du maire) pour les prochaines élections de 2026, celui-ci prévoit des économies de 23 346 dollars par an.

Actuellement, le ratio conseiller-habitants pour la municipalité de Mattawa est de 1 pour 269, tandis qu’il passerait à 1 pour 376 avec cette refonte, soit plus proche de la moyenne des municipalités avoisinantes dont ce chiffre est évalué à 1 pour 545. Le salaire annuel du conseil de Mattawa se chiffrerait à 88,078$ selon le rapport.

Des données issues du recensement de 2021 par Statistique Canada concernant les municipalités situées dans un rayon de 100km de Mattawa. Source : Ville de Mattawa

La discussion suivant la présentation du rapport a mené à des échanges tendus entre les élus de cette municipalité qui compte 24% de personnes dont le français est la première langue officielle parlée.

Des attaques indirectes

La conseillère Laura Ross a dit avoir entendu des électeurs qui étaient, au contraire, opposés à l’idée et a plutôt suggéré de réduire les augmentations de salaire des conseillers.

« Peut-être pas le moment et l’endroit, mais nous sommes très bien payés à cette table et certains d’entre nous gagnent un peu plus que les autres », a déclaré M. Gardiner.

Et de continuer : « Certains d’entre nous proposent beaucoup d’initiatives, d’autres se présentent aux réunions, votent et rentrent chez eux sans avoir lu l’ordre du jour. Donc le but c’est d’obtenir cinq personnes qui sont plus intéressées à servir les besoins de Mattawa à l’avenir. »

Une proposition de réduire le conseil municipal de sept à cinq membres a généré une discussion animée à Mattawa. Source : Ville de Mattawa/Capture d’écran

Ce à quoi le conseiller Fern. Levesque a répondu : « Préoccupez-vous de vous-même et de vos paies et nous prendrons soin des nôtres et nous ferons le travail que nous devons faire pour représenter les gens de cette communauté. »

Il ajoute ensuite : « Je suis désolé d’être impoli envers vous, mais ce n’est pas le cas. »

Intervention du maire

Plus tard dans la discussion et après avoir appelé au respect du décorum, le maire Raymond Belanger a répondu à un commentaire selon lequel les conseillers n’étaient pas invités à participer aux activités de la municipalité.

« Tout d’abord, en tant que maire de la municipalité, je ne pense pas avoir besoin de permission pour m’impliquer, c’est mon travail, je le prends au sérieux et j’y mets tout mon cœur et je ne vais pas demander la permission d’essayer de faire avancer les choses », s’est défendu le Franco-Ontarien.

Toutefois le vote pour le dépôt du rapport n’est pas passé, seuls le maire, et les conseillers Gardiner et Bigelow ayant voté en faveur.

Raymond Bélanger, maire de Mattawa, est un francophone impliqué dans la municipalité depuis plus de 30 ans. Phoot : Gracieuseté de Raymond Bélanger

Le même soir à une heure de route de Mattawa, le conseil municipal Nipissing Ouest s’interrogeait sur une augmentation de salaire des membres du conseil, lequel est plafonné depuis 1999. Aucune décision n’a été prise, la discussion reprendra lors d’un prochain conseil.

Rappelons que la municipalité, qui compte une grande population francophone, avait connu une longue période durant laquelle les réunions du conseil municipal étaient paralysées en raison de désaccords profonds de ses membres.

Tarifs : Les États-Unis acceptent de négocier et l’Ontario suspend la surtaxe de 25% sur l’électricité

En ce mardi après-midi, quelques heures après l’escalade tarifaire entre Donald Trump et Doug Ford, ce dernier et le secrétaire du Commerce des États-Unis Howard Lutnick ont publié une déclaration commune. Doug Ford ira à Washington ce jeudi 13 mars avec Dominic LeBlanc, le ministre canadien des Finances, pour négocier avec l’administration américaine. En échange, l’Ontario a accepté de lever les tarifs de 25% sur l’électricité.

Un nouveau rebondissement de dernière minute après les mesures de contre-tarifs de l’Ontario et du Canada, et la surtaxe ontarienne de 25% sur l’énergie exportée aux États-Unis, qui a suscité de véhémentes réactions de Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, menaçant de riposter en doublant les tarifs sur l’aluminium et l’acier canadien, soit 50%.

La Maison-Blanche a finalement annoncé que l’ajout de cette surtaxe supplémentaire, comme le menaçait Donald Trump, serait suspendu, mais Washington a maintenu qu’un tarif de 25 % entrerait en vigueur dès mercredi 12 mars à minuit sur l’acier et l’aluminium.

Le président américain a d’ailleurs salué la décision de Doug Ford, qu’il a qualifié « d’homme très fort » (very strong man), de revenir sur sa menace sur l’électricité destinée aux États du Michigan, Minnesota et New York.

« Ça aurait été une très mauvaise chose s’il avait fait ça et je respecte ça », a-t-il dit devant des journalistes devant la demeure présidentielle, accompagné d’Elon Musk.

Entre la menace du président américain et son recul quelques heures plus tard, Doug Ford a multiplié les apparitions à l’antenne de MSNBC, demandant aux États-Unis de se rencontrer pour négocier.

Le premier ministre de l’Ontario et le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, ont eu une conversation « productive » sur les relations économiques canado-américaines, à la suite de laquelle ils ont publié une déclaration commune.

Déclaration conjointe entre Doug Ford et le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick. Source : Compte X officiel de Doug Ford

« Le secrétaire Lutnick a accepté de rencontrer officiellement le premier ministre Ford à Washington le jeudi 13 mars aux côtés du représentant américain au commerce pour discuter d’un renouvellement de l’AEUMC – l’Accord Canada-Etats-Unis-Mexique – avant la date limite du 2 avril pour la mise en application des tarifs réciproques. En réponse, l’Ontario a accepté de suspendre sa surtaxe de 25 % sur les exportations d’électricité vers le Michigan, New York et le Minnesota », peut-on lire.

Les prochaines négociations de l’AEUMC n’étaient pas prévues avant 2026, l’accord ayant été signé en 2018 entre les trois pays. Dès son arrivée au pouvoir, le président américain avait laissé entendre vouloir revoir cet accord en avance.

Doug Ford sera accompagné à Washington de Dominic LeBlanc, le ministre canadien des Finances et des Affaires intergouvernementales.

Trump riposte avec 50% de tarifs sur l’aluminium : Ford veut s’asseoir à la table de négociations

Suite à l’annonce de Doug Ford la veille d’imposer une surtaxe de 25 % sur l’électricité exportée vers les États-Unis, Donald Trump double les tarifs pour l’aluminium et l’acier, soit 50 %. À l’antenne de CNBC ce mardi matin, Doug Ford l’exhorte à « arrêter le chaos qui provoque l’inflation et la baisse des marchés américains ». Il invite Trump à s’asseoir à la table pour discuter, celui-ci se plaignant du Canada comme du pays « aux tarifs douaniers les plus élevés au monde », en référence à l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), de 2018 qu’il a lui-même signé.

Fait rare, le président américain a fait référence à la province de l’Ontario ce matin sur les réseaux sociaux X et Truth.

« À cause de l’Ontario qui impose un tarif de 25 % sur l’« électricité » entrant aux États-Unis, j’ai demandé à mon secrétaire au Commerce d’ajouter un tarif supplémentaire de 25 %, soit 50 %, sur tout l’ACIER et l’ALUMINIUM ENTRANT AUX ÉTATS-UNIS EN PROVENANCE DU CANADA, L’UN DES PAYS QUI PRATIQUENT LES TARIFS LES PLUS ÉLEVÉS AU MONDE. Cette mesure entrera en vigueur DEMAIN MATIN, le 12 mars. »

Celui-ci ajoute vouloir « déclarer l’état d’urgence nationale sur l’électricité dans la zone menacée ».

D’exhorter le Canada à supprimer immédiatement « son tarif anti-américain de 250 % à 390 % sur divers produits laitiers américains, qui a longtemps été considéré comme scandaleux ».

Celui-ci fait référence à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

À l’antenne de MSNBC ce matin, Doug Ford commente : « Il (Trump) pense qu’il y a une injustice dans les accords de 2018, qu’il a lui-même signés, le qualifiant à l’époque du meilleur deal au monde. Je suppose qu’il a changé d’avis. On devrait s’asseoir à la table des négociations pour discuter ».

Clip vidéo de Doug Ford qui réagit ce mardi matin à la riposte de Donald Trump l’antenne de MSNBC. Celui-ci commente sur X : « Le président Trump a lancé une attaque tarifaire non provoquée à son plus proche allié et ami. Tant que la menace tarifaire ne sera pas supprimée pour de bon, on ne reculera pas ». Source : Compte X officiel de Doug Ford

Le premier ministre ontarien s’excuse ensuite auprès des Américains et rappelle que c’est Trump qui a lancé une attaque tarifaire non provoquée, ajoutant ne pas savoir pourquoi il s’obstine.

« Se battre n’a aucun sens. La Chine est le problème, pas le Canada. Il devrait se concentrer sur la Chine qui prend le monopole ».

Sur son réseau social Truth, le président américain dit trouver absurde de dépendre de l’électricité d’un autre pays. Sur MSNBC, le premier ministre ontarien rappelle que « les États-Unis ne peuvent produire que 16% de l’aluminium dont ils ont besoin. »

À la question de la journaliste « Que diriez-vous au président Trump si vous pouviez lui parler maintenant », celui-ci répond : « Je lui dirais d’arrêter le chaos. Cela cause du tort aux Américains et aux entreprises. L’inflation arrive et le caractère imprévisible qu’il (Trump) impose est la conséquence de la baisse des marchés boursiers . »

Le nouveau chef libéral Mark Carney a aussi dénoncé les dernières actions de Donald Trump, qu’il qualifie comme « une attaque envers les travailleurs, les familles et les entreprises canadiennes », a-t-il dénoncé, assurant que le Canada maintiendrait ses actions tarifaires « jusqu’à ce que les Américains nous montrent du respect et prennent des engagements crédibles et fiables en faveur d’un commerce libre et équitable ».

« Mon gouvernement s’assurera que notre réponse a un impact maximal sur les États-Unis et un impact minimal sur le Canada, tout en soutenant nos travailleurs », a écrit sur X le premier ministre désigné, qui doit d’ailleurs rencontrer Doug Ford mercredi matin.

Lundi à Ottawa, les principaux ministres du gouvernement fédéral appuyaient la méthode ontarienne, le ministre de l’Innovation et de l’Industrie François-Philippe Champagne saluant « la réponse ferme » alors que sa collègue aux Affaires étrangères, Mélanie Joly, encensait « le leadership démontré par la province de l’Ontario ».


Plus de détails à venir…

Premier ministre : Mark Carney promet une « transition rapide et efficace »

La transition de Justin Trudeau à Mark Carney à titre de premier ministre sera rapide et efficace, a assuré le nouveau chef du Parti libéral du Canada un peu moins de 24 h après sa victoire à sens unique dans le cadre de la course à la chefferie.

Celui qui a récolté 86 % des voix libérales dimanche soir était au Parlement lundi pour discuter avec Justin Trudeau « des relations canado-américaines, les enjeux de la sécurité nationale et les enjeux qui concernent la transition entre lui et moi », a-t-il énuméré devant les journalistes.

« Cette transition va être rapide et efficace », a-t-il poursuivi, ajoutant quelques instants plus tard qu’il n’avait pas eu de contact avec la Maison-Blanche, « car je ne suis pas encore premier ministre, mais ça va arriver ».

Le futur premier ministre a aussi rencontré les députés libéraux lors d’une réunion du caucus du parti, alors que des élections risquent d’être déclenchées d’ici le 24 mars. Il devrait être assermenté dans les prochains jours, tout comme un prochain cabinet. 

« Il y a énormément d’énergie dans le caucus libéral comme vous l’avez constaté. Le Parti libéral est un parti uni et rempli d’énergie », a-t-il soutenu à la fin de cette réunion avec les élus du gouvernement.

Selon Radio-Canada, c’est l’actuel député et ancien ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, qui sera son chef de cabinet pendant la transition.

Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est attaqué à Mark Carney au lendemain de son triomphe, l’accusant d’être comme Justin Trudeau et vouloir « continuer dans la même voie » que le premier ministre sortant.

« Nous avons les mêmes députés libéraux, les mêmes conseillers libéraux, les mêmes promesses libérales qui produiront les mêmes résultats », soutient le leader conservateur, accusant l’ancien banquier de « faire passer ses intérêts d’abord ».

« Nous savons que Carney trahira le Canada pour son profit personnel. Il l’a déjà fait. Il l’a systématiquement fait pendant toute la durée de son mandat d’initié. Donner aux libéraux un quatrième mandat ne changera rien à cela », a-t-il lancé en conférence de presse sur la Colline.

Les députés libéraux ne tarissaient pas d’éloges envers leur patron, qui a largement devancé Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis dans cette course.

« Je pense que le Canada n’a trouvé, peut-être pas un sauveur avec un grand S majuscule, mais certainement quelqu’un qui sait tenir les commandes d’un navire en temps de crise. On le sait qu’on a quelqu’un qui est solide à la barre et aux commandes du Canada », affirme le député acadien du Nouveau-Brunswick, René Arseneault. 

« J’ai appuyé Mark Carney (dans cette course) et je suis satisfait, mais ça sera à lui de décider s’il y a une élection bientôt. Je pense que c’est par là qu’on s’en va », dit le député de l’Est ontarien Francis Drouin en entrevue.

« On commence une nouvelle ère. C’est une bonne nouvelle et je suis confiante pour la suite des choses », a commenté de son côté la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Officiellement, Justin Trudeau doit aller rendre visite à la résidence officielle de la gouverneure générale Mary Simon afin de remettre sa démission pour laisser sa place à Mark Carney comme premier ministre.

Qu’est-ce qui a poussé au retrait de la candidate conservatrice dans Nipissing-Timiskaming?

NORTH BAY – La candidate du Parti conservateur Cassidy Villeneuve a annoncé son retrait de la course aux élections fédérales dans la circonscription de Nipissing-Timiskaming.

« Bien que ce ne soit pas la fin du parcours que j’espérais, je crois que c’est la bonne pour moi et ma famille », pouvait-on lire dans une déclaration sur les réseaux sociaux dimanche soir.

Celle qui avait remporté l’investiture en février 2024 et faisait du porte-à-porte cet été avec son nourrisson écrit aussi : « En tant que femme, les défis du travail en politique sont souvent amplifiés. La résistance à laquelle j’ai été confrontée de la part de certains membres du conseil d’administration a clairement montré à quel point il peut être difficile de naviguer dans ces espaces. »

Toutefois, la jeune femme francophone a tenu à réitérer son soutien envers le Parti et son chef Pierre Poilievre qu’elle présente comme « le meilleur choix pour l’avenir du Canada ».

Le principal adversaire que Cassidy Villeneuve avait affronté et battu pour l’investiture conservatrice est le conseiller d’East Ferris, Steve Trahan, qui représentait également les conservateurs aux dernières élections fédérales, avant de perdre contre le libéral Anthony Rota.

Avec le déclenchement probable d’élections fédérales, tout porte à croire qu’une élection partielle aura lieu dans les prochaines semaines pour cette circonscription comptant 14 % de personnes dont la première langue officielle parlée est le français, selon les données de Statistique Canada.

Poussée à démissionner?

Selon un document obtenu par le média BayToday, il y a deux semaines, l’Association des conservateurs de Nipissing-Timiskaming envisageait alors sérieusement de remplacer sa candidate, citant un manque de « responsabilité et de rendement ».

Une source aurait alors confirmé qu’une résolution avait été adoptée à l’unanimité, le 23 janvier dernier, pour inviter à « une amélioration immédiate et mesurable de l’effort, de l’activité et de l’engagement du candidat ».

Toujours selon les informations du journal en ligne de North Bay, l’organisme local aurait donné à la candidate jusqu’au 31 janvier 2025 pour améliorer la contribution financière à sa campagne, laquelle aurait été jugée insuffisante pour l’année 2024.

Un autre obstacle majeur aurait été que Mme Villeneuve ne vit pas dans la circonscription, mais au Québec, et travaille à Ottawa. Or, dans la signature de la lettre expliquant son retrait, celle-ci écrit : « fière résidente d’East Ferris ». Cassidy Villeneuve travaille, par ailleurs, comme cheffe de cabinet de Raquel Dancho, députée de Kildonan-St. Paul et le ministre fantôme de la Sécurité publique, mais est en ce moment en congé maternité.

ONFR a tenté de joindre Cassidy Villeneuve et les équipes du Parti conservateur, mais n’a pas reçu de réponse au moment de publier cet article.

Vers une victoire des conservateurs?

Le député sortant de la circonscription, l’ex-libéral Anthony Rota a choisi de ne pas se représenter pour un septième mandat. Le Franco-Ontarien avait démissionné de son rôle de la Chambre des Communes en septembre 2023 après avoir invité un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant combattu au sein des nazis, lors du discours au Parlement du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les autres candidats récemment annoncés pour la circonscription sont la candidate libérale Pauline Rochefort, mairesse actuelle d’East Ferris, et la néo-démocrate Valerie Kennedy.

Selon l’agrégateur de sondage 338.Canada, les projections de votes montrent une légère avance pour les conservateurs dans Nipissing-Timiskaming avec 40 % des intentions de vote contre 37 % pour les libéraux.

Des élections fédérales pourraient survenir dans les prochaines semaines, le Parlement est prorogé jusqu’au 24 mars prochain.

L’Ontario surtaxe de 25% les exportations d’électricité aux États-Unis

TORONTO – L’imposition de 25 % sur les exportations d’électricité ontarienne aux États-Unis s’inscrit à titre de mesure de représailles, maintenues jusqu’à ce que les tarifs américains soient éliminés. 1,5 million de foyers dans trois États américains sont concernés, pour un coût de 400 000 dollars par jour.

Cette surtaxe de 25 % sur toutes les exportations d’électricité vers les États-Unis touchera 1,5 million de foyers et d’entreprises dans les États du Michigan, du Minnesota et de New York, coûtant jusqu’à 400 000 $ par jour tant, que la surtaxe sera maintenue.

C’est-à-dire que tout producteur d’électricité ontarien exportant aux États-Unis ajoutera 10 dollars par mégawattheure (MWh).

Évalués entre 300 000 à 400 000 $, les profits générés « serviront à soutenir les travailleurs, les familles et les entreprises de l’Ontario », affirme le gouvernement ontarien par voie de communiqué.

« Les droits de douane du président Trump sont un désastre pour l’économie des États-Unis, a déclaré ce lundi le premier ministre Doug Ford. Ils rendent la vie plus chère pour les familles et les entreprises américaines. Tant que la menace des droits de douane n’aura pas disparu une fois pour toutes, l’Ontario ne pliera pas. Nous resterons déterminés, utiliserons tous les moyens à notre disposition et ferons ce qu’il faut pour protéger l’Ontario. »

À la question iriez-vous jusqu’à couper les exportations d’électricité, celui-ci a répondu : « S’ils continuent à attaquer notre province, notre pays, oui nous ferons tout ce qu’il faut pour maximiser l’impact contre les Américains. Et ça me fait mal de dire ça, car tout ça n’est pas contre les Américains. Quand je leur parle, je commence par m’excuser et ils comprennent, car ils ne sont pas d’accord avec leur président et ont peur de le dire publiquement. »

À Ottawa, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a commenté cette nouvelle mesure : « Si les premiers ministres des provinces utilisent des leviers qui sont à notre avantage, c’est une bonne nouvelle », soulignant le fait que le leadership démontré par la province de l’Ontario devrait en inspirer beaucoup d’autres.

Catherine McKenney à Queen’s Park, une lueur d’espoir dans un climat de régression, selon FrancoQueer

L’élection de Catherine McKenney, en tant que « député·e non binaire » à l’Assemblée législative de l’Ontario, marque un moment historique dans un contexte d’incertitude croissante aux États-Unis, affirme la communauté LGBTQ+ francophone en Ontario.

FrancoQueer, organisme de défense des droits des personnes LGBTQ+ francophones en Ontario, a qualifié « d’historique » l’élection de Catherine McKenney qui a remporté pour le NPD le siège de député d’Ottawa-Centre avec 55,7 % des voix.

Selon FrancoQueer, McKenney incarne un symbole d’espoir, dans un contexte où les droits des personnes trans et non binaires sont de plus en plus attaqués, notamment aux États-Unis. 

« Ce climat politique et social des États-Unis est une grande source de confusion et de peur pour notre communauté », confie Karine Fleury, coordinatrice principale des communications chez FrancoQueer, soulignant que les États-Unis connaissent une recrudescence des attaques législatives contre les personnes trans et non-binaires, notamment à travers des lois restreignant l’accès aux soins affirmant le genre ou censurant l’éducation sur la diversité de genre, la présence de McKenney à Queen’s Park envoie un message fort. 

Karine Fleury, coordinatrice principale des communications chez FrancoQueer. Gracieuseté

« Ce climat de régression ne peut que renforcer l’importance d’avoir des représentants et des voix politiques qui défendent nos droits et notre dignité », ajoute-t-elle.

Au cours d’une entrevue avec ONFR, McKenney a insisté sur l’importance de la représentation politique des communautés marginalisées. 

« Lorsqu’une personne en position de leadership démontre la diversité et offre une visibilité aux personnes trans et non-binaires, cela envoie un message fort de soutien de la part de la communauté », a déclaré McKenney qui a obtenu une large victoire de 18 892 votes devant le candidat libéral arrivé en deuxième position, Thomas Simpson, selon les résultats finaux du dépouillement des bureaux de vote publiés le 3 mars.

Selon McKenney, cette visibilité est essentielle non seulement pour affirmer l’existence et la légitimité des identités non binaires, mais aussi pour inspirer les générations futures. « Il a toujours été important pour moi d’être visible. Je le suis depuis longtemps, mais aussi pour, je l’espère, être un bon modèle », a ajouté McKenney.

Son élection intervient dans un contexte où la montée des mouvements conservateurs tente de remettre en question les acquis en matière de droits LGBTQ+. 

« Nous assistons à un retour en arrière contre la diversité et l’inclusion, et le résultat est l’exclusion des personnes », a expliqué McKenney.

Face à cette menace, McKenney rappelle l’importance de rester mobilisés : « Nous devons transmettre ce message aux personnes trans et non binaires : nous existons, nous continuerons d’exister, mais nous continuerons d’exister dans une communauté, dans un pays et dans un monde où nous pourrons nous épanouir. »

« Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’alliés pour défendre ces valeurs », revendique McKenney.

De son côté, Karine Fleury voit dans cette élection un modèle positif, non seulement pour l’Ontario, mais aussi pour les autres provinces et nations voisines, notamment aux États-Unis, en montrant qu’il est possible de garantir une plus grande représentation des communautés marginalisées. « Loin de se limiter à un simple acte symbolique, l’élection de Catherine McKenney est un message clair : les identités de genre diverses font partie intégrante de notre société et doivent être reflétées dans nos structures de pouvoir. »

Un mandat pour « la justice sociale »

Tout au long de sa campagne, McKenney a défendu des enjeux comme le retour du contrôle des loyers, l’accès à des logements abordables et l’amélioration des services de transport en commun. McKenney a également mis un point d’honneur à défendre les populations les plus vulnérables : « Sachez que si vous dormez ce soir dans un refuge, demain matin, vous serez ma priorité », a affirmé Catherine Mckenney le soir de son élection.

Ce qui a joué en sa faveur, selon Catherine McKenney qui a également été candidate à la mairie d’Ottawa en 2022, est son expérience en tant que conseillère municipale pendant huit ans, source d’une visibilité importante dans la communauté.

« Nous avons travaillé dur sur des enjeux comme le logement, la santé et le transport en commun. Nous avons aussi affronté l’occupation du centre-ville. Tout cela m’a donné un réel avantage dans cette élection ».

En effet, McKenney, qui utilise le pronom « iel », était sur le devant de la scène publique lors de la campagne municipale de 2022, menée dans le climat tendu qui a suivi l’occupation du centre-ville d’Ottawa par les camionneurs.

Pendant cette crise, le profil de McKenney a gagné en popularité grâce à sa mobilisation pour défendre les résidents du centre-ville, pris en otage par la situation. 

En tant que conseillère du quartier Somerset, épicentre de la manifestation, McKenney était souvent présente dans les rues de Centretown.

Aujourd’hui, McKenney entend continuer à militer pour les causes qui lui tiennent à cœur : « Nous voulons que les jeunes et les générations futures aient plus que nous, qu’ils aient toujours plus et que les choses s’améliorent constamment ».

PLC : Mark Carney remporte la course à la succession à Justin Trudeau

OTTAWA – Le résultat était prévisible depuis plusieurs semaines et le tout a été officialisé dimanche soir. Mark Carney a été élu chef du Parti libéral du Canada à l’issue d’une course à la chefferie de six semaines, pour élire le remplaçant de Justin Trudeau.

Avec 85,9 % des voix, soit près de 131 000 votes, il bat ainsi l’ex vice-première ministre Chrystia Freeland (2e place avec 8% du vote), l’ex-ministre Karina Gould (3e place avec 3,2% du vote) et l’ex-député Frank Baylis (4e avec 3% du vote). C’est 150 000 libéraux qui ont voté dans le cadre de cette course à la chefferie avec près de 400 000 au total qui s’étaient inscrits pour voter.

Mark Carney deviendra donc prochainement aussi le premier ministre en remplacement de Justin Trudeau.

« Je tiens à vous remercier, chers libéraux, de m’avoir accordé le plus grand honneur qui soit : celui de servir comme votre nouveau chef », a lancé le gagnant dans son discours de victoire à Ottawa devant les sympathisants libéraux.

Alors que l’ancien premier ministre Jean Chrétien, quelques instants auparavant, suggérait dans un discours de taxer toute l’énergie destinée aux États-Unis, l’allocution de victoire de Mark Carney s’est aussi alignée à la réalité tarifaire qui frappe le Canada à l’heure actuelle, et « qui demandera du changement, du grand changement », a-t-il soutenu.

« Mais je sais que les Canadiens et Canadiennes sont prêts. Ils me le disent à travers le pays. Les gens veulent du changement parce qu’ils sont inquiets. Ils s’inquiètent du coût de la vie et de la crise du logement. Ils s’inquiètent pour l’avenir des jeunes. Et ils s’inquiètent de l’avenir du Canada, face aux menaces du président Trump et à un monde plus divisé et dangereux », a-t-il partagé.

« Aux États-Unis, on ne reconnaît pas les différences », a-t-il poursuivi.

« Et il n’y aura jamais de droits à la langue française. La joie de vivre, la culture, et la langue française font partie de notre identité. Il faut les protéger, il faut les promouvoir. On ne les échangera jamais, jamais, pour n’importe quel accord commercial », a avancé le nouveau leader du Parti libéral, dans son discours, qui s’est conclu avec un « Vive le Canada » à la Jean Chrétien.

Qui est Mark Carney?

Âgé de 59 ans et né aux Territoires du Nord-Ouest, il a été un haut fonctionnaire au ministère des Finances au début des années 2000 avant de devenir gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2013, ayant été aux premières loges de la crise financière de 2008. Suite à son mandat au Canada, il est nommé gouverneur de la Banque d’Angleterre en 2013 jusqu’en 2019.

Il revient par la suite en Amérique du Nord où il conseille notamment Justin Trudeau économiquement, en plus d’occuper divers rôles comme celui de vice-président de Brookfield Asset Management, un important fonds financier canadien, ou encore président du conseil d’administration de Bloomberg.

Avec sa victoire, Mark Carney devient le 11e chef de l’histoire du Parti libéral du Canada. Photo : Andrej Ivanov Stringer Getty Images

Sur place, le député de Nickel Belt dans le Nord de l’Ontario, Marc Serré, se réjouit de cette victoire, lui qui avait mis son soutien derrière Mark Carney soulignant que le bagage économique de ce dernier « sera important » pour la région.

« Dans le Nord de l’Ontario, il y a une abondance de minéraux critiques dont le monde a besoin. Lorsqu’on regarde l’optimisme des gens du Nord de l’Ontario pour l’économie, avoir quelqu’un comme Mark Carney qui a l’expérience pour regarder à des marchés mondiaux, ça va être important pour développer notre économie et garder nos emplois dans le Nord », affirme-t-il en entrevue.

Des élections déclenchées cette semaine?

Quand Justin Trudeau quittera-t-il officiellement son poste de premier ministre pour céder sa place à Mark Carney? L’échéance reste pour le moment incertaine. M. Trudeau a affirmé plus tôt cette semaine qu’il ne comptait pas rester en poste de façon intérimaire, indiquant en anglais qu’il attend avec impatience « une transition vers mon successeur dûment élu dans les prochains jours ou la semaine à venir ».

Les plans de M. Trudeau pourraient s’éclaircir avec le déclenchement d’élections dans les prochains jours. Le Parlement doit en principe reprendre le 24 mars et les partis d’opposition ont déjà signalé leur intention de faire tomber le gouvernement à la première occasion. Or, comme Mark Carney n’a pas de siège au Parlement, des élections anticipées pourraient être déclenchées avant, ce qui amènerait probablement le pays aux urnes entre le milieu et la fin du mois d’avril.

Lors du débat en français dans le cadre de la course à la succession de Justin Trudeau il y a trois semaines, Mark Carney avait soulevé la possibilité de déclencher un scrutin dès la mi-mars.

« Il y aurait des circonstances où l’on pourrait rappeler le Parlement. On va faire la meilleure chose pour le Canada », avait-il affirmé le 24 février dernier après le débat, en réponse aux questions des journalistes.

« Mais, il est plus probable que la meilleure chose pour le Canada est que le gouvernement se dote d’un mandat fort et clair plus tôt pour pouvoir prendre les actions nécessaires pour construire ce pays », soulignait l’ex-banquier.

Selon un sondage de la firme Léger en date du 5 mars, les libéraux sous Mark Carney obtiendraient 33 % des intentions de vote au pays contre 41 % pour les conservateurs de Pierre Poilievre et 12 % pour le NPD. Le 24 février dernier, un premier sondage Léger montrait que le dirigeant du milieu financier pourrait récolter 40 % des voix pour les libéraux contre 38 % pour les conservateurs.

La création d’entreprise, plus compliquée pour les femmes en francophonie ontarienne

Le livre blanc qui dissèque l’économie franco-ontarienne et publié il y a un mois par un réseau économique francophone confirmait que la création d’entreprise était plus complexe pour les femmes en Ontario français. Une première édition sortie en 2022 montrait déjà que les hommes d’affaires ont moins été touchés par la pandémie que leurs homologues féminines. L’entrepreneuriat des femmes progresse, mais leur disposition pour y accéder patine toujours.

Le directeur sortant de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario, Richard Kempler, qui a dirigé la recherche du livre blanc, exigeait que soit donnée une attention particulière sur l’entrepreneuriat chez les femmes ainsi que soient débloquées des subventions simples et rapides pour les petites et moyennes entreprises.

En effet, les PME détenues par des femmes continuent de gagner du terrain selon un tout nouveau rapport sorti cette semaine par le Portail de connaissance pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE) de l’Université métropolitaine de Toronto.

Toutefois, la directrice générale du PCFE, Sabine Soumare soutient que « les hommes gagnent encore 2,5 fois plus que les femmes entrepreneures et qu’il y a beaucoup de travail à faire. » Plus souvent issues du secteur tertiaire et avec moins d’économies, les entrepreneures se heurtent à des obstacles qui entravent leurs perspectives d’évolution.

Sabine Soumare, Directrice générale du Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat (PCFE). Gracieuseté

« Mon cheval de bataille, c’est vraiment s’assurer qu’on ait des données aussi pour les francophones », assure Mme Soumare, qui érige ce rapport comme le seul s’intéressant exclusivement à l’entrepreneuriat féminin au pays.

Dans le Nord de l’Ontario, les entrepreneures artisanales ou propriétaires de microentreprises peinent à faire reconnaitre leur contribution à l’économie rurale. « Je reproche ça vraiment aux bailleurs de fonds de ne pas pouvoir valoriser toutes ces choses-là », dit Janie Renée Myner, qui dirige l’Union Culturelle des Franco-Ontariennes. Elle explique que dépourvu de considération équitable, les Franco-Ontariennes manquent d’opportunités pour devenir plus autonomes.

Le sort de la double voire triple minorité

Les biais discriminatoires qui ciblent les femmes sont souvent aggravés au détriment de celles en milieu francophone. « C’est encore plus marqué dans l’environnement francophone parce qu’en plus vous ne parlez pas la langue de la majorité », lance l’ancien directeur général, Richard Kempler.

Richard Kempler, directeur général sortant de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario. Archives ONFR+

Ces biais peuvent établir une première grille d’analyse des difficultés que les femmes rencontrent, qui met en lumière une triple minorité dans laquelle s’identifient notamment les femmes francophones immigrées. « La femme émigrante francophone qui arrive, non seulement elle a le choc culturel, elle a l’acclimatation, elle a tout ça. Donc, on a des opportunités d’accompagnement et d’appui. Ça, c’est une force des femmes », dit Janie Renée Myner.

Leur expérience les incite à s’entraider, telle que Layla Saligane, une militante franco-ontarienne d’Ottawa qui s’apprête à ouvrir son entreprise en lançant une plateforme qui va rassembler les petites entreprises locales avec les consommateurs de la région. « La plupart des personnes qui seront visibles sur le site seront des femmes et des petites entreprises », assure-t-elle.

Le casse-tête de l’accès au financement

Pour se lancer, Layla Saligane a abandonné l’idée de financement, car elle explique avoir rencontré trop de barrières pour y accéder.

Pour Richard Kempler, « tout ce qui ressort en permanence c’est le manque de crédibilité d’une femme vis-à-vis des banques, c’est un biais, quelque part une certaine misogynie ». Agrandir leur entreprise permettrait aux femmes de mieux intégrer l’économie, mais dans le contexte d’un tel système endogène et criblé de biais, il demeure extrêmement difficile d’avoir accès à des financements quand on est une femme, explique-t-il.

Layla Saligane a autofinancée son entreprise au vu de nombreuses barrières pour sécuriser un financement externe. Gracieuseté

Sabine Soumare affirme également que 80 à 85 % d’entre elles utilisent leurs propres économies pour pouvoir financer leurs entreprises. Du côté du Nord, le même discours se répète. « Quand Monsieur entre à la banque pour acheter un tracteur, il n’y a pas de problème, quand Madame arrive pour acheter, la même chose, on lui demande plein d’affaires, puis on lui demande surtout la signature, un co-signateur », déplore Janie Renée Myner.

Progrès ou recul?

En trente ans, la société canadienne n’a que peu évolué au niveau de l’entrepreneuriat féminin. Des volets sont créés au sein des institutions, des banques afin de sensibiliser à la lutte des femmes pour un traitement égalitaire. Le thème retenu cette année pour le 8 mars « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation » appelle à faire de l’économie féminine une partie intégrante de cet écosystème.

Une stratégie sur l’entrepreneuriat féminin lancé en 2018 par le gouvernement fédéral soutient les efforts pour obtenir des données sur l’entrepreneuriat féminin et comprendre ses enjeux, mais sans suivi régulier ni pertinent, ces programmes deviennent obsolètes. « S’il n’y a pas d’impact, si c’est juste cocher une case et se dire qu’on se débarrasse de ce problème et puis se dire business as usual, c’est non », dit Sabine Soumare.

Il y a 100 ans, un député franco-ontarien contribuait à mettre fin au Règlement 17

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

Bien avant Mauril Bélanger, un autre député ayant également pour nom de famille Bélanger se hissa au rang des plus farouches défenseurs de la communauté franco-ontarienne, dès le début de l’imposition du Règlement 17 et jusqu’à sa mise au rancart. Le député Bélanger, Aurélien de son prénom, prononça il y a cent ans à l’Assemblée législative de l’Ontario deux discours phares qui contribuèrent à paver la voie à la fin de l’interdiction provinciale d’enseigner en français dans les écoles de l’Ontario. Retour sur cet épisode et sur ce personnage malheureusement oubliés de nos jours.

Né à Sainte-Scholastique, au Québec, le 18 mars 1878, Aurélien Bélanger suit ses parents à Ottawa en 1879*. Il fréquente l’École Brébeuf dans la Basse-Ville et étudie au Juniorat du Sacré-Cœur d’Ottawa, où il obtient un baccalauréat ès arts.

Surdoué, le jeune Bélanger empoche des diplômes en tous genres : titulaire d’une maîtrise ès arts (1902), il complète des études en droit (1913) et obtient un diplôme en comptabilité (1926). Au surplus, il décrochera un doctorat en pédagogie de l’Université Laval en 1937.

Bien qu’il lorgne une carrière en droit, l’archevêque catholique d’Ottawa le convainc que ses brillants talents seraient plus utiles pour la communauté franco-ontarienne s’il œuvrait en éducation.

Bélanger est successivement professeur à l’Université d’Ottawa (1896-1902), directeur de la comptabilité pour la construction du musée Victoria d’Ottawa (1904-1908, aujourd’hui le Musée canadien de la nature) et inspecteur des écoles bilingues de l’Est de l’Ontario (1908-1912).

À la suite à l’adoption du Règlement 17 en 1912, Bélanger, qui a alors 34 ans, démissionne avec fracas de son poste pour manifester son désaccord envers ce qui restreignait considérablement l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario. Il organise même la première assemblée de la résistance à Hawkesbury.

L’infatigable Bélanger est déjà impliqué depuis un certain temps en Ontario français : il est cofondateur de l’Association canadienne-française d’Éducation d’Ontario (actuelle Assemblée de la francophonie de l’Ontario) en 1908-1910 et du quotidien Le Droit d’Ottawa en 1913.

À la demande de son ami et complice Samuel Genest, il devient directeur des écoles bilingues auprès de la Commission des écoles séparées catholiques d’Ottawa que préside Genest.

Toujours aussi impliqué, ce militant cofonde en 1922 l’Association des instituteurs et des institutrices bilingues de l’Est de l’Ontario.

Le saut en politique et le discours d’une vie

Au début des années 1920, alors que le Règlement 17 sévit encore, l’élite franco-ontarienne de l’Est décide que la résistance doit se transposer à l’Assemblée législative de l’Ontario, avec la candidature de M. Bélanger aux élections provinciales. Il se fait élire député provincial de Russell (territoire recouvrant les actuelles circonscriptions d’Orléans et l’Ouest de Glengarry-Prescott-Russell) à l’élection générale provinciale de 1923, sous la bannière libérale.

En 1925, le futur chef du Parti libéral de l’Ontario et éventuel premier ministre de la province Mitch Hepburn donne pour mission à Aurélien Bélanger de prononcer « le discours de sa vie » contre le Règlement 17.

Devant l’Assemblée législative, le député Bélanger livre la prestation de sa vie les 3 et 6 avril 1925 : pendant plus de six heures au total, et jusqu’aux petites heures du matin, il prononce des plaidoyers en faveur des intérêts scolaires des Franco-Ontariens, d’un point de vue légal, historique et politique.

« Même si nous voulons apprendre l’anglais, nous voulons aussi connaître le français! » lance-t-il aux députés, signalant d’ailleurs que d’autres pays permettent des écoles dans la langue de la minorité sur leur territoire, tels que la Belgique ou la Suisse. Son discours vante les vertus pédagogiques de l’enseignement dans la langue maternelle, du droit des parents de décider de l’éducation de leurs progénitures et du statut de la langue française comme langue cofondatrice du pays.

À la fin de sa plaidoirie, Bélanger dépose une résolution à l’Assemblée qui :

1) Protégerait les écoles actuelles et futures de l’Ontario où l’on enseigne en français,

2) Accorderait la formation nécessaire aux instituteurs pour enseigner en français en Ontario.

Le brillant orateur gagne la confiance des membres des deux partis. Des députés anglophones de l’opposition appuient sa résolution. Son discours entre dans la légende!

Création d’une commission d’enquête

Le discours de Bélanger ne laissera personne indifférent et provoquera une prise de conscience au sein du Parti conservateur au pouvoir à l’époque. Le premier ministre (et ministre de l’Instruction publique) Howard Ferguson annonce en octobre 1925 la création de la Commission d’enquête Scott-Merchant-Côté, chargée d’enquêter sur le Règlement 17. Pour plusieurs observateurs c’est une conséquence directe des discours prononcés par M. Bélanger en avril.

Cette commission déposera un rapport en 1927 qui recommandera la mise au rencart du Règlement 17. Le gouvernement adoptera toutes les recommandations de la commission d’enquête, et le Règlement XVII devenant inopérant le 1er novembre 1927.

Réélu aux élections provinciales de 1926, l’élu franco-ontarien restera député jusqu’aux élections de 1929 où il ne se représente pas. Après une pause de cinq ans, où il devient notamment président général de la Société Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa en 1933-1934, il effectue un retour en politique active en étant élu dans le comté voisin de Russell, celui de Prescott dans l’Est ontarien lors des élections de 1934. Il sera réélu aux élections de 1937, 1943 et 1945, avant de prendre sa retraite en 1948.

L’année suivante, il reçoit un doctorat honorifique en droit de l’Université d’Ottawa.

Au moment de recevoir la médaille de la Fidélité française du Conseil de la vie française en Amérique en 1952, le conseil déclare que « la cause franco-ontarienne n’a jamais connu de défenseur plus intrépide ni d’ambassadeur de la pensée française plus convaincu. Le nom d’Aurélien Bélanger ira rejoindre dans l’histoire des revendications scolaires, religieuses et nationales de nos minorités, ceux des plus vénérés chefs de notre histoire. »

Marié à Alida Rochon, il est père de six enfants. Au moment de son décès à Ottawa le 12 février 1953, le quotidien Le Droit écrit en éditorial : « Avec la mort de M. Bélanger, c’est une page de l’histoire franco-ontarienne qui s’envole. »

Ses funérailles auront eu lieu en l’église St-Charles-Borromée à Eastview (Vanier) et son inhumation au Cimetière Notre-Dame d’Ottawa. Malheureusement, son nom n’apparaît pas dans la toponymie de l’Ontario français et ses faits d’armes sont oubliés dans la mémoire collective franco-ontarienne.

* Précisons qu’il n’y a pas de lien de parenté entre Aurélien Bélanger et Mauril Bélanger, député fédéral d’Ottawa-Vanier de 1995 à 2016.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Le sport professionnel féminin en pleine expansion au Canada

Avec la création de deux ligues professionnelles dans des sports majeurs comme le hockey sur glace et le soccer et l’arrivée d’une équipe de basketball de WNBA à Toronto, les possibilités de carrière offertes aux athlètes franco-ontariennes dans leur propre province ou à travers le Canada se multiplient depuis 2024. 

La LPHF quasiment sans concurrence 

Le premier sport majeur à se jeter à l’eau pour lancer sa ligue professionnelle féminine a été le hockey sur glace. Annoncée officiellement le 14 août 2023, la  Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) a entamé sa première saison le 1er janvier 2024. 

Composée de six équipes réparties entre le Canada et les États-Unis, elle s’est directement imposée comme la meilleure ligue au monde, regroupant les joueuses les plus talentueuses de ce sport, majoritairement américaines et canadiennes (plus de la moitié de la ligue) mais aussi internationales (dix autres pays représentés), bien que certaines des meilleures joueuses européennes ont décidé de rester sur le Vieux Continent. 

L’Ontario est fortement représenté avec des équipes à Toronto et Ottawa, soit deux des six franchises qui y sont implantées. Du fait de la forte compétitivité au sein de la ligue qui compte les meilleures joueuses au pays, il n’y a pour le moment pas de joueuses identifiées comme Franco-Ontariennes au sein de la ligue, mais cette dernière représente une opportunité qui n’existait pas par le passé pour les jeunes franco-ontariennes évoluant à l’université, que ce soit au Canada ou aux États-Unis de pouvoir rester en Amérique du Nord et poursuivre une carrière professionnelle. Aux deux équipes de l’Ontario, s’ajoute Montréal, la capitale francophone du Canada.

Si tout n’est pas encore parfait avec seulement deux ans d’existence, la ligue se porte bien économiquement et envisage déjà l’ajout de nouvelles équipes à l’avenir. Ceci devrait augmenter les chances, dans un futur proche, de voir des Franco-Ontariennes évoluer au plus haut niveau mondial. 

 Un contexte très concurrentiel pour le soccer 

Si pour le hockey sur glace, l’objectif de l’arrivée de la LPHF était d’emblée de regrouper les meilleures joueuses américaines et canadiennes dans un contexte peu concurrentiel, la création en soccer de la Super ligue du Nord (SLN), qui va inaugurer sa première saison en avril prochain, se fait avec des objectifs différents. Face aux géants que représentent la ligue américaine de soccer (NWSL) et surtout les grands championnats européens, l’objectif sera dans un premier temps, à l’image de ce qu’offre la Première ligue canadienne de soccer (PLC) chez les hommes, de donner des opportunités professionnelles aux jeunes joueuses canadiennes issues des universités. 

Difficile donc d’imaginer les meilleures joueuses franco-ontariennes comme Vanessa Gilles (Olympique lyonnais, France) ou Cloé Lacasse (Royals de l’Utah, NWSL) rejoindre cette ligue dès maintenant  – pourquoi pas en fin de carrière? –  mais des débouchés s’offrent désormais aux jeunes joueuses francophones de la province de rejoindre l’une des six équipes de la ligue. Comme pour la LPHF, la SLN compte deux équipes en Ontario à Toronto et Ottawa et une équipe à Montréal, les trois autres étant basées à Halifax, Calgary et Vancouver. 

Les effectifs sont annoncés au compte-goutte sur les réseaux sociaux, mais on sait d’ores et déjà que le Rapide d’Ottawa a signé la Franco-Ontarienne Florence Belzile, joueuse locale qui arrive en provenance de l’Université du Nebraska. 

La ligue ambitionne tout de même d’offrir un haut niveau de compétition avec des joueuses internationales en fin de carrière comme Desiree Scott, qui a rejoint l’équipe d’Ottawa, ou tout récemment appelées en équipe nationale lors de la Coupe Pinatar comme Megan Regan (AFC Toronto) et Samantha Chang (Rise de Vancouver). 

La saison débute le 16 avril avec un duel entre Calgary et Vancouver. Toronto ouvrira contre Montréal le 19 avril puis se déplacera à Ottawa qui lancera son histoire avec un derby de l’Ontario le dimanche 27 avril à la Place TD. 

La WNBA à Toronto, enfin 

Il va falloir encore attendre un peu plus d’un an, mais Toronto aura bien une équipe dans la WNBA. Annoncée en mai 2024, la franchise d’expansion accordée à la Ville Reine, la première en dehors des États-Unis, a depuis le 5 décembre dernier un nom le Tempo, depuis le 20 février dernier une directrice générale Monica Wright Rogers et depuis le début du mois une co-propriétaire très populaire et de renom en la personne de Serena Williams. 

En attendant les débuts de l’équipe en 2026, les partisans canadiens rêvent déjà de voir les meilleures joueuses du pays comme Kia Nurse, Bridget Carleton ou encore Aalyah Edwards rejoindre les rangs de la franchise canadienne. Côté franco-ontarien, Laeticia Amihere, qui sort d’une excellente saison d’hiver en Australie avec un titre de meilleure joueuse de la ligue et un contrat décroché avec les Valkyries de Golden State pour faire son retour en WNBA, fait partie des joueuses qu’on aimerait voir à Toronto. 

Autre nom qui fait saliver mais qui ne sera pas disponible avant encore trois années à passer à l’université : Syla Swords. La Franco-Ontarienne fait parler d’elle pour de très bonnes raisons. À tout juste 19 ans, elle a déjà engrangé de l’expérience internationale avec la sélection canadienne aux Jeux olympiques de Paris l’été dernier. Dans sa première année à l’Université du Michigan elle flambe dans la WNCAA, le championnat universitaire américain. Promise à un bel avenir, elle incarnerait parfaitement la franchise canadienne. 

Les partisans franco-ontariens en rêvent, tout comme son père Shawn, ancien international canadien et entraîneur avec les Nets de Long Island dans la G League. Et si Syla n’atterrisait pas au Tempo? La bonne nouvelle, c’est qu’elle a également une jeune sœur âgée de 16 ans Savannah, qui suit le chemin tracé par son aînée. 

2024, une année record pour l’immigration francophone en Ontario

L’Ontario a atteint un record de sa proportion d’immigrants francophones dans la province en 2024, doublant presque celle atteinte dans les deux dernières années, alors que près d’un nouvel arrivant ontarien sur dix parlait la langue de Molière.

C’est ce que révèle de récentes données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) concernant l’immigration francophone au pays. En 2024, 9,58 % des nouveaux résidents permanents en Ontario étaient des francophones, soit près d’un sur dix.

« C’est incroyable. Finalement, les 20 ans et plus d’efforts aboutissent enfin. Avant la pandémie, on n’arrivait pas à frôler même le 2 % », rappelle la chercheuse de l’Université d’Ottawa et spécialiste en immigration francophone, Luisa Veronis.

Ces données excluent les résidents temporaires comme les travailleurs saisonniers ou encore les étudiants internationaux. Il s’agit d’un record depuis 2015, soit les dernières données accessibles d’Immigration Canada, pour l’Ontario. L’an 2023 et 2022 suit comme la seconde et troisième année la plus faste en matière d’immigration francophone avec respectivement 5,76 % et 5,28 % dans la plus grosse province canadienne.

« Si le pourcentage d’immigrants francophones, toute catégorie, dépasse le poids démographique de la francophonie ontarienne, ça va venir (nous) affecter positivement et c’est certainement de bonnes nouvelles », réagit le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Fabien Hébert.

Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Photo : ONFR/Lila Mouch

Poids démographique des Franco-Ontariens

L’AFO demande au fédéral et à la province d’augmenter le nombre d’immigrants francophones en Ontario, citant cette réclamation comme un moyen de lutter contre la chute du nombre de Franco-Ontariens au cours des dernières années. Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada, les Franco-Ontariens représentaient 3,4 % de la population de l’Ontario.

Pour Luisa Veronis, ce bond en 2024 pourrait s’expliquer par le fait qu’un plus grand nombre de dossiers au ralenti, comme pour des travailleurs temporaires et des étudiants internationaux au pays, ont été débloqués. 

Elle souligne aussi que le programme Entrée Express, un système qui sélectionne des travailleurs qualifiés basés sur un système de pointage, accorde de plus en plus de points pour les candidats qui ont une bonne maîtrise du français. Selon IRCC, il s’agit d’année après année de la catégorie la plus représentée parmi les immigrants francophones hors Québec.

« Ils ont séparé les bassins et les francophones ne sont plus désavantagés », explique Luisa Veronis. 

« Avant, ils étaient perdus dans la masse. S’il y avait des anglophones qui avaient de meilleurs pointages, il prenait la crème de la crème », complète la titulaire de la Chaire de recherche sur l’immigration et les communautés franco-ontariennes.

Luisa Veronis, professeure de l’Université d’Ottawa et spécialiste en immigration francophone. Photo : Gracieuseté

Parmi les autres provinces, on compte une hausse proportionnelle pour le Nouveau-Brunswick qui est passé de 26 % en 2023 à 30 % en 2024. À noter que près de 15 % n’ont pas précisé leur province ou territoire, un autre nombre plus élevé qu’en 2023 (6,25 %).

À l’échelle nationale, le fédéral a d’ailleurs atteint son objectif en immigration francophone cette année. Cela survient alors que le Canada a accueilli 483 390 immigrants permanents en 2024, un nombre amené à baisser dans les prochaines années entre 365 000 et 395 000, ce qui fait dire à la professeure de l’Université d’Ottawa que le Canada pourrait atteindre à nouveau sa cible francophone en 2025, qui sera de 8,5 %.

Mais cette dernière s’inquiète que ces chiffres pourraient cacher les difficultés autour de la crise du logement et la recherche d’emplois pour ces nouveaux résidents, rappelant que le Canada et l’Ontario perdent près du tiers de leurs immigrants francophones, selon un rapport du Conference Board du Canada.

L’atout économique ontarien

En matière de nombre pur, on parle d’un ajout de 19 706 nouveaux arrivants francophones en Ontario en 2024, la province ayant accueilli un peu moins de 206 000 immigrants, toutes langues confondues, dans la dernière année. 

À titre de comparaison, il s’agit d’un nombre similaire pour l’Ontario à ce que la francophonie canadienne, excluant le Québec, avait reçu en entier en 2023. Les provinces et territoires canadiens avaient alors accueilli 19 700 immigrants francophones. 

Il n’existe pas de données pour le moment à savoir le nombre précis d’immigrants dans les autres provinces, mais dans les dernières années, c’est près de la moitié de la population francophone immigrante hors du Québec qui avait fait le choix de l’Ontario.

« Au niveau communautaire, il y a beaucoup d’efforts et vu que l’Ontario a plus d’institutions francophones, plus de ressources et réseaux, ça l’aboutit à plus (d’immigrants) que des provinces où la francophonie est moins grande », estime Luisa Veronis.

Le président de l’AFO appelle d’ailleurs le gouvernement ontarien à mettre les bouchées doubles concernant la venue d’immigrants francophones, rappelant que la main-d’œuvre bilingue contribue à près de 80 milliards du PIB de l’Ontario, soit 12,1 % selon la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario.

« Si on augmente l’immigration francophone et rétablit notre poids démographique, ça va encore jouer un plus grand facteur », pense M. Hébert.

Luisa Veronis souligne que des villes comme Toronto, pour son attrait économique, et Ottawa, pour sa présence du français, jouent gros dans la balance pour de possibles futurs résidents permanents conversant dans la langue de Molière, qui visent la plus grosse province canadienne.

« L’Ontario est très avantagé par rapport aux autres provinces. Beaucoup d’immigrants s’intéressent au monde anglophone et donc l’Ontario est vraiment la plateforme idéale. Ils voient l’Ontario comme leur offrant le plus de possibilités », affirme la chercheuse.

L’insécurité linguistique en Ontario : un défi persistant pour les francophones

TORONTO – L’insécurité linguistique, un phénomène qui touche aussi bien les francophones que les apprenants du français, a été au cœur des discussions lors d’une conférence au Collège Massey ce jeudi à l’occasion du Mois de la Francophonie. Cet événement, qui réunissait des experts issus de divers milieux, a mis en lumière les défis rencontrés par les francophones en situation minoritaire en Ontario et les solutions envisagées pour y répondre.

L’insécurité linguistique, définie comme un sentiment de malaise ou d’anxiété lié à l’usage du français, ne concerne pas uniquement les apprenants de la langue. Comme l’a souligné Marco Fiola, principal du Collège Glendon, même un francophone natif peut ressentir une insécurité face à des variétés de français jugées plus prestigieuses. Il a rappelé que cette insécurité commence parfois dès l’enfance, lorsque les élèves constatent des différences entre le français parlé à la maison et celui enseigné à l’école, prenant pour exemple son expérience personnelle.

« J’ai grandi dans un environnement francophone unilingue, confie-t-il. J’ai grandi dans une ferme, le français était omniprésent autour de moi au quotidien, mais je n’étais pas un francophone scolarisé ni un spécialiste. Quand je suis allé à l’école, j’avais l’impression d’apprendre ma première seconde langue. »

La juge Julie Thorburn qui a introduit le premier des trois panels du jour sur le sujet de l’insécurité linguistique a, quant à elle, mis en avant l’importance du français dans l’identité culturelle et personnelle. « La langue est plus qu’un moyen de communication. Elle est le pont entre l’isolement et la collectivité », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité de préserver et promouvoir son usage.

Un manque de reconnaissance et de financement

L’un des problèmes majeurs soulevés par Geneviève Grenier, présidente du Conseil scolaire catholique MonAvenir, est le manque de financement pour les services et établissements en français. Cette dernière a pointé du doigt les difficultés d’accès aux écoles francophones dans certaines régions : « En Ontario, certains élèves doivent parcourir jusqu’à 1 h 30 pour accéder à une école secondaire en français. Nous devons nous battre pour nos droits linguistiques et rappeler aux gouvernements leur devoir de financement ».

L’animatrice du panel Sandhya Mylabathula a aussi partagé ses expériences personnelles de l’insécurité linguistique qui touche les apprenants du français non francophones. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Ce manque de ressources touche également les services de santé et juridiques. M. Fiola a illustré ce point en expliquant que l’accès à un médecin francophone est une rareté à Toronto, ce qui peut avoir un impact direct sur la qualité des soins reçus par les patients francophones.

Des solutions et un appel à l’action

Malgré ces obstacles, des solutions existent. L’une d’elles est l’encouragement à utiliser activement les services en français pour assurer leur maintien. « Un service en français, s’il n’est pas utilisé, disparaît », a affirmé Marco Fiola, appelant les francophones et francophiles à revendiquer leurs droits linguistiques.

De son côté, Geneviève Grenier a plaidé pour une collaboration renforcée entre les institutions francophones de la province : « Il faut que tous les acteurs de l’écosystème francophone travaillent ensemble pour renforcer notre présence et garantir l’avenir du français en Ontario ».

Enfin, plusieurs intervenants ont mis en avant la richesse que représente la dualité linguistique au Canada. Leorrianne Lim, agente de promotion des programmes de langues officielles, dont le français est sa troisième langue, a insisté sur la nécessité de créer davantage d’opportunités pour pratiquer le français en dehors du cadre scolaire, afin de renforcer la confiance des locuteurs.

Un avenir à construire ensemble

Cette conférence a permis de rappeler que la francophonie ontarienne est une richesse à protéger et à promouvoir. Pour cela, il est essentiel que les francophones et francophiles revendiquent leurs droits, utilisent les services disponibles et encouragent une reconnaissance accrue du français comme une composante essentielle de l’identité canadienne. Comme l’a résumé Marco Fiola, « si le pays entier reconnaissait pleinement la richesse de cette dualité linguistique, nous pourrions faire des miracles ».

Huit votes d’écart : un recomptage le 17 mars pour Mushkegowuk-Baie James 

KAPUSKASING – Une semaine après le scrutin provincial, une incertitude demeure sur l’identité du candidat ayant remporté l’élection dans Mushkegowuk-Baie James. Mardi soir, on apprenait qu’un recomptage aura lieu le 17 mars pour déterminer le nombre de votes séparant les deux premiers candidats.

Huit votes. C’est l’écart réel existant entre le candidat néo-démocrate, Guy Bourgouin et son adversaire, le progressiste-conservateur et maire de Kapuskasing, David Plourde, selon la compilation officielle des résultats par Élections Ontario rendue publique ce mardi.

Jeudi soir dernier, c’était quatre votes d’écart qui avaient été comptabilisés avec une victoire attribuée à Guy Bourgouin, le député sortant lequel a recueilli 3 610 suffrages.

Compilation officielle des résultats dans Mushkegowuk Baie-James, circonscription majoritairement francophone à 60 %. Source : Élections Ontario

Comment expliquer cette différence de quatre voix? Selon Geneviève Tellier, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, c’est très simple : « Il y a eu des bulletins qui sont rentrés par la poste et ça ne traduit pas fidèlement les autres alors on a continué à compiler puis il y en a eu quatre de plus à ajouter pour le candidat. »

Élections Ontario indique que la différence des votes étant inférieure à 25, un recomptage aura lieu pour cette circonscription et celle de Mississauga—Erin Mills.

« Par conséquent, aux termes de la Loi électorale, les directeurs du scrutin demandent, par voie de requête, un dépouillement judiciaire dans ces circonscriptions », pouvait-on lire dans un communiqué.

Vers un recomptage des bulletins de vote

Selon la Loi électorale ontarienne, le juge a quatre jours (à l’exception du samedi) après la diffusion de la compilation officielle des résultats pour désigner un moment pour le recomptage.

Le dépouillement doit avoir lieu dans les 10 jours suivant l’audience du juge et après avoir notifié les candidats. Selon des informations obtenues par ONFR et confirmées par Élections Ontario, le recompte aura lieu le 17 mars prochain.

Les politologues Geneviève Tellier (Université d’Ottawa) et Peter Graefe (Université McMaster). Montage ONFR

Le politologue Peter Graefe estime que le dépouillement devrait être fait en présence des candidats : « Le juge fait le dépouillement, mais les candidats ont le droit à être présents pour surveiller le recomptage, car il est possible qu’il y ait des cas où le juge peut considérer qu’un bulletin de vote est pour un candidat ou un autre ou que l’électeur a fait une erreur. »

« On a vu, au Canada, des cas où il y a eu un changement du résultat avec une marge plus importante après un recomptage »
— Peter Graefe

Il ajoute qu’il est possible pour les candidats de demander à faire appel s’ils estiment qu’ils sont en désaccord avec l’attribution des votes pour l’un ou l’autre des candidats, d’où l’importance d’assister au dépouillement. Le juge annonce le résultat officiel pour le comté qui sera reporté dans la Gazette de l’Ontario.

Le gagnant pourrait changer de camp

Les recomptages ne sont pas exceptionnels au Canada et en Ontario. Depuis 1975, il y a eu 17 recomptages dans huit élections, dont seulement deux ont eu lieu dans le nord de l’Ontario – à Cochrane-Nord en 1981 et à Thunder Bay-Atikokan en 2007.

M. Graefe juge toutefois que la différence de huit votes est assez exceptionnelle : « Huit voix d’écart, ce n’est pas beaucoup. On a vu, au Canada, des cas où il y a eu un changement du résultat avec une marge plus importante après un recomptage. »

Selon le professeur associé en sciences politiques à l’Université McMaster, le fait que l’Ontario utilise des tabulateurs électroniques pour ses élections permet d’augmenter la fiabilité des résultats.

La carte de la circonscription de Mushkegowuk Baie-James. Source : Assemblée législative de l’Ontario

« C’est peut-être un peu plus difficile quand quelqu’un vote avec un crayon. On a moins d’opportunités de faire des dessins ou autre qui pourraient donner lieu à des débats quant à l’intention de l’électeur. »

ONFR a tenté de joindre M. Guy Bourgouin et M. Plourde : le premier n’a pas souhaité commenter « afin de respecter le processus en cours » et sans réponse pour le second.

Une part manquante : Romain Duris dans la peau d’un père déterminé à retrouver sa fille

Dans sa seconde collaboration avec le réalisateur franco-belge Guillaume Senez, Romain Duris incarne Jay, un père désespéré qui sillonne Tokyo en taxi, hanté par la disparition de sa fille, enlevée neuf ans plus tôt par sa mère japonaise. Sur le point de renoncer et de rentrer en France, il voit soudain Lily monter à l’arrière de son taxi…

L’Alliance française d’Ottawa : 120 ans et tournée vers l’avenir

OTTAWA – « L’Alliance française d’Ottawa est résolument moderne et tournée vers l’avenir », affirme son directeur général, Samuel Coeytaux dans une entrevue avec ONFR à l’occasion de la célébration cette année des 120 ans d’existence de cette organisation. 

L’Alliance française d’Ottawa connait une croissance remarquable : records d’inscriptions aux cours et aux examens, affluence accrue aux événements culturels et expansion de l’offre pédagogique. 

« L’Alliance s’adapte en permanence, intégrant les avancées technologiques et les nouvelles méthodes d’apprentissage », explique Samuel Coeytaux qui dirige l’Alliance française d’Ottawa depuis 2020, soulignant que « grâce à son réseau international, elle bénéficie d’une expertise collective de plus de 15 000 professionnels, lui permettant d’être à la pointe de l’innovation ». 

Dans ce sens, l’usage du numérique et de l’intelligence artificielle en enseignement fait partie de ses priorités, avec des méthodes pédagogiques renouvelées tous les trois ans pour garantir leur pertinence et leur modernité, explique le directeur de l’alliance qui se félicite par ailleurs du lancement récent de cours de français pour enfants, une initiative inédite localement. 

« Si le réseau des Alliances françaises perdure depuis plus de 140 ans avec ses 835 établissements dans le monde — dont 10 au Canada —, c’est parce qu’il demeure pertinent et en constante évolution », est-il convaincu. 

Samuel Coeytaux, directeur général de l’Alliance française d’Ottawa. Gracieuseté

L’Alliance française se positionne aussi au cœur des enjeux sociétaux dans un monde où le besoin de lien et de culture est essentiel. Son action dépasse l’apprentissage de la langue : elle s’incarne aussi dans une programmation culturelle engagée et une pédagogie innovante, estime M. Coeytaux. 

Le modèle associatif de l’Alliance, relève-t-il, repose sur l’engagement de membres de la communauté locale qui œuvrent pour bâtir des ponts entre les différentes cultures. Elle joue ainsi un rôle clé dans le rapprochement entre francophones, anglophones et nouveaux arrivants dans la capitale nationale, une mission plus que jamais d’actualité, assure-t-il.

Explosion des demandes pour les examens de français

Ces dernières années, l’Alliance française d’Ottawa a également connu une augmentation significative des demandes pour les examens de langue comme le TEF et le TCF. 

« Cette activité a connu une grande croissance, notamment en raison des décisions politiques du Canada visant à accueillir plus d’immigrants tout en imposant des règles plus strictes, notamment l’obligation de tests de langue pour certains permis d’études et d’immigration », explique Samuel Coeytaux.

Face à cette demande croissante, l’Alliance a su s’adapter avec agilité, explique sa direction. 

En seulement un an, elle a multiplié par quatre le nombre de sessions d’examen, passant d’une journée d’examen hebdomadaire à quatre jours complets. Cette expansion a permis de réduire considérablement les délais d’attente et d’accueillir un nombre bien plus important de candidats. « Aujourd’hui, jusqu’à 18 personnes passent un test chaque jour, sur quatre jours par semaine. L’an dernier, environ 1 800 candidats ont été évalués, un chiffre qui devrait doubler cette année », précise M. Coeytaux.

Une célébration tout au long de l’année

En parallèle de son rôle clé dans l’apprentissage du français, l’Alliance française d’Ottawa s’attache aussi à dynamiser la scène culturelle locale. Les célébrations des 120 ans en sont une belle illustration.

Parmi les événements prévus, on cite Racontars Arctique — La ruée vers l’or, une soirée théâtrale alliant marionnettes, conte et musique, et organisée en partenariat avec la Ville de Gatineau.

Figurent également au programme deux concerts en avril, ainsi qu’une pièce de théâtre en mai, Euphrate, qui viendra enrichir cette offre culturelle diversifiée.

Mais l’événement phare de cette célébration est encore à venir : un grand gala viendra marquer officiellement les 120 ans de l’Alliance. Bien que la date et le lieu ne soient pas encore confirmés, M. Coeytaux confie qu’il se tiendra à l’automne 2025 dans un lieu prestigieux d’Ottawa.

« Lors de cette soirée exceptionnelle, des annonces importantes seront faites, notamment le lancement d’un programme de bourses destiné à faciliter l’accès aux cours de français pour les personnes à faibles revenus ». Ce projet s’inscrit dans la mission fondamentale de l’Alliance : promouvoir la langue française et favoriser l’inclusion culturelle.

2024 : Ottawa a dépassé sa cible d’immigrants francophones hors du Québec

OTTAWA – Le nombre d’immigrants francophones hors Québec a atteint 7,21 % de toute l’immigration canadienne en 2024, dépassant ainsi la cible établie par le gouvernement fédéral, pour une troisième année consécutive.

La cible établie par Ottawa pour l’immigration francophone hors Québec en 2024 était de 6 %, ce qui veut donc dire qu’elle a été dépassée par 1,2 %.

Les données d’Immigration Canada, démontre que ce nombre de 7,21 % pour 2024 est le plus élevé que le Canada n’a jamais obtenu depuis dix ans, 2023 était le deuxième plus proche avec 4,69 %. Il s’agit donc d’une augmentation de près de 2,5 % de 2023 à 2024. En 2022, l’objectif avait aussi été dépassé de justesse avec 4,44 %, soit quelques points de pourcentage au-dessus de la précédente cible de 4,4 %.

Entre 2001 et 2021, le gouvernement fédéral n’a jamais atteint à une seule reprise son but de 4,4 % de nouveaux arrivants hors du Québec parlant la langue de Molière. Entre 2015 et 2022, le nombre d’immigrants francophones hors Québec a varié entre 1,34 % et 3,61 % sans jamais passer près du 4,4 %.

Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones ne ferme pas la porte quant à voter contre le projet de Loi C-13. Crédit image : Stéphane Bédard.
Le ministre de l’Immigration Marc Miller. Photo : archives Stéphane Bédard

En octobre dernier, le ministre de l’Immigration Marc Miller avait bonifié la cible de son ministère pour les prochaines années : 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026 et 10 % en 2027. Ce nombre plus élevé avait été annoncé en même temps qu’une réduction des niveaux permanents d’immigration dans tout le Canada.

La réduction en chiffres :

  • 2025 : de 500 000 à 395 000 immigrants permanents
  • 2026 : de 500 000 à 380 000 immigrants permanents
  • 2027 : 365 000 immigrants permanents

Au moment de cette annonce en octobre dernier, Marc Miller avait déjà signalé que son département était sur le point « d’atteindre la cible ambitieuse, augmentée de 50 %, de 6 % » pour 2024.

La Loi sur les langues officielles, adoptée en 2023, force le gouvernement fédéral à rétablir le poids démographique des francophones à 6,1 %, comme c’était le cas en 1971 et l’immigration est l’un des moyens mis de l’avant.

« C’est clair que le gouvernement fédéral a failli à son obligation dans le passé d’avoir des taux qui étaient respectueux de ce désir de rétablir ce poids démographique. Souvenez-vous que de peine et de misère, on a rencontré le 4,1 %, là, on est rendu à 6 cette année, c’est quand même 50 % de plus », avait affirmé Marc Miller l’automne dernier.

Dans une étude, le commissaire aux langues officielles avait signalé que ces manquements répétitifs à l’objectif avaient contribué au déclin du français au pays. 

Tarifs : une contre-attaque ontarienne et canadienne immédiate

TORONTO – Ce premier jour d’imposition des tarifs douaniers de 25% (et de 10% pour l’énergie) pour tous les produits canadiens entrant aux États-Unis provoque un dispositif de contre-tarif en Ontario et au Canada. Tout juste réélu, Doug Ford confirme le retrait de l’alcool américain de la LCBO et la rupture du contrat Starlink. À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau réplique par des contre-droits de douane de 25 % sur des milliards de dollars de produits américains.

La veille, et après 30 jours de trêve tarifaire, le président américain Donald Trump a confirmé l’effectivité dès ce mardi 4 mars de l’imposition de tarifs douaniers à hauteur de 25 % pour tous les produits entrant aux États-Unis du Canada et d’un tarif réduit de 10 % pour l’énergie.

Ce « en attendant que la crise soit résolue », peut-on lire sur le site web de la Maison-Blanche.

En conférence de presse ce mardi, Doug Ford a annoncé de premières mesures de réponse, dès ce mardi : tous les alcools américains sont retirés des étagères de la LCBO, le contrat avec Starlink est rompu. Tout partenariat gouvernemental avec des entreprises américaines est également interdit.

Celui-ci a souhaité également la création d’une étiquette portant le drapeau canadien pour aider les consommateurs à identifier et choisir les produits canadiens.

Ford a indiqué aux journalistes que la deuxième étape comprendrait des surtaxes sur les minéraux critiques et la production d’électricité aux États-Unis, dont un tarif de 25 % sur l’électricité, avec possibilité de coupure de courant.

« Je ne veux pas commencer une guerre tarifaire, mais je veux gagner cette guerre tarifaire », avait déclaré Doug Ford la veille.

À l’antenne de CNN ce matin, le premier ministre ontarien s’est excusé auprès des Américains pour la contre-attaque tarifaire canadienne, priant les citoyens des États républicains de demander à leurs sénateurs de mettre un terme à cette « folie ».

« Donald, c’est vraiment stupide ce que tu fais », dit Trudeau 

En conférence de presse ce mardi, Justin Trudeau a confirmé que le Canada avait déjà répliqué plus tôt mardi dès minuit avec ses propres des droits de douane de 25 % sur les marchandises américaines : des droits immédiats sur 30 milliards de dollars de marchandises, puis sur 125 milliards dans 21 jours.

S’adressant au président américain, Justin Trudeau a repris les mots d’un éditorial du Wall Street Journal, qui qualifiait le mois dernier les tarifs douaniers sur le Canada et le Mexique de « la guerre commerciale la plus stupide de l’histoire ».

« Donald, même si tu es un homme très intelligent, c’est vraiment stupide ce que tu fais », a lancé le premier ministre avertissant les Américains que l’inflation et les prix vont augmenter mais que « c’est votre gouvernement qui a choisi de vous faire ça à vous ».

Le premier ministre affirme avoir tenté de discuter avec Donald Trump dans les derniers jours, mais sans succès, dénonçant le « faux » argument de la lutte contre le fentanyl, à nouveau brandi par Donald Trump pour justifier ces tarifs.

« Ce n’est pas très clair ce qu’il veut exactement. La seule clarté, c’est que son but est de faire écrouler l’économie canadienne pour ensuite parler d’annexion », a soutenu Justin Trudeau en conférence de presse au Parlement.

Selon le premier ministre canadien, les saisies de fentanyl provenant du Canada effectuées à la frontière par les services américains ont baissé de 97 % entre décembre 2024 et janvier 2025, pour atteindre 0,03 livre. Il a aussi annoncé que le Canada portera plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce.

Tarifs douaniers : « On ne va pas se laisser décourager », soutient le maire de Sault Ste. Marie

Matthew Shoemaker est le maire de Sault Ste. Marie, ville du Nord frontalière avec les États-Unis.

Les droits de douane américains entrés en vigueur ce mardi visent tous les produits canadiens à hauteur de 25 %, excepté l’énergie taxée à 10 %.

Pour des villes frontalières où les échanges avec les États-Unis participent largement à l’économie locale, l’impact se fera encore plus sentir qu’ailleurs. À Sault Ste. Marie, Algoma Steel et Tenaris Algoma Tubes sont des employeurs majeurs de la région.

« Quel est le sentiment dominante du côté de Sault Ste. Marie?

Inquiétant, c’est probablement le mot le plus approprié pour caractériser le sentiment ici. C’est un temps tellement incertain à cause du fait que l’administration américaine ne nous donne pas de cible définitive pour nous assurer que les tariffs ne soient pas mis en place. Alors si au moins on savait ce qu’il fallait faire pour que les tarifs ne soient pas mis en place, on le ferait certainement. Les Canadiens, comme les gens de Sault Ste. Marie, sont résilients alors on va se rassembler et affronter cela ensemble. Une chose est sûre, on ne va pas se laisser décourager.

La relation économique interconnectée et mutuellement bénéfique entre Sault Ste. Marie (États-Unis) et Sault Ste. Marie (Canada) est un modèle à suivre de coopération entre deux municipalités frontalières selon le maire canadien. Crédit image : ONFR/Inès Rebei

Une de vos publications sur le manque de soutien de a monarchie britannique a fait beaucoup réagir cette fin de semaine… Vous attendiez-vous à cela?

Oui je m’y attendais. C’est juste que ça me fâche parce que quand la Grande-Bretagne traversait une période difficile et que le Royaume avait besoin de l’aide des pays du Commonwealth, nous, on était là, que ce soit lors de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. On les a défendus sans question et maintenant le Roi, qui n’est pas juste le roi de la Grande-Bretagne, mais celui du Canada, n’a pas d’opinion sur les affaires domestiques canadiennes alors que c’est le moment le plus difficile de notre Histoire.

Dans une publication Facebook, M. Shoemaker critiquait le refus de la monarchie anglaise de commenter sur les menaces du président américain d’annexer le Canada. Source : Matthew Shoemaker/Facebook

M. Trudeau est pourtant allé, lundi, à la rencontre du roi Charles pour discuter des enjeux liés à la souveraineté du Canada…

Je sais que le roi ne peut pas agir sans le conseil du premier ministre, mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas avoir une opinion là-dessus. Il peut avoir une opinion, et il en a beaucoup, par ailleurs, quand ce sont des affaires domestiques à la Grande-Bretagne. Mais évidemment, le Canada, ce n’est pas une cause assez importante pour qu’il ait une opinion sur les affaires domestiques.

Pour eux qui ne savent pas, pouvez-vous expliquer en quoi consiste l’Alliance des maires de la frontière dont vous faites partie?

C’est une organisation de maires et mairesses de villes qui à la frontière, lesquels se rassemblent pour faire face aux tarifs. Récemment, on a eu une rencontre avec le maire de Windsor à propos de l’impact que les tarifs auront sur nos industries, comme l’acier avec Algoma Steel chez nous, puis on a enchaîné avec une rencontre avec les 33 autres maires de l’Alliance pour discuter de la stratégie à plus long terme. On va avoir aussi avoir des discussions dans les prochaines semaines pour parler avec le gouvernement fédéral et nos propre gouvernement provincial parce que les maires et les mairesses sont un peu partout autour du pays, car ce n’est pas juste l’Ontario, mais aussi la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick, le Québec.

À droite, le maire de Windsor, Drew Dilkens, président de la Border Mayors Alliance, s’est rendu à Sault Ste. Marie il y a dix jours pour rencontrer le maire Matthew Shoemaker et des entreprises locales qui seraient directement touchées par les tarifs sur l’acier. Source : Sault Ste. Marie

Peut-on s’attendre à un impact au-delà de l’industrie de l’acier à Sault Ste. Marie?

Oui, on sait que, pendant la lutte des tarifs en 2018-2019, c’était plus de 100 millions de dollars d’impact sur l’industrie de l’acier et 75 000 emplois perdus et ça, c’était de l’argent qui n’était pas injecté dans l’économie locale parce que l’argent allait dans des investissements dans l’usine. Alors, on peut s’attendre à un impact semblable cette année chez nous et sans oublier que ça fera augmenter le prix de l’acier du côté américain. Ce sera absolument terrible pour notre communauté, et on ne veut pas ça. J’ai communiqué avec le gouvernement fédéral et provincial pour nous assurer que nous puissions réduire les conséquences négatives au maximum.

Nous sortons tout juste d’une période électorale provinciale et une incertitude au niveau fédéral, avez-vous pu mettre en avant votre situation?

Pendant la campagne électorale, il y a eu une sorte de pause et ça a limité ce qu’on pouvait communiquer et puis, du côté du parti du gouvernement fédéral, il y a une élection de la chefferie libérale qui s’en vient le 9 mars. Alors, effectivement, ça ne nous donne pas du grand confort que les partis provinciaux et fédéraux sont plus concentrés sur leur fortune électorale que sur le bien-être de nos communautés. »

« 55 % d’abstention : pas un bon état de santé démocratique », dit une spécialiste

élection Ontario

Catherine Corriveau est directrice principale pour les politiques publiques et les initiatives stratégiques au Democratic Engagement Exchange, une organisation sans but lucratif non partisane. Basée au Toronto Metropolitan University, celle-ci vise à créer les structures pour une démocratie inclusive au Canada.

Élections Ontario a révélé un taux de participation de seulement 45,4 % à l’issue des élections provinciales, soit une abstention bien plus élevée de 54,6 %.

Mobiliser les Ontariens à voter davantage pour élire un gouvernement qui reflète les vues et idéologies de la majorité de la population.

« Comment analysez-vous le taux d’abstention de ce dernier vote et qu’est-ce que cela dit du résultat?

Ce n’est pas très encourageant, mais ce n’est pas surprenant en raison du caractère surprise des élections qui affecte encore plus les taux de participation. Elles étaient intègres, le processus était démocratique et les résultats le reflètent. En revanche, quand une majorité des électeurs ne participe pas, 55 % d’abstention, ça ne dit rien de bon de l’état de la santé démocratique.

Pourquoi les électeurs sont-ils désengagés et ne se sont-ils pas mobilisés?

Il y a une croyance généralisée que leur vote ne fera pas la différence, ce qui est faux. Il suffit de voir que, dans certaines circonscriptions, un candidat plutôt qu’un autre a été élu à 4, 20 ou 40 voix d’écart. Chaque voix compte.

Le problème du système de vote actuel est qu’il n’est pas nécessairement représentatif du vote populaire. Le Parti libéral avait par exemple 30 % des votes et n’a pas eu 30 % des sièges, ce qui est un peu problématique bien qu’il n’y ait pas de corrélation avec le taux de participation au vote.

Avec ces élections de dernière minute, les électeurs n’ont pas eu le temps de se mobiliser ni de s’informer et les candidats pas le temps de présenter leur plateforme.

« La solitude est un facteur clé du non-vote. Les personnes isolées votent moins »
— Catherine Corriveau

En ce moment il y a un contexte médiatique qui est saturé : le débat fédéral, la course au leadership des libéraux, la guerre commerciale avec les États-Unis… Autant de distractions qui ont éclipsé le contexte ontarien.

En outre, un effritement du tissu social est à noter entre l’individu et la communauté. La solitude est un facteur clé du non-vote. Les personnes isolées votent moins. Notre recherche commune avec Abacus Data a révélé qu’un tiers des Canadiens se sentent seuls. Celles-ci ne vont pas se sentir concernées par un enjeu qui touche la communauté.

Le déclin du journalisme local, qui n’informe pas sur les enjeux locaux, et une montée du discours politique toxique en ligne, soit un désenchantement et un manque de confiance dans les politiciens, aggravent le tout.

Les partis d’opposition se sont-ils suffisamment adressés à la population?

Beaucoup de gens n’ont en effet pas reçu d’information dans leurs boîtes aux lettres, manque de flyers, d’affichage, etc., donc oui les partis auraient pu en faire plus.

Cela étant dit, les partis qui ne sont pas au pouvoir ont été mis en difficulté avec des élections si rapides : trouver les candidats, les approuver, les mobiliser, etc. Pour ces derniers, ça implique également de s’arrêter de travailler pour faire campagne, sans parler de la mobilisation nécessaire colossale de bénévoles.

Étant au pouvoir depuis sept ans, le Parti progressiste-conservateur a été avantagé, étant très préparé et ayant à disposition beaucoup de moyens. Doug Ford a aussi été omniprésent dans les médias avec les tarifs. C’était un moment très opportun pour faire ces élections très rapidement.

Lorsque l’on voit la différence entre les votes de popularité versus le gain de sièges, le système de vote actuel représente-t-il suffisamment les opinions des Ontariens?

C’est sûr qu’un système de représentation proportionnelle serait plus idéal dans ce contexte. Si on obtenait 30 % des votes, on obtiendrait 30 % des sièges. Il y a des pour et des contre pour chaque système. Celui-ci peut mieux refléter le nombre de voix, mais peut mener à un gouvernement de coalition, ce qui peut être inefficace et instable parfois.

Résultats non officiels par parti, le nombre de sièges gagnés à l’Assemblée en comparaison du nombre de voix pour chacun. Source : Élections Ontario

Une réforme serait-elle envisageable à ce niveau?

C’est quelque chose qu’on aimerait voir, mais c’est idéaliste et ça nécessiterait énormément de volonté politique. On n’a pas vu ça encore. En 2015, Justin Trudeau (au fédéral) avait promis ce changement. En démissionnant, il a d’ailleurs dit qu’un de ses plus grands regrets était de ne pas avoir réformé le système électoral. Le gouvernement actuel majoritaire en Ontario n’aurait pas intérêt à le faire.

Selon moi, s’il y avait un taux de participation plus élevé, on aurait un gouvernement plus représentatif de ce que la majorité des Ontariens veut. Tout le monde a un rôle à jouer. »

Un 32e Salon du livre de Toronto sous le signe de la sauvegarde de la francophonie ontarienne

TORONTO – Pendant quatre jours, du 27 février au 2 mars, le Salon du livre de Toronto, qui se déroulait dans les locaux de l’Université de l’Ontario français, a mis en avant la diversité de la culture littéraire franco-ontarienne avec pour thème central l’inclusion. 

Dans un contexte politique particulier depuis les dernières élections américaines et le retour de Donald Trump au pouvoir de l’autre côté de la frontière, il était important pour toute l’organisation du salon de mettre en avant les valeurs d’inclusion et d’accessibilité, incontournables au sein d’une communauté franco-torontoise très diversifiée. 

La pièce principale du salon regroupant les auteurs et les maisons d’édition. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Au moment de tirer un bilan de cette 32e édition, le président Valéry Vlad a insisté sur cette mission que s’était donnée l’événement cette année. 

« On voulait que la communauté, que les auteurs, les éditeurs, les éditrices, les autrices prennent conscience de l’importance de l’inclusion et de l’accession. Non seulement par rapport à ceux et celles qui lisent les livres, mais surtout par rapport au monde qui nous entoure, pour réaffirmer, si on veut bien, nos valeurs. Nos valeurs d’inclusion, nos valeurs identitaires, nos valeurs de diversité, de toutes sortes. »

Pour remplir cette mission, le salon a d’abord accueilli la jeunesse pour des ateliers lors des deux premières matinées jeudi et vendredi. Des étudiants de l’UOF, Glendon et le Collège Boréal ont également pris part à un concours, le Prix Jeune talent littéraire, remporté par l’Université de l’Ontario français. 

Ce sont deux étudiants de l’UOF qui ont remporté le Prix Jeune talent littéraire. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Lors de l’après-midi du deuxième jour, les ateliers jeunesse ont cédé la place aux aînés qui se sont essayés à la création poétique. Les deux jours suivants ont permis de mettre l’accent sur le thème de cette année avec des tables rondes sur les littératures queer et autochtones, sur la culture d’annulation, l’écriture inclusive ou encore littérature et handicap lors de la dernière journée. 

Abordé ce thème cette année semblait impératif pour Valéry Vlad, le président du conseil d’administration, inquiet de l’avenir de la francophonie en Ontario. 

« Je suis convaincu que si on n’agit pas, il est possible que dans quelques années, on va avoir un dernier panel qui ne s’appellera plus En route vers le mois de la francophonie mais En route vers le mois de la francophobie. Ce sont ceux qui nient la francophonie au Canada et son droit d’exister au Canada, ailleurs qu’au Québec, qui vont fêter leur victoire contre la francophonie ontarienne. Donc il faut qu’on affirme et réaffirme fort quelles sont nos valeurs. »

Et d’ajouter : « Les anglophones ne se rendent pas compte que si nous, les francophones, perdons nos valeurs, c’est le Canada qui n’existera plus. Nos valeurs sont communes. La diversité, c’est une valeur canadienne, que ce soit anglophone ou francophone. À l’inverse, de l’autre côté de la frontière, on commence à l’interdire. Donc, il faut se défendre. Au-delà du danger économique qui est sûr et certain, il y a ce danger culturel qui nous guette. »

Des inquiétudes face au nombre décroissant de librairies francophones

Présente au salon, la librairie d’Oakville  Il était une fois est désormais, depuis la fermeture du Children’s French Book Corner, la dernière librairie francophone de la région du Grand Toronto. Une preuve du recul dangereux de la langue française dans la région. 

« À l’époque où j’ai découvert le salon, il y avait trois librairies, dont une très grande ici, sur Queen East. Trois librairies francophones, confie Valery Vlad qui président le salon depuis 18 ans. Je comprends l’argument de l’Internet, de l’achat en ligne, mais est-ce qu’on peut apprendre aux enfants le goût du français, le goût du livre, en leur disant « Allez en ligne »? Ici, au Salon du livre, on fait venir les jeunes pour les  mettre en contact avec le monde du livre. »

Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Le brunch littéraire pour rapprocher les auteurs et le public

Le salon s’est conclu par une nouveauté rapprochant le grand public des auteurs : le brunch littéraire. Parmi les auteurs présents, Didier Leclair tout juste lauréat du Prix Alain-Thomas 2025 a pu partager un passage de son roman Le Prince africain, le traducteur et le nazi

La journée de dimanche a été aussi marquée par la présence d’Édith Dumont, la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, venue assister à la remise des récompenses. L’organisation a également tenu à souligner l’engagement sur l’intégralité du salon de la présidente d’honneur Djemila Benhabib qui s’est livrée sur son parcours lors d’une entrevue de près de 30 minutes dimanche après-midi. 

Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Mélanie Danna, Giants of Africa et sa mission qui dépasse le cadre du basket

[LA RENCONTRE D’ONFR]

TORONTO – Mélanie Danna est Directrice principale, Stratégie et Opérations chez Giants of Africa (GOA), une organisation fondée par Masai Ujiri en 2003. GOA accompagne les jeunes de différents pays d’Afrique dans leur développement personnel en leur offrant des infrastructures, des camps et des ressources. À travers le basketball, l’organisation transmet des valeurs essentielles comme la discipline, l’esprit d’équipe et la résilience, formant ainsi de futurs leaders dans leur communauté.

Pour ONFR, elle revient sur son parcours, depuis la France jusqu’à Giants of Africa, en passant par les Raptors 905, et partage son engagement au sein de l’organisation. Elle évoque les actions menées par GOA, l’impact de ces initiatives sur les jeunes, ainsi que la manière dont son travail façonne son quotidien, entre passion, défis et engagement personnel.

Quel est votre rôle au sein de Giants of Africa?

« Mon rôle, c’est de superviser toute la construction de A à Z des terrains de basket. Je suis aussi responsable du programme du réseau des anciens. Depuis la création de l’organisation, on a une base de données des anciens participants aux programmes, on leur permet d’avoir du mentorat et des ressources pour réaliser leurs projets.

Les camps, les terrains et les anciens membres sont vraiment mes trois axes prioritaires, sachant que les terrains sont notre grand projet actuel. Le but est de construire 100 terrains de basket en Afrique. Il n’y a pas de date limite d’expiration, mais quand on y arrivera, on sera super content. Et si on peut toucher le plus de pays possible, tant mieux.

Dernièrement, un terrain a été construit à Toronto. Est-ce que vous avez mené d’autres actions au Canada notamment pendant le Mois de l’Histoire des Noirs qui vient de se terminer?

Au Canada, nos actions principales se font en partenariat avec MLSE. Nous avons construit des terrains à Edmonton, Toronto et prochainement à Halifax avec leur soutien. Pour ce qui est du Mois de l’Histoire des Noirs, nous avons travaillé avec les Raptors 905 sur le design de leur maillot, conçu par notre directeur artistique. C’est notre contribution, mais nous n’avons pas nécessairement mené d’actions spécifiques autour de ce mois. Pour nous, c’est un engagement quotidien, et il est essentiel d’éduquer en permanence.

Photo : Giants of Africa

Quel était votre rapport au sport dans votre jeunesse? A-t-il toujours fait partie de votre vie? 

J’ai commencé l’athlétisme très jeune, probablement à l’école primaire. J’ai toujours adoré l’athlétisme ainsi que d’autres disciplines sportives. Regarder les Jeux olympiques était pour moi un événement incontournable, tout comme les championnats du monde. Je suis une véritable passionnée de sport. J’ai poursuivi des études avec l’objectif de devenir journaliste sportive. 

Qu’est-ce qui vous a fait quitter cette idée de devenir journaliste? 

Après mes études de commerce, j’ai poursuivi un master en journalisme. Toutefois, je me suis rendu compte que je préférais être au cœur de l’action et travailler dans les coulisses plutôt que de simplement rapporter les événements.

J’ai alors rejoint le club de basket de Lille, qui venait d’accéder au niveau professionnel et cherchait son premier employé pour structurer l’organisation. J’étais responsable des partenariats, des bénévoles, de la billetterie, du merchandising et de la communication, autrement dit, de la mise en place de toute l’organisation du club. J’ai adoré cette expérience.

Par la suite, j’ai été recrutée par la Ligue nationale de volley à Paris pour travailler sur la promotion, les partenariats et le développement du volley en France. Je collaborais avec 40 clubs professionnels pour favoriser la visibilité et la croissance de ce sport. J’ai beaucoup travaillé avec les sponsors et les médias.

Comment l’idée de venir au Canada et de quitter cette vie est arrivée? 

Le volley n’était pas ma passion première. J’ai donc commencé à réfléchir à un changement de voie, et un ami m’a parlé du visa PVT (Programme Vacances-Travail) pour le Canada. J’ai saisi cette opportunité, et en trois mois, j’étais partie sans projet défini, simplement avec la volonté d’essayer quelque chose de nouveau.

Je pensais que mon expérience me permettrait de trouver un emploi rapidement, mais ce ne fut pas le cas. J’ai mis six mois avant d’intégrer la Fédération canadienne de volleyball, une expérience facilitée par mon passé à la Ligue nationale de volley en France. J’y ai travaillé sur l’organisation d’événements internationaux avec les équipes nationales masculines et féminines.

Finalisation d’un terrain de basket au Maroc. Photo : Giants of Africa

Comment avez-vous finalement rejoint les Raptors 905 puis Giants of Africa?

Lorsque j’étais à Ottawa, je voulais absolument retourner à Toronto et intégrer l’organisation des Raptors. Après mon retour, j’ai eu l’opportunité de rejoindre les Raptors 905, l’équipe affiliée des Toronto Raptors en G-League. Mon rôle était axé sur le développement communautaire, la visibilité de l’équipe et l’engagement des joueurs au-delà du basket. Nous travaillions avec des hôpitaux, des écoles et des associations caritatives pour renforcer notre impact.

Avec la pandémie, les actions communautaires sont devenues très difficiles. Pendant cette période, j’étais en congé maternité, ce qui m’a permis de prendre du recul. À mon retour, Masai Ujiri m’a proposé de rejoindre Giants of Africa pour travailler sur le développement des terrains de basket, un projet qui m’a immédiatement passionnée.

Quels sont les défis que vous rencontrez sur le terrain pour la construction de ces infrastructures?

Nous faisons face à plusieurs types de difficultés : culturelles, politiques, économiques et géographiques. Par exemple, au Burkina Faso, en raison de l’instabilité politique, nous avons dû repousser des événements à cause d’un coup d’État.

Sur le plan économique, certaines régions n’ont pas la main-d’œuvre qualifiée pour la construction des terrains. Dans d’autres pays, comme la Somalie, il existe des barrières culturelles, notamment concernant la participation des femmes au sport. Nous avons donc construit un terrain à l’écart des regards pour permettre aux jeunes filles de pratiquer sans crainte.

Enfin, certains terrains sont difficiles d’accès. Par exemple, dans le village des parents de Dikembe Mutombo, il a fallu transporter du ciment et d’autres matériaux de construction sur de longues distances.

Quelle était votre relation avec l’Afrique avant de travailler pour GOA?

Je pense que le rapport à l’Afrique est totalement différent au Canada par rapport à celui que nous avons en France. En raison des relations coloniales, nous avons une connaissance profonde de l’Afrique, un lien qui est ancré dans notre culture. J’y suis allée plusieurs fois en tant que touriste et j’ai étudiée dans un lycée européen public qui était très diversifié sur le plan culturel.

Étant Guadeloupéenne, j’ai toujours eu de nombreux amis venant de divers pays africains : Rwanda, Congo, Sénégal, entre autres. Cette diversité m’a permis d’avoir une bonne connaissance de l’Afrique avant même d’y travailler directement. Pouvoir rejoindre Giants of Africa a donc été un véritable rêve, car cela me permet d’explorer différentes cultures en étant directement au contact des communautés locales.

Contrairement aux voyages touristiques où l’on reste souvent dans les hôtels, ici, nous sommes immergés dans le quotidien des populations locales, ce qui m’a permis d’apprendre encore davantage.

Photo de groupe avec Masai Ujiri (à gauche en jaune) et la légende congolaise de la NBA Dikembe Mutombo aujourd’hui décédé (à droite en jaune). Photo : Giants of Africa

Comment gérez-vous l’équilibre entre votre travail très prenant et votre vie de famille?

Je dirais que mon équilibre n’est pas parfaitement ajusté, car je ne considère pas mon travail comme un simple emploi. J’ai l’impression que cela fait partie intégrante de ma vie. Mon mari comprend parfaitement cela. Il n’y a pas de véritable séparation entre ma vie personnelle et mon travail, car tout est profondément lié à ce qui me motive au quotidien.

Certaines personnes pourraient voir cela comme un déséquilibre, mais pour moi, c’est simplement une continuité naturelle de mon engagement dans Giants of Africa.

Qu’est-ce que l’expérience avec les Raptors 905 et Giants of Africa vous a apporté?

Travailler pour une organisation professionnelle sous l’égide de la NBA et avoir Masai Ujiri comme leader pousse à l’excellence et au professionnalisme. Intégrer une telle structure m’a appris à être irréprochable en permanence et à toujours performer au plus haut niveau.

Masai a cette vision d’excellence qui m’a marquée dès mon passage aux Raptors 905 et que je continue à développer aujourd’hui avec Giants of Africa. Il y a un véritable lien entre les Raptors, les Raptors 905 et Giants of Africa.

J’ai également développé des relations avec plusieurs joueurs français impliqués dans Giants of Africa et la Basketball Africa League. Mon réseau s’est étendu considérablement grâce à mes expériences et à mes différentes collaborations, notamment avec mon mari, qui a aussi travaillé dans le monde du basket universitaire et professionnel en Afrique. »

Photo : Giants of Africa

LES DATES-CLÉS DE MÉLANIE DANNA :

1985 : Naissance le 9 juillet à Lille en France

2003 : Commence a travailler bénévolement lors de compétitions d’athlétisme en parallèle de son rôle de pigiste a La Voix du Nord

2009 : Elle devient la première salariée administrative du Lille Métropole Basket (Pro B)

2014 : Elle déménage au Canada et rejoint la Fédération canadienne de Volley

2017 : Elle renoue avec le basketball au sein des Raptors 905

2020 : Elle donne naissance a sa fille Nala

2021 : Obtention de la nationalité canadienne et débuts avec Giants of Africa

Jeanne-Hélène Tardivel reçoit le Prix Bernard Grandmaître

La 25e cérémonie des Prix Bernard Grandmaître s’est déroulée samedi à l’Hôtel de Ville d’Ottawa. L’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO Ottawa) a couronné Jeanne-Hélène Tardivel. Neuf prix ont été remis lors de la soirée, afin de souligner « le leadership, le dévouement et l’impact de celles et ceux qui contribuent au rayonnement du français à Ottawa », selon la description de l’événement.

Les autres prétendants au plus grand prix de la soirée étaient Luckner (Luc) Thermonvil, Martin Gagnon et Samia Ouled Ali. C’est finalement Jeanne-Hélène Tardivel qui a remporté les honneurs. La directrice générale de Montfort Renaissance prendra sa retraite ce printemps, après plus de 20 ans à œuvrer au sein de l’organisme. Elle a souligné avec fierté le chemin parcouru par l’organisme communautaire francophone depuis ses débuts.

« J’ai commencé avec trois employés et nous sommes maintenant un petit peu plus que 170. Il y a 26 services (offerts), 14 pour les francophones et 12 qui sont bilingues et on dessert plus de 10 000 clients chaque année, donc je suis très très honorée d’avoir gagné ce prix », a-t-elle réagi en entrevue avec ONFR.

Jeanne-Hélène Tardivel à la cérémonie des prix Bernard Grandmaître samedi soir à l'Hôtel de ville d'Ottawa. Crédit image: Jean-Philippe Bélanger
Jeanne-Hélène Tardivel à la cérémonie des prix Bernard Grandmaître samedi soir à l’Hôtel de ville d’Ottawa. Crédit image : Jean-Philippe Bélanger

Le prix Claudette Boyer – Citoyen.ne de l’année a été remis à Ginette Gratton. L’enseignante et animatrice de télévision est aussi directrice générale de la maison Marie-Louise, dans le secteur Vanier.

Le prix Organisme de l’année a été décerné à VOX Théâtre, seule compagnie à se consacrer exclusivement au théâtre jeunesse dans la francophonie canadienne en milieu minoritaire. Les pièces de VOX Théâtre ont reçu d’autres récompenses dans la dernière année, dont des prix Rideau, qui récompensent le théâtre de la région de la capitale, toutes langues confondues.

Le directeur artistique et général de VOX Théâtre Pier Rodier, soutient que ce prix est synonyme d’un message de la communauté « qui nous dit ‘hey, c’est fantastique, on apprécie ce que vous faites’ »

« C’est un privilège d’avoir eu cette reconnaissance, surtout que c’est notre 45e anniversaire cette année », a-t-il indiqué à ONFR samedi soir après la cérémonie en compagnie de la présidente de VOX Théâtre, Aline Bard.

Celui qui a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de recteur de l’Université d’Ottawa un an avant la fin de son mandat, Jacques Frémont, a reçu le prix d’Intervenant en éducation de l’année.

L’Intervenante en santé de l’année est Christine Landry, qui est entre autres pharmacienne spécialiste clinique à l’Hôpital Montfort, spécialisée en soins critiques, à l’hôpital Montfort, et directrice du programme de doctorat de premier cycle en pharmacie à l’Université d’Ottawa.

De la relève en francophonie ottavienne

Le prix Gisèle Lalonde – jeunesse de l’année, qui souligne l’implication dans la francophonie chez les jeunes de 13 à 18 ans est allé du côté de Jamie Jia Dengke. Cette élève à l’École secondaire publique Pierre-de-Blois est aussi membre du sénat des élèves du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO).

Le prix Jeune leader de l’année, qui récompense les jeunes adultes de 19 à 30 ans, a été remis à Benjamin Dennie. Originaire de Blind River, dans le Nord de l’Ontario, il s’implique dans la communauté franco-ontarienne depuis déjà plusieurs années, ayant entre autres été président de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO). Benjamin Dennie étudie maintenant en Sciences politiques et Common Law à l’Université d’Ottawa. Il est vice-président aux affaires francophones de l’Association étudiante des études internationales et politiques.

L’intervenante communautaire au CEPEO, Juliana Timon Miguel, a reçu le titre de Nouvelle arrivante de l’année. Elle était la seule nommée dans cette catégorie.

Et le prix de l’Alliée de la francophonie de l’année a été décerné à Amy Maan. Aussi connue comme Mme Amy, elle offre des cours de français en mode virtuel en s’adressant à la fois aux enfants et à leurs parents, avec sa plateforme 123 Petits pas.

La francophonie ontarienne a aussi été célébrée en musique, avec une prestation des Franco-Ontariens Geneviève RB, Le R Premier, Jean-Marc Lalonde, Martin Gagnon et Patrick Pharand.

L’ACFO Ottawa, qui organise la cérémonie des prix Bernard Grandmaître, est actuellement en restructuration. La consultante Anik Larivière assure la direction générale par intérim depuis décembre dernier. « Nous sommes confiants qu’elle saura guider l’ACFO Ottawa dans cette période de transition avec vision et leadership », avait alors déclaré Bobby Bourdeau, lui-même élu à la présidence du conseil d’administration en octobre. 

Il ne reste plus qu’une seule librairie francophone dans le Grand Toronto dès aujourd’hui

TORONTO – Lynda Grimard-Watt, qui tenait la librairie « Children’s French Book Corner » depuis près d’une décennie, était l’une des rares à proposer des œuvres en français. Mais celle qui assurait cette offre aux parents d’élèves ainsi qu’à des conseils scolaires de langue française de la ville, s’est heurtée à une mauvaise combinaison de facteurs à l’échelle locale, mais aussi provinciale pour rester pérenne.

C’est le Jour J où il faut tout vider. Après quelques semaines d’efforts pour liquider l’inventaire de sa boutique, Lynda Grimard-Watt a reçu de nombreux messages de soutien sur les médias sociaux des habitués de sa librairie qui déplorent cette perte pour la communauté. Mme Grimard-Watt, explique que le flux de clientèle n’était pas viable pour sa survie. « Les gens supposent qu’il n’y a pas de librairie francophone à Toronto », dit Lynda Grimard-Watt.

Lynda Grimard-Watt a proposé des rabais importants durant le mois de février afin de liquider son inventaire. Gracieuseté

Elle remarque également les habitudes de consommation de ses clients sur lesquelles la pandémie a eu un effet durable. « Les parents ne veulent plus se déplacer ni conduire pour aller dans une librairie », affirme Lynda Grimard-Watt.

Des librairies qui ferment les unes après les autres

« Ce n’est pas facile de faire le commerce du livre en Ontario, » confirme Stéphane Cormier, qui est président du Regroupement des éditeurs franco-canadien (REFC). Ce dernier explique que depuis 2009, on observe une série noire de fermetures successives de librairies francophones « On a perdu la librairie Grand ciel bleu à Sudbury, la Librairie du Centre à North Bay, les deux librairies Champlain et Mosaïque à Toronto, et la Librairie Le Nord à Hearst a fermé aussi l’an dernier », indique l’éditeur. Dans le Grand Toronto, il ne reste que la librairie Il était une fois à Oakville.

Stéphane Cormier est codirecteur des Éditions Prise de parole, président du Regroupement des éditeurs franco-canadien et de la Librairie Panache (Sudbury). Gracieuseté

La complexité démographique d’un lectorat francophone, étroit, selon le président du REFC, expose les difficultés du secteur. Didier Leclair, écrivain emblématique franco-ontarien récipiendaire du Prix Trillium en 2000 pour « Toronto, je t’aime » rejoint Stéphane Cormier sur ce point. « Les francophones à Toronto sont éparpillés, c’est dur de mobiliser la clientèle. »

À quand une politique du livre en Ontario?

Les quelques conseils scolaires que Lynda Grimard-Watt continuera de servir depuis un bureau qu’elle compte louer afin de continuer à opérer la deuxième partie de son entreprise, lui offrent l’opportunité de faire durer partiellement son activité. Dans cette idée, Marie-Josée Martin qui est à la tête de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAAOF) martèle qu’une politique du livre comme la loi 51 au Québec pourrait avoir un impact majeur sur l’écosystème des librairies en Ontario français, dans la mesure où une telle loi obligerait les conseils scolaires à s’approvisionner d’abord chez les libraires locaux.

Archives ONFR

Ces conseils se défendent que la marge de manœuvre à leur disposition est limitée « Les écoles ont des règlements stricts qui découlent des règlements provinciaux, et elles ont un certain budget chaque année pour renouveler leur catalogue de ressources, et ce n’est pas des montants très élevés, ça dépend des écoles », explique Steve Lapierre, directeur des communications au sein du conseil scolaire Viamonde.

Il explique de surcroit qu’il s’agit pour eux de trouver la meilleure offre au meilleur prix. Toutefois, Stéphane Cormier pense que les écoles demandent de gros rabais et que cela n’aide pas les librairies locales « Pour les librairies en région, les ventes aux écoles et aux bibliothèques sont vitales, elles représentent souvent 50 % ou plus de leurs revenus », assure l’éditeur, qui a aussi été libraire.

« Ce n’est pas une question qui a été étudiée à la table du conseil, on n’a pas eu de consultations sur ce sujet-là, mais on doit respecter les règles d’approvisionnement. », soutient M. Lapierre.

Marie-Josée Martin explique que comparativement au Québec, ce n’est pas dans la culture ontarienne de protéger les auteurs, mais elle met surtout le doigt sur des facteurs historiques et affirme que « la difficulté reste toujours de faire valoir nos intérêts en tant que francophones », dit-elle. Mr Cormier confirme d’ailleurs l’impact que le règlement 17 a eu sur la communauté en interdisant l’usage du français en Ontario pendant 15 ans lors du siècle dernier dans les écoles « Ça cultive un rapport complexe à la lecture, car il y a l’insécurité linguistique qui joue, et ça ces des phénomènes qui sont documentés », avance Stéphane Cormier.

Une mission éducative mise en péril

La plupart des acteurs du secteur accueillent l’idée que les librairies font partie d’un écosystème et ont une mission éducative, complémentaire à celle des écoles et bibliothèques. D’où la pression d’établir un levier permettant aux libraires locaux de continuer à exister.

Le gouvernement conservateur, qui vient de remporter une troisième majorité consécutive cette semaine, suscite l’appréhension de Marie-Josée Martin : « On sait que dans la vision conservatrice, on n’aime pas trop règlementer ces choses-là. » Pour Didier Leclair, une quelconque aide à l’échelle de la Ville de Toronto pourrait jouer de son influence et mobiliser les conseillers municipaux pour sensibiliser le public. « Il faudrait donner un peu plus d’argent et identifier les lieux où beaucoup de francophones travaillent ou habitent et là peut-être qu’on gardera une librairie. »

Politiquement vôtre

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

Cela se lisait dans les étoiles : je ne pouvais parcourir cette saison de chroniques sans évoquer mon passage ici même, à ONFR et ce que j’ai appris en tant que journaliste politique attaché au Parlement de Queen’s Park à Toronto durant une révolution et demie de la Terre autour du Soleil. Cela représente tout de même le tiers de mon existence au Canada, rien que pour cela, ceci vaut l’orbite. 

Me voilà donc à mi-chemin sans le savoir, car qui l’eut cru à l’époque que j’allais me retrouver à écrire, deux ans plus tard, une chronique sur le journaliste politique spécialisé dans les affaires francophones que j’étais devenu, moi l’apolitique jusqu’à la moelle épinière, moi qui n’ai jamais voté de ma vie, pas même aux élections d’une association étudiante, par irreprésentabilité statistique, je pense! Et puis, se confesser pour se confesser, j’ai toujours éprouvé un secret plaisir à confier mon avenir au hasard, comme celui qui se joue dans les urnes pour élire les décideurs quand ma voix n’y est pas.

Il va sans rappeler un précieux conseil d’ami : il ne faut surtout pas faire ce que je fais ou ce que je dis, et encore moins ce que j’écris.

Entre légende et magnificence

Le contexte posé, allons sans attendre dans le fond, dans les entrailles de ce magnifique bâtiment qu’est l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario. Sans entrer dans les détails, car une visite in situ vaut mille mots à ce propos, tout citoyen peut réserver une visite guidée via le site de l’Assemblée -, hormis la démarche sérieusement théâtrale sous la robe du greffier à l’ouverture de sessions, ce qui m’a frappé lorsque j’ai foulé pour la première fois le sol marbré de ce chef-d’œuvre architectural richardsonien datant d’une époque où le vrai luxe résidait dans l’espace, c’est cette savante fusion entre l’histoire, l’art, la culture et la verdure qui se dégage de et d’entre ces murs.

Crédit image : Imprimeur du Roi pour l’Ontario, 2025

L’autre élément qui m’a marqué pendant ce bout de vie, remarquée sur la durée de celui-là, est le fait que, du sol au plafond, tout dans ce temple de la politique scintillait et suintait la propreté. Pourtant, pendant tout ce temps passé à arpenter ces allées tapissées, je n’ai jamais croisé un agent de propreté ou vu trainer un balai épaulé par un mur à ne rien faire!

Si vous pensez comme moi que c’est là un grand mystère qui nous est offert, sachez que ce lieu en recèle un autre plus savoureux : les escaliers qui ne mènent nulle part de l’angle nord‑est du bâtiment. Ce chemin condamné fait toujours l’objet de légendes urbaines aussi folles et recevables les unes que les autres quant à son ancienne utilité. Selon votre serviteur, si le fantôme d’Ivan Reznikoff ou de celui de la Femme pendue moult fois aperçue se balançant à un crochet le long du tunnel du sous-sol venait à rendre visite à la chambre de l’Assemblée, c’est par ces escaliers qu’ils passeraient.

Impoli tic

Voilà pour le contenant. Le contenu, lui, était loin d’être aussi parfait, car fait de chair et d’os! Si j’ai une unique sage leçon à retenir de cette expérience, elle se résumerait en 16 mots : tous les politiciens du monde se ressemblent en vertu d’une espèce de tics impolitiques universels. Petits arrangements entre amis des circonstances, lobbyisme, s’opposer pour s’opposer… lorsqu’on est familier des coulisses de ce grand théâtre où se jouent parfois quelques navets, le constat saute aux yeux.

Pas étonnant que, pour adouber tout cela, ce sont les mains encore innocentes des enfants qui sont en charge de faire circuler les dossiers entre les acteurs. C’est là une autre curiosité de l’Assemblée législative de l’Ontario, chaque année, 150 élèves de 8e année, appelés des pages, sont choisis pour livrer les documents clés aux greffiers et/ou au président et aux députés lors des sessions de l’Assemblée législative.

Crédit image : Imprimeur du Roi pour l’Ontario, 2025

Toutefois, il faut rendre à la reine ce qui appartient à la reine, car il serait incorrect, voire idiot, d’en faire une généralité. Plus que cela, d’après mon vécu, le Parlement ontarien est plutôt efficace et réactif quant à voter des lois pour rectifier le tir ou améliorer les conditions de vie des citoyens ontariens, y compris des plus poilus d’entre eux. C’est le cas du projet de loi 240, dont j’ai assisté bouche bée au dépôt et qui interdit le dégriffage des chats, et ce dans le cadre de la Loi sur les services provinciaux visant le bien-être des animaux. Moi, qui viens d’un pays où les chats d’égout, parfois borgnes, parfois boiteux, parfois les deux, pullulent dans les rues, cela m’avait fait un choc légitime.

Oups! Il se fait tard. Sur ce, je cours au bureau de vote le plus proche avant qu’il ne ferme, car aujourd’hui c’est le jour des élections provinciales. Ce n’est pas un poisson d’avril pressé : cette fois, je compte bien apporter ma petite pierre à l’édifice démocratique, aussi insignifiante soit-elle! Oui, oui, je viens de changer d’avis en direct sur cette chronique!

Pour la première fois de mon anodine existence, je vais goûter au plaisir de glisser un bulletin dans une urne (enfin, si l’opération se passe toujours de la sorte), car, en ces bas temps qui courent, l’avenir de l’immigrant, de l’étranger que je suis, est plus incertain que jamais. Après tout, comme chanterait l’Ivoirien Alpha Blondy : « Seuls les imbéciles ne changent pas », n’est-ce pas?

À bon entendeur, salamoualikoum (que la paix soit sur vous).

Élections provinciales : l’après-scrutin à la loupe dans le balado d’ONFR

Dans ce dernier épisode d’ONvote 2025, on revient sur les résultats des élections à l’échelle des partis et dans les circonscriptions francophones du Nord et de l’Est, avec la journaliste parlementaire Sandra Padovani qui nous explique que les cartes ont finalement peu bougé mais que quelques surprises ont eu lieu. On tire aussi les grands enseignements et on esquisse les défis du prochain gouvernement majoritaire, avec la politologue Stéphanie Chouinard.

Quatuor culturel en Ontario

Nous entrons dans le Mois de la Francophonie, un beau prétexte pour sortir et consommer de la culture en français dans toute la province. Musique, littérature, humour et théâtre, voici un quatuor de disciplines à explorer cette semaine.

Une tournée pour JOLY

JOLY, le projet du musicien Marc-Antoine Joly, entame une tournée qui s’arrêtera d’abord à Sudbury vendredi. Les francophones prendront d’assaut la classique Townehouse Tavern, alors que JOLY invitera sur scène Philippe Mathieu, Marc-André Labelle et la formation The Frogs, composée de Philippe Mathieu, Patrick Wright et Nik Goulet.

JOLY se produira ensuite à Timmins samedi, à l’auditorium de l’École secondaire catholique Thériault. Le 7 mars, il sera de retour à Ottawa pour offrir le tout dernier concert dans le bâtiment actuel du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). Rappelons que le bâtiment de la rue Carrière sera détruit pour laisser place à un tout nouveau centre communautaire plus moderne. Une pointe de pizza sera offerte à chaque détenteur de billet pour le spectacle au MIFO.

Marc-Antoine Joly, un habitué du MIFO, assurera le tout dernier spectacle dans l’édifice actuel de la rue Carrière, avec son projet JOLY. Crédit image : Rachel Crustin

Sudbury, Timmins et Orléans, du 28 février au 7 mars. Détails sur la page Facebook de JOLY.

Un 32e Salon du livre de Toronto

L’Université de l’Ontario français (UOF) accueillera encore une fois le Salon du livre de Toronto jusqu’à dimanche. Sous le thème de l’inclusion, les différentes activités de la programmation aborderont des thèmes comme la représentation de la diversité dans la littérature, l’écriture inclusive, la culture queer, et la cancel culture. La présidente d’honneur est l’autrice, journaliste et militante Djemila Benhabib. Son essai Ma vie à contre-Coran : Une femme témoigne sur les islamistes avait fait grand bruit en 2009.Djemila Benhabib vit aujourd’hui en Belgique et se dit honorée de revenir au Canada pour le Salon du livre.

Les organisateurs du Salon du livre de Toronto affirme que la présidente d’honneur Djemila Benhabib représente particulièrement bien le thème de l’inclusion. Photo : Gracieuseté du Salon du livre de Toronto

Toronto, jusqu’au 2 mars. Programmation complète sur le site du Salon du livre de Toronto.

Début des Rendez-vous de la francophonie

Chaque année, la Fondation Dialogue coordonne de nombreuses activités à travers le pays pendant tout le mois de mars, Mois de la Francophonie. L’un des événements phares des Rendez-vous de la francophonie (RVF) est la tournée d’humour, qui débute ce samedi à Sudbury. L’Acadien Ryan Doucet, le Québécois Jérémie Larouche et la Franco-Ontarienne de Sudbury, Chloé Thériault se joindront à Garihanna Jean-Louis. Cette dernière est la co-porte-parole des RVF 2025, en duo avec le conteur, musicien et poète Guyaume Boulianne. La tournée d’humour des RVF s’arrêtera aussi à Cornwall le 26 mars.

Guyaume Boulianne et Garihanna Jean-Louis sont les porte-parole des Rendez-vous de la Francophonie 2025. Photo : Gracieuseté des RVF, montage ONFR

Sudbury, le 1er mars et Cornwall, le 26 mars. Calendrier complet des activités du mois sur le site des RVF.

Une pièce jeunesse et une pièce adulte à Toronto

Le Théâtre français de Toronto (TfT) présente deux spectacles dans les prochains jours. En collaboration avec l’Alliance française de Toronto, le spectacle pour adolescents Survie du vivant sera présenté au Théâtre Spadina samedi à 14 h. Humour, poésie et sciences s’entremêlent dans une discussion improvisée entre la biologiste Julie Drouin et le comédien Jonathan Morier. Un atelier de confections de bombes à graines sera ensuite animé par le concepteur végétal Graham Teeple.

Cette semaine marque aussi le retour au TfT de l’une de ses pièces à succès, Crawlspace, une vraie de vraie histoire vécue d’horreur immobilière. Au moment d’écrire ces lignes, il ne restait que quelques billets pour cette comédie noire abordant le problème de la crise du logement dans la ville reine. Les représentations torontoises auront lieu les 5 et 6 mars. Les comédiennes Karine Ricard et Meilie Ng partiront ensuite dans une tournée qui les mènera à Edmonton et Saskatoon, pour se terminer à Ottawa du 10 au 12 avril.

Karine Ricard est directrice artistique et co-directrice générale du Théâtre français de Toronto. Elle tient également la vedette dans Crawlspace : une vraie de vraie histoire vécue d’horreur immobilière. Photo : Gracieuseté du TfT

Toronto, les 5 et 6 mars. Détails et billets sur le site du TfT.

Doug Ford dans le cercle fermé des premiers ministres qui ont conquis trois mandats

C’est une première depuis plus de 50 ans : Doug Ford accroche à son tableau de chasse un troisième mandat consécutif à la tête d’un gouvernement majoritaire. Sans parler de majorité, les premiers ministres qui ont tout simplement atteint trois mandats, voire plus, sont peu nombreux dans l’histoire de l’Ontario : seuls Oliver Mowat, James Whitney, Howard Ferguson, Leslie Frost, Bill Davis et Dalton McGuinty y sont parvenus. Qui sont-ils?

Doug Ford (2018 à …)

Le frère aîné de la « Ford Nation » est devenu jeudi le septième premier ministre à être réélu pour un troisième mandat lors d’une élection. Doug Ford a lui-même encensé cet exploit hier dans son discours de victoire devant ses partisans à Toronto. « Ensemble, on a fait l’histoire. On a sécurisé un troisième mandat historique », a lancé « Capitaine Canada ».

Il faut remonter à Leslie Frost en 1959 pour voir un premier ministre réélu une 3e fois de suite avec un mandat majoritaire. Autre fait historique, il faut remonter à 96 ans pour voir un chef obtenir un troisième mandat avec au moins 80 députés comme l’a fait Doug Ford soit en 1929 avec Howard Ferguson.

Oliver Mowat (1872-1896) : 6 mandats

Oliver Mowat a gouverné durant plus de 23 ans, ce qui en fait le premier ministre avec la plus grande longévité de l’histoire de la province. Au cours de ses six mandats, ce libéral qui exerçait ses fonctions en même temps que celle de procureur général a modernisé l’agriculture, encouragé l’industrie et supervisé l’expansion vers le nord des frontières de l’Ontario.

Au-delà d’être un des Pères de la Confédération, on retient généralement de lui qu’il a fait de l’Ontario la plus riche des provinces canadiennes. En 1896, il a fait le saut au fédéral, devenant ministre de la Justice puis sénateur, avant d’être nommé l’année suivante lieutenant-gouverneur de l’Ontario, poste qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1903.

À la fois premier ministre et procureur général, Olivier Mowat a gouverné durant six mandats. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

James Whitney (1905-1914) : 4 mandats

Il faut attendre 1911 pour assister à un nouveau triplé électoral. Aux manettes de la province depuis 1905, le conservateur James Withney s’adjuge un troisième scrutin, puis un quatrième en 1914 qui sera de courte durée puisqu’il décédera quatre mois après son entrée en fonction. Sous son leadership, l’hydroélectricité a été nationalisée et le chemin de fer significativement développé.

Les francophones en ont toutefois un souvenir bien moins reluisant de ce premier ministre puisque son nom reste étroitement associé à l’adoption du Règement 17 qui a interdit l’usage du français comme langue d’enseignement et de communication. 

James Whitney a mené son parti à la victoire par quatre fois. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

Howard Ferguson (1923-1930) : 3 mandats

Successeur de M. Whitney, Howard Ferguson a navigué à travers trois mandats. Principalement connu pour ses politiques d’exploitation des ressources naturelles et de modernisation de l’économie, il est aussi à l’origine de la création des régies d’alcool, la LCBO en 1927, suite au référendum de 1924 au moment de la Prohibition.

Sur le plan francophone, il a créé une commission d’enquête en vue d’assouplir le Règlement 17 et a cessé de l’appliquer activement. Il quittera la politique provinciale en 1930 pour devenir haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni.

Howard Ferguson, à qui on doit les régies LCBO. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

Leslie Frost (1949-1961) : 3 mandats

Surnommé Old Man Ontario (le Viel Homme de l’Ontario), Leslie Frost a gouverné avec trois gouvernements majoritaires successifs. C’est précisément ce record que Doug Ford a égalisé jeudi.

M. Frost a gouverné en plein boom économique des années 1950, une période qu’il a mise à profit pour construire des milliers d’écoles. On lui doit la construction de l’autoroute 401, ouverte en 1947, ainsi que la création des universités de Hearst (1957), York (1959) et Laurentienne (1960). C’est lui qui a instauré le droit de vote inconditionnel pour les Premières Nations (1954).

Leslie Frost a été reconduit premier ministre trois fois dans un gouvernement majoritaire dans les années 1950. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

Bill Davis (1971-1985) : 4 mandats

Bill Davis a mené à la victoire les progressistes-conservateurs quatre fois successivement. Connu pour sa « politique des petits pas », le 18e premier ministre de l’Ontario a entre autres unifié les systèmes scolaires en Ontario, étendu la Commission de transport de Toronto (TTC) et l’autoroute 401, créé l’autorité de transport du Grand Toronto Metrolynx etc.

Il a créé le premier ministère de l’Environnement et est à l’origine de la mise sur pied du diffuseur public TVO. Il a aussi essuyé plusieurs crises scolaires et linguistiques de Sturgeon Falls en 1971 à Penetanguishene en 1979, en passant par le mouvement de désobéissance civile « C’est l’temps ».

Le premier ministre Bill Davis. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

Dalton McGuinty (2003-2013) : 3 mandats

Dalton McGuinty est le seul chef libéral à avoir mené à la victoire par trois fois consécutives son parti. Il a investi massivement dans l’éducation. Son gouvernement a été toutefois critiqué pour l’annulation de coûteuses centrales électriques au gaz et la gestion hasardeuse des dossiers médicaux électroniques qui ont entamé sa baisse popularité.

C’est sous sa gouvernance qu’a été créé le Commissariat aux services en français en 2007 et qu’a été étendu l’accès à la justice bilingue à la Cour supérieure d’Ottawa en 2010.

Sous Dalton McGuinty a été créé le commissariat aux services en français. Tableau : Assemblée législative de l’Ontario

Élections : un quasi-statu quo dans le Nord de l’Ontario

élection Ontario

SUDBURY – Dans les circonscriptions francophones du Nord, les électeurs ont vécu peu de changements. Nickel Belt, Sudbury ou encore Timiskaming-Cochrane restent dans le giron néo-démocrate. Les progressistes-conservateurs gardent sans trembler Timmins, Nipissing et conquièrent Algoma-Manitoulin.

Jamie West aura dû lutter pour se maintenir dans Sudbury face au progressiste-conservateur Max Massimiliano. Sa victoire acquise dans la douleur avec plus de 46 % des voix est synonyme de troisième mandat.

Il siègera donc à nouveau à Queen’s Park, de même que sa voisine France Gélinas, qui a eu plus de facilité dans Nickel Belt. Elle signe une sixième victoire électorale successive avec près de 5 000 voix d’avance sur Randy Hazlett (PC).

Après les cris et les embrassades, la Franco-Ontarienne a remercié ses proches et les bénévoles réunis à Hanmer. « Ce fut 29 jours extrêmement éprouvants, mais on a réussi », a-t-elle lancé à propos d’une « campagne complètement différente. C’était très difficile parce que c’était une élection surprise et en hiver. Plein de monde ne savait pas qu’il y avait des élections. »

Il aura fallu attendre le bout de la soirée pour découvrir le candidat victorieux dans Mushkegowuk-Baie James, circonscription à majorité francophone. Avec seulement quatre voix d’écart sur son concurrent direct David Plourde (PC), le sortant Guy Bourgouin conserve son fauteuil… pour le moment du moins, puisqu’il devrait y avoir un recomptage des votes dans les prochains jours.

Dans Timiskaming-Cochrane, John Vanthof a fait une différence d’un peu plus de 1600 voix sur le maire d’Iroquois Falls, Tory Delaurier. Là aussi le NPD était clairement sur le fil du rasoir face aux progressistes-conservateurs.

Aucun suspense dans Timmins et Nipissing où les ministres sortants George Pirie (Mines) et Vic Fedelli (Développement économique) ont conservé leur siège haut la main. Kenora-Rainy River et Thunder Bay-Atikokan ont été également repeints en bleu. Le pinceau conservateur a même débordé sur Algoma-Manitoulin concédé par le NPD.

Dans cette circonscription, le député sortant devenu indépendant à la suite de son exclusion du caucus néo-démocrate a dilué quelques voix qui ne sont pas allées au parti orange. Le maire de Thessalon Bill Rosenberg succède ainsi à Michael Mantha, avec près de 4 000 voix d’écart sur son plus proche concurrent, David Timeriski.

« Évidemment, le score du NPD a baissé et il semble que ce serait probablement surtout dans les régions où ils n’ont pas été très compétitifs, mais dans les châteaux forts, c’est quand même un vote fidèle, alors qu’on pensait chez les conservateurs avoir la capacité d’aller chercher 90 sièges, notamment dans le Nord », explique le politologue Peter Graefe, professeur de science politique à l’Université McMaster.

Avec les informations de Inès Rebei.

Élections Ontario 2025 : Collard et Sarrazin reconduits et un copier-coller dans l’Est ontarien et Ottawa

Du pareil au même, voilà ce qui résume le portrait électoral dans l’Est ontarien et Ottawa à l’issue de l’élection provinciale jeudi soir. Les principaux porte-voix libéraux et les francophones comme Lucille Collard dans Ottawa-Vanier et Stéphane Sarrazin dans Glengarry-Prescott-Russell ont tous été reconduits.

Dans l’Est ontarien, l’ex-maire d’Alfred et Plantagenet, élu sous les progressistes-conservateurs en 2022 n’aura pas eu à attendre très longtemps pour crier victoire, qui aura été annoncée en moins de 30 minutes après la fermeture des bureaux de scrutin. Il a mentionné la raison numéro un de son chef Doug Ford pour le déclenchement des élections, les tarifs imposés par l’administration de Donald Trump, comme principal cheval de bataille.

« Ce résultat reflète le désir des gens de protéger l’Ontario », a lancé Stéphane Sarrazin sous les applaudissements, reprenant le slogan de campagne de son parti.

Au micro d’ONFR, celui qui entame un deuxième mandat a remercié ses électeurs après une victoire où il a récolté 51 % des appuis avec un taux de participation de 48,4 %

« Durant les trois dernières années, j’ai essayé d’être impliqué auprès de chaque secteur dans la communauté de Glengarry-Prescott-Russell. Je pense que ce résultat témoigne du travail que l’on a fait avec les gens. »

À près d’une soixantaine de kilomètres de là, dans un autre bastion francophone de l’Ontario, la députée libérale sortante Lucille Collard savourait une troisième victoire consécutive.

« C’est une immense satisfaction de ressentir l’appui d’Ottawa-Vanier. Je suis très satisfaite et très heureuse », a partagé en entrevue celle qui a obtenu près de 11 000 voix d’avance sur sa plus proche poursuivante.

Bien entendu, l’ex-avocate ne pouvait ignorer la défaite de sa cheffe Bonnie Crombie dans son fief de Mississauga, les libéraux qui se retrouveront à nouveau sans chef sur les banquettes libérales à Queen’s Park depuis 2022.

« On espérait tous un résultat différent », n’a pas caché Lucille Collard après l’annonce, elle qui « ne s’attendait pas à la défaite de Bonnie Crombie ».

« Elle était très forte dans Mississauga, elle avait un bon profil comme ancienne mairesse aussi. C’est vraiment décevant, il faudra analyser tout ça avec le recul. Il faudrait réfléchir à ce que cela veut dire et à comment on se positionne dans le futur », complète l’élue ottavienne.

Dans le comté voisin d’Orléans, des complications au niveau des bureaux de vote ont retardé le dépouillement de deux heures, mais le député libéral Stephen Blais a remporté sa troisième élection depuis 2020 avec 54% des suffrages devançant le conservateur Stéphane Plourde (35%).

Un copier-coller ottavien, sauf une exception

Dans les autres comtés de la région, les couleurs politiques sont restées quasi les mêmes. Pour la formation politique de Doug Ford, le ministre sortant des Collèges et Universités, Nolan Quinn a facilement conservé son siège dans Stormont—Dundas—South Glengarry avec 62 % des suffrages. Alors que leur ex-chef par intérim John Fraser a remporté une cinquième élection dans Ottawa-Sud, les libéraux pourront aussi compter sur le retour de Karen McCrimmon dans Kanata-Carleton.

Seul changement à la carte ottavienne, le libéral Tyler Watt réussit à ravir un siège aux conservateurs dans le comté de Nepean où l’ex-ministre Lisa Macleod ne se représentait pas. La circonscription de Carleton reste au bleu avec le triomphe du conseiller municipal de la Ville d’Ottawa, George Darouze.

C’est aussi la continuité pour le NPD avec la victoire de Catherine McKenney dans Ottawa-Centre qui succède au député sortant Joël Harden alors que la porte-parole en matière d’Éducation pour le NPD Chandra Pasma (Ottawa-Ouest—Nepean) sera aussi de retour à Toronto.

Avec les informations de Rachel Crustin et Amine Harmach.

Doug Ford remporte un gouvernement majoritaire, le NPD forme l’opposition officielle

Doug Ford a réussi son pari en raflant suffisamment de sièges pour former un gouvernement majoritaire. C’est un troisième mandat qui s’offre à lui. Le NPD assure l’essentiel en se maintenant comme le parti de l’opposition officielle. Les chefs Doug Ford, Marit Stiles et Mike Schreiner ont été réélus, mais pas Bonnie Crombie.

« Notre plan propose des idées ambitieuses et audacieuses. C’est une vision d’avenir de notre grande province et de notre économie », a déclaré Doug Ford dans son discours de victoire, promettant de meilleurs emplois, de nouveaux marchés, la construction de routes et l’expansion de l’économie.

Et d’énumérer devant ses partisans : « Nous avons demandé à la population de nous donner le mandat de libérer le formidable potentiel économique du Cercle de feu. La population a dit oui. Nous lui avons demandé de nous donner le mandat de bâtir notre économie en éliminant les barrières commerciales internes. La population a dit oui. (…) Nous lui avons demandé un mandat pour nettoyer nos rues, sévir contre le crime, mettre fin aux campements et protéger les écoles et les garderies des sites d’injection de drogue. Les gens ont dit oui. »

Le premier ministre a axé une large part de sa campagne sur la protection des emplois face au risque de guerre commerciale avec les États-Unis, Donald Trump ayant promis d’imposer des droits de douane élevés sur les produits canadiens.

C’est avec cet argument qu’il a provoqué des élections anticipées, au grand dam de ses rivaux politiques qui n’ont pas été en mesure d’inverser la vapeur dans une campagne éclair de 28 jours – qui a coûté 189 millions de dollars. M. Ford a entre autres promis des allègements fiscaux et un soutien financier aux entreprises et travailleurs qui pourraient être affectés.

« Ensemble, on a fait l’histoire. On a sécurisé un troisième mandat historique », a lancé « Capitaine Canada » à ses partisans à Toronto alors qu’il remporte son pari de retourner au pouvoir avec un « mandat fort », comme il l’avait réclamé.

Mince tache au tableau, les progressistes-conservateurs n’ont presque pas fait de gains, alors que les résultats non officiels d’Élections Ontario projettent que le parti n’ajoutera qu’un siège de plus que les 79 dont il disposait avant de dissoudre l’Assemblée législative le mois dernier.

Au-delà de la question des emplois, il s’est aussi engagé sur le développement des transports avec la construction de l’autoroute 413, d’un tunnel de transport en commun sous la 401 et de nouvelles autoroutes dans le Nord.

Il a l’intention de s’attaquer à la contrebande de drogues et d’armes à feu. Il a promis 2 milliards de dollars de plus pour aider à construire des millions de nouvelles maisons et investir 1,8 milliard de dollars pour relier chaque Ontarien à un médecin de famille et à des soins primaires d’ici 2029.

Bonnie Crombie défaite dans sa circonscription

À l’heure où nous écrivons ces lignes, le PC totalise 80 sièges, contre 27 au NPD. Ce dernier confirme son statut d’opposition officielle, même s’il perd plusieurs sièges dans la bataille. « Notre travail consiste à demander des comptes à ce gouvernement, et c’est ce que nous allons accomplir avec notre combat habituel », a affirmé la cheffe du NPD, Marit Stiles, tout sourire.

De son côté, si elle n’est pas parvenue à se faire élire dans Mississauga-East-Cooksville, la cheffe libérale Bonnie Crombie a au moins réussi à remettre son parti en selle. Avec 14 sièges, sa formation politique pulvérisée en 2018 redevient un parti officiel.

« Je sais que ce soir, ce n’est pas exactement le résultat que nous recherchions, mais vous pouvez être fiers de ce que vous avez accompli. Les gens disaient que le Parti libéral était mort, mais vous avez prouvé qu’ils avaient tort », a assuré la cheffe Bonnie Crombie.

Marit Stiles et le NPD ont perdu des sièges mais se maintiennent au rang d’opposition officielle. Photo : ONFR/Laetitia Dogbe

Quant au Parti vert, il est parvenu à faire réélire ses deux députés : le chef Mike Schreiner dans Guelph, ainsi que Aislinn Clancy dans Kitchener-Centre.

Il faut noter par ailleurs la réélection de Bobbi Ann Braddi dans Haldimand-Norfolk. C’est son deuxième mandat comme indépendante élue, du jamais vu dans l’histoire de la province. Autre victoire significative : le large succès du seul député autochtone, Sol Mamakwa, dans Kiiwetinoong.

Le taux de participation est de 45,40 %.

Résultats non officiels transmis par 8 073 des 8 079 bureaux de vote. Source : Élections Ontario

Revivez la victoire électorale de Doug Ford au fil de la soirée

Bienvenue dans ce fil d’actualité dédié à la soirée des élections provinciales de l’Ontario du 27 février. Faits marquants, résultats, réactions… Revivez la soirée électorale dans les circonscriptions francophones et la victoire de Doug Ford en temps réel depuis les dernières heures du vote jusqu’au verdict des urnes.

Doug Ford a réussi son pari en raflant suffisamment de sièges pour former un gouvernement. C’est un troisième mandat qui s’offre à lui.

Le premier ministre a axé une large part de sa campagne sur la protection des emplois face au risque de guerre commerciale avec les États-Unis, Donald Trump ayant promis d’imposer des droits de douane élevés sur les produits canadiens.

  • 23 h 54

    Stephen Blais réélu dans Orléans

    C’est arrivé plus tard que prévu en raison de problèmes dans les bureaux de vote, mais le député libéral sortant Stephen Blais sera de retour à Queen’s Park ayant remporté ce soir pour une troisième fois d’affilé son siège dans son comté francophone d’Ottawa depuis 2020. Il a obtenu 54% des voix.

  • 23 h 42

    Guy Bourgouin gagnant dans Mushkegowuk-Baie James par 4 voix

    Le député néo-démocrate Guy Bourgouin est le gagnant du comté le plus francophone en Ontario par seulement 4 maigres voix d’avance selon le décompte non officiel d’Élections Ontario.

    Il bat ainsi son adversaire Dave Plourde avec 3 606 votes contre 3 602 et sera de retour à Queen’s Park pour une troisième élection de suite. Toutefois, un recomptage aura lieu en raison de l’aussi maigre avance.

  • 23 h 38

    « Ce fut 29 jours extrêmement éprouvants », dit France Gélinas

    À Nickel Belt, cette circonscription de presque 40% de francophones, ce fut sans grande surprise que la députée sortante France Gélinas a été réélue. Sa victoire a été confirmée une vingtaine de minutes après la fermeture des bureaux de vote de cette très étendue circonscription du Nord.

    Après les cris et les embrassades, la Franco-Ontarienne a livré un discours de remerciement pour les quelques amis, membres de la famille et bénévoles présents au restaurant Cousin Vinny’s à Hanmer.

    « Ce fut 29 jours extrêmement éprouvants, mais on a réussi », leur a-t-elle lancé.

    Un peu plus tard, au micro d’ONFR, celle qui ne cachait pas son stress en attendant les résultats s’est dite soulagée de cette sixième victoire dans le comté.

    « C’était une campagne complètement différente. C’est très difficile en hiver. Parce que c’était une élection surprise, il y avait plein de monde qui ne savait pas qu’il y avait des élections », a-t-elle confié en ajoutant que celle-ci n’a reçu sa carte de vote qu’aujourd’hui comme une partie des électeurs.

     

  • 23 h 21

    Toujours une chaude lutte dans Mushkegowuk— Baie James

    La circonscription la plus francophone en Ontario, qui regroupe les villes le long de la Route 11 comme Hearst et Kapuskasing, est probablement une des plus serrées dans tout l’Ontario. Au moment d’écrire ses lignes, le député néo-démocrate Guy Bourgouin tirait de l’arrière par seulement 40 voix face au progressiste-conservateur Dave Plourde. C’est 93,55% des votes qui avaient été dépouillés vers 23h21 jeudi soir.

     

    Il y a fort à parier que peu importe l’issue du scrutin, il y aura recomptage.

  • 23 h 01

    « Ce résultat reflète le désir des gens de protéger l’Ontario », selon Stéphane Sarrazin

    Dans Glengarry-Prescott-Russell, la réélection du député sortant, Stéphane Sarrazin, a été annoncée moins de 30 minutes après la fermeture des bureaux de scrutins. Il a mentionné les tarifs imposés par l’administration de Donald Trump comme principal cheval de bataille.

    « Ce résultat reflète le désir des gens de protéger l’Ontario », a lancé Stéphane Sarrazin sous les applaudissements, reprenant le slogan de campagne de son parti.

    Au micro d’ONFR, celui qui entame son deuxième mandat a remercié ses électeurs.

    « Durant les trois dernières années, j’ai essayé d’être impliqué auprès de chaque secteur dans la communauté de Glengarry-Prescott-Russell. Je pense que ce résultat témoigne du travail que l’on a fait avec les gens. »

  • 22 h 52

    « Ensemble, on a fait l’histoire », dit Doug Ford

    « Ensemble, on a fait l’histoire. On a sécurisé un troisième mandat historique », a lancé Doug Ford à ses partisans à Toronto alors que « Capitaine Canada » remporte son pari de retourner au pouvoir avec un « mandat fort », comme il l’avait réclamé, pour faire face aux tarifs de Donald Trump

    Mince tâche au tableau, les progressistes-conservateurs n’ont presque pas fait de gains alors que les résultats non officiels d’Élection Ontario projettent que le parti n’ajoutera que deux sièges de plus que les 79 qu’ils avaient avant de dissoudre l’Assemblée législative le mois dernier

    « On a demandé aux gens un mandat et les gens ont dit oui », a affirmé M. Ford, lançant plusieurs avertissements à Donald Trump, dont la phrase que « le Canada ne sera pas le 51e État ».

     

  • 22 h 31

    Bonnie Crombie défaite dans sa circonscription, mais entend rester en poste

     

    « Ils ont dit que le Parti libéral était mort, ce n’est pas le cas, nous sommes de retour », s’est félicitée la cheffe du Parti libéral devant ses partisans jeudi soir alors que les libéraux vont retrouver leur statut de parti officiel, avec une récolte de plus de 12 sièges.

    Bonnie Crombie venait tout juste de faire un discours devant ses partisans après avoir été battue dans sa circonscription de Mississauga-Est—Cooksville par la candidate progressiste-conservatrice Silvia Gualtieri. Elle a insisté sur le fait qu’elle comptait rester en poste pour « défendre les intérêts des Ontariens ».

    « Je ne vais pas m’arrêter pour aller au front pour notre province. Je vais continuer à me battre chaque jour pour un système de santé publique (…) Je vais rester », a lancé Bonnie Crombie.

    L’ancienne mairesse de Mississauga avait été élue cheffe des libéraux en 2023 et n’avait pas de siège à Queen’s Park au moment de sa dissolution le mois dernier.

     

     

  • 22 h 04

    Jamie West conserve le comté de Sudbury

    Le député néo-démocrate Jamie West conserve son siège dans Sudbury. Il l’emporte avec près de 2 000 voix d’avance.

  • 21 h 58

    Bonnie Crombie en danger dans sa circonscription

    La cheffe libérale est en retard de près de 1400 voix dans son propre comté dans Mississauga-Est—Cooksville face à la candidate progressiste-conservatrice.

  • 21 h 52

    George Pirie réélu dans Timmins

    Le ministre des Mines dans le gouvernement Ford remporte son siège dans Timmins et retourne pour un second mandat à Toronto.

  • 21 h 42

    Le NPD sera l’opposition officielle

    Les néo-démocrates et leur cheffe Marit Stiles ont réussi leur pari de conserver l’opposition officielle à Queen’s Park. Avec près d’une vingtaine de sièges projetés au moment d’écrire ses lignes, ils seront le second parti à l’Assemblée législative ontarienne pour une troisième élection de suite, devant les libéraux. 

  • 21 h 33

    France Gélinas réélue dans Nickel-Belt

    Elle a été élue pour la première fois en 2007.

  • 21 h 32

    Caroline Mulroney réélue dans York-Simcoe

    La ministre des Affaires francophones sera de retour à Queen’s Park avec une troisième élection victorieuse en poche pour elle.

  • 21 h 30

    Lucille Collard réélue dans Ottawa-Vanier

    Elle est députée libérale à Queen’s Park depuis 2020.

  • 21 h 21

    Stéphane Sarrazin réélu dans Glengarry-Prescott-Russell

    Le député de l’Est ontarien est reconduit à Queen’s Park pour un second mandat de suite.

  • 21 h 00

    Les bureaux de vote viennent maintenant de fermer. Les résultats commenceront à arriver dans quelques minutes.

  • 20 h 50

    Des retards dans des bureaux de vote

    Les résultats dans le comté d’Orléans, dans la région d’Ottawa, arriveront seulement après 11h alors que ceux dans Algoma-Manitoulin seront seulement disponibles après 11h30, selon Élections Ontario. Les premiers résultats partout dans la province seront disponibles après 21h.

    Idem pour dans le comté de Stephen Lecce, le ministre de l’Énergie sortant, à Vaughan, les résultats sont attendus pour après 23h.

  • 20 h 38

    À surveiller ce soir : les élus francophones du gouvernement Ford

    Ils ne sont pas nombreux, mais les porte-parole en matière de francophonie pour le gouvernement Ford ne risquent pas d’attendre très longtemps dès le dépouillement des votes à 21h. La ministre sortante des Affaires francophones, Caroline Mulroney, pourrait aller chercher près de 60% des intentions de vote dans son comté de York-Simcoe.

    Son adjoint aux Affaires francophones, Stéphane Sarrazin, dans Glengarry–Prescott–Russell a aussi de bonnes chances d’être réélu, lui qui avait ravi le siège à Amanda Simard en 2022. Il part comme favori face à son adversaire libéral Trevor Stewart. Parmi les francophiles dans le dernier gouvernement, Sam Oosterhoff et Natalia Kusendova, leurs chances de réélection sont aussi quasi assurées.

     

  • 20 h 29

    À surveiller ce soir : Le Grand Sudbury dans les mains des conservateurs?

    Le NPD est actuellement le détenteur des deux sièges de la ville du Nord de l’Ontario avec Jamie West dans Sudbury et la Franco-Ontarienne, France Gélinas, qui représente le comté de Nickel-Belt depuis 2007.

    Si les chances de voir France Gélinas retourner à Queen’s Park sont bonnes, mais pas absolues, c’est une autre histoire pour son collège dans Sudbury. Jamie West fait face à une forte opposition provenant du candidat progressiste-conservateur, Max Massimiliano. Il s’agit d’une autre de ses chaudes luttes dans une région ouvrière entre la formation de Marit Stiles et celle de Doug Ford.

     

  • 20 h 26

    À surveiller ce soir : Une première historique pour les verts et Mike Schreiner?

    Si à l’issue de cette soirée, le Parti vert de l’Ontario remporte, deux sièges, il s’agira d’une première historique pour la formation écologique, qui n’a jamais complété une soirée électorale avec deux sièges en main.

    En 2018 et 2022, leur chef Mike Schreiner a été le seul élu vert et en 2023, ils ont remporté une élection partielle dans Kitchener Centre avec Aislinn Clancy pour monter à deux.

    Cette dernière est toutefois en danger face aux progressistes-conservateurs. Les verts fondent aussi beaucoup d’espoir sur leur candidat Matt Richter dans Parry Sound–Muskoka qui avait perdu par 2 000 voix en 2022.

  • 20 h 17

    À surveiller ce soir : les régions cols-bleus à Doug Ford?

    En 2022, Doug Ford avait ravi des circonscriptions dites plus cols bleus ancrées historiquement aux néo-démocrates dans Hamilton, Windsor et Timmins entre autres. Après avoir obtenu l’appui de plusieurs syndicats en 2022, voilà que dans les dernières semaines, il a obtenu le soutien de syndicats provinciaux des pompiers ou encore des électriciens en plus d’obtenir l’appui de sections locales d’Unifor.

    Avec la menace des tarifs de Donald Trump qui affecte des villes industrielles, il faudra voir si les progressistes-conservateurs pourront convertir ces appuis de cols bleus en sièges supplémentaires à Windsor, Hamilton et dans le Nord de l’Ontario.

  • 20 h 15

    Les bureaux de vote ferment dans 45 minutes

  • 19 h 57

    À surveiller ce soir : Les libéraux de retour dans l’opposition officielle?

    La déception a été grande chez les libéraux en 2022 quand le parti n’a été capable que d’ajouter un siège passant de 7 à 8 en plus d’être à court des 12 sièges nécessaires pour le statut de parti officiel à Queen’s Park. Si la victoire semble loin à portée de main pour Bonnie Crombie, élue cheffe en 2023, ravir le statut d’opposition officielle au NPD sera plus réalisable et déjà un gain pour la formation politique qui a régné au pouvoir de 2003 à 2018.

    Si les libéraux mènent sur le NPD dans les intentions de votes, selon les sondages, c’est tout autre chose au niveau du nombre de sièges. La lutte s’annonce chaude entre les deux formations politiques alors que chacun pourrait se retrouver autour d’une dizaine de sièges

  • 19 h 26

    À surveiller ce soir : une super majorité pour Doug Ford?

    Gouvernant déjà avec une majorité confortable (79 sièges sur 124), tout porte à croire que Doug Ford pourrait augmenter encore plus son avance, près d’une trentaine au-dessus des 63 nécessaires pour être majorité.
    Les sondages projettent qu’il pourrait aller chercher au minimum une dizaine de sièges supplémentaires. Sera-t-il capable d’atteindre les 90 sièges ou même 100 sièges? C’est un scénario qui n’est pas impossible.

  • 19 h 20

    ONFR est aussi présent dans des quartiers généraux des chefs : Sandra Padovani chez Doug Ford et les progressistes-conservateurs, Mickaël Laviolle chez Bonnie Crombie et les libéraux, Laetitia Dogbe chez Marit Stiles les néo-démocrates. Ils vont vous faire vivre cette soirée ici mais aussi sur nos réseaux sociaux. On surveillera également les résultats du Parti vert de Mike Schreiner.

  • 19 h 13

    Dans l’Est, nos reporters Rachel Crustin et Amine Harmach surveilleront respectivement deux points chauds : Glengarry-Prescott-Russell et Ottawa-Vanier. Sur le radar de notre rédaction également : les autres courses ottaviennes mais aussi celle de Stormont-Dundas-Glengarry South.

  • 19 h 08

    Notre reporter Inès Rebei est sur place à Sudbury pour vous faire vivre les résultats du Nord, plus particulièrement ceux des circonscriptions de Sudbury et Nickel Belt. On surveillera de très près aussi les circonscriptions les plus francophones comme Mushkegowuk-Baie James, Algoma-Manitoulin, Timmins, Nipissing et Timiskaming-Cochrane. Le NPD joue gros dans ces territoires. Plusieurs députés sortants sont talonnés par les progressistes-conservateurs.

  • 19 h 00

    Le portrait de l’Assemblée avant la dissolution

    Les partis atteignant 12 sièges ou plus auront le statut de parti officiel. Avant la dissolution, seuls deux avaient ce statut : le Parti progressiste-conservateur et le Nouveau Parti démocratique. Outre ces deux-là, deux autres partis détenaient des sièges : le Parti libéral et le Parti vert. La répartition était ainsi :
    – 79 sièges pour le Parti progressiste-conservateur
    – 28 sièges pour le Nouveau Parti démocratique
    – 9 sièges pour le Parti libéral
    – 2 sièges pour le Parti vert
    – 6 sièges occupés par des députés indépendants

  • 18 h 45

    À l’issue de cette soirée, on devrait connaître la composition de la totalité du parlement ontarien, à moins d’un imprévu ou de retard dans certains bureaux. 124 sièges sont à pourvoir. Pour obtenir une majorité, un parti doit réunir la moitié + 1 siège, soit 63 députés.
    Un résultat inférieur mènerait à un gouvernement minoritaire, c’est-à-dire une situation dans laquelle le gouvernement devrait, pour faire adopter des lois, nouer des alliances ou trouver des appuis au-delà de la formation politique arrivée en tête du scrutin.

  • 18 h 30

    Bonjour, il vous reste 2h30 pour voter pour le ou la député(e) qui représentera votre circonscription durant les quatre prochaines années à l’Assemblée législative de l’Ontario. Les bureaux de vote ferment à 21 h. Nous sommes ensemble jusqu’à ce que l’on découvre qui gouvernera la province.

N-B : La Cour suprême se penchera sur la nomination d’une lieutenante-gouverneure unilingue par Trudeau

La Cour suprême a annoncé jeudi qu’elle accepte d’entendre un appel d’un organisme acadien qui conteste une ancienne décision de Justin Trudeau d’avoir nommé une lieutenante-gouverneure unilingue anglophone au Nouveau-Brunswick.

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) avait demandé à ce que le plus haut tribunal au pays accepte d’entendre sa contestation, l’organisme jugeant que la nomination de Brenda Murphy en 2019, qui ne parlait pas français, était inconstitutionnelle. 

Sur les sept demandes d’appels qui ont été rendues jeudi matin, la Cour suprême a seulement accepté d’entendre celle de l’organisation acadienne. Comme à chaque fois qu’elle rend des demandes d’autorisation, la Cour suprême ne partage pas ses motifs, que ce soit accepté ou rejeté.

« La SANB et les Acadiens se réjouissent que la plus haute cour du Canada ait décidé de se pencher sur cette question-là. On est très heureux (…) Déjà qu’ils nous entendent, c’est positif », commente en entrevue la présidente de l’organisme, Nicole Arseneau-Sluyter.

Brenda Murphy a été la 32ᵉ lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick de 2019 à 2025. Source : Facebook gouvernement du Nouveau-Brunswick

Cette contestation de la SANB avait commencé quelques mois après la nomination de Mme Murphy en septembre 2019 par Justin Trudeau. L’organisme jugeait que le fait que Mme Murphy occupe ce poste alors qu’elle ne parle pas français dans la seule province bilingue au Canada allait à l’encontre de la Constitution canadienne. 

En 2022, la Cour du banc du Roi avait statué que la nomination était inconstitutionnelle, car elle contrevenait aux obligations linguistiques du fédéral.

Ottawa avait par la suite porté la décision en appel et, en mai 2024, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a infirmé la décision jugeant que la cour de première instance avait fait une erreur « en centrant son analyse sur la question de savoir si l’unilinguisme de la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick est incompatible avec l’égalité réelle ».

C’est à la suite de ce jugement que la SANB a fait sa demande auprès de la Cour suprême.

« Les arguments sont simples, on ne veut pas avoir une lieutenante-gouverneure qui n’est pas bilingue. On ne demande pas la lune », lance Mme Arseneau-Sluyter.

Brenda Murphy est la première homosexuelle nommée à ce poste. Justin Trudeau avait défendu sa nomination à l’époque, arguant qu’elle s’était « engagée à améliorer son français ». Elle avait été nommée par le Bureau du Conseil privé à la suite d’une recommandation du premier ministre.

En entrevue avec l’Acadie Nouvelle l’an dernier, Justin Trudeau avait dit regretter que sa décision ait été « un facteur de division ». Mme Murphy, dont le mandat a pris fin le mois dernier, a été remplacée par une Acadienne, Louise Imbeault.

« Comme francophone vivant au Nouveau-Brunswick, on s’inquiète toujours : est-ce que le prochain gouvernement va faire de même? », questionne la présidente de la SANB.

« Donc, on trouve que c’est important qu’on ait une décision là-dessus noir sur blanc (pour) que ça ne se reproduise plus. C’est un poste important à un haut niveau et le moindre qu’on demande c’est d’avoir quelqu’un qui puisse s’exprimer dans notre langue », complète-t-elle.

Le dossier sera entendu ultérieurement par la plus haute cour au pays.

Élections 2025 : Guide des circonscriptions francophones du Nord de l’Ontario

Certaines circonscriptions du Nord de l’Ontario pourraient osciller entre deux partis voire changer de couleurs sur la carte. Selon les projections de sondage de 338Canada, trois positions du NPD sont fragilisées, au coude à coude avec des candidats progressistes-conservateurs. Ainsi, plusieurs députés franco-ontariens auront à défendre leurs sièges. Guides des candidats pour les régions les plus francophones.

Coup de poker pour Sudbury

Jamie West, candidat pour le Nouveau Parti démocrate (NPD). Montage ONFR

Libéral depuis 1987, c’est le néo-démocrate Jamie West qui remporte le siège de Sudbury en 2018 puis en 2022, circonscription qui compte 22,6 % de francophones.

Ardent défenseur des droits des travailleurs et des droits de l’homme, il a travaillé dans les domaines de la santé mentale, de la construction, des mines et de la sécurité au travail. À Queen’s Park, il a été porte-parole de l’opposition officielle en matière de Travail, de Formation et de Développement des compétences, et a occupé la fonction de whip adjoint de l’opposition officielle.

C’est un duel très serré qui se jouera demain entre Jamie West et son adversaire progressiste-conservateur Max Massimiliano, que seul 1% sépare dans les sondages. Ce dernier, propriétaire d’une entreprise locale, est un membre communautaire actif. Un passage aux mains des conservateurs serait une première en 38 ans.

Dans la course également, le candidat libéral Rashid Mukhtar Choudhry, un entrepreneur engagé dans la défense et l’assistance aux immigrants, et le candidat vert David Robinson, un économiste, éducateur et auteur.

Projections de sondages : ■ NPD (Jamie West) : 34 % ■ PC (Max Massimiliano) : 33 % ■ PLO (Rashid Mukhtar Choudhry) : 23 % ■ Vert (David Robinson) : 6 %

France Gélinas irait vers un 6e mandat pour Nickel Belt

France Gélinas, candidat pour le NPD. Montage ONFR

Dans cette circonscription très francophone, où près de 40 % de la population dit avoir le français comme langue maternelle, l’industrie minière joue un grand rôle dans l’économie locale. C’est un château fort des néo-démocrates depuis plus de 30 ans et la Franco-Ontarienne France Gélinas y a enchainé cinq mandats, depuis 2007.

Cette physiothérapeute de formation est devenue en 2022 critique en Santé pour le NPD à Queen’s Park. Elle plaide notamment pour le recrutement et la rétention des infirmières et dénonce la privatisation des soins de santé. Elle a présenté un projet de loi pour établir des ratios maximaux patients/infirmières.

Non loin derrière elle dans les projections de vote, le progressiste-conservateur Randy Hazlett, conseiller municipal dans la municipalité de Rivière des Français, connu pour son engagement communautaire et son soutien aux projets locaux. Il était déjà candidat pour Nickel Belt en 2022.

La candidate libérale Natalie Labbée est conseillère municipale du quartier 7 de Sudbury et la candidate verte Connie Hill est une éducatrice autochtone et dirigeante syndicale.

Projections de sondages : ■ NPD (France Gélinas) : 42 % ■ PC (Randy Hazlett) : 36 % ■ PLO (Natalie Labbée) : 13 % ■ Vert (Connie Hill) : 4 %

Quitte ou double pour Guy Bourgouin à Mushkegowuk-Baie James

Guy Bourgouin, candidat pour le NPD. Montage ONFR

Majoritairement francophone à 60 % – une des deux seules circonscriptions où les francophones sont majoritaires – Mushkegowuk-Baie James, très rurale depuis le dernier découpage de 2018, est aux mains des néo-démocrates depuis 1990.

C’est le Métis et Franco-Ontarien, Guy Bourgouin qui y siège depuis 2018. Syndicaliste et militant des droits des travailleurs, à Queen’s Park, il a été porte-parole de l’opposition pour les Affaires francophones, les Ressources naturelles, les Forêts et les Mines. Il a aussi siégé au Comité permanent des affaires intérieures et défend activement les droits des francophones, les travailleurs et les infrastructures dans le Nord de l’Ontario. Il se bat notamment contre la dangerosité des routes du Nord.

Tout comme à Sudbury, ce sera là aussi un combat au coude à coude entre le NPD et le PC. Le candidat progressiste-conservateur David Plourde est maire de Kapuskasing depuis 2018, avant quoi il était conseiller municipal. Il souhaite protéger les industries du bois et du papier, élargir les autoroutes dans le Nord de l’Ontario et étendre le Northlander jusqu’à Hearst.

Le candidat libéral, sur lequel on a peu d’informations, est Kyle Allen, alors que la candidate pour les verts est Catherine Jones, une infirmière praticienne et professeure universitaire, militant pour les droits des Autochtones, l’accès aux soins de santé et le développement durable des communautés.

Projections de sondages : ■ NPD (Guy Bourgouin) : 41 % ■ PC (David Plourde) : 40 % ■ PLO (Kyle Allen) : 16 % ■ Vert (Catherine Jones) : Non renseigné

Un 2e mandat pour George Pirie à Timmins

George Pirie, candidat pour le Parti progressiste-conservateur (PC). Montage ONFR

Château-fort néo-démocrate depuis 1990 avec Gilles Bisson, la circonscription passe aux mains des conservateurs en 2022 avec la victoire de George Pirie. Nouvelle circonscription depuis 2018, anciennement Timmins-Baie James, le redécoupage distingue Timmins, plus urbaine qui comprend la totalité de la ville de Timmins, de Mushkegowuk-Baie James, plus rurale, qui englobe la partie nord de l’ancienne circonscription.

Ancien cadre supérieur dans le secteur minier, George Pirie était maire de Timmins jusqu’à son élection en tant que député en 2022, année où il devient ministre des Mines. Dans ce rôle, il met en avant le développement du Cercle de feu, une région riche en minéraux critiques, pour soutenir l’économie verte. Il a également travaillé à attirer des investissements miniers internationaux et à renforcer l’industrie minière autochtone.

Une avance confortable lui assurerait le siège devant le jeune néo-démocrate Corey Lepage. Ce Franco-Ontario est conseiller financier à la Caisse Alliance, une caisse populaire francophone dédiée aux communautés du Nord de l’Ontario.

En troisième position dans les sondages, le libéral Dominic Casto, sur lequel on n’a que peu d’informations, puis la verte Marie-Josée Yelle, une défenseure de justice sociale et de durabilité environnementale.

Projections de sondages : ■ PC (George Pirie) : 63 % ■ NPD (Corey Lepage) : 18 % ■ PLO (Dominic Casto) : 15 % ■ Vert (Marie-Josée Yelle) : Non renseigné

Vers un 5e mandat pour Vic Fedeli à Nipissing

Vic Fedeli, candidat pour le PC. Montage ONFR

Avec 24,6 % de francophones, Nipissing comprend les villes de North Bay, Sturgeon Falls, Mattawa et la première nation Nipissing. Essentiellement progressiste-conservateur depuis 1987 avec Mike Harris, la libérale Monique Smith en devient la députée de 2003 à 2011. Après quoi le PC reprend le siège avec la victoire de Vic Fedeli lors de l’élection générale de 2011.

Cet ancien maire de North Bay de 2003 à 2010 se représente pour un cinquième mandat. Il est l’un des piliers du gouvernement Ford. Depuis 2019, il poursuit son rôle en tant que ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce de l’Ontario. Ancien homme d’affaires, il crée en 1978 la seule agence de publicité au nord de Barrie. 

Largement en tête des sondages, il est suivi par le candidat néo-démocrate Loren Mick, conseiller municipal à Mattawa depuis 2022, membre de divers comités, liés aux services de santé, aux services sociaux et familiaux, à l’autorité de conservation et à la banque alimentaire de la région de Mattawa. Le candidat libéral, Liam Mcgarry, prône l’accès à plus de médecins de famille, de logements et défend l’abordabilité. Le candidat vert Colton Chaput, étudiant en quatrième année de sciences infirmières, est aussi directeur d’un camp francophone pour les jeunes.

Projections de sondages : ■ PC (Vic Fedeli) : 57 % ■ NPD (Loren Mick) : 19 % ■ PLO (Liam Mcgarry) : 17 % ■ Vert (Colton Chaput) : 4 %

Michael Mantha largement distancé dans Algoma-Manitoulin

Michael Mantha, candidat indépendant. Montage ONFR

Cette grande circonscription de 26,3 % de francophones comprend les petites villes de Wawa, Dubreuilville, Chapleau, Manitouwadge, Hornepayne, Blind River, ainsi que Elliot Lake, Espanola et l’île Manitoulin. Les forêts et les mines en sont les principaux employeurs. Libéral depuis 1987, le siège passe aux mains du NPD avec l’élection de Michael Mantha pour trois mandats.

Le Franco-Ontarien, dans la course pour un quatrième mandat, est exclu du caucus néo-démocrate en 2023 à la suite d’actes d’inconduites et siégeait depuis comme indépendant.

Il est cette fois-ci distancé, relégué à la quatrième position des sondages. En tête de cette course très serrée entre le PC et le NPD, respectivement le progressiste-conservateur Bill Rosenberg, ancien maire de Thessalon et David Timeriski, pompier volontaire et ambulancier paramédical engagé.

Le candidat libéral, Reg Niganobe, est un ancien Grand Chef du Grand Conseil de la Nation Anishinabek et ex-chef de la Première Nation Mississauga. La candidate du Parti vert, Maria Legault, gestionnaire de projet, se consacre à la durabilité, au transport en commun et à la gouvernance responsable.

Projections de sondages : ■ PC (Bill Rosenberg) : 38 % ■ NPD (David Timeriski) : 37 % ■ PLO (Reg Niganobe) : 10 % ■ IND (Michael Mantha) : 9 % ■ Vert (Maria Legault) : 4 %

Des millions d’électeurs appelés aux urnes en Ontario

C’est le jour de vote en Ontario. Ce jeudi 27 février, les Ontariens vont élire les députés qui les représenteront au parlement provincial. À partir de 18h, la rédaction d’ONFR se mobilise pour vous informer en temps réel sur onfr.org, X et Bluesky, grâce à nos reporters répartis dans les quartiers généraux des chefs et des circonscriptions francophones clés.

Les bureaux de vote ouvrent dès 9 h ce jeudi matin. Pour exercer leur droit civique, les Ontariens ont jusqu’à 21 h, date de fermeture des urnes. Trois conditions à réunir : avoir au moins 18 ans, la citoyenneté canadienne et résider en Ontario.

Il suffit alors de se rendre avec une pièce d’identité (avec ou sans photographie) au bureau indiqué sur votre carte d’information d’électeur. Si vous ne l’avez pas reçue, il est toujours possible de voter en présentant une pièce d’identité comportant votre nom et votre adresse personnelle au bureau le plus proche en fonction de votre adresse de domicile.

Si votre pièce d’identité ne comporte pas votre adresse actuelle, déterminant votre circonscription de vote, vous devez alors aussi vous munir d’un document nominatif la mentionnant, de type relevé bancaire, relevé d’assurance, fracture d’hydro, etc.

Les pièces d’identité sur cellulaire sont admises, mais pas les pièces d’identité étrangères ni les cartes de résident permanent.

Ce vote déterminera la composition de la 44e législature. Pour gouverner avec une majorité, le parti arrivé en tête doit décrocher 63 sièges minimum, et tout parti atteignant ou dépassant 12 sièges obtiendra le statut de parti officiel.

Avant la dissolution, le Parti progressiste-conservateur (PPC) détenait 79 sièges et constituait un gouvernement majoritaire. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) en détenait 28 et formait l’opposition officielle. Le Parti libéral (9 sièges), le Parti vert (2) ainsi que 6 députés indépendants complétaient le tableau.

6,14 % des électeurs ont déjà voté par anticipation dans ces élections, contre 9,92 % lors du scrutin de 2022. Ce sont les résultats préliminaires d’Élections Ontario. La fenêtre de vote n’a duré que 3 jours, contre 10 en 2022.

Que surveiller?

Ce scrutin est intéressant à plus d’un titre. Le Nord ontarien compte de nombreux duels au coude à coude entre le NPD et le PPC qui pourraient redessiner la carte politique de ces régions à forte présence francophone.

Dans l’Est ontarien francophone, les élections pourraient faire osciller certains sièges et amener de nouveaux visages sur le devant de la scène, tout en ancrant certains députés bien établis.

L’autre inconnue réside dans la bataille que se livrent libéraux et néo-démocrates. Leurs deux cheffes, Bonnie Crombie et Marit Stiles, affrontent leurs premières élections à la tête de leurs formations respectives. La leader libérale est d’ailleurs la seule qui n’avait pas de siège à Queen’s Park et elle joue gros.

À la tête du parti depuis plus d’un an, Bonnie Crombie se présente dans Mississauga-East-Cooksville, une course serrée contre le PCC. Elle a axé sa campagne sur le redressement du système de santé et compte au moins regagner le statut de parti officiel perdu depuis 2018 lors de l’arrivée au pouvoir de Doug Ford.

Premier ministre ontarien sortant, Doug Ford a déclenché ce scrutin plus d’un an avant le terme du précédent mandat en raison des menaces de tarifs douaniers américains. C’est une opportunité pour lui de revenir pour la troisième fois au pouvoir avec « un mandat fort », a-t-il martelé à maintes reprises, et l’appui d’une majorité qu’il espère renforcer.

De son côté, Marit Stiles, dont la rééection dans Davenport ne laisse que peu de doute, doit naviguer entre la popularité du PPC et la montée des libéraux pour convaincre les électeurs. Ses thèmes de campagne ont largement tourné autour de la défense des services publics et de l’éducation. Son parti, le NPD, représentait l’opposition officielle depuis 2018.

Autres variables qu’il sera intéressant de suivre : le taux de participation (qui était de 43 % en 2022) et le vote populaire. Sans compter des courses singulières, francophones mais pas seulement…

Bobbi Ann Braddi, seule députée de l’histoire à avoir été élue indépendante, sera-t-elle réélue dans Haldimand-Norfolk? Sol Mamakwa, seul député autochtone avant la dissolution – sera-t-il reconduit dans Kiiwetinoong? Que deviendra le député franco-ontarien Michael Mantha dans Algoma-Manitoulin? Le Parti vert de Mike Schreiner sera-t-il en mesure de maintenir, voire faire mieux que deux députés à Queen’s Park?

Autant de questions qui trouveront leurs réponses ce jeudi soir.

Le Festival Franco-Ontarien mise sur Patrick Groulx pour sa 50e édition

OTTAWA – Le Festival franco-ontarien (FFO) a dévoilé mercredi les grandes lignes de sa programmation 2025. La 50e édition aura lieu du 12 au 14 juin au parc Major’s Hill d’Ottawa. Entre autres, un grand spectacle mettra en vedette une quinzaine d’artistes franco-ontariens de différentes générations. Une autre nouveauté est la création d’un rôle d’ambassadeur, confié à l’humoriste Patrick Groulx pour les trois prochaines années.

L’an dernier, Groupe Simoncic, l’organisateur du FFO, avait annoncé vouloir entre autres rajeunir son public. C’est dans ce même état d’esprit que la première soirée du 50e anniversaire accueillera des artistes rap, soit le Français Carbonne et l’étoile montante québécoise, Fredz.

Le vendredi se consacrera à un spectacle unique intitulé Fièrement franco, follement festif! En conférence de presse, la directrice de la programmation, Sophie Bernier, a promis la présence d’une quinzaine d’artistes franco-ontariens. Leurs noms seront dévoilés le 21 mars, lors du déjeuner du maire, à Ottawa.

DJ UNPIER a l’habitude d’inviter de nombreux collaborateurs sur scène. Il était l’une des têtes d’affiche du FFO en 2022 et assurera la codirection artistique et musicale du spectacle du 50e anniversaire. Photo : Stéphane Bédard / ONFR

On sait déjà que la direction artistique et musicale a été confiée à François Dubé et DJ UNPIER. En entrevue avec ONFR, le directeur général de Groupe Simoncic, José Bertrand, explique. « On parle de quelqu’un qui a écrit Notre place et de quelqu’un qui a fait un paquet de chansons électro/EDM, qui représente une nouvelle génération de sons, raconte-t-il. Ça donne le ton d’où on veut aller. On va marier ces années-là et voir ce que c’était hier, ce que c’est aujourd’hui et ce que ce sera demain. »

Samedi soir, la musique côtoiera l’humour grâce au trio franco-ontarien les Bilinguish Boys (Stef Paquette, Edouard Landry et Dayv Poulin) et les Trois Accords, passés maîtres dans la chanson humoristique québécoise.

Nouveautés et retours

Le 21 mars, le FFO dévoilera également les détails d’une tournée qui apportera des activités du festival un peu partout en province. « Ça s’appelle le Festival franco-ontarien. Ça n’appartient pas aux Ottaviens », affirme José Bertrand.

Le choix de Patrick Groulx comme tout premier ambassadeur est assez logique. Fier Franco-Ontarien, il a participé de nombreuses fois au FFO comme artiste, mais surtout comme spectateur.

« D’avoir accès à notre langue, c’est hyper important et c’est ce qui fait qu’on a envie de la développer, de la parler et de consommer (la culture) en français. »
— Patrick Groulx

L’humoriste s’est même déjà fait expulser du site du festival après avoir tenté de monter sur la scène pendant un spectacle de Jean Leloup. « J’ai jeté mon béret et enlevé ma veste et je suis revenu au FFO. Ils m’ont laissé rentrer, car ils ne m’ont pas reconnu », s’amuse-t-il à raconter.

La zone VIP sur le côté de la scène et le Café communal seront de retour après avoir connu du succès l’an passé. Un appel de candidatures sera prochainement lancé par l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) et la Coalition de l’industrie musicale d’Ottawa (CIMO) pour les artistes émergents qui souhaiteraient participer au Café communal.

Les médias présents à la conférence de presse ont pu avoir un avant-goût d’une exposition immersive qui relatera l’histoire de ce demi-siècle de festival. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Une autre nouveauté est la billetterie dynamique, avec des prix qui augmentent à l’approche de l’événement. Le prix le plus bas était affiché avant le lancement de la programmation, avec le concept de billetterie à l’aveugle. Plus de 200 personnes ont ainsi déjà acheté leur passeport, selon José Bertrand.

Une promesse de jeunesse et de diversité

Devant les têtes d’affiche annoncées mercredi et la volonté exprimée depuis l’an dernier de diversifier la programmation, José Bertrand va au-devant de notre prochaine question. « On pourrait dire que la programmation est très hommes blancs, mais elle ne l’est pas. On a beaucoup d’artistes franco-ontariens, beaucoup de femmes, beaucoup d’artistes qui font partie de communautés en quête d’équité. On a tout ça qui va sortir le 21 mars. »

Le directeur général se fait aussi un point d’honneur de s’adresser aux jeunes générations. « Des artistes comme Fredz, par exemple, parlent énormément aux jeunes dans les écoles. Les jeunes sont (le public pour) les prochains 50 ans. Ce sont eux qui vont emmener leurs enfants dans 20 ans. »

Patrick Groulx souligne justement combien le FFO a participé à sa propre construction identitaire, entre autres grâce à l’accessibilité géographique pour l’adolescent qu’il a été. « C’est un événement très important pour moi et pour la francophonie. C’est important pour les Franco-Ontariens d’avoir leur événement à eux. »

Patrick Groulx endosse le rôle d’ambassadeur du FFO avec émotion et enthousiasme. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Les jeunes familles pourront encore une fois profiter d’une matinée familiale gratuite le samedi matin, avec entre autres la présence du magicien Daniel Coutu. La veille, près de 3000 élèves participeront à la matinée scolaire.

Patrick Groulx, qui a lui-même fêté ses 50 ans l’an dernier, s’est dit ému que Groupe Simoncic ait pensé à lui. Même avec une carrière établie au Québec, il revendique « complètement » son identité franco-ontarienne. « On parle tout le temps de la langue, mais c’est tellement plus que ça. C’est une façon de vivre, de comprendre les choses. (…) C’est super important d’être fier de ce qu’on fait ici. »

Et malgré son rôle dans le spécial de fin d’année Improtéine expose, où il jouait le Franco-Ontarien jaloux qui veut empêcher les autres de percer dans la belle province, l’humoriste souhaite au contraire que ses pairs se permettent de rêver. « Plus on est, mieux c’est. Je suis un gars d’équipe. Amenez-en, des Franco-Ontariens de talents! »

« Quand on est noirs, on ne nous fait pas confiance » : le combat des entrepreneurs noirs

ONTARIO – Démarrer une nouvelle entreprise n’est jamais une mince affaire, mais pour les minorités visibles le défi peut s’avérer encore plus insurmontable. À quelques jours de la fin du mois de l’Histoire des noirs, ONFR a recueilli le témoignage de quelques-uns de ces jeunes entrepreneurs qui veulent briser les idées reçues et faire un impact.

Derrière les entreprises et les succès, il y a des humains avec des parcours inspirants et parfois difficiles. Rolande Nkwasseu gère depuis 2021, RolyCleaning ProMax, sa propre entreprise de nettoyage à plein temps dans le Grand Sudbury.

Avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, la jeune femme originaire du Cameroun travaillait dans la restauration rapide ou encore dans des foyers pour personnes âgées, mais les choses ne se sont pas passées comme elle aurait voulu.

« En tant que minorité visible, j’avais de la misère à m’affirmer au travail. Quand je trouvais du boulot, le traitement était complètement différent seulement de par le fait que je suis noire », explique celle qui détient un baccalauréat en psychologie, philosophie et travail social.

Rolande Nkwasseu, troisième personne à partir de la gauche, entourée de ses employés à Sudbury. Gracieuseté de Rolande Nkwasseu.

La Franco-Sudburoise dit avoir beaucoup souffert de mauvais rapports avec des collègues : « Les gens se permettaient de dire n’importe quoi, que je suis lente et quand j’allais me plaindre auprès du superviseur c’était toujours moi qui étais à la source du problème. J’étais comme une boniche. »

Depuis qu’elle est à son propre compte, la jeune femme se dit beaucoup plus sereine et le succès est tel qu’elle emploie aujourd’hui une dizaine de personnes.

Des barrières systémiques

Du côté de Toronto, Gernina Marilyne Mombili est en plein processus de création de son entreprise Sarayu Brand :  une marque de vêtements pour femmes noires rondes. Elle dit aussi avoir dû faire face à plusieurs barrières du fait de ses origines qui retardent le lancement du projet.

« Sous prétexte que je suis africaine, souvent, il y a toujours cette négociation pour avoir le tarif à la baisse sur les vêtements, sur les commandes, sur les prestations de service. Quand on est noirs, on ne nous fait pas confiance contrairement aux personnes blanches d’entrée de jeu », estime celle qui a aussi créé un service de développement personnel en ligne.

Gernina Marilyne Mombili souhaite lancer une marque de vêtements pour femmes noires rondes car elle estime qu’il y a peu d’options pour ces personnes en Ontario. Gracieuseté de Gernina Marilyne Mombili

Selon celle qui est aussi la directrice de la Coalition des Noir.e.s Francophones de l’Ontario (CNFO), accéder à des subventions est plus difficile quand on est une personne noire et francophone, tout comme le fait de générer des revenus au début du projet.

« Il y a très peu de projets qui sont mis en place pour que les entrepreneurs noirs francophones puissent avoir accès à des fonds. Souvent, à l’année, on peut avoir deux, trois, quatre subventions au maximum, mais cela reste très compliqué pour les membres de notre communauté. »

Et d’ajouter : « Il y a aussi le fait que, souvent, on fait partie de la même communauté que nos clients, donc la personne peut faire une commande, et te dire ‘’ je vais te payer deux semaines plus tard parce que je n’ai pas d’argent’’. C’est très difficile, mais on n’a pas le choix, car on veut publiciser notre marque. »

De nouveaux programmes dédiés

Malgré tout, la hausse récente du nombre d’immigrants au pays a permis la création de quelques programmes comme la Subvention pour le soutien aux entrepreneurs racisés et autochtones (SERA), lancé en 2022 par le gouvernement ontarien ou encore le Programme d’appui des entrepreneurs noirs du nord de l’Ontario (PAENNO) de propulser la même année, par le gouvernement fédéral.

Basé à Sudbury et opéré au sein de l’Afro-Heritage Association of Sudbury, ce dernier a déjà permis d’aider plus de 120 entreprises dirigées par des Noirs à atteindre leurs objectifs, selon l’organisme.

Le PAENNO a reçu 389 197 $ du gouvernement fédéral la semaine dernière pour la création de 20 entreprises et l’agrandissement et la modernisation de 15 autres . Source : PAENNO

« J’ai co-fondé PAENNO parce que je me suis rendu compte qu’il y avait un manque dans l’écosystème pour l’encadrement des entrepreneurs noirs. J’ai constaté que les gens arrivent au pays avec, sans soutien et qu’ils ne peuvent pas rester et faire grandir leur projet dans nos communautés », confie le directeur général, Chamirai Charles Nyabeze.

Pour les francophones, il y a aussi des programmes pour les entrepreneurs, mais celui-ci n’est pas dédié spécifiquement aux personnes noires. Gernina Marilyne Mombili a pu suivre celui de ImpactOntario, un programme en ligne et gratuit qui aide les nouveaux entrepreneurs de Toronto.

Différences culturelles, accès à du capital

M. Nyabeze tient à le rappeler : « Le défi, c’est que lorsque vous avez l’air différent, que vous sonnez différent, que vous avez une culture différente, cela fait vraiment une différence. »

L’une des plus grandes difficultés que celui qui est également entrepreneur rencontre à titre de gérant du PAENNO est que les entrepreneurs noirs ne sont pas tous à l’aise avec l’idée de créer un plan d’entreprise ou viennent d’autres pays et ne connaissent pas le marché canadien.

C’est le cas de Rolande Nkwasseu : « Dans mon pays d’origine, j’étais une très grande femme entrepreneure. Je vendais des chaussures, des vêtements, des bijoux. J’aimais beaucoup cette partie de moi et quand je suis arrivée au Canada et que je ne pouvais (pas) continuer dans ce rôle, ça a été un choc. »

Pour Chamirai Charles Nyabeze, il existe un ennemi numéro un pour la création d’entreprise des personnes noires : « Nos entrepreneurs se plaignent toujours qu’ils ont de la difficulté à accéder au capital. Mais le problème, c’est qu’ils n’ont pas nécessairement la cote de crédit nécessaire pour avoir accès à des capitaux ou un plan d’affaires prêt, ni le nombre d’années au Canada pour y être admissibles. »

Chamirai Charles Nyabeze estime que le fait qu’il y a de très hautes attentes au Canada pour ce qui est de la qualité de service des entreprises peut constituer un obstacle supplémentaires pour les nouveaux arrivants noirs qui se lancent en affaires. Gracieuseté de Chamirai Charles Nyabeze.

Être une personne noire dans une petite communauté rurale du Nord, ne pas avoir de réseau ou un nom connu dans le milieu des affaires canadien : autant d’autres défis auxquels ces entrepreneurs sont confrontés.

Tariffs américains et croissance des petites entreprises

Avec la menace tarifaire qui pend sur le commerce au Canada, on pourrait croire que se lancer en affaires sera encore plus complexe.

Ce n’est pas l’avis de M. Nyabeze qui y voit, bien au contraire, une opportunité pour les entrepreneurs qui commencent bien souvent avec des entreprises de petite taille.

« La situation géopolitique force la localisation de la chaîne logistique. Cela signifie que les petites entreprises sont, en fait l’endroit, où la croissance va se produire à cause de situations comme les tariffs. Nous voyons donc les droits de douane comme une occasion de faire croître notre base de petites entreprises. »

Si pour l’instant la plupart des petites entreprises lancées par des personnes noires du PAENNO sont considérées comme faisant partie de l’entrée de gamme comme le nettoyage, la restauration rapide, la vente au détail, l’organisme dit vouloir prouver qu’il est possible de faire élargir et faire grandir le potentiel commercial de la communauté.

De leur côté, Gernina Marilyne Mombili et Rolande Nkwasseu ont pour objectif, respectivement, d’ouvrir une boutique physique à Toronto pour la vente de vêtements pour femmes noires rondes, et un magasin de chaussures et autres bijoux à Sudbury.

Élections Ontario 2025 : Les jeunes sont-ils engagés?

L’élection provinciale en Ontario approche, mais les jeunes électeurs seront-ils au rendez-vous? Ont-ils confiance en Doug Ford, aux libéraux, au NPD et aux verts? Quels enjeux les préoccupent le plus? Entre engagement et désintérêt, notre journaliste Rachel Crustin interroge la nouvelle génération pour comprendre ce qui influence leur participation électorale demain le 27 février.

Élections 2025 : les circonscriptions francophones de l’Est ontarien

élection Ontario

OTTAWA – Qui sont les candidats qui briguent ces fiefs francophones de l’Est ontarien? Selon les projections de sondage de 338Canada, si cette élection amène de nouveaux candidats sur le devant de la scène, elle permettrait aussi d’ancrer certains députés bien établis. Guide de sept circonscriptions qui comptent entre 54 à 10% de francophones.

Stéphane Sarrazin vers un second mandat dans Glengarry-Prescott-Russell

Stéphane Sarrazin, candidat pour le Parti progressiste-conservateur. Montage ONFR

Majoritairement francophone à 54,2 %, cette circonscription rurale est aux mains du Parti progressiste-conservateur (PC) depuis l’élection de 2022 avec le député franco-ontarien Stéphane Sarrazin, prenant le siège libéral d’Amanda Simard. Avant quoi, c’était le Parti libéral (PLO) qui y avait son étendard de 1981 à 2018.

Ancien maire du canton d’Alfred et Plantagenet et président des Comtés unis de Prescott et Russell jusqu’en 2022, Stéphane Sarrazin a été adjoint parlementaire de la ministre associée des Petites Entreprises et de la ministre des Affaires francophones.

Seuls 10% le séparent du candidat libéral Trevor Stewart, conseiller municipal, qui a notamment travaillé pour le député fédéral Francis Drouin et qui s’est distingué comme défenseur des droits francophones lors de la crise linguistique de l’automne 2018. Sont également dans la course, la néo-démocrate Ryder Finlay, concentrée sur l’abordabilité, et le vert Thaila Riden, déjà candidat en 2022, connu pour son engagement dans l’agriculture biologique.

Projections : ■ PC (Stéphane Sarrazin) : 48 % ■ PLO (Trevor Stewart) : 38 % ■ NPD (Ryder Finlay) : 6 % ■ Vert (Thaila Riden) : 4 %

Lucille Collard brigue un troisième mandat à Ottawa-Vanier

Lucille Collard, candidate pour le Parti libéral. Montage ONFR

Ottawa-Vanier, qui comptabilise 30,8 % de francophones, est un bastion libéral depuis 1971 occupé par la Franco-Ontarienne Lucille Collard qui avait succédé à Nathalie Des Rosiers, du même caucus, lors d’une élection partielle en 2020 et conservé son siège en 2022. Elle a été critique du PLO en charge des dossiers liés à la justice et aux affaires francophones.

C’est avec une bonne avance que Mme Collard disputera son siège à la progressiste-conservatrice Marilissa Gosselin, ancienne candidate dans Glengarry-Prescott-Russell en 2011 et actuelle directrice de la communication au ministère des Affaires francophones, à la néo-démocrate Myriam Djilan, qui milite pour des politiques progressistes et la représentation des minorités, et au vert Christian Proulx, entrepreneur et bénévole d’initiatives locales.

Projections : ■ PLO (Lucille Collard) : 43 % ■ PC (Marilissa Gosselin) : 26 % ■ NPD (Myriam Djilane) : 19 % ■ Vert (Christian Proulx) : 9 %

Avance à Orléans pour les libéraux

Stephen Blais, candidat pour le Parti libéral. Montage ONFR

30,8 % de francophones y résident. Orléans est une circonscription libérale depuis 2003, dont Stephen Blais a remporté le siège en 2022 et avant ça les élections partielles de 2020, prenant la place de Marie-France Lalonde.

Une fois à l’Assemblée législative de l’Ontario, cet ancien conseiller municipal du quartier de Cumberland et président de la Commission des services de transports d’Ottawa, est devenu porte-parole des Affaires municipales et du logement, de l’Éducation, du Développement économique et du commerce.

Dans la course : le candidat progressiste-conservateur Stéphan Plourde, un professionnel de la santé, que Stephen Blais ne devance que de 10%. Également le candidat néo-démocrate Matthew Sévigny, porte-parole de communautés francophones, LGBTQ+ et de personnes ayant un handicap, et la candidate du Parti vert, Michelle Petersen. Déjà candidate en 2022, cette psychothérapeute fait la promotion des services en français, et travaille depuis 20 ans dans les services communautaires d’Ottawa.

Projections : ■ PLO (Stephen Blais) : 47 % ■ PC (Stéphan Plourde) : 37 % ■ NPD (Matthew Sévigny) : 10 % ■ Vert (Michelle Petersen) : 5 %

Nolan Quinn en tête à Stormont-Dundas-South Glengarry

Nolan Quinn, candidat pour le Parti progressiste-conservateur. Montage ONFR

Divisée en six municipalités, dont Cornwall, cette circonscription rassemble 18,6 % de francophones, dont une majorité à Cornwall et South Glengarry qui comptent à eux deux, pour plus de 25 % de Franco-Ontariens.

Cette circonscription très rurale est aux mains des conservateurs depuis 2011, après avoir été libérale pendant 27 ans. Nolan Quinn, qui a décroché son siège en 2022, est devenu successivement ministre associé des Forêts en juin 2024 puis ministre des Collèges et Universités en août 2024.

Il disputera son siège au libéral Devon Monkhouse, un agent immobilier anciennement le secrétaire-trésorier de la Commission libérale rurale et du Nord de l’Ontario, et au néo-démocrate Jeremy Rosen, employé de poste et militant syndical et au vert Nicholas Lapierre, entrepreneur, ayant travaillé dans les services et l’hôtellerie et en enseignement postsecondaire.

Projections : ■ PC (Nolan Quinn) : 63 % ■ PLO (Devon Monkhouse) : 20 % ■ NPD (Jeremy Rose) : 10 % ■ Vert (Nicholas Lapierre) : 5 %

Un nouveau visage pour le NPD à Ottawa-Centre

Catherine McKenney, candidate pour le NPD. Montage ONFR

Ottawa-Centre, qui compte 15 à 18 %, a été pendant longtemps néo-démocrate, avant de devenir un siège libéral dès 1995. Les néo-démocrates s’en emparent toutefois à nouveau en 2018 avec la victoire de Joël Harden.

Ce député sortant, qui occupait le siège depuis, tentera de faire le saut au fédéral dans cette même circonsciptions lors des prochaines élections prévues cette année. C’est la candidate Catherine McKenney qui essayera de reprendre le flambeau.

Cette ancienne conseillère municipale d’Ottawa du quartier Somerset, candidate à la mairie en 2022, est une militante pour le logement abordable, les infrastructures durables, et la lutte contre les changements climatiques.

Dans la course : le libéral Thomas Simpson, leader communautaire et défenseur des droits des personnes en situation de handicap, le progressiste-conservateur Scott Healey, déjà candidat en 2022, qui travaille au développement de nouvelles technologies de pointe pour l’armée, et le vert Simon Beckett, un entrepreneur qui exploite une société de gestion immobilière à Ottawa et qui défend le logement abordable et de meilleurs soins de santé.

Projections : ■ NPD (Catherine McKenney) : 47 % ■ PLO (Thomas Simpson) : 25 % ■ PC (Scott Healey) : 19 % ■ Vert (Simon Beckett) : 6 %

John Fraser donné gagnant à Ottawa-Sud

John Fraser, candidat pour le Parti libéral. Montage ONFR

Le PC y avait pignon sur rue jusqu’à 1987 avec la victoire de Dalton McGuinty. Depuis la partielle de 2013, c’est John Fraser qui occupe le siège d’Ottawa-Sud, qui rassemble 15,2 % de francophones.

Avant son entrée en politique, il a principalement travaillé dans le secteur privé et public notamment en tant qu’organisateur politique et conseiller stratégique auprès de Dalton McGuinty, ancien premier ministre de l’Ontario. À Queen’s Park, John Fraser a exercé brièvement les fonctions de chef intérimaire du Parti libéral de l’Ontario jusqu’à l’élection de Bonnie Crombie.

Cette large avance lui assurerait un 4e mandat, devant la progressiste-conservateur Jan Gao, consultante, ancienne directrice des services corporatifs au Centre de santé communautaire du Centre-ville et cheffe des finances et vice-présidente finances et RH, le néodémocrate Morgan Gay, notamment négociateur auprès de l’Alliance de la Fonction publique du Canada et la verte Nira Dookeran. Cette ancienne candidate en 2015 et 2021 est enseignante au Ottawa-Carleton District School Board.

Projections : ■ PLO (John Fraser) : 48 % ■ PC (Jan Gao) : 28 % ■ NPD (Morgan Gay) : 17 % ■ Vert (Nira Dookeran) : 6 %

Le NPD et le PC au coude à coude à Ottawa-Ouest-Nepean

Chandra Pasma, candidate pour le NPD. Montage ONFR

Ottawa-Ouest-Nepean est une circonscription qui ne compte que 9,2 % de francophones, la majorité d’entre eux étant beaucoup plus concentrés à l’Est.

Le NPD et sa candidate Chandra Pasma ont arraché ce siège aux progressistes-conservateurs défaits en 2022. Celle-ci est successivement porte-parole de l’opposition en Pauvreté et Réduction de l’itinérance et en Éducation. Elle est également vice-présidente du Comité permanent des organismes gouvernementaux.

Ce sera une lutte très serrée entre elle est le progressiste-conservateur Husien Abu-Rayash, qui la devance de 2% seulement. Cet entrepreneur est un ancien réserviste des Forces armées canadiennes. Le candidat libéral Brett Szmul Brett Szmul est un chercheur en politique et en législation et la candidate Sophia Andrew-Joiner, ancienne adjointe parlementaire, militante communautaire pour l’amélioration du transport en commun, le logement abordable et les soins de santé.

Projections : ■ PC (Husien Abu-Rayash) : 36 % ■ NPD (Chandra Pasma) : 34 % ■ PLO (Brett Szmul) : 25 % ■ Vert (Sophia Andrew-Joiner) : 5 %

Élections Ontario 2025 : Duels serrés dans les comtés francophones

élection Ontario

Dans ce quatrième épisode du balado ONvote 2025, cap sur les circonscriptions où vivent de nombreux francophones! De Mushkegowuk-Baie James à Glengarry-Prescott Russell, en passant par Sudbury et Ottawa, Stéphanie Chouinard et Rudy Chabannes sillonnent l’Ontario pour faire halte dans votre région, pour évaluer les chances des candidats qui deviendront peut-être vos députés.

La politologue et le journaliste nous dévoilent aussi ce qu’il faudra surveiller au cours de la soirée du 27 février : gouvernement minoritaire ou majoritaire, opposition officielle, ou encore taux de participation… Une dernière ligne droite à vivre sur le balado politique d’ONFR.

ONvote 2025 est disponible sur YouTube, mais aussi sur les plateformes Spotify, Amazon Music et Apple Podcasts. Retrouvez nos trois premiers épisodes ici.

Tarifs douaniers : Cornwall inquiète, mais mobilisée

À Cornwall, à seulement dix minutes de la frontière américaine, l’imposition imminente de tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens aux États-Unis, prévue dès le 4 mars, suscite de vives inquiétudes.

Justin Towndale, maire de cette ville de près de 48 000 habitants, dont environ un tiers sont francophones, relaie les préoccupations du milieu des affaires.

« Nous sommes très inquiets. Notre tissu économique repose sur plusieurs entreprises qui fabriquent des produits destinés à l’exportation vers les États-Unis. De plus, certaines entreprises américaines installées à Cornwall pourraient choisir de rapatrier leurs activités de fabrication vers leurs installations aux États-Unis », souligne le maire de cette ville du Sud-est ontarien.

Selon lui, des centaines d’emplois sont menacés dans plusieurs secteurs clés, notamment les textiles techniques pour l’industrie automobile, la biscuiterie, la transformation alimentaire et la métallurgie.

Cornwall abrite également de nombreuses grandes enseignes spécialisées dans l’entreposage, un secteur fortement dépendant du commerce transfrontalier et employant une main-d’œuvre conséquente, précise la sénatrice et ancienne mairesse de Cornwall, Bernadette Clément.

L’ancienne mairesse de Cornwall, Bernadette Clément. Gracieuseté

« Si les chaînes de distribution sont perturbées, cela entraînera d’importantes pertes d’emplois touchant l’ensemble de la population, qu’il s’agisse des francophones, des nouveaux arrivants ou des résidents de longue date », prévient l’ancienne mairesse, qui a également exercé trois mandats comme conseillère municipale.

Après l’incertitude, la riposte

Une enquête menée par la Chambre de commerce de Cornwall et sa région révèle que l’inquiétude est palpable au sein du milieu entrepreneurial : 41 % des entreprises expriment une préoccupation modérée et 22 % se disent extrêmement préoccupées. La majorité des répondants sont des petites et moyennes entreprises (PME), particulièrement vulnérables face aux incertitudes économiques.

Réalisée en janvier, alors que les détails des tarifs demeuraient flous et que les gouvernements élaboraient encore leurs réponses, cette enquête a également mis en lumière un manque de préparation : seulement 15 % des entreprises avaient entamé des démarches d’adaptation.

« Depuis, la communauté d’affaires est passée de l’incertitude et du scepticisme à une phase de préparation active et de vigilance accrue », explique Angela Bero, gestionnaire de la Chambre de commerce de Cornwall et de la région.

« Les entreprises élaborent désormais des stratégies pour atténuer l’impact des tarifs, preuve que la situation est prise très au sérieux », ajoute-t-elle.

Pour atténuer l’impact des tarifs, explique Angela Bero, les entreprises de Cornwall envisagent plusieurs stratégies.

Celles-ci incluent la recherche de fournisseurs alternatifs, la réduction des dépenses d’exploitation, la diminution des coûts non essentiels, la renégociation des conditions de paiement avec les fournisseurs et les clients, ainsi que le report des investissements en capital.

Certaines entreprises prévoient également d’augmenter les prix pour les clients ou d’explorer de nouvelles sources de revenus.

De plus, elles cherchent à améliorer leur efficacité en optimisant la gestion des stocks, en augmentant leurs réserves de trésorerie et en reportant certains investissements, souligne la Chambre de commerce de Cornwall.

Une mobilisation politique et économique

Face à ces menaces, la mairie de Cornwall a annoncé des mesures pour soutenir les entreprises locales et maintenir des relations transfrontalières solides.

Dans cette optique, le maire Justin Towndale a récemment rencontré Greg Paquin, maire du village de Massena (État de New York), ainsi que Susan Bellor, superviseure municipale de la Ville de Massena.

« Nous avons discuté d’approches collaboratives pour assurer la stabilité et la croissance économique, ainsi que des actions de lobbying à mener auprès des législateurs », indique Justin Towndale.

En tant que membre de l’Alliance des maires frontaliers, il affirme que Cornwall, aux côtés d’autres municipalités canadiennes frontalières, défend « des politiques favorisant un commerce équitable et stable ».

Sécurité aux frontières : un prétexte

L’argument sécuritaire figure également parmi les justifications avancées par l’administration américaine pour imposer ces tarifs.

Le maire de Cornwall reconnaît que la gestion des frontières est une tâche complexe, mais il assure que le Service de police de Cornwall et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) redoublent d’efforts pour lutter contre le trafic d’êtres humains et de drogues.

« La frontière est vaste et notre région est située au bord du fleuve Saint-Laurent. Cependant, chaque pays souverain est responsable de la gestion de ses propres frontières », explique-t-il, rejetant ainsi la volonté américaine de faire peser l’entière responsabilité sur le Canada.

« Les États-Unis disposent de leurs propres services et agences de sécurité pour surveiller leurs frontières. Faire porter le blâme au Canada n’est qu’un prétexte. En réalité, plus de produits illégaux circulent des États-Unis vers le Canada que l’inverse », s’indigne-t-il.

Une juridiction complexe au cœur des tensions

Pour la sénatrice Bernadette Clément, la situation de Cornwall est d’autant plus particulière en raison de sa position géographique unique.

« Cornwall est une ville frontalière, située à la croisée des frontières québécoise et américaine. Aussi, il suffit de traverser un pont pour se retrouver sur le territoire des Mohawks d’Akwesasne. »

Elle rappelle que les enjeux liés au trafic d’êtres humains ne sont pas nouveaux dans la région et souligne la forte présence des forces de l’ordre, qui collaborent étroitement.

« Les résidents de Cornwall ont d’ailleurs remarqué une intensification des patrouilles aériennes avec des hélicoptères survolant régulièrement la frontière », note-t-elle.

Cependant, un autre sujet l’inquiète davantage : « Nous avons entrepris un travail de réconciliation avec nos voisins autochtones, les Mohawks d’Akwesasne, en impliquant les communautés francophones et anglophones. J’ai peur que ce processus soit entravé par l’adversité croissante dans ce contexte de juridiction complexe. »

Coincés entre plusieurs législations, les Mohawks d’Akwesasne subissent directement les conséquences de cette crise.

« Leur territoire chevauche les frontières américaine, canadienne, québécoise et ontarienne. Il est essentiel que leur voix soit entendue dans ce tumulte provoqué par la question des tarifs », conclut-elle. 

Doug Ford dit que son français est « comme ci, comme ça »

élection Ontario

TORONTO – À deux jours du scrutin, le premier ministre ontarien sortant, Doug Ford, qui ne s’est pas exprimé une seule fois dans l’autre langue officielle, a répondu en conférence de presse sur l’état de son français. Une réponse en quatre mots : « Comme ci, comme ça », les premiers depuis le début de la campagne électorale.

« Est-ce que vous parlez un peu de français? » – questionne le journaliste anglophone Davis Legree de Ipolitics, ajoutant que « Marit Stiles et Bonnie Crombie s’expriment de temps en temps un peu de français ».

Celui-ci mentionne le fait que la plateforme électorale du PC, dévoilée la veille, ne fait référence ni à la langue française ni à la communauté francophone de l’Ontario.

« Comme ci, comme ça », répond M. Ford sur son niveau en français. Les seuls mots qu’il a exprimés dans la langue de Molière de toute la campagne.

Le journaliste l’interroge également sur ce qu’il ferait pour la communauté franco-ontarienne si son gouvernement était réélu.

« Nous avons des représentants passionnés et une ministre Caroline Mulroney qui est passionnée. Nous avons fait pour les 600 000 Franco-Ontariens – je pense que c’est le bon chiffre – plus que d’autres gouvernements et ces sept dernières années le prouvent », défend le chef du PC.

Avec la menace tarifaire américaine, et en tant que président du Conseil de la fédération, celui-ci s’est exprimé à maintes reprises au nom du Canada tout entier, ce matin même encore : « Le Canada ne deviendra jamais le 51e état des États-Unis ».

Apprentissage du français : une promesse de 2018 et 2022

Durant la campagne de 2018, celui-ci avait promis de prendre des cours de français, puis avait réitéré cette même promesse en 2022, affirmant avoir suivi des cours à « certains moments pendant la pandémie, lorsque c’était possible de se regrouper ».

L’année précédente, il avait toutefois émis des réserves en raisons de la distanciation sociale obligatoire : « Je ne pouvais pas faire venir mon professeur de français. »

Questionné par ONFR au sujet des cours de français de Doug Ford, le service média du parti ne nous a jamais répondu.