Mona Fortier nommée whip en chef du gouvernement

OTTAWA – La députée d’Ottawa-Vanier Mona Fortier est de retour au sein du cabinet de Justin Trudeau, elle qui a été nommée whip en chef du gouvernement, a annoncé le premier ministre samedi.

Dans un communiqué, Justin Trudeau a annoncé la nomination de la Franco-Ontarienne.

« Mona Fortier est une dirigeante expérimentée qui comprend parfaitement les questions qui comptent le plus pour les Canadiens et les valeurs qui définissent le travail que nous accomplissons pour eux. Je sais qu’elle continuera d’être un atout essentiel dans ses nouvelles fonctions, au moment où nous travaillons ensemble à bâtir un Canada plus prospère pour tous », a indiqué le premier ministre dans un communiqué.

Mona Fortier avait été nommée en 2019 comme ministre de la Prospérité de la classe moyenne avant d’obtenir la présidence du Conseil du Trésor de 2021 à 2023. Elle avait été retranchée du cabinet à la suite d’un remaniement ministériel à l’été 2023. 

À titre de whip, elle sera chargée de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti. Ce rôle ne lui est pas inconnu, elle qui était la whip adjointe auprès de Ruby Sahota, qui a obtenu de nouvelles responsabilités dans le cadre du remaniement ministériel qu’a effectué Justin Trudeau vendredi.

Élue en 2017 lors d’une élection partielle, Mona Fortier était auparavant directrice principale des communications et du développement des marchés au Collège La Cité et a dirigé son propre cabinet-conseil en communications stratégiques. Elle compte se représenter lors des prochaines élections.

Le cauchemar

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

À peine cinq mois après la (re)naissance, sous l’inlassable pression de ses grands-mères, la décision fut prise de rendre visite à ces dernières au Maroc afin qu’elles puissent enfin couvrir le bébé d’amour et de baisers et, à travers lui, retrouver les souvenirs de leur propre enfance. Seulement, rien ne se passa comme prévu, loin de là!

Chère(-e)s lecteurs et lectrices, je vous avais prévenue(-e)s, la plume de la présente chronique va être trempée dans l’encrier du mal. Cependant, avant de nous y confiner, un bref rappel en morse des faits s’impose :

Le 6 juin 2019, j’atterrissais à Toronto. Le 8 octobre 2019, mon unique enfant naissait. Le 15 février 2020, me voilà avec cette petite famille et mon aérophobie à bord d’un Boeing sur l’air du retour, planant sous la bannière rouge et vert du Royaume du soleil couchant. Direction : la contrée de ma vie d’avant.

Pareil au tapis rouge d’un titanesque billard français à trois boules (pardonnez le pléonasme), les souvenirs dans ma boîte crânienne, bons comme mauvais, n’avaient aucune échappatoire à bord. Je ne croyais pas si bien rêver.

L’accueil

Comme on pouvait s’y attendre, après avoir été scanné de la tête aux pieds par l’œil suspicieux de Big Brother et de ses gadgets, l’accueil fut, euh… comment dire… joyeusement bruyant. En première ligne, la tante fofolle youyoutait à qui mieux mieux, un pur régal pour l’œil et le cœur, moins pour les tympans.  

Plus sages grâce à l’âge, les deux mamies se tenaient derrière, guettant l’accalmie des émotions. Elles ne le savent que trop bien : la chaleur est calme et l’amour s’apprécie dans le silence. C’est ainsi qu’elles s’approprièrent tous les bons moments de ce séjour, du moins avant le cauchemar!   

Désolé, mais je suis à la bourre en matière de nombre de mots. Je suis donc dans l’obligation de mettre les youyous en berne pour froisser la carte du temps.  

Cela faisait un mois que le petit passait d’une poitrine chaude à une autre, d’une grand-maman à une autre, à défaut des grands-pères partis tous deux rejoindre les aïeuls quelques années plutôt.

Un mois pile que je surfais tous les jours sur les vagues de mon enfance et quelques-unes de l’océan Atlantique, sous un soleil jalousé, en cette mi-mars, par les deux tiers du globe.

Le piège

Ce même jour, soit la veille de notre retour prévu à Toronto, dans un vieux taxi rouge conduit par un homme plus vieux que la machine, les ondes de la radio grésillèrent : « Le Royaume ferme son espace aérien jusqu’à nouvel ordre. »

Et pour cause, les premiers touristes touchés par un virus couronné nommé COVID-19 commençaient à faire leur apparition au pays. D’ailleurs, les autres pays ne tardèrent guère à imiter l’exemple marocain dans une stratégie pour le moins étrange : lutter contre un problème mondial en se barricadant chacun dans son coin, comme si la Terre possédait des angles!

Le ciel lui-même s’était délavé de ses couleurs, prenant instantanément un coup de vieux pour se couvrir de gris, tels des cheveux. Grises étaient aussi mes idées à l’annonce de cette trappe qui s’apprêtait à me bouffer tout cru, au même titre que toute l’humanité. « Tu es bloqué ici, prisonnier avec ton passé », n’eut de cesse de résonner la petite voix dans ma boîte crânienne.  

Le grand-père s’en aperçut à travers un œil rompu au rétroviseur et me demanda : « Vous projetiez de partir ailleurs, mon fils? »

« Je projetais de repartir vers le nouveau chez moi, » répondis-je, le regard hagard.  

L’homme n’eut pas le temps d’enchaîner. Priorité au kaki, il se rangea sur le côté de la route pour laisser passer un imposant convoi militaire transportant des chars blindés, le premier que je vois de ma vie dans le centre-ville de Casablanca. Je ne savais pas qu’on pouvait éliminer un virus à coup d’obus calibre 120mm!

Barbe grise attendit le passage de la tapageuse colonne puis, avant de sombrer dans un silence inquiet et inquiétant, ajouta : « Qu’Allah te vienne en aide, mon fils. Qu’Allah nous vienne tous en aide. »

Trois vols pour 4000 piégés

Panique à bord, nos billets d’avion étaient désormais caducs. Toutefois, afin de rapatrier en urgence ses ressortissants et ses résidents permanents, le gouvernement canadien affréta trois vols payants (pas un de plus) d’une capacité totale de 1300 places. Or, on était plus de 4000 pris au piège… la pagaille.  

Alors, selon le principe du premier arrivé, premier servi, les billets relatifs au premier vol partirent comme des cornes de gazelle. En moins de 15 minutes, le site web d’Air Canada affichait complet pour ce vol. Il ne me restait donc que deux chances, moi l’esclave de ma passion en toute circonstance pour les grasses matinées dans les bras de Morphée.

Au diable Morphée, pas question de commettre la même erreur cette fois. Le lendemain, j’égrenais une nuit blanche à vigiler l’ouverture des ventes pour le second vol. Bingo, à 7h43 du matin, je décrochai le Graal égoïste à coup de clics et de 1400$ l’unité.

Le soulagement

Exténué par tant d’émotions et de fatigue, pour la première fois de ma carrière de passager, je n’eus aucun mal à m’endormir à bord du vol AC 2003, dont le numéro allait demeurer gravé à jamais dans ma mémoire. Je n’ouvris les paupières que quelques minutes avant l’atterrissage, réveillé par la voix sincèrement émue du commandant de bord : « Ce vol marque la fin de ma carrière après 40 ans de service. C’était un honneur de vous avoir ramené à la maison. »

Adieu, mon héros!

La suite allait se résumer en une fuite en avant faite de confinement et de privation des plaisirs et des droits les plus élémentaires, à l’instar de serrer une main ou une belle âme dans ses bras. Petite consolation néanmoins pour les cœurs chimériques, la COVID-19 allait réussir à faire ce qu’aucun politicien ou système n’a su faire : aligner toute l’humanité sur la corde à linge de l’égalité, telle une partition d’oiseaux fragiles sur un fil électrique. 

À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous). 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

La nouvelle ministre des Langues officielles se rétracte après avoir refusé de dire s’il y a un déclin du français au Québec

OTTAWA — La nouvelle ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan, nommée vendredi par Justin Trudeau, a refusé de dire si le français était en déclin au Québec… mais s’est retractée quelques heures plus tard.

Questionnée à trois reprises par les journalistes, quelques instants après sa nomination, la représentante du comté montréalais d’Outremont n’a pas répondu à la simple question : « Est-ce que le français est en déclin au Québec, oui ou non? »

« Le Québec a un rôle très important. C’est la province qui doit d’abord et avant tout être francophone pour assurer que la dualité linguistique que nous avons ici au Canada est protégée et est maintenue. Mon père est francophone, ma mère est anglophone, alors je vis cette dualité linguistique. Je sais à quel point c’est important », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse en direct de Rideau Hall, où avait lieu la cérémonie d’assermentation des ministres.

Relancée une seconde fois, Rachel Bendayan a à nouveau refusé de répondre à la question, affirmant que « mon rôle, c’est de s’assurer que nous maintenons le bilinguisme ».

« C’est de s’assurer que la minorité anglophone au Québec soit protégée et que la minorité francophone hors Québec soit protégée, et que le bilinguisme soit protégé partout à travers le pays et que nous maintenons la dualité linguistique que nous avons et sommes si fiers », a poursuivi la nouvelle recrue au Conseil des ministres vers 13h20.

Mais à 15 h, l’opinion de la nouvelle ministre des Langues officielles avait évolué.

« Je n’ai pas refusé de répondre, plaide-t-elle. C’est vrai que le français est en déclin au Québec. C’est aussi vrai que je suis là pour supporter les minorités linguistiques hors Québec et la minorité anglophone au Québec », a-t-elle dit avant une première réunion du nouveau cabinet au Parlement.

Ses propos en conférence de presse ont été dénoncés par le conservateur Joël Godin sur X, qui considère que reconnaitre le déclin du français dans la Belle province « est pourtant le minimum ».

« Cela démontre, encore une fois, que ce gouvernement libéral n’a aucun respect pour les langues officielles, encore moins pour le français, la langue officielle la plus vulnérable au Canada », soutient le critique des conservateurs en matière de Langues officielles.

À Québec, le ministre de la Langue française et de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge, a affirmé que de nier le déclin du français « relève de l’irresponsabilité », appelant Mme Bendayan à « absolument le reconnaître, car il est de sa responsabilité d’inverser ce déclin ».

Selon le commissaire à la langue française du Québec, la part de personnes utilisant principalement le français à la maison a diminué, passant de 81 % (2016) à 79 % (2021). Les chiffres sur le français comme langue de travail, ceux soutenant connaître suffisamment le français et l’utilisation du français dans l’espace public (les commerces) ont tous diminué, selon le commissaire Benoît Dubreuil, dans un rapport publié en mai 2024.

Lors du dernier recensement, les francophones au Canada sont passés de 22,2 % en 2016 à 21,4 % en 2021. Les francophones hors Québec représentent désormais 3,3 % du poids démographique alors qu’en 2016, c’était 3,6 %. En Ontario, les Franco-Ontariens sont descendus de 3,8 % à 3,4 % entre 2016 et 2021.

Dans un communiqué, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a réagi à la nomination en indiquant « avoir hâte de pouvoir faire connaissance avec Mme Bendayan ».

« L’idéal serait que nous puissions avoir une rencontre avec la nouvelle ministre dès le mois de janvier pour échanger sur les réalités et les enjeux de nos communautés, particulièrement en ce qui a trait au financement provenant du Plan d’action pour les langues officielles, et sur comment elle entrevoit ses responsabilités et ce que seront ses priorités », déclare sa présidente Liane Roy.

La FCFA s’est aussi réjouie de la nomination de Ginette Petitpas Taylor au Conseil du Trésor, elle qui est notamment chargée d’adopter les réglementations liées à la Loi sur les langues officielles, un projet de loi qu’elle a elle-même fait adopter en 2023.

« La nomination de Ginette Petitpas Taylor au Conseil du Trésor arrive vraiment à point nommé… Dans ses nouvelles fonctions, elle pourra mener à terme l’adoption des règlements », se réjouit la présidente de l’organisme porte-parole des minorités francophones.

Remaniement ministériel : Rachel Bendayan nommée ministre des Langues officielles

OTTAWA — Pour la troisième fois cette année, le portfolio des Langues officielles change de mains au fédéral, alors que la députée montréalaise Rachel Bendayan a été nommée ministre des Langues officielles vendredi, lors d’un remaniement ministériel.

La députée d’Outremont, qui était la secrétaire parlementaire de la ministre des Finances, entre pour la première fois au cabinet, elle qui a été élue en 2019 lors d’une élection partielle. Elle sera aussi ministre associée à la Sécurité publique auprès du député d’Ottawa, David McGuinty, qui rentre aussi au cabinet avec cette nomination. Avant sa carrière politique, Rachel Bendayan a occupé divers rôles politiques à Ottawa, notamment à titre de cheffe de cabinet, en plus d’avoir été avocate et professeure universitaire.

À peine annoncée, déjà la nomination de cette dernière s’est fait attaquer par l’opposition, le député voisin de Rachel Bendayan, Alexandre Boulerice du NPD, écrivant sur X, que cette nomination « est du n’importe quoi. »

« Quand t’es rendu à nommer Rachel Bendayan aux Langues Officielles, t’as atteint le fond du baril. Quand est-ce qu’elle a montré un quelconque intérêt au fait français ou aux francophones hors Québec? », a reproché l’unique représentant québécois au NPD

Justin Trudeau, qui fait face à plusieurs appels de démission depuis le départ de Chrystia Freeland, a procédé à un important remaniement ministériel impliquant près d’une dizaine de nouveaux ministres vendredi matin.

Ginette Petitpas Taylor, qui occupait par intérim les fonctions laissées par le départ de Randy Boissonnault, dont les Langues officielles, sera la présidente du Conseil du Trésor en remplacement de Anita Anand. Cette dernière délaisse ce rôle pour conserver celui des Transports et ajoute celui du Commerce intérieur. Plusieurs autres députés d’arrière-ban obtiennent des promotions.

Notamment, le député ontarien Nate Erskine-Smith, qui avait terminé second derrière Bonnie Crombie lors de la course à la chefferie libérale provinciale l’an dernier, remplace Sean Fraser comme ministre du Logement et de l’Infrastructure.

La liste des nouveaux membres du Conseil des ministres comprend notamment Darren Fisher, (Anciens Combattants et ministre associé de la Défense du Canada), Terry Duguid (Sports et ministre responsable de Développement économique pour les Prairies) et Élisabeth Brière (Revenu National).

La liste complète des changements au cabinet. Crédit image : capture d’écran

Ces nominations surviennent suite au départ ou au départ anticipé de plusieurs membres du cabinet dans la dernière année.

Pablo Rodriguez (Transports), Seamus O’Regan (Travail) et Randy Boissonnault (Emploi et Langues officielles) ont quitté le cabinet dans les derniers mois. Filomena Tassi, Marie-Claude Bibeau, Carla Qualtrough, Sean Fraser et Dan Vandal ont déjà annoncé qu’ils ne seraient pas candidats aux prochaines élections.

Parmi les ministres importants qui conservent leur poste : Marc Miller (Immigration), Dominic Leblanc (Finances), Arif Virani (Justice), Bill Blair (Défense nationale), François-Philippe Champagne (de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie) et Karina Gould (Leader à la Chambre des communes).

Le NPD fera tomber le gouvernement, dit Singh

Dans une lettre ouverte envoyée au premier ministre vendredi matin, le chef du NPD a indiqué qu’il « votera pour faire tomber ce gouvernement et donner à la population canadienne la possibilité de voter pour un gouvernement qui travaillera pour vous ». Il rejoint ainsi le Bloc Québécois et le Parti conservateur, qui réclament un scénario similaire.

« Les libéraux ne méritent pas une autre chance », écrit Jagmeet Singh.

Cela signifie que le pays pourrait être en élections dès qu’un vote de confiance aura lieu à la Chambre des communes, qui doit en principe reprendre ses travaux le 27 janvier.

Cela fait plusieurs jours que le premier ministre Justin Trudeau n’a pas parlé publiquement, suite au départ de Mme Freeland et à la grogne grandissante dans son caucus. Près d’une vingtaine de députés demandent le départ de M. Trudeau, le député torontois Robert Oliphant étant le plus récent à faire cet appel via les réseaux sociaux.

Il rejoint notamment le député franco-ontarien Francis Drouin et l’ensemble des députés néo-brunswickois qui ne sont pas ministres. Le premier ministre est resté silencieux publiquement jusqu’à présent, annulant même l’ensemble de ses entrevues de fin d’année avec les médias, une tradition de fin d’année depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Il ne devrait pas prendre la parole en public vendredi, selon l’horaire dévoilé par son bureau.

Que deviennent les déchets nucléaires canadiens?

Les déchets nucléaires canadiens auront bientôt un hôte permanent : la municipalité d’Ignace, en Ontario. Inès Rebei vous explique tout sur ce projet colossal de dépôt géologique profond, prévu pour 2040 et surveillé pendant 175 ans après son ouverture. Découvrez son impact sur l’avenir et pourquoi ce lieu a été choisi.

Les balados franco-canadiens : un domaine où tout reste à faire

Si l’industrie de la baladodiffusion est florissante au Québec, celle du Canada francophone en milieu minoritaire en est à ses premiers balbutiements. Quelques initiatives ont vu le jour, mais l’offre grand public n’est pas très élaborée. ONFR vous propose d’assister à la naissance de cet écosystème en explorant des balados franco-canadiens lors de vos (parfois longs) déplacements du temps des fêtes.

Pour cet article, ONFR a considéré les balados franco-ontariens et franco-canadiens déployés en 2023 et 2024.

La majorité de ce qui est produit en milieu minoritaire est associée à des événements ou des organismes précis. Certaines séries s’avèrent intéressantes, mais ne résistent pas à l’épreuve du temps.

D’autres abordent des sujets particulièrement nichés. La baladodiffusion est le véhicule tout indiqué pour plonger dans des conversations qui ne trouveraient pas leur place sur les ondes des médias traditionnels.

Le balado franco-canadien n’est pas une industrie en soi, mais le médium particulièrement accessible pourrait attirer plus d’adeptes dans les prochaines années.

Gilles Poulin-Denis (à gauche) et Louis-Philippe Roy (à droite) ont écrit avec Thérèse Champagne le balado Flashback. Ils en ont parlé à ONFR en novembre. Photo : Rachel Crustin / ONFR

2024 nous a d’ailleurs donné la première série de fiction pancanadienne diffusée sur la plateforme Ohdio. Dans Flashback, deux amies partent sur les traces d’un grand-père disparu. Elles découvriront l’histoire de l’utilisation des psychotiques dans les traitements en santé mentale au Canada. La trame narrative est fictive, mais la recherche est réelle.

Flashback met quelques épisodes à trouver son ton, mais finit par entraîner l’auditeur dans un périple à travers le pays. Les actrices principales sont Gabrielle Morin (Vancouver) et Danielle Le Saux-Farmer (Ottawa).

L’identité

Comme on a pu le voir dans d’autres domaines, au théâtre par exemple, les premiers essais traitent souvent d’identité, directement ou indirectement.

Dans le balado fransaskois DéCLIC, la musicienne et enseignante Sylvie Walker, accompagnée d’Anique Granger, décortique le concept de construction langagière, identitaire et culturelle (CLIC).

Sylvie Walker (deuxième à partir de la gauche) est une autrice-compositrice-interprète et enseignante fransaskoise. Son balado DéCLIC visite entre autres le Festival fransaskois. Aussi sur la photo : Elizabeth Tkachuk, Shawn Jobin et Gabrielle Dufresne. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Cette commande du Conseil culturel fransaskois est une bonne façon de connaître la réalité des francophones de la Saskatchewan, mais peut résonner avec tous les Franco-Canadiens.

Les entrevues culturelles

Dans les deux dernières années, le musicien Marc-Antoine Joly et l’animateur Nicholas Monette ont mené plus de 200 entrevues sur un ton particulièrement décomplexé pour leur projet De quoi tu parles de? Leurs forces étaient l’humour, leur complicité et leur culture générale franco-ontarienne. Les animateurs multipliaient les références et semblaient connaître personnellement tous les artistes et travailleurs culturels du pays.

Le projet chronophage a pris fin en novembre, faute de financement. Certains épisodes sont plus intemporels, mais plusieurs vieillissent moins bien, l’actualité de l’invité ayant évolué depuis.

Nicholas Monette (à gauche) et Marc-Antoine Joly (à droite) étaient diffusés dans plusieurs stations de radio communautaires francophones, en plus d’offrir la version balado de l’émission De quoi tu parles de? Photo : Jeff Malo / ACELF

On peut dire la même chose de séries accompagnant des événements précis. Écoutez, même de loin! (Mathieu Fortin) faisait découvrir les artistes en vitrine à Contact ontarois, mais ne sera pas de retour en 2025. Le balado franco des RVF (Vanessa Lisabelle) s’est déployé dans le cadre des Rendez-vous de la francophonie. La série Nos festivals (Mario Boulianne) des balados du Droit a visité quelques événements, dont le Festival franco-ontarien. Pour les amateurs de théâtre, les séries Mani reçoit (Mani Soleymanlou) et Plus que du théâtre (Julien Morissette) proposent des entrevues en lien avec la programmation du Théâtre français du Centre national des arts.

En 2023, les Montréalais Louis-Philippe Labrèche (Le canal auditif) et Marc-André Mongrain (Sors-tu.ca) ont visité différents coins du Canada pour D’une francophonie à l’autre. Ils y rencontraient des musiciens francophones, une initiative ajoutant un trop rare pont entre le Québec et le Canada francophone minoritaire.

Les enjeux de société

Dans la série originale de TFO, Une école pour tous, s.v.p, l’ex-journaliste Sophie Désautels se promène entre le Nouveau-Brunswick et le Québec pour comprendre comment le système scolaire s’occupe des enfants vivant avec un handicap, un trouble du spectre de l’autisme ou d’autres besoins particuliers. Sophie Désautels étant elle-même mère de Mathilde, une jeune adulte vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, la quête est personnelle, mais rejoint facilement le grand public.

Il existe également une version télédiffusée à TFO et AMI-télé. La version audio est disponible sur la plateforme Ohdio.

Sophie Désautels et sa fille Mathilde dans Imaginons une école pour tous, la version télévisuelle accompagnant le balado Une école pour tous, s.v.p. Capture d’écran TFO

Dans un autre ordre d’idées, le Centre Colibri a lancé il y a un an le balado Des mots sur des maux pour aborder les différentes formes de violence faite aux femmes, qu’elle soit conjugale, familiale ou systémique. En alternance, Nathalie Nadon, Mathilde Houtchégnon et Fayza Abdallaoui s’entretiennent avec des femmes qui ont utilisé les arts dans leurs démarches de guérison.

Le regroupement Action ontarienne contre la violence faite aux femmes a aussi sa série, Elles parlent. Karen Uwasen y reçoit différents experts dans une variété de sujets, dont la religion, les troubles alimentaires ou les tensions entre bureaucratie et féminisme, pour citer des épisodes récents.

Avec un angle plus niché, la deuxième saison du balado Franc Ouest de l’Association des Francophones des Kootenays Ouest, en Colombie-Britannique, met à l’honneur des femmes francophones adeptes de plein air. La proposition semble pointue, mais est assez bien faite pour intéresser tout un chacun. L’épisode le plus intéressant de cette saison intitulée Nature + Elles est le dernier, dans lequel 25 femmes se livrent dans une grande discussion où francophonie, parentalité, prise de risques, égalité des genres et même gestion des menstruations sont abordées intimement et sans tabous.

Les sports

Les partisans francophones des Sénateurs d’Ottawa peuvent profiter des analyses de La Brigade. Jean-Philippe Forgues, Jean-Philippe Fortin, Pascal Villeneuve et Stewart Sabourin y reçoivent des amateurs et des professionnels évoluant dans le domaine du hockey de la capitale.

Le sujet de discussion principal est bien sûr l’équipe des Sénateurs, mais une nouvelle série a été lancée dernièrement, sous le giron de La Brigade. Dans Chargée à bloc, Jean-Philippe Forgues et Beata Elliot se concentrent sur l’équipe de la Ligue professionnelle de hockey féminin, la Charge d’Ottawa.

À Toronto, les amateurs de basketball peuvent suivre l’évolution des Raptors grâce au journaliste sportif d’ONFR, Mickael Laviolle (qui tenait auparavant le balado Dinos Talk), et à son complice Patrick Bizidavyi. L’émission Franco Raptors est d’abord diffusée sur les ondes de CHOQ-FM pour ensuite être déposée sur les plateformes de baladodiffusion. Le segment Impact basket deviendra d’ailleurs une émission à part entière, mettant en lumière des francophones qui utilisent ce sport pour avoir un impact sur leur communauté.

D’autres clins d’œil

La Commission de la capitale nationale (CCN) a lancé Histoires de la capitale pour son 125e anniversaire. Le premier dirigeant de la CCN, Tobi Nussbaum, reçoit des experts en lien avec la CCN et son territoire. Par exemple, dans le premier épisode, on peut entendre Michel Prévost, président de la Société d’histoire de l’Outaouais et Heather Thompson, gestionnaire du programme du patrimoine de la CCN. Ils discutent des liens entre les deux rives et ne cachent pas les erreurs du passé, comme les expropriations dans le Vieux-Hull (Gatineau) ou sur les Plaines LeBreton (Ottawa). Certains épisodes sont en anglais et d’autres, en français.

Disponible en audio ou vidéo, le projet Helpez-moi ravit les fans de Sami Landry et Xénia Gould. Photo : Thomas Vaillancourt

Pour ceux qui souhaitent un pur divertissement, Sami Landry et Xénia Gould offrent un balado complètement décalé intitulé Helpez-moi. Même si elles sont établies à Montréal, les deux complices y vont à fond dans leur parler acadien pour prodiguer leurs meilleurs (et pires) conseils. Il faut accepter de plonger dans leur univers pour savourer cette proposition absurde.

Les listes de lecture

Pour ceux qui préféreraient les listes musicales, il est tout à fait possible de passer son temps des fêtes en découvrant des artistes de la francophonie canadienne. L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) entretient son compte Spotify avec des listes comme Chansons festives, Nouveautés musicales APCM ou encore Rond Point – les 10 ans, pour découvrir les artistes qui sont passés par son programme de résidence.

De son côté, Réseau Ontario élabore une liste de lecture chaque année, pour mettre en lumière les artistes en vitrines à Contact ontarois.

Avec Les balados du Droit, qui proposent différentes séries et conversations sporadiques, le chroniqueur culturel Mario Boulianne partage aussi ses découvertes musicales avec Les Vendredis musique.

En résumé : un point de départ par champ d’intérêt

  • Divertissement : Helpez-moi
  • Éducation : Une école pour tous, s.v.p
  • Identité : DéCLIC
  • Culture : Les balados du Droit
  • Sports : La Brigade
  • Fiction : Flashback

Le temps des fêtes, une période éprouvante pour des étudiants internationaux de l’Ontario

Moments de retrouvailles en famille, célébrations au coin du feu ou du sapin, tables ornées de repas réconfortants de la saison… Le temps des fêtes peut avoir l’air un peu différent pour les étudiants internationaux. D’un coin à l’autre de l’Ontario, ils nous racontent à quoi ressemble cette période souvent teintée de solitude et de mal du pays.

Travailler le jour de Noël dans une petite commune de l’Ontario, c’est une réalité pour beaucoup de jeunes étudiants internationaux comme Serigne Mbacke Ngom.

Le jeune homme originaire du Sénégal en a l’habitude puisqu’il s’agit déjà de son quatrième temps des fêtes au Canada. Cette année, il y voit une opportunité de récolter plus de fonds pour l’année à venir.

« Le gouvernement a diminué le nombre d’heures de travail pour les étudiants internationaux (durant les périodes de cours), donc on profite du temps des fêtes pour travailler plus et économiser plus d’argent », explique-t-il en référence au retour d’un plafond du nombre d’heures de travail permises pour les étudiants hors du campus depuis l’automne.

L’année dernière, l’étudiant en Baccalauréat en administration des affaires avait tout de même voulu marquer le coup : « L’année passée, je suis resté à Hearst, on avait juste fait un petit dîner avec mes deux amis internationaux vu qu’ici il n’y a pas grand-chose à faire ici. »

Serigne Mbacke Ngom étudie à l’Université de Hearst. Gracieuseté de Serigne Mbacke Ngom

Même constat à Toronto pour Nathalie Kuesso Keho Nimpa qui se prépare aussi à passer son quatrième Noël en terre canadienne. Pour la jeune femme originaire du Cameroun, il n’est pas non plus possible de rentrer au pays cette année.

Une décision motivée par le fait que la période est trop petite et le retour au Canada en serait rendu plus difficile émotionnellement.

« La première année où je suis arrivée, j’avais travaillé, je ne savais même pas que c’était possible de travailler à Noël donc c’était encore plus difficile de le vivre en voyant les autres en famille », confie-t-elle avant de préciser que beaucoup d’étudiants choisissent de travailler les jours fériés car le salaire y est majoré.

Nathalie Kuesso Keho Nimpa aimerait aller dans un marché de Noël canadien pour la première fois. Gracieuseté de Nathalie Kuesso Keho Nimpa

Une intégration difficile

Celle qui étudie en quatrième année en cultures numériques à l’Université de l’Ontario français se sent pourtant très nostalgique de cette période célébrée de manière très différente en Afrique.

« Au Cameroun, c’est une fête strictement religieuse autour de concerts et d’activités de commémorations de la nativité du Christ alors qu’ici c’est plus une célébration avec un dîner de Noël en famille  », raconte-t-elle.

Ariane Goun, d’Ottawa, partage le même avis : « Quand on parle de Noël, on parle de la charité, mais ici les personnes sont beaucoup plus solitaires et repliées sur elles-mêmes alors que dans moi mon pays, en Côte d’Ivoire, ce n’est pas forcément le cas. »

Après trois temps des fêtes au Canada, l’étudiante de 27 ans juge que l’intégration y est plus difficile qu’en Afrique.

« J’ai remarqué que si tu veux vraiment discuter avec des personnes d’ici, il faut appartenir à une communauté comme faire du bénévolat ou d’autres activités de groupe. Le premier contact n’est pas facile. »

Ariane Goun est au Canada depuis 2012. Gracieuseté d’Ariane Goun

L’étudiante en deuxième année au baccalauréat en éducation a constaté la même chose à l’Université d’Ottawa : « Dans le programme d’éducation, beaucoup plus de personnes noires, donc les quelques Canadiens qu’on rencontre restent plus entre eux. L’inclusion est moins palpable. »

Comme l’année précédente, la jeune femme n’a pas de programme prévu pour le réveillon du Nouvel An, mais elle compte le passer avec sa sœur, qui habite également la capitale nationale.

« Bien que j’aie un parent ici, je sens quand même le manque de mes parents surtout avec le climat très froid qui accentue la solitude. »

Choc de cultures

L’intégration à des événements du temps des fêtes peut aussi s’avérer un peu complexe lorsqu’on ne partage pas les mêmes coutumes.

« Parfois la religion peut être un obstacle, parce que comme des fois tu peux avoir des amis de la région pour t’inviter à voir à boire, mais moi, comme je suis musulman, je préfère m’abstenir », reconnaît Serigne Mbacke Ngom.

Chafik El Aji, habitant à Sudbury, aimerait toutefois vivre ce temps des fêtes comme les locaux, « découvrir le vrai Noël, avec l’imagerie autour du Christ, les décors et tout ça, mais c’est malheureusement difficile à réaliser », se désole l’étudiant au Collège Boréal qui dit être gêné par l’aspect plutôt commercial que revêt le temps des fêtes ici.

« Chez nous, au Maroc, dès qu’on a une fête et qu’on sait qu’une personne est seule, on va l’inviter et lui faire vivre ces célébrations, mais ici, les personnes préfèrent le passer avec leur famille ou entre membres de la même communauté. »

Chafik El Aji organisait des événements avant de venir au Canada. Gracieuseté de Chafik El Aji

Le jeune homme compte y remédier lui-même en préparant une soirée très spéciale pour des amis, eux aussi loin des leurs.

Pour l’occasion, sa maman compte lui envoyer des repas depuis le Maroc et lui-même se rendra à Montréal afin de faire le plein de produits orientaux qui sont introuvables dans le Nord ontarien.

« Le but c’est de sentir l’ambiance du pays et du partage, car mes amis aussi vont ramener des plats de chez eux, et puis comme j’ai aussi dix années de disc-jockey derrière moi, je vais mixer avec de la bonne musique », anticipe l’étudiant en génie civil et minier dont ce sera le premier temps des fêtes.

Julie Roy, une vie au service de sa passion pour le cinéma canadien

Après une trentaine d’années à produire des films d’animation et des documentaires marquants à l’Office national du film du Canada (ONF), Julie Roy est aujourd’hui à la tête de Téléfilm Canada, l’organisme fédéral chargé de financer et de promouvoir le cinéma. Visionnaire et engagée, elle dédie sa carrière à faire briller le cinéma canadien, tant sur la scène nationale qu’internationale.

Nicolas St-Pierre :  « Je souhaite une suite à l’émission Dans le vestiaire »

[ENTREVUE EXPRESS]

Nicolas St-Pierre est descripteur des matchs des Sénateurs d’Ottawa au hockey et de l’Atlético Ottawa au soccer, et président d’Intersport Productions, qui gère entre autres les négociations des droits de diffusion des rencontres sportives en français. Homme aux multiples talents, il était également, jusqu’au 12 décembre dernier, et ce depuis 16 ans, l’animateur de l’émission Dans le vestiaire sur Unique FM, le seul programme traitant de l’actualité sportive en français dans la capitale nationale.

LE CONTEXTE :

Pour des raisons budgétaires, la radio ottavienne a subitement décidé de supprimer l’émission historique de sa grille de programmation, malgré son unicité et sa popularité.

L’ENJEU :

Nicolas St-Pierre livre sa réaction sur cette nouvelle inattendue, revient sur ses seize années à la tête du programme et partage son point de vue sur la situation de la couverture des sports en français en Ontario.

« Quel a été votre réaction à l’annonce soudaine de l’arrêt de votre émission sportive sur Unique FM?

Ça faisait seize ans que j’animais l’émission. Seize ans! Ça a été un choc, bien qu’on s’attende toujours à ce que ça puisse arriver. On vivait avec une épée de Damoclès en sachant qu’il y avait des réalités économiques qui étaient devenues plus compliquées. Je ne m’attendais pas à ce que ça arrive là, peut-être qu’il y ait une reconfiguration à la fin de la saison, mais à ce moment-ci… J’ai été tout simplement pris de court. Je me suis retrouvé un peu surpris et abasourdi par la décision.

Aviez-vous eu des discussions avec la direction, comme quoi l’émission pouvait ne pas être reconduite?

Le discours que j’avais, l’été passé, c’était qu’on gardait le statu quo. Puis, on nous a dit qu’on allait de l’avant, que c’était le show sur lequel on voulait capitaliser. Pour moi, c’était du tout cuit, il n’y avait pas nécessairement matière à s’inquiéter pour la suite des choses dans les mois de diffusion.
Avec l’expérience, je m’attendais à une remise en question au terme de chaque saison, chose qu’on a faite de façon récurrente, mais il n’y avait aucun signe qui me disait que le couperet allait tomber à ce moment-ci.

Vous avez été seize ans à l’antenne, ce n’est pas commun…

C’est une chose dont je peux être fier. Seize ans dans le paysage médiatique, surtout radiodiffusé, il n’y en a pas beaucoup. Juste là, d’être encore en ondes après tout ce temps, c’était plaisant de pouvoir avancer et de prolonger parce que, sans parler de record, c’est quand même un gros fait d’arme qui ramenait beaucoup de crédibilité aussi à l’émission.

Est-ce que vous avez des souvenirs qui reviennent, des moments incroyables?

Un des moments les plus incroyables, c’est quand la COVID est arrivée. On s’est retrouvé du jour au lendemain avec rien. La décision a été prise assez rapidement d’arrêter et d’attendre. Deux jours après, j’ai dit qu’on ne ferait pas ça. Je suis retourné voir le directeur général. J’ai dit qu’on allait faire un show sport pareil. Il y a beaucoup de monde qui m’a aidé là-dessus, dont Alex Saint-Jean, qui est devenu recherchiste pour nous. On a été capable, pendant tout ce temps-là, d’offrir une émission de radio sportive sans sport.

Dans cette période-là aussi, une des belles entrevues que j’ai eues, c’était avec Georges Saint-Pierre, qui avait été généreux. Ça a été une belle expérience, sérieusement, cette conversation-là. Il y en a d’autres aussi, comme M. Gary Bettman, le commissaire de la Ligue nationale de hockey, qui était venu faire un tour. Il y a tellement d’invités de qualité qu’on a eus et de grandes personnalités.

Nicolas St-Pierre continue son travail de commentateur dans la LNH et la PLC. Photo : Gracieuseté de Nicolas St-Pierre

De manière plus générale, la couverture des sports en français diminue en Ontario. On l’a vu notamment au Droit avec une réduction d’effectif et à Radio Canada à Toronto, qui n’a pas remplacé le départ de son journaliste sportif. Est-ce que cela vous inquiète?

Petite précision, Le Droit a changé son équipe, mais il y a quand même deux journalistes sportifs qui sont maintenant là, dont Zachary Mercier, qui était un de nos collaborateurs. Mais avec le départ de Marc Brassard et Sylvain Saint-Laurent, entre autres, ça a fait en sorte qu’il y a eu une reconfiguration de la façon dont ils couvrent le sport.

Pour revenir à la question initiale, c’est sûr qu’il n’y a rien de réjouissant en général dans le monde des médias en ce moment, parce qu’on est en train de vivre un grand chambardement. Malheureusement, en étant minoritaire en Ontario, on sent que la priorité n’est pas nécessairement sur la couverture francophone.

Alors oui, ça m’inquiète à un certain niveau, mais ce qui me réjouit un peu ou ce qui apaise mon niveau d’inquiétude, c’est que même en faisant face à ça, ce discours-là était quand même semblable seize ans en arrière, quand je suis arrivé.

Quels sont les motifs d’espoir de voir la situation s’améliorer?

La flamme est toujours là. Il y a toujours cette étincelle qui permet de croire que la lumière va arriver au bout du tunnel. Ça prend des purs et durs, ça prend des grands artisans, des gens qui y croient, vous et plusieurs autres d’ailleurs. Il ne faut pas baisser les bras. J’ai l’impression qu’il n’y en aura pas des centaines à vouloir reprendre derrière nous. À nous de montrer l’exemple, d’être là sur la première ligne, c’est important.

On peut s’inquiéter, mais je vois aussi beaucoup de positif. En espérant que les gens qui sont là n’abandonnent pas le bateau, parce que c’est important d’avoir de la relève, de cultiver justement cette flamme-là.

C’est à nous, les grands responsables, pour reprendre une expression bien populaire, « nos bras meurtris qui tiennent le flambeau ». On vous le tient bien haut puis on va le passer à l’autre génération.

Quelles sont les solutions face à des médias traditionnels qui délaissent le sport pour des raisons budgétaires?

L’union fait la force. Tu vas avoir plusieurs plateformes qui vont être détenues ou traitées par une entité. Tu vas avoir une concentration des postes. Ça va prendre des gens qui vont être beaucoup plus multidisciplinaires. Et même, si je reviens encore à 25, 30 ans passés, on disait la même chose.
L’important maintenant pour les nouveaux artisans, c’est d’avoir plusieurs cordes à leur arc. Ça ne sera pas l’affaire d’un journaliste écrit ou d’un journaliste à l’électronique. Les personnes qui vont s’amener devront faire tout et tout d’elles-mêmes. Malheureusement, il y aura peut-être plusieurs appelés, mais pas beaucoup d’élus pour remplir ces postes-là, mais je pense que les meilleurs vont toujours remonter à la surface.

Pour finir, quelle est la suite pour vous?

Je suis encore descripteur des Sénateurs d’Ottawa et de l’Atlético d’Ottawa. On va voir s’il y a une autre antenne qui devra accueillir l’Atlético. Je n’ai pas encore eu de discussion avec Unique FM. Mais pour l’instant, je demeure à la description des Sénateurs.

La suite pour l’émission, je ne la connais pas, mais je souhaite qu’il y en ait une, parce que c’est un service qu’on doit remplir. Avec tous les sports qu’on retrouve dans la capitale maintenant, et en Ontario, je pense qu’on en a assez pour remplir non seulement une émission, mais une station au complet. Il y a du potentiel. Ça sera de savoir comment on va la livrer et sur quelle plateforme on va se retrouver. »

La banque alimentaire, un guichet du quotidien sur la détresse ordinaire

TORONTO. Le thermomètre affiche -15 degrés Celsius ce jeudi matin dans les rues de Parkdale Village. Dans ce quartier de l’Ouest torontois, le vent perce en rafale les vêtements des résidents qui s’agglutinent en file indienne devant une bâtisse en briques aux allures d’épicerie.

Quand le rideau de fer s’entrouvre enfin sur la rue Dunn, les premiers « visiteurs » s’y engouffrent, laissant au passage un ticket numéroté soigneusement conservé, preuve qu’ils viennent pour la première et unique fois de la semaine.

Charlotte Flameng connaît la plupart des usagers qui se pressent ici. Depuis deux ans, cette bénévole et travailleuse sociale originaire de Belgique se poste à l’entrée pour orienter des bénéficiaires chaque année plus nombreux.

« Les profils sont très variés, bien plus qu’avant, constate-t-elle. On voit des gens qui travaillent, d’autres qui ne travaillent pas, des jeunes, des plus âgés… Ils ne viennent pas ici occasionnellement, mais dépendent au contraire énormément de la nourriture qu’ils reçoivent ici. »

Charlotte Flameng est une des 300 bénévoles de la Parkdale Community Food Bank. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

À l’intérieur de la banque, chacun remplit son chariot de courses ou son sac de fortune en fonction des restrictions de quantité notifiées à la main sur des étiquettes. Ici, on se sert en fonction de la taille de la famille. Sur les étals, on trouve des produits frais comme du lait, des pommes de terre, des oignons ou encore des oranges. Des boites de conserve et des pots de toutes sortes aussi : tomates, carottes, maïs, beurre de cacahuète… Sitôt remplis de fruits et légumes, les paniers se vident rapidement.

Les prix galopent, les salaires trottinent

Devant une armoire réfrigérée, Michael Stewart ouvre et ferme la petite porte vitrée, distribuant en cadence des bouteilles de lait. « Avec le coût de la vie, du loyer, de l’épicerie, la banque alimentaire devient un instrument important pour aider les gens à se nourrir et boucler la fin du mois », se désole ce bénévole qui a appris le français à Chicoutimi au Québec, avant d’étudier en France.

« La plupart du monde ici a un travail, observe-t-il. Mais quand tu vois que le salaire moyen est en-dessous du salaire vital, c’est impossible de vivre à Toronto. »

Des bénévoles font le plein des étals avant une nouvelle vague d’usagers.

Pommes de terre, oignons, oranges sont collectés en fonction de la taille des familles selon un code de couleurs.

Jeremy Duffy, responsable des opérations, déballe des denrées.

Les denrées proviennent principalement de dons de particuliers et de grossistes.

La banque alimentaire accueille des populations très variées.

Parkdale Communiry Food Bank ouvre quatre jours par semaine.

Parkdale Village, un quartier populaire de l’Ouest torontois.

Une grille extérieure protège la banque durant les heures de fermeture.

Plus de 2 millions de Canadiens ont eu recours à une banque alimentaire en 2023, soit une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. Une hausse de 90 % depuis 2019 à l’échelle du pays. Sans précédent. Les 653 banques alimentaires de l’Ontario ont cumulé à elles seules plus de 736 000 visites dont le tiers concernait des enfants. En hausse de 8 % sur un an.

Ce sont les données les plus récentes exposées dans un rapport de Banques alimentaires Canada. L’organisme appelle dans ses recommandations à « réparer un filet de sécurité sociale brisé, régler la crise du logement à loyer modique, aider les travailleurs à faible revenu à joindre les deux bouts et pallier l’insécurité alimentaire et la pauvreté ».

Un bond de 7 000 à 15 000 usagers en l’espace d’un an

Une autre organisation, Feed Ontario, évoque un million de visites dans les banques alimentaires entre avril 2023 et mars 2024, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’année dernière et une augmentation de 86 % depuis 2019-2020, dans une province où un Ontarien sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté.

Plus localement, le nombre de visites a même doublé en un an à Parkdale Community Food Bank. Les bénéficiaires sont passés d’environ 7 000 en octobre 2023 à près de 15 000 en octobre 2024.

Une fois payés le loyer et les services publics, il ne reste que 6,67 $ par jour dans la poche des consommateurs torontois de banque alimentaire en Ontario pour couvrir les dépenses essentielles comme la nourriture, les vêtements, les médicaments, les transports. Tel est le constat alarmant de Daily Bread, qui fédère les banques alimentaires du Grand Toronto.

Michael Stewart, un bénévole qui a appris le français à Chicoutimi au Québec et a étudié en France. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Pour faire face, la Parkdale Community Food Bank est passée de trois à quatre jours d’ouverture, a élargi ses horaires et s’apprête à déménager dans un lieu plus grand à 300 mètres de là, sur l’avenue Brock. « On a la chance de pouvoir compter sur plusieurs partenaires, la communtauté et des entreprises pour combler les besoins », salue Laurie Drake, présidente du conseil d’administration, qui peut compter sur la générosité des particuliers. Leurs dons représentent autour 40 % des revenus de la banque.

« On fait beaucoup de désescalade avec des gens qui sont à bout »
— Charlotte Flameng, bénévole

Un coup d’œil dehors : la file ne désemplit pas. Les personnes dépourvues de ticket sont invitées à former une deuxième file plus loin, afin de prioriser les usagers « en règle », détenteurs du précieux ticket numéroté. La plupart sont compréhensifs et prennent leur mal en patience, d’autres tentent de forcer le passage en campant devant l’entrée. Les bénévoles redoublent alors de diplomatie pour les convaincre, les apaiser.

Charlotte Flameng enregistre un client à l’entrée de la banque alimentaire de la rue Dunn. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Charlotte Flameng use de tout son tact pour désamorcer des situations complexes au premier contact, à des moments où la santé mentale entre parfois en jeu. Il faut alors discuter, raisonner, rassurer, réconforter… Cela n’effraie pas cette travailleuse sociale de formation. « Parfois on appelle le 911 ou même la police, mais c’est vraiment le dernier recours », insiste-t-elle, estimant que les forces de l’ordre sont encore « mal formées » à ce type d’intervention.

« On fait beaucoup de désescalade avec des gens qui sont à bout. Leurs ennuis et traumastismes ressortent ici », confie celle qui se dit « fâchée avec l’état de la société : les prix qui augmentent plus vite que les salaires, le racisme, le manque d’accès à l’emploi et aux aides… » En prêtant main forte comme bénévole, elle a « l’impression d’aider à quelque chose, traiter les gens au moins comme des êtres humains ».

« On leur offre de la nourriture, mais aussi un échange humain »
— Michael Stewart, bénévole

Michael Stewart n’en pense pas moins. Au-delà la nourriture, il envisage la banque alimentaire comme une bulle d’humanité et de réconfort. « Les gens que l’on croise habitent pour la plupart dans des gratte-ciel isolés. Ce lien avec les gens est très important. Un bonjour, parfois une plaisanterie, leur apporte du bonheur dans leur journée. On leur offre de la nourriture, mais aussi un échange humain. »

Tous partagent un certain dégout d’une société portée sur le gaspillage à l’heure où l’urgence sociale commande la sobriété et la solidarité. « C’est révoltant, c’est sûr. On peut le voir comme un problème sans aucun levier dessus. Ou bien on peut le constater et participer à ce genre d’initiatives et avoir un petit impact au jour le jour, semaine par semaine », conçoit Charlotte Flameng.

Face à l’explosion de la demande, la banque alimentaire explore en amont de nouvelles voies pour mettre la main sur des stocks invendus à bas coût. « On doit faire preuve de créativité en travaillant avec des grossistes, en allant chercher l’épicerie que les gens ne vont pas consommer ou en nouant des partenariats avec des corporations qui nous envoient leur inventaire en surplus, explique la présidente Laurie Drake. Ces relations nous permettent d’acheter la nourriture à faible coût, tout en diminuant le gaspillage. »

Au milieu de cette population aux langages multiples, les volontaires tentent de trouver dans leurs rangs la personne qui saura parler la langue recherchée quand l’anglais devient une barrière. Russe, espagnol, portugais… Ici, on est au contact de toutes sortes de langues, y compris le français.

« En ce moment, on voit des Ukrainiens, souvent de jeunes gens qualifiés qui travaillaient dans leur pays d’origine, relate Michael Stewart, la gorge serrée. Ils sont en quête d’emploi en Ontario, alors on essaye de leur donner des conseils pour s’en sortir. C’est déchirant », concède-t-il.

Dans quelques jours, la banque alimentaire déménagera 300 mètres plus loin, au coin de Queen Ouest et Brock. La détresse ordinaire, aussi, fera le déplacement.

Grandir dans l’étendue avec Mario Lepage

Pour ce dernier épisode de notre série Micro & boussole en Saskatchewan, Rachel Crustin quitte Saskatoon pour explorer le hameau fransaskois de Saint-Denis. C’est là que Mario Lepage, alias Ponteix, a passé son enfance. Un grand lot de chansons furent enregistrées là-bas et plusieurs collaborations artistiques y ont fleuri. Mario explore les contrastes entre Montréal et son hameau d’origine, et s’ouvre sur son enfance et ses relations familiales. Rachel voudra-t-elle tout laisser de la vie citadine pour s’établir dans l’étendue saskatchewanaise?

Gérard Parent, une personnalité « solaire » qui a laissé sa marque à Toronto

Les proches du Franco-Torontois Gérard Parent lui rendront hommage ce samedi 21 décembre à la Paroisse du Sacré-Cœur de Toronto, lors d’une visitation et d’un service funèbre. Décédé le 10 décembre dernier, l’ex-directeur général des Centres d’accueil Héritage (CAH) aura laissé sa marque dans la francophonie de la Ville Reine.

« C’est quelqu’un qui a travaillé fort, avant et après (son passage comme directeur général), pour améliorer l’accès aux services en français en Ontario », affirme à ONFR l’actuelle directrice générale des CAH, Barbara Ceccarelli.

Gérard Parent a occupé ce poste de 2003 à 2012, guidant l’organisme pendant une décennie marquée par plusieurs changements.

Celle qui le considère comme un mentor affirme qu’il avait une énergie « conviviale » et « solaire ». « Quand je pense à lui, le mot qui me vient est que c’est quelqu’un de rayonnant, avec une grande énergie et une incroyable empathie » envers les clients et le personnel.

Depuis deux ans, il habitait lui-même aux CAH, organisme qui offre des services sociaux et de santé en français aux aînés et aux personnes vulnérables. Malgré un état de santé complexe, Gérard Parent continuait de s’engager comme il le pouvait dans la vie communautaire au sein de la structure.

« Il est parti la tête haute »
— Peter Hominuk, directeur général de l’AFO

Le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk a côtoyé Gérard Parent lorsque ce dernier était coordonnateur des services en français du ministère de la Santé de l’Ontario. Il confirme que l’homme de 71 ans « a toujours travaillé de façon très active et passionnée pour s’assurer que les francophones avaient accès à des services en français. »

Gérard Parent était aussi grandement impliqué auprès du Club Richelieu de Toronto ainsi qu’au Club de l’âge d’or de la Paroisse du Sacré-Cœur.

« On peut dire qu’il est parti la tête haute. Il n’a pas lâché de travailler pour sa communauté jusqu’à la fin, ajoute Peter Hominuk. C’est une perte pour la francophonie. »

Gérard Parent sera enterré au printemps à Iroquois Falls, dans le Nord de l’Ontario.

Xavier Brassard-Bédard nommé à la tête du diffuseur public TFO

TORONTO – L’ex-directeur général de TVA Nouvelles et LCN avait quitté ses fonctions le 11 décembre dernier après 14 ans de services au sein du groupe québécois TVA. Il vient d’être nommé, ce mardi, président-directeur général de la chaine franco-ontarienne.

« Je suis fier et honoré de prendre les rênes de TFO, un média ancré dans la jeunesse et dans la production et la diffusion de contenus francophones qui sont uniques sur nos écrans », a déclaré par voie de communiqué M. Brassard-Bédard, qui prendra ses fonctions le 6 janvier prochain.

Journaliste de formation, il a étudié au Collège La Cité et à l’Université d’Ottawa, avant d’entamer sa carrière en tant que rédacteur-réviseur à Ottawa au sein du Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO), à l’époque connu sous le nom de Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (ROPFO).

M. Brassard-Bédard a ensuite travaillé à Radio-Canada durant huit ans, à Ottawa et à Toronto, où il a occupé les postes de recherchiste, réalisateur et chef de pupitre du Téléjournal Ontario.

Par la suite, il a rejoint les équipes du groupe médiatique TVA, au sein duquel il a travaillé près de 14 ans, dont quatre à titre de rédacteur en chef de la salle de nouvelles. Sous sa direction, le média québécois a opéré d’importantes compressions en 2023, mis fin aux bulletins de nouvelles locaux du week-end à Québec au printemps dernier et changé de studios.

Par voie de communiqué ce mardi, il s’est dit « déterminé à renforcer le rôle de TFO dans les années à venir, au service de notre jeunesse et des communautés francophones de l’Ontario ainsi que de celles vivant en situation minoritaire à travers le Canada. »

« L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) se réjouit de collaborer avec M. Brassard-Bédard, qui apporte avec lui près de quinze ans d’expérience en gestion dans le domaine des médias, a réagi son président Fabien Hébert. Son expertise, son leadership et sa connaissance de la réalité franco-ontarienne seront des atouts précieux pour faire rayonner davantage notre communauté. »

La ministre de l’Éducation, Jill Dunlop, a salué cette nomination et souligné le rôle de la chaine franco-ontarienne : « TFO joue un rôle essentiel en contribuant à l’éducation de langue française grâce à des récits créatifs et inspirants. J’ai hâte que nous travaillions ensemble pour favoriser la réussite de tous les élèves francophones. »

« TFO entre dans une nouvelle ère marquée par une industrie médiatique en grande transformation, a pour sa part déclaré Jean Lépine, président du Conseil d’administration de TFO. Le nouveau PDG utilisera sa vaste expérience dans les médias pour guider TFO vers de nouveaux sommets auprès d’un public en évolution. »

Xavier Brassard-Bédard succède à Michelle Séguin qui avait annoncé son départ à la retraite en avril dernier. Elle avait pris les commandes de la chaine en 2021 à la suite de la suspension de son prédécesseur par intérim Éric Minoli, englué dans des allégations de climat toxique.

Manger halal et sans gluten dans le Nord ontarien : un défi surmontable?

Se cuisiner un hamburger à Sudbury ne devrait pas être si compliqué que ça. Sauf s’il doit être halal et sans gluten! Vivre en région éloignée lorsqu’on suit une diète spécialisée vient avec son lot de défis. La journaliste Inès Rebei en sait quelque chose. Depuis qu’elle vit à Sudbury, il n’est pas toujours facile de trouver les aliments halal et sans gluten nécessaires à son alimentation. Dans sa quête pour trouver les ingrédients qu’il lui faut pour préparer un hamburger, Inès part rencontrer d’autres gens qui peinent, comme elle, à bien s’alimenter dans le Nord ontarien, et d’autres qui tentent de faire une différence.

Justin Trudeau : Drouin et d’autres députés libéraux appellent à sa démission

OTTAWA – L’élu libéral de l’Est ontarien Francis Drouin fait partie d’un groupe de députés qui demande que Justin Trudeau démissionne.

« Je pense qu’il doit partir. La démission (de Chrystia Freeland) d’aujourd’hui en est un signe », a affirmé le représentant de Glengarry–Prescott–Russell sur les ondes de CBC en matinée.

Les appels à la démission de Justin Trudeau sont repartis de plus belle lundi matin avec la démission de la ministre des Finances Chrystia Freeland qui citait des désaccords avec le chef libéral pour quitter le cabinet. Cette annonce en matinée est survenue alors que la vice-première ministre aurait dû présenter la mise à jour économique d’automne.

C’est Dominic Leblanc qui sera dorénavant le ministre des Finances après une cérémonie d’assermentation qui a eu lieu à 16 h à Rideau Hall, au même moment où l’énoncé économique était déposé à la Chambre des communes par la Leader du gouvernement en Chambre, Karina Gould.

Le premier ministre s’est adressé à son caucus, réuni en urgence lundi soir où était aussi présente Mme Freeland. La plupart des députés et ministres ont ignoré les questions des journalistes à leur sortie.

« Aujourd’hui, c’était censé être la présentation d’un plan et maintenant nous parlons d’une ministre des Finances qui a démissionné et je ne vois pas comment cela pourrait aider le premier ministre et comment cela peut nous aider à parler des Canadiens », a expliqué Francis Drouin.

Questionné sur si Justin Trudeau devrait quitter, le député de Nickel-Belt Marc Serré a répondu « non » tandis que sa collègue dans Ottawa-Vanier, Mona Fortier a répondu à la même question « qu’on allait avoir une conversation », a-t-elle dit en lien avec une réunion du caucus libéral lundi soir.

« C’est sa décision, moi je me présente (aux prochaines élections) », a lancé la députée franco-ontarienne à ONFR.

« On a du travail à faire », argumente de son côté Marc Serré.

Le député acadien René Arseneault fait aussi partie de ce groupe de députés qui ont demandé à nouveau la démission de Justin Trudeau, après plusieurs appels dans les derniers mois.

« Ce qui se passe aujourd’hui est la chronique d’une mort annoncée, c’était complètement prévisible », a-t-il dit sur les ondes de Radio-Canada Acadie.

À l’instar de Patrick Weiler, le député d’Hamilton Chad Collins est un autre élu libéral qui a partagé que le premier ministre devrait partir tout comme son collègue de la région de Montréal, Anthony Housefather.

« Nous ne sommes pas unis », a d’ailleurs affirmé après la réunion du caucus Chad Collins, alors que son collègue torontois James Maloney affirmait le contraire quelques secondes auparavant.

Tandis que le chef conservateur Pierre Poilievre en appelle à des élections dès que possible, son homologue dans l’opposition, Jagmeet Singh a refusé d’adhérer à cette proposition exigeant simplement la démission de Justin Trudeau.

Traduction : vers une « utilisation accrue » de l’intelligence artificielle au fédéral

OTTAWA — Dans sa mise à jour économique d’automne présentée lundi, le gouvernement Trudeau indique qu’il compte utiliser l’intelligence artificielle (IA) de manière « accrue » pour effectuer la traduction dans la fonction publique.

Le gouvernement fédéral entend mener une stratégie dans le but d’augmenter l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein de la fonction publique « afin d’améliorer l’efficience et la prestation des services ».

« Le travail initial sera axé sur les secteurs où l’adoption de l’IA permet le mieux d’améliorer à court terme la qualité et l’efficience des activités du gouvernement, notamment l’utilisation accrue d’outils d’IA en traduction », est-il indiqué dans le document de plus de 300 pages.

Pour ce faire, le Bureau de la traduction sera notamment appelé à décoder le contenu traduit pour « produire des traductions exactes ». 

« Le Bureau de la traduction conjugue son expertise linguistique, son savoir-faire technique et son esprit d’innovation pour mettre en place les technologies de traduction et d’interprétation les plus efficaces », précise la mise à jour économique.

Ces mesures feront partie d’une stratégie en matière d’intelligence artificielle, qui sera publiée au printemps prochain. Le fédéral soutient déjà utiliser l’intelligence artificielle pour la traduction, ce qui a « fait tomber les barrières linguistiques et rendu la rédaction et la traduction plus accessibles ».

La mise à jour économique d’automne a été assombrie lundi par la démission de Chrystia Freeland comme ministre des Finances en matinée. Dans une lettre adressée à Justin Trudeau, elle pointe du doigt un « désaccord », notamment sur la façon de dépenser du premier ministre. Elle explique que son désir de « préserver notre capacité fiscale » était incompatible avec la vision du premier ministre. 

Le déficit monte à 60 milliards de dollars

En raison de nouvelles dépenses de 21 milliards, le déficit prévu pour 2023-2024 passe de près de 40 milliards à 61,9 milliards de dollars par rapport aux prévisions du budget du printemps dernier. Les 22 milliards de dollars de nouvelles dépenses cette année sont attribuables à près de 16 milliards supplémentaires en lien avec un passif sur les réclamations autochtones ainsi qu’un rajustement pour le soutien lié à la COVID-19 de 4,7 milliards.

Aucun équilibre budgétaire n’est prévu alors que le déficit budgétaire est prévu de se chiffrer à 23 milliards de dollars dans cinq ans, en 2029-2030. 

La ministre des Finances Chrystia Freeland démissionne du cabinet

OTTAWA — La ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé qu’elle quittait le cabinet, la même journée où elle se devait de présenter la mise à jour économique d’automne.

Celle qui était aussi la vice-première ministre en a fait l’annonce sur le réseau social X lundi matin dans une lettre adressée au premier ministre Trudeau où elle écorche aussi ce dernier.

« Vendredi dernier, vous m’avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m’avez proposé un autre poste au sein du Cabinet. Après y avoir réfléchi, j’ai conclu qu’à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet », annonce-t-elle.

Elle indique à Justin Trudeau « qu’en prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possédais plus l’autorité qui l’accompagne ».

Elle explique son départ sur un « désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada » entre elle et le premier ministre. Depuis plus d’une semaine, des histoires dans le Globe and Mail faisait référence de tensions entre le bureau de Justin Trudeau et celui de la ministre des Finances, notamment sur les dépenses du gouvernement.

Chrystia Freeland s’était engagé à ce que le déficit ne dépasse pas les 40 milliards de dollars lors du budget du printemps de 2024, mais la semaine dernière, elle a laissé entendre qu’elle ne serait pas capable de respecter cette promesse.

Elle écrit que « le pays est confronté à un grand défi » avec Donald Trump qui menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur le Canada et que « nous devons prendre cette menace au sérieux ». Pour ce faire, elle estime que le gouvernement fédéral doit mieux gérer « notre capacité fiscale aujourd’hui, pour que nous puissions disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin lors d’une guerre tarifaire ».

« Je sais que les Canadiennes et Canadiens reconnaîtraient et respecteraient une telle approche. Ils savent quand nous travaillons pour eux et ils savent quand nous nous concentrons sur nous-mêmes. Il est inévitable que notre mandat au gouvernement prenne fin », indique-t-elle.

« Toutefois, la manière dont nous ferons face à la menace à laquelle notre pays est présentement confronté nous définira pour une génération, et peut-être pour bien plus longtemps », avertit-elle.

« C’est cette conviction qui a motivé mes efforts acharnés cet automne pour gérer nos dépenses de manière à nous donner la flexibilité dont nous aurons besoin pour relever les graves défis présentés par les États-Unis », ajoute-t-elle.

Depuis samedi, plusieurs items comme des vêtements et de la nourriture à emporter sont désormais exemptés de taxe sur les produits et services/taxe de vente harmonisée (TPS/TVH), une mesure qui coutera près de 3 milliards de dollars selon le Directeur parlementaire du budget. Autre mesure annoncée, une promesse d’envoyer un chèque de 250 $ en avril aux travailleurs canadiens gagnant moins de 150 000 $ par année.

Réagissant au départ de Mme Freeland, le chef conservateur Pierre Poilievre a appelé Jagmeet Singh à renverser le gouvernement libéral pour aller en élections dès que possible avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.

« M. Trudeau devrait déposer la mise à jour économique cette après-midi et permettre un vote ce soir pour permettre à la Chambre des communes de montrer oui ou non si on a la confiance ou si on va aller en élection pour reprendre le contrôle de notre pays », a réclamé le chef conservateur en conférence de presse.

Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Crédit image : Stéphane Bédard

Plusieurs ministres démissionnaires

Cette dernière précise dans sa missive qu’elle restera députée dans sa circonscription de Toronto et qu’elle entend se représenter aux prochaines élections. Sa démission suit celle aussi du ministre du Logement Sean Fraser qui a annoncé lui aussi qu’il quitterait le cabinet, suite à un remaniement et qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections, citant des raisons familiales pour expliquer son départ.

Cela fait suite aux départs d’autres ministres depuis l’été de Pablo Rodriguez (Transports), Seamus O’Regan (Travail) et Randy Boissonnault (Emploi et Langues officielles). Filomena Tassi, Marie-Claude Bibeau, Carla Qualtrough et Dan Vandal ont annoncé qu’il ne seront pas candidats aux prochaines élections.

Ottawa doit présenter ce lundi en fin de journée son énoncé économique d’automne en principe, mais au moment de mettre à jour ce texte vers 11 h, l’embargo, prévu à 10 h, n’avait toujours pas été levé pour les journalistes.

Chrystia Freeland est au conseil des ministres depuis 2015, elle qui a occupé les rôles de ministre des Affaires étrangères et jusqu’à 2020. Elle est par la suite nommée ministre des Finances en août 2020. Elle a été élue pour la première fois en 2013 lors d’une élection partielle.

Tarifs américains : un front uni des premiers ministres canadiens

MISSISSAUGA – Réunis autour de Doug Ford ce lundi à Mississauga, les 12 autres premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada ont affiché un «  front uni » face à la menace de tarifs douaniers américains à hauteur de 25 % au Canada.

Parmi les questions et thèmes discutés, il a été question de sécurité énergétique, de soins de santé et de relations canado-américaines, relatives à l’annonce du Donald Trump d’imposer une taxation de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada.

En conférence de presse cet après-midi, le premier ministre ontarien et président du Conseil de la fédération, Doug Ford, a ensuite annoncé que les premiers ministres du Canada feraient front uni malgré le « chaos à Ottawa », qualifiant la situation d’instable au fédéral, après la démission de la ministre de finances Chrystia Freeland.

Une volonté de prise de décisions basées sur des consensus concernant le commerce, la sécurité des frontières et de l’Arctique et les relations Canada-États-Unis.

« Jusqu’au 20 janvier quand Trump sera assermenté, nous allons rester unis et travailler ensemble. Il y aura beaucoup de forces de notre côté lorsqu’on négociera. Les seules personnes qui pâtiraient d’un manque de collaboration seraient les Canadiens et les Américains et qui serait le grand gagnant? La Chine et ses produits bon marché », a-t-il déploré.

La première ministre de l’Alberta Danielle Smith d’ajouter : « Notre énergie canadienne va rendre les prix moins couteux. Chaque province a des forces à avancer sur la table, minerais spéciaux et ressources naturelles. Voici les types d’arguments que nous allons avancer. »

« Il y a encore des problèmes à la frontière. Il faut investir de l’argent et des ressources humaines. Ça devrait être notre seule priorité »
— François Legault, premier ministre du Québec

Les premiers ministres exhortent également le gouvernement fédéral à accélérer l’atteinte de la cible fixée par l’OTAN de 2 % du PIB pour les dépenses en défense, en lien avec les infrastructures stratégiques et les implications plus larges pour le partenariat économique et de sécurité du Canada avec les États-Unis.

Les premiers ministres ont discuté de l’engagement du premier ministre fédéral quant à présenter un plan complet pour la sécurité frontalière, qui doit inclure les ressources humaines et financières supplémentaires et nécessaires.

« Notre priorité devrait être de s’assurer que nous avons réglé ce problème. Il (Donald Trump) a été clair, si vous ne traitez pas le problème des frontières, j’imposerai ce tarif de 25 %. Il y a encore des problèmes frontaliers c’est certain et il faut investir, ça devrait être notre seule priorité », a tranché François Legault, le premier ministre du Québec.

Un argument appuyé par Doug Ford qui évoque la nécessité d’appuyer la GRC pour sécuriser la frontière, ajoutant que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral.

Les discussions entre les premiers ministres se poursuivront jusqu’au 20 janvier et le Conseil de la fédération se rendra à Washington en février « en vue de consolider encore davantage l’établissement de partenariats solides avec les États-Unis ».

L’ombre de l’arrivée au pouvoir de Trump aux États-Unis

À l’origine de cette menace, l’exigence de Trump que le Canada et le Mexique renforcent leurs frontières contre le flux migratoire illégal et le passage de drogues telles que le fentanyl.

Si de tels tarifs entraient en application, Doug Ford avait dèjà évoqué en plusieurs pistes de réplique comme couper les exportations d’électricité de l’Ontario ou encore imposer des frais douaniers sur le bourbon américain, une approche qui n’est pas partagée par d’autres provinces telles que le Québec ou l’Alberta.

Fin novembre, juste après l’annonce du président élu Donal Trump, les premiers ministres s’étaient réunis virtuellement avec le premier ministre canadien Justin Trudeau. Celui-ci avait appelé à l’unité entre les provinces et territoires pour faire front commun dans les négociations. 

« Avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux États-Unis, cela n’a jamais été aussi important que les premiers ministres du Canada travaillent ensemble pour protéger les emplois canadiens et développer des partenariats plus solides des deux côtés de la frontière », a ainsi déclaré le premier ministre ontarien comme mot d’ordre des rencontres du Conseil de la fédération.

Un nouveau bureau du Centre francophone du Grand Toronto à Brampton

BRAMPTON – Le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) a officialisé ce jeudi l’ouverture d’un nouveau bureau à Brampton. Il s’agit du douzième point de service du CFGT, et du deuxième dans la région de Peel. Il vient compléter celui de Mississauga afin de répondre à la demande croissante des francophones de la ville.

Estelle Courty Duchon, présidente-directrice générale du CFGT, a coupé le ruban et inauguré cette antenne située au 60, rue Queen Est, au centre-ville de Brampton. Pour elle, cette ouverture représente un accès facilité aux services pour la communauté.

« C’est vraiment ça notre objectif, a-t-elle confié : faciliter la vie des gens pour qu’ils puissent accéder à des services près de chez eux. Dans la région de Peel, on a un bureau à Mississauga, et les gens nous disaient que ça prend une heure, deux heures parfois, juste pour faire le trajet. Ça n’a pas l’air long à vol d’oiseau, mais une fois dans sa voiture ou dans les transports en commun…

« On entendait un de nos clients tout à l’heure qui parlait de se déplacer avec trois jeunes enfants. Imaginez une ou deux heures de trajet pour, parfois, un rendez-vous qui dure une demi-heure. Ça ne fonctionne pas pour la plupart des gens. »

Le bureau du Centre francophone se trouve au sous-sol du bâtiment nommé « The Mill » dans l’unité L12. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Ce client, c’est Isidore Mbaga Manga. Arrivé du Cameroun il y a moins de deux mois, il a choisi de s’installer à Brampton avec sa femme et ses trois enfants car c’est une ville proche de l’aéroport. Venu au Canada pour travailler comme graphiste, il a bénéficié de l’aide du Centre francophone. Il illustre bien cet objectif de proximité décrit par Mme Courty Duchon.

« Le fait que le Centre francophone soit accessible à Brampton m’a permis de raccourcir mon trajet. Prendre le bus avec les enfants, c’est compliqué. J’en ai trois, donc forcément, au bout d’un moment, quand il faut changer de ligne, c’est un peu difficile. Ici, à Brampton, je prends un seul bus, je descends, et je fais le reste à pied. C’est beaucoup mieux pour nous en tant que famille, pour mieux nous organiser. Avoir accès à ce genre de services près de chez nous, c’est vraiment une bénédiction. »

Une population francophone croissante

L’ouverture de ce bureau répond à deux critères principaux : la croissance de la population francophone à Brampton, et les demandes directes des clients du CFGT, comme l’a expliqué Mme Courty Duchon.

Le CFDG a reçun un certificat de reconnaissance des mains de la représentante de la ville de Brampton. Photo : Mickael Laviolle

Lors du recensement de 2021, Brampton comptait plus de 9 275 résidents francophones, tandis que la région de Peel dans son ensemble en comptait environ 14 800. Des chiffres qui, selon les estimations, seraient encore plus élevés aujourd’hui.

« On espère être capables de servir peut-être 500 à 1 000 personnes par année, ici à Brampton », explique la PDG.

La demande pour des services francophones dans cette région n’est pas nouvelle. Elle était déjà inscrite dans le plan stratégique 2020-2025 de l’organisme. Cependant, le financement nécessaire pour concrétiser ce projet a été obtenu seulement en 2024, grâce à la région de Peel.

« On s’était dit que le jour où on serait capables de le faire – grâce à un financement – on le ferait, parce qu’on savait que le besoin était criant. »

Un système de rotation des services

Le centre offre quatre types de services : l’accueil des nouveaux arrivants, l’assistance en matière de logement, l’aide à l’emploi et le soutien juridique. Tous ces services sont disponibles dans ses trois bureaux, selon un système de rotation.

« L’ensemble des services sont demandés. On commence avec ce qu’on est capables d’offrir sur une base de rotation. Par exemple, on propose des services d’établissement, des services juridiques, et de l’aide pour le logement, détaille Mme Courty Duchon. Le logement, c’est une problématique majeure. Je pense que n’importe qui vivant dans la région du Grand Toronto sait de quoi je parle : c’est l’enfer!

Pour les services de santé, c’est plus complexe. Nous aimerions, un jour, ouvrir une clinique de soins primaires, mais cela nécessite des investissements particuliers. Aujourd’hui, ce n’est pas possible sans la structure appropriée. »

En plus des services d’aide reçus, Isidore Mbaga Manga a souligné le côté humain du CFGT. Photo : Mickael Laviolle/ONFR

Avant même l’ouverture officielle, Isidore Mbaga Manga avait déjà profité des services du nouveau bureau de Brampton.

« Le Centre francophone m’a aidé principalement pour l’emploi. Ils m’ont orienté vers plusieurs séances de recrutement avec des employeurs locaux. Quand on arrive en tant qu’immigrant, on ne pense pas forcément à réaliser son métier de rêve immédiatement. Il faut d’abord trouver un travail pour subvenir aux besoins, acheter une voiture, par exemple.

Ils m’ont aussi aidé sur le plan familial. Ma femme, qui ne parlait pas bien anglais, participe à des séances de discussion en anglais tous les samedis, ce qui l’aide beaucoup. »

Pour Estelle Courty Duchon, un aspect clé de l’expansion des services du CFGT est la collaboration avec les partenaires locaux.

« C’est important de comprendre qu’une organisation ne peut pas tout offrir. Nous proposons des services essentiels à la communauté, mais nos partenaires jouent un rôle tout aussi crucial. Notre mission, c’est de créer ces connexions pour répondre aux besoins des francophones. »

Beaucoup de musique, plusieurs activités en français pour le temps des Fêtes

Malgré tout le cliché de l’expression, le temps des Fêtes est déjà à nos portes. ONFR vous offre quelques suggestions pour profiter de la fin 2024 en culture, que ce soit avec ou sans guirlandes.

Un 10e Rond Point à Ottawa

Ce jeudi 12 décembre est l’occasion de découvrir trois nouveaux artistes franco-ontariens et neuf nouvelles chansons grâce au concert de Rond Point, le programme de résidences pour les artistes émergents de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM). Cette année, les trois auteurs-compositeurs-interprètes choisis sont Val d’Avalon, Sophie Grenier et Vincent Bishop. Ces derniers feront connaître le fruit de leur travail des derniers mois au Rainbow Bistro d’Ottawa, dès 18 h.

Leurs compositions sont issues de trois séances de résidences incluant des ateliers, des formations et des moments de collaboration. La direction musicale est assurée par la Fransaskoise d’origine Anique Granger, alors que la Franco-Manitobaine Rayannah s’est chargée de la direction artistique.

Sophie Grenier s’est fait connaître du grand public en remportant le concours télévisé La Voix en 2023 . Photo : Stéphane Bédard / ONFR

Ottawa, le 12 décembre. Gratuit. Détails sur le site de l’APCM.

Le Cowboy de Noël à Sudbury

Un classique du temps des Fêtes franco-ontarien, Chuck Labelle donnera son concert de Noël 2024 à la Place des arts du Grand Sudbury, ce lundi à 18 h. Au moment d’écrire ces lignes, quelques billets étaient toujours disponibles. Celui qu’on appelle le Cowboy du Nord de l’Ontario vient d’ailleurs de lancer un nouvel album du temps des Fêtes, intitulé Mon vœu de Noël, sur lequel on retrouve plusieurs collaborations avec Robert Paquette et François Labelle. Jean-Guy Chuck Labelle présente ce récent opus comme « le produit de 30 années de tournées ». Il contient les 10 chansons originales que l’auteur-compositeur-interprète de Mattawa a enregitrées au travers de ses cinq albums de Noël.

Le spectacle de Noël de Chuck Labelle est un classique du temps des Fêtes franco-ontarien, qu’il présente depuis 30 ans. Source : La Slague

Sudbury, le 16 décembre. Billets sur le site de la Place des arts du Grand Sudbury.

Nouvelle(s) chanson(s) de Geneviève RB

La liste de lecture des chansons de Noël franco-ontariennes s’allonge cette année avec les nouveautés de Geneviève Roberge-Bouchard. Après avoir lancé la jazzée Noël arrive la semaine dernière, elle récidive avec Meilleurs vœux. Sur un ton un peu plus mélancolique, la chanson évoque le sentiment de nouveau départ et les promesses qu’on se fait, à tord ou à raison, d’être un peu meilleurs l’an prochain.

Cette collaboration avec le pianiste Jean Fernand Girard pourrait totalement se retrouver sur la bande sonore d’une comédie musicale, une discipline chouchou de Geneviève RB, qui faisait entre autres partie de la troupe de Vaches, the Musical. Ces extraits du temps des Fêtes constituent un doux départ pour la carrière solo de celle qui s’est surtout fait connaître dans le duo Geneviève et Alain, dont la séparation a été confirmée dans les dernières semaines.

Geneviève RB lance sa carrière solo avec deux chansons de Noël. Photo : Samantha Neves

Sur toutes les plateformes de Geneviève RB.

Céleste Lévis au CNA

Une autre amoureuse de Noël dans la communauté franco-ontarienne est sans contredit Céleste Lévis. L’artiste originaire de Timmins sera en concert à la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA) d’Ottawa le 21 décembre. Les chansons de l’album Noël tout autour (2020) et les autres extraits de Noël dévoilés en 2022 et 2023 donneront certainement le dernier coup de pouce nécessaire pour se mettre dans l’ambiance, juste à temps pour le début des vacances.

Céleste Lévis est aussi en train de devenir un classique du temps des Fêtes en Ontario francophone. Photo : Maxime Delaquis / ONFR

Ottawa, le 21 décembre. Détails sur le site du CNA.

Des francophones au Marché de Noël d’Ottawa

Le Marché de Noël d’Ottawa se poursuit à la place Aberdeen et continue de mettre de l’avant les artistes de la région, même au-delà de la nouvelle année. Plusieurs francophones y seront dans les prochains jours. C’est le cas de Kristine St-Pierre (14 décembre), du duo originaire de France et d’Haïti Klo E X Samie (26 décembre), des Gatinois de Leverage for Mountains (27 décembre), du Franco-Ontarien Vincent Bishop (27 décembre), du Samantha Christ François Quartet, qui chante en français, anglais, espagnol, portugais, créole et swahili (28 décembre) et de la jeune artiste de Smooth Rock Falls Rox Anne (2 janvier).

Vincent Bishop au Franco-Festival de Thunder Bay, en 2023. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ottawa, jusqu’au 5 janvier. Détails sur le site du Marché de Noël d’Ottawa.

L’art contemporain sur scène à Ottawa

Dans le cadre de la programmation du Théâtre du Trillium, La Nouvelle scène Gilles Desjardins (LNSGD) d’Ottawa reçoit le spectacle Jeff Koons vendredi et samedi. Inspiré du plasticien et sculpteur néo-pop américain, la pièce traite de la création, de l’inspiration et du mode de vie de ceux qui évoluent dans le niché monde de l’art contemporain. Le texte est signé par l’écrivain allemand Rainald Goetz et mis en scène par le Français Hubert Colas, qui dirige également la compagnie productrice de la pièce, Diphtong Cie. La troupe propose « une immersion totale dans un univers où l’énergie brute de la performance rencontre la profondeur du questionnement », selon la description du spectacle. Pour un public adulte.

Jeff Koons sera présenté à La Nouvelle scène Gilles Desjardins vendredi et samedi. Source : Théâtre du Trillium

Ottawa, les 13 et 14 décembre. Détails et billets sur le site de LNSGD.

Noël de quartier à Vanier

Le Carré de la francophonie de Vanier scintillera ce samedi pour la deuxième édition de son événement CARRÉment allumé. Ateliers de danse en ligne, chocolat chaud et rassemblement communautaire sont à l’horaire. Les familles francophones du quartier Vanier ne manquent pas d’occasions de se rassembler, et en voici un autre exemple.

L’événement CARRÉment allumé en est à sa deuxième édition. Gracieuseté du Comité de la franocphonie de l’Association communautaire de Vanier.

Ottawa, le 14 décembre. Détails sur la page Facebook du Carré de la francophonie de Vanier.

Des résidents de l’Est ontarien privés de bibliothèque municipale

LA NATION – Pas de bibliothèque à Limoges, St-Albert et St-Isidore! Du moins jusqu’en mars prochain. C’est la mesure temporaire prise lundi par le Conseil de la municipalité de La Nation, confronté à des défis de gouvernance à la tête de son réseau.

Les trois succursales fermeront leurs portes du 1er janvier au 31 mars prochain. Dans un communiqué publié ce mercredi, le directeur général de la municipalité Pierre Leroux qualifie cette décision de « difficile » mais nécessaire suite à la démission de la présidente du conseil d’administration de la bibliothèque, au départ de membres et à la proche retraite de la directrice générale.

« Le conseil d’administration de la bibliothèque a confirmé qu’aucun plan de relève n’était en place, laissant la bibliothèque sans la direction nécessaire conformément à la Loi sur les bibliothèques publiques, justifie la municipalité de l’Est, qui précise que la supervision de la bibliothèque est du ressort de ce conseil d’administration. Ses opérations incluent entre autres la gestion du budget, le personnel et la planification.

Entre-temps, une campagne de recrutement sera lancée afin de pourvoir les postes vacants et des opportunités de partenariat avec d’autres bibliothèques de la région seront étudiées. Espérant rouvrir les bibliothèques « dès que possible », le maire Francis Brière rappelle que garantir une gestion saine est un préalable.

« Nous comprenons que les bibliothèques sont un service important pour nos résidents, et nous regrettons l’interruption temporaire que cette fermeture va causer. Toutefois, en tant que conseil municipal, nous avons le devoir de nous assurer que l’argent des contribuables est géré de manière responsable et que les structures de gouvernance nécessaires sont en place », affirme l’élu.

Il croit que « cette pause nous permettra de rétablir un conseil solide et de bâtir un avenir durable pour nos services de bibliothèque. »

Les frais d’adhésion engagés par les résidents de la Nation seront remboursés, assure la municipalité, et l’accès aux services de bibliothèque dans les municipalités voisines sera maintenu.

Ouvertes entre 22 et 28 heures par semaine, les succursales de bibliothèque de La Nation offraient des cartes de membre gratuites aux résidents, leur donnant accès à une large gamme de livres, de programmes et de ressources.

Leur coût est financé par les taxes municipales, avec une allocation proposée d’environ 650 000 $ pour le budget opérationnel de 2025. Le conseil a réduit ce montant jusqu’à la mise en place d’un nouveau conseil d’administration de la bibliothèque.

Valoriser la santé mentale avec éemi


Rachel Crustin se déplace vers le musée Remai Modern pour y cueillir la moitié fransaskoise du duo Beau Nectar, soit l’autrice-compositrice-interprète éemi. En route vers la Berry Barn en périphérie de Saskatoon, éemi se confie à Rachel sur l’impact que sa santé mentale a sur les paroles cyniques de son œuvre, ainsi que sur les amitiés entre femmes. Performances musicales et baies de Saskatoon sont de la partie. Rachel se sentira-t-elle inspirée?

Accompagnez Rachel Crustin dans une exploration musicale à la rencontre d’artistes francophones avec notre série « Micro & boussole en Saskatchewan ».

Le risque de non traduction de jugements fédéraux préoccupe les avocats francophones

OTTAWA – Les juristes francophones et le commissaire aux langues officielles s’inquiètent de la possibilité de voir les tribunaux fédéraux cesser la traduction de leurs jugements en raison d’un manque de financement. Le ministre de la Justice Arif Virani affirme « être à l’écoute des inquiétudes » des tribunaux fédéraux et soutient qu’il veut les appuyer.

« On ne peut pas se dire un système bilingue juridique et avoir des décisions non traduites dans les deux langues officielles », déplore la Fédération des associations de juristes d’expression française de common law (FAJEF) via son président Justin E. Kingston.

« Couper les traductions ou les rédactions simultanées des décisions n’est pas la bonne place pour couper », avance en entrevue celui qui représente près de 2 000 avocats francophones hors Québec.

Le Service administratif des tribunaux judiciaires (SATJ) a averti mardi que, sans un financement supplémentaire, les tribunaux fédéraux devront arrêter la traduction de décisions et qu’ils « ne seront pas en mesure de respecter les obligations de la Loi sur les langues officielles ».

Selon le juge en chef de la Cour fédérale, Paul Crampton, les palais de justice fédéraux auraient besoin de 85 millions de dollars sur six ans et ensuite de 15 millions annuellement pour faire face aux nouvelles exigences de la Loi sur les langues officielles. Selon le SATJ, l’actuel manque financier pourrait être autour de 35 millions de dollars alors que « les pressions sur son budget opérationnel ont atteint un point critique cette année ».

« Il est désolant de constater que les langues officielles pourraient faire l’objet d’une négociation financière », a réagi le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge dans une déclaration écrite. 

Ce dernier indique qu’il continuera de « surveiller l’évolution de cette situation de près », mais rappelle que « les communications au public affichées par les institutions fédérales sur leurs sites Web doivent être disponibles dans les deux langues officielles ».

Ottawa se dit « à l’écoute de leurs inquiétudes »

Le SATJ est la branche administrative de quatre juridictions : la Cour d’appel fédérale, la Cour fédérale, la Cour d’appel de la Cour martiale du Canada et la Cour canadienne de l’impôt qui rend des milliers de décisions annuellement en droit administratif, droit autochtone, droit de la citoyenneté, droit de l’immigration et des réfugiés, etc.

« Je viens d’avoir une réunion avec plusieurs juges concernant les cours au niveau fédéral, donc je suis à l’écoute de leurs inquiétudes et on va faire tout ce qu’il faut pour les appuyer », a commenté brièvement le ministre de la Justice fédéral, Arif Virani, mardi avant une réunion du conseil des ministres.

Le ministre de la Justice et Procureur général du Canada Arif Virani. Photo : La Presse canadienne/Justin Tang

Depuis l’été dernier, les tribunaux fédéraux doivent traduire les décisions d’importance pour le public, les décisions où les débats se sont déroulés en tout ou en partie dans les deux langues officielles. Les cours fédérales doivent aussi publier simultanément en anglais et français toutes les décisions finales ayant valeur de précédent, soit entre 1000 et 2000 par année, selon le juge en chef Crampton.

« Le budget des opérations du SATJ a été historiquement insuffisant et trop limité pour maintenir les opérations de traduction et de révision en 2024-25 et pour absorber les coûts supplémentaires liés aux nouvelles exigences de la Loi sur les langues officielles », a expliqué le SATJ dans une déclaration écrite fournie à ONFR.

La FAJEF se préoccupe qu’une telle mesure de l’appareil fédéral judiciaire pourrait avoir sur les justiciables francophones.

«  Au niveau pancanadien, l’administration juridique est principalement faite en anglais, relève son président Justin E. Kingston. Cet échange récent avec la Cour fédérale soulève encore plus de dilemmes avec l’administration bilingue de la justice », s’inquiète-t-il.

Ottawa devrait obliger le bilinguisme de 2 000 hauts fonctionnaires, réclament des élus

OTTAWA – Le gouvernement fédéral devrait obliger le bilinguisme d’un peu plus de 2 000 hauts fonctionnaires dans la fonction publique canadienne, réclame des députés des différents partis politiques à Ottawa dans un rapport.

Selon les membres du Comité des langues officielles, les fonctionnaires qui sont nommés par le gouverneur en conseil (par le cabinet) devraient posséder le plus haut niveau de compétence linguistique pour la compréhension écrite et l’aptitude orale et un niveau intermédiaire pour l’écriture. S’ils ne sont pas bilingues au moment de l’embauche, les élus du comité recommandent qu’ils le soient à l’intérieur de deux ans avec des cours payés par le gouvernement.

« Dans le Canada que l’on est, avec la modernisation de la Loi sur les langues officielles, les postes de hautes fonctions publiques devraient être assujettis à cette loi-là », soutient l’élu libéral et président du Comité des langues officielles René Arseneault.

« Il y a des postes de la haute fonction publique qui n’ont pas de désignation bilingue. Alors, avec la modernisation de la Loi sur les langues officielles, on doit remplir ce manque à gagner », estime le député acadien.

Les députés libéraux, conservateurs, bloquistes et néo-démocrates ont procédé à une étude pendant plusieurs séances portant sur « les obligations linguistiques dans le processus de dotation ou de nomination à des postes clés », avant de produire ce rapport publié mardi. Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge soutient depuis quelques années qu’Ottawa doit obliger ses hauts fonctionnaires à parler français et anglais. C’est justement lui qui avait invité les parlementaires à se pencher sur cette étude à la suite d’une recommandation dans son rapport annuel de 2021-2022.

« Si on veut protéger le bilinguisme au Canada, il faut se donner les outils et il faut prêcher par l’exemple avec la machine gouvernementale », pense le porte-parole en Langues officielles pour les conservateurs Joël Godin.

« Idéalement, il faudrait dès le départ (exiger le bilinguisme), mais il faut respecter que l’apprentissage d’une deuxième langue, ce ne soit pas facile », concède-t-il.

2 200 fonctionnaires concernés

Les nominations approuvées par le gouverneur en conseil sont principalement celles de dirigeants des instances fédérales comme ceux à la tête des commissions, agences et institutions gouvernementales. Chaque année, ce sont près de 500 à 800 nominations qui sont effectuées par le cabinet pour un total de 2 200 personnes nommées par le gouverneur en conseil.

Il y a actuellement 11 agents du Parlement, comme le commissaire aux langues officielles, qui ont l’obligation d’être bilingues dès leur entrée en poste, en vertu de la Loi sur les compétences linguistiques. Les sous-ministres, depuis la modernisation de la Loi sur les langues officielles en 2023 et les sous-ministres délégués ont aussi cette obligation de bilinguisme. Sinon, ils doivent suivre une formation linguistique.

À l’heure actuelle, les nominations effectuées par le gouverneur en conseil spécifient que l’on « tiendra compte du bilinguisme », mais ce n’est pas obligatoire. Les candidats potentiels sont seulement invités à préciser leurs compétences linguistiques où ils leur demandent «  si, à leur avis, ils sont parfaitement bilingues, fonctionnels, limités ou unilingues  ».

« C’est un peu ridicule (à l’heure actuelle), car on voit des nominations de fonctionnaires à des postes où ils supposent connaître le français et ils ne connaissent pas le français », déplore le député du Bloc québécois Mario Beaulieu.

L’unilinguisme de hauts fonctionnaires comme Michael Rousseau, le PDG d’Air Canada, ou encore la gouverneure générale Mary Simon ont généré un nombre record de plaintes au Commissariat aux langues officielles en 2021.

« Je suis pour l’obligation que tous les hauts fonctionnaires soient bilingues, car présentement ce n’est pas obligatoire (…). Ça passerait un message très très fort qu’au niveau de la fonction publique : on valorise le bilinguisme de haut en bas », plaidait alors Raymond Théberge en entrevue avec ONFR.

Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge. Archives ONFR

Les membres du comité suggèrent aussi que « le Conseil du Trésor devrait sérieusement envisager les demandes des syndicats de la fonction publique visant à augmenter la prime de bilinguisme qui n’a pas été révisée depuis 1977 ».

Ils réclament aussi de « renforcer la capacité interne de la fonction publique fédérale d’offrir la formation linguistique aux fonctionnaires fédéraux », notamment en augmentant les établissements postsecondaires qui offrent des cours de langue seconde.

Les tribunaux fédéraux pourraient cesser la traduction de leurs jugements

OTTAWA — Sans un financement supplémentaire de la part du gouvernement, les tribunaux fédéraux devront cesser leurs opérations de traduction, une décision notamment reliée aux nouvelles exigences de la Loi sur les langues officielles, prévient le Service administratif des tribunaux judiciaires.

Cela toucherait quatre tribunaux fédéraux : la Cour d’appel fédérale, la Cour fédérale, la Cour d’appel de la cour martiale du Canada et la Cour canadienne de l’impôt qui sont gérées par le Service administratif des tribunaux judiciaires (SATJ).

« Sans financement additionnel, le SATJ sera contraint de cesser ses opérations de traduction et de révision, et ne pourra pas compter sur les services du Bureau de la traduction ni sur les fournisseurs externes », explique le fournisseur, qui ajoute qu’il ne pourra du même coup « améliorer ses outils et processus de traduction, ce qui l’empêchera de réaliser des gains d’efficacité ».

Le gouvernement Trudeau a annoncé lors de son budget 2024 qu’il allongeait 9,6 millions de dollars sur trois ans « afin d’accroître la capacité des tribunaux fédéraux à fournir des décisions traduites en français et en anglais ». Or, cela représente seulement le quart du budget nécessaire, soutient le SATJ, qui indique que « les pressions sur son budget opérationnel ont atteint un point critique cette année ».

Dans une entrevue avec le média juridique Law360 en septembre dernier, le juge en chef de la Cour fédérale Paul Crampton, soutenait que les quatre juridictions auraient besoin d’un financement de 85 millions sur six ans en plus de 15 millions annuellement.

« Le budget des opérations du SATJ a été historiquement insuffisant et trop limité pour maintenir les opérations de traduction et de révision en 2024-25 et pour absorber les coûts supplémentaires liés aux nouvelles exigences de la Loi sur les langues officielles », explique-t-on dans une déclaration écrite fournie à ONFR.

Le bureau du ministre de la Justice Arif Virani souligne qu’il a eu « une réunion constructive » avec les quatre juges en chef des tribunaux fédéraux le 6 décembre dernier pour « discuter de leurs besoins ».

« Le ministre Virani connaît la situation financière du Service administratif des tribunaux judiciaires », indique la porte-parole du ministre, Chantalle Aubertin, dans une déclaration.

Depuis juin 2024, les tribunaux fédéraux doivent traduire les décisions d’importance pour le public, les décisions où les débats se sont déroulés en tout ou en partie dans les deux langues officielles. Les cours fédérales doivent aussi publier simultanément en anglais et français toutes les décisions finales ayant valeur de précédent.

La modernisation de la Loi sur les langues officielles a donc eu pour effet de retarder la traduction de toutes les autres décisions de plusieurs mois. Selon le juge en chef Crampton, entre 1 000 et 2 000 décisions ont une valeur de précédent.

« Sans financement additionnel, les cours fédérales ne seront pas en mesure de respecter les obligations de la Loi sur les langues officielles », avertit le SATJ qui soutient « être contraint de tirer la sonnette d’alarme pour défendre l’intégrité du système judiciaire ».

Plusieurs mois entre la délivrance d’une décision et sa traduction

Plusieurs mois peuvent s’entasser entre la délivrance d’une décision et la traduction dans les deux langues officielles de celle-ci, précise l’organisme administratif des quatre cours fédérales. L’actuel manque pourrait être autour de 35 millions de dollars, ce qui signifie « qu’il est nécessaire de prévoir une réduction significative des opérations de la Cour ».

« Ceci aura pour effet d’augmenter l’arriéré actuel de décisions en attente de traduction, ce qui entraînera des retards importants dans la publication de décisions bilingues, entravant ainsi l’accès à la justice dans les deux langues officielles pour la population Canadienne », alerte le SATJ.

Le quatuor judiciaire est appelé à rendre des milliers de décisions chaque année en droit administratif, droit autochtone, droit de la citoyenneté, droit de l’immigration et des réfugiés, des recours collectifs, la propriété intellectuelle, la sécurité nationale, etc. Avant la pandémie, les dossiers reliés à l’immigration étaient en moyenne de 6 000 par année sur cinq ans, tandis qu’ils sont 24 000 en 2024, donne-t-on en exemple.

« La situation financière pour les prochains exercices financiers continuera à être difficile. Le déficit de financement a un impact sur les opérations de la Cour et il est nécessaire de prévoir une réduction significative des opérations de la Cour », annonce le SATJ.

Le bureau du ministre soutient que 3,19 millions de dollars seront alloués au SATJ pour faire face à l’augmentation des dossiers liés à l’immigration via le budget supplémentaire des dépenses qui reste à être adopté par le gouvernement Trudeau d’ici la fin de l’année.

Correction : Une précédente version de ce texte indiquait que « depuis la pandémie, les dossiers reliés à l’immigration sont passés en moyenne de 6 000 par année à 24 000 en 2024 ». Il s’agit plutôt de 6000 par année en moyenne sur cinq ans avant la pandémie.

L’Ontario à l’honneur au prochain Salon du livre de l’Outaouais

GATINEAU – Le Salon du livre de l’Outaouais (SLO) a dévoilé son thème pour l’édition 2025, qui aura lieu du 20 au 23 février au Palais des Congrès de Gatineau. Tous les espoirs sont permis évoque la situation mondiale actuelle, et le pouvoir des livres pour éduquer ou réconforter. Cette 46e édition mettra aussi à l’honneur l’Ontario français, mais les détails de la programmation restent à dévoiler.

Bon an mal an, entre 20 et 30 % des visiteurs du SLO sont des Franco-Ontariens. La statistique s’explique d’abord par la proximité géographique, le Palais des Congrès se situant juste à côté du Pont du Portage, qui relie le Québec et l’Ontario.

Mais la volonté des organisateurs joue également un rôle. Un porte-parole franco-ontarien est nommé chaque année (Jean Marc Dalpé en 2024, David Ménard en 2023). Un siège d’administrateur est également réservé sur le conseil d’administration pour un représentant franco-ontarien. Le poste était vacant jusqu’à l’arrivée, en août, de Mathieu Ricard, également responsable des salons et de la communication au Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC).

Jean Marc Dalpé était l’invité d’honneur de l’Ontario français lors du SLO 2024. Le nom de celui ou celle qui lui succédera sera dévoilé au début du mois de février. Photo : Rachel Crustin / ONFR

C’est d’ailleurs en partenariat avec le REFC que le SLO promeut la littérature franco-canadienne chaque année, en dirigeant les projecteurs tour à tour sur l’Acadie, l’Ouest et l’Ontario français. C’est la province du lys et du trille qui sera à l’honneur cette année. On peut donc anticiper la présence d’un grand nombre d’auteurs franco-ontariens et la mise en valeur de leurs œuvres de différentes façons. Ce pan de la programmation ne sera dévoilé qu’en février, à quelques jours de l’événement.

On sait tout de même que l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) revient avec son activité d’accords vins-livres, comme l’an dernier. L’autrice franco-ontarienne et poète francophone officielle de la ville d’Ottawa, Véronique Sylvain, sera présente en compagnie de l’auteur français Olivier Guez.

Ce dernier, invité d’honneur du SLO grâce à une collaboration avec l’Ambassade de France au Canada, rencontrera également le public lors d’une soirée à l’Alliance française d’Ottawa. Une grande autrice québécoise, dont l’identité n’a pas encore été dévoilée, complètera le trio de cette activité de l’AAOF.

Mani Soleymanlou au prédévoilement de la saison 2024-2025 du Théâtre français du CNA. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Le directeur artistique du Théâtre français du Centre national des arts (CNA), Mani Soleymanlou, fera découvrir en primeur des extraits du spectacle Classique(s). Cette proposition complètement en phase avec la direction de la saison verra le jour en avril dans cette institution de la rue Elgin à Ottawa. L’activité sera suivie d’une discussion avec l’autrice Fanny Britt.

Les tournées Jeunesse Desjardins amèneront également des auteurs dans les écoles secondaires de la région, incluant le côté ottavien de la rivière des Outaouais.

Quelques détails confirmés

Avec son thème 2025, le SLO invite entre autres à découvrir « des livres qui posent un baume sur les blessures de notre monde ou qui éclairent le regard qu’on y pose », selon un communiqué de presse.

L’annonce partielle de la programmation, dévoilée aux médias ce lundi, réitère surtout l’engagement de différents partenaires du SLO. Entre autres, on retrouve encore une fois Radio-Canada comme présentateur officiel.

L’Université du Québec en Outaouais (UQO) marque aussi sa présence en présentant différentes activités, dont une table ronde sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza. Également dans l’esprit du thème, l’auteur, animateur et sociologue Jean-Philippe Pleau, dont le livre Rue Duplessis a fait couler beaucoup d’encre dans les derniers mois, sera présent pour parler de mobilité sociale. Une programmation hors les murs à la Galerie UQO fait aussi partie des activités annoncées.

Chaque année, le SLO et le REFC mettent en lumière la littérature francophone d’une région canadienne donnée. En 2025, ce sera au tour de l’Ontario français d’être à l’avant-plan. Photo : Rachel Crustin / ONFR

C’est également le retour du concours Lance ton balado, déployé chez les jeunes de 12 à 18 ans de la francophonie canadienne pour une troisième année. Des coins du Palais des Congrès seront aménagés pour d’autres partenaires récurrents comme Télé-Québec, Je lis autochtone ou Le Droit, par exemple.

À quelques pas du Palais des Congrès, le bar le Minotaure accueillera une performance littéraire de la Montréalaise Sarah-Louise Pelletier-Morin et de la Berlinoise Ann Gaspe, suivie d’une soirée karaoké.

Les billets pour le SLO sont actuellement en prévente. La programmation complète sera dévoilée au début du mois de février.

Patinage de vitesse : Ivanie Blondin « concentrée sur les deux prochaines étapes de Coupe du monde »

[ENTREVUE EXPRESS]

Ivanie Blondin est l’étoile franco-ontarienne du patinage de vitesse canadien. Sur le départ groupé ou au 3000 mètres, en individuel, ou par équipe, l’Ottavienne qui vit à Calgary fait partie des meilleures au monde. 

LE CONTEXTE :

La patineuse de vitesse a connu un début de saison d’abord couronné de succès aux Championnats des quatre continents, puis lors de la première étape de Coupe du monde au Japon, avec trois médailles d’or, une d’argent et deux de bronze. L’étape suivante de Coupe du monde, il y a une semaine en Chine, a en revanche vu la Franco-Ontarienne ne signer aucun podium.

L’ENJEU :

Ivanie Blondin revient en détails sur son début de saison, notamment sur sa disqualification lors du départ groupé à Pékin, avant de se projeter sur les prochaines échéances à venir : l’étape de Coupe du monde chez elle à Calgary, les Championnats du monde et, à plus long terme, les Jeux olympiques de 2026.

« Pour commencer, revenons sur la dernière étape de Coupe du monde en Chine. Fait très rare, vous n’avez fait aucun podium. Ça avait déjà été compliqué la saison dernière. Comment l’expliquez-vous? 

J’ai vraiment beaucoup de misère avec la Chine. Ce n’est pas que je n’aime pas. Je ne sais même pas comment l’expliquer. L’année passée, c’était quelque chose d’un peu différent, parce que j’étais très malade. J’avais une grosse fièvre le soir avant la compétition. J’étais comme « en mode survie » toute la fin de semaine, jusqu’au dimanche. 

Cette année, je n’étais pas trop malade. J’avais un peu le nez qui coulait, mais surtout, physiquement, j’étais ‘éclatée’.  À la fin de la compétition, le dimanche, j’avais déjà eu quelque chose comme 15 courses dans les jambes, deux semaines et demie avant. Ça fait que c’était, peut-être, un peu trop. Je pense que je n’aurais peut-être pas dû faire toutes les courses aux Quatre Continents, mais en même temps, je pense que c’était bon dans un sens, parce que ça me donnait comme un bon feeling pour rentrer dans les deux premières étapes de Coupe du monde, en sachant où j’étais physiquement et mentalement.

C’est pour ça aussi que j’ai si bien performé dans le 3000 mètres à la Coupe du monde numéro un (médaille d’or). Il y a du positif et du négatif.

Vous terminez huitième sur le 3000 mètres lors de la deuxième étape. Comment analysez-vous cette performance inhabituelle? 

J’étais dans le mix, juste à une demi-seconde du podium. Ça fait que c’est vraiment pas si grave que ça. C’était juste une erreur que j’ai faite au début de la course, où je suis partie un peu trop vite. Puis, mon dernier tour était un peu trop lent. Il aurait vraiment fallu trouver le juste milieu. Physiquement, peut-être que j’aurais dû prendre ça un peu plus relax sur le premier tour.

Puis, sur les quatre premiers tours, garder un peu d’énergie pour en avoir un peu plus à la fin. Mais c’est ça. Ça a été comme vite, vite, vite, puis après ça, vraiment lent. 

C’est comme ça qu’on apprend aussi. J’ai 34 ans, mais à chaque course, on apprend toujours quelque chose de nouveau. Puis, on s’ajuste pour les prochaines. Ce n’était pas nécessairement une mauvaise semaine. Physiquement, j’étais un peu fatiguée.

Vous avez aussi eu des mésaventures sur le départ groupé, votre point fort pourtant…

Au départ groupé, il y a vraiment eu un gros problème sur les deux derniers tours. Il y a eu de vifs débats avec les officiels, mais ils n’ont rien voulu savoir. On aurait pu avoir genre 15 qualifications dans cette course-là, mais ils ont regardé seulement à un moment.

Ce qui s’est passé, c’est que j’ai essayé de faire un dépassement. Il restait 600 mètres de course, un tour et demi. J’étais en avant d’une Italienne pour me placer directement en arrière des filles du Pays-Bas. Puis, l’Italienne m’a prise par l’épaule et elle m’a tirée en arrière. Je me suis défendue pour garder ma position. J’ai pris son bras et je l’ai tiré. 

Mais après, comme je l’avais prise par le bras, elle a pris la fille devant elle, puis elle l’a tirée aussi. Donc, la manière dont j’ai vu ça, c’est que oui, j’ai répondu, mais l’Italienne a fait un pas supplémentaire. Je n’avais rien à voir avec ça. Pour moi, l’officiel a eu une réaction un peu ridicule. Techniquement, avec ce qui s’est passé, ça aurait dû être deux disqualifications, pour le partage de responsabilité.

Comme vous l’avez dit, c’était une course très mouvementée, avec beaucoup de bousculades qui n’ont pas été sanctionnées. À quel point c’est frustrant que cela vous tombe dessus? 

Oui, ce n’était pas juste. J’ai un problème avec autre chose aussi. L’officiel qui était en charge ne voulait pas montrer la vidéo. C’est lui qui a pris la décision finale. Il ne voulait pas écouter les autres officiels, qui avaient des commentaires différents. C’est vraiment un sujet à aborder pour le futur. Il y a plusieurs autres choses qui se sont déroulées durant la course. Je criais tout du long parce que je me faisais bousculer.

C’est vraiment fou, mais c’est comme ça. J’ai plutôt vu ça comme de la malchance. Je me suis dit ‘ok, peu importe, on passe à autre chose’.

Après ces deux premières étapes de Coupe du monde très intenses physiquement, sur quoi vous concentrez-vous désormais? 

Premièrement, la récupération. Cette semaine, c’est vraiment une semaine de récup’, puis on s’en va le 19 décembre à Salt Lake, puis Park City. On retourne sur le focus de l’entraînement pour se préparer pour la deuxième partie de la saison.

Dans la deuxième partie de la saison, il y aura notamment la troisième étape de Coupe du monde à Calgary, où vous vivez désormais. Qu’est-ce que cela représente pour vous de patiner à domicile? 

C’est tout le temps excitant de compétitionner à la maison. L’année passée, quand on a eu les Championnats du monde à Calgary, c’était incroyable. La foule! Je n’ai jamais vu l’ovale à Calgary si plein. Ils ont même dit que la dernière fois qu’ils ont eu une foule comme ça, c’était lors des Jeux olympiques. C’était quelque chose d’incroyable à voir. J’espère que ce sera la même chose cette année.

Mes parents ont déjà réservé leur vol d’Ottawa. Ça fait que je suis excitée de les avoir ici, aussi.

Les Jeux olympiques sont-ils déjà dans un coin de votre tête? 

J’y pense ici et là, mais je dirais que c’est encore un peu loin. En ce moment, je suis concentrée sur les prochaines Coupes du monde, puis les Championnats du monde de cette année. 

Mais vous savez,  je commence déjà à penser à ce que je vais faire l’été prochain. Est-ce que je vais faire plus de vélo? Est-ce que je vais retourner m’entraîner sur la glace ou avec l’équipe durant l’été? Je parle à quelques nouvelles équipes de vélo en ce moment, pour l’été prochain. Ce n’est pas encore officiel, mais on va voir. J’y pense quand même un peu. »

Le journaliste franco-ontarien Denis Gratton s’est éteint

OTTAWA – Le journaliste Denis Gratton est décédé, ce samedi, des suites d’un cancer à l’âge de 64 ans. Plume de longue date du quotidien Le Droit, ce natif de Vanier, passionné des mots et passeur d’histoires franco-ontariennes, était aussi l’auteur de recueils de chroniques.

Ses écrits ont traversé les temps depuis le début des années 1990 au Droit. Chroniqueur à partir de 1993, celui qui était le neveu de la militante Gisèle Lalonde et frère du journaliste Michel Gratton a rédigé de multiples histoires dans les colonnes du journal francophone de la région d’Ottawa-Gatineau.

Certaines sous forme de séries ont tenu en haleine les lecteurs, comme Les Derniers Canadiens-français (1994), Un franco chez les anglos (1997) ou encore Au pays de Zachary (1999) née du Congrès mondial des Acadiens à Lafayette, en Louisiane. D’autres ont fait l’objet de recueils comme Droit au coeur (2002) et Aux quatre vents (2003), parus aux Éditions du Nordir.

Sa couverture de la crise de l’hôpital Montfort en février 1997 a valu au Droit une mention d’honneur aux Prix Michener du Gouverneur général du Canada. Plus récemment, en octobre 2023, sa chronique Au revoir tante Gisèle lui avait permis de décrocher le Prix d’excellence pour la chronique de l’année décerné par Réseau.Presse.

Dans sa dernière chronique, M. Gratton confiait ses incertitudes à revenir à l’écriture mais aussi sa farouche volonté de livrer bataille contre la maladie : « Ouf! Il ne sera pas facile ce combat. Mon adversaire est redoutable, impitoyable, intraitable. La lutte sera inégale. Mais je vais tout de même me battre. Un p’tit cul de Vanier ne recule devant rien. »

Un « chroniqueur légendaire », salue le maire d’Ottawa

« Denis a été un ambassadeur exceptionnel pour Le Droit, a déclaré François Carrier, directeur général du journal. Il n’y a pas de mots assez forts pour le remercier d’avoir mis tout son talent et toutes ses aptitudes à raconter le quotidien des gens de la région. On va se souvenir des liens qu’il a bâtis et qui l’unissaient aux lecteurs des deux côtés de la rivière. »

« Nous sommes immensément tristes d’avoir perdu un collègue, un ami, une grande plume, un amoureux de sa langue, un grand défenseur du fait français en Ontario, a confié Marie-Claude Lortie, rédactrice en chef du Droit. On a de la peine à croire qu’il ne sera plus là pour nous encourager, nous faire rire, nous aiguiller dans la bonne direction, nous réveiller, nous rassurer, nous émouvoir, toujours nous informer et nous faire réfléchir. »

« Il a su nous émouvoir et nous faire réfléchir », a mis en relief Dominic Giroux, président-directeur général de Montfort. En couvrant la fermeture annoncée de l’hôpital, en 1997, Denis a tout fait pour mousser la cause du mouvement SOS Montfort. Nous lui devons beaucoup. »

« Son rôle durant la crise de l’hôpital Montfort illustre parfaitement l’impact qu’un journaliste peut avoir lorsqu’il place l’humain au cœur de ses préoccupations. Par ses écrits, il a contribué à défendre des causes essentielles et à mobiliser l’opinion publique », a réagi collectivement Réseau.Presse, le réseau de journaux de langue française en situation minoritaire.

« J’ai vraiment de la difficulté à imaginer les prochaines luttes franco-ontariennes, car il y en aura, sans la plume acérée, vive, précise et dynamique du très regretté Denis Gratton », s’est ému l’ancien commissaire aux services en français François Boileau.

De nombreux élus ont aussi rendu hommage au journaliste. Le maire d’Ottawa Mark Sutcliffe a fait part de sa « grande tristesse » à l’endroit d’un « chroniqueur légendaire du journal Le Droit et voix puissante de la communauté francophone d’Ottawa ».

Le député provincial d’Orléans Stephen Blais a salué un « ardent défenseur de la francophonie », tandis que le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Francis Drouin, a mis en exergue le talent de celui qui était passé maître dans « l’art de raconter une histoire sur un sujet sérieux en utilisant l’humour. Il avait le don de nous faire réfléchir. »

« À travers ses chroniques, il a raconté nos histoires, défendu nos valeurs et célébré notre identité. Son engagement envers sa communauté et son amour pour sa culture franco-ontarienne étaient palpables. Il était une voix pour les siens et une inspiration pour plusieurs », a déclaré quant à lui le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon.

« Il a su capturer les défis, les succès et les espoirs de nos communautés francophones »
— Bobby Bourdeau, président de l’ACFO Ottawa

« C’est une grande perte pour le peuple franco-ontarien, a réagi de son côté Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Une partie de l’histoire du Journal Le Droit vient de s’éteindre. »

« Denis Gratton n’était pas seulement un journaliste, selon Bobby Bourdeau, président de l’ACFO Ottawa. Il était aussi un ardent défenseur de la francophonie ontarienne. À travers ses écrits, il a su capturer les défis, les succès et les espoirs de nos communautés francophones, en mettant en lumière des histoires souvent ignorées. »

Il est (re)venu le temps des cathédrales : réouverture de Notre-Dame de Paris

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

C’est ce dimanche que la cathédrale Notre-Dame de Paris, la mère de toutes les cathédrales, rouvre ses portes au public après le spectaculaire incendie de 2019 qui a failli la raser et qui a ému le monde entier. Des dizaines de chefs d’État, dont le président-élu américain Donald Trump, sont attendus pour une cérémonie ce samedi dans la capitale française. Si le président de la République est présentement ennuyé par les enjeux de politique intérieure, Emmanuel Macron peut se targuer d’avoir réussi son pari sur la colossale reconstruction patrimoniale de Notre-Dame en cinq ans, tel que promis.

L’histoire de Notre-Dame de Paris commence au XIIe siècle. C’est sous l’impulsion de l’évêque catholique de Paris Maurice de Sully que l’idée de bâtir une grande cathédrale en plein cœur de la ville voit le jour, en 1163. L’édifice sera le témoin de l’ascension de la ville de Paris au rang de métropole européenne, mais aussi un lieu de pouvoir spirituel et politique. La construction débute alors sous l’égide du roi Louis VII. La façade occidentale, qui orne encore aujourd’hui Notre-Dame, est terminée vers 1250, avec des ajouts et des modifications jusqu’en 1345.

Notre-Dame a joué un rôle central dans de nombreux événements de l’histoire de France. Le mariage d’Henri de Navarre (futur Henri IV) et de Marguerite de Valois y a lieu en 1572. La cathédrale est saccagée et pillée au moment de la Révolution française mais sera le lieu quelques années plus tard, en 1795, de la réconciliation de la monarchie avec la Révolution, lors de la messe de l’Assomption de 1795. C’est là aussi à Notre-Dame qu’a eu lieu le sacre de Napoléon Bonaparte en 1804.

Le Sacre de Napoléon, tableau de David, 1805-1808, musée du Louvre. La scène se déroule dans le chœur de la cathédrale. Photo : Wikipédia

Malgré cela, au début du XIXe siècle, la cathédrale est vandalisée, abandonnée et en état de décrépitude avancé. S’indignant, l’écrivain Victor Hugo décide d’écrire un roman sur la cathédrale pour attirer l’attention publique. Succès populaire, Notre-Dame de Paris paru en 1831 a l’effet escompté et est devenu depuis lors un classique. L’architecte Eugène Viollet-le-Duc y entreprend une vaste restauration (de 1843 à 1864) et la cathédrale est sauvée.

Un chef-d’œuvre gothique

Notre-Dame de Paris est l’exemple parfait du style d’architecture gothique, caractérisé par des arcs-boutants, des voûtes en ogive et des vitraux qui créent des effets de lumière impressionnants à l’intérieur de la cathédrale. Ces éléments, qui étaient révolutionnaires à l’époque de sa construction, permettaient de construire des murs plus fins et de placer de grandes fenêtres, notamment les fameuses rosaces.

Le plan de la cathédrale est celui d’une croix latine, avec une grande nef centrale, des collatéraux et un transept qui marque l’intersection avec le chœur. La cathédrale mesure 130 mètres de long et 48 mètres de large. Son architecture a été pensée pour élever le regard des fidèles vers le ciel, un symbole de l’élévation spirituelle. La hauteur de la nef atteint 35 mètres, et le chœur est dominé par la grande rosace, l’un des plus beaux exemples de vitrail médiéval.

Vue de la façade ouest de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans les années 1850. Photo : Bisson Frères (1852-1863). Source : Ministère de la Culture (France)

La façade occidentale de Notre-Dame est sans doute l’une de ses plus grandes merveilles architecturales. Composée de trois portails, elle est décorée de statues représentant les grands moments bibliques, depuis la naissance du Christ jusqu’à son ascension. Les tours jumelles, hautes de 69 mètres, encadrent cette façade imposante et sont surmontées de gargouilles et de statues, qui veillent sur la ville.

L’incendie de 2019 : « Notre-Drame »

Le 15 avril 2019, la France et le monde entier sont plongés dans l’émotion la plus totale lorsqu’un incendie ravage la cathédrale. Les images des flammes dévorant l’édifice, vues en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux, font le tour du monde.

Les flammes prennent rapidement de l’ampleur, engloutissant le toit et la flèche qui culminait à 93 mètres. Héroiques, les pompiers de Paris luttent pendant plusieurs heures pour sauver l’édifice, mais la cathédrale subira des dégâts considérables : le toit entièrement détruit, le parquet de la nef endommagé, et plusieurs œuvres précieuses, dont le grand orgue, affectées.

Feu dans la charpente de Notre Dame photographié depuis le square René-Vivani, le 19 avril 2019. Photo : Wikipédia. 

L’incendie a été un choc profond, non seulement pour les Français, mais aussi pour le monde entier. En entrevue à ONFR à l’époque, le militant pour le patrimoine Michel Prévost avait déclaré : « L’incendie de Notre-Dame de Paris devrait nous réveiller et pousser les communautés (en Ontario français) à désigner leur église monument historique pour qu’elles soient reconstruites à l’identique, en cas d’incendie. On imagine trop souvent que ça n’arrive qu’aux autres. »

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé le lendemain de l’incendie qu’un vaste chantier de restauration serait lancé avec pour objectif de reconstruire la cathédrale dans un délai de cinq ans, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris en 2024.

La restauration patrimoniale : un défi colossal

Le chantier de restauration de Notre-Dame est un projet titanesque. Dès les premières heures après l’incendie, une mobilisation internationale s’est organisée pour recueillir des fonds. Plusieurs milliards d’euros ont été promis par des mécènes, des entreprises et des particuliers.

Au total, la restauration de Notre-Dame a rassemblé 350 000 donateurs, pour un total de 843 millions d’euros collectés (environ 1,2 milliard de dollars canadiens), provenant de plus de 150 pays.

Ce généreux financement a permis de lancer un chantier d’une envergure exceptionnelle. Après avoir un temps hésité à reconstruire Notre-Dame avec une touche d’architecture moderne, le président de la République française, Emmanuel Macron, a décidé de restaurer la cathédrale fidèlement à l’original, en respectant les techniques traditionnelles. Pour ce faire, de nombreux artisans et spécialistes du patrimoine, tels que des sculpteurs, des charpentiers, des tailleurs de pierre et des vitraillistes, ont été mobilisés.

L’Intérieur de la cathédrale restaurée, qui rouvre ce week-end, pour la première fois depuis l’incendie de 2019. Photo : Ludovic Marin, via AP

La première phase de la restauration a consisté à sécuriser l’édifice. Des travaux de consolidation ont été nécessaires pour stabiliser les structures restantes, notamment les deux tours et les murs extérieurs, fragilisés par l’incendie. En 2020, les équipes ont commencé à retirer les débris du toit et à restaurer les éléments détruits. Parallèlement, des fouilles archéologiques ont permis de découvrir des objets historiques, des morceaux d’archives et des artéfacts, ajoutant à la richesse du projet et aux connaissances sur l’histoire de Notre-Dame.

Véritable symbole universel, d’histoire, d’architecture et de patrimoine, Notre-Dame de Paris est aussi un lieu de mémoire et de spiritualité. Après avoir survécu à un incendie dévastateur, le monument historique le plus visité d’Europe renaît de ses cendres. Entreprise colossale, l’aboutissement de sa restauration patrimoniale incarne l’espoir et la résilience. Plus belle que jamais, son intérieur est maintenant davantage éclairé. La popularité de ce chef-d’œuvre architectural, patrimoine mondial de l’UNESCO, n’est que renforcée. 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.

Ouverture, générosité et festivités culturelles

Alors que le mois de décembre est bien entamé, les Ontariens ne se gênent plus pour se mettre dans l’ambiance des Fêtes. De Thunder Bay à Ottawa, en passant par Lafontaine, jouez hautbois, résonnez musettes, les petits et les grands se réunissent. Dans les deux plus grandes villes de la province, on propose aussi des expériences théâtrales bien originales.

Des francophones au Marché de Noël d’Ottawa

Ce grand marché des Fêtes s’installe à la Place Aberdeen pour une troisième fin de semaine. En plus des marchands locaux, du décor féérique et des activités familiales, il s’agit d’une des belles occasions de briller pour les étoiles montantes de la région de la capitale nationale. Parmi la panoplie d’artistes qui monteront sur scène d’ici au 5 janvier, on retrouve plusieurs francophones. Ce dimanche, le public pourra découvrir Alex Goupil et Val d’Avalon, respectivement à 14 h et 16 h 30.

La Franco-Ottavienne Val d’Avalon fait partie des artistes en vedette au Marché de Noël d’Ottawa. Gracieuseté de Val d’Avalon

Ottawa, le 8 décembre. Détails sur le site du Marché de Noël d’Ottawa.

Des airs des Fêtes à Lafontaine

Le Chœur de La Clé donnera son concert de Noël à l’Église Sainte-Croix de Lafontaine, ce dimanche à 14 h. Menés par Germaine Lespérance à la direction musicale et accompagnés par Noël Macartney au piano, les choristes locaux recevront également Les petits chanteurs de l’école Sainte-Croix dans ce concert animé par Stef Paquette. Le prix du billet est situé à 15 $, mais 10 $ pour ceux qui apporteront des denrées non périssables. Les enfants entreront pour cinq dollars. Les denrées et profits iront à la banque alimentaire de la Société Saint-Vincent-de-Paul.

Le Choeur de la Baie donnera son spectacle de Noël ce dimanche. Gracieuseté de La Clé de la Baie

Tiny, le 8 décembre. Détails et billets sur le site de la Clé de la Baie.

Cispersonnages en quête d’auteurice à Ottawa

Est-ce vrai qu’on ne peut plus rien jouer? C’est la prémisse qui a guidé la compagnie Joe Jack et John dans son théâtre décomplexé, présenté au Théâtre français du Centre national des arts (CNA) jusqu’à samedi. L’histoire présente cinq acteurs neurodivergents qui se réunissent pour choisir leur prochaine pièce. Ils auraient bien voulu camper des rôles de licornes, mais est-ce même possible, alors qu’ils ne sont pas, eux-mêmes, des licornes? Mise en scène par Catherine Bourgeois, cette pièce (clin d’œil à Six personnages en quête d’auteur de Luigi Pirandello) retourne un certain discours de rectitude politique qui a mené de nombreuses réflexions dans le monde artistique des dernières années. Cette fois, on donne la parole à des gens concernés par ce débat. Il y aura des surtitres anglais et une discussion d’après spectacle lors de la représentation de vendredi. Elle sera également offerte en audiodescription pour les personnes aveugles ou malvoyantes. La représentation de samedi sera présentée dans un cadre plus décontracté et inclusif.

On se demande parfois si des acteurs neurotypiques peuvent jouer des personnages neurodivergents. Et si on inversait la question? Photo : Thibault Carron

Ottawa, jusqu’au 7 décembre. Détails et billets sur le site du CNA.

Les Zinspiré.e.s de retour à Toronto

C’est la 12e édition de cette initiative du Théâtre français de Toronto. Les zinspiré.e.s : le nombre sublime présente cinq courtes pièces écrites par des jeunes franco-ontariens, sélectionnés parmi plus de 200 participants du Sud-Ouest de la province. Ces derniers ont été guidés dans leur expérience par des professionnels du théâtre, dont le metteur en scène Vincent Leblanc-Beaudoin. Si la plupart des représentations, prévues au Berkeley Street Theatre jusqu’au 10 janvier s’adressent à un public composé de leurs pairs adolescents, deux d’entre elles sont ouvertes au grand public : Le 11 décembre à 19 h 30 et le 14 décembre à 15 h. Les parents sont invités à planifier une sortie avec leur adolescent, particulièrement pour le 14 décembre, où la pièce sera précédée d’une activité jeux de société et pizza.

Les Zinspiré.e.s proposent des créations théâtrales par et pour les jeunes. Photo : Mathieu Taillardas

Toronto, les 11 et 14 décembre. Détails et billets sur le site du Théâtre français de Toronto.

La parole aux livres à Ottawa

La Maison de la francophonie d’Ottawa tient la cinquième édition de son petit salon du livre francophone ce samedi, de 10 h à 16 h. L’entrée est gratuite pour cet événement comprenant des séances de signatures, des lectures publiques, des tables rondes et des activités familiales.

Un aperçu d’un événement précédent du Petit salon du livre francophone, La parole aux livres. Gracieuseté de la Maison de la francophonie d’Ottawa.

Ottawa, le 7 décembre. Détails sur le site de La parole aux livres.

Noël des enfants à Thunder Bay

Le Centre francophone de Thunder Bay invite les familles de la région à souligner la fin de l’année en français ce samedi, alors qu’il organise une journée d’activités de Noël pour les enfants. Ces derniers pourront confectionner leurs cartes de souhaits et décorer des gâteaux gratuitement. Il y aura également un service payant de photos avec le père Noël.

Le Centre francophone de Thunder Bay accueillera les familles ce samedi pour les préparatifs des Fêtes. Photo : Rachel Crustin

Thunder Bay, le 7 décembre à la salle Claudette Gleeson du Centre francophone de Thunder Bay.

Créer la magie de Noël à Vanier

Le muséoparc Vanier tiendra son activité classique des Fêtes ce dimanche de 10 h à 14 h. Les familles sont invitées à apporter des dons (jouets neufs non emballés, cartes-cadeaux ou argent comptant) au Centre communautaire Richelieu-Vanier et à la Cabane à sucre Vanier, où elles seront transportées dans l’atelier des lutins. Une heure du conte sera assurée par Lire et faire lire Ontario. Cette initiative, d’abord née au Québec, vise à créer des liens entre les générations alors que des bénévoles de 50 ans et plus font la lecture aux enfants, à l’école ou lors d’activités communautaires. Pour sa part, le père Noël accueillera les enfants à la cabane à sucre jusqu’à 13 h, heure à laquelle débutera un spectacle de Noël de Céleste Lévis.

Le père Noël accueillera les enfants à la Cabane à sucre Vanier jusqu’à 13 h. Gracieuseté du Muséoparc Vanier.

Ottawa, le 8 décembre. Détails sur le site du Muséoparc Vanier.

Fédéral : encore trop de fonctionnaires unilingues dans des postes bilingues

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles est préoccupé du peu d’améliorations réalisées par les instances fédérales quant à l’identification de postes bilingues dans la fonction publique. Cela donne encore lieu à des fonctionnaires unilingues qui occupent des postes qui devraient être réservés à des personnes bilingues, souligne Raymond Théberge.

En 2020, ce dernier avait dévoilé un rapport portant sur la façon dont sont pourvus des postes, notamment de supervision, dans la fonction publique fédérale. Il avait constaté que les exigences linguistiques fixées n’étaient pas conformes aux besoins associés au poste.

Le Commissariat aux langues officielles (CLO) s’appuyait sur le haut nombre de plaintes reçues en lien avec l’Article 91 de la Loi sur les langues officielles entre 2020 et 2022, soit 1608. Dans son rapport de suivi, effectué entre 2023 et 2024 et publié aujourd’hui, Raymond Théberge établit que des recommandations qu’ils avaient effectuées n’ont pas été appliquées, qu’elles ont été mises en place en retard ou que les changements apportés n’ont pas eu d’impact concret.

En plus du Secrétariat du Conseil du trésor comme administration centrale, il cible les dix principales instances fédérales les plus mentionnées par ses plaintes :

  • Agence des services frontaliers du Canada
  • Services publics et Approvisionnement Canada
  • Emploi et Développement social Canada
  • Santé Canada
  • Service correctionnel Canada
  • Gendarmerie royale du Canada
  • Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
  • Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Affaires mondiales Canada
  • Services partagés Canada

De nombreux postes qui auraient dû être impérativement bilingues sont toujours occupés par des gens qui ne sont pas bilingues ou encore qui ne maîtrisent pas adéquatement le français et l’anglais, illustre le commissaire.

« On sous-estime le niveau de langue requis pour être en mesure de fonctionner dans ce poste et ça, c’est typique. Très souvent, aussi, on ne fait pas l’analyse », souligne M. Théberge en entrevue.

Il recommandait en 2020 d’offrir de meilleurs outils, formations et politiques aux gestionnaires pour que ceux-ci puissent mieux évaluer les postes.

« Ça va prendre encore beaucoup de temps »

Aujourd’hui, il remarque que les gestionnaires chargés d’identifier et d’évaluer les postes bilingues reçoivent « des renseignements de base » et pas une formation appropriée sur l’établissement de ces postes. De plus, ceux-ci n’ont pas accès à des documents portant sur les exigences linguistiques d’un poste alors que d’autres étaient « tellement obsolètes qu’ils renvoyaient à des directives annulées du Conseil du Trésor », constate le CLO.

Ce dernier considère que cette situation est stable ou s’est détériorée depuis 2020, une problématique qu’il avait qualifiée de « systémique » à l’époque et qui continue de s’appliquer aujourd’hui, estime-t-il. Le non-respect de cette exigence de la Loi sur les langues officielles est « d’une portée considérable », s’inquiète le chien de garde des minorités linguistiques du pays.

« Il manque encore à mon avis une approche systémique pour régler un problème systémique. On fait du progrès, mais c’est aléatoire », juge celui qui est posté depuis 2018.

Il donne l’exemple que sauf dans une institution, c’est un haut responsable qui détermine les exigences linguistiques d’un poste, même si sa décision est contraire à l’avis du personnel en langues officielles.

Le commissaire Théberge avait aussi recommandé au Conseil du Trésor de remédier aux problématiques d’identification des postes d’ici novembre 2022, via un plan d’action. S’il constate aujourd’hui que des efforts ont été effectués, l’ampleur de ces progrès est « préoccupante ».

« Ça va prendre encore beaucoup de temps à mon avis pour trouver une solution », dresse-t-il comme constat.

Dès juin 2025, les gestionnaires et superviseurs des régions désignées bilingues devront parler les deux langues officielles, peu importe le profil linguistique, du poste des employés, une exigence issue de la récente modernisation de la Loi sur les langues officielles.

Le commissaire Bouchard demande un répertoire complet des services en français

TORONTO – Dans son rapport annuel dévoilé ce jeudi, le commissaire aux services en français recommande la création d’un référencement numérique à grande échelle des services publics assujettis à la Loi sur les services en français (LSF) ainsi que leur emplacement géographique en Ontario. Un outil pour l’instant inexistant, qui permettrait aux francophones de facilement les localiser et d’y accéder. Une façon aussi de responsabiliser le ministère des Affaires francophones sur la suite « logique » de la désignation des organismes.

Carl Bouchard, le commissaire aux services en français évoque en conférence de presse la « méconnaissance » des services publics offerts, de même que la difficulté à les trouver de façon efficace et rapide.

« Lors de mes déplacements un peu partout en province, bien des gens m’ont dit qu’ils ne connaissaient pas l’existence de la LSF, rapporte Carl Bouchard dans son rapport. Même les personnes qui la connaissaient m’ont confié ne pas savoir quels sont les services du gouvernement de l’Ontario couverts par la Loi ni où trouver ces services dans leurs communautés ».

« Plus on attend plus c’est difficile d’exercer nos droits linguistiques. On doit pouvoir savoir où sont nos droits », alarme-t-il.

Publié ce jeudi, son rapport annuel exhorte le ministère des Affaires francophones à sourcer tous les services en français et leur localisation en Ontario au sein d’un même outil numérique facile d’accès pour les francophones.

 Les droits doivent être connus pour que les gens s’en prémunissent. Et pour connaître ces droits, il faut notamment savoir où ils s’appliquent. 
— Carl Bouchard, commissaire aux services en français

La seconde recommandation concerne un suivi, le ministère devant rendre compte des projets réalisés au cours des six prochains mois.

La résultante « logique » selon M. Bouchard de la désignation des organismes soumis à la LSF par le ministère (Règlement de l’Ontario 398/93) et la mise en place de l’offre active.

Un besoin « en l’absence de source centrale ». Celui-ci considère en effet que la page web du gouvernement « Services gouvernementaux en français », qui liste des régions désignées, ne donne pas la liste des bureaux gouvernementaux ni des services en français des organismes désignés par la LSF (hôpitaux, sociétés d’aide à l’enfance, universités, etc.).

« Les droits doivent être connus pour que les gens s’en prémunissent. Et pour connaître ces droits, il faut notamment savoir où ils s’appliquent », conclut le rapport.

« L’AFO accueille favorablement cette étape. Il s’agit d’une première étape cruciale pour l’accessibilité aux services en français », réagit Peter Hominuk, le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, qui demande un référencement exhaustif depuis plusieurs années.  

« Une liste à jour des services assujettis à la LSF est une ressource essentielle (…) L’AFO a une bonne connaissance du réseau des organismes offrant des services en français à travers la province, et est prêt à collaborer avec le gouvernement pour mettre ces connaissances et ces contacts à leur disposition », ajoute celui-ci.

Une majorité de plaintes sur les services en personne et les organismes désignés

Une hausse de 2,3 % du nombre de cas reçus est à noter comparativement à l’an dernier, avec 395 cas entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024.

Une large majorité des plaintes, soit 62,5 %, portaient sur les services en personne.

Parmi les institutions les plus visées, 41,3 % concernaient des organismes désignés par la LSF, dans le domaine des services à l’enfance et à la famille et services communautaires.

Parmi les cas personnels rapportés, le parent francophone d’un enfant autiste s’est plaint que le Programme ontarien des services en matière d’autisme (qui dépend du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires) ne communique qu’en anglais avec lui, alors qu’il avait au préalable indiqué le français comme étant sa langue.

Suite à l’intervention de l’Unité des services en français, sa préférence linguistique a été enregistrée et prise en compte pour les communications et un coordinateur de soins bilingue a été affecté à la famille.

Les organismes désignés ne sont pas informés de leurs obligations légales.
— Carl Bouchard, commissaire aux services en français

L’Unité est également intervenue dans la fermeture annoncée d’une garderie francophone de Toronto Le Petit Chaperon rouge, un organisme gouvernemental désigné en vertu de la LSF, suite à de nombreuses plaintes de parents francophones.

« Les personnes qui nous ont contactés nous ont notamment parlé de l’importance de l’apprentissage du français pour les enfants de moins de cinq ans provenant de familles exogames, des besoins particuliers des enfants et l’impact personnel et sur leur communauté de la fermeture annoncée. »

Entamant des démarches auprès de l’organisme, des ministères de l’Éducation et des Affaires francophones sur la conformité de l’établissement à la LSF, le commissaire a observé de graves problèmes sur la façon dont les ministères gèrent les désignations des garderies désignées, au sein de plaintes.

Le commissaire a notamment indiqué que les organismes désignés ne sont pas informés de leurs obligations légales, notamment quant à savoir quels services doivent être offerts en français et où, ce qu’il a demandé aux ministères de rectifier.

La garderie était finalement revenue sur sa décision de fermer son site.

Quelques progrès de traduction et services en bref

  • Les kiosques à écran tactile pour acheter les billets au Musée royal de l’Ontario sont maintenant bilingues.
  • Plusieurs panneaux unilingues ont été remplacés par des panneaux bilingues, notamment le site touristique « Upper Canada Village du Haut-Canada, ainsi qu’une plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien à l’hôtel de ville de Toronto. Cette dernière a entamé le remplacement de 900 plaques historiques unilingues semblables dans la province.
  • La Société d’exploitation de la Place de l’Ontario a rendu quatre de ses médias sociaux bilingues.
  • La page d’accueil du ministère du Procureur général pour préparer les audiences virtuelles du tribunal permet maintenant aux usagers de choisir leur langue de préférence.
  • Le Service d’éducation sur la sécurité des armes à feu de l’Ontario a fait traduire l’ensemble de son site Web en français.
  • Un centre Test au Volant d’Ottawa compte désormais trois examinateurs certifiés bilingues pour les véhicules lourds, à la suite de la plainte d’un camionneur francophone qui a demandé sans succès à plusieurs reprises qu’un examinateur certifié bilingue soit présent pour qu’il passe l’examen dont il avait besoin pour remplir une condition d’embauche.
  • La Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail a amélioré ses formations et procédures pour identifier la langue de préférence et assigner les cas des francophones à du personnel qui parle français.
  • Le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences a élargi la liste des fournisseurs de services qui peuvent donner les formations en français exigées en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail.
  • Un ordre professionnel du domaine de l’éducation a corrigé la version française de son site Web et a mis à jour son système afin d’envoyer des courriels automatisés en anglais et en français.

20 millions pour revitaliser le centre-ville d’Ottawa…en anglais

OTTAWA – Le gouvernement ontarien a annoncé, mercredi matin, l’octroi d’une somme de 20 millions de dollars sur trois ans pour revitaliser le centre-ville d’Ottawa. Des organismes francophones de la capitale nationale regrettent que ce financement ne soit destiné qu’à des institutions unilingues anglophones.

De ce montant de 20 millions de dollars, une somme de 15 millions sera consacrée à des travaux de signalisation et d’aménagement de la rue William en artère piétonnière durant l’été, tandis qu’une autre de 1,5 million ira à Investir Ottawa.

En outre, un financement de 450 000 $ sera injecté dans la création d’un service de dynamisation du centre-ville, visant la mise en œuvre des projets de revitalisation supplémentaires et géré par la Chambre de commerce d’Ottawa.

« En effectuant le partage de l’enveloppe, le ministre a manqué une belle opportunité d’impliquer les gens d’affaires francophones », déplore la directrice générale du Regroupement des gens d’affaires de la capitale nationale (RGA), Pascale de Montigny Gauthier.

Pour Pascale de Montigny Gauthier, le fait que seulement un million de dollars de ces 20 millions soit injecté dans la lutte à la criminalité au centre-ville est « contre-intuitif ». Crédit image : Lila Mouch/ONFR

Les francophones peu consultés

Même son de cloche du côté de l’Association des communautés francophones d’Ottawa (ACFO). « Que ce genre de financement soit accordé à une institution 100 % anglophone et dédiée à une clientèle anglophone, c’est certain qu’à ce moment-là, nos droits ne sont pas nécessairement représentés », regrette Bobby Bourdeau, président de l’organisme.

Celui qui est également le directeur général par intérim de l’ACFO Ottawa depuis quelques jours juge que les francophones sont souvent les grands oubliés de ce genre de gros financements.

« C’est toujours plus difficile pour nous d’avoir accès à ces fonds-là, alors c’est sûr que c’est un manquement au niveau du gouvernement provincial. »

Pourtant, selon l’organisme franco-ontarien, il existe de multiples besoins pour la communauté dans tous les secteurs de la ville.

Il cite en exemple le besoin d’appuyer davantage le programme de microsubventions Ottawa bilingue, lequel octroie des fonds pour favoriser des initiatives de bilinguisme dans la ville.

Plus d’une centaine de gens d’affaires ont fait le déplacement pour le rendez-vous annuel du déjeuner du maire. Source : X de Peter Bethlenfalvy

Forte concentration francophone

Dans le communiqué accompagnant l’annonce, le gouvernement soulignait qu’Ottawa est la capitale nationale du Canada et la deuxième municipalité en importance de l’Ontario, avec une population croissante de plus d’un million d’habitants.

« On oublie qu’on y trouve la plus forte concentration de population francophone de la province. À ce titre, il aurait été souhaitable que les gens d’affaires francophones soient consultés et invités à mettre en place certaines des initiatives annoncées », estime la directrice générale du RGA.

Le RGA a lancé un appel à ses membres et l’ensemble des gens d’affaires et professionnels francophones du secteur afin de recueillir leurs attentes face aux investissements annoncés mercredi.

Ce financement, qui s’échelonnera sur trois années, a été annoncé par le ministre des Finances de l’Ontario Peter Bethlenfalvy à l’occasion du déjeuner du maire Mark Sutcliffe et s’inscrit dans le cadre de l’Accord Ontario-Ottawa de 543 millions de dollars signé en mars dernier.

Oh! Canada : du théâtre documentaire pour discuter du fait français

OTTAWA – Le projet de théâtre documentaire présenté à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins jusqu’au 7 décembre explore un sujet souvent exploité, qui mérite pourtant qu’on s’y attarde. Oh! Canada – Chapitre : L’Est du pays aborde la question du fait français, des provinces de l’Atlantique à l’Ontario en passant, bien sûr, par le Québec. Cette production du Théâtre Catapulte (en collaboration avec les Zones théâtrales du Centre national des arts) donne à la fois dans la nuance et la confrontation.

Dans cette pièce dense de plus d’une heure et 45 minutes, cinq acteurs incarnent différents archétypes de ce que peut être un francophone du Canada.

Il y a la Québécoise un peu condescendante, incarnée par Noémie F. Savoie. Il y a le francophone de l’Acadie (mais est-il Acadien lui-même, s’il ne s’appelle pas LeBlanc ou Doucet?), campé par le Néo-Brunswickois Carlo Weka.

Il y a ensuite trois francophones de l’Ontario : la militante franco-ontarienne convaincue (Danielle Le Saux-Farmer), celui qui ne voit pas le français comme un marqueur identitaire (Ziad Ek) et celle, d’origine ukrainienne, qui expliquera combien parler français est un choix (Moriana Kachmarsky).

Le public participe aux discussions, devant faire appel à ses connaissances générales, répondre à des questions sur son propre ressenti, et même élire la « pire » région de l’Est du Canada.

Un puits sans fond

Si la pièce réussit à rendre digeste le fruit de cinq ans de recherches, la première moitié fait plus penser à une conférence qu’à une œuvre théâtrale, présentant un grand nombre de statistiques. La représentation à laquelle ONFR a assisté s’est donnée devant un public adolescent, qui répondait peu aux références censées interpeler les spectateurs. Nul doute que cet aspect sera différent dès mercredi soir, devant un public adulte et probablement plus militant.

En ce sens, le personnage de Ziad Ek est venu sauver la mise en offrant une vision du fait français souvent exprimée par la plus jeune génération. C’est aussi lui qui changera l’ambiance pour livrer son plaidoyer sur un ton surprenant dont nous ne divulgâcherons pas la nature ici.

Issu d’une famille égyptienne, Ziad Ek ne se reconnaît pas dans l’appellation « franco-ontarien ». Photo : Catherine Archambault

En entrevue avec ONFR, Danielle Le Saux-Farmer, qui a aussi co-écrit la pièce (avec Noémie F. Savoie) et l’a mise en scène, convient que certains moments sont plus lourds. Après cette toute première représentation devant public, des détails seront encore changés pour s’adapter aux spectateurs. D’autant plus qu’après Ottawa, la pièce sera présentée à Montréal et à Rimouski, des publics aux sensibilités totalement différentes.

« Noémie et moi, comme co-autrices, on a eu beaucoup de questionnements (…) On sait que c’est un spectacle qui s’adresse aux Québécois, parce que ça va leur faire réaliser des choses. »

Dans cette scène, Carlo Weka tente d’obtenir des services gouvernementaux en français au Nouveau-Brunswick, se buttant à un employé unilingue anglophone, incarné par Ziad Ek. Photo : Catherine Archambault

Elle explique se demander si l’œuvre s’adresse « suffisamment à un public hors Québec », qui n’a pas besoin de se faire expliquer les bases de la francophonie minoritaire. Déjà, tout un pan de la recherche, qui touchait par exemple l’Île-du-Prince-Édouard ou la Nouvelle-Écosse, a dû être écarté, et l’aspect des cultures et langues autochtones n’est que brièvement mentionné.

« Faire de la création théâtrale, c’est faire des choix (…) On est au théâtre, pas dans un cours d’université »
— Danielle Le Saux-Farmer

Néanmoins, il est clair qu’un public militant franco-ontarien y trouvera son compte, que ce soit en poussant sa réflexion ou simplement en voyant sa réalité représentée.

Le spectacle mêle l’humour et l’émotion, les débats sont parfaitement incarnés et les conflits mettent en lumière de solides arguments de tous les côtés.

On pensera à l’explication du Québec, qui s’est dissocié des communautés francophones minoritaires dans des causes devant la Cour suprême, pour ne pas créer de précédent où les compétences des provinces seraient remises en question.

« Constater l’impasse de la solidarité, pour moi, c’est la chose qui résonnait le plus avec nos recherches », affirme Danielle Le Saux-Farmer.

Qui est francophone?

Même si la définition tend à s’ouvrir depuis la modernisation de la Loi sur les langues officielles, Statistique Canada considère pour l’instant comme francophone une personne qui déclare le français comme principale langue parlée à la maison.

Ce critère est désuet, ne tient pas compte du nombre de couples exogames et prend même racine dans une certaine xénophobie, affirme Danielle Le Saux-Farmer à ONFR. « C’est complètement faux de penser qu’un locuteur du français, qui œuvre en français dans la sphère publique, qui travaille en français, qui vit en français avec ses amis, mais qui parle mandarin, espagnol ou créole à la maison (n’est pas un francophone.) »

La pièce insiste d’ailleurs sur la richesse de l’immigration. Au 21e siècle, la survie du français au Canada ne passera (heureusement) plus par une revanche des berceaux.

Au Congrès mondial acadien en Nouvelle-Écosse, en août dernier, les Acadiens de partout dans le monde se réunissaient entre autres dans de grandes réunions de famille, pour célébrer les lignées historiques toujours debout. Photo : Rachel Crustin

Selon l’autrice et metteuse en scène, le discours qui insinue que l’immigration contribue au déclin du français « répond à d’autres critères politiques que celui de la protection de la langue. »

La pièce exprime bien que l’enjeu identitaire est vécu différemment selon notre origine. L’identité franco-ontarienne serait plus « inclusive » simplement parce que « ça prend de l’immigration francophone hors Québec pour survivre. »

Alors que les Québécois vivent encore en majorité linguistique, les Acadiens rattachent souvent leur identité à des lignées familiales historiques et au traumatisme intergénérationnel de la déportation de 1755. Dans la pièce, Carlo Weka raconte y chercher sa place, lui qui est né et a grandi dans la culture acadienne, mais avec un autre héritage génétique.

Des discussions continues

Avec plusieurs angles abordés, dont l’insécurité linguistique, les transfuges identitaires et la désolidarisation, nul doute que la discussion se poursuivra à l’école et à la maison. La discussion d’après spectacle, qui incluait l’équipe de Oh! Canada, les élèves dans la salle et leurs enseignants, apportait déjà son lot de réflexions supplémentaires, certains ayant manifestement été ébranlés dans leurs certitudes.

Au-delà de cet aspect, le sujet en lui-même continue d’évoluer. Dans la pièce, on présente plusieurs montages vidéo, des archives venant appuyer le propos, mais aussi des extraits beaucoup plus récents, comme l’annonce du premier ministre Justin Trudeau des changements de cible en immigration, le mois dernier.

La régisseuse et comédienne Moriana Kachmarsky est née à Toronto. Elle vit entre sa langue maternelle, l’ukrainien, sa langue majoritaire à la maison, l’anglais, et sa langue de travail, le français. Photo : Catherine Archambault

Depuis la régie, Moriana Kachmarsky incarne cet aspect en interrompant les présentations de ses collègues pour apporter certains correctifs.

Reste que le débat sur l’identité francophone, particulièrement émotif, garde ses grandes lignes de génération en génération. « La comparaison au Québec et le fait de se sentir invisibles à l’oeil des Québécois, c’est une blessure qui est encore vive », admet Danielle Le Saux-Farmer.

« On n’est pas dans un rapport de haine, mais on est désolidarisés »
— Danielle Le Saux-Farmer

Ce premier chapitre de Oh! Canada aborde quelques pistes de solutions : redonner du pouvoir aux municipalités, déconstruire des mythes et valoriser le bilinguisme.

« Si on lâche un peu la question identitaire, d’appartenance, et qu’on continue à comprendre que le bilinguisme français-anglais et l’acquisition du français au Canada, c’est un plus, ils (les jeunes) vont continuer à vouloir (parler français) », conclut la comédienne, elle-même issue d’une famille exogame.

Oh! Canada – Chapitre 1 : L’Est du pays est présentée jusqu’au 7 décembre à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins d’Ottawa. Une discussion avec les artistes aura lieu après la représentation du 6 décembre.

Le théâtre Catapulte ira ensuite présenter sa création à Montréal et Rimouski. D’autres villes et d’autres chapitres pourraient suivre.

Prioriser la famille avec Alexis Normand

Rachel Crustin reprend le volant pour faire connaissance avec l’autrice-compositrice-interprète et documentariste Alexis Normand. Sur les routes de Saskatoon, les deux femmes s’ouvrent sur leur identité francophone et se découvrent des liens en commun au sujet de la famille. Alexis soulève les défis imposés aux familles exogames en milieu minoritaire. Quels effets ses paroles auront-elles sur Rachel?

Immigration francophone : l’Ontario n’a pas atteint ses cibles en 2023 et a baissé ses quotas à 3 % pour 2024

TORONTO – Non seulement les cibles en immigration francophone déterminées par la province n’ont pas été atteintes en 2023, mais les quotas sont vus à la baisse pour 2024, passant de 7 à 3 %. À ce constat du rapport annuel de la vérificatrice générale de l’Ontario, s’ajoutent des recommandations au ministère de l’Immigration de mieux surveiller le rendement du Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) par rapport aux cibles.

Publié aujourd’hui, « l’audit réalisé visait à déterminer si le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences avait mis en place des processus et des systèmes efficaces pour que le POCI » corresponde aux besoins du marché du travail en Ontario pour l’obtention du statut de résident permanent et produise le résultat attendu.

Le gouvernement fédéral fixe des cibles en matière d’immigration et administre toutes les demandes de résidence permanente. En revanche, le POCI est le principal moyen par lequel la province donne son avis sur l’immigration économique en Ontario, lui permettant de sélectionner des candidats dont les compétences et professions répondent à ses besoins.

Or, les chiffres mis en avant pour 2023 révèlent un écart significatif entre les cibles francophones à 7% et les 1,8% atteints.

En parallèle, on découvre que les cibles sont revues à la baisse pour 2024, les quotas francophones passant de 7 à 3%.

Cibles et résultats pour les objectifs stratégiques du POCI entre 2022 et 2024. Source : Audit du rendement Programme ontarien des candidats à l’immigration, Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario
Le programme Entrée express de l’Ontario, Travailleurs qualifiés francophones est passé de 401 candidats en 2019 à 251 en 2023. Source : Audit du rendement Programme ontarien des candidats à l’immigration, Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario

Parmi les objectifs définis par le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI) du ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences, le sixième s’attache à « Soutenir l’immigration francophone en Ontario ».

La vérificatrice générale recommande au ministère qu’il « finalise et mette en œuvre un ensemble complet de mesures et de cibles de rendement clé pour le POCI, en tenant compte de toutes les fonctions du programme, avec des mesures pour tous les objectifs énoncés du programme, y compris les besoins du marché du travail pour des professions particulières en fonction des postes vacants et du soutien à l’immigration francophone ».

Il est fait mention de mieux surveiller et d’analyser annuellement les résultats des indicateurs de rendement par rapport aux cibles.

Le ministère assume ses objectifs francophones revus à la baisse

Le ministère du Travail, de l’Immigration, de la Formation et du Développement des compétences, qui aurait accepté ces recommandations, dit avoir « élaboré un cadre IRC » avec des indicateurs harmonisés avec les objectifs stratégiques du POCI couvrant notamment « la régionalisation et les cibles en matière de francophonie ».

Source : Audit du rendement Programme ontarien des candidats à l’immigration, Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario

Nous avons également interrogé le ministère sur le gap de 2023 entre les objectifs à 7% et un résultat à 1,8% d’immigration francophone.

Celui-ci n’a pas été en mesure d’expliquer les raisons de cet écart, mais a confirmé avoir décidé de réajuster à 3 % « pour mieux s’aligner sur les tendances actuelles suite aux difficultés rencontrées pour attirer suffisamment de candidats qualifiés l’année dernière ».

D’affirmer : « Nous nous concentrons sur la mise en œuvre des recommandations de la vérificatrice générale visant à renforcer davantage le programme, notamment grâce à une plus grande autonomie et à une augmentation des allocations de candidature. »

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a réagi en appelant à une action immédiate pour atteindre la cible de 3 % en immigration francophone.

« L’immigration est un pilier essentiel pour la vitalité de nos communautés francophones, et il est impératif d’améliorer l’offre de services en français et de pourvoir les postes vacants. Nous réitérons notre engagement à collaborer avec le gouvernement pour renforcer l’immigration francophone, un levier clé pour le développement économique et culturel de l’Ontario », a déclaré le président de l’AFO Fabien Hébert.

Le définancement de CBC serait « catastrophique » pour la francophonie ontarienne

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) considère que l’impact d’un possible définancement de CBC sur Radio-Canada serait catastrophique pour la communauté franco-ontarienne.

Le Parti conservateur sous Pierre Poilievre propose de définancer entièrement le pendant anglophone de la société d’État, mais son chef assure que cela n’affectera pas le contenu francophone. L’actuelle présidente du diffuseur public, Catherine Tait, estime qu’une telle manœuvre ne permettrait pas à Radio-Canada de s’en sauver indemne, car les deux entités partagent plusieurs ressources, opérations et infrastructures comme des salles de nouvelles par exemple.

Les organisations francophones au pays considèrent aussi qu’une telle opération viendrait nuire aux communautés francophones en milieu minoritaire en raison de la proximité entre les deux entités.

« Perdre une des deux antennes serait assez catastrophique », a soutenu le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, devant le Comité sénatorial des Transports et communications, qui procède à une étude sur la question des services locaux à CBC/Radio-Canada.

Pour l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens, une telle opération viendrait remettre en question l’existence « du petit bureau francophone » dans une région anglophone sans l’infrastructure de CBC qui l’accompagne.

« Mon inquiétude est qu’on va avoir tellement peu que ça va être impossible de remplir le mandat. Reste à voir dans une Radio-Canada qui est indépendante ou détachée de CBC, mais ce sont des questions inquiétantes, quand t’as tellement peu dans une région minoritaire, de perdre le peu que tu as », a plaidé M. Hominuk.

« C’est pour ça qu’on utilise le mot catastrophique parce qu’on a de la misère à comprendre comment notre section francophone pourrait survivre sans le reste de l’entité », a ajouté le dirigeant de l’AFO.

La promesse conservatrice de retirer le financement au secteur anglophone de la société d’État serait peut-être accueillie « indifféremment » s’il « y avait une volonté claire de financer le réseau francophone indépendamment du réseau anglophone », signale de son côté le président de l’AFO, Fabien Hébert.

« On supporterait qu’une Radio-Canada francophone indépendante soit créée, mais on a besoin de l’infrastructure nécessaire », demande-t-il.

Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Fabien Hébert. Crédit image : Lila Mouch

Mais la réalité plus probable, avance M. Hébert, est que l’on se retrouverait avec « des coûts exponentiels pour le maintien de Radio-Canada » et que l’on va donc « se retrouver devant une situation où on va nous dire que ça coûte trop cher pour le réseau francophone, alors on va définancer ce réseau aussi ».

À l’heure actuelle, le financement pour ICI Ontario, l’antenne de Radio-Canada dans la province, stagne ou n’augmente pas, soutient M. Hébert qui croit qu’il y a eu une réduction des effectifs en Ontario. Il cite l’exemple de Radio-Canada à London qui a cessé de produire des émissions locales il y a quelques années. Les francophones de London devaient donc se tourner vers la station de Toronto pour leur signal radiophonique avant qu’il ne soit redirigé vers la station de Windsor à la demande des gens de la communauté francophone à London. 

L’AFO donne aussi l’exemple d’Ottawa où vivent la majorité des francophones de la province, qui « ont accès à un demi-bulletin de nouvelles et même moins que ça » à la radio en raison du contenu québécois, car la station ottavienne est attachée à celle de Gatineau.

Féminicides : « On bat des records », déplore Dada Gasirabo

Dada Gasirabo est la directrice générale d’Oasis Centre des femmes qui vient en aide aux femmes francophones victimes de violence.

C’est autour de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes que sont organisés les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (VBG) jusqu’au 10 décembre. Une campagne mondiale de sensibilisation, de revendication et d’éducation du public, au cours de laquelle Oasis Centre des femmes invite à se joindre à une série d’événements et d’ateliers.

La province a enregistré 52 féminicides cette année. Le projet de loi 173, « sur l’épidémie de violence entre partenaires intimes », visant à déclarer la violence conjugale comme étant une épidémie est au point mort. Si la sensibilisation est primordiale, selon l’organisme, les systèmes doivent prendre le problème à la racine en prévenant la violence pour l’empêcher de se perpétuer.

« Dans quel contexte ces 16 jours d’activisme ont-ils été initiés?

Cela a commencé en 1991 à la suite de deux féminicides en République dominicaine, perpétrés le 25 novembre 1960, jour choisi pour commémorer la vie des sœurs Mirabal violemment assassinées. Un groupe d’activistes s’est organisé et l’initiative a été soutenue par l’ONU Femmes.

Le mouvement a par la suite pris une dimension mondiale, ce qui est un grand soulagement, car la campagne vise la sensibilisation et l’éducation du grand public et sert de support pour multiplier les activités et les occasions d’engagement communautaire.

Pour ce faire, vous travaillez avec un groupe « d’hommes alliés ». Quel rôle jouent-ils?

Le groupe d’hommes d’alliés est une initiative que nous avons développée à Oasis. Depuis 2017, ces huit hommes très engagés s’occupent de la communication et de l’organisation autour des 16 jours d’activisme. Les activités organisées vont du forum aux panels, conférences et ateliers de formation.

À la fin de la campagne, le groupe prend toujours part à une discussion sur un sujet pertinent qu’il développe dans le cadre de l’engagement des hommes pour la lutte contre la violence faite aux femmes. Depuis l’année dernière, ils vont à la rencontre des jeunes dans les universités et collèges pour parler de la notion d’égalité entre hommes et femmes et pour les intéresser à prendre part à des discussions sur l’égalité.

Selon la directrice générale d’Oasis Centre des femmes, Dada Gasirabo, déclarer la violence entre partenaires intimes une épidémie serait une avancée importante. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Outre la campagne, pouvez-vous nous rappeler ce que fait au quotidien Oasis Centre des femmes pour lutter contre la violence faite aux femmes?

Notre organisme, qui fêtera ses 30 ans l’année prochaine, avait été initialement créé par la communauté pour s’attaquer au problème des agressions sexuelles, offrant un accompagnement aux femmes francophones victimes de ce fléau. Au fil des années, on a élargi le spectre. Une femme victime de violence, qu’elle soit d’ordre sexuel, physique, émotionnel, économique, peut venir chez nous.

Il existe des programmes individuels de soutien pour des femmes victimes de violence conjugale pour leur permettre de trouver un logement. Oasis a d’ailleurs été l’instigateur de la première maison d’hébergement pour femmes francophones de Toronto, dont le besoin était pressant.

Notre accompagnement dépend du besoin que les femmes nous présentent. Nous offrons par exemple un programme pour les femmes nouvellement arrivées, un concernant la sécurité économique des femmes, un autre sur l’emploi ou encore un accompagnement des entrepreneures francophones.

L’autonomie financière reste une grosse barrière pour qu’une femme se sorte de la violence. Nous visons une guérison saine et renforcée, mais parfois on sait qu’on nage à contre-courant. Il devrait y avoir une prévention primaire qui aborde la connaissance des signes avant-coureurs et facteurs de risque de la violence.

La société et les gouvernements ont leur rôle à jouer. Prendre le problème par tous les bouts est le seul moyen. L’intervention précoce permettrait de prévenir beaucoup de violence. Si les gens sont sensibilisés, la violence va diminuer. En parallèle, nous avons des programmes communautaires de prévention auprès du public, notamment avec les écoles. Si on ne travaille pas à la racine dès le plus jeune âge, la violence se propage, c’est un phénomène en chaine.

A-t-on battu de nouveaux malheureux records ces dernières années?

Il y a eu 52 féminicides en Ontario cette année, moyenne similaire à l’année précédente. On bat des records c’est certain, et c’est sans compter le nombre de meurtres de femmes et de filles qui n’ont jamais été rapportés, notamment pour les femmes autochtones, c’est démesuré. Il y a beaucoup de frustrations dans nos sociétés et elles se rabattent toujours sur les femmes. Or, quand les femmes ne vont pas bien, les enfants ne vont pas bien non plus et c’est la société entière qui souffre depuis ses fondations, perpétuant un cycle vicieux.

Lundi dernier, le NPD a de nouveau demandé au gouvernement de déclarer la violence entre partenaires intimes une épidémie. Que pensez-vous de ce projet de loi toujours au point mort?

C’est une aberration pour la province de l’Ontario. Cette revendication était partie d’une recommandation (le commissaire à la protection de la vie privée de l’Ontario a publié 86 lignes directrices) à la suite de deux femmes dans l’Est de l’Ontario.

Le premier ministre Doug Ford a dit que la violence n’est pas une maladie contagieuse. C’est faux, quand on voit que les enfants qui ont été exposés sont les prochains abuseurs ou les prochaines victimes. Nous ne devrions pas rester là à croiser les doigts et il faut continuer à pousser. Ce statut d’épidémie servira à débloquer les ressources pour changer la donne. »

La (re)naissance

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

Je vous le dis toute de suite dans ce chapô nain : ELLE s’est avérée finalement être IL, et moi aussi j’en étais abusé! Ô combien cela mérite d’amples explications! La voici :

Lors de ma première, j’avais écrit ceci : « À juger par les coups de pied que cette dernière donnait dans le ventre de sa mère, il était certain qu’il y avait au moins une personne à bord de ce vol qui n’avait aucune incertitude quant au bienfondé de notre présence ici. »

À cette époque, je pensais dur comme fer, avec la certitude du scientifique, que dans cet abdomen douillé donneur de vie pataugeait une petite fille, future prunelle de mes yeux, amen!

Oui! Avec la certitude du scientifique, car avant d’arriver au Canada, un médecin gynécologue à la moustache virile nous avait prédit une fille, et ce avec une apaisante probabilité de 80 %, examen radiographique à l’appui. Alors, étant moi-même ingénieur statisticien de formation (ce n’est pas une blague), je n’ai guère cherché à en savoir plus, d’autant plus que j’ai toujours voulu une fille, je lui avais même soigneusement gardé un prénom dans le secret et la pusillanimité de ma pensée.

Bébé patience

Loupé! bancale prophétie qui fit évaporer mon rêve d’être un papa poule proche et complice de sa fifille. Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsque mon enfant vint au monde avec un zizi.

« Il sortira lorsqu’il en aura envie », disait la plus sage des sages-femmes avec un calme et une douceur à apaiser une montagne. Il choisit de le faire un 8 octobre durant une soirée plus clémente en température que ses congénères de la saison, soit deux semaines seulement après que j’eus renoué avec la stabilité d’un travail et la chaleur d’un toit.

Dans le fait, il était bien en retard sur la date estimée par la plus sage des sages-femmes (sans qu’elle y accorde la moindre importance), comme si, à chaque jour suffit sa peine, il ne voulait pas ajouter une autre responsabilité à la nôtre! Ou peut-être qu’il n’était tout simplement pas pressé de découvrir ce bas monde, surtout juste avant la malédiction qui s’apprêtait à s’abattre sur l’humanité tout entière! Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, cela fera l’objet de la prochaine chronique.

Notons au passage que je garde volontairement le silence sur le prénom de mon fils, non pas que j’ai une mauvaise opinion de mon lectorat ou que je ne lui fais pas confiance, loin de là, mais je crains qu’un jour, une fois adolescent, il me reproche d’avoir étalé son intimité au premier venu sachant lire! Que voulez-vous, les chiens ne font pas des chats.

Mères courage

C’est donc au nom de cette crainte atavique que j’épargne les détails plasmatiques de la délivrance à laquelle j’ai assisté en première ligne. Je ne me pensais pas être capable d’une telle « bravoure », et pourtant, à nécessité ses propres lois, sauf une, celle d’en être l’acteur et non le spectateur, celle de donner la vie en supportant l’inénarrable douleur qui en découle.

D’ailleurs, nul homme – avec moustache ou pas – ne pourrait supporter un accouchement naturel. Qu’on me tranche les phalanges, indispensables outils à mon métier (mais probablement pas pour longtemps), si ce n’est pas vrai. Alors, à la mère de mon enfant, à toutes les mamans d’ici et des mères d’au-delà des océans : Soyez bénies et baignant dans le respect de la tête aux pieds.

Une autre conviction qui bouleversa jusqu’au cours futur de ma vie, et là encore cela s’était manifesté en un souffle, en un battement de cils, surgit lorsqu’on posa le bébé sur ma peau pour la première fois, nu comme un ver dans un skin-to-skin étreignant une naissance et une renaissance, la sienne et la mienne malgré le biais de l’âge, une continuation, en somme.

Il se nourrissait olfactivement de moi et moi de lui, un unique repas originel qui allait nous rassasier tous les deux pour le restant de nos vies. Ce fut en portant une bouchée à mon cerveau de ce fondamental effluve que la lumière fut dans mon esprit : l’ordre de mes priorités venait d’être bouleversé du tout au tout. Plan de carrière, éphémère sociale ascension… foutaises, je laisse maintenant cela à Scorsese. À partir de cette nuit, mon plan de carrière sera toi et ton bonheur, mon fils.

Les youyous ne résonnèrent guère

À moi donc les couches et les nuits blanches dans la joie et la bonne humeur. Toutefois, cette dernière nous quitta lorsqu’on rentra à trois chez nous le soir même après en être sorti à deux.

En temps normal, au Royaume du soleil couchant, on eût dû être accueilli par les youyous experts d’une tante meneuse, prémices d’une longue fête des âmes et des palais. Au lieu de cela, on eut droit au silence pour réception, dans l’indifférence de meubles ternes et d’une télé éteinte, nous rappelant ainsi notre statut de réfugiés des cœurs.

Je lus dans les yeux épuisés de la maman courage toute la détresse et l’intensité du moment. Je demeurais sclérosé, ne sachant quoi faire avant que le spleen n’assombrît notre plafond d’abord, puis notre horizon.

Ce que je ne sus faire, les quatre kilogrammes de fragilité et 21 grammes d’amour (le poids d’une âme) que je tenais dans les bras le surent. Le nourrisson se réveilla, s’étira puis bailla un bon coup avant d’entamer sa première « symphonie » à domicile. Il avait déjà faim, et son appétit s’annonçait coriace. Et puis la lumière fut sur nos visages à nouveau.

Spéciales dédicaces

Enfin, je ne peux clore cette chronique sans évoquer un fait qui m’avait tellement réchauffé le cœur que mes larmes avaient gagné mes yeux en état d’évaporation, ne pouvant que les mouiller, sans en couler. Le lendemain, avec une discrétion de félin, quelques voisins dont certains nous étaient encore inconnus déposèrent devant notre porte des cadeaux et un petit mot de bienvenue au bébé. In fine, aucun être humain n’est seul, peu importe où il se trouve sur cette planète, il suffit d’y mettre le cœur, les cœurs.

Comment clore également cette chronique sans la dédicacer à Fariba, la plus sage des sages-femmes. Ce petit bout de dame aux cheveux aussi gris que les yeux sous le regard desquels le plus vigoureux des guerriers spartiates se sentirait protégé m’a appris à être père dans l’exil consenti.

Ce sont des femmes de la trempe de Fariba qui devraient gouverner ce monde pour le mener à la paix éternelle. Utopie, toujours cette satanée utopie! J’entends déjà ma mère me dire outre-mer : « Soufiane, mon fils, quand est-ce que tu grandiras? » Et moi de répondre dans le lâche mutisme de mon esprit : « Jamais, mère, jamais. »

À bon entendeur, salamoualikoum (que la paix soit sur vous).

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Ski alpin : Valérie Grenier de retour, en quête de son niveau d’antan

KILLINGTON (ÉTATS-UNIS) – Plus de neuf mois après son grave accident sur le super-G de Cortina d’Ampezzo, Valérie Grenier entrevoit enfin le bout du tunnel. Elle fera son retour sur les pistes lors de l’étape de Coupe du monde, ce samedi à Killington dans le Vermont. Une occasion de rechausser les skis et surtout de faire le point sur son niveau avant l’échéance la plus importante de son début de saison, Mont Tremblant les 7 et 8 décembre. 

À la veille de l’événement aux États-Unis, la native d’Ottawa a confirmé, sur son compte Instagram, sa participation au slalom géant qui marquera officiellement son retour à la compétition après des mois de rééducation et de remise en condition physique suite à sa terrible chute le 30 janvier dernier en Italie, qui lui avait valu une fracture de l’humérus, une déchirure du ligament croisé antérieur et déchirure partielle du ligament croisé postérieur du genou, ainsi qu’une opération à l’épaule.

« Devinez qui est de retour? Eh oui, je vais officiellement prendre le départ à Killington ce week-end et j’ai hâte! » lance Valérie Grenier sur ses réseaux Photo : capture d’écran du compte Instagram de Valérie Grenier

Interrogée par ONFR, la skieuse confie se sentir bien et être prête mentalement à reprendre la compétition. 

« Maintenant, je ne pense même plus à la blessure, ce n’est même pas dans mes pensées. J’ai l’impression que je suis normale, comme les autres filles. Je trouve ça vraiment cool. Ça va super bien. J’ai hâte de voir en vitesse comment ça va se passer. » 

Le retour à la compétition a été progressif pour Valérie Grenier qui est passée par plus de six mois de rééducation avec des hauts et des bas. Elle décrit notamment des périodes difficiles entre douleurs à l’humérus et raideurs au genou. 

« Finalement, j’ai commencé à pouvoir bouger mon genou de mieux en mieux, puis tout a commencé à s’améliorer à ce moment-là. J’ai recommencé à prendre de la force dans le gym. »

Des douleurs inattendues au tibia

La seconde étape a ensuite été de retrouver ses coéquipiers de l’équipe canadienne de ski lors de la traditionnelle préparation de la fin de l’été dans l’hémisphère sud. 

Un stage au Chili qui lui a réservé son lot de difficultés avec des douleurs au tibia qui ont fait surface. 

« Au Chili, ça a été quand même difficile à gérer, parce que mon genou allait super bien, ce n’était plus vraiment un souci. Mais ces douleurs au tibia, c’était frustrant d’avoir un problème qui n’était même pas la blessure en tant que telle », confie-t-elle.

« C’est certain que c’était relié à la blessure, quand même. Il me manquait encore un peu de préparation au niveau des impacts, c’était comme si mon tibia n’était pas encore habitué à ça. »

Le temps et le travail de renforcement musculaire ont finalement permis à la skieuse de retrouver l’intégralité de ses moyens sur la fin du séjour en Europe, où elle a accompagné ses coéquipiers pour la compétition à Sölden, en Autriche, les 26 et 27 octobre dernier. 

« Deux semaines après Sölden, ça s’est vraiment amélioré. J’avais peu de douleurs côté ski et de bonnes sensations. Je trouvais que je commençais à mieux skier, par rapport au début où c’était plus un genre de retour sur neige. Je trouve que j’ai fait de beaux progrès. Les douleurs ont bien diminué et maintenant, on est rendu aux États-Unis. »

Objectif Mont-Tremblant 

La compétition à Killington va permettre à l’Ottavienne de jauger son niveau de performance avant de retrouver son public, début décembre, à Mont-Tremblant, sa « compétition préférée ». Tout au long de sa convalescence, l’athlète a reçu un soutien immense sur les réseaux sociaux, au point même d’avoir du mal à gérer ce trop-plein d’amour. 

« Au début, tout de suite après ma blessure, ça a été même un peu trop. Je ne savais pas trop comment gérer tout ça. C’était beaucoup. Je voulais essayer de répondre à tout le monde et être vraiment gentille, mais j’ai dû tout mettre de côté, prendre une pause. Mais par la suite, tranquillement, j’ai commencé à répondre aux messages. J’ai vraiment ressenti beaucoup d’amour et de soutien. C’est certain que ça m’a aidé à me pousser à travailler fort pour revenir où  j’en suis rendue maintenant, puis encore plus loin. C’était grandement apprécié. »

Les blessures désormais derrière elle, Valérie Grenier à le regard tourné vers cette saison. Difficile de se fixer des objectifs précis en termes de compétitions qu’elle aimerait remporter, mais retrouver sa place dans le haut du classement mondial pourrait être le signe d’une année réussie. 

« Évidemment, c’est une année différente pour moi. Comme je l’ai dit, je ne sais pas à quoi m’attendre, mais je crois beaucoup en moi. Je n’ai pas envie de dire, je veux tel ou tel podium, je ne sais pas. Mais rester dans mon ranking, ce serait super positif. Je pense que ce serait vraiment une année accomplie pour moi si je faisais ça. »

À plus long terme, les Jeux olympiques d’hiver en février 2026 du côté de l’Italie sont déjà dans un coin de sa tête. 

« Je trouve que le timing est quand même bon, dans le sens où j’ai une année pour m’y remettre. Puis ensuite, on aura la saison olympique, donc évidemment, une saison très importante. J’aimerais vraiment être à mon niveau optimal juste avant les Jeux. Ce serait parfait. »

La Place des Arts de Sudbury « dorénavant gérée comme une petite entreprise »

SUDBURY – Le conseil d’administration de la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury a adopté une nouvelle vision d’affaires visant à assurer sa pérennité. Révision des tarifs, fermeture du service de restauration et création d’un institut figurent parmi les orientations de l’organisme pour les prochaines années.

« La PDA est dorénavant gérée comme une petite entreprise. On demeure un organisme à but non lucratif mais on initie des projets pour générer des revenus », confie Denis J. Bertrand qui assure le rôle de directeur général par intérim depuis quatre mois.

Il y a quelques mois, ONFR apprenait que la Place des Arts accusait un déficit de près de 500 000 $ et que son bistro ne générait pas de profits. L’organisme annonce, désormais, la fermeture du service de restauration du bistro.

La carte du bistro avait été revue plusieurs fois pour s’ajuster à la demande. Source : Place des Arts

Des tarifs inférieurs à ceux de la compétition

Parmi les autres nouveautés, on compte l’application de frais additionnels de 25 % ainsi qu’un tarif majoré à temps et demi pour toute demande de service reçue dans les sept jours précédant un événement.

« C’est juste un bon sens de business », affirme de son côté René Lapierre, président du conseil d’administration de la Place des Arts.

L’organisme a aussi procédé à une révision des tarifs de location de salle, comme chaque année, selon le directeur général.

« Les tarifs actuels de la PDA ne couvrent pas les dépenses réelles nécessaires pour opérer les espaces », affirme également la direction, dans une note de service interne, après avoir entrepris une étude afin de comparer les tarifs de location des installations de la PDA avec ceux en vigueur chez d’autres lieux de diffusion des arts de la scène en ville.

« Notre première analyse démontre que les tarifs de la PDA sont largement inférieurs à ceux de nos homologues régionaux, bien que nos salles bénéficient d’une meilleure infrastructure et d’équipements de haute qualité. »

Denis J. Bertrand a été impliqué dans la création de la Place des Arts. Crédit image : Inès Rebei/ONFR

Un institut de professionnalisation artistique et culturel

Pour accroître l’attraction autour de la PDA, le conseil d’administration a approuvé à l’unanimité la création d’un institut de professionnalisation artistique et culturel (IPAC). Il s’agit d’une des initiatives visant à faire de la PDA « une plaque tournante pour les arts, la culture et le patrimoine non seulement au niveau local, mais au niveau provincial et national ».

Sa mission : « soutenir le développement artistique et professionnel des artistes, des gestionnaires culturels, artistiques et patrimoniaux, des travailleuses et des travailleurs de ces secteurs par l’entremise de programmes annuels qui répondront à leurs besoins. »

Cet institut sera composé de deux volets : développement de compétence et développement artistique.

Pour le premier versant, il s’agira notamment de rendre disponibles des formations en gestion et développement de stratégie pour les professionnels de l’industrie, d’ateliers pratiques pour les métiers techniques, d’outils pour l’organisation d’évènements culturels ou encore le partage de ressources entre organismes et pairs.

La Slague offre également un programme de résidence artistique. Source : La Slague

Pour le second, on parle de mettre en place des résidences artistiques, des soutiens aux artistes et des stages de création.

« L’objectif n’est pas de retirer ni remplacer ce qui existe déjà, mais plutôt de mutualiser les ressources et de rassembler les initiatives de chacun sous une bannière commune », souligne-t-on dans un autre document obtenu par ONFR.

Des années avant de voir des retombées

Prochaine étape : mettre sur pied un comité afin de guider le développement du projet.

Bien qu’il n’y ait pas encore de date pour son lancement, l’institut devrait officiellement démarrer en 2025-2026 après une année de développement et un possible projet pilote.

« En tant que destination de choix pour les arts, la culture et le perfectionnement professionnel, l’Institut attirera des visiteurs de tout l’Ontario et d’ailleurs, ce qui contribuera à accroître la demande dans les hôtels, les restaurants et les magasins de détail de la région. »

Photo au Collège Boréal'
Le Collège Boréal ferait partie des discussions pour établir un partenariat dans le cadre de l’IPAC. Crédit image : Inès Rebei/ONFR

Ce projet s’inscrit dans le cadre du renouvellement du Plan directeur du centre-ville du Grand Sudbury et l’énoncé économique 2024.

« 2024 a été une bonne année »

Le président du conseil d’administration se veut enthousiaste concernant la situation financière actuelle de l’établissement qui a fêté ses deux ans en avril dernier et qui perdait, au même moment, son directeur général.

M. Lapierre a fait savoir que les chiffres de l’année 2024 seront présentés lors de l’assemblée générale annuelle en janvier : « On va voir ce que ça va nous apporter mais je peux dire que c’est mieux que l’an passé. »

Et d’ajouter : « Statistiquement, pour les petites entreprises, ça peut prendre jusqu’à cinq ans avant de voir du profit. »

Celui qui est aussi conseiller municipal pour la ville du Grand Sudbury souhaite lancer un message aux sceptiques : « Si vous vous vous inquiétez au sujet de la PDA, venez nous voir, venez à nos concerts, prenez un verre avec nous autres, vous allez voir que vous aurez du fun! »

« On a augmenté nos revenus grâce aux locations et on a des clients externes qui nous ont déjà indiqué une volonté d’accroître leur utilisation de nos espaces. 2024 a été une bonne année et on anticipe que 2025 sera encore meilleure », juge de son côté M. J. Bertrand qui ajoute qu’il ne serait pas là s’il ne croyait pas en l’avenir de la Place des Arts.

Ojibwé : se réapproprier la langue de ses ancêtres

Mitchell Akerman est Métis, pourtant, il n’a pas grandi en parlant la langue de son peuple : l’ojibwé. Né à Midland sur les rives de la baie Georgienne, Mitchell a connu une époque où l’identité autochtone était accompagnée d’un stigma, la langue étant rarement transmise aux jeunes générations. Maintenant adulte, il redécouvre cette partie fondamentale de son héritage et aide à son tour à la transmettre aux autres.

Films, musique, chorale… comme un air de temps des fêtes 

L’esprit des fêtes se répand progressivement et Sudbury prend les rênes, dès ce week-end, pour répandre sa magie avec un spectacle de Noël des Troubadours. Mais de nombreux autres événements non liés aux fêtes se déroulent cette semaine, avec des films au premier plan et un concert de musique classique mettant en vedette l’un des pianistes français les plus renommés, Bertrand Chamayou.

Projection du documentaire théâtrale Oh! Canada

Dans ce premier chapitre intitulé, L’Est du pays du projet documentaire pancanadien du Théâtre Catapulte, Oh! Canada, une troupe de comédiens s’attaque à la côte est du Canada en traversant le Québec et les Maritimes, là où réside une grande majorité de francophones, pour sonder l’état du fait français. Mené d’un ton humoristique et décontracté, cette pièce fait la lumière sur l’immigration, la francisation et la montée de l’anti-bilinguisme qui se propage à travers certaines régions de l’Est. À voir à la Nouvelle-Scène Gilles-Desjardins.

La pièce Oh! Canada. Photo : Christophe Pean

Ottawa, du 4 au 7 décembre. Billets et programmation sur le site de La Nouvelle Scène Gilles-Desjardins.

« Vous n’êtes pas seuls » sur grand écran à Sudbury

Une comédie romantique attend ceux qui souhaitent regarder un film français ce week-end. Au Sudbury Indie Cinema, les cinéphiles auront l’occasion de voir l’oeuvre québécoise Vous n’êtes pas seuls, réalisé par Marie-Hélène Viens et Philippe Lupien. Selon les détails du communiqué, le film porte sur l’histoire de  «  Léo, un livreur de pizza solitaire et anxieux, tombe sur John, un mystérieux chauffeur de taxi à la recherche d’âmes esseulées.  » À la suite de cette rencontre, toute une aventure attend Léo. 

Le film de Marie-Hélène Viens et de Philippe Lupien, Vous n’êtes pas seuls. Photo : Gracieuseté de SND

Sudbury, le 1er décembre. Billets et détails sur le site du Sudbury Indie Cinema.

Le pianiste Bertrand Chamayou partage la scène avec la soprano Barbara Hannigan

La soprano canadienne originaire de Waverley, Nouvelle-Écosse, Barbara Hannigan est de retour au Koerner Hall pour son deuxième récital avec le célèbre pianiste et interprète français Bertrand Chamayou. Le très large répertoire de ce dernier couvre plusieurs intégrales majeures du répertoire, comme l’œuvre complète pour piano de Ravel, les Études Transcendantes et les Années de pèlerinage de Liszt, ou encore les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus d’Olivier Messiaen. L’audience de jeudi soir peut s’attendre à écouter les compositions d’Olivier Messiaen, Alexander Scriabin et John Zorn.

Le pianiste Bertrand Chamayou. Photo : Marco Borggreve

Toronto, 28 novembre. Billets et programmation sur le site de Koerner Hall.

L’esprit du temps des fêtes incarné par Les Troubadours

Avec les fêtes de fin d’année qui approchent, les concerts de Noël commencent à se multiplier à travers l’Ontario. Dans le Nord, la chorale Les Troubadours donne le coup d’envoi de l’esprit des fêtes à la Place des Arts du Grand Sudbury. 

Les Troubadours. Photo : Gracieuseté de La Slague.

Sudbury, le 30 novembre. Billets et programmation sur le site de La Slague. 

Spectacle annuel du Chœur de La Clé animé par Stéphane Paquette 

Sous la direction musicale de Germaine Lespérance et animée par le chanteur franco-ontarien Stéphane Paquette, le groupe de chorale Le Chœur de La Clé se rassemblera à l’Église Sainte-Croix de Lafontaine pour chanter les belles musiques de Noël. Une partie des profits de la vente des billets sera remise à la Société de Saint-Vincent de Paul ainsi que les denrées non périssables amassées lors du spectacle.

Notes de musique. Photo : Getty images.

Tiny, ON, le 8 décembre. Billets et programmation sur le site de La Clé.

 

Le Nord de l’Ontario abritera le tombeau nucléaire canadien

IGNACE – Au terme de près de 15 ans de discussion et de recherches, c’est finalement le Nord de l’Ontario que se trouvera le futur site du tombeau nucléaire canadien. La région d’Ignace et la Nation ojibwée de Wabigoon Lake ont été préférées face à South Bruce dans le Sud-Ouest ontarien.

C’est dans un communiqué paru ce jeudi que la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) a annoncé cette nouvelle présentée comme historique. Le processus de sélection d’un site pour ce projet de 26 milliards de dollars a commencé en 2010 avec 22 emplacements potentiels et a finalement été réduit à deux finalistes en Ontario.

« Ce projet résoudra un problème environnemental et soutiendra les objectifs de lutte contre les changements climatiques du Canada. La décision d’aujourd’hui est le fruit d’un processus de sélection d’un site fondé sur le consentement et dirigé par les Canadiens et les peuples autochtones », a déclaré Laurie Swami, présidente et chef de la direction de la SGDN.

Ces communautés, situées non loin de Thunder Bay, avaient récemment approuvé l’accueil du site du dépôt géologique en profondeur du Canada pour le combustible nucléaire irradié provenant de réacteurs nucléaires au Canada.

Selon la SGDN, « ce projet apportera un large éventail d’avantages aux collectivités hôtes, à la région et au Canada dans son ensemble au cours de 175 années de sa mise en œuvre », y compris des emplois et des investissements.

Une décision bien accueillie

Les réactions n’ont pas tardé à tomber du côté d’ignace. La mairesse du canton d’Ignace, Kimberly Baigrie, s’est dit « honorée et très fière d’avoir été choisie » aux côtés de la Première Nation de Wabigoon Lake.

« Les résidents du canton d’Ignace se sont exprimés haut et fort cette année et ont fortement indiqué notre soutien global », souligne également celle qui a été officiellement élue en janvier dernier.

De son côté, le chef de la Nation ojibwée de Wabigoon Lake, Clayton Wetelainen, déclare :  « Le Chef et le conseil de la Première Nation de Wabigoon Lake considère que notre rôle en tant que hôte du site de déchets nucléaires comme une des responsabilités les plus importantes de notre temps ».

Et de continuer : « Nos membres ont clairement exprimé leur volonté que nous avons le courage et la bravoure nécessaires pour passer à la prochaine étape de ce projet ».

Le projet sera ensuite soumis à un processus réglementaire rigoureux, tel que défini par l’Agence d’évaluation d’impacts du Canada et la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Droits linguistiques : les aéroports canadiens à nouveau rabroués par une cour fédérale

OTTAWA — Le Franco-Ontarien Michel Thibodeau a remporté une autre manche dans ses batailles judiciaires contre les aéroports du pays pour des violations de droits linguistiques, cette fois-ci devant la Cour d’appel fédérale.

Mardi, le tribunal a maintenu deux jugements connexes favorables au Franco-Ontarien d’Ottawa qui alléguait diverses violations de ses droits linguistiques.

Le premier jugement implique l’Administration des aéroports régionaux d’Edmonton et le second, l’Administration de l’Aéroport international de St. John’s. Dans les deux cas, M. Thibodeau alléguait que les communications sur les réseaux sociaux et sur leurs sites web ou encore des slogans aux aéroports étaient seulement disponibles en anglais et que cela violait la Loi sur les langues officielles (LLO). 

S’appuyant sur des enquêtes réalisées par le Commissariat aux langues officielles (CLO) lui étant favorables, Michel Thibodeau a poursuivi les deux administrations aéroportuaires dans les dernières années pour violations des droits linguistiques. Il avait remporté ses deux batailles en recevant en dommage et intérêts 5 000 $ dans chaque cause. Au total, il aura reçu près de 20 000 $ avec le remboursement des frais d’avocats. Mais les deux instances aéroportuaires avaient porté ces décisions rendues en 2022 en appel.

Elles ont été rejointes par les 17 administrations portuaires au Canada et les 100 aéroports au pays, via leurs associations nationales respectives, qui sont intervenues dans l’affaire notamment pour contester l’octroi de dommages et intérêts.

Mais, dans une décision rendue mardi par les juges de la Cour d’appel fédérale, Richard Boivin, René LeBlanc et Nathalie Goyette, les appels des autorités aéroportuaires ont été rejetés, donnant raison au Franco-Ontarien sur toute la ligne.

Les administrations aéroportuaires ont notamment plaidé devant les juges que seuls les aéroports étaient assujettis à l’obligation d’offrir des communications dans les deux langues officielles et non les sièges sociaux des aéroports en question, un argument qualifié de « faible » dans le jugement.

Elles plaidaient aussi que leurs obligations linguistiques en matière de service au public devraient seulement s’appliquer aux utilisateurs qui vont d’un aéroport à l’autre. Elles argumentaient donc que M. Thibodeau ne devrait pas toucher des dommages et intérêts, car celui-ci n’étant pas un voyageur, il n’aurait pas subi de violations personnelles de ses droits. 

« Une rentabilisation des droits linguistiques »

Entre 2016 et 2021, l’homme a déposé 410 plaintes contre des autorités aéroportuaires et 158 contre d’autres instances fédérales. En février 2024, il avait remporté une bataille judiciaire contre l’Aéroport international Pearson de Toronto, qui avait été condamné à lui verser 6 500 $.

Avec ses plaintes au CLO, l’Aéroport d’Edmonton juge que M. Thibodeau « a trouvé une façon de rentabiliser ses droits linguistiques » et les dommages et intérêts qu’il reçoit « servent une seule fonction, l’amélioration de sa situation financière ». L’Aéroport d’Edmonton juge notamment que le versement de dommages et intérêts par la Cour fédérale « récompense la décision de (M. Thibodeau) de commencer un procès judiciaire ».

Mais les deux jugements de la Cour d’appel rejettent les arguments du duo d’institutions fédérales qui « minimise les efforts requis » pour respecter le bilinguisme officiel, peut-on lire dans l’un des verdicts. La Cour d’appel fédérale souligne que les nombreuses plaintes déposées par Michel Thibodeau « tendent généralement à démontrer qu’il existe un problème au sein de plusieurs administrations aéroportuaires dans l’ensemble du Canada, comme par exemple à St. John’s ».

Le verdict sur l’Aéroport d’Edmonton conclut que « l’indifférence » de celle-ci combinée aux plaintes de M. Thibodeau « justifie l’octroi de dommages et intérêts afin que les administrations aéroportuaires prennent au sérieux leurs obligations linguistiques imposées par la LLO ».

« Confrontés à la résistance d’une institution à respecter ses obligations linguistiques en vertu de la LLO, les tribunaux ont le devoir de rassurer non seulement les minorités de langues officielles, mais également le public de l’importance d’assurer le respect de la LLO », est-il indiqué dans le jugement.

Dans le jugement portant sur l’Administration de l’aéroport international de St. John’s, les juges Leblanc et Boivin considèrent que l’instance fédérale « aborde à tort les droits linguistiques comme une mesure d’accommodement plutôt que comme une obligation juridique qui lui incombe ».

Les trois juges conviennent donc que dans les deux causes « les conclusions de la Cour fédérale ne comportent aucune erreur manifeste et dominante qui justifierait l’intervention de notre Cour », écrivent-ils. La juge Nathalie Goyette a toutefois démontré un avis dissident à ses deux autres collègues dans le jugement de l’Administration aéroportuaire de St. John’s arguant que celle-ci n’avait pas violé son obligation de communiquer avec le public dans les deux langues officielles.

Le commissaire aux langues officielles, qui était intervenu aux côtés de M. Thibodeau dans le dossier, a d’ailleurs salué le verdict qui « aura sans aucun doute une incidence positive sur la manière dont je mène mes enquêtes et elle me permettra de mieux protéger les droits linguistiques du public voyageur ».

Chercher la sérénité avec Anique Granger

Anique Granger, autrice-compositrice-interprète fransaskoise, fait entrer Rachel Crustin dans son univers créatif et intime. Lors d’une balade à Saskatoon, les deux femmes discutent relations humaines, inspirations du quotidien, et du balado Rewind / Le ruban de la cassette, où Anique compose à partir d’archives et de conversations profondes.
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Trump, loin d’être le seul souci des agriculteurs francophones de l’Ontario

TORONTO – L’annonce du futur président des États-Unis, via le réseau social X, d’imposer des tarifs douaniers de 25 % est certes une source d’inquiétude à la convention annuelle des agriculteurs de l’Ontario qui se déroule en ce moment-même à Toronto. Mais, pour nombre d’agriculteurs francophones de l’Ontario, d’autres sujets comme l’accès aux informations et aux ressources dans leur langue sont apparus plus importants que ce qui ne demeure pour l’instant que « des menaces » provenant de Donald Trump. 

Parmi les agriculteurs présents au grand rendez-vous annuel de la Fédération d’agriculture de l’Ontario (OFA), Michel Dignard ne cache pas ses craintes mais reste sceptique. Pour cet acteur de la grande culture à Embrun, dans l’Est, des tarifs douaniers de 25 % sur ses exportations de maïs et de soya aurait un impact conséquent sur ses revenus, mais le président américain mettra-t-il vraiment à exécution cette mesure?

« Il va tout de même mettre des tarifs, mais je ne suis pas sûr qu’il puisse mettre en pratique une telle augmentation, parce que c’est lui qui a signé le dernier libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Il se contredit quatre ans après. Avant ça, il donnait son excuse : ‘Si ce n’est pas moi qui l’ai fait, ce n’est pas bon’. Mais là, c’est lui qui l’a fait. Je pense qu’il n’a pas réalisé que le consommateur américain va payer plus cher. Là, ça a fait monter la piastre américaine, baisser la piastre canadienne. Ça peut nous aider pour l’exportation. » 

Et de tempérer : « C’est seulement un tweet qu’il a fait. Nous sommes en novembre et il parle de janvier. En deux mois, il a le temps de changer d’idée encore bien des fois. Donc, on va se préparer. » 

La convention se déroule sur deux jours. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR

L’heure n’est pas à la panique non plus du côté de la FAO, qui a profité de cette convention annuelle pour mettre le sujet à l’ordre du jour dans les résolutions votées mardi après-midi. 

Paul Maurice, directeur de la FAO et représentant du comté de Simcoe, Peel et York, a confié à ONFR qu’il était tout de même nécessaire de se tenir prêt en raison du caractère imprévisible de Donald Trump. 

« Il est très difficile de prévoir ce que M. Trump va mettre en place et comment il va le poursuivre. Mais ce qui est le plus important maintenant, c’est qu’avec notre équipe on soit préparé, peu importe ce qu’il va nous envoyer. (…) Une équipe est en place pour regarder quelles pourraient être les conséquences et comment on pourrait les minimiser pour nos agriculteurs. » 

Deux points majeurs ont été discutés lors des résolutions : l’idée de réfléchir à des tarifs en réponse à cette augmentation de taxes, mais aussi une réflexion sur les possibilités de renforcer les liens et les échanges avec le Mexique, « l’autre victime » de cette décision politique à venir. 

Le défi de l’accès aux ressources en français

Si la problématique liée à l’augmentation des taxes d’exportation aux États-Unis est le lot de tous les agriculteurs ontariens, pas seulement les francophones, la question de l’accès aux ressources et aux formations en français est aussi au centre des discussions. 

Si les francophones ont leurs propres problématiques, pour Paul Maurice, ils partagent les mêmes soucis que leurs confrères anglophones, notamment au niveau des taxes locales. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR

Vanessa Renaud, directrice du conseil provincial de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario, représentante de la région de l’Est ( Glengarry, Prescott, Russell et Stormont) a partagé ce constat.

« Parfois, c’est difficile de rechercher les bonnes informations et d’avoir les outils. Par exemple, Best management practices, c’est en anglais. Si tu vas sur un cours sur les subventions disponibles pour toi, comme avec le Soil and Crop Association, c’est en anglais aussi. »

« Ils n’ont pas de difficulté à faire de l’agriculture, convient-elle, mais avoir des ressources et des gens pour les conseiller dans leur langue, les aideraient à mieux comprendre. »

Mme Renaud prend l’exemple de l’accès à un banquier en français pour discuter de financements qui concernent de « gros coûts ». Il sera toujours plus simple pour des francophones de comprendre tous les tenants et les aboutissants en ayant des explications en français, ce qu’ils n’ont malheureusement pas toujours. 

Vanessa Renaud, directrice du conseil provincial de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR
Les technologies, « c’est une des priorités et le futur pour l’agriculture, surtout avec le manque de main-d’œuvre »
— Vanessa Renaud, directrice du conseil provincial de l’OFA

La question de l’accès aux nouvelles technologies est également au cœur de cette problématique. 

« C’est une des priorités et le futur pour l’agriculture, surtout avec le manque de main-d’œuvre. C’est vraiment un gros point de pousser vers l’innovation. Mais lorsque tu n’as pas de formation, quand tu appelles pour du service, c’est en anglais. Ton ordinateur est en français, le gars te parle en anglais. Ça crée vraiment des complexes », regrette-t-elle.

« Tu ne peux pas utiliser les technologies à leur maximum, parce que tu ne sais même pas comment utiliser toutes les fonctions, comment configurer tout ça. Je généralise, mais parfois ça peut être un désavantage pour les producteurs francophones. »

Michel Dignard a fait le voyage depuis Embrun dans l’Est de l’Ontario pour assister à la convention annuelle de la FAO. Photo : Mickaël Laviolle/ONFR

Sur le terrain, Michel Dignard pointe du doigt l’administration, surtout au niveau fédéral. 

« Il faut encore se battre avec le gouvernement provincial pour avoir des services francophones. (Au niveau) municipal, ils s’en viennent pas mal mieux. On peut dire que les provinciaux ont gagné 50 %, mais ils ont encore la moitié du chemin (à faire). »

« Le Fédéral, c’est une bataille de tous les jours. Les services sont supposés être bilingues. Quand t’arrives là-dedans, tout est bien bilingue, mais après cinq minutes, t’es tout de suite de retour à l’anglais parce que la communication ne passe pas. »

L’un des objectifs de la convention annuelle est de fournir les outils nécessaires aux agriculteurs pour être en mesure d’aller échanger avec les administrations, mais, comme on a pu le constater sur place, tous les échanges lors des différents panels et présentations demeurent en anglais.

Les élus et sénateurs acadiens lancent une nouvelle association parlementaire

OTTAWA – Sentant un « vide » au cours des dernières années à Ottawa, les députés et sénateurs acadiens ont décidé de lancer leur propre association parlementaire pour faire entendre leur voix à l’avenir dans divers dossiers touchant la communauté.

L’idée est notamment venue du député conservateur et acadien de Nova-Ouest en Nouvelle-Écosse Chris d’Entremont et des sénateurs René Cormier et Réjean Aucoin.

« On s’est tous réunis sans s’être parlé et on est tous arrivés avec la même idée pour créer ce regroupement-là », affirme le sénateur acadien de la Nouvelle-Écosse Réjean Aucoin, nommé en novembre 2023 à la chambre haute.

Comme seul élu dans l’opposition à être Acadien, Chris D’Entremont soutient que « pour moi, comme Acadien, il y avait un grand vide » par le passé lorsque des enjeux touchant la communauté rebondissaient au Parlement.

« Je ne savais pas à qui parler ou (vers qui) me tourner », soutient en entrevue celui qui est aussi vice-président de la Chambre des communes.

Réjean Aucoin qui est l’un des porte-paroles de ce regroupement avec Chris d’Entremont soutient avoir vu dès son arrivée lui aussi un vide au niveau d’un regroupement acadien notamment avec le projet de loi sur le financement des garderies, le projet de loi C-35, où les Acadiens avaient fait des demandes.

Le sénateur Aucoin pointe aussi vers la polémique qui a entouré le spectacle de la Fête nationale de l’Acadie cette année pour mettre de l’avant l’importance pour les Acadiens de parler d’une seule voix. Radio-Canada avait décidé de ne pas faire d’émission en direct le 15 août, mais face à un appel de nombreux élus et leaders acadiens, la décision avait été infirmée.

Chris D’Entremont veut s’assurer que cette association sera apolitique et permettra de mieux relayer les enjeux soulevés par les leaders de la communauté acadienne au Parlement. Ce dernier trouve important de mettre sur place un tel regroupement, car les Acadiens n’étant pas une province ou encore issus d’une région monolithe, les défis ne sont pas similaires ou de la « même ampleur » que pour des députés représentant une province en entier, donne-t-il en exemple.

« On ne se parlait pas vraiment (entre Acadiens). On avait des enjeux et des projets de loi qui étaient discutés, mais pas ensemble. Je voulais trouver une façon de sortir un petit peu de la politique », soutient-il.

Le député conservateur Chris d’Entremont. Gracieuseté

Le conservateur pointe notamment vers le projet de Loi sur les langues officielles, C-13, qui a été adopté en juin 2023, qui a indiscutablement un gros impact sur la communauté acadienne.

« On avait des discussions qui arrivaient de C-13, dont je n’étais pas au courant. On parlait avec la communauté qui nous soulignait des problèmes qu’on avait dans le projet de loi », explique-t-il.

« On n’avait pas de forum où on pouvait pousser le gouvernement à changer ses idées, poursuit-il. On avait tous une démarche et on a eu des opportunités manquées. On ne veut pas les manquer cette fois-ci dans les prochains projets de loi. »

L’Association en tant que telle sera ouverte à des parlementaires de tous les partis, pas seulement des Acadiens, mais aussi à d’anciens membres de la Chambre des communes, précise M. D’Entremont. Le lancement de l’organisation aura lieu mercredi sur la colline Parlementaire et sera intitulé l’Association acadienne des parlementaires du Canada.

À l’heure actuelle, en plus de M. D’Entremont, il y a Darrell Samson, René Arseneault, Serge Cormier et les ministres Ginette Petitpas Taylor et Dominic Leblanc qui sont tous des élus acadiens. Au Sénat, M. Aucoin et René Cormier s’ajoutent à Rose-May Poirier, Pierrette Ringuette et Victor Boudreau comme membres de la chambre haute à être des acadiens.

La réélection de Tim Houston en Nouvelle-Écosse « augure bien » pour les Acadiens

Le parti progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse avec comme chef Tim Houston a remporté un second mandat de suite majoritaire mardi soir. La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) souligne le retour d’un gouvernement ayant fait « des avancées remarquables » lors du premier mandat en plus de saluer l’ajout d’une seconde voix acadienne.

Tim Houston remporte ainsi un second mandat, lui qui a été élu en 2021 à la tête de la province maritime. 

« Ce soir, les électeurs nous ont envoyé un message, et ce message, c’est de continuer. De continuer avec le plan, de continuer d’avancer avec un plan et je veux que les Néo-Écossais sachent que c’est ce que nous allons faire », a déclaré dans son discours de victoire le premier ministre victorieux.

Au moment de publier l’article vers 22 h 10 (HNE), les progressistes-conservateurs comptaient 42 sièges, un gain de huit sièges alors que les libéraux ont fortement dégringolé en troisième position avec seulement deux sièges de prévus, en eux qui détenaient 16 sièges avant les élections. Le NPD formera l’opposition officielle avec 10 sièges projetés pour la troupe de la cheffe Claudia Chender. 

Colton LeBlanc, le ministre sortant des Affaires acadiennes et de la Francophonie a facilement conservé son siège dans Argyle. Photo : ONFR/TFO/Rudy Chabannes

Dans la circonscription acadienne d’Argyle, le ministre des Affaires acadiennes et de la Francophonie sortant Colton LeBlanc a facilement conservé son siège avec près de 82 % des intentions de vote. L’autre représentant acadien à l’Assemblée législative au moment de sa dissolution, Ronnie Leblanc, a perdu son siège pour les libéraux dans Clare, aussi un comté acadien, au profit du conservateur Ryan Robicheau, qui est aussi d’origine acadienne.

La FANE voit d’un bon œil le retour de Tim Houston au pouvoir, précisant que tous les 15 août (fête nationale de l’Acadie), ce dernier rencontrait les leaders acadiens de la province et « se montrait réceptif à nos demandes », avance le directeur général de la FANE, Jules Chiasson.

Ajout d’un mois du patrimoine acadien, modernisation de la Loi sur les services en français, adhésion de la Nouvelle-Écosse comme État membre à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et adoption d’une loi sur l’Éducation en français sont tous « des avancées remarquables » réalisées lors du premier mandat, encensent M. Chiasson.

De plus, souligne le directeur général de la FANE, le parti progressiste-conservateur s’est engagé à ne pas contester une récente décision de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse, favorable aux Acadiens pour l’ajout d’une quatrième circonscription acadienne protégé à Chéticamp. 

« Ça augure bien pour la communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse », lance-t-il au bout du fil quelques instants après le dévoilement des résultats dans la province.

« On va surveiller l’application de la Loi sur les services en français, pour voir plus de services offerts à la communauté francophone, notamment en santé. On va aussi surveiller le dossier de la petite enfance. On veut voir à ce qu’il y ait plus de places accordées aux enfants francophones des communautés acadiennes », énumère Jules Chiasson comme des éléments importants dans ce second mandat majoritaire.

Si la FANE souligne l’apport du député libéral Ronnie Leblanc, l’arrivée d’une seconde voix acadienne au sein du gouvernement en Ryan Robicheau « est une très bonne nouvelle ». 

« Il sera là pour appuyer et épauler Colton LeBlanc au développement et à l’épanouissement de la communauté acadienne. On ne sait pas qui sera nommé ministre des Affaires acadiennes, mais on aura certainement des amis de la communauté acadienne avec nos deux députés », juge M. Chiasson.

La Loi sur les langues officielles chamboulée par des élections, craint le commissaire

OTTAWA — Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge se dit inquiet que la Loi sur les langues officielles ne soit pas entièrement en vigueur d’ici de prochaines élections fédérales.

« Les choses ne bougent pas vite », a résumé avec un soupir hier Raymond Théberge devant les sénateurs au Comité sénatorial des Langues officielles.

À l’heure actuelle, plusieurs portions de la Loi sur les langues officielles ne sont pas complètement en vigueur, comme la partie VII, qui porte sur l’épanouissement des communautés de langues officielles. Raymond Théberge qualifie d’essentielle cette portion du régime linguistique fédéral pour l’avenir du français hors du Québec, car elle porte sur le développement des communautés francophones.

Il reste aussi plusieurs pouvoirs du Commissariat aux langues officielles à adopter, notamment l’imposition d’amendes ou d’émettre certaines ordonnances à des instances fédérales fautives.

Il affirme en comprendre que la fonction publique est présentement en pleine consultation avec les Premières Nations sur l’adoption des règlements qui permettront de faire appliquer entièrement la Loi sur les langues officielles, modernisée en juin 2023.

« Je sentais un momentum au début, mais ça l’a ralenti énormément », estime Raymond Théberge, qui soutient pourtant qu’« au début, on avait un plan de match solide ».

« C’est un délai important et je pense qu’on va se trouver dans une situation où l’on va peut-être manquer de temps », craint ce dernier, en entrevue, après un autre témoignage devant un Comité des langues officielles, celui de la Chambre des communes, mardi matin.

Mais avec une date de scrutin fixé pour l’automne 2025, si des élections anticipées ne sont pas déclenchées plus tôt, le chien de garde des francophones au pays craint que le dossier stagne.

« On s’approche d’une élection et, si je comprends bien, on a pas encore fait des consultations », presse-t-il.

« Je pense qu’il faut retenir cette réalité et cette possibilité. On me dit que le travail peut se poursuivre (pendant une élection), mais il faut que le règlement vienne devant le comité, la Chambre (des Communes), etc. Donc, les échéanciers sont très très serrés. »

« Je suis pas mal motivée pour faire avancer les dossiers auxquels je touche et on va travailler en étroite collaboration avec le ministère », répond aux inquiétudes du commissaire la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor.

La ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor. Gracieuseté

Elle a hérité la semaine dernière de façon intérimaire des anciens portfolios de Randy Boissonnault, lui qui a quitté le conseil des ministres à la suite d’une controverse sur l’identité autochtone. Ginette Petitpas Taylor soutient qu’elle rencontrera des intervenants des langues officielles au cours des prochains jours, elle qui a auparavant occupé ce poste de 2021 à 2023.

« C’est sûr que je connais bien le dossier des langues officielles. J’ai hâte de travailler avec les intervenants et je ne sais pas si c’est à court terme ou à long terme, mais je suis très contente de reprendre ces responsabilités », confie-t-elle en entrevue.

Ce n’est pas la première fois que le commissaire Théberge critique la lenteur de l’appareil fédéral en lien avec l’adoption de réglementations liées à la Loi sur les langues officielles. Comme il y a plusieurs règlements différents qui ont besoin d’être adoptés, une des possibilités soulevées serait d’adopter ceux-ci ensemble. 

La réglementation devra aussi préciser les fortes régions à présence francophone, hors du Québec, où les travailleurs fédéraux pourront bénéficier de nouveaux pouvoirs en matière de langue de travail.

Immigration francophone : « On ne sait pas sur quel pied danser », déplore Théberge

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge estime que la multiplication des divers programmes chez Immigration Canada en vient à nuire à la rétention des immigrants francophones au pays.

Ce dernier commentait un récent rapport du Conference Board du Canada qui conclut que le Canada perd 35 % de ses immigrants francophones à long terme, particulièrement en Ontario et au Québec.

S’il convient que la rétention des immigrants soit multifactorielle, notamment l’emploi, le logement et la langue, Raymond Théberge estime qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) « doit faire un meilleur travail lorsqu’on parle de lentille francophone au niveau de leurs politiques. ».

« Quand on parle d’immigration, il y a tout le continuum, de la sélection à l’établissement jusqu’à l’intégration dans les communautés (francophones) et je ne suis pas convaincu qu’on a mis en place tous les moyens nécessaires pour retenir les nouveaux arrivants », a-t-il affirmé aux sénateurs du Comité des langues officielles lundi soir dans le cadre d’une comparution.

Raymond Théberge considère toutefois que le ministère fédéral se complique la tâche à force d’ajouter une composante francophone à chacune de ses catégories d’immigration.

« Il y a tellement de choses qui se passent en même temps dans le monde de l’immigration : les étudiants internationaux, les cibles, les travailleurs temporaires, etc. On ne sait pas sur quel pied danser », observe le commissaire aux langues officielles.

Actuellement, soutient-il, « il y a tellement de choses qui se passent à IRCC que ça mène à un peu d’ambiguïté et d’incertitude ». 

« On ajoute un critère francophone au programme des étudiants internationaux, des travailleurs temporaires, des résidents permanents, des immigrants économiques, énumère-t-il. Mais à mon avis, ça serait beaucoup plus utile si on avait une voie francophone, car ils (francophones) ne viennent même pas des mêmes pays (que les anglophones). »

Raymond Théberge soutient qu’il y a déjà une « expertise francophone » qui existe chez le ministère fédéral et qu’une telle façon de faire pourrait améliorer l’intégration des nouveaux arrivants francophones.

« Ça permettrait de mettre en place toutes les structures nécessaires pour accompagner ces gens-là », plaide-t-il.

Cette idée d’avoir un seul programme dédié entièrement à l’immigration francophone est une suggestion de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA).

« Ce sont des mesures qui sont faites par et pour les francophones. Ça prend vraiment une lentille francophone à l’ensemble des initiatives pour y arriver » plaidait en entrevue avec ONFR, sa présidente Liane Roy.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé une augmentation de sa cible en immigration francophone pour les trois prochaines années. Dans les derniers mois, le fédéral avait annoncé un nouveau projet pilote pour les étudiants dans les établissements francophones hors du Québec, notamment en les exemptant de son plafond des étudiants étrangers. 

Ottawa avait aussi annoncé l’ajout de nouvelles communautés francophones accueillantes sélectionnées au pays pour accueillir de nouveaux arrivants francophones. Quelques mois auparavant, le fédéral avait dévoilé un nouveau projet pilote visant à offrir une voie d’accès à la résidence permanente pour des travailleurs francophones qui s’établissent dans des communautés francophones hors Québec.

Anglophones dans les écoles francophones : « On force les conseils scolaires à se prostituer »

OTTAWA — Le militant franco-ontarien Basile Dorion estime que la situation des élèves anglophones dans les écoles francophones de la province a empiré au cours des années et se dit toujours prêt à poursuivre devant les tribunaux les conseils scolaires.

L’ex-conseiller scolaire qui s’était fait connaître lors de la crise scolaire de 1979 à Penetanguishene avait déjà menacé par le passé d’aller devant les tribunaux. Il avait en 2017 envoyé une missive au gouvernement provincial et aux conseils scolaires qu’il considérait comme fautifs d’admettre des élèves anglophones dans des écoles francophones.

Aujourd’hui, il se dit toujours prêt à poursuivre cette bataille juridique, lui qui est à la recherche d’un avocat, même anglophone, avance-t-il alors qu’à l’heure actuelle, rien ne bouge dans ce dossier.

L’impact d’accepter autant d’élèves anglophones est un désavantage pour ceux qui sont francophones, car cela donne lieu à des milieux anglophones au sein de l’école en français et facilite l’assimilation à l’anglais des jeunes francophones, considère M. Dorion.

« L’enfant qui arrive à l’école et qui parle français est désavantagé par le système et nos conseils scolaires francophones sont trop pissous pour prendre des mesures proactives », a-t-il lancé aux députés fédéraux du Comité des langues officielles la semaine dernière.

Pour Basile Dorion, ces critères de sélection pour les non-ayants droit des conseils scolaires francophones prennent le bord et permettent d’accepter n’importe qui, déplore-t-il, accusant les instances scolaires d’attirer les parents anglophones.

« On les invite avec de pleines pages d’annonce dans le Toronto Star (…). Il y a des exceptions, mais beaucoup de ces personnes veulent juste rentrer et après ça, il n’y a plus d’engagement (envers le français) », a-t-il dénoncé face aux élus, qui l’avaient invité à venir témoigner dans le cadre d’une étude sur le continuum en éducation.

« Il ne faut pas que ça soit fait au détriment du petit enfant francophone qui se trouve un weirdo dans sa propre école », ajoute-t-il.

Un ayant droit est une personne qui a un droit constitutionnel à l’école française, en vertu de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés « qui garantit le droit à l’instruction dans la langue de la minorité comme outil de lutte contre l’assimilation ».

Des enfants de parents non ayant droit peuvent être admis dans des écoles franco-ontariennes si l’enfant parle français. Les parents de nouveaux arrivants qui ne parlent pas français peuvent aussi être admis tout comme ceux qui le parlent. Dans les trois derniers cas, c’est au parent de faire la demande auprès d’un conseil scolaire, qui, par l’entremise d’un comité d’admission, détermine d’accepter ou non cette requête.

Mais pour Basile Dorion, les conseils scolaires n’ont d’autre choix que de procéder ainsi, car le mode de financement fonctionne selon des effectifs scolaires et l’élève représente désormais « un signe de piasse ».

« On force les conseils scolaires à se prostituer pour obtenir des nombres et avoir de l’argent, car ça donne bonnes jobs. »

« Tous les octrois sont dirigés vers la francisation et non pas vers la francophonie. Le petit francophone est négligé (…). S’il veut se faire des amis, il doit faire comme la majorité et parler en anglais, sinon il est ostracisé », affirme-t-il.

Le député du Bloc québécois Mario Beaulieu dit y voir un parallèle avec « les problèmes qu’on a dans les écoles à Montréal où les francophones sont minoritaires ». Le point de vue du militant franco-ontarien n’était toutefois pas partagé par l’ensemble des députés conservateurs et libéraux « qui ne trouve pas ça négatif qu’on augmente le nombre d’ayants droit, car pour les francophones, c’est un gain », a plaidé le porte-parole conservateur en langues officielles, Joël Godin.

Dans une décision rendue l’an dernier, la Cour suprême du Canada, avait tranché en faveur de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest dans un dossier de six enfants de parents immigrants non-ayants droit à qui l’on avait refusé l’accès à l’école en français.

La Cour suprême avait blâmé le gouvernement ténois de ne pas avoir pris en compte l’article 23 de la Charte tout en prévenant que sa décision n’équivalait pas à l’obligation d’admettre tout non-ayant droit.

« On continue à le faire »

Basile Dorion estime que le problème a empiré dans les dernières années car, en acceptant des non-ayants droit avec des critères de sélection très souples, cela signifie, a-t-il expliqué aux élus à Ottawa, que les enfants de ceux-ci deviennent automatiquement des ayants droit et cela se multiplie au fil des générations.

« Zéro a été fait par les conseils scolaires. J’avais donné des pistes de solution et ils n’ont rien fait. On continue à le faire », lance-t-il en entrevue après sa comparution en lien avec une lettre qu’il avait envoyée aux conseils scolaires.

L’organisme Canadian Parents for French soutient lui aussi voir beaucoup d’élasticité dans la manière dont les conseils scolaires acceptent les non-ayants droit.

« Le ministère de l’Éducation donne le droit aux conseils scolaires (d’accepter les non-ayants droit), alors vous pouvez imaginer qu’un conseil scolaire dans une région éloignée va interpréter différemment et va peut-être changer les critères », a témoigné sa présidente Nicole Thibault au même comité parlementaire.

Dans les dix dernières années, le nombre d’élèves dans les conseils scolaires francophones a connu un bond faramineux de 13,5 % en une décennie contre 1,43 % du côté anglophone, notamment attribuable à l’immigration.

Le militant franco-ontarien Basile Dorion. Crédit image: Pascal Vachon.
Le militant franco-ontarien Basile Dorion. Crédit image : Pascal Vachon

Même si l’ex-conseiller scolaire réussit à trouver un avocat pour le représenter, un autre obstacle serait de trouver des parents francophones prêts à témoigner en faveur de cette cause.

« Les gens ont peur d’entrer dans une cause où leurs enfants vont souffrir les conséquences à l’école et beaucoup des parents sont des enseignants qui ont peur de s’exprimer », soutient-il, affirmant toutefois avoir reçu beaucoup d’aide de l’ancien juge de la Cour suprême Michel Bastarache dans ses démarches judiciaires.

Inné(e)s 

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.

Les inégalités sociales, on en entend tout le temps parler : on s’y connaît, on en connaît, on sait en nommer et on sait en reconnaître. Parfois l’ombre du préjudice prend le dessus et, surtout en situation de privilège, certaines nuances nous échappent. Cette idée s’est accrue en moi, notamment, lors de ma dernière grossesse.

À la fin du troisième trimestre, fin du huitième mois, mon ventre paraissait à peine et je n’ai jamais joui de cette aura magnifique de femme enceinte avec un gros ventre rond pour le prouver. Parfois je rentrais dans le cabinet du docteur et je me faisais toiser de haut en bas… Elle fait quoi, elle, ici en fin de grossesse à risque?

Une fois, dans un autobus, j’étais vraiment mal en point, avec douleurs au ventre et au dos. Dès que ça swinguait, je me retrouvais à devoir forcer avec mes jambes pour ne pas perdre mon équilibre. J’étais au bout de ma vie. Un jeune homme s’est levé, libérant sa place à l’avant – et qui devait être pour femmes enceintes et personnes âgées – a une demoiselle qui venait d’entrer. Ah bon?! Moi, je tiens un enfant entre mes entrailles mais who cares? En espérant que sa prouesse de prince charmant finisse en rendez-vous galant!

Je savais que la place me revenait de droit, l’affichage sur l’autobus le stipulant. La ville d’Ottawa le sait et le sens commun des choses le soutient aussi. Pourtant, puisque je n’avais pas un gros ventre qui justifiait haut et fort mon « état », cette personne, même n’étant pas mal intentionnée, était entrain de me faire du tort car elle n’avait pas le canal pour connaître mes besoins. Vous me suivez jusque là dans le parallèle avec les inégalités invisibles? Tant mieux. 

Inégalités linguistiques 

Je ne suis aucunement experte en termes d’équité linguistique mais j’aimerais partager avec vous une pensée qui me taraude. Lorsqu’on réussit à quasiment arriver à nos cibles d’immigration francophone dans la province mais qu’on loupe nos cibles d’emploi, ne devrions-nous pas avoir des représentants et politiciens plus alertes de ce qui se passe démographiquement sur le terrain du recrutement? Je parle du fait, par exemple, d’exiger des immigrants francophones de parler un anglais irréprochable lorsqu’ils appliquent pour des postes francophones en Ontario.

Je sais évidemment que cela va de soi, qu’on doit être bilingue pour prospérer en Ontario et qu’il est quasiment impossible de vivre de façon unilingue (et ce n’est pas le but), mais pour quelqu’un qui a atterri ici, qui a payé pour une scolarité francophone pour finalement pouvoir exercer et de se voir refuser des emplois à cause de son niveau d’anglais, ne voyez-vous pas la différence dans l’expérience de recrutement et de niveau de vie? En sachant qu’on a « promis » à cette personne qu’ « en Ontario, tu peux carrément vivre en français »…

Dans ma courte vie sur cette terre qui commence à être quand même conséquente (bonjour les premiers cheveux blancs), j’ai vu des étudiants, des femmes, des familles être brisés par le milieu éducatif francophone et bilingue, en commençant par ma propre histoire.

J’avais pris un cours de mathématiques en français à ma première année postsecondaire en Ontario et le livre, que dire, la brique indigeste qui nous servait de manuel de maths avancées, était en anglais. Moi, Rym, 18 ans, dont à l’époque le seul anglais que je connaissais provenait de séries doublées et à qui on avait promis une scolarité en français à telle université, me retrouvais à faire des équations avec des explications en anglais. Je payais des milliers de dollars en plus pour ma scolarité.

Lorsque j’ai naïvement parlé de ça au prof, il m’a toisée en me disant : « Ce n’est pas mon problème ». C’était l’une des premières flèches d’injustice sociale que je prenais en plein cœur. Par la suite, j’ai compris que des centaines et milliers de personnes vivaient des situations d’injustice linguistique et d’intégration similaires. Vous croyez que j’aurais pris le cours, payé pour, le laisser ruiner ma côte universitaire à l’époque, si je savais au préalable que le bouquin serait en anglais? Logiquement, non.

Ça peut sembler anodin pour certains. Pour d’autres, c’est tout leur monde qui tremble : la déception des parents et leur sacrifice migratoire, les notes pas assez hautes pour avoir accès à des bourses, l’échec qui n’est même pas le fruit de quelque chose dont on détient le pouvoir.

Une autre mention qui me tient à cœur : les immigrants qui, après des études d’auxiliaire infirmier ou aide-soignant dans un collège francophone échouent à leur stage de fin d’études, après le sacrifice de temps et le sacrifice financier, car au milieu de stage on leur exigeait un anglais irréprochable.

À l’époque (je ne sais plus si c’est le cas encore aujourd’hui), l’école se dédouanait du processus d’échec et j’avais déjà reçu des témoignages d’étudiants à qui ont écrivait des mentions telles que « T’es en Ontario, t’es supposé savoir tous les médicaments en anglais ». Supposé, peut-être que oui, mais pas au prix d’un échec humain et financier de deux ans de temps post-immigration. Eh puis ces récits-là n’arrivent pas qu’aux autres et aux nouveaux arrivants. 

Inégalités financières 

Je cite les sujets scrutés sous ma propre loupe de vie, comme à l’habitude. Au-delà des problématiques primaires liées à l’immigration et à l’intégration à court et moyen terme, j’aimerais porter votre attention sur un sujet qui me préoccupe depuis longtemps : l’éducation financière chez les nouveaux arrivants et leur progéniture.

Comparons un enfant dont les parents sont nés ou ont grandi au Canada versus un enfant d’immigrant dont les parents sont arrivés en milieu de vie professionnelle pour s’installer au Canada et offrir une vie plus prometteuse à leur enfant. Auront-ils forcément les mêmes privilèges et accès, même si les deux débutent leur scolarité au même niveau et dans le même système éducatif nord-américain? 

Si on prend un enfant d’un couple qui a fréquenté des écoles d’ici et qui a bénéficié d’accès aux informations éducatives financières dès un jeune âge (placements , RÉER, cotisations, REEE, fonds de pension, taux d’intérêt, gestion de crédit, etc.) peut-on dire que son bagage est égal à un enfant dont les parents sont dans l’intégration du marché d’emploi et la survie économique après un déracinement total du pays d’origine?

Les enfants d’immigrants de première génération devraient avoir accès à une éducation financière qui viendrait palier le manque d’enracinement financier de leurs parents, afin que tous les étudiants soient sur le même piédestal et aient la même égalité des chances en termes de finances car, cela va sans dire, la santé financière impacte énormément l’expérience académique et par la suite l’implantation dans la société active franco-ontarienne et franco-canadienne. 

Inégalités médicales et psychologiques 

Nous ne sommes pas tous et toutes nés avec les mêmes capacités, les mêmes réponses cognitives, ni le même tempérament. Ce qui semble être logique pour l’un, ne l’est pas pour l’autre. Ce qui semble être sain pour l’un, ne l’est pas pour l’autre.

Physiologiquement nous n’avons pas les mêmes capacités, alors pourquoi tout est construit selon un seul modèle de conduite pour les gens actifs dans le milieu du travail? Bien sûr, mis à part les limitations d’accessibilité, il devrait y avoir d’autres rangées d’accommodation, car nous ne sommes pas tous de la même veine, non? 

Je sais que parfois on en parle de manière détendue dans les 5 à 7 et autres rencontres plus spontanées en dehors du bureau. Certains disent « Je suis pas du matin », d’autres « Je suis plus productif la nuit ». D’autres « Après le repas midi, je n’arrive pas à fonctionner. C’est pour ça j’aurais préféré que mon heure de lunch soit le plus tard ».

Est-ce que c’est cela qui nous manquerait pour créer des environnements de travail des plus productifs et où les salaires sont au maximum de leurs profits et les gens sont au maximum de leurs reconnaissances car tout est mis en place pour tirer le meilleur parti de chaque situation? N’est-ce pas ce qu’on a commencé à comprendre dans un monde post-COVID-19 et dans lequel la nouvelle génération nous bat en terme d’efficacité, d’intégration et de productivité?

Je crois qu’il devrait y avoir une réflexion générale dans les milieux francophones en essor sur comment on pourrait garder le cap en amenant tous les agents impliqués à être à leur meilleur, que ça parte du département des ressources humaines et que ça se termine dans les activités annuelles planifiées entre employés. Trois volets qui portent à réflexion pour, je le souhaite, ce qui nous préoccupera entre autres pour la nouvelle année à venir. 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Entente Ontario-fédéral : des repas gratuits pour 160 000 nouveaux élèves ontariens

Le gouvernement fédéral a annoncé ce vendredi avoir conclu une entente avec l’Ontario pour son programme d’alimentation scolaire qui permettra d’offrir des repas gratuitement à plus de 160 000 nouveaux élèves dans les écoles de la province.

Le fédéral viendra contribuer financièrement à l’actuel programme ontarien dans le cadre d’une entente sur trois ans au coût de 109 millions de dollars. Cette entente permettra, selon l’estimation du fédéral, de nourrir 160 000 nouveaux élèves avec près de 9,8 millions de repas dès cette année scolaire.

« Aujourd’hui, on célèbre le fait qu’ici en Ontario, 160 000 jeunes vont avoir plus d’accès à de la nourriture scolaire », s’est félicité Justin Trudeau, qui en a fait l’annonce à Brampton dans une école secondaire en compagnie de la ministre de la Famille Jenna Sudds et la ministre de l’Éducation ontarienne Jill Dunlop.

En avril 2023, le gouvernement fédéral avait annoncé un plan d’un milliard de dollars sur cinq ans pour nourrir les enfants partout au pays, dans le cadre de son budget. Depuis ce temps, le gouvernement a conclu des ententes avec Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que le Manitoba.

« On va travailler main dans la main avec le gouvernement fédéral pour s’assurer que les enfants ne vont pas à l’école le ventre vide », a affirmé le premier ministre ontarien Doug Ford en conférence de presse à Hamilton quelques heures plus tôt, ajoutant être « un partisan » d’un tel programme.

À l’heure actuelle en Ontario, 13 organismes directeurs supervisent la gestion du programme et l’octroi de subventions. Avec cette annonce, ce sont près de 75 % des écoles de l’Ontario qui seront couvertes par le programme et près de 800 000 enfants qui vont bénéficier dans les prochains mois de déjeuners, repas et collations gratuites.

Patinage artistique : Paul Poirier « pense déjà » aux Jeux olympiques d’hiver 2026

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

L’Ottavien Paul Poirier, vice-champion du monde en titre de danse sur glace, va de succès en succès avec Piper Gilles. La saison dernière, le duo a remporté l’an passé la Coupe de Chine, les Internationaux Patinage Canada (IPC) et les Championnats du Canada et des quatre continents.

LE CONTEXTE :

Leur saison 2024-2025 a débuté par une nouvelle victoire aux IPC le 27 octobre à Halifax (la cinquième de suite), avant de signer une deuxième place à Helsinki en Coupe de Finlande, le 17 novembre dernier. Des résultats les qualifiant pour la grande finale des Grands Prix ISU, du 5 au 8 décembre à Grenoble, en France.

L’ENJEU :

Cette nouvelle saison est cruciale pour la paire Paul Poirier-Piper Gilles, qui va tenter d’améliorer les très bons résultats réalisés la saison dernière, mais aussi déjà servir de préparation pour les Jeux olympiques d’hiver de 2026.

« Vous avez déjà fait deux compétitions en ce début de saison. Quel regard portez-vous sur ces résultats, même si ce ne sont pas des compétitions majeures? 

C’est toujours important de gagner. Chaque compétition est importante, même si elles ne sont pas majeures. Premièrement, parce qu’on veut toujours bien performer. C’est l’attitude d’un athlète. On a toujours l’objectif de performer à notre mieux. Ça n’arrive pas toujours, comme cette dernière fin de semaine en Finlande. Mais il y a toujours cette pression-là.

Et je pense aussi, spécialement dans un sport comme le nôtre, qu’il est important de construire un momentum. Si tu sors à chaque compétition et que tu performes bien, ça donne une sorte d’énergie perçue par le public et les juges. Et ça, c’est important aussi! 

On a commencé assez fort quand-même. La compétition au Canada s’est super bien passée. On était très content de nos performances. Cette fin de semaine en Finlande, c’était un peu plus une déception.

Comment analysez-vous cette deuxième place alors que vous étiez en tête après la danse rythmique? 

Notre programme libre n’a pas bien marché. On a fait plusieurs erreurs. J’ai chuté au milieu du programme. Ce n’est pas quelque chose qui nous arrive très souvent. Bien sûr, ça aurait été bien de pouvoir gagner cette compétition aussi. Mais c’est ça le sport.

Donc, ce n’est pas le point d’être fâché contre moi-même ou nous-mêmes, mais simplement de se dire que ça ne s’est pas passé comme je le voulais. Ça arrive parfois et il faut prendre chaque défaite et la traiter comme une occasion de s’améliorer, l’utiliser comme motivation et comme direction pour le reste de la saison.

Parlez-nous de vos deux nouveaux programmes pour cette saison, en commençant par le programme sur le thème imposé. 

Cette année, le thème choisi par le comité international, c’est les danses des années 50, 60 et 70. Nous avons décidé de prendre les styles de danse des années 60. On utilise la musique des Beach Boys et on voulait vraiment capter cette énergie-là du rêve américain qui existait alors. Si tu regardes les films des années 60, cette idée de la Californie, de la vie paisible, de la vie parfaite… On voulait utiliser cette musique-là pour peindre cette scène-là.

C’est un programme qui est fun. La musique des Beach Boys, c’est une musique que tout le monde connaît et qui a une très bonne énergie. Donc, je pense que c’est un programme agréable, sur lequel on aime beaucoup performer. On a eu une bonne réception du public les deux fois. 

Qu’en est-il du programme libre?

Cette année, on a pris un programme qu’on avait préparé pour les tournées pendant le printemps et le convertir en programme de compétition. On sentait, après les tournées du printemps, qu’on aimait beaucoup le programme et qu’on ne voulait pas le laisser comme ça. Bien sûr, les règles de compétition sont très différentes. Donc, il a fallu beaucoup changer les chorégraphies, mais c’est un programme qu’on aime beaucoup.  C’est une chanson moderne, mais on la performe dans un style tango.

Pour terminer sur le côté artistique, un mot sur le choix du costume rouge avec dos-nu… C’est peu commun.

Ce programme est un mélange de danse traditionnelle et de danse moderne. Je voulais que le costume représente ça aussi. J’ai une tenue très traditionnelle devant, mais je voulais faire un art plus moderne en me tournant, une sorte de petite surprise. C’est juste une extension de l’idée du programme.

La tenue de Paul Poirier avec le dos-nu évoqué lors de l’entretien. Photo : Danielle Earl/Skate Canada

Quelles sont vos ambitions  pour cette année? Vous avez fait une saison dernière fantastique… Est-ce possible de faire mieux? 

Bien sûr, on était tellement proches de la première place aux Championnats du monde, donc, oui, c’est un objectif! Mais pour nous, là maintenant, il y a aussi le but plus général de bien se préparer pour la saison olympique, qui s’en vient très rapidement.

On est déjà à 15 mois des Jeux olympiques. Il nous reste quatre ou cinq compétitions cette saison pour performer, pour être en avant des juges et pour, je pense, communiquer à travers notre patinage qu’on est prêt et qu’on mérite le podium olympique.

Cela va venir avec plusieurs performances solides de façon constante à travers la saison. Ce serait bien de gagner les Championnats du monde cette année, mais je pense que le plus grand succès, ce sera de se placer comme un des meilleurs couples en entrant dans la saison olympique. 

Les Jeux olympiques occupent donc déjà vos pensées à ce moment de l’année?

Oui, on y pense déjà. C’est tellement une grande chose. Ça prend beaucoup de préparation. Ça occupe beaucoup nos pensées. On commence déjà la recherche des musiques pour la saison olympique. C’est aussi maintenant que les préparations commencent : les formulaires, l’organisation, comment on va préparer notre saison pour bien gérer notre énergie, parce que c’est toujours difficile pendant l’année olympique. Il y a tellement plus d’attention sur le sport amateur, donc beaucoup plus d’entrevues, beaucoup plus d’opportunités avec des marques.

Cela rend difficile la gestion de son énergie. Tu peux dire oui à tout ce qui s’en vient, mais en même temps, il faut savoir quand les choses sont importantes et quand il faut vraiment se donner l’espace pour se reposer, pour se sentir bien, pour mieux se préparer, pour bien s’entraîner.

C’est déjà notre quatrième cycle olympique ensemble, donc on connaît bien comment ça va se passer de ce côté-là et on sait comment nous gérer pour avoir du succès. »

Une semaine truffée de chants, de danses et de théâtre

L’Ontario français ne semble jamais s’épuiser en matière d’art et de culture. Cette semaine, une petite fenêtre s’ouvre à Toronto pour voir l’une des plus belles pièces du répertoire de ballet, tandis que l’ancien finaliste de La France a un incroyable talent David Corriveau fait un tour à Barrie. Et du côté d’Ottawa, des productions théâtrales divertiront tous les âges.

La pièce Coucou à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins

La Nouvelle Scène Gilles Desjardins présente cette semaine un spectacle de marionnettes qui ne manquera pas de divertir les jeunes francophones. L’histoire suit les aventures de Coucou l’oiseau, bien décidé à retrouver le rouage manquant de son horloge-maison. Profitant de cette nouvelle liberté sans barrières ni limites du temps, Coucou transportera son audience dans un univers coloré où tout est possible.

Coucou. Gracieuseté de la Nouvelle Scène Gilles Desjardins

Ottawa, le 23 novembre. Détails et programmation sur le site de la Nouvelle Scène Gilles Desjardins.

Citadel live présente Contes pour la fin du temps

Co-présenté par Compagnie de la Citadelle et Echo Chamber, la chorégraphe Laurence Lemieux  interprète la célèbre œuvre musicale Quatuor pour la fin du temps d’Olivier Messiaen. Écrit par Messiaen alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, elle a été jouée pour la première fois par ses compagnons de prison. Elle est généralement considérée comme l’une de ses œuvres les plus importantes. Dans cette prochaine interprétation contemporaine de Laurence Lemieux, les Contes pour la fin du temps « explore le concept de l’expression artistique au cœur de l’isolation. L’œuvre invite le public à se questionner sur la survivance de l’interconnexion entre les circonstances et l’acte de la création », selon le communiqué de la Compagnie de la Citadelle. 

La chorégraphe, Laurence Lemieux. Photo :  Aleksander Antonijevic

Ottawa, du 27 novembre au 30 novembre. Détails et programmation sur le site de la Citadel + Compagnie.

Exposition de la bande dessinée Le monde sans fin

L’Alliance française de Toronto propose une exposition tirée de la bande dessinée Le monde sans fin, de Christophe Blain et Marc Jancovici. L’exposition exploite les thèmes de l’œuvre : les changements climatiques, les enjeux économiques et la transition énergétique. Cette exposition en trois axes (l’énergie, le climat et agir) est l’occasion de se réunir entre amis et en famille afin de susciter des conversations stimulantes autour du livre le plus acheté en France en 2022. À voir jusqu’au 20 décembre.

L’exposition Le monde sans fin. Gracieuseté de l’Alliance française de Toronto

Toronto, dès le 4 décembre. Détails et programmation sur le site de l’Alliance française de Toronto

David Corriveau chante Céline Dion, Ginette Reno et Lara Fabian

L’imitateur prolifique Dan Corriveau de Saint-Boniface, au Québec, s’est démarqué dans l’émission française La France a un incroyable talent étant capable de chanter au masculin comme au féminin lors de ses interprétations de grands artistes comme Édith Piaf, Céline Dion et Claude Dubois qui l’ont mené jusqu’à la finale. Bien qu’il n’ait pas gagné, ce jeune homme qui a passé 20 ans à travailler comme serveur est maintenant en tournée en tant que l’artiste qu’il a toujours voulu être.

Le chanteur et comédien, David Corriveau. Photo : Jean-Charles Labarre

Barrie, le 22 novembre. Détails et billets sur le site de La Clé.

Giselle, le Hamlet du ballet, sur scène au Ballet national du Canada

Composé par Adolphe Adam, ce ballet romantique en deux actes raconte l’histoire tragique d’une jeune paysanne nommée Giselle et d’un noble déguisé nommé Albrecht. Ils tombent amoureux l’un de l’autre, mais lorsque sa véritable identité est révélée par son rival, Hilarion, Giselle devient folle et meurt de chagrin d’amour. Le Ballet national du Canada interprète la célèbre mise en scène de Sir Peter Wright. La chorégraphie originale est de Jean Coralli et Jules Pierrot.

Giselle. Photo : Michael Slobodian

Toronto, du 20 au 24 novembre. Programmation et billets sur le site du Ballet national du Canada.

L’histoire de Souleymane : la réalité des livreurs sans papiers avec Boris Lojkine

Dans son thriller immersif, le réalisateur français Boris Lojkine explore le quotidien de Souleymane, un livreur guinéen sans papiers à Paris, incarné par Abou Sangare. Entre courses à vélo et préparation de sa demande d’asile, Souleymane dévoile la précarité et l’invisibilité sociale des travailleurs de l’ombre, redonnant une humanité à ceux que l’on côtoie sans vraiment voir.
Cannes 2024 : Prix du Jury Un Certain Regard, Prix du meilleur acteur pour Abou Sangare.
En salle dès le 24 janvier 2025.

Randy Boissonnault quitte le Conseil des ministres, Petitpas Taylor de retour aux Langues officielles

OTTAWA — Le ministre des Langues officielles et de l’Emploi, Randy Boissonnault, se retire du Conseil des ministres alors que Ginette Petitpas Taylor fait son retour comme ministre des Langues officielles, a annoncé le bureau de Justin Trudeau mercredi après-midi.

« Le premier ministre et le député Randy Boissonnault ont convenu que M. Boissonnault se retirerait du Conseil des ministres à compter de maintenant. M. Boissonnault se concentrera à faire la lumière sur les allégations à son encontre », peut-on lire dans un communiqué envoyé par le bureau du premier ministre.

C’est Ginette Petitpas Taylor qui prendra la relève de manière temporaire aux Langues officielles ainsi qu’au ministère de l’Emploi et du Développement de la main-d’œuvre, ajoute le bureau du premier ministre. Cette dernière a occupé le portfolio des Langues officielles de 2021 à 2023, en pilotant la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

En plus de ses nouvelles responsabilités, la ministre acadienne conserve aussi le ministère des Anciens combattants et son rôle de ministre associée de la Défense nationale.

Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles. Maison de la francophonie Toronto
Ginette Petitpas Taylor, sera de retour comme ministre des Langues officielles. Archives ONFR+

Randy Boissonnault a été nommé ministre des Langues officielles et de l’Emploi en 2023, lui qui était membre du cabinet de Justin Trudeau depuis 2021.

La nouvelle ministre des Langues officielles a réagi à ses nouvelles fonctions en déclarant qu’elle « remercie le premier ministre pour sa confiance continue ».

Controverse autour de l’identité autochtone

Cela fait suite à des propos contradictoires de Randy Boissonnault sur son identité autochtone révélés par le National Post. Il avait indiqué à plusieurs reprises dans le passé que son arrière-grand-mère était une « femme crie pur sang ». Il s’était aussi identifié comme un Blanc ou encore un « Cri adopté et sans statut », mais il s’est révélé que son arrière-grand-mère n’était pas Crie. L’ex-ministre avait finalement admis que ce n’était pas vrai, mais que son frère et sa mère adoptive étaient des Métis inscrits.

L’élu franco-albertain a toujours plaidé qu’il n’avait jamais prétendu avoir des origines autochtones et a indiqué récemment toujours en être « en plein apprentissage de mon propre patrimoine ».

De plus, une de ses entreprises, Global Health Imports, a appliqué à deux reprises des contrats fédéraux en s’identifiant comme une compagnie « entièrement LGBT+ et Autochtone ».

Comme la compagnie comporte deux propriétaires, le ministre et son partenaire d’affaires Stephen Anderson, il faudrait qu’au moins un des deux ait des origines autochtones. Le député libéral a plutôt accusé M. Anderson d’avoir agi en son nom en plus d’indiquer qu’il n’avait plus de parts dans cette compagnie. Le fait d’être une entreprise autochtone peut signifier d’être favorisé lors de l’obtention de contrats fédéraux.

« Ce qui s’est produit devait se produire »

Les appels à la démission du désormais ex-ministre des Langues officielles s’étaient multipliés dans les derniers jours.

À la période des questions mercredi, Pierre Poilievre a accusé Justin Trudeau d’avoir gardé en place Randy Boissonnault alors qu’il « était au courant que le ministre en question avait dirigé son entreprise lorsqu’il était au Cabinet et qu’il avait dit qu’il avait une fausse identité autochtone ».

« Le député d’Edmonton-Centre a quitté le Cabinet et va se concentrer sur sa défense contre ces allégations », a rétorqué le premier ministre.

Le député de l’Est ontarien Francis Drouin « a tenu à remercier tout ce qu’il a fait pour les langues officielles » tandis que Marc Serré a qualifié la situation de « triste » clamant que l’ex-ministre a toujours été « un champion » pour les enjeux autochtones. L’élu de Nickel-Belt n’a toutefois pas caché que la controverse a permis aux conservateurs de jouer « le jeu politique », ce qui « nuisait à certains travaux des comités et des Communes », a-t-il indiqué à sa sortie de la période des questions aux Communes.

Malgré sa démission, le NPD réclame toujours que la lumière soit faite sur cette situation en comité parlementaire autant au niveau de l’entreprise de M. Boissonnault que sur son identité autochtone.

« J’ai besoin que cette affaire fasse l’objet d’une enquête approfondie. Nous devons faire preuve de transparence pour les Canadiens », revendique le député albertain et néo-démocrate, Blake Desjarlais.

Pour le chef du Bloc Québécois,« ce qui s’est produit devait se produire » et le maintien de Randy Boissonnault ne se pouvait pas se faire, « avec autant de possibles épouvantables erreurs », a partagé Yves-François Blanchet.

Se déraciner avec Shawn Jobin

Shawn Jobin, l’un des artistes hip-hop francophones les plus connus de la Saskatchewan, nous parle de son parcours. Ayant étudié en anglais au Québec, puis en français en Saskatchewan, l’identité linguistique est une de ses principales sources d’inspiration.
Ce reportage marque le lancement de notre série « Micro & boussole en Saskatchewan », où Rachel Crustin, journaliste à ONFR, part à la découverte d’artistes-compositeurs francophones de la Saskatchewan.

Les appels à la démission de Randy Boissonnault se multiplient

OTTAWA – Après le Parti conservateur hier, c’est maintenant au tour du NPD et de l’ancienne procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould de demander la démission du ministre des Langues officielles, Randy Boissonnault. Ce dernier est impliqué dans une controverse en lien avec des affirmations sur ses origines autochtones et de l’une de ses entreprises.

Le ministre se retrouve aussi sous les feux de la rampe depuis plusieurs mois en raison de ses liens d’affaires avec une de ses entreprises Global Health Imports (GHI) qui a connu des démêlés judiciaires.

Lundi lors de la période des questions aux Communes, le leader conservateur Pierre Poilievre a appelé le représentant libéral à quitter ses fonctions, soutenant qu’une seule de ces allégations serait « un prétexte pour démissionner ».

Le NPD a aussi demandé à ce que Justin Trudeau expulse Randy Boissonnault de son cabinet si ce dernier ne veut pas partir.

« Nous devons comprendre que les gens abusent du système pour obtenir des avantages limités. Nous devons rendre justice aux autochtones et aux électeurs d’Edmonton-Centre et pour ça, Randy Boissonnault doit démissionner », a réclamé l’élu néo-démocrate Blake Desjarlais en conférence de presse au Parlement.

Plus récemment, le National Post a révélé que des affirmations du ministre franco-albertain au sujet de ses origines autochtones étaient contradictoires. Dans une déclaration sur X, vendredi dernier, le ministre a indiqué qu’il n’avait pas lui-même le statut de Métis, mais que sa mère adoptive et son frère étaient tous deux des Métis inscrits. Ce dernier avait pourtant affirmé par le passé dans des discours au Parlement que son arrière-grand-mère était une femme d’origine crie (a full-blooded Cree woman). 

Il a finalement reconnu s’être trompé, indiquant en être « en plein apprentissage de mon propre patrimoine », plaidant toutefois n’avoir jamais prétendu avoir lui-même des origines autochtones.

Le National Post a aussi révélé que GHI s’était identifiée comme une entreprise entièrement autochtone à plus d’une reprise dans des soumissions pour des contrats fédéraux dans le cadre de la Stratégie d’approvisionnement auprès des entreprises autochtones qui vise à favoriser la réconciliation économique. Ce programme permet aux entreprises autochtones de postuler pour des contrats fédéraux à condition qu’au moins 51 % de l’entreprise aient des propriétaires d’origine autochtone.

Le ministre Boissonnault a accusé son partenaire d’affaires dans Global Health Imports, Stephen Anderson « d’avoir utilisé mon nom sans mon autorisation pour promouvoir ses intérêts personnels à plusieurs reprises ».

« Je n’ai pas consenti non plus à ce que M. Anderson présente Global Health Imports comme une entreprise autochtone, et je ne le ferai jamais », a-t-il déclaré.

Le comité d’éthique avait déjà enquêté sur le rôle de Randy Boissonnault dans GHI. Cela a été motivé par des textes divulgués à un journaliste de Global News qui montraient que Stephen Anderson faisant référence à des communications commerciales avec quelqu’un de GHI nommé « Randy » après que l’élu libéral ait été nommé au cabinet. Les ministres sont tenus par la loi de ne plus être impliqués dans leur entreprise une fois en poste.

Le partenaire d’affaires du député d’Edmonton-Centre a également admis avoir menti à un journaliste sur l’identité du deuxième « Randy », bien qu’il ait toujours refusé d’identifier publiquement qui est l’autre « Randy ».

L’ancienne ministre libérale Jody Wilson-Raybould a écrit sur X (en anglais) que si Justin Trudeau était « engagé en faveur d’une véritable réconciliation, aurait destitué Randy du Cabinet depuis longtemps ». 

« Au lieu de cela, nous pouvons regarder les Blancs jouer à la roue de la Fortune de leur ascendance. Tellement honteux et extrêmement destructeur! », a dénoncé l’ancienne ministre de la Justice, expulsée du caucus libéral dans l’affaire de SNC-Lavalin.

En direct du G20 à Rio de Janeiro au Brésil, Justin Trudeau a dit que son ministre « allait continuer à répondre » aux accusations qui lui sont adressées.

L’Ontario incapable de retenir ses immigrants francophones

OTTAWA – Une étude parue aujourd’hui affirme que le Canada perd 35 % de ses immigrants francophones à long terme et l’Ontario ne parvient pas à retenir les nouveaux arrivants qui parlent français à un taux plus élevé.

Le rapport du Conference Board du Canada commandé par l’Institut pour la citoyenneté canadienne révèle que le pays perd le tiers de ses immigrants de langue française et que la majorité d’entre eux sont au Québec et en Ontario.

Si le Québec attire la majorité des immigrants francophones au pays, l’Ontario se démarque par le haut taux de départ des nouveaux arrivants francophones, soutient l’étude.

« En Ontario, cependant, le taux cumulé de migration subséquente des francophones est élevé comparativement à la proportion plus faible d’immigrants francophones qui s’y établissent », est-il écrit dans l’étude.

Les auteurs de l’étude notent donc que « l’Ontario a du mal à retenir les immigrants francophones au même rythme que les immigrants s’y établissent ».

Selon les auteurs de l’étude, c’est deux ans après leur arrivée au Canada que les immigrants francophones sont plus à risque de quitter le pays. Pour les anglophones et les allophones, l’apogée de cette possibilité, intitulé la migration subséquente dans l’étude, est plus long soit cinq ans.

« Dans les autres provinces et territoires, la migration subséquente des francophones est beaucoup moins importante, ce qui en fait un problème qui touche de manière disproportionnée le Québec et l’Ontario », souligne l’étude.

« Il y a une question de vitesse et d’urgence (pour l’intégration) afin que la première et la deuxième année, que ces années soient excellentes, plaide le président de l’Institut pour la citoyenneté canadienne, Daniel Bernhard. Sinon, nos données indiquent qu’ils sont très à l’aise d’explorer d’autres options », ajoute-t-il dans le cadre d’une conférence de presse mardi pour présenter le rapport.

Si d’autres recherches sont nécessaires pour « comprendre les raisons » de ce haut taux de départ, Daniel Bernhard soupçonne que le soutien pour les personnes francophones dans les milieux anglophones en Ontario « n’est pas suffisant ».

« Être francophone et être seul n’est pas une expérience très joyeuse », a-t-il affirmé.

Les auteurs de l’étude recommandent qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) mette en place davantage de services d’intégration à l’intention des immigrants francophones, en mettant l’accent sur leur rétention en particulier au Québec et en Ontario, notamment dans les premières années de leur arrivée au pays.

La cible en immigration francophone en hausse

L’étude affirme que le manque de masse critique et de communautés francophones à l’extérieur du Québec nuit grandement à la rétention des nouveaux arrivants. Le fait de choisir une communauté francophone hors du Québec augmente les chances qu’un immigrant décide de rester au pays.

Le mois dernier, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, avait annoncé que son gouvernement allait revoir à la hausse son objectif d’immigrants francophones hors du Québec à 8,5% en 2025, 9% en 2026 et finalement 10% en 2027. La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) demande de son côté une cible de 12 % minimum.

Invité à réagir, le ministre a pointé vers deux programmes, celui des communautés francophones accueillantes et le Projet pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord comme de bonnes sources de rétention, soit jusqu’à 80% des candidats sélectionnés.

« L’effort dans le ministère est de s’assurer que les gens qui les accueillent ont les ressources, mais il y a une limite aux efforts que peut déployer le fédéral pour accueillir ces gens… À plusieurs égards, on rame à contre-courant », dit le ministre MIller.

S’il dit s’inquiéter que ce chiffre de départ des immigrants francophones soit aussi élevé que 35% au Canada, le ministre suggère que l’attraction des grandes villes l’emporte parfois sur des plus petites communautés rurales pour les nouveaux arrivants ce qui nuit à l’immigration francophone.

Les auteurs de l’étude suggèrent aussi au gouvernement fédéral d’instaurer une cible de rétention des immigrants.

Le français prend sa place chez les Wolves de Sudbury

SUDBURY – Depuis la fin de la saison passée, les amateurs de hockey de Sudbury ont le droit à des annonces en français tous les vendredis durant les matchs des Wolves. Alors que le premier match bilingue de la saison sera présenté ce vendredi soir à l’aréna communautaire, ONFR est allé voir à quoi ressemblent les coulisses de ces matchs avec une touche en français.

Comme tous les vendredis soir depuis le 27 septembre, Robert McMillan traverse l’aréna pour rejoindre la cabine où opèrent les techniciens et autres artisans des matchs des Wolves.

Robert McMillan estime que son passé comme voix de radio est un atout pour son rôle d’annonceur. Crédit photo : ONFR/Inès Rebei

La foule est présente en nombre pour ce match à guichet fermé opposant les jeunes Sudburois de la ligue junior de la Ligue de hockey de l’Ontario à leurs adversaires des Spitfires de Windsor. Dès le début de la partie, Robert McMillan sait qu’il faut être alerte et se place, debout, derrière de l’annonceur régulier dont il sera l’ombre.

« C’est stressant, mais c’est du bon stress », confie celui qui a derrière lui une longue carrière en tant que journaliste à Radio-Canada.

« À partir du moment où un but ou une pénalité est compté, il faut attendre le coup de fil des officiels qui confirment les informations du but et, après ça, lire les notes de l’annonceur anglophone et traduire tout de suite après lui. »

Robert McMillan espère que le nouvel aréna aura une cabine plus grande pour accueillir les huit techniciens. Crédit photo : ONFR/Inès Rebei

Contacté l’année dernière par l’Association canadienne-française du Grand Sudbury (ACFO), M. McMillan est sorti de sa retraite et n’a jamais cessé de tenir le micro tous les vendredis soir.  

« Je pensais que c’était un one shot deal mais ça continue. Qu’ils aient pensé à ça est très honorable parce qu’on sait qu’il y a quand même beaucoup de francophones à Sudbury », se félicite-t-il.

C’est le cas de la famille Bazinet, quelques mètres plus bas dans les gradins, qui suit attentivement l’action sur la glace.

« On a été très surpris. On s’est demandé si on avait bien entendu du français », fait part Natacha Bazinet en regardant son époux qui acquiesce.

La famille Bazinet a fait le déplacement depuis Verner, à près d’une heure de route, pour voir le match. Crédit photo : ONFR/Inès Rebei

Une belle surprise pour les parents, accompagnés de leurs jeunes enfants, dont il s’agit du premier match des Wolves : « On est content d’entendre du français, c’est une belle surprise ».

Une exception en Ontario

Si, à l’origine, il s’agissait d’une suggestion de l’ACFO avec un tout premier match en 2019, la pérennisation récente de ce format a été l’initiative des Wolves.

« Nous avons fait quelques essais, ça a bien marché, les gens adorent ces matchs », lance Paul Hamilton, entre deux écrans dans la cabine technique.

« On est la seule équipe qui offre une composante en français en dehors d’Ottawa »
— Paul Hamilton

Le directeur marketing de Sudbury Wolves Entertainment affirme que son équipe est la seule du Nord de l’Ontario à inclure la langue de Molière dans la commande des matchs. « C’est très unique pour la ligue de hockey de l’Ontario, on est la seule équipe qui offre une composante en français en dehors d’Ottawa. »

Paul Hamilton passe sa soirée dans la régie pour s’assurer du bon déroulement de l’événement. Crédit photo : ONFR/Inès Rebei

D’autres efforts ont été consentis comme la traduction de la page d’information sur l’alignement de l’équipe.

Joanne Gervais, directrice générale de l’ACFO du Grand Sudbury, reconnaît que le geste derrière cette initiative a de quoi réjouir, mais aimerait que l’organisme aille encore plus loin en rendant tous les matchs bilingues et en embauchant davantage de francophones.

Le match de ce vendredi sera consacré au thème de la francophonie avec des affichages et des activités en français offertes par les Conseils de Nouvelon et du Grand Nord, la présence de 500 écoliers francophones et des annonces en grande majorité en français durant le match.

Il y a eu trois matchs bilingues des Wolves la saison dernière à l’aréna communautaire. Crédit photo : ONFR/Inès Rebei

Au-delà du hockey

Mme Gervais espère également que ce projet s’étendra à l’autre équipe appartenant au groupe des Wolves, les Fives de Sudbury. Un premier match bilingue de cette équipe professionnelle de basket-ball avait pris place en janvier dernier à l’aréna communautaire.

« On va travailler avec eux pour des joutes bilingues de l’autre panier, en espérant qu’on aura le même niveau d’amélioration avec le basket », croit-elle.

Du côté des Wolves, on dit entendre les demandes de l’ACFO du Grand Sudbury : « Nous voulons inclure de plus en plus de composantes françaises dans nos jeux et événements chaque soir. »

Chaque fois que l’équipe des Wolves marque un but, un loup empaillé accroché à un câble traverse l’aréna. Source : Destination Ontario

M. Hamilton, qui est aussi aux commandes de la régie technique, n’a aucun doute sur le fait que ce partenariat ira plus loin : « Cette année sera une grande différence par rapport à l’an dernier et j’espère que chaque année nous serons de plus en plus appréciés de la communauté francophone. »

Village de Noël de Temiskaming : « Il n’y a pas de grand marché de Noël comme le nôtre en Ontario »

Réjeanne Bélisle-Massie est la présidente du Centre culturel ARTEM qui produit le Village de Noël Temiskaming.

Le Village, célébrant l’époque de la Nouvelle-France, réunit en moyenne plus de 10 000 personnes et 200 bénévoles du jeudi au samedi.

Réjeanne Bélisle-Massie revient sur l’histoire de la création et les défis contemporains du Village qui fête cette année sa 10e édition avec plusieurs nouveautés.

« Vous avez été impliquée dans la création du Village de Noël, qu’est-ce qui avait mené à sa création?

En 2012, on savait qu’en 2015 on fêterait le 400e anniversaire des francophones en Ontario et on savait qu’il y aurait des possibilités de financement. On est allés vers la ville de Temiskaming Shores qui travaillait à ce moment-là sur une initiative pour revitaliser le centre-ville. On a souhaitait offrir une expérience unique, axée sur la famille à peu de frais comme il n’y a pas de prix d’entrée pour le Village.

Qu’est-ce qui distingue, selon vous, votre Village des autres ailleurs en province?

Quand on a conçu le Village, on avait en tête que les gens préfèrent visiter des endroits où il y a quelque chose de spécial alors si on fait juste un marché de Noël régulier, on ne se démarquerait pas des autres. C’est pour ça qu’on a exploré le thème de la Nouvelle-France. On a des personnages incarnés par des acteurs en costume, des scènes d’époques interactives avec le public, des prestations de danse folklorique etc. On a même des participants issus des premiers peuples qui présentent aussi leur histoire de l’époque de la Nouvelle-France, en anglais.

Des activités recréant la traite des fourrures de l’époque de la Nouvelle France au Village en 2023. Gracieuseté du Village de Noël de Temiskaming

Vous êtes proche de la frontière avec le Québec, comment cela influence-t-il le Village?

Une chose est certaine, les marchés de Noël sont plus connus des Québécois que des gens de l’Ontario. Au Québec, il y a des marchés de Noël partout, il y en a un à Baie-Saint-Paul, Sherbrooke, Québec, Montréal. Ici, en Ontario, on n’a pas de marché de Noël d’envergure, le seul que l’on cite tout le temps c’est celui de la Distillery à Toronto. À part celui-là, il n’y a pas de grand marché de Noël comme le nôtre en Ontario. Beaucoup de nos exposants viennent du Québec, et les visiteurs aussi.

Quels ont été les moments forts du Village sur ses dix premières années?

La première année on a eu toutes sortes de contraintes, comme la météo avec de la neige, du vent, du froid extrême et un incendie. On avait dû fermer toute une rue sur laquelle on avait plusieurs petites maisons pour le Village. Un vrai baptême de feu! Il y a eu toutes sortes d’ajustements depuis les débuts. Quand on avait fait construire les maisonnettes, on n’avait jamais pensé à isoler les maisonnettes, les exposants étaient complètement gelés, on s’est rattrapés par la suite. À la base, le Village avait lieu du jeudi au dimanche, mais les participants nous ont dit que c’était trop, alors on a réduit ça au samedi.

Vous avez aussi relocalisé le Village récemment, pourquoi?

C’était devenu très difficile à gérer pour nos bénévoles d’un point de vue logistique, avec l’installation et le démontage. Il y avait aussi la pandémie et la flambée des cas de COVID-19 dans la région qui a fait qu’il fallait une plus grande marge de manœuvre pour le nettoyage. C’est pour ces raisons que nous avons décidé de relocaliser le Village du centre-ville de New Liskaerd vers les terrains de la Foire d’automne pour notre édition de retour en 2022.

La dernière édition du Village de Noël de Temiskaming au centre-ville de New Liskaerd a eu lieu en 2019. Gracieuseté du Village de Noël de Temiskaming

Il faut dire aussi, que ça donne un aspect beaucoup plus ‘’village’’ parce que quand on était au centre-ville, il fallait tellement espacer les maisonnettes que ça ne donnait plus cette ambiance-là. On est beaucoup mieux sur notre site actuel aujourd’hui.

Qu’avez-vous préparé pour cette 10e édition?

Chaque année, on rajoute un petit quelque chose. Cette année, on a plus d’exposants que jamais avec 33 maisonnettes. On essaie toujours d’avoir des artisans de partout qui proposent des produits nouveaux chaque année, mais on a aussi nos habitués pour lesquels des gens se déplacent spécialement. C’est aussi la première fois qu’on aura un chapiteau pour que les gens puissent se réchauffer, boire une boisson chaude et se reposer.

Cette année, on a aussi un gros bateau en paille de bois qui est là pour rappeler que le Chevalier de Troyes est passé par chez nous. Des feux d’artifice en soirée également et une carriole de Saint-Nicolas sur laquelle les gens pourront s’assoir et prendre des photos. Sans compter de nouveaux jeux pour les enfants parce qu’on a près de 1500 élèves qui viennent et on veut qu’ils puissent être toujours occupés sur le site.

Le défilé du père Noël organisé par la municipalité clôture chaque année le Village de Noël. Gracieuseté du Village de Noël

Êtes-vous confiante concernant le futur de votre Village?

La communauté est attachée au Village et souhaite qu’il soit pérenne, mais ce qui m’inquiète c’est que plusieurs personnes du comité m’ont dit que cette année serait leur dernière édition. On a des défis non seulement au niveau du recrutement de bénévoles, mais aussi pour trouver une relève parce que je dois vous dire que mon comité et moi-même, on est presque tous des têtes blanches! Ce que les gens doivent savoir c’est que nous sommes tous des bénévoles de 68 à 84 ans qui travaillons toute l’année sur ce gros projet.

Malgré tout, il y a de quoi être fier du fait que le Village soit arrivé à son dixième anniversaire. Je ne pensais pas qu’il durerait aussi longtemps et je dois dire que je n’abandonnerai pas ce projet pour tout l’or du monde. »

« Si peu de gens connaissent notre histoire », lance le Métis Mitch Case pour la Journée Louis Riel

Mitch Case* est le conseiller régional de la communauté métisse de Huron-Supérieur à la Nation métisse de l’Ontario.

Le 16 novembre est l’anniversaire de la pendaison de Louis Riel par le gouvernement canadien, survenu en 1885. La Journée Louis Riel souligne l’héritage et les contributions de Louis Riel, et est aujourd’hui reconnue par le gouvernement canadien.

La Nation métisse de l’Ontario a été créée en 1993 pour former un gouvernement moderne qui représente l’ensemble des communautés métisses de la province. Ces dernières et leurs enjeux propres sont encore méconnus des Ontariens et des Canadiens.

« Que devrions-nous savoir sur la Nation métisse de l’Ontario?

La communauté métisse de l’Ontario est forte et vibrante. Elle est composée des sept communautés métisses historiques de l’Ontario, et d’environ 6 000 citoyens métis qui viennent du Manitoba ou de la Saskatchewan et qui sont maintenant chez eux en Ontario.

En 2003, la Cour suprême du Canada a reconnu les Métis comme peuple distinct, après une saga judiciaire de 10 ans qu’on appelle aujourd’hui l’affaire Powley. Qu’est-ce que cette reconnaissance a changé pour les Métis de l’Ontario?

Depuis cette décision, les gouvernements ne peuvent plus ignorer les communautés et les droits des Métis, ce qui était la façon de faire depuis plus d’un siècle. Avec les Premières Nations, le gouvernement canadien a pris l’approche de créer la Loi sur les Indiens et d’essayer de contrôler chaque aspect de la vie de ces personnes. Mais pour les Métis, l’approche du gouvernement était de nous ignorer complètement. Nous n’allons ni vous parler, ni vous écouter, ni reconnaître votre existence.

La décision Powley a permis de faire tomber ce mur qui avait été érigé pour empêcher les Métis de s’épanouir et de faire reconnaître les enjeux qui les concernent. Cette affaire a ouvert la porte pour des arrangements communs ou pour du soutien à des initiatives culturelles, ou à des enjeux comme le logement et la santé, par exemple.

Mitch Case (à droite) lors de l’ouverture du Centre du patrimoine métis de Sault Ste. Marie, en octobre 2024. Photo : Gracieuseté de la Nation métisse de l’Ontario.

Comment va la relation entre la Nation métisse de l’Ontario et les gouvernements provincial et fédéral aujourd’hui?

Vous savez, le Canada est bon pour parler des enjeux autochtones et pour parler de réconciliation. Il n’est pas toujours aussi bon pour atteindre ses objectifs que pour en parler. Mais il y a une volonté. Il y a des bosses sur toutes les routes et des tensions dans toutes les relations. C’est compliqué et ça prend des adultes à la table pour en parler.

Comme citoyens, que devrions-nous faire pour travailler à la vérité et à la réconciliation avec les Métis?

Il faut s’éduquer sur les communautés métisses, surtout celles de l’Ontario, où il y a souvent une incompréhension à propos de qui nous sommes. Je recommande le site web ontariometisfacts.com, une superbe ressource éducative que notre gouvernement métis a mise en place pour raconter les histoires de nos communautés.

L’un des plus gros défis est que même aujourd’hui, les Canadiens et les Autochtones ne se connaissent pas assez, mutuellement.

Est-ce qu’il y a des francophones parmi les Métis de l’Ontario?

Oui. Il y a une bonne proportion de francophones, particulièrement dans les régions de Timmins et de la Baie Géorgienne.

Quels parallèles peut-on dresser entre les enjeux des francophones et des Métis?

Je ne suis pas certain. L’un de nos défis est qu’il y a souvent une appropriation, surtout au Québec, où les gens veulent réclamer Louis Riel comme un héros des droits des francophones, ce qu’il était assurément. Mais nous, les Métis, ce n’est pas de cette façon que nous le voyons, alors que nous sommes toujours à la recherche de notre place dans la Confédération…

Dans les années 1990, le gouvernement québécois ne s’est même pas présenté aux tables de discussions sur les droits des Autochtones au Canada. Mais après, il veut s’approprier le leader métis comme s’il parlait pour les droits (des Québécois). Ça crée des tensions dans la relation, mais c’est plutôt un problème politique. Au final, nous sommes tous des humains qui voulons voir nos enfants grandir et s’épanouir.

Les communautés autochtones et non-autochtones devraient travailler ensemble pour offrir un meilleur avenir pour tous les enfants, croit Mitch Case. Photo : Gracieuseté de la Nation métisse de l’Ontario.

En tant que personnes de cultures différentes qui vivent dans ce qu’on appelle maintenant le Canada, si nous pouvions simplement apprendre à nous parler, nous réaliserions que nous voulons tous la même chose. Si chacun réalise que ses enfants réussiront si les autres enfants ont aussi les conditions pour réussir, nous pourrons bâtir une grande société. C’est en grande partie ce pour quoi Louis Riel s’est battu.

Nous voulons simplement être libres de faire nos affaires. Nous n’avons absolument aucun problème à ce que vous fassiez les vôtres.

Le Centre du patrimoine métis de Sault Ste. Marie a ouvert ses portes en octobre. De quoi s’agit-il?

C’est notre nouveau lieu de rassemblement communautaire. Il y a un espace-musée qui raconte l’histoire de nos communautés et de nos luttes. C’est une réussite extraordinaire du Conseil historique des Métis de Sault Ste. Marie.

Il y a quelques jours, vous avez participé à un panel organisé par le Barreau de l’Ontario. De quoi était-il question?

Nous avons parlé de l’histoire et de l’évolution de la reconnaissance des droits des Métis et des enjeux qui doivent encore être résolus entre le Canada et nous. Nous parlions encore une fois du fait que si peu de gens connaissent notre histoire. Et si vous ne comprenez pas l’histoire, il est très difficile de comprendre où nous en sommes aujourd’hui et pourquoi certaines choses ont encore autant d’importance pour nous.

Quel message supplémentaire aimeriez-vous lancer en cette Journée Louis Riel?

Je voudrais dire que nous vivons dans des temps incertains. Le monde est beaucoup plus petit qu’avant, mais ses problèmes semblent prendre de l’ampleur.

De la perspective de nos communautés, nous avons déjà vécu des temps incertains par le passé. Nous restons dévoués à l’idée de la réconciliation, de construire un meilleur futur pour tous, ensemble.

Si des gens qui lisent cette entrevue y voient une importance de bâtir une relation avec la Nation métisse de l’Ontario et ont envie de trouver des façons dont nous pouvons nous soutenir les uns les autres, ça signifie beaucoup pour nous. »

*Cette entrevue a été réalisée en anglais.

Et si on racontait l’histoire franco-ontarienne au cinéma?

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

L’histoire du cinéma en Ontario français est assez rudimentaire. Raconter l’histoire franco-ontarienne au cinéma, encore moins. Puisque l’écriture nous permet de rêver et de ne pas être cantonnés dans des limites financières, matérielles ou autres, je vous propose dans cette chronique d’imaginer que nous avions tous les moyens de nos ambitions pour réaliser des longs-métrages sur l’histoire franco-ontarienne. Quels pans de notre histoire seraient-ils les plus intéressants à porter sur grand écran? Voici ma sélection.

À l’origine, le Règlement 17

D’emblée, si l’intention dans notre projet hypothétique est de rejoindre le plus grand nombre, il m’est d’avis qu’un long-métrage, basé sur des faits réels, s’imposerait plutôt qu’un documentaire. Ainsi, deux types de films se prêteraient le mieux à faire revivre par le cinéma des moments marquants de notre histoire : le film d’histoire ou encore le film biographique.

Il me paraîtrait évident qu’un film sur la lutte franco-ontarienne au Règlement 17 s’imposerait rapidement. L’époque du Règlement 17 s’inscrivait dans une période mouvementée politiquement, linguistiquement, culturellement, religieusement et militairement. « Les Franco-Ontariens sont nés au Règlement 17 » comme le disait souvent l’historien franco-ontarien Robert Choquette.

Les premiers héros typiquement franco-ontariens sont issus de cette lutte et se trouvent aujourd’hui immortalisés dans notre toponymie. Je pense ici à Napoléon-Antoine Belcourt, Samuel Genest et le père Charles Charlebois.

L'image monte des manifestations contre le Règlement 17 à Ottawa.
Manifestation devant l’école Guigues, à Ottawa, à l’époque du Règlement XVII. Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

Ce film devrait aussi représenter les luttes partout où elles ont eu lieu, aux quatre coins de la province. Si la lutte a particulièrement été intense à Ottawa, elle n’en fut pas moins à Pembroke et dans la région de Windsor.

Évidemment, la célèbre bataille des épingles à chapeaux du 7 janvier 1916 à l’École Guigues d’Ottawa occuperait une place centrale dans le film, tout comme le courage des sœurs Béatrice et Diane Desloges.

Je suis aussi d’avis que le film devrait mettre en relief la bataille du Règlement 17 dans son contexte politique. Le gouvernement conservateur de James P. Whitney instaure en 1912 le règlement qui interdit l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario et cette politique sera suivie au-delà de Whitney qui décèdera en fonction deux ans plus tard. En fait, tous les successeurs au rang de premier ministre de l’Ontario continueront à appliquer le Règlement 17.

Formant un peuple à l’époque appelée Canadiens français, les Franco-Ontariens seront massivement appuyés par des Québécois dont les intellectuels Henri Bourassa et Lionel Groulx, entre autres, tout comme par certains politiciens. Le président du Sénat Philippe Landry démissionnera avec fracas de son poste de président de la Chambre haute pour se livrer corps et âme jusqu’à sa mort à la lutte franco-ontarienne. Le député conservateur québécois Paul-Émile Lamarche fera de même en claquant la porte de son parti. Des motions unanimes de l’Assemblée législative du Québec condamneront le Règlement 17. Fait peu connu, une motion sera même présentée pour étudier la possibilité de faire du Québec un pays…

Le combat franco-ontarien était perçu comme le dernier rempart d’une digue francophone qui résiste à la volonté assimilatrice et qui met en examen la jeune fédération canadienne.

D’autres luttes marquantes

À la fin du XXe siècle, le combat de SOS Montfort serait une bonne suite dans nos films franco-ontariens. Là encore, le contexte est intense, des héros surgissent et la lutte est celle de David contre Goliath. À la fin des années 1990, l’Ontario est aux prises avec un énorme déficit. L’objectif du gouvernement, qui délègue ses pouvoirs à une commission de restructuration, est d’économiser de l’argent. Tout y passe, y compris les hôpitaux, dont certains sont identifiés pour être fermés, sans égard des répercussions auprès des groupes minoritaires ou des obligations linguistiques gouvernementales. L’Hôpital Montfort sera du lot.

La réplique franco-ontarienne se fera aussitôt entendre et le mouvement de contestation sera porté par l’héroïne la plus charismatique de notre histoire, Gisèle Lalonde. La crise éclate moins de deux ans après le référendum du Québec de 1995 où le camp du OUI passe bien près de l’emporter. Malgré le soutien populaire, la voie politique ne fonctionne pas et les Franco-Ontariens porteront leur cause devant les tribunaux, où ils obtiendront gain de cause deux fois plutôt qu’une.

Gisèle Lalonde s’adresse à une foule de 10 000 personnes rassemblées lors du Grand Ralliement le 22 mars 1997 au Centre municipal d’Ottawa. Crédit photo : Hôpital Montfort

Un film aussi sur l’époque de la Nouvelle-France où Samuel de Champlain et Étienne Brûlé se côtoient pourrait aussi être intéressant. Une attention particulière sur la seigneurie du Fort Frontenac (aujourd’hui Kingston) et la région du Détroit devrait être aussi incluse dans le long-métrage ce qui permettrait de retracer toute l’histoire, de la fondation à la conquête de l’histoire de la Nouvelle-France en Ontario français.

Les crises scolaires des années 1970 seraient aussi intéressantes à filmer pour le cinéma. Là encore, c’est aux quatre coins de la province que des luttes ont eu lieu pour des écoles secondaires de langue française en Ontario. Sturgeon Falls, Cornwall, Windsor, Penetanguishene… des noms qui résonnent encore.

L’Ordre de Jacques-Cartier, cette société secrète fondée en Ontario ainsi que le Mouvement c’est le temps, cette campagne de désobéissance civile franco-ontarienne lancée par Jacqueline Pelletier où des francophones sont allés en prison pour réclamer le respect de leurs droits mérite assurément aussi leurs films.

Films biographiques

Dans le genre de film biographique, deux noms me viennent spontanément en tête, soit Gisèle Lalonde et Bernard Grandmaître. Ces deux personnes, nées à quelques jours d’intervalle en 1933 à Eastview (Vanier), ont eu des vies hors du commun. Et leurs parcours se sont souvent croisés. Avant même la bataille pour sauver l’Hôpital Montfort, Gisèle Lalonde avait fracassé les plafonds de verre comme aucune femme franco-ontarienne ne l’avait fait auparavant.

Bernard Grandmaître lors du Gala qui porte son nom en 2017.Crédit image : Patrick Imbeau

Bernard Grandmaître a mené sa carrière politique avec classe et dignité, de la mairie de Vanier au conseil des ministres provincial. L’adoption de la Loi sur les services en français était loin d’être gagnée d’avance et il a fallu beaucoup de diplomatie, de tact et de doigté pour l’obtenir.

Deux autres vies portées au grand écran pourraient aussi susciter de l’intérêt : Jos Montferrand et André Paiement.  

Riche de plus de 400 ans d’histoire, l’Ontario français regorge d’épisodes marquants fertiles pour le 7e art. Silence, moteur, action!

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et du Groupe Média TFO.

Nouveau-Brunswick : l’Acadienne Louise Imbeault nommée lieutenante-gouverneure

Après avoir nommé une lieutenante-gouverneure unilingue au Nouveau-Brunswick en 2019, le gouvernement Trudeau n’a pas répété le coup cette fois-ci en procédant à la nomination de l’Acadienne Louise Imbeault pour occuper le poste.

Le bureau du premier ministre a annoncé la nomination vendredi, par voie de communiqué. L’actuelle lieutenante-gouverneure, Brenda Murphy, avait été nommée en septembre 2019 par le premier ministre Trudeau. Les lieutenants-gouverneurs sont nommés pour un mandat d’au moins cinq ans.

« Je félicite Louise Imbeault pour sa nomination à titre de lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick. Elle fait preuve d’un dévouement et d’un leadership indéfectibles au sein de la communauté acadienne, et je suis convaincu qu’elle continuera de servir la population du Nouveau-Brunswick avec distinction dans le cadre de ce nouveau rôle », a déclaré Justin Trudeau.

La nomination de 2019 de Brenda Murphy avait soulevé l’ire des groupes de défense des Acadiens, qui reprochaient à Justin Trudeau d’avoir nommé une unilingue anglophone à cette fonction dans la seule province bilingue au Canada.

La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) avait intenté un recours en justice contre le gouvernement libéral, car elle jugeait que la nomination d’une personne ne parlant pas français à ce poste était inconstitutionnelle. Un premier verdict avait d’abord donné raison à la SANB, jugeant que la nomination était inconstitutionnelle. Mais en mai dernier, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick avait renversé cette décision.

La SANB avait alors indiqué qu’elle allait demander à ce que le dossier soit entendu devant la Cour suprême. Suite au premier jugement, les libéraux fédéraux avaient admis que la nomination de Mme Murphy était une erreur, et avaient promis de ne plus nommer de personnes unilingues à cette fonction.

Louise Imbeault a été journaliste pendant plus de 30 ans, débutant en 1974. Elle aura été la première femme à occuper le poste de chef des nouvelles dans la région atlantique, en plus d’être directrice de Radio-Canada Atlantique. Elle était aussi, depuis 2018, la chancelière de l’Université de Moncton.

« Au nom de tous les gens du Nouveau-Brunswick, je félicite Louise Imbeault pour sa nomination à titre de 33e lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick », a félicité la première ministre néo-brunswickoise Susan Holt dans une déclaration.

« J’ai hâte qu’elle commence à assumer ce rôle important avec tout ce qu’il comporte, notamment en nous aidant à faire la promotion de notre province, en reconnaissant notre population extraordinaire, et en soutenant les causes qui nous tiennent à cœur », ajoute la politicienne libérale.

Réflexions culturelles de la semaine

Cette semaine culturelle en est une qui porte à réfléchir. Sur le poids des mots ou sur la diversité francophone, par exemple, ou encore sur notre rapport à l’échec, grâce à la production maison professionnelle du Théâtre du Nouvel-Ontario, L’Encyclopédie de l’échec. Si le temps plus froid vous incite à rester à l’intérieur, il est tout à fait possible de cultiver son esprit en suivant une conférence culturelle à même son salon.

Sublimer la haine à Ottawa

Le spectacle Surveillée et punie, présenté au Centre national des arts (CNA) jusqu’à samedi, réussit un tour de force. Les innombrables commentaires haineux reçus par l’autrice-compositrice-interprète Safia Nolin ont servi de combustible pour créer un spectacle d’une beauté particulière. Le livret est signé Safia Nolin et Jean-Philippe Baril-Guérard, qui ont utilisé les vrais mots des détesteurs de la chanteuse. Debbie Lynch-White se joint à Safia Nolin sur scène. Le tout est mis en scène par Philippe Cyr.

Pour les représentations ottaviennes, les chansons sont interprétées par 17 choristes professionnels et amateurs de la région d’Ottawa-Gatineau et de quatre interprètes de Montréal, dirigés par Robert Filion. Une discussion d’après spectacle suivra la représentation de vendredi.

Safia Nolin est la cible de commentaires particulièrement violents depuis le début de sa carrière, que le spectacle Sublimée est punie dénonce et sublime. Photo : Maxim Paré Fortin

Ottawa, du 14 au 16 novembre. Détails et billets sur le site du CNA.

La francophonie plurielle dans la capitale

Dans le cadre du Festival multiculturel du monde, une table ronde bilingue est organisée à la Maison de la francophonie d’Ottawa. Ce samedi à 15 h, la discussion tournera autour du thème Favoriser l’harmonie par l’éducation : construire une société multiculturelle. Il sera question des défis et des avantages d’une société diversifiée. Les panélistes proposeront des idées concrètes pour améliorer l’inclusion de la diversité au quotidien.

La table ronde sera menée par le directeur artistique de la Maison de la francophonie, Marcel Morin. Les invités seront Randy Kakegamick, artiste ojibwé-cri, France Goulard, surintendante de l’éducation au Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), Ghilian Médor, conseillère pédagogique en Équité au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), Amine Aidouni, surintendant de l’éducation au CEPEO, Hortense Mvuemba, conseillère en engagement communautaire au CECCE, Vikki (Broesamle) Lefebre et Dr. Mahmoud Maseli.

Le directeur artistique de la Maison de la francophonie d’Ottawa, Marcel Morin, animera la table ronde. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ottawa, le 16 novembre. Gratuit. Détails sur la page Facebook du Festival multiculturel du monde. Possibilité de réserver une place en envoyant un courriel à marcel.morin@cmfo.ca.

Échange littéraire France-Ontario

L’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français (AAOF) reprend ses Croisées des mots, des discussions virtuelles autour de livres habituellement franco-ontariens. La causerie de ce vendredi midi s’étend au vieux continent alors que l’animateur Hugues Beaudoin-Dumouchel reçoit non pas un, mais deux invités à la fois. Le Franco-Ontarien Daniel Marchildon et la Française Marie Dô parleront des valeurs que l’on approfondit à l’adolescence et de leurs œuvres respectives, L’étonnant cas de Nico et Fais danser la poussière. Cette Croisée des mots est une collaboration de l’AAOF avec Rencontre des auteurs francophones et la Bibliothèque publique de Toronto.

Les auteurs et les oeuvres à l’honneur lors de la Croisée des mots de novembre. Gracieuseté de l’AAOF

Virtuel, le 15 novembre à midi (heure de l’Ontario). Gratuit, mais inscription obligatoire. Détails sur le site de l’AAOF.

Voyage au début du 20e siècle

La Bibliothèque publique et l’Alliance française de Toronto présentent une autre conférence en ligne, cette fois avec l’historien de l’art, Gilles Genty. Il fera découvrir les œuvres issues des voyages d’artistes européens en Afrique du Nord au début de 20e siècle. Le Russe-Allemand-Français Wassily Kandinsky en Tunisie en 1905, le Français Henri Matisse au Maroc en 1908 ou les Allemands August Macke et Paul Klee en Tunisie en 1914 ont vu leur art être grandement influencé par ce qui était devenu presque un passage obligé pour les peintres de leur génération. Dans le cas de Paul Klee, le voyage provoquera un voyage intérieur et il évoluera de plus en plus vers l’art abstrait.

L’événement a lieu samedi à 14 h, mais sera également enregistré pour pouvoir être visionné plus tard avec le même lien.

Motif de Hammamet, 1914, par Paul Klee. Domaine public, Paul Klee via Wikimedia

En ligne le 16 novembre et rattrapable ensuite. Détails et lien sur la plateforme Crowdcast.

Edouard Landry fait découvrir Akeem Oh aux Sudburois

La troisième saison du Bistro des découvertes, concept de La Slague de Sudbury, débute mardi. Dans ces soirées au Bistro de la Place des arts, un artiste établi fait découvrir au public l’un de ses coups de cœur parmi la communauté artistique franco-ontarienne émergente. Cette fois, le Sudburois bien connu Edouard Landry (Ed Landry pour les intimes) a invité dans la ville du nickel Akeem Oh. De son vrai nom Akeem Ouellette, l’auteur-compositeur-interprète et DJ est né à Philadelphie, aux États-Unis, puis a grandi à Mattawa, en Ontario. Il a vécu 11 ans à Ottawa avant de s’établir à Toronto. Son plus récent simple, Fomotion, a été lancé en septembre dernier. Akeem Oh, qui chante beaucoup en anglais, mais aussi en français, prépare maintenant son premier album.

Edouard Landry est un musicien de Sudbury, connu notamment pour sa carrière solo bilingue et pour sa présence dans le trio Les Bilinguish Boys. Photo : Gracieuseté de La Slague

Sudbury, le 19 novembre. Détails et billets sur le site de La Slague.

Pars un rigodon… en images

La chanson n’est pas nouvelle pour ceux qui sont familiers avec le Pause, le EP sorti il y a un peu plus d’un an. Mais Sugar Crush vient de lancer un vidéoclip live pour Pars un rigodon. On y voit Joanie Charron et Marie-Soleil Provost sur les différentes scènes qu’elles ont pu fouler avec leur duo country, qui lance ici un clin d’œil à la musique traditionnelle. Les deux musiciennes d’Ottawa espèrent profiter de la période des fêtes pour entendre cette chanson festive sur les ondes, alors qu’elle a été lancée en extrait radio officiel en novembre.

Sugar Crush est un duo country féminin d’Ottawa, composé de Joanie Charron (à gauche) et de Marie-Soleil Provost (à droite). Crédit image : Rachel Crustin / ONFR

Chanson et vidéoclip disponible sur les plateformes en ligne de Sugar Crush.

L’Université d’Ottawa sous la menace d’une grève

OTTAWA – Les 1300 professeurs et bibliothécaires de l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO) ont voté à plus de 80% en faveur d’un mandat de grève. En négociation depuis juin dernier avec l’administration pour de meilleures conditions de travail, le corps enseignant pourrait se mettre en grève dès février 2025, la première fois de l’histoire du syndicat.

Le vote s’est déroulé cette semaine entre ce mardi 12 et ce jeudi 14 novembre. Parmi les 1026 bulletins des membres votant, une forte majorité de 80,9% s’est montrée favorable au mandat de grève.

En négociations collectives depuis le 12 juin dernier, l’APUO s’est vue refuser ses principales propositions par l’administration centrale de l’Université, soit de meilleures conditions pour l’éducation et la recherche, la démocratisation de la prise de décision et la réduction des charges de travail.

Les professeurs et le personnel dénoncent un nombre insuffisant de personnel académique, des coupes continues de soutien administratif et pédagogique, ainsi que « l’érosion considérable de la gouvernance collégiale » ayant, selon ceux-ci, un impact délétère sur la qualité pédagogique.

« La communauté universitaire n’acceptera plus de faire plus avec moins », avait exprimé le syndicat via communiqué de presse.

Des étudiants s’étaient joints aux revendications des professeurs et bibliothécaires le 30 octobre dernier. Photo : Gracieuseté de l’APUO

« Ce vote indique à l’employeur que les membres sont prêts à déclencher leur première grève à cette université afin d’obtenir de meilleures conditions de travail et d’apprentissage sur le campus », a déclaré Dimitri Karmis, le président de l’APUO. « L’obtention de ce fort mandat de grève aidera l’APUO à obtenir la meilleure entente possible pour ses membres et la communauté universitaire ».

Possiblement une grande première pour l’APUO, avec un seul mandat de grève à son actif, voté en 2013.

Les deux parties, qui s’étaient rencontrées en médiation le 17 octobre dernier, avaient eu une première séance de conciliation le 5 novembre 2024.

L’APUO et l’Université d’Ottawa continueront la conciliation les 15, 16 et 17 janvier prochains. Chacun s’est mis d’accord de ne pas déclencher aucun lock-out (fermeture de l’établissement) ou aucune grève avant le 15 janvier.

« D’ici le 15, nous nous préparons pour la possibilité d’une grève et notre équipe de négociation se prépare pour essayer d’avoir des sessions de conciliation efficaces et productives », nous précise une porte-parole du syndicat. En prenant en compte les échéanciers liés au processus de conciliation, une grève serait possible au plus tôt dès la première semaine de février 2025.

Des milliers de données volées dans un conseil scolaire francophone

TORONTO – Victime d’une cyberattaque il y a un mois, le Conseil scolaire Viamonde confirme ce jeudi que des renseignements personnels de la « majorité » de ses employés ont été exposés, ainsi que ceux de la plupart des élèves en cours de scolarité.

L’enquête interne déclenchée à la suite de la découverte d’une cyberattaque mise à jour en octobre dernier vient de conclure que « les auteurs ont volé des renseignements personnels concernant des membres de la communauté Viamonde ».

Le conseil scolaire précise que les personnes ciblées sont des membres du personnel actuellement en poste, tout comme ceux y ayant travaillé au cours des 22 dernières années, à temps plein comme à courte durée.

Sont également vulnérables des informations concernant des membres élus ainsi que du Centre d’excellence SAP, du Service de transport Francobus, de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO) et du Centre d’excellence en approvisionnement FRANCOachat.

Les données exposées sont notamment les numéros d’assurance sociale, dates de naissance, genres, adresses postales, numéros de téléphone, adresses électroniques, numéros d’employé, salaires, congés et autres dossiers de formation.

Les numéros d’assurance sociale des employés embauchés après le 1er septembre 2023 n’auraient en revanche pas été exposés.

L’ensemble des élèves touchés

« Tous les élèves fréquentant actuellement une école du Conseil sont probablement concernés par l’exposition des renseignements suivants : nom, numéro d’immatriculation scolaire de l’Ontario, date de naissance, genre, nom de l’école, classe… », ajoute le conseil scolaire.

À la liste des élèves en cours de scolarité, s’ajoutent ceux inscrits dans les écoles suivantes (durant les années indiquées) :

  • Collège français (2023-2024) 
  • École secondaire Étienne-Brûlé (2023-2024) 
  • École secondaire de Lamothe-Cadillac (2023-2024) 
  • École élémentaire LaMarsh (2023-2024) 
  • Académie de la Pinède (2023-2024) 
  • École élémentaire Les Rapides (2023-2024) 
  • École élémentaire Nouvel-Horizon (2022-2023, 2023-2024) 
  • École élémentaire Patricia-Picknell (2023-2024) 
  • École secondaire Roméo-Dallaire (2020-2021, 2022-2023, 2023-2024) 

Signalement à la police

Sur la base de cette enquête, le conseil scolaire a proposé à ses employés un service de surveillance gratuit, durant deux ans, du crédit avec TransUnion, afin de pallier les risques de fraude identitaire.

« Nous sommes conscients que cet incident a affecté notre communauté de manière directe, et nous en sommes profondément désolés », a déclaré par voie de communiqué la direction du conseil, précisant que  l’enquête n’était pas terminée.

« Nous nous engageons à renforcer notre programme de cybersécurité pour mieux nous protéger »
— Conseil scolaire Viamonde

« Nous pourrions devoir notifier d’autres personnes ou envoyer des lettres de notification pour traiter des circonstances spécifiques. Nous visons à compléter cela prochainement. Nous nous engageons également à renforcer notre programme de cybersécurité pour mieux nous protéger contre de futurs incidents », poursuit la direction qui a avisé la police de Toronto et le Commissaire à l’information et à la protection de la vie privée de l’Ontario (CIPVP).

Victime d’une panne informatique le 17 octobre dernier, le conseil scolaire avait établi le lendemain, avec l’aide d’experts, que l’origine en était un cyberincident, puis lancé une enquête. Les écoles avaient été maintenues ouvertes, retrouvant progressivement leur connexion internet jusqu’au 31 octobre.

Nouvelle-Écosse : un juge ordonne une révision de la carte électorale en faveur des Acadiens

Dans un jugement rendu mercredi, la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse a ordonné le redécoupage de la carte électorale provinciale, ce qui pourrait mener à la création d’une quatrième circonscription acadienne à Chéticamp.

Le tout survient alors que la Nouvelle-Écosse se trouve actuellement en pleine campagne électorale, mais le jugement ne sera pas applicable pour les électeurs qui se rendront aux urnes le 26 novembre.

En 2019, la Commission indépendante de délimitation des circonscriptions électorales de la Nouvelle-Écosse avait exclu dans son rapport final la région de Chéticamp de sept circonscriptions dites exceptionnelles. Ces comtés sont qualifiés ainsi, car ils ont un nombre estimé d’électeurs qui est supérieur ou inférieur à 25 % du nombre d’électeurs moyen par circonscription électorale. Les régions acadiennes de Argyle, Clare et Richmond avaient chacune été désignées comme des circonscriptions exceptionnelles en raison de leur statut acadien. 

Mais, face à l’absence de Chéticamp dans le quatuor, la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE) avait soulevé le dossier devant les tribunaux néo-écossais arguant que les droits des Acadiens avaient violés l’article 3 de Charte des droits et libertés canadienne qui porte sur le droit de vote. Le juge Pierre Muise donne raison à la FANE acceptant l’argument que l’absence de Chéticamp viole le droit à une « représentation effective » pour les Acadiens de la région à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse.

« Il convient de noter en particulier qu’aucun député acadien ou francophone n’a été élu dans la circonscription où se trouve Chéticamp depuis près de 100 ans, bien que Chéticamp soit l’une des quatre partries acadiennes », argumente notamment le juge Muise dans son verdict.

Il conclut donc que la Commission aurait dû utiliser pour Chéticamp, les mêmes critères qu’elle a utilisés pour désigner Argyle, Clare and Richmond comme des comtés acadiens. Il exige que la Commission redessine d’ici le mois de juillet 2026 la carte électorale provinciale en tenant en compte la particularité acadienne de Chéticamp où près de 80 % de la population est francophone.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse Tim Houston. Crédit image: Stéphane Bédard.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse Tim Houston. Crédit image : Stéphane Bédard.

« Si on suit les consignes du juge, normalement, ça devrait être favorable pour une circonscription électorale pour la région de Chéticamp », se réjouit le directeur général de la FANE, Jules Chiasson.

Mais cela pourrait arriver si seulement le gouvernement décide de ne pas porter le verdict en appel. La FANE dit attendre un retour des quatre principaux partis à savoir si ces derniers maintiendraient l’actuel jugement en question. À l’heure actuelle, le gouvernement progressiste-conservateur sortant dirigé par Tim Houston mène largement dans les sondages se dirigeant vers une autre majorité, selon le site de projection 338 Canada.

« On a rencontré le premier ministre Houston le 15 août au congrès mondial acadien (…) Le premier ministre nous avait dit qu’il n’avait aucun problème à ne pas faire appel. Il semblait favorable, mais maintenant je ne sais pas s’il va tenir encore ces propos-là après les élections », affirme Jules Chiasson.

Ouverture d’un tout premier centre de santé francophone en Colombie-Britannique

VANCOUVER – Depuis le début du mois de novembre, les habitants du Grand Vancouver peuvent compter pour la première fois en Colombie-Britannique sur la présence d’un premier centre de santé communautaire bilingue.

Annoncé en juin dernier par l’ancien ministre de la Santé et des Affaires francophones Adrian Dix, le centre situé dans l’Est de Vancouver est le premier de ce genre pour les francophones dans la province. Il offre des soins de santé primaire et compte près d’une quinzaine de postes comme des médecins de famille, des infirmières praticiennes et des travailleurs sociaux réservés à des professionnels de la santé bilingues.

« Là, on est à peu près à dix. On est encore à la recherche de médecins et d’infirmières mais c’est très difficile de trouver des professionnels de la santé qui parlent français en Colombie-Britannique, qui veulent venir travailler à Vancouver. On y arrive petit à petit », affirme la directrice générale du centre Nour Enayeh qui occupe aussi le même poste pour le RésoSanté Colombie-Britannique.

Le centre a ouvert le 4 novembre dernier aux habitants du Grand Vancouver et l’objectif est d’aller rejoindre près de 4 400 patients par année.

« On a quand même une assez petite communauté alors les bruits courent vite. On a déjà beaucoup d’appels, de questions et de demandes, donc ça va vite », lance Mme Enayeh.

À l’heure actuelle, il est presque impossible ou très très compliqué de trouver des services en français dans le système de santé provincial, affirme celle qui dirige aussi l’organisme RésoSanté Colombie-Britannique. Seuls des services de traduction sont parfois offerts alors. La province compte au moins 1 500 praticiens qui disent être en mesure d’offrir des soins de santé en français, soit près d’un 1 % des travailleurs dans ce domaine au niveau provincial.

Cette nouvelle clinique, un projet en préparation depuis près de quatre ans, viendra donc combler un grand besoin notamment auprès de la population immigrante francophone, affirme Nour Enayeh

« On sait que les immigrants francophones arrivent en meilleure santé une fois arrivés qu’après quelques années. Donc, on sait qu’il y a une demande avec les nouveaux arrivants qui souvent n’ont pas l’anglais assez fort pour parler de leur santé. »

La directrice générale du tout nouveau centre de santé communautaire francophone en Colombie-Britannique. Gracieuseté.
La directrice générale du tout nouveau centre de santé communautaire francophone en Colombie-Britannique. Gracieuseté

En plus de services avec et sans rendez-vous, la nouvelle clinique effectuera aussi de la télémédecine notamment pour les patients hors de la région métropolitaine.

« Comme on a 50 % de la population francophone de la Colombie-Britannique qui est dans le Grand Vancouver, on commence par Vancouver et petit à petit, on va essayer d’étendre nos services à la province en générale », prévoit-elle.

« On veut voir avec le ministère de la Santé si on peut agrandir nos services à la province. On avait un concept d’un Hub and spoke (réseau en étoile) où ce centre de santé serait un Hub, mais on aurait des professionnels de santé dans les régions qui parlent français et avec qui on travaillerait directement. Ça serait une étape à suivre avec la télémédecine », précise-t-elle.

Près de 330 000 personnes se disent capables de soutenir une conversation en français en Colombie-Britannique, soit près de 6,6 %, alors que 1,1 % de la population a la langue de Molière comme première langue officielle parlée.

Kilimandjaro Music Awards à Toronto : des enjeux plus grands que les trophées

TORONTO : Les Kilimandjaro Music Awards (KMA), gala bilingue organisé par la Radio Kilimandjaro et récompensant les artistes canadiens afro-descendants, auront lieu ce samedi. ONFR s’est entretenu avec le fondateur et producteur exécutif de l’événement, Christian Roméo Youdjeu.

La septième édition des KMA aura lieu au Toronto Pavilion, dans le secteur North York. Le thème de cette année est Afro-chic.

Christian Roméo Youdjeu souhaite ainsi voir une véritable démonstration vestimentaire qui témoignerait de la diversité de la population canadienne afro-descendante. « On veut s’assurer qu’on puisse voir les beaux costumes de nos pays d’origine, les habits que nous aimions porter quand nous étions là-bas ou, pour ceux qui sont nés ici, qu’ils sachent ce qu’on porte quand on est dans leur pays d’origine. »

Tout comme en 2023, le Sénégalo-Torontois Abel Maxwell sera en performance aux KMA 2024, le 16 novembre. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’événement est bilingue, mais à 70 % francophone, selon son créateur, qui rappelle que de nombreux artistes originaires d’Haïti ou de pays francophones de l’Afrique fouleront le tapis rouge.

Quelques Franco-Ontariens sont attendus en performance ou en nomination, comme les Torontois Abel Maxwell, Mis Blandine et Cheka Katenen, ainsi que Slykiz, de Kitchener.  

Chaque année, une vedette internationale vient offrir le clou du spectacle après la remise de prix. En 2024, il s’agit de la Camerounaise Kareyce Fotso, alias Mama Africa. La multi-instrumentiste est également connue pour son engagement dans des causes humanitaires.

Mission et évolution

Les KMA ont été créés en 2015 par la Radio Kilimandjaro, « une radio 100 % afro-descendante qui a compris qu’il fallait promouvoir la culture, les mœurs et l’intégration des nouveaux arrivants », d’après le créateur des deux entités.

D’abord une simple soirée, l’événement est devenu une cérémonie de remise de prix dès 2016.

Christian Roméo Youdjeu affirme avoir « vu une évolution incroyable » des KMA, mais aussi de la qualité de travail des musiciens. Il croit y avoir contribué en offrant une compétition stimulante. Le nombre d’artistes en nomination est passé d’une vingtaine à une centaine durant ces quelques années.

Selon l’organisation, il s’agit de la plus grande cérémonie de récompenses pour les artistes afro-descendants au Canada. Pour être éligible, un artiste doit vivre et créer au pays, et avoir produit une œuvre musicale dans l’année précédant le gala.

Aux KMA 2023, la vedette ivoirienne Meiwey avait su réveiller la foule en fin de soirée avec sa traditionnelle danse du mouchoir blanc, le zoblazo. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Si chacun peut s’inscrire lors de la mise en candidature, Christian Roméo Youdjeu explique que son équipe garde l’œil ouvert toute l’année pour suivre les carrières qui se déploient d’un océan à l’autre.

En plus de prix spéciaux, 11 catégories sont mises en compétition. Pour déterminer les gagnants, le vote du jury compte pour 50% et celui du public, pour 40 %. Le 10 % restant est alloué selon l’intérêt de l’artiste envers les KMA. « On veut être sûrs de primer ceux qui veulent bien comprendre ce qu’on fait », justifie Christian Roméo Youdjeu.

Car il croit dur comme fer en cette mission de célébrer des musiques qui évoluent parfois en marge des grands événements. « On sait que ce n’est pas facile d’allier musique et travail au Canada, de développer une carrière d’artiste, surtout issu de la diversité. »

Une ombre (financière) au tableau

Selon le producteur exécutif, l’argent est le nerf de la guerre. « On a un problème de visibilité qui ne peut s’obtenir que par des moyens financiers importants. Hors, les artistes afro-descendants n’ont pas toujours le support financier qu’il faut. »

Pour produire les KMA depuis 2015, Christian Roméo Youdjeu a puisé dans ses finances personnelles. « Ça ne peut pas durer tout le temps, se désole-t-il. La survie même de cet événement est en jeu. »

En voyant la salle pleine, les spectateurs pourraient penser que l’événement est en parfaite santé financière, selon l’organisateur. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Cette septième édition est passée à un cheveu de ne pas voir le jour. Une petite subvention d’Ontario créatif, couvrant à peine les frais de location de la salle, a motivé les organisateurs à se relancer dans l’aventure.

« On ne comprend pas pourquoi on ne peut rien recevoir alors qu’on travaille si fort », ajoute-t-il en mentionnant que la Radio Kilimandjaro n’est pas non plus subventionnée. « Il y a un problème d’accès au financement pour les communautés racisées. Je suis prêt à le dire. »

Il estime également que les KMA ressentent un manque de financement plus généralisé au sein des événements francophones, même si celui-ci est bilingue. « Je vois que beaucoup d’événements anglophones continuent d’être financés. »

Le fondateur des KMA compte aborder de front les enjeux financiers sur la scène, samedi soir. Il croit qu’en voyant les résultats, les spectateurs peuvent penser que tout va bien, mais que la transparence est importante pour espérer convaincre des donateurs éventuels, qu’ils soient publics ou privés.

De gauche à droite : la mairesse de Toronto Olivia Chow, la directrice de U-Event et responsable des communications des KMA Eunice Boue et le producteur exécutif des KMA, Christian Roméo Youdjeu. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Les députés ontariens de Don Valley East, Michael Coteau, et de Mississauga-Malton, Iqwinder Gaheer, sont attendus dans l’assistance. L’an dernier, la mairesse de Toronto, Olivia Chow, est également venue faire un tour sur le tapis rouge.

« Nous pensons que nous méritons d’être soutenus, plaide Christian Roméo Youdjeu. Pour une activité comme celle-là qui contribue à un Canada musical et culturel plus diversifié. »

Pour tous ceux qui sont prêts à veiller tard

L’an dernier, la cérémonie avait commencé avec beaucoup de retard et s’était étirée jusqu’aux petites heures du matin. La vedette internationale, l’Ivoirien Meiway, avait commencé son spectacle bien après minuit.

Cette année, l’événement officiel devrait se terminer à minuit, mais il a loué une salle à quelques minutes du Toronto Pavilion, pour ceux qui voudraient continuer de fêter. Avec la musique du DJ Pat la légende, cet after party pourrait durer jusqu’à 5 h du matin.

Des prix de présence et de participation seront également remis aux KMA, avec des tirages au sort, un concours de danse express et un prix pour la meilleure tenue Afro-chic.  

Christian Roméo Youdjeu lance l’invitation à tous les amateurs de musique : « Ce n’est pas parce que le gala est pour les Afro-descendants qu’il n’est pas pour tout le monde, plaide-t-il. Venez découvrir la culture afro (…) Je peux vous promettre un beau spectacle. »

Le record du concert souterrain le plus profond du monde battu à Timmins

TIMMINS – Un record du monde plutôt inusité devrait être battu vendredi à Timmins : celui du concert le plus profond sous la terre. Une initiative menée par un francophone souhaitant mettre en valeur l’héritage minier et musical de la ville du Nord.

Mise-à-jour : le record a été officiellement battu vendredi 15 novembre

« Je suis plutôt excité et j’ai vraiment hâte de cocher ça de ma liste », confie Norm Dwyer, membre du groupe de musique Miners and Sons à quelques jours du concert.

L’idée derrière l’initiative est inspirée du précédent record tenu par un groupe de musique sudburois qui avait joué un concert à 1 893,8 mètres sous terre dans la mine Creighton de Vale, juste avant la pandémie le 7 mars 2020.

Quatre ans plus tard, c’est dans la mine Kidd de Glencore qu’un groupe Timminsois va faire résonner de la musique rock, encore plus en profondeur.

Présentée, par l’entreprise, comme la « plus profonde mine de métaux de base au monde sous le niveau de la mer », celle-ci atteint 2 987,04 mètres de profondeur.

Trois des cinq membres du groupe Miners and Sons faisaient partie de Dopamine, un ancien groupe de musique populaire de Timmins. Gracieuseté de Norm Dwyer

Mine et musique

Le choix d’allier l’univers musical et celui de la mine est une manière de mettre en valeur le patrimoine de Timmins, selon l’initiateur du projet.

« C’est deux univers complètement différents, mais tellement emblématiques de chez nous. Je veux que dès qu’on entend le mot mine et le mot musique, on pense tout de suite à Timmins », explique M. Dwyer, qui gère également l’image du groupe de musique à travers sa compagnie DwyNX Promotions.

En parallèle, il y a aussi la volonté de souligner la programmation du Collège Northern et ses bourses axées sur l’exploitation minière. Trois des cinq membres du groupe sont des diplômés du Collège.

« Quelle meilleure façon de mettre en valeur le passé, le présent et l’avenir minier de la ville – un record mondial pratiquement forgé dans la roche et les ressources qui constituent le fondement de notre grande communauté! Nous sommes heureux de soutenir cette tentative et leur souhaitons bonne chance », déclare dans un courriel à ONFR la mairesse Michelle Boileau, qui a accordé un financement à la société de M. Dwyer pour le projet.

25 ans de musique rock

Pour battre le record, le groupe est censé jouer au minimum 15 minutes, mais ce sera près d’une heure de musique rock que les mineurs pourront entendre.

Pour que le record soit officiellement enregistré, le concert doit être payant, mais Norm Dwyer affirme que les commanditaires ont acheté l’ensemble des billets, au prix symbolique de 5 dollars chacun, pour les redistribuer aux travailleurs présents dans la mine.

Quant au catalogue musical : « On peut s’attendre à remonter 25 ans de musique rock de CCR à Blink 182. »

L’événement n’est pas ouvert au public, mais des représentants municipaux et des commanditaires seront présents sous terre pour l’événement. Une personne mandatée par le Livre Guinness des records fera le déplacement depuis Montréal pour attester du record. Une conférence de presse aura lieu après l’événement à l’extérieur de la mine.

L’échec, un « point de départ pour entreprendre la création », selon Marie-Pierre Proulx

Marie-Pierre Proulx est la directrice artistique du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), à Sudbury.

Le TNO propose une production maison communautaire et une production maison professionnelle par année, en plus d’accueillir des spectacles externes. La production professionnelle de cette année s’intitule L’Encyclopédie de l’échec et sera présentée du 14 au 16 novembre.

L’encyclopédie de l’échec profite d’une équipe 100% sudburoise, témoignant de la vivacité de la communauté artistique francophone. Une quinzaine d’artistes se sont réunis pour discuter du thème des petits et des grands échecs.

« Qu’est-ce que c’est, le Collectif Vivarium?

C’est un regroupement d’artistes établis à Sudbury qui œuvrent notamment en théâtre.  Il y a des auteurs, des comédiens, des gens en conception sonore, etc. Le collectif est né lors d’un rassemblement pour la Journée mondiale du théâtre, en 2023.

Il y avait une envie de se doter de moyens pour se professionnaliser, pour faire en sorte que ce soit possible de rester dans le Nord et de travailler en français. Donc moi, j’ai répondu à cet appel et leur ai proposé de monter un projet en collectif au TNO.

Qu’aviez-vous à dire sur l’échec?

C’est une thématique assez rassembleuse, même si elle peut sembler sombre. On a tous une rencontre, à un moment ou à un autre, avec le sentiment d’échec. En même temps, c’est très subjectif. Ça veut dire quelque chose de différent pour chacun.

La première rencontre du collectif est arrivée peu de temps après la situation à l’Université Laurentienne, avec la disparition de plusieurs programmes en arts, en théâtre, etc. C’était aussi la post-pandémie dans le milieu culturel : la difficulté à rejoindre un public, la précarité financière ambiante… il y avait donc, à une échelle plus sociétale, le sentiment qu’il y a des choses qui s’écroulent autour de nous, des systèmes qui échouent ou ne répondent pas aux attentes.

Chloé Thériault, Caroline Raynaud et France Huot en point média pour L’Encyclopédie de l’échec. Gracieuseté du TNO.

Sur un autre plan, il y a évidemment ces petits échecs personnels que l’on vit tous les jours. On avait envie de faire quelque chose autour de ça, mais qui ne se prenait pas au sérieux. Parfois, il faut échouer avant de réussir. Parfois, il faut embrasser les échecs et en tirer des leçons. C’était un point de départ pour entreprendre la création et laisser place à différentes formes, à différentes voix.

Vous êtes des artistes et vous jouez des artistes. À quel point les personnages sont-ils proches de la réalité?

C’est très métathéâtral, en effet. Une des lignes du projet est les échecs que les personnages vont vivre dans leur propre processus de création. C’est sûr que ces embûches font écho à ce que plusieurs artistes du groupe ont pu vivre, à une échelle ou à une autre. Cela dit, c’est vraiment de la fiction.

Quel est l’impact d’une collaboration comme celle-là sur le milieu artistique francophone de Sudbury?

J’espère que ça va contribuer à cette effervescence que je sentais déjà. J’ai l’impression que c’est une autre étape. C’est la première fois en plusieurs années que notre production professionnelle est composée à 100% d’artistes locaux. On a aussi fait des choix de production, comme embrasser l’idée d’un théâtre pauvre au niveau de la conception, pour que l’argent qu’on a retourne vers les artistes.

J’ai hâte de voir, mais je pense que ça peut mener à d’autres collaborations. On a déjà, à même le processus, reçu quelques formations d’artistes qui étaient de passage à Sudbury. Par exemple, Anaïs Pellin, du spectacle jeunesse Clémentine, est venue nous donner de la formation en théâtre d’objets, pour certaines scènes du spectacle.

Pendant la pandémie, Marie-Pierre Proulx avait participé au documentaire Stuck, de Joanne Belluco. Elle indique que les effets de cette période se font encore sentir sur le milieu culturel. Photo : Archives ONFR/Stuck

C’est une poursuite d’un processus de professionnalisation à même la création. Je pense que ce sera fort positif, tout ça, pour le dynamisme et la vitalité du milieu.

Vous dites que ‘le niaiseux rencontre le sensible’. De quelle façon?

Il y a beaucoup d’autodérision dans le spectacle. Il y a des moments où les clins d’œil à l’échec sont dans le banal, dans les petites choses un peu ridicules. En même temps, on avait envie de faire voyager les spectateurs dans toute une gamme d’émotions et de se permettre d’aller dans des choses plus poétiques par moments. Il y a un tableau où l’on parle de quand le corps ne suit plus, que notre corporalité nous abandonne.

C’est un très beau numéro écrit par Isaac Adams. Tout de suite après, on casse ça et on retourne dans l’humour.

Combien de tableaux composent L’Encyclopédie de l’échec?

C’est un spectacle très éclaté. En tout, il y a 30 tableaux, sur 80 à 90 minutes. Il y a de très courtes scènes qui viennent ponctuer l’action et d’autres un peu plus longues. La façon dont le spectacle se construit, c’est que nos personnages fictifs ont chacun eu le mandat d’imaginer un tableau. Mais à travers cela, il y a de petits décrochages, des moments où chaque personnage vient faire une confidence au public, sur son propre rapport à un échec qu’il a vécu. On n’a pas le temps de s’ennuyer!

Comment se passe la saison du TNO en général?

Ça se passe bien. Je ne mentirai pas : on est encore en redéveloppement de notre public depuis la pandémie. Les salles sont moins pleines qu’avant. On travaille vraiment fort du côté de la médiation culturelle.

L’Encyclopédie de l’échec s’inscrit là-dedans. Les gens aiment se divertir et voir des visages qu’ils connaissent sur scène. C’est ce qu’on avait envie de leur offrir. Le principal défi, c’est de réintéresser une population plus vaste au théâtre de création. Mais au-delà de ça, on a eu de très beaux spectacles depuis le début de la saison. On est très heureux. »

Ces commerçants franco-torontois qui misent sur la venue de Taylor Swift

TORONTO – L’effervescence se fait sentir à 48 h du premier des six concerts à guichets fermés de la chanteuse américaine Taylor Swift en sol torontois. Bien préparés, des commerçants francophones du centre-ville comptent bien profiter de la déferlante de Swifties venues du monde entier pour profiter… et dépenser.

« On est vraiment excités, on espère que les admirateurs viendront nombreux goûter à nos produits faits pour eux », se réjouit Manon Taisseire-Hureau. À seulement 19 ans, celle-ci est la cheffe pâtissière de la pâtisserie Unholy Donut.

La jeune femme d’origine française a souhaité profiter de l’emplacement stratégique de la boutique, à deux stations de métro du lieu de concert, pour mettre sur pied toute une campagne marketing destinée aux fans.

Pour Manon Taisseire-Hureau, la couleur rose de la maison qui héberge la pâtisserie est idéale pour attirer les fans de Taylor Swift. Gracieuseté de Manon Taisseire-Hureau

« On est en train de beaucoup poster sur nos réseaux sociaux à propos de nos nouveaux cookies Taylor Swift, on prépare des bracelets d’amitié à donner aux adeptes et des jeux autour des paroles des chansons de Taylor Swift », explique celle qui est également étudiante en deuxième et dernière année de gestion des arts de la pâtisserie et de la boulangerie au Collège Brown de Toronto.

Grande supportrice, elle aussi, de la chanteuse américaine, Manon Taisseire-Hureau anticipe une hausse des ventes de 20 à 25 % les deux fins de semaine des concerts.

Toutes les douceurs préparées ces derniers jours sont des clins d’œil à des ères musicales de la chanteuse. Gracieuseté de Manon Taisseire-Hureau

Et d’ajouter : « Nous avons commencé à vendre les beignets et cookies samedi et nous avons déjà de super réponses de nos clients donc les chiffres vont peut-être augmenter, c’est la première fois qu’on fait des produits sur un thème autre que les fêtes annuelles. »

Une nouvelle clientèle à apprivoiser

Les fans de Taylor Swift étant plutôt des femmes, jeunes et dont un grand nombre viendront des États-Unis, certains commerces du centre-ville y voient une opportunité de se faire mieux connaître ou d’attirer une clientèle différente de celle qu’ils ont l’habitude de servir.

C’est le cas de l’hôtel Germain de la rue Mercer qui a adapté ses espaces pour accueillir les nombreuses admiratrices.

Un exemple de décoration de la salle de bain d’une chambre à l’hôtel Germain de la rue Mercier. Gracieuseté de l’hôtel Germain

Banquet devenu fan lounge avec des breuvages et collations, photobooth, station à bracelets d’amitié, mur pour écrire des paroles de ses chansons, cadeau de bienvenue, chambres thématiques, service personnalisé avec des clins d’œil à l’univers Taylor Swift : tout est pensé pour cette clientèle aux besoins particuliers.

Jean-Philip Dupré n’a pas souhaité communiquer le taux d’occupation actuel des chambres mais ajoute qu’il reste un peu de disponibilité à son établissement. Gracieuseté de Jean-Philip Dupré

Jean-Philip Dupré, directeur général de l’établissement, explique que la venue de la chanteuse sera l’occasion de tenter de séduire cette clientèle que l’hôtel, appartenant à une chaîne d’hébergement d’origine québécoise connue pour offrir des prestations haut de gamme, ne rejoint habituellement pas.

« Avec ces concerts, on a l’occasion de présenter notre produit à une clientèle qui ne le connaît pas nécessairement donc c’est évidemment très excitant pour l’avenir », estime le Franco-Torontois.

Un peu plus loin de là, à la boutique Maguire Shoes, de la rue Queen West, on y voit également une occasion de faire mieux connaître la marque dont les Swifties pourraient être une clientèle cible idéale.

La station à bracelets de l’hôtel Germain de la rue Mercier est prête à servir les Swifties. Gracieuseté de l’hôtel Germain

« La plupart des gens qui viendront sont soit des Américains ou des Canadiens qui viennent de l’extérieur de Toronto, donc probablement des gens qui ne viennent pas de marchés où on a des boutiques, alors c’est une bonne occasion de nous faire connaître et c’est comme une énorme vitrine publicitaire gratuite », lance Myriam Belzile-Maguire, fondatrice des boutiques de chaussures Maguire.

Au-delà des profits, la visibilité

Néanmoins, si des marges plus importantes de profits semblent réalisables, la Québécoise d’origine juge que le prix des chaussures étant assez élevé, ces nouvelles clientes potentielles n’achèteront pas à leur première visite.

La boutique Maguire Shoes lance, en ce moment, une nouvelle paire de chaussures et ouvrira une boutique à Brooklyn en décembre. Gracieuseté

« C’est sûr qu’on va sûrement avoir une augmentation des ventes, mais peut-être pas de manière très inhabituelle, mais si c’est le cas, on va être agréablement surpris. »

Même son de cloche du côté de l’hôtel Germain qui dit prioriser les retombées pour des acteurs locaux qu’une course au profit.

« On a vraiment fait en sorte de maximiser l’implication de partenaires locaux plutôt que de miser sur une augmentation massive de nos tarifs, car ce ne sera ni la première ni la dernière fois qu’une personnalité publique qui arrive en ville influence le prix des hôtels à Toronto », soutient M. Dupré.

Myriam Belzile-Maguire n’exclut pas de fermer la boutique après les heures régulières en cas de hausse de l’achalandage. Gracieuseté

« On a l’occasion de collaborer avec d’autres fournisseurs et on souhaite que l’engouement se ressente jusque dans ces personnes-là aussi », conclut-il.

L’organisme à but non lucratif Destination Toronto prévoit des dépenses directes de 152 millions de dollars pendant les 10 jours entre la première et la dernière date de concert. Au total, les profits pour la ville devraient atteindre la somme vertigineuse de 282 millions de dollars.

La Ville a inauguré une promenade au nom de la chanteuse la semaine passée. Crédit photo : Rudy Chabannes/ONFR

La Cour suprême traduira certaines de ses anciennes décisions

OTTAWA — La Cour suprême a annoncé qu’elle retirait de son site web toutes ses anciennes décisions qui ne sont pas en anglais et en français, et qu’elle s’engageait à traduire certains de ces jugements, principalement en français, dès 2025.

Le plus haut tribunal au pays a annoncé que, parmi les quelque 6 000 décisions non disponibles aujourd’hui dans les deux langues officielles, « les plus importantes d’un point de vue historique ou jurisprudentiel » seraient traduites l’année prochaine « à l’occasion du 150e anniversaire de la Cour ».

« Elles seront alors accessibles en français et en anglais sur le site web de la Cour. Ces décisions n’auront toutefois pas un caractère officiel, étant donné qu’elles ne peuvent pas être approuvées par les juges qui les ont rendues, ceux-ci étant tous décédés », a annoncé le Bureau du registraire de la Cour suprême dans un communiqué vendredi en fin d’après-midi.

De 1877 jusqu’à l’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1970, la Cour suprême n’était pas tenue de traduire ses décisions en anglais et en français. La majorité des jugements rendus sont donc uniquement en anglais tandis que certains le sont seulement en français. Ceux qui ne sont pas bilingues ne sont plus désormais disponibles sur le site web, et les gens souhaitant y avoir accès « peuvent consulter des bases de données en ligne accessibles à tous », précise le tribunal.

Le juge en chef Richard Wagner affirmait en 2023 que le tribunal avait « quand même regardé de bonne foi » à traduire ses anciennes décisions, mais soutenait qu’« on n’a pas cet argent-là ». Photo : archives ONFR

La Cour suprême devant les tribunaux

Cette annonce de la Cour suprême fait suite aux démarches judiciaires de l’organisme québécois Droits collectifs Québec (DCQ) qui a déposé une requête devant la Cour fédérale le 1er novembre envers le plus haut tribunal canadien. DCQ plaide que la Cour suprême a enfreint la Loi sur les langues officielles, elle qui refusait jusqu’à son récent communiqué de s’engager à traduire des décisions dans les deux langues officielles. 

Le commissaire aux langues officielles avait d’ailleurs donné raison à DCQ dans un rapport d’enquête arguant que le plus haut tribunal au pays se devait de traduire ses anciennes décisions. En 2023, le Parlement a modernisé la Loi sur les langues officielles, obligeant du même coup l’ensemble des tribunaux canadiens à traduire leurs décisions dans les deux langues officielles.

Dans un communiqué lundi, l’organisme québécois accuse la Cour suprême de restreindre l’accès à la justice en retirant ses jugements antérieurs à 1970 non conformes au bilinguisme officiel. Selon DCQ, il y a lieu de « s’interroger par ailleurs sur la légalité de la manœuvre » et suggère « un possible effet de disparition de la preuve pour frustrer l’effectivité des pouvoirs judiciaires de la Cour fédérale à rendre justice sur une situation régulièrement intentée ».

« Cette situation est plutôt surprenante. En effet, la Cour suprême choisit délibérément de restreindre l’accès à la justice, à sa propre jurisprudence et à l’état du droit à la population canadienne plutôt que de déployer les efforts nécessaires afin de respecter les droits linguistiques des citoyens et des citoyennes, en particulier ceux des francophones », déplore DCQ.

L’organisme se targue toutefois que la Cour suprême lui donne raison en acceptant de traduire certaines décisions en français, mais l’accuse de se contredire. Car, durant l’enquête du commissaire aux langues officielles, la Cour suprême arguait que le fait de retirer des décisions antérieures à 1970 irait à l’encontre de son objectif d’améliorer l’accès à la justice pour la population.

« Droits collectifs Québec à la ferme intention de poursuivre ses démarches afin que les droits fondamentaux des francophones soient entièrement respectés par le tribunal de plus haut ressort de l’État canadien », soutient son directeur général Etienne-Alexis Boucher et le président de l’organisme et Daniel Turp.

L’organisation estime que plusieurs questions juridiques restent en suspens, notamment si cette décision de la Cour suprême respecte l’esprit de la Loi sur les langues officielles. DCQ soulève aussi comme problématique à ses yeux que la Cour suprême n’est pas encadrée « une contrainte juridique en matière d’échéancier ou d’identification des jugements qui devront être traduits ou pas ».

Le juge en chef Richard Wagner soutenait que la traduction des quelque 6 000 décisions nécessiterait un investissement de 10 à 20 millions, plus de 100 interprètes et près de dix ans de travail.

Quand la jeunesse francophone préserve la flamme du Souvenir

OTTAWA – Le 11 Novembre résonne dans le cœur des Cadets de l’unique escadron francophone de la capitale fédérale. Cette journée, qui coïncide avec la fin de la Première Guerre mondiale, souligne plus largement l’ensemble des sacrifices des Canadiens morts au combat. Un passé dont ces jeunes s’emparent au présent et s’attachent à transmettre les valeurs.

Ils étaient mobilisés ces derniers jours dans la campagne de distribution des coquelicots et participent ce lundi aux cérémonies de commémoration… Les Cadets ne manquent pas une occasion de rendre hommage aux soldats canadiens qui ont défendu la nation. C’est le cas de Zoé, Gabriel et Panwat, tous issus de l’Escadron 925 Edmond-Lanthier, une unité francophone créée à Ottawa au printemps dernier.

« C’est une journée pour se souvenir de tous les gens qui ont servi et nous permettent de prendre avantage de la liberté et la paix que nous avons », affirme Zoé Charbonneau, 17 ans, sergent de section.

« Ils nous ont montré qu’il faut se battre pour ce qu’on veut avoir, que ce soit la paix, les opportunités ou autre, et pas juste accepter la défaite, car on a du monde à protéger. Il faut se battre pour notre but. »

Sergent de section Zoé Charbonneau (17 ans). Unité régionale de soutien aux cadets (Est)

Une vision à laquelle adhère pleinement Gabriel Guénette, issu d’une famille militaire et dont le père, pilote, a servi en Afghanistan. « Ce sont des gens qui se sont battus pour nos droits, nos libertés et un meilleur monde. Il faut s’en rappeler car, sans eux, on n’aurait pas tout ça aujourd’hui. Leurs actes ont influencé tout ce qu’on fait aujourd’hui dans nos vies », estime, du haut de ses 14 ans, ce caporal de section.

Mais, dans la vie civile, tous les jeunes ne sont pas aussi réceptifs à cette journée de commémoration, constatent-ils. C’est pourquoi Panwat Morgan, 18 ans, adjudant 2e classe, utilise les réseaux sociaux pour sensibiliser la communauté à l’histoire qui entoure les guerres et l’engagement militaire.

« Les réseaux sociaux ont un grand impact sur les jeunes. Alors, je m’en sers pour promouvoir, informer, transmettre, atteindre le plus de monde sur des aspects militaires, la symbolique du coquelicot et les activités qu’ils connaissent moins », rapporte celle dont le grand-père soldat a parcouru le monde : Égypte, Allemagne… « Il serait très fier de moi », confie-t-elle.

Adjudant 2e classe Panwat Morgan (18 ans). Unité régionale de soutien aux cadets (Est)

Elle encourage avec force la nouvelle génération à s’intéresser à l’histoire du Canada. « Tout le monde devrait avoir cette culture générale, car la raison pour laquelle on est là aujourd’hui découle des événements passés. »

« Certains ne pensent que ce ne sont que des mots, d’autre sont incertains, beaucoup comprennent », observe Gabriel Guénette autour de lui. Le jeune homme s’imagine plus tard pilote ou ingénieur.

« Tant qu’on aura des programmes de cadets, le devoir de mémoire perdurera », croit Zoé Charbonneau, même s’il reste de moins en moins de vétérans de conflits majeurs capables de raconter leur vécu. L’Ontario ne comptait en effet plus que 11 000 vétérans ayant servi en tant de guerre, incluant la Seconde Guerre mondiale et la Guerre de Corée, selon le rencensement de 2021 (25 500 au pays), laissant deviner une part ténue de soldats et témoins directs pouvant s’exprimer en langue française dans la province.

Caporal de section Gabriel Guénette (14 ans). Photo : Unité régionale de soutien aux cadets (Est)

Les occasions de dialoguer avec des vétérans ou d’écouter leurs récits demeurent des moments souvent précieux et inspirants pour eux. « Ça vous marque de voir du monde qui a bâti notre pays, atteste Zoé. Entendre des histoires de guerre touche beaucoup. On ressent la fierté d’être Canadien. »

Cette proximité avec les vétérans, ainsi que l’acquisition de connaissances et compétences qui renforcent la confiance, sont d’ailleurs les objectifs principaux du programme des Cadets.

« Ce sont essentiellement des activités axées sur le leadership et la citoyenneté à travers lesquelles on explique aux jeunes de 12 à 18 ans le contexte des guerres mondiales, des conflits et des missions de paix, indique le major Sylvain Beaudry, qui commande l’Escadron 925 Edmond-Lanthier. On les sensibilise également à donner du temps pour les vétérans et les activités du coquelicot. »

C’est pourquoi ils seront nombreux, en ce 11 Novembre, à s’impliquer dans les cérémonies et défilés en Ontario et au-delà, pour rendre hommage aux héros canadiens.

La claque

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

La précédente chronique était placée sous le signe de la richesse linguistique et culturelle, principal atout de Toronto, cité ensorceleuse des belles âmes. Le présent jus de crâne s’inscrit dans la même droite lignée, du moins avant de recevoir la claque et revenir aux sources, au galop, à une écriture sans bride dessinée du côté aiguisé d’une plume épicée aux fines herbes.

Ma décision d’élire domicile fixe à Toronto fut confortée dès que je mis les pieds à l’école pour apprendre l’anglais grâce à un programme gouvernemental offert gracieusement et selon le niveau de chacun, un investissement dans l’Homme, en somme.

Réfugiés au lourd passé que l’on devine sur des sourires inachevés, résidents permanents sous l’emprise de la fraîche euphorie du nouveau, jeunes étudiants de tous horizons colorés, hommes et femmes au midi de leur vie, vieux toujours avides du savoir, musulman, juif et chrétien partageant le même banc et s’activant à solutionner ensemble un exercice… Bref, un échantillon du monde comme il devrait l’être dans ma petite tête, cosmopolite, respectueux des différences comme des similitudes et surtout assoiffé du vivre ensemble.

Mon esprit voguait à imaginer ces personnes (à la fois lointaines et proches) qui avaient goûté au partage à la tête de leur pays d’origine! J’étais prêt à mettre ma main et mon corps entier au feu quant à un meilleur monde sous ce nouvel ordre quand une autre couleur dans cette mosaïque internationale répondant au prénom d’Alexandra, notre charmante enseignante, elle-même immigrante d’origine russe, m’extirpa de cette douce utopie.

« Soufiane, en tant que nouvel immigrant, quel est le plus grand défi que vous avez rencontré en arrivant au Canada? » Tel un automate couard voulant que son tour passât au plus vite, je répondis sans vraiment savoir pourquoi : « Le logement. »

Le cercle vicieux

Je ne croyais pas si bien dire, parce qu’il fallait bien en trouver un, de logement, surtout que le bébé allait arriver dans huit semaines selon la plus sage des sages-femmes, et ce n’était pas une sinécure, loin de là. Non pas que la ville souffrait d’une pénurie de toits, au contraire, ce n’était pas les annonces qui manquaient, mais le problème résidait dans notre état de nouveaux arrivants, synonyme d’absence de garanties et de garants, vierge qui plus est du fameux credit score dont je n’avais jamais entendu parler avant de m’y frotter et de m’y piquer, ici.

Cette boucle vicieuse sans queue ni tête se résumait ainsi : pour pouvoir louer un appartement, il fallait mettre sur la table ses fiches de paie ou celles d’un garant le cas échéant, le tout consolidé par un credit score qui se respecte. Or, la condition pour se targuer d’un credit score honorable est d’avoir vécu au Canada et y avoir consommer. Seulement, selon le dictionnaire Larousse, « un nouvel arrivant est une personne qui vient d’arriver dans un lieu, un groupe, ou une communauté. Le terme s’applique souvent aux personnes qui viennent d’immigrer ou qui entrent dans un nouvel environnement social ou professionnel ». Donc, par définition et par la force des choses, cette catégorie n’a encore ni travail ni credit score.

Quant au garant, qui accepterait de cautionner un étranger qui ne connait encore personne ici et qui vit toujours dans le souvenir et l’amour non sevré des siens? Somme toute, c’était là une farce de mauvais goût, une farce dont on était les dindons.

Propriétaires peu scrupuleux

Sur le terrain fertile de l’urgence et de l’incertitude, les mâchoires du piège des exigences contradictoires venaient de se refermer sur nous, ce qui inexorablement ouvrait la porte et la fenêtre aux abus de positions dominantes.

En effet, pour pallier ce « risque » de solvabilité (pourtant, il suffisait de jeter un œil en diagonale sur nos CV pour comprendre qu’on n’est pas du genre à demeurer longtemps sans travailler. Travailler, c’est ce qu’on a toujours fait, ma conjointe et moi), les propriétaires qui ne nous refusaient pas d’emblée sans égard à l’état de grossesse avancée d’Ibtissam exigeaient jusqu’à un an de loyer payé d’avance pour certains.

Notons au passage et à toutes fins utiles que cette pratique est complètement illégale, même si elle est répondue à Toronto comme l’était le bon pain au four communal de mon ancienne médina! En définitive, je faisais face à une hypocrisie sociale et législative comme j’en ai fui par tonne de là d’où je viens. La claque!

Littéralement dos au mur, on n’eut pas d’autre choix que d’accepter de signer avec un propriétaire plus gentil que les autres, ou plutôt moins dans l’illégalité que les autres en nous proposant de s’acquitter de « seulement » six mois de loyer à l’avance.

Résultat des courses : nos économies familiales s’en retrouvèrent à sec, sachant que la location mensuelle de ce petit appartement à une chambre coûtait 1900 $, auquel il fallait ajouter le dernier mois pour assurer davantage ses arrières (je vous laisse le soin de faire le trivial calcul de la douloureuse). À ce propos, cinq ans plus tard, je n’ai toujours pas compris ce mystère propre à la Ville Reine consistant à construire de lilliputiens logements dans des condos où s’entassent les Torontois par grappes, alors que ce n’est nullement l’espace qui manque dans le deuxième plus grand pays du monde en termes de superficie!

Soit, ce qui est fait est fait et rien ne sert de ressasser le côté obscur du passé, à moins que, comme bien souvent, le bien n’émerge du mal. Ce fut le cas, car les poches vides et le cœur plein, je laissai tomber l’école momentanément pour mettre les bouchées doubles dans ma recherche de travail.

Quelques jours après, je décrochais mon premier emploi en tant que journaliste. Une longue carrière venait de débuter pour me mener jusqu’ici, parmi vous, entre ces lignes. À bon entendeur, salamoualikoum (que la paix soit sur vous).

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Flashback, le balado pancanadien qui (re)fait l’histoire

VANCOUVER – Une nouvelle série balado, intitulée Flashback, mêle la fiction et la réalité pour raconter l’histoire de l’utilisation des psychotiques (et ses dérives) dans le domaine de la santé mentale au Canada. Mais une autre particularité retient l’attention : il s’agit du premier balado de fiction franco-canadien (en milieu minoritaire) à être présenté sur la plateforme Ohdio. ONFR a rencontré deux des créateurs, Gilles Poulin-Denis et Louis-Philippe Roy, pour discuter du projet lancé le 29 octobre dernier.

Flashback nous mène de l’Est ontarien à Vancouver, en passant par Ottawa et la Saskatchewan. Deux amies, Sabrina et Audrey, vont tenter d’élucider l’histoire du grand-père de cette dernière. Grégoire Carrière a disparu en 1961.

« Il a fait de l’acide, puis il est allé à l’asile. » Cette phrase prononcée à propos de Grégoire a de quoi intriguer. Alors que Sabrina termine sa maîtrise en communication, elle entraîne son amie dans un projet de baladodiffusion appliquant les codes du storytelling. Un peu malgré elle, Audrey se retrouve donc à pister les traces de ce grand-père mystérieux, qu’elle n’a jamais connu et dont la seule évocation provoque de vives réactions dans sa famille.

Leurs recherches mèneront les amies à interviewer des experts et à retracer l’histoire des psychotiques utilisés dans les années 1960 dans certains hôpitaux canadiens. Flashback prendra réellement son envol après quelques épisodes, quand les deux jeunes femmes débarqueront à Vancouver.

L’affiche du balado Flashback. Gracieuseté de Production 2PAR4.

Même si l’histoire est fictive, les informations historiques et les entrevues avec des experts sont véridiques. « C’est pour ça qu’on a souvent des entrevues avec des anglophones : ce sont les vrais experts. Il y a Erika Dyck, de l’Université de la Saskatchewan, qui est la sommité dans l’historique des psychotiques au Canada », explique Gilles Poulin-Denis, à l’origine du projet avec sa compagnie de production, 2PAR4.

Il a recruté dans l’équipe d’auteurs l’ancienne journaliste Thérèse Champagne, qui a pu apporter son expertise pour la recherche et la vérification des faits, et Louis-Philippe Roy, déjà expérimenté en création de balados de théâtre et de livres audios.

« Ce dont on avait envie, c’était de fictionnaliser l’accroche pour que l’auditeur suive le périple. Et il y a des codes du balado qui ne se démentent pas. Suivre une quête, ça demeure un outil efficace. On ne voulait pas trop tomber dans l’affaire criminelle, car la ligne éthique est quand même mince », raconte Louis-Philippe Roy.

Selon ce dernier, le recours à de vrais experts « permettait aussi d’avoir un équilibre. On n’en faisait pas la promotion, mais on ne rendait pas (les psychotiques) machiavéliques. »

En studio pour l’enregistrement de Flashback. Photo : Gracieuseté de Production 2PAR4.

Louis-Philippe Roy croit que de rappeler l’histoire des psychotiques est d’autant plus pertinent à une époque où le microdosing est à la mode, souvent pour autotraiter l’anxiété d’autres maux de l’âme.

Sans rien divulgâcher, lorsque Audrey découvrira enfin la raison de la fuite de son grand-père, un autre pan de l’histoire canadienne sera déplié et raconté. « Le personnage (Audrey) le dit, mais elle porte aussi notre discours : on ne s’attendait pas à découvrir tout ça au départ. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi riche et clairement étudié. Comment faire passer ça à l’auditeur? C’était important pour moi qu’il sache qu’il n’y avait pas juste du mal dans ces techniques-là, mais qu’il y a aussi eu des dérapages. »

Tout couvrir

Le dernier épisode apparaît un peu comme un épisode « hors-série ». On retrouve les deux amies un an plus tard. Elles reparlent de leur expérience et Audrey fait comprendre à son amie que son balado de maîtrise a quelques angles morts.

L’épisode donne l’impression que l’équipe de production a voulu couvrir ses propres angles morts, particulièrement le fait que des communautés autochtones avaient déjà de grandes connaissances et utilisaient des psychotiques dans des rituels ancestraux.

L’épilogue fait entre autres découvrir la guérisseuse mexicaine Maria Sabina. Gilles Poulin-Denis trouve que ce n’était pas anodin de donner la parole finale à une femme autochtone après avoir présenté l’histoire très institutionnalisée de l’utilisation des psychotiques, où les pionniers étaient presque tous des hommes blancs. 

Il raconte avoir préféré prendre le temps d’aborder cet aspect à la fin plutôt que de le condenser rapidement dans des épisodes déjà très chargés.

Louis-Philippe Roy aime aussi l’idée que le personnage d’Audrey prenne le contrôle, car c’est son histoire qui est racontée, mais menée par son amie, tout au long de Flashback. Il explique que cet épisode supplémentaire s’inscrit dans les codes de la baladodiffusion, qui raconte souvent ce que sont devenus les protagonistes un certain temps après leur quête.

Une équipe pancanadienne

L’idée de Flashback a germé avant la pandémie. Au départ, Gilles Poulin-Denis avait envie de créer une installation, sans acteurs, mais la direction de son projet a drastiquement changé. « Je trouvais que ça n’avait pas de sens, pendant la pandémie, quand je voyais mes amis qui rushaient. Je ne peux pas prendre l’argent public pour faire un truc avec des machines. »

À force de fouiller sur le sujet, l’accumulation d’information « fascinante » l’a poussé à considérer l’option de la baladodiffusion.

Le fondateur de Production 2PAR4, maintenant installé à Montréal mais alors à Vancouver, est aussi le réalisateur de Flashback, en plus de mener l’écriture avec Thérèse Champagne (Vancouver) et Louis-Philippe Roy (Gatineau). Ce dernier a aussi joué le rôle d’assistant à la réalisation.

De son côté, Thérèse Champagne a fait partie de la distribution d’acteurs, tout comme les Vancouverois Joey L’Espérance, et France Perras, ainsi que l’Ottavien Sean Devine.

Le personnage de Sabrina est campé par Danielle Le Saux-Farmer, d’Ottawa et Gabrielle Morin, de Vancouver.

Gabrielle Morin et Danielle Le Saux-Farmer campent les rôles principaux du balado Flashback. Photo : Gracieuseté de Production 2PAR4

La musique originale est signée par le Fransaskois Mario Lepage. Le Québécois Bruno Pucella vient compléter l’équipe au montage et au mixage.

Diriger une telle équipe pour l’audio comporte son lot de défis, comme le fait d’être dans des studios différents ou d’ajuster le niveau de jeu à un ton plus introspectif, dans un contexte où les comédiens enregistrent les voix sans connaître l’univers sonore dans lequel elles seront intégrées.

« Il y a un ton dans le balado qu’il faut trouver, qui est différent. Ça passe juste par la voix. Il faut vraiment trouver les moyens d’exprimer certaines émotions, et c’est beaucoup plus délicat qu’au théâtre », reconnaît Gilles Poulin-Denis.

Malgré cela, Louis-Phlippe Roy se dit « extrêmement fier que le catalogue d’interprètes soit de partout et qu’on ait réussi à faire échanger entre eux des artistes qui n’auraient pas travaillé sur le même projet » en temps normal.

Défis et réussites pour Laure Ghenkam, enseignante et entrepreneure camerounaise

TORONTO – Du Cameroun à l’Italie, Laure Ghenkam déménage avec son époux au Canada en 2001, pour les opportunités professionnelles. Confrontée aux difficultés de la fameuse « expérience canadienne » nécessaire au marché du travail, l’épine dans le pied de beaucoup d’immigrants, c’est pourtant là que se révèlent sa vocation d’enseignante et ses talents d’entrepreneure. Les différences culturelles la confrontent également au niveau de l’éducation parentale et la poussent à se dépasser.

Après des études en droit privé au Cameroun, elle part vivre en Italie, où elle rencontre « l’homme de sa vie », qui deviendra son mari. Après six ans à Milan, ils s’intéressent au Canada pour les opportunités économiques dont le pays recèle.

Ils s’installent directement en Ontario, mais venant d’un pays francophone, la maitrise de l’anglais est un défi pour Laure au tout début.

Autres défis majeurs, la non-reconnaissance des qualifications et diplômes étrangers ainsi que la nécessité d’une première expérience canadienne pour entrer sur le marché du travail, de laquelle découle la difficulté à trouver un logement.

Elle obtient finalement son premier emploi dans un centre d’enseignement du français.

« Ça a réveillé l’éducatrice en moi. Fille d’enseignants, croyez-le ou non, c’est la seule profession que je ne voulais pas faire! »

Rattrapée par sa vocation, Laure retourne alors à l’université pour obtenir son baccalauréat en éducation. Elle est aujourd’hui enseignante à l’élémentaire immersion française depuis 2003 à Markham, dans la Région du grand Toronto.

« J’adore enseigner. Aujourd’hui je ne me vois pas faire autre chose. Je l’avais en moi et il aura fallu que j’arrive au Canada pour le découvrir », philosophe-t-elle.

Elle choisit l’élémentaire, car les adolescents du secondaire lui semblent peu respectueux de l’autorité parentale et professorale. Elle explique en effet qu’au Cameroun, les professeurs sont quasi vénérés. Au Canada, elle se confronte à une réalité bien différente.

Contrastes culturels dans l’éducation parentale

Laure Ghenkam, au centre, entourée de sa famille. Photo : Gracieuseté de Laure Ghenkam

Laure est mère de trois enfants, aujourd’hui respectivement âgés de 24 ans, 18 ans et 16 ans.

« Je viens d’une culture où le parent est respecté. Mes parents n’ont jamais eu à me répéter deux fois d’aller ranger ma chambre ou de participer aux tâches de la maison, par exemple. En bref, les enfants ont un respect incroyable pour leurs parents et enseignants. »

« Ma fille Christine est née à Milan, mais mes deux autres sont nés au Canada. »

Confrontés à une culture nord-américaine qui valorise une grande confiance en soi et l’individualité dès le plus jeune âge, pour cette maman, les vrais défis commencent à l’adolescence.

« À cet âge, ils ont parfois du mal à faire la part des choses, sont influencés par des amis de différents horizons. À cela s’ajoutent les réseaux sociaux, les émissions de téléréalité à n’en plus finir. Se crée alors un vrai écart pour moi, Camerounaise, qui ne m’attend pas à avoir à répéter mille fois la même chose. »

Celle-ci explique qu’à cet égard, élever sa fille aînée au Canada fut très difficile. « On peut parfois en arriver à la cassure si on ne met pas de l’eau dans notre vin ».

Ayant vécu le décrochage universitaire de sa fille, malgré ses facilités académiques, elle la laisse réaliser par elle-même le chemin à prendre. Après deux ans de pause, elle songe sérieusement à reprendre ses études.

« En tant que parent, c’est un équilibre à trouver. On souhaite qu’ils soient en sécurité et qu’ils réussissent et, tout à la fois, il faut être à leur écoute, reconnait-elle. J’ai appris à leur parler plus pour leur faire comprendre les choses. La communication est primordiale. »

Elle raconte que quand elle voyage avec ses enfants au Cameroun, ceux-ci sont facilement considérés « impolis » vis-à-vis des figures parentales, les codes étant si différents. Ils ont d’ailleurs découvert avec étonnement que certains membres de leur famille vivaient avec leurs poules dans leur maison.

Une adaptation réussie

Guidée par sa fibre pédagogique, en parallèle de son emploi – 20 ans passés auprès du conseil scolaire de York – Laure se lance en tant qu’entrepreneure.

Elle crée sa propre compagnie il y a trois ans, Sephora French Centre, qui offre des services de tutorat en français, aux enfants comme aux adultes, en groupe notamment, que les motivations soient personnelles ou pour les affaires. Son équipe se constitue à l’heure actuelle de cinq tuteurs.

« En commençant dans la profession, je me suis rendue compte que le besoin était grand quant à trouver des enseignants qualifiés qui ont le français comme langue maternelle. C’est de ce besoin que m’est venue l’idée. »

Laure est formelle, elle n’a aucun regret. Venir au Canada avec sa famille a été la meilleure décision qu’elle ait pu prendre. Elle ajoute en revanche que chacun gagnerait à grandir et à vivre dans son propre pays si seulement ceux-ci leur permettaient des perspectives d’avenir.

« Il est regrettable que certains pays, comme le Cameroun, ne développent pas leur propre potentiel pour leurs milliers d’étudiants qui finissent par partir, une fois leur diplôme en poche. C’est dommage et j’espère que ce sera différent à l’avenir. »

« J’adore le Canada, mis à part le froid, conclut-elle en éclatant de rire. Il m’aura tout de même fallu 20 ans pour m’habituer à la météo. »

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.

Bergers : voyage au cœur des Alpes avec Sophie Deraspe

Dans cette entrevue avec la réalisatrice Sophie Deraspe et l’acteur Félix-Antoine Duval, le duo nous entraîne dans l’adaptation du roman autobiographique de Mathyas Lefebure, qui a quitté Montréal pour une nouvelle vie de berger en Provence. Découvrez les défis et moments forts du tournage d’une oeuvre qui a remporté cette année le prix du meilleur long métrage canadien au 49e Festival international du film de Toronto. En salle dès le 15 novembre.

Activités pour célébrer la diversité francophone en Ontario

L’agenda se remplit facilement cette semaine avec toutes les activités culturelles proposées en Ontario. Plusieurs sont en lien avec la Semaine nationale de l’immigration francophone (SNIF), qui se termine le 9 novembre. De plus, la formation Règlement 17 fête son 15e anniversaire à Ottawa, une artiste acadienne est de passage en Ontario, et une nouvelle exposition prend place à Toronto.

Identités multiples à North Bay

Les compagnons des francs loisirs accueillent à North Bay deux artistes du Nord de l’Ontario qui ont un point en commun, celui d’avoir une mère franco-ontarienne et un père avec une autre identité culturelle, abénaquise pour Mimi O’Bonsawin et mexicaine pour Cecilia Rodriguez-Beaudoin, alias Aurel. L’événement veut donc souligner à la fois la SNIF et la Semaine de reconnaissance des traités, qui se déroulent en même temps. La soirée aura lieu vendredi à 20 h, à la brasserie Wildwoods.

À gauche; Mimi O’Bonsawin. Photo : Rachel Crustin / ONFR. À droite : Aurel. Gracieuseté de Cecilia Rodriguez-Beaudoin

North Bay, le 8 novembre. Billets sur la plateforme Simpletix.

L’animal chic à Hearst

Dans sa chanson L’un et l’autre, sur l’album Animal chic, Mehdi Cayenne se décrit comme « pseudo-maghrébin, pseudo-français, pseudo-franco-ontarien, pseudo-québécois ». L’artiste à l’énergie débordante incarne cette diversité de l’Ontario francophone. Arrivé d’Algérie dans l’enfance, il fait partie des valeurs sûres franco-ontariennes et c’est dans le cadre de la SNIF et de Coup de cœur francophone qu’il est reçu à la Place des arts de Hearst, dans le cadre de la programmation du Conseil des arts de Hearst, ce samedi.

Mehdi Cayenne au Festival franco-ontarien 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Hearst, le 9 novembre. Détails et billets sur la plateforme Le point de vente.

Country-folk québécois à Toronto

L’artiste québécoise, qu’on a pu voir à Contact ontarois 2024, sera de retour dans la province pour un spectacle au Théâtre Spadina de l’Alliance française de Toronto, ce vendredi. Elle vient présenter son plus récent album, Comme avant, sorti il y a un an. Capable à la fois de douceur et de fougue, l’artiste originaire de Baie-Saint-Paul saura envoûter les spectateurs de la Ville Reine.

Léa Jarry a deux albums à son actif, L’heure d’été (2020) et Comme avant (2023). Photo : Gracieuseté de l’Alliance française de Toronto

Toronto, le 8 novembre. Détails et billets sur le site de l’Alliance française de Toronto.  

À la découverte de la diversité de Barrie

La bibliothèque de Painswick, à Barrie, est aussi l’hôte d’un événement culturel de la SNIF. Célébrons la francophonie immigrante : à la découverte de notre diversité aura lieu vendredi, de 10 h à midi. On y présentera les services francophones accessibles et l’artiste Amadou Kienou y donnera une performance.

Amadou Kienou sur le tapis rouge des Kilimanjaro Music Awards, en 2023. Crédit image : Rachel Crustin / ONFR

Barrie, le 8 novembre en avant-midi. Détails sur le site de la SNIF.

Patrimoine riche de Sudbury

L’organisme Contact interculturel francophone de Sudbury organise la troisième édition de son événement Patrimoine riche de l’Ontario. En plus d’une performance de African Harmony, d’un dîner multiculturel et d’une danse avec DJ, il y aura un micro ouvert. Avis aux artistes locaux, chacun peut se prêter au jeu. Le tout aura lieu au Canisius Hall de l’Université de Sudbury, vendredi dès 18 h.

Artistes locaux, il est temps de faire découvrir votre talent lors de l’événement micro ouvert. Photo : Canva

Sudbury, le 8 novembre. Détails sur le site de la SNIF.

Une vitrine à Toronto

L’Université de l’Ontario français (UOF) accueille pour une deuxième saison le projet En vitrine, exposant des artistes membres du Centre d’art médiatique Le Labo dans son enceinte. Deux expositions consécutives se tiendront sous le thème Résistances silencieuses. On pourra voir le travail de Noémie Roy du 13 février au 19 mars 2025, mais c’est celui de Tania Love qui vient tout juste d’être installé. Le projet En vitrine souhaite tisser des liens entre les artistes professionnels et le milieu universitaire. L’exposition Morphogenesis I sera donc accompagnée d’un projet de médiation culturelle développé par Stéphanie Salgo, stagiaire du baccalauréat spécialisé en études des cultures numériques de l’UOf.

Tania Love est une artiste visuelle de Toronto qui « privilégie le processus, la lenteur et la sensorialité », comme on peut le lire sur le site du Labo. Photo : Pascaline Lebras

Toronto, jusqu’au 11 décembre. Détails sur le site du Labo.

Québécoise et Haïtienne : le français comme point d’ancrage en Ontario pour Natacha Castor

OSHAWA – Arrivée d’Haïti à un très jeune âge, Natacha Castor, qui a grandi et vécu dans la Belle Province, est Québécoise avant tout. Venue vivre en Ontario il y a une dizaine d’années, elle s’expose alors au choc des cultures, presque une seconde immigration. Forte de ses origines riches et multiples, elle découvre sa langue française autrement, comme vecteur d’identité, de revendication, de ralliement…

Arrivée à l’âge de 7 ans avec sa mère au pays, Natacha grandit à Montréal, y fait ses études du primaire à l’université, et y passe la majeure partie de sa vie d’adulte, teintée de ses repères culturels.

« Je suis Montréalaise, mes points de référence et mon accent sont québécois. Ainsi, je n’ai pas vécu les difficultés et l’expérience des immigrants arrivés à l’âge adulte, notamment sur le plan de l’intégration, sur le plan professionnel », confie celle-ci.

« Je suis toutefois une personne racisée, je n’ai donc pas été à l’abri non plus de certains défis que des personnes de couleur peuvent vivre. J’ai eu la chance d’avoir le soutien nécessaire et de ne pas vivre d’isolement, explique-t-elle. Au début des années 80, l’immigration francophone n’était constituée que de quelques Haïtiens, Libanais et Marocains. Depuis, la diversité est beaucoup plus importante. »

Après le cégep, elle part s’installer dans la campagne québécoise, et ce pendant 15 ans. Elle raconte être alors la seule personne noire, et représenter toutes les minorités dans la tête des gens : « On parle du début des années 90. Les personnes issues de l’immigration vivaient principalement à Montréal. J’étais très « visible », avec du racisme beaucoup plus ouvert ».

Doublement étrangère, le fait de venir de la ville la faisait également de facto sortir du lot. Avec certains de ses amis dans le même cas, ils s’appelaient entre eux « les expatriés de la ville ».

Du Québec à l’Ontario, un choc des cultures à la frontière

Natacha navigue entre plusieurs identités, se considérant autant Québécoise, Canadienne, qu’Haïtienne – depuis l’âge adulte, elle revendique davantage son patrimoine d’Outremer – et, maintenant, que « Franco-Ontarienne, ou du moins j’y travaille », plaisante-t-elle.

Natacha explique avoir besoin de comprendre l’histoire francophone de l’Ontario, pour se l’approprier pleinement.

C’est seulement en déménageant à Oshawa il y 15 ans que cette superviseure en travail social découvre l’existence de cette francophonie.

Elle inscrit alors ses enfants en école d’immersion francophone, ignorant alors l’existence des écoles de langue française dans la province : « Dès le premier jour, l’école m’a appelé pour me demander ce que mes enfants faisaient dans cette école, parlant déjà un français impeccable! »

Photo : Gracieuseté de Natacha Castor.

Si elle constate alors les avantages d’être une minorité francophone en Ontario, elle remarque que les anglophones de Québec eux n’ont pas eu à revendiquer autant leurs droits linguistiques, beaucoup plus acquis.

La francophonie ontarienne est pour elle plus fragile, celle du Québec plus politique, une lutte différente.

« En Ontario, même si je pourrais tout faire en anglais, je m’accroche au français. Même sans le vécu et la culture des Franco-Ontariens, la langue est mon point d’attache à la francophonie ontarienne et c’est, je pense, le point de ralliement de tous les francophiles et francophones qui viennent de partout dans le monde. »

Une différence qui joue beaucoup selon Natacha dans le choix de rester et de ne pas repartir au Québec. À quelques heures de la frontière seulement, elle évoque le petit choc culturel de ce « mini New York City » anglophone au rythme effréné.

« Avec des repères différents, le français est ce qui m’est familier. L’attachement à la francophonie, c’est aussi avoir retrouvé un certain art de vivre, une certaine convivialité et un état d’esprit, un franc-parler. »

« Je travaille en français (au sein du Conseil Sccolaire Viamonde), ce qui m’a permis de trouver un cadre et un réseau, développer des liens. J’ai rencontré des gens qui se revendiquent francophones qui viennent d’Amérique du Sud par exemple. Pour plusieurs d’entre nous le fait francophone et notre point de ralliement. »

Par le biais de ce sentiment d’appartenance, elle trouve un point d’ancrage, sa pierre angulaire.

La transmission francophone à ses enfants

Ses enfants, nés au Québec, sont considérés 3e génération. Ils revendiquent leurs racines haïtiennes, ont un engouement pour leur héritage culturel et comprennent bien le Créole.

Natacha est catégorique : tout le monde parle français à la maison, c’est la langue de communication, ce qui est très important pour sa fille et pour son fils.

« Ils parlent avec leurs amis en anglais, mais ils s’en sortent bien pour faire la part des choses. Notre famille est à Québec. Ils arrivent aussi, tout comme moi, à naviguer entre tous ces univers », se réjouit-elle.

« Ils sont plus Franco-Ontariens que moi, arrivés à 4 et à 5 ans, là où ils ont grandi en célébrant le drapeau. Leurs repères sont ici comme les miennes étaient au Québec à leur âge ».

Eux aussi comprennent l’importance de préserver le français. Ils écoutent de la musique en français, lisent des auteurs francophones, « de leur propre chef ».

Un positionnement non négociable, dans les institutions bancaires et autres qui offrent des services en français, toute la famille insiste pour être servie dans sa langue maternelle.

« La francophonie est en train de changer en saveurs et en couleurs. Pourquoi reste-t-on accroché à cette langue? Parce que c’est un aspect identitaire important et d’autant plus ici en Ontario, où la langue a dû être sans cesse défendue, où on s’est battu et ça n’aura pas été pour rien. »

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.

La formation rock Règlement 17 fête ses 15 ans

OTTAWA – Depuis 15 ans, Règlement 17 (R17 pour les intimes) ajoute du rock au paysage musical franco-ontarien. La formation prépare un concert spécial, intitulé La Grande révolte, ce samedi 9 novembre à la Maison de la francophonie d’Ottawa. ONFR s’est entretenu avec le guitariste et membre fondateur du groupe, Daniel Sauvé.

L’événement de samedi sera « le plus gros show à petit budget de tous les temps », explique en souriant le musicien, qui s’inspire des grands concerts rock en aréna, mais compose avec la réalité des budgets de la francophonie canadienne.

« Ce sera le summum de ce qu’on fait depuis 15 ans. On a mis la totale sur la production. Ça va fesser dans le dash. »

Pour l’occasion, le groupe maintenant formé Cathy Vallières à la voix, Daniel Sauvé à la guitare, Xavier Bélanger à la basse, Corey MacDonald à la batterie, Mathieu Corrigan au violon et Jean-Nicolas Richardson à la guitare et au clavier sera rejoint sur scène par d’anciens acolytes, comme Patrick Pharand (Les Rats d’Swompe) et Kevin Daoust (Hey, wow).

Au micro d’ONFR, Patrick Pharand raconte que lui et ses amis admiraient Daniel Sauvé, le « rock star franco-ontarien » lorsqu’il était au secondaire. Il a par la suite pu jouer de la basse et du violon dans le groupe de celui qui était devenu un ami. « Malgré mon départ du groupe, je suis un fan fini. »

Règlement 17 en 2021. Photo : Marc-Antoine Joly

Les plus motivés peuvent se procurer des billets pour un événement VIP qui aura lieu avant le spectacle, où les membres du groupe échangeront avec le public, tout en jouant à des jeux vidéo, un loisir apprécié par plusieurs des musiciens.

« C’est quoi l’affaire la plus rock qu’on peut faire un dimanche après-midi, à Ottawa? »
— Daniel Sauvé

« Il y a un buzz dans l’industrie, où l’on veut créer des expériences. (…) La prémisse de base, c’est : c’est quoi l’affaire la plus rock qu’on peut faire un dimanche après-midi, à Ottawa? Et aussi, rock à notre image. »

Chaque personne présente aura droit à un sac de café signature Règlement 17, une collaboration avec le torréfacteur artisanal Café Joyeux de Rockland, que Daniel Sauvé a découvert lors du Festival franco-ontarien, en juin dernier.

Le trio The Great Diversion (Marc-Antoine et Simon Joly avec Patrick Harrison) donnera une performance lors de cet événement VIP.

Daniel Sauvé dit à la blague que Règlement 17 pourrait gagner un Trille Or de longévité, si un tel prix existait. Photo : Maxime Delaquis / ONFR

S’en suivra le spectacle intitulé La grande révolte, où Daniel Sauvé promet que l’énergie, la présence scénique, l’éclairage et les effets visuels seront à leur comble. Le trio de Hawkesbury, Prospect Nelson, assurera la première partie.

Règlement 17 se produira ensuite à la Place des arts de Hearst le 16 novembre, puis à North Bay en avril 2025, lors d’un premier festival de musique heavy dans le Nord de l’Ontario.

15 ans de rock


Dans une scène musicale déjà de niche, celle de l’Ontario francophone, Règlement 17 souhaite « faire tomber les murs des conventions », pour paraphraser la chanson Faire Rébellion.

Le musicien Marc-Antoine Joly, qui côtoie le groupe depuis 2011, témoigne de son importance en Ontario français. « C’est l’incarnation même de la résilience : 15 ans de rock, de cœur et de passion dans une industrie qui, souvent, ne joue pas en faveur de ce style. C’est un collectif qui inspire, qui persévère, et qui prouve que la musique authentique trouve toujours son chemin. »

« Règlement 17 est un modèle de détermination et une véritable source d’inspiration pour ceux qui refusent de renoncer à leurs rêves. »
— Marc-Antoine Joly

Patrick Pharand abonde dans le même sens. « Je trouve ça tellement important qu’un groupe comme Règlement 17 ait continué si longtemps, exprime-t-il. Ça a toujours été plus difficile de caser le groupe dans les programmations de salles et de festivals. Je trouve impressionnant (qu’ils) restes fidèles à eux-mêmes. »

La musique de R17 flirte avec le côté plus percutant et la distorsion, mais aussi avec les mélodies agréables à chanter, un peu plus « grand public. » Daniel Sauvé refuse donc l’étiquette métal qu’on lui attribue parfois, même s’il en emprunte certains codes. « On est seulement un band métal pour les gens qui n’écoutent pas du métal, » image-t-il.

Règlement 17 en 2010. Photo : Jaime Johnson

Néanmoins, R17 offre un son qu’il est aussi important de représenter en français, selon le guitariste, qui se décrit comme « un petit gars de la FESFO » (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne).

« Si on essaie d’identifier des modèles accessibles pour la jeunesse franco-ontarienne, ça prend une variété de formes musicales. Les gens n’écoutent pas de la musique parce que c’est en français. Ils écoutent de la musique parce qu’ils aiment ça. Alors, si on n’interpelle pas leurs goûts musicaux, il y a tout un groupe de jeunes et de moins jeunes qui n’auront pas ce sens d’attachement à la communauté à travers la musique et l’art. »

Même s’il a d’abord formé le groupe avec des musiciens québécois, alors qu’il vivait à Montréal, le nom Règlement 17 a rapidement fait l’unanimité.

« On a toujours eu une composante politique, sans nécessairement toujours parler de francophonie. »
— Daniel Sauvé

Le nom est évidemment un clin d’œil à ce pan de l’histoire franco-ontarienne dont ses amis québécois n’avaient aucune idée, mais qui symbolise le combat social et la collaboration entre les deux provinces. Daniel Sauvé dresse le parallèle avec le mouvement de la Résistance, en 2018. Selon lui, il s’agissait de la première fois où les médias québécois s’intéressaient à ce point à une lutte franco-ontarienne depuis… le Règlement 17.

« Pour moi, il y a beaucoup de parallèles, sans qu’on parle nécessairement de langue. On se lève pour se battre contre quelque chose de plus gros que nous. C’est ce qu’on fait dans le band, à notre façon. »

Règlement 17 à l’époque de l’album Contre courant, en 2021. Photo : Dark Moon production

Après quelques années, le guitariste originaire de North Bay s’est réinstallé dans sa province natale. « À l’époque, il y avait vraiment un dynamisme au niveau de la scène musicale à Ottawa. Ça m’a donné envie de revenir. »

L’arrivée de Kevin Daoust, Patrick Pharand et Xavier Bélanger a donné un second souffle à Règlement 17, plus que jamais un groupe franco-ontarien.

Plus récemment, une autre transition, avec l’arrivée de Mathieu Corrigan et Jean-Nicolas Richardson, a permis de réaligner la vision musicale vers l’idéal que Daniel Sauvé avait imaginé il y a 15 ans.

Et ça continue

Règlement 17 devrait offrir quelques nouvelles chansons dans les prochains mois, de façon plus régulière, mais toujours sporadique.

« On est revenus dans l’ère des singles. Et nous, avec notre rythme de création, ça fait un peu notre affaire. On est capables de digérer nos idées musicales un peu mieux quand on n’en a pas douze à faire en même temps. »

Cette nouvelle musique devrait offrir un son « un peu plus orchestral, un peu plus cinématique, disons. Peut-être un peu plus violent. »

Règlement 17 en 2021. Photo : Marc-Antoine Joly

Les doubles standards et la misogynie toujours présente dans l’industrie de la musique font partie des thèmes qui seront abordés. La chanteuse Cathy Vallières, la seule du groupe à faire carrière dans la musique à temps plein, peut témoigner de son expérience personnelle. Il était temps qu’elle dénonce, selon son compatriote.

Si un album complet verra éventuellement le jour, Daniel Sauvé le voit plus comme la gare d’arrivée que comme le point de départ.

Le plus récent album de Règlement 17, Contre courant, est sorti en 2021.

Desjardins n’a presque plus pignon sur rue : quel message pour sa communauté de l’Est ontarien?

EST ONTARIEN – Quatre nouvelles caisses Desjardins en Ontario ferment leurs portes ce mois de novembre, marquant une étape supplémentaire dans la restructuration du groupe coopératif dans la province. Ce phénomène n’est pas inédit : en 2019, 11 caisses Desjardins ontariennes avaient fusionné pour ne former qu’une seule entité. Historiquement ancré dans les communautés rurales et franco-ontariennes, Desjardins s’est toujours distingué par sa proximité avec sa clientèle. Cependant, ces fermetures successives illustrent un retrait progressif de l’institution du paysage financier local, même si sept succursales demeurent présentes.

Dans certains villages franco-ontariens et dans des communautés plus reculées, Desjardins s’éloignerait physiquement de sa clientèle, surtout pour ceux qui en dépendent. On pense notamment aux personnes âgées ou plus vulnérables.

L’expert en éthique et gouvernance de l’Université d’Ottawa, Marc Tassé, estime que le retrait de Desjardins de certaines communautés pourrait entraîner un détachement de ses membres. « Rien que pour les communautés où l’accès à Internet est limité et où les gens ne sont pas toujours à l’aise avec les technologies numériques, le changement ne sera pas positif », pense-t-il.

« Bien que Desjardins cherche à offrir des services adéquats en misant de plus en plus sur le numérique, dans ces régions, cette transition créera une certaine distance entre l’institution et ses clients. »

Avec une population franco-ontarienne vieillissante dans l’Est, le passage au numérique peut être déstabilisant. Retirer une succursale, là où, depuis des décennies, les gens allaient voir leur conseiller, peut instaurer un sentiment de délaissement. Au-delà de cette perception, les aînés sont aussi plus inquiets face aux fraudes. « Beaucoup préfèrent encore se rendre en personne pour s’assurer de parler à un employé fiable, ce qui les rassure davantage que les transactions en ligne », ajoute M. Tassé.

En entrevue avec ONFR, Stéphan Plante, vice-président Ontario, expérience membre et marché des particuliers chez Desjardins, croit que si l’heure est au changement, l’institution ne s’éloigne pas pour autant de sa clientèle.

Ce dernier affirme que l’institution n’a pas attendu pour accompagner sa communauté face aux risques de fraudes : « Je peux vous citer des exemples de notre travail dans certaines communautés et villages. Nous organisons des présentations en direct dans des foyers pour aînés et des formations. On met en place également des séances sur la planification successorale et l’accompagnement des personnes âgées, mais aussi plusieurs sujets essentiels pour garantir leur autonomie financière. »

Le risque d’un sentiment de perte d’appartenance

M. Plante insiste sur le fait que l’engagement communautaire reste inchangé. « Je peux vous assurer que notre implication ne faiblira pas. Nous restons présents et engagés envers toutes nos communautés dans l’Est ontarien. »

Historiquement, Desjardins joue un rôle essentiel dans le soutien de projets locaux, au-delà des services bancaires, mais au cœur d’événements culturels franco-ontariens, comme le concours LOL-Mort de rire à Cornwall ou encore dans des activités communautaires et en partenariat avec des organismes tels que les associations canadiennes-françaises de l’Ontario (ACFO) et l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).

« Au fil des ans, nous avons prouvé cet engagement en finançant divers projets, comme l’aréna de Saint-Isidore et la revitalisation des bandes de la patinoire de St-Albert. »

Stéphan Plante, vice-président Ontario, Expérience membre et Marché des particuliers chez Desjardins Ontario. Photo : Caisse Desjardins Ontario

Il n’y a aucun doute pour M. Plante, bien que la présence physique du groupe financier ait évolué, Desjardins Ontario reste actif pour accompagner les communautés et jouer un rôle socio-économique.

Mais M. Tassé, lui, croit l’inverse. Pour l’expert en finance, cette situation risque de créer un sentiment de perte d’appartenance. « Les gens pourraient se dire que ce qui faisait la force de Desjardins, c’est cette proximité avec la communauté franco-ontarienne. »

D’après le professeur, si tout passe au numérique, certains membres pourraient se tourner vers d’autres institutions financières. La fidélité des clients pourrait être mise à mal, et Desjardins pourrait redoubler d’efforts pour expliquer ses choix et offrir des alternatives.

Bien que le virage technologique soit inévitable, une approche plus graduelle et inclusive serait essentielle, selon M. Tassé, pour éviter que cette décision ne soit perçue comme purement mercantile.

De son côté, M. Plante le réaffirme : « On ne s’éloigne pas de nos clients. » D’ailleurs, il estime que le message envoyé à la communauté démontre que depuis les dernières années, « les habitudes transactionnelles et les préférences des membres évoluent. »

Ce sont l’ensemble de l’industrie qui vivrait ces changements. Chez Desjardins, 96 % des transactions sont faites en ligne, soutient-il. « Quand on regarde cette transformation, on se doit d’évoluer et d’accompagner nos membres de façon personnalisée. »

Sept centres de services restants

La fermeture de plusieurs succursales dans l’Est ontarien est liée à l’achalandage, martèle M. Plante.

Avec raison, la population pourrait s’inquiéter de voir d’autres fermetures. À travers le pays, le Mouvement Desjardins a déjà amorcé une réduction de son offre de service et de ses guichets automatiques.

Alors évidemment, pour l’expert en éthique et gouvernance, « le message que les gens risquent de percevoir est que Desjardins cherche avant tout à optimiser ses opérations. Pourtant, en tant qu’institution à responsabilité sociale, elle a un devoir envers ses communautés. Le défi pour Desjardins sera de montrer que ces décisions sont éthiques. »

Il ajoute : « Les membres pourraient se demander si cette décision a été prise avec une analyse coûts-bénéfices uniquement, ou bien avec une considération pour la dimension sociale. »

Conférencier primé à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa et au programme de MBA pour cadres de l’École de gestion Telfer, Marc Tassé possède une expertise en éthique et gouvernance, en finance et en comptabilité. Sa compréhension du monde bancaire l’a amené à enquêter sur des cas de corruption et de fraude à travers le monde. Photo : Gracieuseté de Marc Tassé

M. Tassé considère que la banque de demain devrait équilibrer les gains en efficacité apportés par la numérisation avec les besoins réels de tous ses clients. À ce titre, Stéphan Plante considère que, malgré les grandes tendances de l’industrie bancaire, « il est crucial de conserver des succursales stratégiquement situées et il est vital que ce soit une expérience positive. »

À savoir si en Ontario d’autres succursales pourront fermer, rien n’est gravé dans le marbre, clarifie Stéphan Plante : « Nous avons d’abord concentré nos efforts sur l’Est ontarien, mais je suis très confiant avec les sept centres de services restants, qui sont stratégiquement répartis dans la région. »

Quant aux autres régions de la province, des décisions liées à une transformation et à une optimisation des services ne sont pas exclues.

Imad Belarbi ou le parcours inspirant d’un Algérois à Hearst

HEARST – Quelques années après son arrivée à Hearst, Imad Belarbi est déjà bien implanté dans la bourgade de 5 000 habitants. Installé comme étudiant peu avant la pandémie, celui qui se présente comme le doyen des Algériens de Hearst est désormais père de famille et employé dans une importante usine de la ville.

Imad Belarbi le savait depuis longtemps : il voulait quitter l’Algérie. Et la première solution qui s’offrait à lui était d’immigrer en tant qu’étudiant. Hésitant entre la Bulgarie et le Canada, celui-ci décidera finalement d’opter pour la seconde destination, jugeant que ses opportunités de revenus y seraient plus importantes.

Quant au lieu précis de son établissement, Imad Belarbi choisit l’Université de Hearst, séduit par ses frais de scolarité plus abordables et sa programmation en bloc de cours mettant l’accent sur la débrouillardise des étudiants.

Après avoir étudié deux ans en mathématiques et informatique dans son Algérie natale, celui-ci décide de recommencer à zéro avec un baccalauréat en gestion à Hearst.

« Ça me paraissait plus facile de m’adapter dans une petite ville et de connaître la culture locale que dans une grande ville où j’aurais plus de chance d’y rencontrer des gens de mon pays par exemple », ajoute-t-il.

Le couple Belarbi profite pleinement des activités permises par la vie dans le Nord. Gracieuseté

Pandémie et solitude

Arrivé fin 2019, Imad Belarbi souhaitait préparer le terrain : trouver un logement, chercher du travail parallèlement à ses études, s’imprégner de la culture locale… Un choix qui s’est avéré plus que judicieux puisque, peu après la rentrée en janvier 2020, la pandémie paralysera les déplacements.

« À quelques mois près, j’aurais pu ne pas venir. Le destin fait bien les choses », lâche-t-il. Quelque temps après sa venue, celui-ci est submergé par un sentiment de solitude et peine à trouver du travail.

Il décide alors de se rendre temporairement à Montréal, tout en continuant de suivre les cours de Hearst en ligne.

« Ici, il n’y a pas beaucoup de monde, donc c’est compliqué pour moi qui vient de la capitale de l’Algérie et qui n’ai pas l’habitude des petites villes. »

Néanmoins, Imad Belarbi se réjouit d’avoir pu échapper à la pandémie : « J’ai évité Montréal pendant la pandémie et j’ai évité Hearst pendant la pandémie, donc j’ai vraiment été chanceux. »

Alors qu’il avait commencé son parcours universitaire en tant que célibataire, c’est avec un nourrisson qu’il se rend à sa cérémonie de collation des grades en 2023. Gracieuseté

Dernier bébé né à Hearst

En 2022, Imad Belarbi se rend en Algérie pour épouser sa compagne de longue date qui finira par le rejoindre peu de temps après avec un permis de travail ouvert.

La naissance de sa fille en mai 2023 n’a pas été sans défi, au moment où les services d’obstétrique connaissent une crise importante dans le Nord.

« Ma femme a accouché après 31 heures de travail et on nous a envoyés à Kapuskasing qui est à 100 kilomètres avant de nous renvoyer à Hearst », se rappelle le jeune papa.

Le couple Belarbi soulagé après la naissance de leur petite fille. Gracieuseté

Ironiquement, il s’agit du dernier bébé pris en charge par le départ à la retraite, en juin 2023, du Dr Richard Claveau, dernier médecin de famille et obstétricien de Hearst.

« Je dirais qu’on a eu de la chance, mais pas à 100% », estime M. Belarbi, qui juge que le système de santé est un gros aspect négatif de la vie à Hearst. Par ailleurs, le couple n’a, à ce jour, toujours pas trouvé de place en garderie pour leur fille.

Ajoutez à cela la difficulté de trouver un appartement en pleine pénurie de logements : « Après avoir eu ma fille, on vivait dans un petit appartement et on a mis sept-huit mois avant de mettre la main sur quelque chose de convenable. »

Être musulman à Hearst

Un autre enjeu de la vie en région pour les communautés racisées est le manque, parfois, de lieux de culte ou de produits exotiques.

Imad Belarbi regrette que Hearst ne compte toujours pas de mosquée malgré une augmentation constante de nouveaux arrivants musulmans ces dernières années, notamment à l’Université.

Toutefois, celui-ci a décidé de prendre les choses en main et tenter de faire évoluer les choses, à son échelle alors qu’il travaillait, avec son épouse, à l’épicerie locale.

Imad Belarbi s’est arrangé avec des amis pour acheter un bateau avec lesquels il fait des sorties sur le lac en été. Gracieuseté

« On demandait souvent s’il y avait des chances d’avoir de la viande halal et ils ont pris ça en compte à travers le temps. À tel point que c’est maintenant très souvent disponible dans les rayons. »

La philosophie d’Imad Belarbi reste, néanmoins, ancrée sur l’idée de respecter la culture du pays hôte : « Dès le départ, j’étais arrivé avec l’idée que je suis un étranger et que je resterai un étranger malgré tout. Ce n’était pas aux autres de s’adapter à ma culture ou à ma façon de penser. »

Un sacrifice personnel

Son intégration, il la doit aussi à son emploi à temps plein obtenu à la fin de ses études dans une usine de contreplaqué notable de la ville, Columbia Forest Production, où il côtoie principalement des personnes originaires de Hearst.

Son travail, c’est aussi la raison pour laquelle il a choisi de demeurer à Hearst, malgré l’isolement : « C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’activités ici, tout le monde s’ennuie, à part les gens d’ici qui ont leur propre intérêt dans cette ville, mais personnellement, je m’accroche à mon objectif de faire une grande carrière ici. »

Et d’ajouter : « C’est un sacrifice par lequel je suis obligé de passer, mais je sais que ça finira par s’arranger. »

Les Belarbi aiment passer le plus clair de leur temps libre avec des amis originaires du Maghreb. Gracieuseté

Très vite, Imad Belarbi a pu goûter à la joie de l’ascension professionnelle en accédant au rôle de superviseur et a récemment fait une demande pour obtenir la résidence permanente via le Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord.

« J’ai aussi l’opportunité de viser plus haut et je ne veux pas m’éloigner de Hearst pour l’instant », finit-il.

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.

Soccer : le bilan de la saison des Franco-Ontariens de l’Atlético Ottawa

OTTAWA – Éliminé en demi-finale de Première ligue canadienne (PLC), l’Atlético Ottawa tenait ce mardi sa conférence de presse de fin de saison. L’occasion pour les joueurs franco-ontariens de l’équipe, Matteo de Brienne et Tyr Walker, de faire le bilan.

Créée il y a maintenant six ans, la PLC a notamment pour vocation de permettre le développement des jeunes joueurs canadiens de soccer qui n’ont pas eu l’opportunité de percer dans les clubs de MLS, le niveau supérieur au Canada.

Malgré une saison 2024 où l’Atlético Ottawa avait comme objectif de remporter le premier titre de son histoire avec un recrutement de joueurs expérimentés comme Amer Didic, Manny Aparicio ou encore Aboubacar Sissoko, cela n’a pas empêché le club ottavien de donner sa chance aux jeunes talents locaux.

En effet, Matteo De Brienne, recruté en provenance de Winnipeg après son titre de meilleur jeune espoir de la saison dernière, et Tyr Walker, jeune joueur de l’Université Carleton, ont tous deux eu un temps de jeu conséquent et se sont imposés comme des titulaires indiscutables à leur poste.

De Brienne a réalisé un rêve

Si collectivement, la saison ne s’est pas terminée comme ils l’auraient souhaité avec une élimination contre le Forge FC d’Hamilton en demi-finale (1-0), Matteo De Brienne, né à Ottawa et qui a grandi du côté de Barrhaven, a tout de même savouré ce retour à la maison.

« J’avais un rêve de jouer chez moi, devant ma famille et mes amis, a-t-il confié en conférence de presse. J’avais l’opportunité cette année de le faire. Je voulais vraiment gagner un trophée avec Ottawa. On n’a pas été capables de le faire, mais c’était quand même un moment incroyable pour moi dans ma carrière professionnelle d’être ici. »

Matteo de Brienne admet avoir eu un rôle plus défensif avec l’Atlético cette saison et un apport offensif en dessous de ses attentes. Photo : Matt Zambonin/Freestyle Photography

Le jeune Ottavien a réalisé une saison complète avec un total de 28 matchs disputés dans la ligue, dont 27 en tant que titulaire, et a largement dépassé la barre des 2000 minutes jouées (2385).

« Mon focus cette année, c’était d’aider l’équipe de la meilleure manière que je pouvais. J’ai trouvé qu’il y avait des matchs où c’était difficile pour moi, mais au final, j’ai fait tout mon possible. Il y a eu beaucoup de pression sur moi, comme je m’y attendais, parce qu’ils connaissaient mes qualités et mes capacités aussi bien que moi. »

Petit bémol : l’apport offensif du latéral gauche avec l’Atlético Ottawa a été moins prolifique que la saison dernière avec une seule passe décisive et aucun but marqué (contre 3 buts et 3 passes avec Winnipeg l’an dernier).

« Cette année, je pense que mon rôle s’est transformé en un rôle défensif, a-t-il expliqué, plutôt qu’un rôle d’attaquant qui contribue à marquer des buts comme l’année dernière à Winnipeg. Mais je trouve que c’était une bonne saison même si ça m’a pris un peu de temps pour m’intégrer dans la nouvelle équipe. »

L’Ottavien ne sait pas encore s’il sera resigné la saison prochaine, même si les rumeurs tendent dans ce sens-là. Peu importe son avenir, l’objectif de Matteo De Brienne, qui n’a aujourd’hui que 22 ans, est de continuer sa progression.

« Je n’ai pas réussi à accomplir grand-chose cette année en termes de trophées. Mais en termes d’accomplissement individuel, je pense que mon objectif principal cette année, c’était de continuer à me développer comme l’année dernière. En termes de maturité et de jeu sur le terrain, je pense qu’il y a eu beaucoup d’aspects où j’ai appris. Je pense que c’était une chose très positive cette année. »

« Mais le mieux, c’est qu’il y a toujours des choses différentes que je peux améliorer. Je pense que je n’ai pas encore atteint mon potentiel. Donc, en me projetant sur l’année prochaine, où que ce soit, ici à Ottawa ou ailleurs, je vais vraiment me concentrer dessus pour faire de moi un joueur complet. »

Tyr Walker en éclaireur

Alors que De Brienne était tout de même arrivé dans l’équipe avec une étiquette de joueur qui avait déjà fait ses preuves en PLC, Tyr Walker a lui dû gravir les échelons de joueur de banc jusqu’à titulaire indiscutable.

Favorisé par la règle qui impose aux équipes 2000 minutes de temps de jeu pour les joueurs de moins de 21 ans, le natif de Russell a su tirer son épingle du jeu jusqu’à prendre définitivement la place de Luke Singh au sein de la défense centrale d’une formation qui joue les premiers rôles, à tout juste 21 ans.

Tyr Walker a été titulaire en défense lors des deux matchs de phase finale contre York United FC puis Forge FC. Photo : Matt Zambonin/Freestyle Photography

« C’est un sentiment incroyable, a confié Walker. J’ai beaucoup de fierté. On a tellement de bons joueurs de qui on peut apprendre tous les jours. Des joueurs comme Manu Aparicio, Nate (Ingham), Max (Tissot). Sur mon poste aussi, avoir Amer Didic, l’un des meilleurs défenseurs de la ligue, et Luke Singh comme modèles pour apprendre, c’était formidable. »

« Cela a pris du temps pour gagner la confiance pour devenir titulaire, mais au fil de la saison j’ai réalisé que j’avais cette opportunité. »

Une opportunité qu’il a saisie à merveille avec un total de 18 matchs dont 16 en tant que titulaire, et surtout une présence dans le onze partant lors des phases finales, moment où les impositions de minutes de joueurs de moins de 21 ans n’étaient plus en vigueur.

Premier joueur issu du circuit local à se faire une place dans l’équipe professionnelle de la ville, Tyr Walker est fier de montrer la voie aux jeunes joueurs de la région.

« Je suis heureux qu’il y ait un chemin pour nous. Je suis l’un des premiers à le faire et je pense que j’ai fait un long parcours dans mon travail pour aider la prochaine génération à avoir ce même parcours; ils peuvent maintenant voir qu’il y a une chance de jouer au niveau supérieur à Ottawa. »

Et s’il devait donner des conseils?

« Travaille fort, sois patient, et quand l’opportunité viendra, sois prêt et saisis-la. »

Immigration francophone : « Du je-m’en-foutisme » de certaines provinces, déplore Miller

OTTAWA — Alors que le fédéral veut augmenter dans les prochaines années le nombre d’immigrants francophones, le ministre de l’Immigration Marc Miller se préoccupe « du je-m’en-foutisme de certaines provinces », dont l’Ontario, dans le dossier.

Le fédéral a récemment annoncé qu’il haussait ses objectifs en matière d’immigration francophone hors du Québec. Ottawa espère atteindre un taux de 10 % de nouveaux arrivants francophones hors du Québec en 2027, dans un but de favoriser le rétablissement du poids démographique francophone au pays, comme l’exige la Loi sur les langues officielles.

« Dans les meilleures provinces, il y a non seulement la compréhension, mais des fonds qui suivent, mais entre les deux, une méconnaissance totale, du je-m’en-foutisme. Il y a des provinces qui comprennent, mais qui n’ont pas nécessairement des fonds qui sont affectés », a-t-il soulevé lundi soir devant le Comité sénatorial des langues officielles.

Ottawa a augmenté en aôut le nombre de communautés francophones au pays désignées pour l’accueil de nouveaux arrivants. L’augmentation du volume dans ces petites communautés signifie le besoin d’un meilleur appui des provinces dans le domaine de la santé, l’éducation, du logement et de l’emploi, plaide le ministre.

« Ça me préoccupe beaucoup dans le besoin d’assurer d’une bonne intégration », ne cache pas Marc Miller.

« Ce sont des gens qui ont besoin de maisons, de services en français, d’éducation en français et des services de langue. Quand ils sont unilingues, ce n’est pas tout le monde qui peut passer toute sa vie en français dans ces petites communautés. »

« Sinon ce pôle d’attraction se perd et les gens se perdent dans les communautés et vont se diriger vers Montréal et Toronto, et c’est une question de deux générations avant qu’ils soient assimilés », craint le ministre de l’Immigration.

S’il salue le travail du Manitoba avec le premier ministre Wab Kinew et se dit encouragé par la récente élection de Susan Holt au Nouveau-Brunswick, Marc Miller affirme que la situation « dépend de la mouture politique de la province en question ».

« Je dirais que le travail est partiel surtout avec la façon de collaborer avec la province. Ça dépend de la province en question. C’est le cas autant pour l’Ontario que la Nouvelle-Écosse », donne-t-il en exemple.

« Le fédéral ne peut pas tout faire, poursuit-il. S’il y a une critique à nous faire comme gouvernement, c’est de tout faire nous-mêmes et ça a eu des résultats parfois mitigés, c’est le cas ici. Il faut que les provinces assument leurs responsabilités. »

Étudiants étrangers : « L’Ontario était assis sur son steak »

Concernant les étudiants étrangers en Ontario, le ministre a vivement critiqué le gouvernement Ford qui s’est « traîné les pattes » face à la situation de l’explosion de leur nombre et de la fraude.

« Je pense que, très honnêtement, l’Ontario était vraiment assis sur son steak en bon français et s’attendait à ce que personne ne fasse quoi que ce soit », a-t-il imagé.

En septembre, le fédéral a encore annoncé qu’il allait réduire le nombre d’étudiants étrangers de 10 % en 2025 et 2026. Cette décision a été vivement critiquée par les établissements francophones postsecondaires qui la considèrent comme contradictoire avec l’objet de la politique en immigration francophone fédérale qui vise à augmenter le nombre d’étudiants francophones.

« La modernisation de la Loi sur les langues officielles ne donnait pas nécessairement un passe-droit aux institutions francophones d’aller se payer n’importe qui, n’importe comment avec les vannes ouvertes simplement par prétexte qu’ils ont à cœur le fait français. Je les crois sur parole et je crois en la bonne foi (…) mais il fallait agir pour limiter le volume », rétorque à cet argument Marc Miller.

Nicolas Sefrani nourrit de grandes ambitions à l’aube de son parcours d’immigrant

TORONTO – Arrivé de Genève sur les rives du Lac Ontario à tout juste 22 ans, dans le cadre d’un tour du monde, Nicolas Sefrani n’en est finalement pas reparti. Le Canada, il le voit comme un pays qui lui donne sa chance tout comme sa Suisse natale à sa famille avant lui, réfugiée après une catastrophe naturelle en Afrique du Nord. Son diplôme universitaire bientôt en poche, il a déjà de grands projets communautaires pour sa ville d’accueil.  

D’origine marocaine séfarade, il nait et grandit dans la capitale financière de la Suisse, Genève, où sa famille a trouvé refuge après le tremblement de terre d’Agadir en 1960, causant la mort de près de 12 000 personnes.

Une intégration très positive pour les siens, pour qui s’est rapidement imposé l’évidence de rester et de rendre au pays qui leur a donné la chance de s’établir, de travailler et de voter.

Un sentiment qu’il ressent à son tour depuis son arrivée au Canada en 2022.

Guidé par son goût effréné de voyages et d’aventures, il décide initialement d’entamer un tour du monde avec un premier arrêt au pays de la feuille d’érable.

« Je pensais qu’il y faisait un froid polaire toute l’année, raconte Nicolas, pour qui il ne s’agissait que d’une étape. Mais arrivé ici, l’ambiance électrique de Toronto m’a emporté, je m’y suis senti bien, presque comme à la maison. »

Nicolas Sefrani dans le quartier de la Distillerie, lors de son premier hiver à Toronto. Photo : Gracieuseté

N’ayant pas de diplôme universitaire, il se lance et décide de s’inscrire dans le Baccalauréat spécialisé en pluralité humaine à l’Université de l’Ontario français, animé par son intérêt pour la politique et les sciences sociales.

Achevant actuellement sa troisième et avant-dernière année d’études, il est aussi employé de banque à temps partiel. Rapidement, il prend également la tête de l’association étudiante de l’UOF et entame les protocoles avec l’administration universitaire pour obtenir le statut légal de l’association.

Une soif de découverte toujours présente

S’il comptait explorer l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie et l’Afrique, cette installation précoce n’a pas entamé ses penchants de baroudeur.

« Depuis mon arrivée ici, j’ai visité le Pérou et la Colombie. J’avais déjà fait le tour des pays du Moyen-Orient à l’histoire et à la culture riches, des pays européens. J’ai exploré la Thaïlande, la Malaisie, ou encore les Philippines. »

Pour Nicolas, voyager est le moyen d’observer et de comprendre les contours de la culture locale, une approche pour laquelle il considère nécessaire de vaincre sa peur de l’inconnu pour sortir de sentiers battus.

« Oser aller à la rencontre des locaux, leur parler et goûter à la cuisine locale. Avoir un regard ouvert et sortir de nos idées préconçues. Faire du tourisme ne m’intéresse pas autant que de m’imprégner des lieux et de leurs habitants. »

Toujours aux prémices de son parcours d’immigration, Nicolas souhaite y aller étape par étape pour bâtir une vision à long terme éclairée. Entamer un master ou entrer dans le monde du travail, il n’écarte pour l’heure aucune option.

Ce qu’il sait, c’est qu’il souhaite continuer à prospérer et à évoluer au Canada.

Un projet d’avenir

Nicolas Sefrani lors de l’assemblée générale de l’association étudiante de l’UOF en sa qualité de président de l’association. Photo : Gracieuseté

Trilingue en français, anglais et allemand, il comprend l’arabe et parle un peu l’hébreu. Celui-ci raconte qu’en Suisse, l’intégration des langues est systémique de l’école à l’université et fait partie de la culture, bien que le découpage régional en divise l’usage.

« Une particularité que j’apprécie au Canada : même s’il y a le Québec francophone et le Nouveau-Brunswick bilingue, il y a des communautés francophones partout. Chez moi, il n’y a pas de communautés italophones ou germanophones dans chaque canton par exemple, c’est plus segmenté. »

« C’est une opportunité canadienne que chacun puisse connaitre la culture de l’autre au sein de la même province, sans avoir à en sortir. »

Nous confiant qu’une des difficultés rencontrées a été de se reconstituer une vie sociale en repartant à zéro, il partage ses idées de projets dans le social et le communautaire pour les nouveaux arrivants.  

« Toronto est la ville la plus diversifiée et multiculturelle au monde. Tout le monde ne parle d’ailleurs pas l’une ou l’autre des langues officielles et une de mes aspirations serait que chacun se sente accueilli et à l’aise », explique celui-ci. 

Son envie, tisser des réseaux d’intégration systémiques mettant les communautés isolées en lien les unes avec les autres : « pour favoriser la découverte des lieux, de la culture et des langues sur place. D’un côté, mettre en relation les communautés et, de l’autre, favoriser leur intégration ».

Notamment en renseignant et en mettant en avant les compétences linguistiques multiples d’établissements, d’organismes, de centres référents friendly à travers la ville qui peuvent aider les nouveaux arrivants et les faire se sentir à la maison.

Un projet de passerelles multiculturelles sur lequel il compte bien se pencher, à l’échelle de la ville, de la province, voire un jour, pourquoi pas, à l’échelle du pays.

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.

L’élection américaine scrutée depuis l’Ontario où l’acier tente de « préserver ses acquis »

François Desmarais est vice-président Commerce et Affaires industrielles au sein de l’Association canadienne des producteurs de l’acier, à Ottawa.

Près de 244 millions d’Américains sont appelés aux urnes ce mardi pour choisir leur 47e président, dans une course serrée qui oppose la démocrate Kamala Harris et au républicain Donald Trump.

Vu de l’Ontario, une partie de l’avenir de l’acier ontarien se joue dans ce scrutin puisque le successeur de Joe Biden sera à la manœuvre lors des prochaines négociations du traité de libre-échange nord-américain en 2026.

« Pourquoi scrutez-vous avec autant d’intérêt cette élection de l’autre côté de la frontière?

Le partenariat économique et commercial entre le Canada et les États-Unis est extrêmement important pour le secteur de l’acier. En effet, 50 % de la production canadienne est acheminée aux États-Unis et 45 % de nos importations proviennent des États-Unis. Et au Canada, 75 % de l’acier est produit en Ontario (principalement à Sault Ste. Marie et Hamilton) et concernent 17 000 emplois. C’est dire qu’il y a beaucoup d’échanges et que l’Ontario est en première ligne.

Ça représente un peu plus de 8 milliards de dollars américains de revenu pour le Canada. Donc tout ce qui peut avoir une incidence sur la direction des politiques commerciales des États-Unis va nous préoccuper grandement, et ce, à plus forte raison au moment d’une élection présidentielle, car le président a une énorme latitude dans l’établissement de cette politique.

Qui de Donald Trump ou Kamala Harris serait l’interlocuteur le moins pire pour préserver les intérêts de la filière et les emplois en Ontario?

Le président Trump a mis sur la table plusieurs propositions qui auraient un impact pour nous, de la même manière que la vice-présidente Harris a régulièrement souligné les politiques commerciales qui pourraient être questionnantes pour le Canada. Leurs deux partis, tant les démocrates que les républicains, ont une tendance très protectionniste qui s’est accentuée dans les dix dernières années.

Malgré ce retour au protectionnisme, le Canada est quand même dans une meilleure position qu’en 2018 au moment de l’imposition de tarifs douaniers par Trump. De bonnes politiques en cours de développement pourraient convaincre les Américains que nous sommes un partenaire économique fiable, ce qui permettrait d’éviter un nouveau drame comme en 2018, voire entrer dans un environnement plus sain en vue de la révision de l’accord nord-américain.

À quoi ressemblerait un mauvais accord de libre-échange?

Dans notre mémoire issu des consultations fédérales remis hier, nous suggérons au gouvernement canadien de préserver nos acquis en améliorant continuellement nos politiques commerciales et nos systèmes anti-contournement, en les alignant sur ceux des Américains, pour être en position d’engager des négociations sur certains périmètres, par exemple, sur la teneur carbone qu’on laisse rentrer en Amérique du Nord.

En quoi l’acier canadien est-il plus fiable?

On a mis en place un mécanisme de vérification des stocks d’acier qui rentrent au pays qui obligera les importateurs, à partir de mars prochain, à déclarer où l’acier a été coulé pour la première fois. On a aussi créé une unité de surveillance des marchés dédiés et imposé des tarifs sur l’acier chinois. Tout ça est très bien vu par Washington qui constate qu’on aligne nos outils et politiques.

En termes de production et de vente d’acier, les États-Unis n’ont-ils pas justement plus à craindre des Chinois que des Canadiens?

Les Chinois ont la moitié de la capacité de production d’acier et la moitié de la production d’acier. Ils produisent plus que la demande existante. Avec leurs surplus, ils vendent sous le prix de production. Ce dumping a anéanti certaines industries nationales de l’acier, ce qui préoccupent États-Unis et Canada. 60 % de toutes nos mesures antidumping au Canada, tous secteurs confondus, sont vis-à-vis de la Chine. Dans ces 60 %, 70 % concernent l’acier. »

Le dernier service d’obstétrique entre Thunder Bay et Timmins menacé de fermeture

KAPUSKASING – L’hôpital Sensenbrenner de Kapuskasing lance un appel au gouvernement ontarien afin de demander un soutien financier immédiat pour éviter des fermetures intermittentes de son programme d’obstétrique couvrant un territoire de 800 km dans le nord ontarien.

« Depuis la fermeture du programme obstétrique à Hearst en 2023, Sensenbrenner a dû faire face à des demandes accrues sur ses ressources limitées en obstétrique, ce qui a entraîné des risques graves pour les femmes enceintes et les nouveau-nés dans le nord de l’Ontario », peut-on lire dans une déclaration de l’hôpital parue en fin d’après-midi vendredi.

On apprend également que depuis le départ à la retraite, en juin 2023, du Dr Richard Claveau, dernier médecin de famille et obstétricien à Hearst, sept femmes ont dû accoucher dans des conditions dangereuses comme dans des taxis, dans des ambulances et même dans les toilettes d’une salle d’urgence.

Présentement, l’hôpital Sensenbrenner ne compte aucun gynécologue-obstétricien, mais trois médecins généralistes ayant reçu une formation spécialisée en obstétrique. L’un d’entre eux a soumis sa démission pour le début du mois de décembre. Ces derniers ne travaillent pas à temps plein.

L’hôpital a besoin de fonds urgents du gouvernement sous peine de devoir interrompre ses services d’obstétrique : « Si cela ne se produit pas, à partir du 1er décembre, il y aura des périodes – ça pourrait être un jour ici ou là, une fin de semaine ou même une semaine à la fois – où il n’y aura personne dans toute cette région de 800 kilomètres qui est disponible pour faire naître un bébé », prévient Jessica Kwapis, chirurgienne et chef d’équipe des médecins à l’hôpital Sensenbrenner.

Deux demandes au ministère de la Santé

Les modèles actuels de financement des suppléances en obstétrique et gynécologie ne s’étendant pas aux généralistes-obstétriciens, l’hôpital se retrouve devant un enjeu de taille pour payer des médecins qui viendraient en appui à l’établissement.

L’hôpital de Kapuskasing a soumis deux demandes au ministère de la Santé, le premier est l’approbation accélérée de la proposition de plan de paiement alternatif (PPA) pour les omnipraticiens.

En bref, cette proposition vise à établir un modèle de paiement similaire à celui utilisé pour l’anesthésie générale dans le nord de l’Ontario, lequel a permis de stabiliser les services d’anesthésie générale dans plusieurs communautés.

Jessica Kwapis s’inquiète pour les femmes enceintes de la région. Source : Hôpital Sensenbrennerr

La seconde proposition vise à accorder un financement provisoire pour la couverture d’omnipraticiens de 400 000$ sur deux ans en attendant l’approbation du PPA afin de maintenir les services d’obstétrique.

« Idéalement le recrutement d’un ou deux médecins généralistes-obstétriciens supplémentaires au sein de l’équipe permettrait d’assurer une couverture obstétricale plus durable dans la région, mais une suppléance immédiate est essentielle pour combler les lacunes actuelles en matière de services », estime l’établissement.

Mme Kwapis ajoute que certains parents ont revu leur choix d’avoir des enfants en raison de la situation dans le Nord et que ces propositions peuvent servir de modèle pour des hôpitaux confrontés à des défis similaires en Ontario.

Urgence d’agir maintenant

« Le ministère de la Santé a pris connaissance de la demande de Kapuskasing et de Hearst. Comme il s’agit d’une toute nouvelle proposition, il faut l’examiner et travailler en collaboration avec l’Association médicale de l’Ontario pour analyser la demande », a indiqué dans un courriel à ONFR, Hannah Jensen, porte-parole de la ministre de la Santé, Sylvia Jones.

« Est-ce que la ministre attend le décès d’une femme enceinte ou d’un enfant avant d’agir? »
— France Gélinas

Et d’ajouter : « Depuis 2018, nous avons ajouté 80 000 nouveaux infirmiers et 12 500 nouveaux médecins à notre effectif de soins de santé, ce qui comprend une augmentation du nombre de spécialistes en obstétrique et gynécologie (OBGYN) en Ontario, qui a augmenté de 6,3 % (de 2018 à 2021), et nous ne nous arrêtons pas là. »

De son côté, Jessica Kwapis juge que bien que les perspectives d’avenir sont possiblement réjouissantes avec les programmes de l’École de Médecine du Nord de l’Ontario, il ne faut pas attendre que les étudiants graduent.

« Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre des années pour le processus d’approbation, des fonds de transition immédiats et une évaluation accélérée de notre proposition sont essentiels pour que ces services vitaux restent disponibles dans notre communauté. »

« Est-ce que la ministre attend le décès d’une femme enceinte ou d’un enfant avant d’agir? » se demande France Gélinas, porte-parole officielle de l’opposition en matière de santé avant d’ajouter que « ça ne la dérange pas du tout de demander à une femme enceinte de voyager 700 kilomètres pour accoucher, ça n’a pas de bon sens. »

« On a des solutions sur la table en ce moment mais la ministre de la Santé ne veut même pas admettre qu’il y a une crise dans le Nord », continue la députée néodémocrate qui estime que cette situation serait vue comme inacceptable dans le sud de la province.

L’hôpital Sensenbrenner conseille, par ailleurs, aux femmes enceintes qui vivent dans la région de Hearst de déménager à partir de 38 semaines de grossesse pour assurer leur sécurité et celle du bébé, à fortiori à l’approche des conditions hivernales.

De la France au Mexique vers le Canada : la success story d’Adriana Nava Tornar à Sioux Lookout

SIOUX LOOKOUT – Qui aurait cru qu’une Italienne d’origine ayant grandi en France, émigré au Mexique finirait par trouver son chez-soi dans une petite commune isolée du Nord-Ouest ontarien? Alors que débute la Semaine nationale de l’immigration francophone, on vous fait découvrir le parcours inspirant d’Adriana Nava Tornar, rare Française de Sioux Lookout, qui y a trouvé des opportunités et son cocon.

À la base, le choix de s’établir au Canada était stratégique : « On voulait une immersion complète pour nos filles afin qu’elle puisse maîtriser parfaitement l’anglais ».

Avant d’arriver en sol canadien, au printemps 2023, la famille a vécu sept ans en France, puis huit autres au Mexique durant lesquels les trois jeunes enfants du couple ont pu apprendre et parler le français puis l’espagnol.

Pour Mme Nava Tornar comme pour son époux, originaire du Mexique, « la prochaine étape était de passer à l’anglais parce qu’on voulait aussi que nos filles connaissent une autre culture et qu’elles aient plus d’outils pour leur futur. »

Adriana Nava Tornar avec son époux et ses enfants devant Chichen-Itzà, au Mexique. Gracieuseté

Après un contact avec l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) et une demande acceptée rapidement par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), Adriana Nava Tornar a pu rapidement obtenir un permis de travail fermé pour elle et ouvert pour son époux, tandis que ses filles bénéficient d’une exemption pour étudier sans visa grâce à des accords avec la France.

La sécurité d’une petite ville

Mais alors, qu’est-ce qui a porté le choix de cette jeune famille à s’installer à Sioux Lookout plutôt qu’une autre ville potentiellement moins isolée?

« On voulait une petite localité, loin du danger qu’on peut trouver dans ces grandes villes, où nos filles (de 7, 10 et 16 ans) peuvent sortir en toute sécurité », répond-elle, soucieuse d’échapper aux risques inhérents à la vie parisienne et mexicaine.

Prenant les choses au sérieux, la mère de famille avait aussi contacté la municipalité afin de vérifier les statistiques autour de la violence dans la ville. « Je crois que, pendant 70 ans, il n’y a jamais eu aucun accident envers un enfant, à moins que ce soit dans le cercle familial, et il y a énormément de policiers ici. »

Les Nava Tornar se sont découvert une passion pour le plein air à Sioux Lookout. Gracieuseté

L’éternelle quête de logement

Le seul obstacle que la mère de famille née en Italie a rencontré est la pénurie de logements qui affecte le Nord ontarien. Si celle-ci a pu, néanmoins, bénéficier de l’aide de son employeur qui lui a fourni une chambre à son arrivée, trouver un logement pour sa famille, qui arrivera trois mois après elle, était une autre paire de manches.

« Pour la première fois de notre vie, on a senti la crise du logement. Pourtant, on a vécu dans plusieurs villes et pays, mais c’était extrêmement difficile de trouver un logement, même en ayant des références et des connaissances. » Après avoir loué un sous-sol, la famille a finalement trouvé une maison qui répond à ses besoin.

Ascension professionnelle

S’il y a bien une chose que la femme de 35 ans a pu réaliser, c’est qu’en faisant le choix de s’établir dans une localité de 5 000 âmes, les opportunités professionnelles seraient plus intéressantes.

Celle qui est aujourd’hui manager des opérations commerciales, des ventes et des services chez Fresh Market Foods, une entreprise de distribution alimentaire, avait déjà de l’expérience dans le secteur des ventes. En moins d’un an, elle a vu son salaire augmenter et a gravi plusieurs échelons, tout comme son époux.

« Non seulement c’est très facile de trouver du travail, mais en plus, à partir du moment où on est des bosseurs, on peut très rapidement gravir les échelons. »

La famille Nava Tornar apprécie le fait que Sioux Lookout dispose d’une écurie. Gracieuseté

Pas d’anglais à la maison

Malgré ce besoin de vivre une immersion totale en anglais, le couple a gardé un lien avec la langue de Molière. « On a une règle quand on vit dans un pays : la langue de celui-ci est interdite à la maison. Donc on parle français », confie-t-elle.

On l’avait prévenue : à Sioux Lookout, il y a peu de francophones et aucune école de langue française. Selon les dernières données du recensement de 2021, 1 % de la population a le français comme première langue officielle parlée.

Néanmoins, par le biais de son travail dans la plus grande épicerie de la ville, celle-ci a eu une belle surprise : « J’ai rencontré des tonnes de francophones, dont beaucoup sont des personnes du troisième âge ou des personnes qui me disent avoir l’impression d’entendre leur mère qui avait un fort accent français en parlant anglais. »

Touchée par ce vent de nostalgie qui caractérise le lien des francophones à leurs origines, Adriana Nava Tornar ira jusqu’à créer une page Facebook : « Les francophones de Sioux Lookout ».

« En très peu de temps, on est passé de 15 à 60, on fait des activités qu’on arrive parfois à faire sponsoriser par l’AFNOO. »

Adriana Nava Tornar, à droite, est née en Italie d’une mère Française et a grandi en France. Gracieuseté

Vers la résidence permanente

Seule ombre au tableau pour la mère de famille : l’absence de cinéma, théâtre et piscine dans la ville. Heureusement, Sioux Lookout dispose d’une écurie pour le plus grand bonheur des enfants, de la pêche pour les adultes et il est possible de retrouver les activités manquantes dans les villes voisines de Kenora et Dryden.

Bien qu’il n’y ait pas de médecin de famille disponible, le couple Nava Tornar n’a pas rencontré de problème pour consulter à l’hôpital local où il a eu la surprise de tomber, une fois, sur un médecin francophone.

« Mais au final, je suis contente qu’il n’y ait pas des grands centres commerciaux, parce que ça aurait généré beaucoup de dépenses, ajoute-t-elle. Tant qu’on est en famille, on ne s’ennuie pas trop et on arrive quand même à faire beaucoup d’activités avec des amis. »

Alors qu’ils avaient l’intention de ne rester que deux ans, les Nava Tornar ont fini par succomber aux plaisirs de la vie à Sioux Lookout.

« Même si on obtient la résidence permanente, je ne pense pas qu’on ira dans une grande ville justement par rapport à ces opportunités de travail et aussi parce que c’est une belle ville pour élever des enfants », termine-t-elle.

Chaque jour de la Semaine nationale de l’immigration francophone, ONFR vous fait découvrir un portrait d’immigrant francophone en Ontario, son parcours, ses défis, ses succès.

Le Conseil culturel fransaskois, un pilier depuis 50 ans

REGINA – Au cœur des prairies canadiennes, dans une province où 4,7 % de la population peut soutenir une conversation en français*, se trouve un organisme qui travaille sans relâche à la vitalité de la culture francophone. Depuis 50 ans, le Conseil culturel fransaskois (CCF) est un pilier, tant pour les artistes que pour les organismes diffuseurs. ONFR a profité d’un passage en Saskatchewan cet été pour en savoir plus sur le CCF.

« J’aime bien dire que le CCF est un organisme qui a un mandat très ambitieux, et qui prend son mandat très au sérieux », lance Anne Brochu-Lambert, artiste visuelle et présidente du conseil d’administration.

Anne Brochu-Lambert est impliquée au CCF depuis une dizaine d’années, et présidente depuis 2019. Photo : Rachel Crustin / ONFR

En plus d’être large, le mandat de l’organisme provincial est triple. D’abord, il faut épauler le développement d’activités culturelles au sein des communautés, en soutenant les organismes membres.

Ensuite, il faut épauler les membres individuels : les artistes, toutes disciplines confondues, émergents ou établis. Le CCF les aide dans toutes les étapes : recherche, création, promotion, rédaction de demandes de subventions ou financement direct.

Finalement, il y a le volet scolaire. Le CCF élabore des guides pédagogiques, organise des ateliers et des spectacles dans les écoles. Récemment, l’organisme a commencé à fournir des partitions de chansons fransaskoises pour les cours de musique.

« Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui (comme artiste) sans le CCF »
— Alexis Normand

C’est justement lorsque le CCF a visité son école secondaire que tout a commencé pour Alexis Normand, autrice-compositrice-interprète et réalisatrice. Remarquée par les intervenants, elle a été invitée à enregistrer un premier démo. Lorsque ONFR lui demande ce que le CCF lui a apporté dans sa carrière, elle répond en riant : « Tout! »

Étienne Fletcher et Alexis Normand au gala du 50e anniversaire du CCF, le 19 octobre. Photo : Peter Scoular

Même son de cloche du côté de Mario Lepage, connu partout au pays pour son projet Ponteix mais omniprésent comme collaborateur dans les autres œuvres musicales fransaskoises. « Le CCF m’a offert des opportunités à toutes les étapes de ma carrière. C’est un grand cadeau de les avoir », affirme-t-il dans une vidéo promouvant le gala du 50e anniversaire.

L’autrice-compositrice-interprète Sylvie Walker, dont le premier extrait Cimetière vient d’être dévoilé, raconte qu’elle a eu accès à toutes sortes d’ateliers, de formations et d’activités de mentorat dès qu’elle a atteint l’âge de la majorité. « Sans le CCF, ce ne serait pas possible », affirme-t-elle à ONFR.

Un anniversaire dynamique

Le CCF a souligné son demi-siècle avec plusieurs initiatives au cours de l’année. Nouvelle image de marque, création d’une résidence artistique avec un organisme québécois, le traditionnel Festival fransaskois , un café littéraire qui soulignait aussi les 40 ans des Éditions de la nouvelle plume ont fait partie de ce menu chargé.

Une autre victoire est l’obtention d’une exposition solo de Laura St. Pierre à la galerie d’art MacKenzie de Regina, une première pour une femme fransaskoise, selon Anne Brochu-Lambert.

« On met beaucoup l’accent sur les auteurs-compositeurs-interprètes, parce que c’est, dans l’imaginaire collectif, ce qu’on associe beaucoup à l’appui de la langue, de la culture et de l’identité. Mais le CCF a à cœur d’appuyer également les autres disciplines. »
— Anne Brochu-Lambert

Autre signe de l’engagement envers les artistes visuels, un projet de murales a été déployé pour afficher les Couleurs de la fransaskoisie. Les communautés de Saskatoon, Regina, Prince Albert, Zénon Park et Gravelbourg se sont donc embellies, respectivement peintes ou dirigées par Michel St.Hilaire (pour les deux premières), Diana Ntibandetse, Mackenzy Vida et Julien Hamon-Fafard.

La murale de Zénon Park pour les 50 ans du CCF. Photo : Gracieuseté de Web Ouest

Cet été, le CCF a reçu une nouvelle enveloppe de 55 000 $ de la part du bureau des affaires francophones de la Saskatchewan. Ce budget servira à « mettre l’accent sur l’aspect entrepreneur des artistes », la majorité étant des travailleurs autonomes. « Certains ont tellement de collaborateurs que ce sont littéralement des PME », indique la présidente, qui y voit une reconnaissance de la mission qu’accomplit déjà le CCF.

En octobre, le CCF a accueilli à Regina l’événement de vitrines du Réseau des grands espaces, Contact Ouest. Plus récemment, l’Assemblée communautaire fransaskoise lui a confié la programmation de son Rendez-vous fransaskois. L’événement, habituellement politique, a adopté le thème des arts et de la culture pour son édition 2024, qui s’est tenue du 1er au 3 novembre à Saskatoon.

Mario Lepage est un des artistes fransaskois qui a pu bénéficier du soutien du CCF et rayonne maintenant à l’extérieur de sa province. Durant Contact Ouest, il a lancé la maison de disques Homestead Records avec Étienne Fletcher et Joël Couture. Photo : Rachel Crustin / ONFR

L’événement le plus significatif fut un gala organisé le 19 octobre. Des artistes de différentes disciplines se sont unis sous la direction artistique du Réginois Francis Marchildon, aussi membre du groupe bien connu en Saskatchewan, La raquette à claquettes.

Musique, danse, arts visuels et vidéos ont offert sur scène un spectacle émouvant, relatant les collaborations essentielles de l’organisme avec ses artistes et sa communauté.

Au téléphone après le spectacle, Alexis Normand prononce la même phrase qu’ONFR a entendue de plusieurs bouches lors de son passage au Festival fransaskois : « Ça rappelle qu’on est comme une grande famille. »

La raquette à claquettes incarne bien cet esprit de camaraderie qui règne en fransaskoisie. Photo : Peter Scoular

La coordination des projets du 50e anniversaire a été confiée à celle qui a longtemps été directrice générale du CCF, Suzanne Campagne. Immensément respectée, elle a contribué à l’essor de nombreuses carrières.

« Son calibre et sa réputation en tant qu’artiste de la scène lui ont permis à son tour de repérer les talents, de savoir comment développer des initiatives pour (les soutenir) jusqu’au moment où ils vont aller briller dans des galas comme le Trille or, en Ontario, ou le Festival international de la chanson de Granby, par exemple », reconnaît Anne Brochu-Lambert, qui croit que le CCF profite « de la vision et du flair du passé ».

Depuis le départ de Suzanne Campagne, c’est Elma Bos et Dany Rousseau qui assurent conjointement la direction générale du CCF, dans les bureaux de Regina et de Saskatoon.

Pour la petite histoire

Les années 1970 sont marquées par une recherche identitaire dans les communautés franco-canadiennes. Suite à l’émancipation culturelle québécoise, il faut redéfinir le « canadien-français ». C’est dans ce contexte que le mot « fransaskois » a émergé, popularisé par l’Association jeunesse fransaskoise. 

Anne Brochu-Lambert raconte la genèse du CCF. « Au départ, c’était une étincelle dans le giron d’un organisme politique, l’ancêtre de l’Assemblée communautaire fransaskoise, explique-t-elle. Rapidement, ils se sont rendu compte qu’ils ne pouvaient pas gérer ça comme un dossier parmi tant d’autres. »

« La communauté a senti le besoin d’épauler le développement des associations culturelles. »
— Anne Brochu-Lambert, sur la création du CCF

Plus tard, devant les difficultés de pérennité d’une jeune association d’artistes, le mandat d’appuyer les individus a également été confié au CCF. L’organisation, alors menée par Suzanne Campagne, a plaidé sa cause devant le Conseil des arts du Canada.

« Nous avions un vrai mandat de développement en art et nous étions les seuls à le faire en français. La communauté méritait d’avoir l’appui du Conseil des arts du Canada. Et c’est accompli, maintenant », se rappelle Anne Brochu-Lambert.

Éventuellement, le CCF a développé son propre réseau de diffusion, un projet mené par le responsable du développement artistique de l’époque, Laurier Gareau.

Les événements du CCF donnent souvent l’impression d’une réunion de famille. Le duo formé d’Elizabeth Tkachuk et de Sylvie Walker s’appelle d’ailleurs « C’est ma cousine », clin d’oeil à la communauté fransaskoise. Aussi sur la photo, les animateurs du Festival fransaskois 2024 : Shawn Jobin et Gabrielle Dufresne. Photo : Rachel Crustin / ONFR

50 ans après sa création, le CCF est toujours un incontournable. Son omniprésence est un avantage, affirme Alexis Normand. « C’est la beauté du CCF et l’une des forces du secteur culturel francophone en Saskatchewan, c’est qu’on a juste un organisme qui travaille toutes les dimensions culturelles. »

*Selon le recensement 2021 de Statistique Canada

Standards de beauté, standards de respect

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.

De nos jours, nous sommes exposés à l’image constamment, même sans le vouloir, même sans nous en rendre compte. Ce n’est pas habituel de partager sa photo sur un CV, comme dans d’autres pays, mais nous sommes constamment obligés de nous « vendre » sur la place publique. Nos photos de profil sont soigneusement choisies sur nos réseaux sociaux, autant personnels que professionnels. 

Comme à l’habitude, je ne suis pas là pour généraliser ni pour conceptualiser, ni pour innover, mais seulement pour donner mon opinion selon ce que j’ai vécu, selon ce que j’expérimente et selon ma vision des choses à travers le spectre de mes connaissances, racines et privilèges.

Ceux qui me connaissent personnellement ont connu physiquement plusieurs versions de moi. À vous, chers lecteurs, je me dévoile : j’ai vécu en obésité qu’on appelle « morbide » pendant 27 ans.

Depuis mon enfance, j’ai tout le temps été ronde. Au primaire comme au secondaire, on se moquait de mon physique, de mon poids. Le résultat de ça est que j’ai été une enfant/ado plongée dans les livres, à la recherche des bonnes notes pour pallier la confiance physique en soi. 

Une fois à l’université, mon train de vie a empiré et mon père fut diagnostiqué d’un cancer en phase terminale. J’ai vécu la majorité de la vingtaine dans une tristesse sans fin à la maison familiale, et dans une dévotion à ma communauté et à mes implications.

Je faisais passer le chagrin, je changeais le mal de place, je revendiquais des droits que je pouvais paramétrer, alors que je ne pouvais plus cloisonner la vie de mon père et la tristesse de ma mère, de mon petit frère et de nos proches.

De là, des kilos se sont rajoutés sur la balance : stress, hygiène de vie pauvre, suivis médicaux peu rigoureux, etc. Rajoutons à cela le manque d’empathie et d’ouverture des médecins. Loin de moi l’idée de parler au nom des personnes en « surpoids », mais je crois qu’on a tous vécu ce traitement : dès que quelque chose n’allait pas c’était « parce que tu es grosse ». 

Des bilans consternants au niveau de ma santé, des répercussions que mon état physique me faisait subir sur ma carrière et ma vie personnelle, ainsi que l’avenir de la progéniture que j’aurais pu ne pas avoir m’ont fait prendre une décision radicale, suite au décès de mon père. J’allais passer à travers une transformation physique extrême.

Sortir de la spirale

Je me suis coupée en deux. En l’espace de 2 ans, j’ai perdu dans les 80 kilos. Combien de fois m’avait-on invitée à prendre une photo dans une foule et avais-je refusé à cause de mon image? Combien d’apparitions à la télé avais-je refusées, car je n’avais pas envie de m’exposer? Combien de malaises avais-je essuyés lors de certains événements et congrès professionnels et étudiants? Combien de fois avais-je dû demander des accommodements, afin que moi-même je puisse accommoder les gens, ou ne pas les exposer à ce que je vivais comme réalité dans mon état de sédentarité et de fatigue?

Je n’avais pas pris la décision de changer pour des standards de beauté, mais bien pour des standards d’accommodements de vie et de santé. 

J’ai toujours été coquette et nous le sommes toutes et tous. J’ai toujours été romantique et nous le sommes toutes et tous. Il n’y a ni forme, ni poids, ni traits particuliers à ce qui a trait au fait de séduire, d’émouvoir, d’avoir une relation passionnelle avec la beauté et de flirter avec l’affirmation de soi. Mon bilan médical s’aggravait et j’avais envie de vivre. 

Pouvoir trouver facilement des vêtements à sa taille est un privilège dont ne disposent pas les personnes qui sortent des normes en matière de poids. Photo : Canva

Plus je fondais, plus la perception des gens vis-à-vis de moi changeait. Je suis entrée dans un spectre que je ne connaissais pas avant. À 29 ans, je commençais à vivre dans la bulle des gens minces à moyens, et je trouvais cela injuste. Pourquoi on me tient la porte? Pourquoi on vient me parler correctement dans les magasins? Pourquoi j’attire l’attention de XYZ alors qu’il y a 2 ans, on riait de moi? Pourquoi j’ai le « droit » d’entrer dans n’importe quel magasin et le luxe de bien m’habiller et, même, pour pas cher? Ce n’est pas JUSTE.

Obèse, je devais, en plus de ne pouvoir magasiner qu’à deux ou trois endroits, trouver des solutions onéreuses à tout : chaussures, accessoires, vêtements d’extérieur, commandes qui proviennent des États-Unis avec des frais de port exorbitants. C’est là que j’ai compris que les personnes dans les tailles plus vivaient avec une taxe en plus sur leurs frais vestimentaires et frais d’accommodements et ça, ça ne devrait pas exister.

Deux poids, deux mesures

Il est temps de revendiquer haut et fort le manque de représentativité et d’acceptation, et tous les tabous qu’on contourne, mais qu’on ne perce pas concernant les tailles plus. Il devrait y avoir plus de tables de discussion, de milieux inclusifs, de prises de conscience vis-à-vis des obstacles et des injustices qu’on subit dans certaines de ces circonstances. 

Pour ma part, je me sentais gênée, comme si j’étais un imposteur. D’un côté, j’avais un corps que je n’habitais pas encore mentalement. D’un autre, dans ma tête, j’étais toujours la même. J’en voulais au monde de m’octroyer certains privilèges.

Je me sentais mal d’afficher ma silhouette sur les réseaux sociaux, alors je ne l’ai pas trop fait. Je recevais des dizaines de messages de personnes qui m’exprimaient des choses intimes, me demandaient conseil, me parlaient de leurs problématiques. Je me suis dit qu’un jour, je trouverais le moyen de canaliser ces informations et de partager à ces personnes mon envie de les épauler dans leurs questionnements, besoins, transitions. Hélas, après 2 grossesses, moi aussi j’ai besoin de ce chuchotement qui me dit : « Vas-y, tu vas y arriver, bientôt tu vas habiter dans ton corps le physique que, dans ta tête, tu espères avoir. »

En faisant défiler mon fil d’actualité, comme chacun de nous au quotidien, j’étais là à scruter des images embellies et pixelisées et à lorgner sur des moments capturés et choisis d’être partagés avec parcimonie. Je me suis dit que ce dont le monde a besoin, c’est de la compassion. Je vous souhaite d’en avoir envers vous-même autant que vous en avez envers les autres.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Une semaine culturelle multidisciplinaire et multi-identitaire

Le mois de novembre est commencé, les Ontariens retournent à l’heure d’hiver cette fin de semaine… Quoi faire en Ontario pour combattre le manque de luminosité qui s’installe? Il y a des festivals de cinéma pour les gens d’Ottawa avec Objectif Cinéma, pour ceux de Windsor avec la fin du Festival international du film de Windsor (WIFF) et pour ceux de Toronto, avec Cinéfranco. Mais le fil culturel vous propose aussi un festival multidisciplinaire, des artistes musicaux à découvrir, de l’improvisation et le début d’une semaine thématique importante en Ontario français.

Maten dans le Nord

Le groupe innu Maten sera en tournée dans le Nord de l’Ontario cette semaine. On pourra voir les musiciens à la Place des arts du Grand Sudbury le 6 novembre, au Centre culturel La Ronde de Timmins le 7 novembre et à la Place des arts de Hearst le 8 novembre. La formation originaire de Mani-utenam, sur la Côte-Nord québécoise, existe depuis 25 ans. Il est temps de faire connaître leur musique auprès d’une plus grande population, ce qui a été souligné lors de leur passage à Contact ontarois en janvier dernier. L’énergie de Maten, le message important et les chansons en français et en innu-aïmun ont su convaincre le public présent et, heureusement, quelques diffuseurs ont répondu à l’appel.

Maten est formé de Mathieu Mckenzie, Samuel Pinette et Kim Fontaine. Crédit image : Alexandre Bussière

Sudbury, Timmins et Hearst, du 6 au 8 novembre. Détails sur le site de Maten.

Les Bermudababes à Ottawa

L’Ontario français a aussi pu découvrir Bermuda lors de Contact ontarois 2024. L’artiste née aux Bermudes, élevée en Irlande et résidant à Sherbrooke, au Québec, a canalisé la mom rage dans une présence scénique sans égal. Dans son EP Bermudababes, elle revient sur sa dépression post-partum, sujet qui ne connaîtra pas le tabou sur scène. La chanteuse pop millénariale fera trembler les murs de la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA) ce samedi à 20 h.

L’intensité de Bermuda avait réveillé la foule lors de sa vitrine à Contact ontarois, en janvier 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ottawa, le 2 novembre. Détails et billets sur le site du CNA.

Diversité franco-sudburoise

La Semaine nationale de l’immigration francophone se déroule du 3 au 9 novembre, avec de nombreuses causeries, activités communautaires et spectacles. Lundi, le Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario propose un panel de discussion à la Place des arts du Grand Sudbury, autour du thème Notre héritage de demain au-delà des différences. Le but est de dépasser les frontières des générations et des cultures d’origine en réunissant cinq panélistes qui doivent représenter deux générations de Franco-Ontariens d’origine et deux générations de Franco-Ontariens issus de l’immigration. On retrouvera entre autres Joëlle Villeneuve, Marguerite F. Mbonimpa et Rachid Bagaoui.

La discussion dans le cadre de la Semaine nationale de l’immigration francophone veut créer des ponts non seulement entre les cultures, mais aussi entre les générations. Photo : Canva

Sudbury, le 4 novembre. Détails et billets gratuits sur la plateforme Eventbrite.

La biennale Actoral à Ottawa

Le Théâtre du Trillium présente un festival multidisciplinaire misant sur le théâtre, la danse et la performance. Après une soirée de lancement gratuite au centre d’artistes AXENÉO7 de Gatineau, du côté québécois de la rivière des Outaouais, huit spectacles seront présentés à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins (LNSGD), à raison de deux par soir. Il est possible d’accéder à tous les spectacles avec un passeport au coût de 35$. Actoral est l’occasion de découvrir différents artistes de la région de la capitale nationale, dont certains auront reçu le mandat de créer une œuvre unique durant l’événement.

La Nouvelle Scène Gilles Desjardins abrite quatre compagnies de théâtre francophones à Ottawa, dont le Théâtre du Trillium. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Ottawa, du 5 au 9 novembre. Détails et billets sur le site de LNSGD.

De l’impro à Toronto

La Ligue d’improvisation francophone (LIF) de Toronto tiendra son prochain match mardi au Comedy Bar du 945 rue Bloor Ouest. Le spectacle d’improvisation, dirigé par Pierre-Luc Barr, verra s’affronter l’équipe des Bleus et celle des Blancs.

Les équipes qui s’affronteront mardi. Photo : page Facebook LIF Toronto

Toronto, le 5 novembre. Billets sur le site du Comedy Bar.

Cinéfranco : Marcelle Lean veut donner « accès à ces films qu’on ne connaît pas toujours à Toronto. »

Marcelle Lean est la directrice générale et artistique du festival Cinéfranco. Elle est la fondatrice de ce festival international du film francophone, qui a vu le jour à Toronto en 1997.

L’édition 2024 de Cinéfranco débute ce vendredi 1er novembre et durera jusqu’au dimanche 10 novembre. Les films sont diffusés au cinéma Carlton (20 rue Carlton) à Toronto. Le thème de cette année est la singularité.

La directrice générale et artistique présente les particularités de cette édition 2024 et explique comment les choix de films se font. Elle aborde également la question de la santé financière du festival et ses incertitudes liées aux financements publics et à la difficulté à trouver des investisseurs privés.

« Quelles sont les nouveautés de cette édition 2024 de Cinéfranco? 

Il y en a plusieurs.  Moi, je ne tiens pas particulièrement aux premières, parce que ce qui est important, c’est qu’on puisse avoir accès à ces films qu’on ne connaît pas toujours à Toronto et en Ontario. Des films comme N’avoue jamais, comme Nous, les Leroy, comme Un jour, fille… 

Il y  a aussi Un p’tit un truc en plus, qui a déjà été montré à Toronto, mais on m’a dit que c’était à un prix assez inaccessible. il paraît que c’était quelque chose comme 70 dollars la place. Je ne dirais pas qui l’a fait, mais j’ai pensé que des jeunes francophones qui viennent justement ici à Toronto aimeraient peut-être le voir à un prix très raisonnable qui est de 8 ou 10 dollars. 

Enfin, le film de fermeture est une première mondiale en dehors de la France. Quand l’automne vient est en effet sorti en France, mais je n’ai pas remarqué qu’il soit sorti ailleurs.

Donc, il y a énormément de nouveautés, en fait, dans les courts-métrages aussi bien que dans les longs-métrages. 

Est-ce qu’il y a un film en particulier sur lequel vous voudriez vous attarder, qui vous aurait particulièrement émue? 

Le thème principal cette année, c’est la singularité. Et ce qui s’est passé, c’est qu’au départ, ce n’était pas vraiment bien établi dans ma tête, jusqu’à ce que je vois la bande-annonce de Un jour, fille. Et ça m’a tellement révoltée.

C’est l’histoire d’une personne intersexe au XVIIIe siècle. Dans la bande-annonce, un avocat dit de cette personne : « C’est l’ordure du travail de Dieu. »  Cela m’a beaucoup choquée d’une part, et d’autre part aussi, je me suis dit que de parler de l’hermaphrodite à l’époque, au XVIIIe siècle, c’était quelque chose de très singulier.

Et puis à travers ce film, on peut voir aussi le manque d’éducation et la manipulation de l’Église. C’est tout ça qui m’a tout de suite mise sur les rails.

Pouvez-vous nous parler du film Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles de Mylène Mackay?

Au début du mois de juillet, je suis allée à Montréal, et j’ai vu quelques films, comme ça, en salle. Et l’un des films que j’ai vus, c’était justement Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles. J’ai été absolument fascinée et charmée, parce que c’était une histoire d’amour entre deux personnes qui ne voulaient pas entamer cet amour sexuel, et qui, en fait, se sont aimées à travers leur passion, leur goût, leur exploration corporelle aussi. J’ai trouvé ça tellement noble. Et puis, cela me fait toujours penser à une critique que j’ai lue et que je répète souvent, disant que, de nos jours, au cinéma, on fait le sexe sans amour, et dans ce film, on fait l’amour sans sexe.

Là, c’est exactement ça. J’ai trouvé ça magnifique. Et j’avoue que c’était un de mes coups de cœur, surtout que Mylène Mackay va venir présenter son film. Je trouve cela extraordinaire, surtout qu’elle a gagné le Valois de la meilleure actrice au Festival francophone d’Angoulême cet été. 

Comment se fait la sélection des films pour une édition de Cinéfranco?

Pour le choix et la sélection, en général, au départ, j’ai une idée. Cette année, c’est l’idée de la singularité. Je la partage avec des gens que je connais dans le milieu. Et je reçois des suggestions.

Par exemple, le film Captives, je ne l’avais pas vu au départ. J’avais vu Le bal des folles. Une amie me l’a recommandé et j’ai tout de suite aimé. Donc, je me suis dit, formidable, on le montre, celui-là. 

Pour le film de fermeture, je n’ai pas eu accès à ce film qui était au marché du TIFF. Seuls les acheteurs ont le droit de le visionner. C’est une acheteuse qui m’a dit que c’était un film pour nous.  Quand je dis pour nous, c’est parce qu’elle l’a co-présenté avec son festival à Argeles. Donc, on a fait une co-présentation, mais c’est elle qui m’a apporté ce film.

On a aussi des suggestions des distributeurs. Par exemple, les film Un coup de dés, Chasse gardée et La fête continue.

C’est vous qui prenez les décisions finales, mais vous restez ouvertes à toutes les propositions…

Exactement, ce que j’aime bien dire et faire, c’est que Cinéfranco, c’est le festival de tout le monde. C’est-à-dire que si, par exemple, vous êtes allé à Tombouctou ou à Paris, ou je ne sais où, et que vous avez vu ce très beau film, et que vous vous dites qu’il faut absolument le montrer, je vais vous écouter.

Je vais le voir, puis je vais vous dire oui ou non, j’aime ou je n’aime pas. Le seul bémol, c’est qu’avant la pandémie,  j’avais une très bonne intuition pour déterminer ce qui va plaire au public, pour quel film le public va venir, etc…

Et après la pandémie, j’avoue que je suis un peu perdue. Parce que les habitudes des spectateurs ont changé, la fréquentation a baissé. 

Et c’est quelque chose que je ne comprends pas toujours. Aller au cinéma, partager le rire, partager les larmes,  peut-être rencontrer quelqu’un qui va devenir un ami ou une amie. Pour moi, ce sont des occasions précieuses. 

Comment se porte le festival financièrement? 

Le défi est toujours là, parce que d’année en année, on ne sait pas si on va pouvoir avoir des subventions. J’avoue que ces deux dernières années, nos subventions viennent principalement du gouvernement. Pas à tous les niveaux : le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, mais pas le gouvernement municipal.

Et ça, ça m’étonne beaucoup, parce que je trouve qu’un festival donne un lustre à la ville de Toronto, mais ça ne marche pas avec la Ville.

À part une fondation, la Fondation 5, que je remercie infiniment pour justement nous donner de l’argent, nous n’avons pas vraiment de commanditaire du côté privé. 

C’est un danger pour nous si nous perdons les financements public, et ça peut arriver. Par exemple, Trillium, il y a quelques années, nous avait donné pendant deux, trois ans de très belles subventions, et d’un seul coup en 2016 : ‘Bon écoutez, débrouillez-vous, au revoir et merci.’ On a failli s’effondrer à ce moment-là.

Le problème avec Cinéfranco, c’est qu’on n’a pas les moyens de s’offrir un personnel stable. On travaille avec des contrats, et au final, je dirais que le travail me tombe sur les épaules. 

Je travaille tout le temps. Je ne m’en plains pas, je suis très contente, mais une personne n’est pas assez versatile pour penser à tout. J’aimerais pouvoir profiter des idées des autres de manière plus constante. Par exemple,  j’ai un développeur de site qui est magnifique, il m’aide beaucoup.  La personne qui s’occupe des médias sociaux est formidable. L’artiste graphique, Adelé Fouché, est vraiment géniale. J’ai le plaisir, la joie, le privilège de travailler avec des gens formidables. Ils ont tous aidé, ils ont tous contribué, mais c’est toujours dans des périodes assez courtes. »

Traduction d’anciennes décisions : la Cour suprême traînée devant les tribunaux

Dans un cas unique dans l’histoire du système judiciaire, la Cour suprême du Canada devra se défendre devant un tribunal inférieur, la Cour fédérale. Un organisme québécois plaide que le plus haut tribunal au pays a enfreint la Loi sur les langues officielles.

À Montréal vendredi, l’organisme Droits collectifs Québec (DCQ) a déposé une demande de recours judiciaire contre la Cour suprême en Cour fédérale. L’organisation estime que le refus de la Cour suprême de traduire certaines de ses anciennes décisions en anglais et en français contrevient à la Loi sur les langues officielles.

La modernisation de la Loi sur les langues officielles, adoptée en juin 2023, oblige l’ensemble des tribunaux canadiens à traduire leurs décisions dans les deux langues officielles.

Or, ce sont près de 6 000 jugements de la Cour suprême rendus avant l’adoption de la Loi sur les langues officielles, en 1969, qui ne sont pas tous disponibles en français et en anglais sur son site web. La très grande majorité des jugements sont seulement disponibles en anglais, selon DCQ.

Dans sa requête déposée vendredi, Droits collectifs Québec demande à ce que la Cour suprême traduise l’ensemble de ses jugements, arguant une violation de ses droits linguistiques.

Pour l’organisme, « le tribunal suprême refuse de respecter l’état de droit » alors qu’elle exige elle-même que les lois soient suivies via ses propres jugements. La demande déposée envers le Bureau du registraire de la Cour suprême du Canada a pour but de démontrer que « nul n’est au-dessus des lois », déclare son président Daniel Turp.

« Pour nous c’est un recours important et même historique, parce qu’il est important de respecter la Loi sur les langues officielles pour assurer que les droits des francophones et des anglophones soient respectés au Canada », mentionne Daniel Turp en conférence de presse.

Appelée à réagir, la Cour suprême a indiqué qu’elle ne ferait aucun commentaire étant donné que la cause est actuellement devant les tribunaux.

Un rapport du commissaire

À titre de réparation, les demandeurs exigent que la Cour suprême fasse la traduction des jugements, et ce, en trois années. Les demandeurs réclament aussi un million de dollars pour couvrir notamment les frais judiciaires et une lettre d’excuses formelle envers les francophones du pays de la part du plus haut tribunal canadien.

Droits collectifs Québec appuie sa demande sur un rapport du Commissariat aux langues officielles du mois dernier, qui donne raison à l’organisme. Le commissaire Raymond Théberge avait ordonné dans son rapport d’enquête que la plus haute juridiction au pays rectifie la situation dans les 18 prochains mois, pour se conformer à la Loi sur les langues officielles.

Une question de moyens, selon le juge Wagner

En juin dernier, le juge en chef de la Cour suprême du Canada Richard Wagner avait dit que le plus haut tribunal avait « quand même regardé de bonne foi » à traduire les décisions. Le tout nécessiterait un investissement de 10 à 20 millions, plus de 100 interprètes et près de dix ans de travail, juge M. Wagner.

« On n’a pas cet argent-là. S’il y a quelqu’un qui l’a, tant mieux (…), mais nous, on ne l’a pas », avait-il soutenu lors de sa conférence de presse annuelle.

Richard Wagner arguait que ces décisions ont un intérêt juridique « très minime » et comme elles datent de plusieurs années, « le problème ultime, c’est que ça ne serait jamais des versions officielles ».

« Moi, j’aimerais ça, ne serait-ce que pour protéger notre patrimoine juridique de pouvoir le faire (…) Ce n’est pas de la mauvaise foi, c’est une question de moyens et de raisonnabilité », affirmait-il.

DCQ estime que la Cour suprême n’a jamais démontré d’ouverture à traduire les jugements, d’où sa décision d’intenter cette démarche en justice. L’organisation considère qu’il s’agit de la première fois que la plus haute cour au pays fera face à la justice au Canada.

Dans le cadre du processus d’enquête, la Cour suprême s’était défendue en disant que la Loi ne s’appliquait pas de manière rétroactive pour les décisions antérieures à 1969, ce que lui accorde le Commissariat aux langues officielles.

Elle plaidait aussi que l’affichage de ces décisions relevait du domaine juridique, ce qu’a désapprouvé Raymond Théberge. Selon lui, leur publication « a pour effet de rendre l’information disponible au public », un droit inscrit dans la Loi sur les langues officielles.

Les services gouvernementaux en français entrent en vigueur à Sarnia

SARNIA – Trois ans après sa désignation en vertu de la Loi sur les services en français (LSF), la région de Sarnia met à disposition à partir de ce vendredi des services gouvernementaux et de tierces parties qui fournissent des services pour le compte du gouvernement en langue française.

Trois ans, c’est la période prévue après chaque désignation pour laisser le temps aux agences et organismes de mettre en place des ressources humaines, matérielles et une organisation du travail aptes à offrir des services de qualité équivalente à ceux offerts en anglais.

Sarnia entre donc dans le vif du sujet ce vendredi, dans une variété de services puisque que la Loi s’applique à une grande diversité de ministères : Travail et Immigration, Éducation, Tourisme, Transports, Environnement, Procureur général, Service au public et aux entreprises… Cela englobe Aide juridique Ontario, ainsi que la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) qui marquera cette journée par un lancement officiel du site désigné.

Presque tous les ministères seraient à présent conformes à la Loi sur les services en français, affirme une source gouvernementale qui ajoute que « le ministère des Transports continue de travailler activement avec ses partenaires pour que les panneaux de signalisation et les services routiers qui ne sont pas encore en conformité le soient dès que possible. »

Si quelques ajustements restent à prévoir dans certains secteurs, d’autres services ont été à l’inverse opérationnels avant la date officielle, comme les services en personne de Service Ontario, déjà offerts en anglais et en français, incluant l’offre active de services dans les deux langues officielles, comme l’exige la LSF.

« Nous sommes très motivés et confiants que les services soient en place », confie Tanya Tamilio, présidente du Centre communautaire francophone de Sarnia-Lambton, un des chaînons qui a contribué à la désignation de cette 27e région en avril 2021, conjointement avec le Regroupement des organismes francophones de Sarnia-Lambton et le Centre culturel francophone Jolliet.

« Beaucoup de travail a été accompli par le ministère et les agences dont les services sont financés par la province au cours des trois dernières années. Je suis fière de tout le travail réalisé par les partenaires francophones et anglophones pour concrétiser ce projet. »

Le maire de la Ville, Mike Bradley, accueille lui aussi avec enthousiasme ce passage officiel à des services publics dans les deux langues. « On va travailler avec la communauté francophone pour obtenir des commentaires » afin de s’assurer que les services répondent bien au besoin, dit-il, nourrissant l’espoir d’« attirer des francophones et des immigrants bilingues ».

« Un pas important vers l’amélioration concrète des services en français »

« La désignation de Sarnia est un exemple concret de l’engagement durable du gouvernement de l’Ontario à améliorer les services en français dans toute la province », indique Caroline Mulroney la ministre des Affaires francophones.

Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), parle quant à lui d’un « symbole fort de reconnaissance pour les francophones de Sarnia-Lambton et d’un pas important vers l’amélioration concrète des services en français pour la communauté », encourageant les partenaires et acteurs municipaux et provinciaux à « continuer leur travail en étroite collaboration pour que cette nouvelle réalité de services en français devienne un pilier de la vie communautaire ».

Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada, 5 270 résidents parlent les deux langues officielles à Sarnia, soit 7,4 % de la population. Le français y est la langue maternelle de 2,2 % de la population.

Renouvellement d’une entente importante pour la culture franco-canadienne

OTTAWA – Dans le cadre du Forum annuel du réseau des membres de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Patrimoine Canadien et diverses organisations œuvrant pour les arts et la culture dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) se sont réunis jeudi au Centre national des arts. Le but : la signature officielle pour le renouvellement de l’Entente de collaboration pour le développement des arts et de la culture des communautés francophones en situation minoritaire du Canada.

Cette entente réaffirme que le canal de communication est ouvert entre les organismes membres de la FCCF et les grandes institutions des arts et de la culture au Canada. En plus de la FCCF et de Patrimoine canadien, les signataires sont le Centre national des arts (CNA), le Conseil des arts du Canada, la Société Radio-Canada, l’Office national du film et Téléfilm Canada.

Ce canal de communication permet à la FCCF de mieux comprendre les programmes publics disponibles tout en permettant de faire comprendre au gouvernement les besoins spécifiques des CLOSM, a expliqué à ONFR Nancy Juneau, la présidente de la FCCF.

« Au fur et à mesure que les besoins se manifestent, on a un espace de discussion qui permet de voir comment, ensemble, on peut y répondre. »

« Quelle belle journée pour les arts et la culture francophone », a lancé avec enthousiasme Randy Boissonnault, le ministre des Langues officielles.

Marie-Christine Morin, la directrice générale de la FCCF, a pour sa part rappelé leurs engagements aux institutions et organismes impliqués. « En tant que signataires de l’entente, nous avons le devoir de mettre en œuvre des mesures positives qui favoriseront le développement culturel durable de nos milieux. »

Des enjeux actuels

« La nouvelle mouture de l’entente (…) n’est pas qu’une réplique de la précédente. Elle reflète les nouveaux enjeux dont nous devons tous, collectivement, tenir compte », a déclaré Nancy Juneau dans son discours.

Le déclin de la langue française, l’époque numérique et « l’emprise grandissante des géants du web sur les contenus culturels », ainsi que la sauvegarde de la souveraineté culturelle et le rayonnement de la diversité des voix en francophonie canadienne sont autant de défis qui devraient être priorisés, selon la FCCF.

Des représentants des organismes membres de la FCCF sont venus de partout au Canada pour participer au forum annuel de l’organisme. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Un changement majeur à être survenu depuis la signature précédente est la modernisation de la Loi sur les langues officielles en juin 2023. Cette nouvelle version « reconnaît que le français est la langue menacée au Canada, selon Nancy Juneau, et c’est reflété dans le texte de l’entente. »

Cette nouvelle version reconnaît aussi le besoin d’avoir plus de données concrètes qui permettraient de documenter les progrès.

Le ministre Randy Boissonnault a affirmé devant la foule qu’il souhaitait rejoindre la jeunesse, afin que les nouvelles générations continuent de porter leur fierté francophone.

Un quart de siècle de collaboration

Cette entente, renouvelée tous les cinq ans, a été signée pour la première fois en 1998. Nancy Juneau était alors directrice générale de la FCCF. Elle parle d’un « dialogue continu et très fertile » et assure avoir vu des changements concrets au fil des ans.

Elle nomme entre autres la création de groupes de travail de différentes disciplines artistiques, ou encore l’apparition d’une enveloppe dédiée à la francophonie canadienne au sein du Fonds des médias du Canada, géré par Téléfilm Canada.

Également, le soutien aux trois réseaux de diffusion des arts de la scène : Réseau Ontario, le Réseau des grands espaces et RADARTS. Ces derniers ont d’ailleurs lancé l’an dernier Scènes francophones, une plateforme conjointe pour faciliter les liens entre les artistes, les diffuseurs et le public de partout au pays.

Plus récemment, deux nouveaux projets ont vu le jour entre la FCCF et le CNA, soit la création de résidences en gestion culturelle et en théâtre. L’institut de la rue Elgin à Ottawa s’est aussi engagé à financer une étude sur l’état des lieux en matière de diffusion des arts en francophonie canadienne. « C’est une collaboration agile, fluide, concrète et fort appréciée », s’est réjouie Nancy Juneau devant la foule.

Nancy Juneau et Randy Boissonnault au moment de la signature de l’entente. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Depuis 1998, aucun partenaire ne s’est désisté de l’entente au moment de la renouveler. Certains se sont aussi ajoutés au fil du temps. Nancy Juneau espère continuer en ce sens, un message qu’elle a transmis au ministre Randy Boissonneault pendant la rencontre annuelle de la FCCF.

« Développement économique devrait être dans cette entente. Tout le volet de l’appui des agences économiques aux entreprises et industries culturelles dans nos communautés. Il faut qu’elles soient soutenues. »

Le ministre des Langues officielles a affirmé dans son discours être d’accord avec cette demande, affirmant que le milieu culturel franco-canadien (à l’extérieur du Québec) constitue un moteur économique important, avec 36 000 employés et des retombées de plus de cinq milliards de dollars.

En s’adressant à la foule, Nancy Juneau a lancé : « La meilleure façon de prédire l’avenir, c’est de le créer. L’entente que nous signons aujourd’hui nous permettra de faire exactement ça. »