Le gouvernement libéral de Mark Carney sera minoritaire

OTTAWA – Mark Carney et le Parti libéral formeront un gouvernement minoritaire, selon les résultats officiels confirmés ce mardi après-midi par Élections Canada.

Avec 169 sièges, les libéraux sont tout juste à court des 172 banquettes à la Chambre des communes nécessaires à une majorité. Les résultats finaux d’Élections Canada confirment le portrait suivant : 169 sièges pour les libéraux, 144 pour les conservateurs, 22 pour le Bloc québécois, 7 pour les néo-démocrates et 1 pour les verts. Au niveau national, cela se traduit par 43,7 % des suffrages aux libéraux, contre 41,3 % pour les conservateurs et enfin 6,3 % pour le NPD.

En triomphe devant ses militants libéraux lundi soir, Mark Carney a réitéré son message principal de la campagne : la bataille tarifaire avec les États-Unis. Il s’est par ailleurs entretenu avec le président américain mardi. Les deux hommes ont « convenu de se rencontrer en personne dans un avenir proche », selon un compte rendu du bureau du premier ministre.

« Lorsque nous sommes menacés, nous allons nous battre », avait-il lancé en direct d’une aréna au centre-ville d’Ottawa où étaient réunis les militants libéraux lundi soir.

« Quand je vais m’assoir avec le président Trump, ça va être pour discuter de notre future relation économique et sécuritaire entre deux nations souveraines, reconnaissant que nous disposons de nombreuses autres options que les États-Unis pour bâtir la prospérité de tous les Canadiens », avait averti celui qui s’est aussi entretenu avec le président français Emmanuel Macron au lendemain de sa victoire.

M. Carney a aussi insisté sur l’importance d’« être humble », concédant qu’il commettrait des erreurs, mais qu’il n’aurait pas peur de « les admettre et de les corriger », en plus de saluer le parcours des chefs de l’opposition durant cette campagne.

« Des millions de nos concitoyens auraient préféré un résultat différent. Mon message à tous les Canadiens est le suivant : peu importe où que vous habitiez, quelle que soit votre langue, quel que soit votre vote, je ferai toujours de mon mieux pour représenter tous ceux qui vivent au Canada », a-t-il dit.

Cette victoire libérale fait suite à une campagne de 36 jours déclenchée par Mark Carney à la fin mars, deux semaines seulement après son élection à titre de chef du Parti libéral du Canada. L’ex-gouverneur de la Banque du Canada avait brièvement occupé le rôle de premier ministre pendant une dizaine de jours avant d’embarquer dans une campagne électorale marquée par la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Le premier ministre canadien Mark Carney sur scène dans son quartier général de campagne après la victoire du Parti libéral aux élections canadiennes à Ottawa. Photo : La Presse canadienne/Justin Tang

Le chef libéral a été élu dans Nepean et plusieurs de ses ex-ministres ont conservé leurs sièges sans grande difficulté. Parmi eux : François-Philippe Champagne, Dominic LeBlanc, Steven Guilbeault, Ginette Petitpas Taylor, Marc Miller et Chrystia Freeland entre autres conservent leurs positions à la Chambre des communes.

Défait dans son comté, Poilievre entend rester chef

Dans son discours de défaite, au même moment, alors qu’on ignorait s’il serait en mesure de conserver son siège dans Carleton, Pierre Poilievre s’est engagé à rester leader. Quelques heures plus tard mardi matin, il perdait son siège dans cette circonscription en banlieue d’Ottawa au profit du libéral Bruce Fanjoy.

« Ça serait un grand honneur de continuer de me battre pour vous parce que c’est un honneur d’être votre voix, c’est un honneur de me battre pour les valeurs conservatrices pour lesquelles vous avez voté, a-t-il lancé devant ses militants réunis à Ottawa, admettant que « nous devons tirer les leçons de ce soir ».

Anaida Poilievre assiste au discours du chef conservateur Pierre Poilievre, le mardi 29 avril 2025 à Ottawa. Photo : La Presse canadienne/Adrian Wyld

Il a concédé la défaite à Mark Carney, tout en avertissant qu’il continuerait à demander des comptes aux libéraux, et ce d’autant plus que ce gouvernement minoritaire aura une faible marge.

« Nous avons gagné plus de 20 sièges par rapport aux précédentes élections. Nous avons empêché les libéraux et le NPD de former un gouvernement de coalition, mais nous ne sommes pas encore à la ligne d’arrivée. Le changement prend du temps », a déclaré M. Poilievre.

Enfin, « le Bloc québécois a fait une campagne de cœur, de passion, à la hauteur de ce que sont des Québécois », a fait valoir le chef Yves-François Blanchet, réélu dans Belœil-Chambly, indiquant que son parti était en mesure d’influencer la politique du prochain gouvernement. »

Ces électeurs qui se rendent aux urnes pour la première fois

ONTARIO – Des millions de Canadiens sont appelés aux urnes ce lundi pour élire le prochain gouvernement. Parmi eux, de nouveaux électeurs qui iront faire entendre leurs voix dans ce scrutin que beaucoup présentent comme étant le plus important de l’histoire du pays.

Abby Baker habite à Longlac, dans le nord-ouest de l’Ontario et vient de fêter ses 18 ans. Elle est allée voter par anticipation, comme plus de sept autres millions de Canadiens. « Mon vote est vraiment important, pour représenter les jeunes dans cette élection », croit la jeune Franco-Ontarienne.

L’accès aux services et à l’éducation en français en milieu minoritaire est, selon elle, un critère essentiel et ce qui l’a déterminé à choisir le parti pour lequel elle a voté.

« Si tu t’en vas prendre un café au Tim Hortons ou autre, la moitié du temps, tu n’as pas le droit à un service en français. C’est vraiment un hit and miss, et je n’aime vraiment pas ça. Je trouve ça vraiment plate pour du monde qui ne parle qu’en français. »

Abby Baker a grandi au sein d’une famille anglophone qui a tenu à l’inscrire dans une école francophone afin de lui offrir les meilleures perspectives d’emploi. Photo : Gracieuseté de Abby Baker

Mélanie Denis-Plante, une autre jeune femme de 18 ans, était très nerveuse lors de son premier vote, mais s’est sentie soutenue par le personnel, majoritairement francophone, présent dans le bureau d’Élections Canada.

« À la fin, lorsque j’ai fini de voter, ils ont tous applaudi parce que c’était ma première fois et que j’avais bien réussi », rapporte celle qui est originaire de Hanmer, dans la région de Sudbury.

Pour elle aussi, l’un des critères les plus importants pour cette élection est d’élire un premier ministre qui a à cœur la francophonie : « Oui, il y a encore des francophones, mais c’est vraiment une langue qui devient de moins en moins parlée. Alors il faut quelqu’un qui sera là pour nous défendre et défendre nos droits de francophones ».

Avoir une sœur travaillant comme page à la Chambre des communes a incité Mélanie Denis-Plante à s’intéresser à la politique. Photo :  Paul De La Riva

Tarifs américains et course à deux

Selon le politologue Peter Graefe, le fait qu’il y ait eu plus de 25 % de votants supplémentaires lors du scrutin par anticipation que lors de celui de 2021, est en grande partie lié à la menace tarifaire venant du sud.

« C’est quand même une question assez anthologique et fondamentale qui provoque une réponse, en particulier chez les gens qui ont tendance à ne pas suivre la chose politique. »

« C’est vraiment important que tout le monde vote, car c’est ce nouveau gouvernement-là qui va nous diriger durant cette crise », confie Abby Baker.

Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster. Photo : Gracieuseté de Peter Graefe

« Même sans la question de M. Trump, il y a quand même un investissement émotionnel assez important, qu’on cherche soit à remplacer un gouvernement libéral à tout prix, ou qu’on cherche à éviter l’élection de M. Poilievre et d’un Parti conservateur à tout prix », ajoute le professeur de sciences politiques à l’Université McMaster de Hamilton.

Déménager si les libéraux l’emportent

C’est le cas de la famille Mallette, de Sudbury, qui ne se souvient pas de la dernière fois qu’elle s’est rendue aux urnes : « Ça ne sert à rien, peu importe celui qui gagne, il ne fait que ce qu’il veut anyway ».

Il ne fait aucun doute dans la tête de chacun des membres de cette famille qu’ils voteront pour contrer les libéraux et soutenir le seul parti qui a une chance de les faire plier : les conservateurs de Pierre Poilievre.

« Ça fait 10 ans qu’ils n’ont rien fait de bon, notre pays est fini. On a plein de villages de tentes, trop d’immigrants, trop d’attente pour se faire soigner et pour tout en général », justifie la mère de famille, Mona Langis Mallette.

La famille Mallette se rend régulièrement aux événements organisés au park Bell et au centre commercial de Sudbury visant à manifester contre les libéraux. Photo : Gracieuseté de Mona Langis Mallette

Son époux, Louis Mallette va même jusqu’à confier que si les libéraux gagnent les élections, toute la famille déménagera dans l’Ouest canadien, en Alberta, car c’est une province acquise aux conservateurs.

En outre, pour ce couple de retraités, le fait que la campagne ait été axée autour de la guerre commerciale avec les États-Unis et les menaces d’annexion est un gâchis : « Ça ne m’énerve pas en tout ça en tout cas. Ça peut bien réveiller des Canadiens. »

Sentiment d’appartenance

Parmi les nouveaux votants, il y a aussi ceux qui sont récemment devenus citoyens et qui tiennent à se rendre aux urnes pour faire valoir leur voix.

C’est le cas de la Torontoise Melissa Pinto qui a obtenu la citoyenneté canadienne en juin 2023 et qui a même décidé de travailler dans les bureaux de vote d’Élections Canada.

Melissa Pinto estime qu’il est important de se rendre aux urnes, en partie parce que les femmes ont dû se battre pour obtenir le droit de vote. Photo : Gracieuseté de Melissa Pinto

« Quand j’ai eu ma citoyenneté, je voulais être investie dans la vie politique et je me suis dit, pourquoi ne pas travailler aux élections? Je me suis dit que je devais faire mon devoir de citoyenne, pour la démocratie. »

Pour la trentenaire, cette première fois aux urnes a une saveur particulière : « C’est d’autant plus important parce qu’il y a quand même un enjeu vraiment important au niveau des relations avec les États-Unis, ce qui m’a déjà impactée étant donné que j’ai perdu mon travail, il y a un mois. »

Si la jeune femme ne sait pas encore pour quel parti ira son vote, celle-ci est sûre d’une chose : elle ne votera pas pour les conservateurs.

Les Canadiens appelés aux urnes : voici ce qui est à surveiller en Ontario français

C’est jour de vote au pays alors que les Canadiens sont appelés aux urnes dans les 343 comtés du Canada. Voici ce qu’il y a à surveiller en ce jour de vote fédéral, plus spécifiquement en Ontario français.

Il s’agit de la dernière journée de cette campagne électorale de 36 jours, déclenchée le 28 mars et marquée par la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Comment voter : les électeurs doivent se rendre à un bureau de vote. Pour déterminer l’endroit, ils peuvent consulter le site d’Élections Canada afin de trouver leur bureau de vote selon leur code postal. Cette information est également inscrite sur la carte d’information de l’électeur, reçue par la poste. Il est nécessaire d’avoir une pièce d’identité gouvernementale pour voter, comme un permis de conduire ou toute autre carte délivrée par un gouvernement canadien.

Sans carte d’identité, il est possible pour un électeur d’exercer son droit de vote s’il établit son identité et son adresse en faisant une déclaration par écrit, en plus de demander à une personne d’être son répondant.

Heures d’ouverture : En Ontario, les bureaux de vote sont ouvert de 9 h 30 à 21 h 30, heure avancée de l’Est (HAE), même pour les circonscriptions de Kenora—Kiiwetinoong et Thunder Bay-Rainy River, dans le nord-ouest de la province, qui chevauchent deux fuseaux horaires.

Taux de participation : une première en 30 ans?

Les premières données indiquent que le taux de participation pourrait être l’un des plus élevés depuis le début du siècle, alors que tous les scrutins généraux ont oscillé entre 58 % et 68,3 %.

Selon les données préliminaires, 7,3 millions d’électeurs ont voté par anticipation à cette élection générale. Il s’agit d’une hausse de 25 % par rapport à l’élection générale de 2021, à laquelle 5,8 millions d’électeurs avaient voté par anticipation. La dernière fois que le taux de participation avait dépassé la barre des 70 %, c’était en 1992 avec 71,8 %.

C’est dans le comté du chef conservateur Pierre Poilievre, Carleton, que le nombre d’électeurs par anticipation a été le plus élevé au pays, avec 43 394.

Ailleurs dans la région ottavienne, l’Est ontarien (avec 28 452 électeurs dans Prescott-Russell-Cumberland), Orléans (27 873) et Ottawa-Centre (32 604) se retrouvent aussi au rang des comtés ayant eu un haut taux de participation dans la semaine précédant l’élection.

Ontario français : les libéraux en bonne position

Nord :

En Ontario français, ONFR surveillera les comtés du nord de l’Ontario comme Sudbury, Sudbury-Est-Manitoulin-Nickel Belt et Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk. Ce dernier risque notamment d’être une chaude lutte à trois entre les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates.

Ce comté, qui était divisé en deux avant le redécoupage de la carte électorale, a appartenu aux néo-démocrates pendant plus de deux décennies. Cette fois, les conservateurs pourraient réussir à s’imposer, à l’image de leurs homologues provinciaux. La faiblesse du vote néo-démocrate à l’échelle nationale pourrait aussi favoriser les libéraux.

Les deux comtés de la région de Sudbury sont dans les mains des libéraux depuis près de 10 ans, mais lors de la dernière élection fédérale, en 2021, les candidats conservateurs ont récolté parmi les meilleurs résultats de leur parti dans l’histoire des deux circonscriptions. La visite du chef Pierre Poilievre dans la région samedi pourrait bien prouver qu’il y aura une chaude course lundi soir.

Dans Nipissing-Timiskaming, la mairesse de East Ferris, Pauline Rochefort, est la favorite pour conserver ce siège entre les mains des troupes de Mark Carney, selon le site d’agrégateur de sondages de 338 Canada.

Ottawa : danger pour Pierre Poilievre?

Les libéraux devraient conserver leurs fiefs francophones de la région, à en croire 338 Canada. Les Franco-Ontariennes Mona Fortier et Marie-France Lalonde, respectivement candidates dans Ottawa-Vanier-Gloucester et Orléans, risquent de conserver ces deux châteaux forts libéraux.

Plus à l’est, dans Prescott-Russell-Cumberland, la recrue libérale Giovanna Mingarelli possède les plus grandes chances pour conserver le seul comté majoritairement francophone de la province, rouge depuis 2015. Les circonscriptions des deux principaux chefs de parti retiendront aussi l’attention, Mark Carney se présentant dans Nepean et Pierre Poilievre, dans Carleton.

Le Toronto Star et le Globe and Mail ont récemment rapporté que des membres du personnel conservateur ont été dépêchés dans la circonscription du chef en raison de crainte de le voir perdre son siège.

Nicolas St-Pierre : « L’occasion d’écrire une page d’histoire est bien réelle pour les Sénateurs »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI 

Nicolas St-Pierre est le descripteur officiel des matchs des Sénateurs d’Ottawa sur Unique FM. Passionné de hockey et véritable voix de la francophonie sportive en Ontario, il couvre avec rigueur et émotion les performances des Sénateurs. Avec son style vivant, ses analyses précises et sa grande connaissance du jeu, Nicolas St-Pierre est devenu une référence pour les amateurs de hockey francophones de la région.

LE CONTEXTE

De retour en série éliminatoire de la LNH pour la première fois depuis sept ans, les Sénateurs d’Ottawa sont opposés aux Maple Leafs de Toronto dans la Bataille de l’Ontario. Grands favoris, les Torontois ont pris les devants 3-0 dans la série avec deux victoires similaires en prolongation lors des matchs 2 et 3, où ils ont inscrit le but victorieux après un score de deux partout au terme du temps réglementaire. 

L’ENJEU

Dos au mur samedi soir, les Ottaviens ont évité le coup de balai (défaite 4-0) dans un scénario similaire. C’est, cette fois-ci, sur le score de 3-3 que les deux équipes sont allées en prolongation, mais c’est un but de Jake Sanderson pour les Sens qui a permis à Ottawa de rester en vie dans la série et de s’envoler pour Toronto afin de disputer une cinquième manche à l’aréna Scotiabank mardi 29 avril.

« Comment avez-vous vécu ce match 4 en tant que descripteur, notamment avec cette prolongation qui a rappelé les scénarios précédents?

Tout à fait, avec les deux matchs précédents terminés en prolongation du mauvais côté, il y avait une certaine appréhension. En séries, la prolongation est souvent un pile ou face. Avant le match 4, même les Sénateurs reconnaissaient qu’à 3-0, cela aurait aussi bien pu être 2-1 pour eux, tant les écarts étaient minces. J’ai vécu ce match de manière intense. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une telle énergie en séries : le pré-match, l’ambiance, la foule… ça donne des frissons.

Quand la prolongation s’est amorcée, je me suis demandé si Ottawa allait encore subir le même sort, mais non. J’ai aimé la manière dont les Sénateurs ont joué : plus sûrs d’eux, déterminés, même contre une défensive torontoise extrêmement solide. Chapeau aux Leafs, mais Ottawa a mis les bottes de travail, et chaque opportunité a été maximisée. Cette victoire redonne confiance à l’équipe pour la suite de la série.

Comment analysez-vous cette série dans son ensemble, alors que le 3-0 initial ne reflétait pas totalement la réalité sur la glace?

La beauté d’une série 4 de 7, c’est qu’il faut gagner quatre fois, et décrocher la quatrième victoire est souvent le plus difficile. Avant le match d’hier, Toronto voulait clairement conclure rapidement. Maintenant, Ottawa commence à s’installer dans leur esprit. Les Sénateurs ont progressé dans des aspects critiques comme le désavantage numérique et les mises en jeu. Ce sont de petites victoires qui érodent la confiance de l’adversaire. Sans dire que ce sera facile, il y a désormais un doute du côté des Leafs. Si Ottawa parvient à forcer un match 6, toute la pression retombera sur Toronto, qui ressent déjà un énorme poids. À ce stade, l’avantage psychologique penche en faveur des Sénateurs.

La pression historique qui entoure Toronto, avec plusieurs échecs passés en séries, peut-elle jouer dans cette confrontation?

Absolument. Les Matthews, Marner et Nylander, qui portent ce maillot depuis plusieurs années, ressentent ce lourd héritage. Cela fait près d’une décennie que les Leafs sont censés tout gagner, et ils se sont systématiquement heurtés à un mur. Ils sont jugés uniquement sur leur performance en séries, et non sur leur saison régulière. Cela génère une pression colossale. On doit néanmoins souligner le travail du coach Craig Berube, qui semble avoir établi une très bonne relation avec son vestiaire. Mais malgré cela, mardi, l’environnement et les attentes du public torontois vont ajouter une pression supplémentaire énorme.

Selon vous, quelles seront les clés pour Ottawa afin de remporter le match 5?

Il faudra élever encore d’un cran l’intensité physique. Fabian Zetterlund m’avait confié avant le match 4 qu’il faudrait multiplier les efforts encore davantage pour ouvrir des lignes de tir. Cela veut dire accepter les coups devant le filet, aller au contact sans hésiter. Ridly Greig a montré l’exemple, mais il faudra que tout le groupe suive. Le trafic devant Stolarz est essentiel : on a vu hier qu’en le gênant davantage, il pouvait être ébranlé. Ce ne sera pas simple face à une équipe aussi structurée que Toronto, mais en ramenant plus de rondelles au filet et en s’imposant physiquement dans la zone dangereuse, Ottawa se donnera une réelle chance.

Nicolas St-Pierre est au cœur de l’action, il échange régulièrement avec les joueurs et le personnel d’entraîneurs des Sens. Photo : gracieuseté de Nicolas St-Pierre

Comment évaluez-vous la performance du natif de Hearst, Claude Giroux depuis le début de la série?

Claude Giroux fait un excellent travail. Il apporte toute son expérience et son leadership, essentiels dans un jeune groupe comme celui des Sénateurs. Même si les débuts au cercle de mise en jeu ont été difficiles dans cette série, il a rectifié le tir au match 4. Giroux reste l’un des meilleurs dans cet exercice en Ligue nationale. Son implication, son discours dans le vestiaire et sa capacité à guider les jeunes sont précieux. Il reste dangereux offensivement, comme en témoigne son but lors du match 3. Clairement, il est au sommet de la pyramide du leadership dans cette équipe et, suivant Claude depuis 2007, je sais à quel point il a encore cette flamme pour continuer.

Comment décririez-vous l’ambiance au Canadian Tire Centre pendant les séries, notamment face à la présence des partisans adverses?

Il y avait beaucoup d’appréhensions, car historiquement, les partisans des Canadiens ou des Maple Leafs étaient souvent majoritaires. Mais cette année, pour la première fois depuis longtemps, les fans des Sénateurs se sont vraiment approprié leur amphithéâtre. Lors du match 3, l’ambiance était électrique, intimidante pour Toronto. Certes, après la défaite, quelques billets ont changé de main et on a vu plus de chandails bleus au match 4. Mais globalement, les Sénateurs se sentent chez eux : l’énergie est au rendez-vous et cela donne énormément de force aux joueurs.

Jusqu’où pensez-vous que les Sénateurs peuvent pousser les Maple Leafs?

L’état d’esprit est de ne pas regarder toute la montagne, mais de franchir un palier à la fois. Mardi, l’objectif sera de gagner les petites batailles, tranche de cinq minutes par tranche de cinq minutes. Les Sénateurs ont les outils pour rivaliser. En saison régulière, ils ont démontré qu’ils pouvaient battre Toronto. Il faut revenir à cette recette et s’accrocher. Ils ont une vraie opportunité de sortir vainqueurs de Toronto et de provoquer un match 6. Ce ne sera pas facile, mais c’est tout à fait possible.

En NHL, est-il courant de réussir une remontée après avoir été mené 0-3 dans une série?

Non, c’est extrêmement rare. Cela s’est produit seulement quatre fois dans l’histoire. Claude Giroux faisait justement partie d’une de ces équipes, les Flyers de Philadelphie en 2010 contre Boston. C’est une expérience précieuse pour Ottawa aujourd’hui, car Giroux peut partager son vécu avec ses coéquipiers. Les chances sont minces, mais elles existent. L’occasion d’écrire une page d’histoire est bien réelle pour les Sénateurs. »

Élections fédérales : un balado pour aller à l’essentiel

La campagne électorale touche à sa fin. Dans le secret des urnes, des millions de Canadiens vont choisir, ce lundi, le député qui représentera leur circonscription à la Chambre des communes pour les quatre ans à venir. Au cours des derniers jours, ONFR a décrypté les enjeux francophones d’un océan à l’autre, en invitant experts et candidats de tous bords au micro de la mordue de politique Stéphanie Chouinard. Sept épisodes à revivre ici.

Dans le premier épisode, on s’intéresse aux différentes dynamiques à l’œuvre dans l’est du pays, notamment au Nouveau-Brunswick, une des provinces les plus dépendantes de l’économie américaine. Gabriel Arseneault, professeur agrégé en science politique à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton, revient sur la façon de voter des francophones dans l’histoire et du poids des Acadiens au Parlement.

De l’Acadie aux Prairies, cap sur Edmonton, dans l’Ouest canadien, dans une deuxième partie. L’unité du pays est-elle en jeu? Quel impact a pu avoir la première ministre conservatrice de la province sur la campagne? Quels sont les espoirs et priorités des francophones de l’Ouest? Frédéric Boily, professeur de au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta à Edmonton, apporte son éclairage.

L’épisode 2 nous emmène en Ontario où Luc Turgeon, professeur de Science politique de l’Université d’Ottawa, relate le renversement de situation qui s’est produit entre l’automne dernier et les bouleversements tarifaires américain qui a rebattu les cartes. Il revient entre autres sur l’influence de Doug Ford, le poids électoral des banlieues torontoises et le soutien actif de la ministre des Affaires francophones au chef Pierre Poilievre.

Le Québec complète le menu de ce deuxième épisode avec l’expertise de Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill. Tout y passe : le bilinguisme de Mark Carney, les intérêts divergents des francophones du Québec et hors Québec, les relations avec les États-Unis, le fédéralisme et la souveraineté canadienne versus le désir d’autonomie provinciale, la course du Bloc québécois…

Après l’analyse des experts dans les deux premiers épisodes, Stéphanie Chouinard entame une tournée des partis en commençant par le Nouveau Parti démocratique avec François Choquette. Le candidat dans Drummond (Québec) défend la taxation des ultrariches, la création d’un régime universel d’assurance médicaments et des investissements dans le postsecondaire en français.

Celui qui est aussi un ancien député fédéral évoque les engagements de son parti en faveur des langues officielles et la ferme intention de son parti d’augmenter le financement de base des institutions postsecondaires.

Même si les francophones hors Québec ne sont pas l’auditoire principal du Bloc québécois, Mario Beaulieu, le député sortant de La Pointe-de-l’Île (Montréal) trace des lignes de solidarité et revient longuement sur la Loi sur les langues officielles, ayant lui-même été au cœur de son processus de modernisation.

« Il reste un immense travail à faire », selon le porte-parole du Bloc québécois sur les langues officielles. « La Loi va continuer à nuire au Québec (…) On a quand même appuyé C-13 pour les francophones hors Québec par solidarité. »

« Le Parti conservateur s’engage à accélérer le processus (d’application de la Loi sur les langues officielles) pour que le commissaire ait les pleins pouvoirs », affirme Joël Godin au micro d’ONFR. Le député conservateur sortant de Portneuf-Jacques-Cartier décrit dans notre épisode 5 une situation « inacceptable », trois ans après la modernisation de la Loi.

Il clarifie aussi la position de son parti sur le définancement de la CBC sans impacter Radio-Canada, et revient sur la cible de 20 % d’immigration francophone annoncée lors du débat télévisé en français, une cible supérieure à celle réclamée par la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).

Au centre de l’épisode 6, Jonathan Pedneault, cochef du Parti vert évoque la nécessité d’une ambition plus forte en matière d’immigration francophone pour soutenir les besoins des communautés hors Québec. Il rappelle en outre qu’« au travers des communautés anglophones, le français n’est pas assez valorisée et on continue d’avoir un manque crucial de bilinguisme au niveau des institutions fédérales ».

Quelle que soit l’issue du scrutin, M. Pedneault affirme qu’il mettra la pression sur le prochain gouvernement fédéral pour que le financement soit à la hauteur en matière de langues officielles, mais aussi au niveau de l’éducation et du postsecondaire.

Dernier invité de notre balado politique, le candidat libéral sortant de Laurier-Sainte-Marie, Steven Guilbeault s’explique sur la dénomination de son ministère (Culture et Identité canadiennes) qui « efface » le titre des Langues officielles dont il a également la charge et qui a créé des incompréhensions.

Il évoque le financement du Plan d’action pour les langues officielles : « Si je reviens a ce poste je consulterais les organisations à travers le pays (…). Des ajustements sont nécessaires ». Dans le dossier des langues autochtones, il concède qu’il reste beaucoup de travail à faire pour arrimer la question de la réconciliation à celle des langues officielles.

Pierre Poilievre à Sudbury, moins de 48h avant le scrutin fédéral

SUDBURY – Le chef conservateur était de passage à Sudbury samedi soir pour la première et dernière fois de la campagne. À moins de 48h du scrutin fédéral, Pierre Poilievre tente une dernière opération séduction dans cette circonscription qui demeure un château fort libéral.

Cette visite, bien que courte, est la septième qu’il a effectuée depuis qu’il est devenu chef du Parti conservateur depuis septembre 2022 et la toute première depuis le déclenchement de la campagne électorale fédérale le 23 mars.

Cet arrêt intitulé Whistle stop for change (Arrêt pour le changement), intervient deux jours après la dernière conférence de presse du chef conservateur à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et juste après un autre arrêt en Colombie-Britannique.

Le candidat conservateur de Sudbury, Ian Symington, a présenté Pierre Poilievre comme un ami de longue date et le futur premier ministre. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

La foule présente sur le site de l’aéroport de Sudbury a accueilli en grande pompe le leader des conservateurs, qui est arrivé plus d’une heure et demie après l’heure prévue due à un retard de son avion qui décollait de Vancouver.

Enjeux du Nord

Le message qu’il a martelé était très clairement articulé autour du changement, et a généré de nombreuses réactions dans la salle. Utilisant les engagements de sa plateforme, celui-ci a réitéré son intention d’accélérer les projets d’exploration minière ou encore de construction de logements et de routes.

C’est lorsqu’il a abordé la question de la chasse qu’il a recueilli le plus d’applaudissements, sans surprise puisqu’il s’agit d’un des enjeux les plus importants pour la région.

Les partisans étaient réunis en grand nombre dans un entrepôt sur le tarmac de l’aéroport du Grand Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

Lors de son dernier passage à Sudbury, le 19 mars dernier, Pierre Poilievre avait donné une conférence de presse dans laquelle il annonçait que son gouvernement accorderait tous les permis fédéraux nécessaires pour l’exploitation de l’important gisement minier du Cercle de feu, à l’intérieur d’un mois.

Convaincre les indécis

Les dernières projections de l’agrégateur de sondage pour la circonscription de Sudbury, 338 Canada, donnent une avance aux libéraux qui seraient à 53 % des intentions de vote tandis que cette donnée se chiffre à 32 % pour les conservateurs.

Cet arrêt dans la ville du nickel pourrait être une dernière tentative du leader politique de convaincre les indécis et ceux qui n’ont pas encore voté de pencher vers le vote bleu lors du scrutin de lundi.

Les communications du parti aux membres invitaient d’ailleurs les partisans à amener des membres de leur famille et des amis au rassemblement.

Pierre Poilievre, qui se tenait debout sur une camionnette, a beaucoup interagi avec la foule, ayant même une discussion avec une partisane en plein milieu de son discours. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

En outre, dans son allocution, Pierre Poilievre a lancé une invitation directe à l’assistance de demander à leur entourage de voter pour les candidats locaux, à Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Sudbury et même Nipissing-Timiskaming.

Ceux-ci étaient d’ailleurs présents dans la salle et ont également offert un discours, eux qui sont tous talonnés par leurs adversaires libéraux dans leur circonscription respective.

Pierre Poilievre est le seul chef à avoir été dans la ville du nickel lors de cette campagne fédérale éclair de 36 jours. Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique, était quant à lui à Timmins le 13 avril, et Mark Carney, premier ministre et chef du Parti libéral, à Sault Ste. Marie vendredi.

Les partisans optimistes

Parmi ceux qui ont fait le déplacement ce samedi soir, on compte quelques francophones, dont certaines figures publiques.

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles »
— Evelyn Dutrisac

« On a besoin de changement. Les gens ont peur, le déficit est tellement élevé, la classe moyenne n’existe plus, tout est devenu trop cher », confie Evelyn Dutrisac, citoyenne de Chelmsford, dans le Grand Sudbury.

Celle qui a été conseillère du Grand Sudbury et candidate à la mairie de la ville croit que les nombreux déplacements du chef conservateur dans la ville de Sudbury sont un signal positif pour le Nord.

Evelyn Dutrisac a déjà voté par anticipation. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Regardez M. Carney, il a éliminé le ministre des aînés, le ministre des femmes et celui des Langues officielles, alors quel espoir pourrai-je avoir, moi, en tant que femme, francophone et personne âgée? », ajoute-t-elle.

« Ça n’a pas de sens quand on sait qu’on va constituer un quart de la population d’ici 2030. J’ai peur et je veux garder ma culture. »

Chuck Labelle, chanteur franco-ontarien bien reconnu de Sudbury, abonde dans le sens de la retraitée : « Je suis là parce que je veux m’assurer que les libéraux ne reviennent jamais au pouvoir. Je suis tellement écœuré de tout ce qui se passe. »

« Je ne suis pas beaucoup impliqué dans la politique, mais quand je vois un banquier arriver au pouvoir sans être élu, c’est très décevant. Cette histoire avec les États-Unis ça n’a rien à voir avec nous, on fait croire aux gens que c’est une grosse affaire, mais c’est niaiseux », précise celui qu’on surnomme le cowboy franco-ontarien.

Le candidat Jim Belanger est un entrepreneur très connu de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Notre monsieur »

Patricia Pelto est bénévole pour la campagne du candidat de Sudbury-Est–Manitoulin–Nickel Belt, Jim Belanger, et l’a accompagné lors de plusieurs porte-à-porte.

La citoyenne d’Azilda est convaincue que M. Bélanger est le meilleur représentant pour les francophones : « Jim Belanger est francophone et a à cœur la cause du français ».

Selon la Franco-Ontarienne, le chef conservateur est lui aussi le meilleur défenseur des francophones et sa présence à Sudbury saura faire pencher la balance à la faveur des bleus. Le Parti conservateur n’a pas remporté la circonscription de Sudbury depuis 1924.

Patricia Pelto est venue soutenir le candidat Jim Belanger de Sudbury. Photo : ONFR TFO/Inès Rebei

« Pierre Poilievre, c’est notre monsieur, c’est lui qui va nous amener la vague bleue, clame la retraitée. Je suis certaine qu’il va gagner et qu’il va nous écouter. »

M. Labelle est du même avis : « Pierre Poilievre a une bonne énergie, il tient bien le coup. »

Le chef conservateur fera plusieurs arrêts dans le sud de l’Ontario ce dimanche pour le dernier jour de la campagne, notamment à Oakville et Cambridge et dans son propre comté de Carleton, en banlieue d’Ottawa.

Élections fédérales : les libéraux défendent leur bilan en francophonie

Le jour du vote approche et ONFR vous accompagne dans ces ultimes heures de réflexion. Dernier invité de notre balado politique : Steven Guilbeault, le député libéral sortant de Laurier-Sainte-Marie (Québec). Plus récemment nommé ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, qui contiennent le portfolio des Langues officielles, il défend la vision de son parti au micro de Stéphanie Chouinard. Un face-à-face qui gravite autour des enjeux tarifaires, de la croissance économique et de la francophonie.

Le français, un outil de différenciation par rapport aux États-Unis, selon le Parti vert du Canada

Jonathan Pedneault, cochef du Parti vert du Canada, répond aux questions de Stéphanie Chouinard. Action climatique, justice économique, logement abordable ou encore nouvelle loi sur les langues officielles… Comment le parti tente-t-il de se distinguer dans les derniers jours de campagne électorale? La réponse dans ce nouvel épisode du balado politique d’ONFR.


Jeunes et politique : qui représente la nouvelle génération?

Ce 28 avril, le Canada vote. Comme toujours, la représentation des jeunes Canadiens en politique est remise en question. En effet, plusieurs jeunes électeurs ne se sentent pas entendus par une classe politique dont les priorités diffèrent souvent des leurs. Mais comment leur offrir une représentation politique qui reflète leurs préoccupations, et où trouvent-ils leur information? La journaliste Rachel Crustin va à leur rencontre pour mieux saisir leur réalité.

Un nouveau service francophone de garde de jour prolongé à Hearst et Mattice

HEARST – Le Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières (CSCDGR) annonce l’ouverture d’un nouveau programme de jour prolongé (avant et après l’école) dans des écoles de Hearst et Mattice à compter de l’année scolaire 2025-2026.

C’est ce vendredi matin que le conseil en a fait l’annonce dans les trois établissements concernés, soit le Pavillon Notre-Dame et l’école Ste-Anne de Hearst, ainsi que l’école St-François-Xavier de Mattice.

Selon le CSCDGR, ce projet voit le jour à la suite de plusieurs années d’exploration et d’un sondage réalisé auprès des familles de cette région dont la majorité sont francophones, qui a démontré un besoin important d’offrir un tel programme.

Ce sera le premier service de garde offert à Mattice, tandis qu’à Hearst, la municipalité opère celui des « Bouts de chou ».

« Ce nouveau service reflète notre approche d’écouter les familles afin de leur offrir des solutions concrètes et adaptées à leur réalité. C’est une avancée considérable pour notre communauté scolaire », affirme Roger Grégoire, président du Conseil.

Jérémie Lepage, directeur de l’éducation et secrétaire-trésorier, ajoute que cela s’inscrit également dans le cadre de l’élaboration d’une nouvelle planification stratégique pour 2025-2030. Si, pour l’instant, il ne s’agit pas encore d’un service de garde, mais plutôt d’un programme de jour prolongé, il affirme que le conseil est ouvert à une extension, si les moyens le permettent.

Jérémie Lepage, directeur de l’éducation et secrétaire-trésorier au CSCDGR, pense que ce nouveau service va soulager les parents dans leur quotidien. Source : CSCDGR

30 places disponibles

Le programme de jour prolongé débutera à partir de 7 h jusqu’au début des classes le matin, ainsi que de la fin des classes jusqu’à 18 h en après-midi, pour les élèves âgés de 3 à 12 ans. Environ 30 places seront disponibles dans chacune des trois écoles.

Bien que le taux horaire ne soit pas encore connu, celui-ci devrait être concurrentiel en s’alignant sur celui des services de garde qui sont gérés par la municipalité.

« On n’est pas là pour être compétiteurs de personnes, on veut juste offrir le programme pour répondre aux besoins qui ont été soulevés par nos familles », confirme M. Lepage.

L’annonce a été faite devant des élèves, des membres du conseil et des représentants de la municipalité ce vendredi à Hearst et Mattice. Source : CSCDGR

Le CSCDGR envisage de faire l’embauche de trois éducatrices et de surveillantes. Comment trouver du personnel francophone qualifié dans un contexte où la pénurie rage, en particulier dans les petites communautés du Nord ontarien?

« On va demander à la communauté de nous aider à trouver du monde, mais je suis convaincu qu’on va être capable de trouver du personnel sur place, car l’innovation est au cœur de nos communautés », répond M. Lepage.

Le nom officiel de ce service ainsi que les détails concernant les modalités d’inscription et les coûts seront communiqués dans les prochaines semaines.

Charlie Angus « certain que le NPD maintiendra son poids à la Chambre des communes »

Charlie Angus est le député sortant de l’ex-circonscription fédérale de Timmins-Baie James, dont une partie considérable de la population est francophone.

Le député néo-démocrate avait créé la surprise en avril 2024 en annonçant qu’il ne serait pas candidat aux élections fédérales.

Poids lourd de la politique dans le Nord ontarien, M. Angus se confie sans détour sur la campagne, les performances du Nouveau Parti démocratique (NPD) et ses projets.

« Qu’est-ce qui vous a amené à ne pas vous représenter?

Pour moi, c’était un grand honneur d’être la porte-parole pour les électeurs de Timmins-Bay James et j’ai été député depuis sept élections. C’était une expérience incroyable. Je vide en ce moment même mon bureau d’Ottawa. Ma région est très vaste, alors lorsque la commission électorale a décidé d’agrandir ma circonscription, j’ai décidé qu’il était temps de partir.

Que pensez-vous de la campagne électorale actuelle?

Ces élections sont très importantes, parce que le Canada fait face à une menace sans précédent pour notre souveraineté et notre nation. C’est très important pour les Canadiens de rejeter les politiques d’extrémisme. C’est pour ça que je déteste l’opposition de M. Poilievre et son imitation des politiques extrémistes de M. Trump. Par exemple, il a promis d’attaquer l’indépendance des universités et d’exposer les étudiants qui participent aux manifestations. C’est la politique de Trump, ce n’est pas la politique du Canada.

En 2017, Charlie Angus avait été défait dans la course à la chefferie du Nouveau Parti démocratique face à Jagmeet Singh. Archives ONFR

Que pensez-vous de la performance de votre leader, Jagmeet Singh?

C’est clair que l’élection de Trump a bouleversé la politique canadienne. C’est clair aussi que les électeurs recherchent un premier ministre capable de lutter contre Trump. Donc, personnellement, je pense que ça donne un avantage à M. Carney. Mais c’est essentiel aussi pour le NPD de gagner beaucoup de sièges parce que c’est un parti très fort dans beaucoup de régions, particulièrement le Nord de l’Ontario.

Mais le NPD n’est pas en bonne posture dans les intentions de vote

C’est évident que ces élections sont difficiles pour le NPD. Toutefois, les électeurs comprennent que le parti se bat pour les gens de notre région. Donc je suis certain que nous allons gagner des circonscriptions importantes et maintenir notre poids à la Chambre des communes. Par exemple, je suis convaincu qu’on va gagner à Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk  avec notre nouvelle candidate, Mme Fortier-Levesque.

Charlie Angus a appuyé sa remplaçante, Nicole Fortier Levesque, plusieurs fois durant la campagne. Source : Nicole Fortier Levesque/Facebook

Vous êtes député depuis 2004, de quoi êtes-vous le plus fier dans votre parcours?

J’ai été très touché de travailler avec la jeunesse autochtones du Nord dans le combat pour l’égalité des droits et d’aider les gens durant la crise du suicide. J’ai été particulièrement inspiré par Shannen Koostachin, la jeune leader de la Première Nation d’Attawapiskat.

Son combat pour la construction d’une école à Attawapiskat a changé la politique de notre nation parce que Shannon a contesté la négligence systémique qui a bloqué la possibilité d’éducation pour les enfants autochtones. J’ai travaillé avec Shannon et elle a vécu avec ma famille pendant un an. Elle est, malheureusement, décédée d’un accident de voiture en 2010, alors j’ai tenu à poursuivre son combat.

J’ai lancé la campagne « Le Rêve de Shannon » pour forcer le gouvernement à respecter ses obligations de mettre en place des standards pour l’éducation et les droits des jeunes autochtones.

Charlie Angus et Carol Hugues, députée néo-démocrate de Algoma—Manitoulin—Kapuskasing depuis 2008, avaient annoncé ensemble qu’ils ne se représenteraient pas aux élections fédérales. Crédit image : Raul Rincon

Quel a été le moment le plus marquant sur la Colline d’Ottawa?

Il y avait beaucoup de moments extraordinaires… Je pourrai citer la motion que j’ai déposée en 2018 pour que le Canada demande à l’Église catholique de répondre à la Commission de vérité sur les crimes qui étaient commis dans les pensionnats et aussi pour demander que le pape visite le Canada afin de présenter officiellement ses excuses. Ce débat était très émotif et très important. Par la suite, en 2022, le pape, qui vient justement de disparaître, a visité le Canada et a respecté la demande de notre parlement en prenant ses responsabilités devant les communautés autochtones du Canada.

Qu’allez-vous faire après les élections?

J’ai beaucoup de projets. Dans le domaine politique, j’ai lancé une campagne « Charlie Angus, la Résistance » qui sert à organiser des rassemblements partout au Canada contre la politique d’extrémisme et la politique du fascisme. Je suis très occupé avec cette campagne, mais ça reste c’est très fun.

Charlie Angus à Cumberland, en Colombie-Britannique à l’occasion de sa tournée de la « Résistance ». Source : Charlie Angus/Facebook

Je vais aussi me consacrer à mon groupe musical, The Grievous Angels. Nous avons un nouvel album, Last Call for Cinderella et allons commencer une tournée ontarienne, intitulée la Révolution 2025, The Grievous Angels. On va avoir de belles chansons en français aussi bien sûr, notre accordéoniste, Peter Gillard, joue d’ailleurs de la musique cajun. On va interpréter ensemble, J’ai passé la nuit sur la corde à linge, une chanson que j’ai écrite justement et qui célèbre le folklore franco-canadien.

J’ai aussi commencé l’écriture d’un nouveau livre, et en ce moment je m’occupe de la recherche. Cet ouvrage portera sur les impacts du fascisme et la résistance au fascisme dans le nord de l’Ontario, pendant les années 1930. Je vais aussi continuer d’œuvrer en tant que bénévole au musée de la ville de Cobalt où j’organise des visites dans la mine.

Charlie Angus est un des fondateurs de Grievous Angels, groupe country alternatif canadien qui a obtenu des nominations aux Prix Juno. Source : Grevious Angels/Raul Rincon

Reviendrez-vous en politique un jour?

Ma priorité est de rester en politique, mais au niveau citoyen, en tant que militant. »

Voici ce que proposent les partis fédéraux en matière de francophonie canadienne

élection, canada, élections

Les Canadiens seront appelés aux urnes dans moins de 72 heures et les partis fédéraux ont profité de la dernière semaine de campagne électorale pour dévoiler leurs plateformes chiffrées. ONFR vous résume les propositions des partis en matière de francophonie canadienne.

Parti libéral du Canada

L’une des promesses phares en matière de francophonie de Mark Carney, dévoilée lors du débat en français et qui fait partie du cadre électoral des libéraux, est d’augmenter la cible d’immigrants francophones hors Québec à 12 % d’ici quatre ans. Cette mesure se combine avec un engagement de faciliter l’accès à la main-d’œuvre francophone pour les entrepreneurs en milieu minoritaire. Actuellement, la cible gouvernementale est de 8,5 % pour 2025, de 9,5 % pour 2026 et de 10 % pour 2027 et celle de 6 % en 2024 a été dépassée avec 7,1 %.

Le chef libéral Mark Carney se tient à côté d’une de ses affiches électorales alors qu’il fait un arrêt de campagne à Granbey, au Québec. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

Les libéraux promettent aussi d’enchâsser le financement de CBC/Radio-Canada par voie législative et de l’augmenter de 150 millions de dollars par année, pour l’amener à une moyenne similaire à d’autres diffuseurs publics de pays du G7, comme la BBC au Royaume-Uni.

Lors d’éventuelles négociations commerciales avec les États-Unis, qui doivent avoir lieu après les élections selon Mark Carney, la langue française ne serait pas sur la table, a assuré l’ex-banquier. Les libéraux assurent aussi qu’ils continueront d’« investir dans des espaces communautaires » des minorités linguistiques et « promouvoir l’enseignement du français partout au Canada ».

Parti conservateur du Canada

Souvent attaqué par ses adversaires sur sa promesse de définancer CBC (et l’impact indirect d’une telle coupure sur Radio-Canada), Pierre Poilievre a passé la campagne à répondre dans ses conférences de presse que Radio-Canada ne serait pas affectée par une telle coupure. La plateforme conservatrice promet de récupérer 1 milliard de dollars par année en cessant le financement public à CBC « tout en maintenant les services de Radio-Canada ».

Comparativement aux libéraux, le cadre conservateur ne prend pas d’engagement en matière d’immigration francophone, mais Pierre Poilievre a indiqué qu’une cible de 12 % « me semble raisonnable », alors que son candidat Joël Godin assure que le parti irait jusqu’à 20 %.

Le chef conservateur Pierre Poilievre mise sur le changement dans cette campagne. Photo : La Presse canadienne/Darren Calabrese

Les conservateurs misent sur l’augmentation des opportunités en immersion pour les jeunes canadiens en injectant 75 millions de dollars pour doubler le nombre de places d’échanges linguistiques. Cela permettrait à 10 000 jeunes « qui n’en auraient pas les moyens de faire le pont entre les deux solitudes et de renforcer nos deux langues officielles », est-il écrit dans le document conservateur.

Un gouvernement Poilievre s’engagerait aussi à maintenir tout financement en soutien à la culture francophone en plus de nommer une personne maîtrisant le français et l’anglais au poste de gouverneur général.

Nouveau parti démocratique

La formation de Jagmeet Singh ne fait que très peu de mentions des Langues officielles dans son plan électoral, mais les néo-démocrates ont dévoilé un plan spécifique pour le Nord de l’Ontario, qui comporte des engagements pour les Franco-Ontariens.

La formation de gauche assure qu’elle va « protéger et étendre les services bilingues, particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation et dans le cadre des programmes fédéraux ». Elle garantit aussi un soutien aux institutions postsecondaires de langue française dans la région (Université de Hearst, Collège Boréal) en plus de « favoriser l’accès à la justice et aux services gouvernementaux » en français et en anglais.

Jagmeet Singh, prononce une allocution aux côtés des candidats et des partisans du NPD lors d’une conférence de presse lors du dévoilement de la plateforme pour le Nord de l’Ontario du NPD à Timmins, en Ontario, le dimanche 13 avril 2025. La presse canadienne/Christopher Katsarov

À l’image des libéraux, le NPD mise sur une augmentation du financement de Radio-Canada 150 millions de dollars par an.

Parti vert du Canada

Les Verts s’engagent à moderniser à nouveau la Loi sur les langues officielles afin d’« assurer des services linguistiques partout au Canada ».

Radio-Canada verrait aussi une hausse de son financement avec le Parti vert, tout comme les établissements postsecondaires francophones en milieu minoritaire qui leur promet un « financement stable ».

Bloc québécois

Plusieurs des engagements en matière de langue française de la formation souverainiste touchent les francophones hors Québec. Le Bloc exige notamment que les communautés francophones « bénéficient des mêmes droits et des mêmes services » que les anglophones du Québec.

Pour la fonction publique fédérale, le Bloc veut faire pression pour mettre fin aux nominations « sous promesse d’apprendre le français » en plus d’exiger que les hauts fonctionnaires possèdent une connaissance du français. Il veut aussi obliger le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à consulter le Québec et les minorités francophones avant pour toute réglementation culturelle pouvant y être affectée.

Les conservateurs prônent un rattrapage en matière d’immigration francophone

Dans cet épisode, la mordue de politique Stéphanie Chouinard reçoit Joël Godin, député conservateur sortant, Portneuf-Jacques-Cartier, dans la région de Québec. Ils évoquent ensemble la personnalité du chef Pierre Poilievre, les promesses en termes de souveraineté économique, de rigueur budgétaire et bien sûr de langues officielles.


Le Bloc québécois se positionne en défenseur de la francophonie minoritaire

À nouvel épisode, nouveau candidat et nouveau parti dans le balado politique d’ONFR. Mario Beaulieu est l’invité de Stéphanie Chouinard. Le député sortant de La Pointe-de-l’Île (Montréal) et porte-parole du Bloc québécois sur les langues officielles, défend les priorités de son parti, le premier à avoir dévoilé une plateforme chiffrée de ses engagements.

Quand on veut, on ne peut pas toujours : nouveaux regards sur l’infertilité

Les couples canadiens n’échappent pas au recul de l’âge du premier enfant, ce qui demeure le premier facteur d’infertilité et touche désormais 1 couple sur 6. Et lorsque les prédispositions à concevoir manquent pour les familles LGBTQ+ ou monoparentales, les alternatives restent hors de prix pour beaucoup. Au cœur de cette Semaine canadienne de sensibilisation à l’infertilité, la difficulté à donner la vie nous rappelle qu’elle reste un parcours tout aussi difficile qu’imprévu.

Bien que les troubles liés à l’infertilité émanent des femmes pour un tiers des cas et des hommes pour un plus peu d’un quart, le stigma semble peser plus lourdement sur ces premières.

« Les femmes ont l’habitude de garder pour elles tout le fardeau de l’infertilité », souligne la directrice générale de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), Dre Diane Francœur, qui a mis sur pied une clinique de fertilité publique au Québec lorsqu’elle était cheffe du département.

Elle ajoute par ailleurs que bénéficier de services de santé en français dans cette spécialité fait souvent consensus au sein des patients. « On est tellement sous le choc du diagnostic et de toutes les conséquences, qu’on ne comprend rien », ajoute-t-elle.

La lourdeur et complexité des traitements de procréation médicalement assistée (PMA) tels que la fécondation in vitro (FIV) et l’insémination intra-utérine (IIU) commencent à devenir une réalité pour beaucoup de couples.

Même si plus de financement pour les traitements vient d’être dévoilé dans certaines plateformes électorales, la Dre Karen Splinter qui pratique dans le Grand Sudbury remarque que ses patients viennent souvent de loin pour la voir. « Ces patients devraient bénéficier de plus au vu de leur accès géographique difficile, puis de les faire attendre parfois deux ans pour une FIV », déplore la gynécologue spécialisée en fertilité.

En démocratisant l’accès à la parentalité, la PMA ouvre la voie aux couples homosexuels ainsi qu’aux hommes et femmes seules, mais pour qui le coût d’un enfant grimpe bien avant la naissance.

Des parents facturés doublement

Dans la région d’Ottawa, Lise*, une mère à l’issue de sa trentaine, a accouché ce mardi afin de commencer une nouvelle vie monoparentale. Il lui a fallu six ans d’essais et presque de 70 000 dollars pour obtenir une grossesse.

« Je ne pense pas que ce soit un choix. Vient un temps où tu te demandes si tu dois faire le deuil de ne pas avoir d’enfant, ou tu essaies de le faire par toi-même », confie la jeune maman.

Malgré le fait que les Ontariennes de moins de 43 ans sont éligibles à un cycle de FIV gratuit et couvert par le gouvernement, les dépenses associées en sont exclues et les chances de réussites variables garantissent de loin une fécondation du premier coup.

C’est pourquoi les cycles de FIV réalisés en cliniques privées constituent un déclencheur d’inégalités important face à la parentalité pour les patients.

Les membres du CA de la Fondation des amis de la fertilité. Cette dernière a été fondée par la Dre Chloé Roumain (5e partant de droite) et son mari Dr Frederick Dzineku (en bleu). Photo : Gracieuseté : Isabelle Lefebvre-Vary

À Toronto, depuis trois ans, la Fondation des amis de la fertilité travaille avec des cliniques à l’échelle provinciale et nationale pour distribuer des bourses aux patients en fertilité.

« On développe des relations avec des centres comme Sherbourne Health à Toronto et aussi avec Le 519 à Toronto », affirme le vice-président de la fondation, Kevin Heeney, qui s’érige également comme principal connecteur envers la communauté LGBTQ+.

C’est en tant que boursière que Lise a pu finalement réaliser sa première fécondation, après les nombreux premiers essais dont elle a assumé les frais. « J’ai pu échanger avec un parent monoparental aussi pendant une des sessions. Au-delà de juste l’argent, c’était aussi toute l’aide et le soutien qu’on recevait », précise-t-elle.

En Ontario, le coût d’une FIV oscille entre 10 et 15 000 dollars par cycle, sans compter le coût d’une mère porteuse qui s’ajoute souvent à la liste de dépenses des couples LGBTQ+.

Le vice-président de la fondation estime que les bourses aident à fonder des familles qui autrement n’auraient jamais vu le jour. « Nos bourses de 5000 dollars peuvent atteindre une valeur allant jusqu’à 30 000 dollars », assure le Kevin Heeney.

Les enfants de Kevin Heeney (à droite) et Alim Dhanji ont pu venir au monde grâce à la maternité de substitution. Noah et Ava ont maintenant 8 et 10 ans. Photo : Gracieuseté Kevin Heeney

De plus, les dépenses pour une gestation pour autrui (GPA) restent très encadrées par la loi. L’avocate spécialisée en maternité de substitution, Michelle Flowerday, précise que seuls les remboursements liés aux dépenses restent possible mais sont très régulés.

« Si les parents payent une mère porteuse, les conséquences sont actuellement criminelles. C’est 500 000 $ ou 10 ans en prison » dit la fondatrice de Plaid Fertility Law.

Immigrer au Canada pour fonder leur famille, telle est l’initiative pour laquelle bien des couples ont opté. Selon Kevin Heeney, l’aspect émotionnel des couples LGBTQ+ est plus lourd au vu des frais qui sont rarement atteignables.

Entre la vie et la loi

Manon Chabot est une Franco-Ontarienne, qui s’apprête à se lancer dans une nouvelle aventure de GPA pour aider un couple d’hommes arrivé depuis la France pour fonder leur famille.

« On est chacun représenté par un avocat différent, mais on travaille bien ensemble », révèle la mère porteuse.

Michelle Flowerday explique que les contrats de maternité de substitution capturent une panoplie de droits et obligations prénatales liant les couples et les mères porteuses, tels que les dépenses, le mécanisme de transfert de la parentalité ou encore la question de confidentialité.

Manon Chabot a eu sa première expérience en tant que mère porteuse l’année dernière. Photo : Gracieuseté Manon Chabot

Ici encore, une GPA réalisée avec une mère porteuse francophone a le bénéfice d’harmoniser la compatibilité et la relation entre mères porteuses et les couples. « On va toujours s’assurer que les personnes impliquées sont préparées pour bien comprendre leur engagement », soutient l’avocate.

Les dons d’ovocytes et de sperme sont également privés de rémunération, tant ces biens ne sont pas vus comme des marchandises au Canada. Ces dons continuent d’ouvrir l’accès aux couples rencontrant des troubles de fertilité.

À Toronto, Aziz M. poursuit Santé Canada devant la Cour suprême pour discrimination implicite contre une réglementation qui empêcherait les hommes gais à donner du sperme. « J’ai pu donner sans problème à l’époque. J’ai apprécié le fait que ça donne beaucoup de sens à ma vie, et que ça aide vu qu’il y a très peu de donneurs au Canada », confie-t-il.

*Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat de l’intervenante.

Le taux de chômage atteint 7 % en Ontario

Le chômage est passé de 5,6 % en 2023 à 7 % en 2024, le taux le plus élevé depuis 2014, hors pandémie. En cause, selon le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF) : la création d’emplois inférieure à la hausse de personnes en recherche d’emploi. L’augmentation du salaire moyen a toutefois augmenté plus fortement le taux d’inflation annuel.

Selon le BRF, la création d’emplois n’a pas suivi la hausse du nombre de demandeurs d’emploi résultant en une hausse du chômage qui passe de 5,6 % en 2023 à 7 % en 2024, le troisième taux le plus élevé du pays.

L’emploi n’a en effet augmenté que de 1,7 % en 2024, 140 000 emplois, la deuxième croissance d’emploi la plus faible de l’ensemble des provinces, une baisse par rapport aux 3,1 %, 242 000 emplois de l’année précédente.

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active

« C’est la première fois, depuis le milieu des années 1970, que le taux de chômage annuel de l’Ontario augmente de plus d’un point de pourcentage alors que l’emploi progresse. Toutes les autres années où le taux de chômage a augmenté d’au moins un point de pourcentage, l’économie était en récession et a connu des pertes d’emplois », indique le BRF.

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active

Le chef du Parti vert Mike Schreiner se dit préoccupé : « Le taux de chômage en Ontario atteint son plus haut niveau depuis plus d’une décennie, et un taux alarmant chez les jeunes de 15,7. % »

« Il est clair que dans le Nord, par exemple, il existe une formidable occasion de mettre l’Ontario à l’abri des tarifs en investissant dans des emplois verts de qualité et en soutenant une stratégie de production locale d’énergie propre et de chaîne d’approvisionnement minière à manufacturière (…). Un avantage concurrentiel majeur que Doug Ford choisit d’ignorer au profit des combustibles fossiles, maintenant notre dépendance au gaz de schiste américain », déplore-t-il.

Construction, commerce et agriculture : les secteurs les plus touchés

L’augmentation des salaires a été toutefois plus importante que l’inflation pour 14 des 16 groupes sectoriels, le salaire horaire moyen a augmenté de 5,2 % contre 2,4 % d’inflation en 2024.

Parmi les secteurs les plus touchés par la baisse d’emploi, celui de la construction avec une baisse de 26 500 emplois, soit -4,4 %, au vu du fort déclin du nombre de nouveaux chantiers, et ce malgré l’effort du gouvernement ontarien de mettre l’accent sur la formation et les métiers spécialisés.

Les secteurs du commerce de gros et de détail (‑ 13 600 ou ‑ 1,2 %) et de l’agriculture (‑ 5600 ou ‑ 7,2 %) enregistrent aussi des pertes d’emplois notables.

11 secteurs ont connu une croissance de l’emploi dont les services professionnels, scientifiques et techniques ont enregistré la plus forte hausse de l’emploi avec 63 100 nouveaux emplois, +7,5 %, avec les soins de santé et de l’aide sociale avec 26 000, +2,7 %.

En parallèle du ralentissement de croissance de l’emploi, le nombre de postes vacants a baissé de 24,4 %, en baisse dans tous les secteurs, sauf dans l’administration publique.

Des réfugiés haïtiens « renvoyés dans la gueule du loup »

En pleine campagne électorale canadienne, des milliers d’Haïtiens reçoivent l’ordre de quitter les États-Unis avant ce 24 avril. Beaucoup espèrent trouver refuge au Canada. Mais à la frontière, ils se heurtent à une dure réalité.

Des centaines d’Haïtiens fuient les expulsions massives orchestrées par l’administration Trump vers la frontière canadienne, mais leurs demandes d’asile se soldent souvent par un refus. La raison? Les États-Unis sont toujours considérés par Ottawa comme un « tiers pays sûr », malgré les « déportations » sommaires qui y ont cours.

« La réponse du Canada est timide et parfois contradictoire », s’insurge l’écrivain canado-haïtien Gabriel Osson, basé à Toronto. « D’un côté, on affiche des valeurs humanistes. De l’autre, on ferme les portes à ceux qui fuient une situation dramatique. »

Pour Gabriel Osson, la migration haïtienne n’est pas un fardeau. Gracieuseté

Frantz André, militant d’origine haïtienne bien connu à Montréal pour son engagement auprès des demandeurs d’asile, dénonce cette situation.

« Ils sont renvoyés dans la gueule du loup. Trump a déjà commencé les déportations, sans procès, vers Haïti. C’est un crime contre l’humanité auquel le Canada participe », lance-t-il.

Lui-même est arrivé au Canada à l’âge de 10 ans, après que ses parents ont fui la dictature (1957-1971) de François Duvalier alias « Papa Doc ».

De nombreux Haïtiens titulaires d’un permis de travail temporaire créé par Joe Biden ont récemment reçu une lettre leur enjoignant de quitter le territoire américain. Même munis de ce document, ceux qui se présentent à la frontière canadienne sont refoulés, témoigne Frantz André régulièrement en contact avec des demandeurs d’asile haïtiens.

En 2022, un programme créé par Joe Biden a permis à plus d’un million de personnes — notamment des Haïtiens, Cubains, Nicaraguayens et Vénézuéliens — de vivre légalement aux États-Unis. Aussi depuis 2022, le statut de protection temporaire (TPS) a permis à plus de 520 000 Haïtiens, triés sur le volet par l’administration fédérale américaine, de travailler et de s’installer légalement aux États-Unis.

Mais ces programmes viennent d’être révoqués par Trump. Une décision suspendue par un juge la semaine dernière, mais qui a créé une onde de choc.

Situé à la frontière entre le Québec et l’État de New York, le poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, a reçu 2094 demandes d’asile entre le 1er et le 20 avril, contre 1356 en mars et 560 en janvier. Sauf que la majorité n’aboutit pas.

Pour être admissible, il faut désormais avoir un parent de premier degré (enfant, conjoint, parents ou grands-parents) vivant au Canada.

« Ce n’est plus un vrai programme d’asile. C’est devenu un programme de réunification familiale », déplore Frantz André.

Frantz André accompagne régulièrement des demandeurs d’asile haïtiens. Gracieuseté

Face à l’impossibilité de déposer une demande officielle, certains migrants prennent des risques. « Ils passent par les bois, se cachent dans des sous-sols pendant 14 jours, sans statut, sans droits, dans des conditions dangereuses », alerte André.

« Ce sont des personnes vulnérables, exposées à l’exploitation, aux abus, voire à la traite », soutient-il, qualifiant « d’irresponsable » l’attitude du Canada « de créer une zone de non-droit temporaire ».

Gabriel Osson, lui, espère « un engagement plus ferme, une solidarité réelle, au lieu de demi-mesures et de discours creux ». Il pointe du doigt les propos hostiles à l’immigration haïtienne tenus par certains candidats aux élections fédérales, notamment lors du dernier débat en français des chefs.

« Ces prises de position sont choquantes, car elles exploitent la peur et l’ignorance. Elles montrent que, malgré la richesse de la contribution de la diaspora haïtienne au Canada, le regard porté sur elle reste empreint de préjugés », assure-t-il.

Selon lui, « c’est inquiétant, car cela trahit un glissement vers un discours plus excluant, alors que le Canada s’est toujours voulu terre d’accueil ».

Responsabilité historique du Canada en Haïti

Au-delà de la réponse à la crise migratoire, c’est la posture diplomatique du Canada vis-à-vis d’Haïti qui est mise en cause.

« Le Canada fait partie du Core Group, ce cercle d’ambassadeurs étrangers qui, sous couvert de stabilisation, a souvent influencé les choix politiques haïtiens », rappelle Frantz André.

Il évoque notamment les réunions tenues au Canada en 2003, suivies, selon lui, du coup d’État en 2004 contre Jean-Bertrand Aristide, président démocratiquement élu.

« Aujourd’hui, Haïti vit une forme de guerre civile orchestrée par des oligarques qui tirent profit de l’exil massif. L’économie haïtienne dépend des transferts de la diaspora. On pousse les gens à fuir. »

Frantz André comme Gabriel Osson appellent le gouvernement canadien à faire preuve de cohérence.

Et M. Osson de conclure : « La migration haïtienne n’est pas un fardeau. C’est un appel à la solidarité. La solution passe par un appui international cohérent à Haïti, mais aussi par une politique migratoire humaine, lucide, respectueuse de la dignité humaine. »

Pour rappel, depuis l’assassinat du dernier président en poste, Jovenel Moïse, en 2021, les gangs en Haïti sévissent dans le pays. En 2024, au moins 5600 personnes ont été tuées.

Élections fédérales : le NPD s’engage sur le postsecondaire au micro d’ONFR

Stéphanie Chouinard entame la dernière ligne droite de la campagne fédérale avec, à son micro, François Choquette. Le candidat néo-démocrate dans Drummond (Québec) et ancien député fédéral défend la taxation des ultrariches, la création d’un régime universel d’assurance médicaments et des investissements dans le postsecondaire en français. Mais quels sont les engagements de son parti en faveur des langues officielles?

Journée mondiale du livre : Hélène Koscielniak s’inquiète de l’intelligence artificielle

Chaque année, l’Association des auteures et auteurs franco-ontariens (AAOF) mandate un de ses membres pour écrire le mot franco-ontarien de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Ce 23 avril, Hélène Koscielniak relate sa fascination pour les lettres et l’histoire de l’écriture. Elle s’interroge également sur l’avenir de son métier à l’ère de l’intelligence artificielle générative (IAG).

Des symboles, de petits traits qui deviennent éventuellement des lettres, des mots, des phrases… ces dessins qui permettent à l’humanité de nommer le monde qui l’entoure fascinent Hélène Koscielniak. Selon l’autrice de Kapuskasing, l’écriture est ni plus ni moins que « la meilleure invention », comme elle le nomme d’emblée dans le titre du mot franco-ontarien 2025.

Hélène Koscielniak a publié plus d’une dizaine de livres pour les adolescents et les adultes. Crédit image : Tammy Chartrand

« J’aime la sensation d’un livre entre mes mains, sa forme, son odeur, ses couleurs. Avec le seul geste de décoder du regard les lettres à la vitesse de l’éclair, il permet d’entrer dans un milieu imaginé par un auteur ou une autrice. »

La prolifique autrice se rappelle aussi sa carrière d’enseignante et la responsabilité de transmettre l’écriture du français à la prochaine génération.

« À titre d’enseignante, je revois mes petits élèves apprenant à décrypter ces « dessins » qui sont maintenant appelés des lettres : m-m-m, maman. Cinq symboles qui représentent une femme qui a donné la vie. C’est vraiment toute une image! »

Elle parle ensuite de l’évolution technologique de l’écriture. Elle s’amuse du retour des symboles comme mode de communication, comparant les émojis aux hiéroglyphes.

Sa lettre d’amour à l’écriture évoque ensuite une inquiétude de voir l’IAG s’emparer de ses métiers.

« Bill Gates nous assure que dans dix ans, cette IA remplacera les professions de la médecine et de l’enseignement. La question que je me pose : qu’adviendra-t-il des écrivains et écrivaines? »

L’intégralité du mot franco-ontarien pour la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, ainsi qu’une version audio, sont disponibles en ligne.

Le droit d’auteur bafoué

Hélène Koscielniak fait partie des nombreux auteurs franco-ontariens qui ont vu leurs œuvres être utilisées sans consentement pour entraîner l’IAG de Meta. Ses romans Marraine et Frédéric, ainsi que son recueil de nouvelles On n’sait jamais à quoi s’attendre, se retrouvent dans la banque piratée Library Genesis, telle que partagée en mars par le magazine américain The Atlantic.

On y retrouve facilement des œuvres de plusieurs de ses pairs, dont les auteurs franco-ontariens bien connus Gabriel Osson, Didier Leclair, Jean Marc Dalpé, Marie-Thé Morin, Patrice Desbiens, Andrée Poulin, Blaise Ndala ou Michèle Vinet, pour ne nommer que ceux-là.

La question que je me pose : qu’adviendra-t-il des écrivains et écrivaines?
— Hélène Koscielniak dans le mot franco-ontarien de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur

Questionnée par ONFR au moment de la parution de l’enquête de The Atlantic, la présidente de l’AAOF, Marie-Josée Martin, se disait bien sûr préoccupée par la question. « Cependant, avec nos ressources humaines et financières limitées, nous ne sommes pas en mesure de creuser davantage le dossier et encore moins d’intenter un recours. »

Des demandes toujours en attente

L’AAOF, tout comme le Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC) et d’autres associations, réclame depuis plusieurs années une mise à jour de la Loi sur le droit d’auteur.

Les associations demandent entre autres d’annuler l’exception pour usage équitable à des fins d’éducation, ajoutée à la loi par le gouvernement de Stephen Harper, en 2012. Cette exemption a permis un désengagement des établissements d’enseignement face au contenu créé par les auteurs canadiens, selon le REFC.

En ce 23 avril 2025, le REFC, l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ), l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et Copibec ont conjointement réitéré cette demande de longue date dans un communiqué.

Ils demandent également au gouvernement canadien de mieux encadrer l’IAG.

« L’industrie de l’IAG doit cependant être soumise à de nouvelles exigences de transparence, de conception technologique l’empêchant de produire du contenu illégal, et d’étiquetage des résultats générés ou modifiés par l’IAG », rapporte la présidente de l’ANEL, Geneviève Pigeon.

Ski : Valérie Grenier veut redevenir « capable de viser le podium à chaque course »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Valérie Grenier est une skieuse alpine franco-ontarienne originaire de St. Isidore, en Ontario. Spécialiste du slalom géant et du super-G, elle a marqué l’histoire en devenant la première Canadienne à remporter un slalom géant en Coupe du monde depuis 1974, avec une victoire en 2023, un exploit répété en 2024.

LE CONTEXTE :

Victime d’une grave blessure la saison dernière, elle a fait son retour cet hiver en quête de son niveau d’antan, en vue des Jeux olympiques d’hiver, qui auront lieu l’année prochaine à Cortina en Italie.

L’ENJEU :

La skieuse revient sur sa saison et sur le retour progressif de ses sensations sur les skis, avant de se projeter sur sa préparation et l’année prochaine. 

« De manière générale, quel bilan tirez-vous de cette saison de retour de blessure? 

Quand je pense à la saison complète, je suis quand même fière de moi et contente de comment ça s’est passé. En même temps, on en veut toujours un peu plus, j’aurais peut-être pu faire un podium ou juste une couple de résultats meilleurs, mais avant la saison, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre et je pense que ça aurait pu être vraiment pire. 

Quels sont les grands moments de votre saison? 

J’étais vraiment contente d’avoir terminé cinquième de deuxième course à Are (Suède).  C’était une bonne course j’ai vraiment aimé comment j’ai skié. Je me suis sentie vraiment bien. il y a aussi les courses à Sestrières (Italie), surtout la deuxième avant de sortir j’avais vraiment de bonnes sensations.

J’étais en chemin pour un bon résultat puis, finalement, j’ai eu comme une chute mais c’était une bonne course pour moi. Il y a aussi eu ma quatrième place à Summering (Autriche) au début de la saison, j’ai terminé quatrième vraiment proche du podium, ça a été vraiment cool pour moi. 

En dernier, je dirais aussi ma huitième place à La Thuile (Italie) en super-G, c’était mon premier top 10 depuis 2019 (sur la discipline). C’était quand même fou! Ça m’a rendu vraiment fière, ça fait du bien d’avoir un bon résultat en vitesse.

L’annulation de Mont-Tremblant représente-t-elle la grosse déception  de votre saison?

Mon Dieu! Ne pas avoir pu faire la course à Tremblant m’a brisé le cœur. Je n’en revenais pas. J’ai tellement pleuré quand je l’ai appris. C’était certainement la plus grosse déception de la saison. J’ai déjà hâte d’être à la saison prochaine pour y retourner en espérant que la compétition ait lieu.

Comment avez-vous évolué mentalement au fil de la saison, avez-vous eu de l’appréhension pendant longtemps ou est-ce qu’elle s’est vite effacée?

C’est difficile à dire s’il y a eu un moment précis où l’appréhension a complètement disparu. Au début de la saison, j’en ressentais quand même pas mal, parce que j’avais un peu de mal à savoir comment les choses allaient se passer. J’avais du mal à me faire confiance, c’était une sensation un peu étrange. Mais petit à petit, de course en course, je me suis sentie un peu mieux. 

Cela dit, une petite crainte restait toujours en arrière-plan, comme si quelque chose manquait encore. Je n’ai jamais vraiment retrouvé le niveau de confiance que j’avais l’an passé, et je ne dirais pas que j’étais totalement épanouie.

Mais à partir des courses à Sestrières, j’ai senti un changement, une amélioration. Les choses commençaient enfin à se placer, je me sentais plus moi-même. Et à Are, j’ai vraiment retrouvé mon ski, avec presque plus d’appréhension du tout.

Quel est le programme à venir avant de débuter la saison prochaine, sur quoi allez-vous travailler?

Je devais initialement aller en Europe pour un camp de ski-testing avec Rossignol – cinq jours d’entraînement consacrés à tester différents modèles de skis – mais malheureusement, ça a été annulé. Du coup, mon prochain camp sera aux Deux Alpes, en France fin mai. On y restera environ trois semaines, jusqu’à la mi-juin, et ce sera un peu comme le vrai redémarrage de la saison.

L’objectif, ce sera d’en profiter pour m’entraîner intensément. Je me suis sentie de mieux en mieux au fil de la saison, donc j’ai le sentiment que je serai capable de supporter plus de volume cet été. Je vais aussi avoir eu une bonne période de repos d’ici là, ce qui va m’aider. On va surtout travailler le géant, mais je vais aussi faire un peu de vitesse, du super-G, et surtout me concentrer sur les bases tout en accumulant un gros volume de ski.

Quelles sont vos ambitions pour l’année prochaine? 

C’est sûr que les Jeux olympiques sont très présents dans mon esprit. Ils auront lieu en Italie, à Cortina, qui est un de mes endroits préférés. Rien que pour ça, je suis impatiente.

En ce moment, je me sens à une bonne place. Je sens que je progresse, que je suis sur une belle lancée, et ça me donne confiance pour arriver en pleine forme la saison prochaine. L’objectif, ce sera d’être une athlète capable de viser le podium à chaque course. C’est le plan qu’on a établi avec mes entraîneurs : être constamment parmi les meilleures.

En vitesse aussi, je veux poursuivre sur la lancée de cette saison. J’ai fait de belles avancées, et je crois sincèrement que je peux me hisser parmi les meilleures dans cette discipline également. Je ne sais pas encore à quel niveau exactement, mais c’est clairement mon ambition. »

Vox pop : Une guerre commerciale dans votre assiette

Lors des présentes élections fédérales, la guerre commerciale lancée par Donald Trump frappe directement les agriculteurs canadiens. Tandis que les chefs proposent des solutions, les citoyens, eux, achètent local. À quelques jours du scrutin, la question est claire : qui saura tenir tête au président américain? La journaliste Rachel Crustin va à la rencontre des agriculteurs francophones de l’Est ontarien, dans le but de mieux expliquer la situation.

Les partis fédéraux croisent le fer dans un débat sur la francophonie canadienne

élection, canada, élections

OTTAWA —  Des représentants des partis fédéraux ont échangé pendant 60 minutes dans un débat portant sur les enjeux en français mardi soir où les libéraux ont défendu leur bilan des dix dernières années. Retrait du poste des ministres des Langues officielles, les garderies en français, l’immigration francophone et le rôle de Radio-Canada ont donné lieu à des échanges corsés et parfois cacophoniques entre les représentants des partis.

Animé par le chef d’antenne du téléjournal d’Ottawa-Gatineau, Mathieu Nadon, l’affrontement politique a eu lieu au Centre national des Arts, à Ottawa entre les cinq différents candidats :

  • Steven MacKinnon, Parti libéral du Canada
  • Joël Godin, Parti conservateur du Canada
  • Martin Champoux, Bloc québécois
  • François Choquette, Nouveau Parti démocratique
  • Jonathan Pedneault (co-chef), Parti vert du Canada

De gauche à droite, Martin Champoux (Bloc québécois, Joël Godin (Parti conservateur), Jonathan Pedneault (Parti vert), Steven MacKinnon (Parti libéral) et François Choquette (NPD). Photo : Olivier Plante/ Radio-Canada

Le ministre sortant Steven MacKinnon a souvent eu à défendre le bilan de son parti, mais a réservé sa principale attaque « sur la promesse solennelle de M. Poilievre » de mettre fin au financement de la CBC, ce qui a mis Joël Godin sur la défensive dans cette portion du débat.

« Vous menacez la survie de Radio-Canada et jamais on ne va vous permettre de faire ça », a haussé le ton M. MacKinnon, lançant des « jamais jamais jamais , tout en pointant du doigt son homologue conservateur.

« Vous êtes essentiel pour les communautés francophones en milieu minoritaire et Pierre Poilievre a toujours dit ça et il va toujours le défendre », a répliqué le candidat conservateur en s’adressant à l’animateur du radiodiffuseur public.

Supprimer le financement public du pendant anglophone du diffuseur public et penser que ça ne toucherait pas Radio-Canada est « une lubie qui va coûter encore plus cher », démontrant que « les conservateurs ne sont pas forts en mathématiques », a abondé le député bloquiste Martin Champoux.

Poilievre veut atteindre 20 % d’immigration francophone

Pierre Poilievre aurait d’ailleurs assuré à la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) qu’un gouvernement conservateur viserait jusqu’à 20 % d’immigration francophone « sur l’ensemble du Canada », a révélé Joël Godin. Cet engagement est absent de la plateforme conservatrice dévoilée mardi matin. Les partis ont mentionné l’objectif de rétablir le poids démographique des francophones hors Québec au même niveau qu’en 1971 (6,1 %).

Les libéraux ont promis d’augmenter la cible francophone hors Québec à 12 % d’ici 2029, a mentionné Steven MacKinnon. Pour François Choquette, il faut donner « la priorité à avoir des travailleurs de la santé et de l’éducation » dans le but d’atteindre cette cible de 12 % alors que pour Jonathan Pedneault, « on est encore bien en deçà de ce qui est nécessaire pour assurer une augmentation de la population francophone ».

La question d’une immigrante en provenance de Sudbury nommée Marguerite Mbonimpa sur les services à l’emploi en immigration lui a valu des remerciements des candidats, à l’image du conservateur Joël Godin soutenant que « des Marguerite, on en prendrait plusieurs partout au Canada parce que nos communautés ont besoin de ces Marguerite-là ».

Pas de ministre des Langues officielles

Steven MacKinnon a d’ailleurs dû défendre la décision de son chef de supprimer la fonction de ministre des Langues officielles soutenant que Steven Guilbeault est « le ministre des Langues officielles aujourd’hui », mais il n’a pas voulu s’engager sur un retour possible du poste sous un éventuel gouvernement Carney.

« Il ne veut pas répondre », a accusé Joël Godin.

Le député conservateur sortant Joël Godin. Photo : Olivier Plante/Radio-Canada

Plus de services de garderies en français

Sur une question portant sur l’augmentation des places de garde en français hors du Québec, Steven MacKinnon a défendu les ententes sur les garderies à 10 $ au pays conclues par son gouvernement, rappelant que les accords « garantissent des places francophones en garderies ».

« Il n’y a que 23 % des besoins qui sont comblés présentement », a répliqué François Choquette, qui soutient que l’enjeu va s’empirer, car les libéraux vont « couper des milliards dans le prochain budget alors que le NPD va aller chercher de l’argent ».

« Où sont les résultats, M. MacKinnon? », a lancé Jonathan Pedneault, accusant les libéraux de « laisser la place aux provinces sans avoir de réelles conditions ».

Quelques citations en rafales : 

« C’est un drame pour ces institutions au niveau financier, c’est de l’hypocrisie libérale. » – Joël Godin au sujet du plafond des étudiants étrangers imposés aux institutions postsecondaires.


« On sait que ce n’est pas parfait, mais on cherche tous les jours des améliorations. Mais oui, la haute fonction publique se doit d’être bilingue. » – Steven MacKinnon sur le bilinguisme dans la haute fonction publique.

Steven MacKinnon est un ancien ministre et député de Gatineau. Photo : Olivier Plante – Radio-Canada

« Les besoins sont énormes, que ce soit Air Canada ou le CN (Canadien National), etc., on a vu de grandes difficultés… Ça va être le temps d’avoir un commissaire qui montre son mordant. » – Le candidat du NPD François Choquette sur la nomination du prochain commissaire aux langues officielles.


« On a besoin d’accentuer la production télévisuelle en français et pas juste au Québec. On a aussi une réalité francophone hors Québec qui est très peu présente dans les médias nationaux. » – Jonathan Pedneault, le co-chef du Parti vert sur la découvrabilité du contenu en français


« Le Québec a des particularités qui doivent être défendues et portées et qui ne peuvent pas l’être si on n’est pas bien représenté par des députés du Bloc québécois à Ottawa. On ne parle pas d’aller se mettre en confrontation avec le gouvernement fédéral pour ensuite avoir l’air désuni face à une négociation devant le gouvernement américain. » – Martin Champoux, questionné sur si la souveraineté du Québec représente une menace à l’unité canadienne face aux États-Unis.

Un Franco-Ontarien à Canada’s Got Talent

Le Mathémagicien Mikael Taieb sera de l’émission Canada’s Got Talent (CGT) ce mardi. Son audition sera diffusée à 20 h sur les ondes de CityTV. Au-delà de la compétition, l’artiste, pédagogue et conférencier souhaite profiter de la vague pour faire grandir sa carrière et inspirer les jeunes à croire en leurs rêves. ONFR s’est entretenu avec lui avant la diffusion.

C’est dans son salon de Kleinburg (secteur de Vaughan, dans la région de York), en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, que Mikael Taieb découvrira en même temps que tout le monde les images de son numéro, enregistré précédemment.

« Je suis assez stressé, parce que j’ai été très content de mon passage. Maintenant, j’attends de voir comment les gens vont réagir. J’ai très hâte de voir la réaction sur les réseaux sociaux. »

Portrait officiel de Mikael Taieb à Canada’s Got Talent. Photo : CityTV

Passionné de Cubes Rubik depuis son enfance, Mikael Taieb est allé jusqu’à en créer une nouvelle forme d’art, qui se nourrit de mathématiques pour devenir magie. L’audience est subjuguée non seulement par la vitesse, mais aussi par la créativité qui peut émaner de cet objet que possèdent, selon lui, plus de la moitié des enfants ontariens.

« Les choses que je présente ce soir sont des numéros uniques, jamais vus auparavant, dans aucune télévision. Je suis le seul au monde à présenter ce que je présente ce soir, » affirme le créateur du Mathémagic Show.

S’il ne peut rien divulgâcher de sa performance en audition, le Franco-Ontarien se décrit comme un compétitif dans l’âme. « J’ai besoin d’abord de me prouver des choses à moi-même et de voir où je me tiens au niveau national et international. C’est quelque chose qui m’a toujours motivé, de voir mon niveau. (…) Je ne me lance jamais à moitié dans quelque chose. »

Retrouver sa dextérité après un AVC

Son élan a pourtant été freiné il y a cinq ans. Mikael Taieb a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui a paralysé son visage et une partie de sa main, l’obligeant à rester à l’hôpital plusieurs mois.

 « J’avais perdu toute la dextérité, la mémoire, même la parole. Ça a été assez compliqué pour moi. Tout ce que j’avais pu acquérir pendant plus de 20 ans de scène… tout d’un coup, on perd tout et on est obligé de tout réapprendre. »

Un moment aussi éprouvant pour sa conjointe, alors que le couple venait tout juste d’accueillir son deuxième enfant.

Le Franco-Torontois Mikael Taieb aux auditions de Canada’s Got Talent. Photo : CityTV

Si le défi s’avérait particulièrement compliqué, M. Taieb croit tout de même que son histoire de longue date avec les Cubes Rubik lui a permis de retrouver sa motricité. Aujourd’hui, celui qui est aussi enseignant raconte cette histoire dans ses conférences et ses ateliers dans les écoles de l’Ontario et d’ailleurs.

« C’est aussi pour montrer à mes élèves et à la future génération que peu importe les obstacles que vous avez dans la vie, il y a toujours une solution. Il faut se battre. Et il y a toujours moyen de réussir, même si on n’entre pas dans les cases. »

Une somme à faire rêver

Le grand gagnant de la saison de CGT remportera un million de dollars. Ce montant pourrait permettre à Mikael Taieb de développer une idée qui le travaille depuis longtemps.

Il aimerait ouvrir un musée pour enfants qui reprendrait les valeurs qu’il veut déjà transmettre dans ses conférences et spectacles. Un environnement propice à l’apprentissage, qui comprendrait entre autres une académie du Cube Rubik et différentes activités autour des mathématiques et de l’estime de soi.  

Au fil du temps, il aimerait même ouvrir plusieurs musées de ce genre, « que ce soient des lieux où les jeunes peuvent venir sans écrans, développer leur cerveau (…) avec des techniques et des outils que j’ai développés depuis plus de 20 ans. »

Mikael Taieb mêle la magie, les mathématiques, l’art et les cubes Rubik pour tenter de convaincre les juges de Canada’s Got Talent. Photo : CityTV

À plus court terme, l’artiste de variété souhaite surtout faire connaître son produit à plus large échelle. « On sait ce qu’est un magicien, un danseur, un chanteur, un acrobate… Comme je suis le seul dans ma catégorie, je dois créer ces codes-là. Ce genre d’émission est extrêmement important pour moi (…) C’est une visibilité extraordinaire et un accélérateur. »

Le Mathémagic Show est présenté en résidence toute l’année à l’Alliance française de Toronto, en plus de pouvoir se déplacer dans les écoles et les salles de partout au pays. Peu importe l’issue de la soirée et de la saison, Mikael Taieb souhaite profiter de la vague Canada’s Got Talent pour remplir son agenda.

Proposition originale, histoire de détermination et beaucoup d’ambition : Mikael Taieb semble posséder la recette du succès de ce genre de compétition télévisée. Reste à savoir si les ingrédients se mélangeront bien dans l’esprit du public et des juges Howie Mandel, Shania Twain, Katherine Ryan et Kardinal Offishall.

Les conservateurs dévoilent leur plateforme électorale

élection, canada, élections

Les conservateurs ont dévoilé ce mardi leur plateforme électorale, dans laquelle ils promettent d’économiser 1 milliard de dollars par an en définançant la CBC et d’augmenter les échanges linguistiques pour les jeunes Canadiens, sans toutefois équilibrer le budget à l’intérieur d’un mandat.

En matière de francophonie et de langues officielles, le document électoral dévoilé par Pierre Poilievre reprend les grandes lignes de la plateforme québécoise rendue publique au début de la campagne. Une nouveauté au coût de 75 millions de dollars s’ajoute : elle consisterait à doubler le nombre de places d’échange linguistique, ce qui permettrait à 10 000 jeunes « qui n’en auraient pas les moyens de faire le pont entre les deux solitudes et de renforcer nos deux langues officielles ».

S’il n’est pas précisé dans la plateforme de quel programme il s’agit, il existe actuellement des programmes de Patrimoine canadien qui permettent à des jeunes du secondaire ou du postsecondaire de passer plusieurs semaines en stages immersifs. Parmi eux, le programme Explore permet à des anglophones d’aller au Québec et vice-versa pendant un mois dans le cadre d’un programme d’immersion intensif pour l’apprentissage d’une langue seconde.

Parmi les autres mesures annoncées, un gouvernement Poilievre reconnaîtrait que la langue française est « en déclin et doit être protégée », en plus de « s’engager à collaborer avec la francophonie canadienne pour protéger et faire la promotion de la langue française ». Les conservateurs s’engagent aussi à nommer un gouverneur général parlant le français et l’anglais en plus de maintenir le financement pour la culture francophone.

Ils affirment en outre que la fin du financement public pour la CBC permettrait de maintenir les services de Radio-Canada au pays.

« La CBC peut se financer avec ses propres revenus, avait affirmé le leader conservateur plus tôt dans la campagne pour justifier cette coupure de 1 milliard de dollars par année. Le gouvernement devrait faire simplement ce que le marché ne peut pas (faire). Le marché ne va jamais fournir un service exclusivement en français aux gens dans les communautés francophones à travers le Canada. Il y a un rôle pour l’État pour défendre l’information en français. »

Principales mesures économiques

La plateforme conservatrice mise dans un premier mandat sur la réduction des programmes fédéraux qui permettrait de récolter 23,2 milliards de dollars en revenus nets, alors que 21 milliards seraient générés en nouveaux revenus nets, projettent-ils. Le déficit passerait donc de 31 milliards en 2025-2026 à 14 milliards en 2028-2029, soit une réduction de 70 %, soutient l’opposition officielle, lors de la dernière session parlementaire. Les conservateurs soulignent aussi qu’ils maintiendraient les actuels programmes pour les soins dentaires, les garderies et l’assurance-médicaments.

Si élus, les conservateurs couperaient près de 55 milliards dans les dépenses publiques sur quatre ans. L’État canadien sauverait sous un gouvernement de Pierre Poilievre 4 milliard avec le définancement de CBC, 9,5 milliards sur quatre ans dans l’aide étrangère « aux régimes hostiles et aux bureaucraties mondiales », 10,5 milliards en consultants externes dès 2028-2029, 4,3 milliards en réduisant le nombre de fonctionnaires par « l’attrition naturelle et des départs à la retraite ». 

L’une des principales promesses, soit de réduire de 15 % à 12,75 % la première tranche d’imposition, serait étalée dans le temps pour un coût de 14 milliards par année seulement dès 2028-2029. Par ailleurs, un projet de loi serait déposé pour que toute nouvelle taxe fédérale ou toute augmentation d’impôt doive passer par un référendum auprès des contribuables.

La suppression de la TPS sur les logements neufs de moins de 1,3 million de dollars priverait le fédéral de 7,7 milliards en revenus sur quatre ans, mais les conservateurs estiment que la construction de logements supplémentaires sur la même période rapporterait 12,8 milliards pour un bénéfice net de près de 5,1 milliards. Les recettes des contre-tarifs canadiens sur les produits américains seraient aussi utilisées pour financer les mesures conservatrices de réduction des taxes et impôts.

Médecine primaire : le plan ontarien oublie-t-il les francophones?

TORONTO – Tous les Ontariens auront accès à un médecin de famille d’ici 2029. C’est en tout cas l’objectif du gouvernement qui a mis sur la table 1,8 milliard de dollars pour rejoindre 2 millions de personnes dépourvues de médecin. Dès cette année, 80 équipes de santé primaire seront renforcées, 300 à terme. En première ligne, les centres de santé communautaires francophones tentent de se positionner, alors qu’aucune cible linguistique n’est clairement établie.

« Il n’y a rien dans ce plan-là qui regarde l’aspect linguistique, estime Diane Quintas, directrice générale du Réseau mieux-être francophone du Nord, une entité de planification des services de santé en français.. L’idée que chaque individu aurait accès à des services de santé d’ici cinq ans est bien noble, mais quand on regarde le Nord de l’Ontario et qu’on ajoute la composante francophone, j’ai de la misère à comprendre comment on va y arriver quand les médecins sont déjà surchargés et qu’il n’y en a pas assez »,

Et cette question, beaucoup se la posent partout ailleurs en Ontario, alors que la Dre Jane Philipott a adopté une approche par code postal dans son appel de propositions. À la tête d’une équipe d’action, l’ancienne ministre fédérale de la Santé mandatée par Doug Ford veut mettre un terme à la médecine de couloir et instaurer des soins de proximité.

Mais le concept de quartier ne fonctionne pas toujours pour les francophones, une population souvent éparpillée, de l’avis de plusieurs responsables de centres de santé à travers la province, structurés selon un schéma régional.

Diane Quintas, directrice générale du Réseau mieux-être francophone du Nord, une entité de planification des services de santé en français. Photo : gracieuseté

Ce qui est valable pour le Nord, l’est aussi pour l’Est. En l’absence de critère linguistique dans la répartition des subventions provinciales, Marc Bisson, le directeur général du Centre de santé communautaire de l’Estrie, est parvenu à décrocher un financement dans une phase précédente du plan ontarien en se regroupant avec d’autres centres (anglophones). Cette approche commune lui a permis d’obtenir 1,2 million de dollars pour son organisme, débloquant l’embauche d’un médecin et de quatre infirmières praticiennes. La liste d’attente du centre – qui atteint 3500 personnes – devrait ainsi dégonfler du tiers.

« On a reçu ce financement par accident (car) il n’y a pas de stratégie provinciale pour la francophonie avec ces sous-là », confirme-t-il. Dans son appel de propositions, le ministère de la Santé se contente en effet d’édicter une série de principes, dont celui de l’équité sur le plan culturel et linguistique.

Les équipes Santé Ontario, des alliés à convaincre

Sans critère contraignant, les centres de santé doivent donc déployer d’autres arguments dans cette course aux financements. Au Centre francophone du Grand Toronto (CFGT), Marie-Ève Ayotte mise ainsi sur une bonne relation avec les équipes Santé Ontario, principales intermédiaires entre les acteurs de santé communautaires et le ministère, détenteur des fonds.

« On a l’appui des équipes Santé Ontario », affirme la directrice des Services de soins primaires, santé mentale et développement de l’enfance qui a « la sensation qu’on est entendu du gouvernement, dans un mouvement qui priorise beaucoup les pratiques touchant les autochtones, les francophones et les populations racisées » (ces dernières représentant les deux tiers des clients du CFGT).

Marie-Ève Ayotte, directrice des Services de soins primaires, santé mentale et développement de l’enfance du CFGT, Marc Bisson, directeur du Centre de santé de l’Estrie, et France Vaillancourt, directrice générale du Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara. Photo : gracieuseté

Avec cette opportunité de financement, le Centre francophone du Grand Toronto espère diminuer lui aussi sa liste d’attente, d’autant que ses deux sites sont concernés par la plus récente ronde de soumissions. Mme Ayotte esquisse deux scénarios envisageables pour soigner les Franco-Torontois au plus près de chez eux : « soit augmenter la capacité des sites actuels, soit en ouvrir d’autres, en fonction de là où proviennent les demandes de services. »

Dans une ville où résident 77 000 francophones, les trois médecins de famille du centre gèrent chacun 300 à 500 patients, appuyés par deux infirmières praticiennes et une infirmière navigatrice qui contribuent à désenfler les listes d’attente.

« On devrait identifier les francophones comme une clientèle prioritaire »
— Marc Bisson , directeur général du Centre de santé de l’Estrie

Les centres de santé communautaires dépendent donc largement de leur relation avec les équipes Santé Ontario et leur enclin à accorder une place plus ou moins grande aux services en français.

La directrice générale du Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara, France Vaillancourt, décrit un système « laissé au leadership des équipes Santé Ontario, dont certaines sont plus engagées que d’autres sur les services en français, suivant leur niveau de maturité. On est chanceux dans notre région que les deux équipes avec qui on collabore soient assez fortes et utilisent une lentille francophone importante depuis leur création. »

La Dre Jane Philpott dirige l’Équipe d’action pour les soins primaires de l’Ontario. Photo : La Presse canadienne/Darryl Dyck

Mais ce n’est pas le cas partout. C’est pourquoi M. Bisson plaide pour plus d’équité linguistique : « Dans ce type de financement, on devrait identifier les francophones comme une clientèle prioritaire. Un des critères, par exemple, devrait être d’avoir une capacité d’offrir des services en français dans les régions désignées et de cibler autant que possible des organisations qui ont ces capacités. »

Et de poursuivre : « On applaudit ce financement parce que ça fait des dizaines d’années qu’on n’en avait pas eu autant dans les soins primaires en Ontario. 1,8 milliard, c’est beaucoup mais insuffisant pour rattraper un retard qu’on a créé de toutes pièces en investissant seulement dans les hôpitaux et les soins de longue durée. Il nous faut la première ligne la plus solide possible. »

Le recrutement, l’autre casse-tête

Une fois les financements en poche, un autre défi commencera pour les centres de santé : le recrutement d’un personnel qualifié bilingue. Malgré des formations mises en place par le gouvernement pour notamment accroître le nombre d’infirmiers sur le marché de l’emploi, attirer des professionnels demeure un enjeu capital.

Mme Quintas croit que l’Ontario ne pourra pas faire l’économie de l’identification du personnel francophone. Trop de professionnels bilingues ne sont pas identifiés, souligne-t-elle, tandis que « de l’autre côté de la médaille on attend encore l’identification des patients francophones par la carte santé », une demande réitérée en janvier dernier par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Elle craint que les gens du Nord éloignés des grands centres soient les grands perdants de ce système dans lequel « rien n’assure que les patients seront jumelés avec des pouvoyeurs de services francophones ».

Depuis 2018, de source gouvernementale, l’Ontario a ajouté plus de 15 000 nouveaux médecins à sa main-d’œuvre du secteur de la santé, y compris une augmentation de 10 % des médecins de famille.

Le ministère de la Santé, qui a décliné notre demande d’entrevue avec la Dre Philpott, affirme que les services en français seront bien pris en compte.

Dans un échange de courriels avec ONFR, l’un de ses responsables de la communication, WD Lighthall, souligne des « investissements historiques pour mettre sur pied de nouvelles équipes pour servir les communautés francophones » ainsi qu’un investissement de plus de 1,6 million de dollars pour « élargir la formation de la main-d’œuvre bilingue et améliorer la navigation dans les différents services ».

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’affaires francophones, France Gelinas, qualifie au contraire de « belle annonce électorale » le plan gouvernemental. « Il n’y a aucune idée là-dedans pour s’assurer que les francophones aient leur juste part. L’équité d’accès n’est pas prise en considération. On n’existe pas », reste convaincue l’élue du Nord.

Avec la collaboration d’Inès Rebei.

Pouvoirs de « maires forts » : prudence dans l’Est ontarien

L’Ontario s’apprête à étendre les « pouvoirs de maires forts » à 169 municipalités supplémentaires dès le 1er mai. Ces mesures qui visent à accélérer la construction de logements et d’infrastructures suscitent des réactions partagées chez des élus de l’Est ontarien.

« Entre les mains d’un leader instable, ces pouvoirs pourraient poser problème. » C’est en ces termes que le maire de Clarence-Rockland, Mario Zanth, a réagi à l’annonce du gouvernement ontarien d’étendre les pouvoirs de 169 maires supplémentaires à compter du 1er mai prochain.

Selon lui, ces pouvoirs peuvent avoir des effets positifs ou négatifs, « tout dépend du contexte politique, des élections, et de la stabilité du leadership », affirme-t-il.

Parmi les nouvelles prérogatives, le fait de pouvoir congédier un directeur général ou des directeurs sans passer par le conseil municipal l’inquiète particulièrement. « Un maire pourrait, par exemple, en profiter pour placer un ami à un poste », explique-t-il, ajoutant que le droit de veto sur un budget est également problématique.

En revanche, il reconnaît des aspects positifs, notamment l’autorité de créer des comités pour favoriser la participation citoyenne.

Interrogé sur l’éventualité de recourir à ces pouvoirs, M. Zanth se montre prudent : « Je ne les rejette pas, mais j’espère ne pas avoir à m’en servir, justement parce que tout fonctionne bien actuellement. »

Clarence-Rockland, une municipalité de plus de 26 000 habitants à majorité francophone, dispose selon lui d’un conseil uni et d’une administration professionnelle. « Les choses fonctionnent correctement. Je ne vois donc pas, pour le moment, la nécessité d’avoir recours à ces pouvoirs. »

À Champlain, un comté de moins de 2000 habitants, le maire Normand Riopel partage le même point de vue. « Je suis en politique depuis 33 ans et j’ai toujours privilégié le travail d’équipe. C’est ainsi que je compte continuer à fonctionner », assure-t-il.

Il insiste sur l’importance de la prise de décision collective. « J’ai un bon conseil municipal, il y a une belle harmonie entre les membres. Les décisions se prennent collectivement, pas individuellement, peu importe les pouvoirs qu’on détient. »

Normand Riopel, maire de Champlain, insiste sur l’importance de la prise de décision collective. Photo : gracieuseté

Pour lui, la réforme vise surtout à débloquer certaines situations. « La province met en place un mécanisme au cas où un conseil municipal s’opposerait au développement ou aux investissements en infrastructures. »

Mais il doute de la pertinence de ces mesures dans une petite municipalité comme la sienne : « Ces pouvoirs peuvent être utiles dans de grandes villes avec plusieurs secteurs. Mais chez nous, à Champlain, ça ne change pas grand-chose. »

En effet, les « pouvoirs de maires forts » ont été introduits en 2022 à Toronto et Ottawa. À ce jour, 47 municipalités en bénéficient. L’extension prévue en mai portera ce nombre à 216.

À Cornwall, ville de 48 000 habitants où environ un quart de la population est francophone, le maire Justin Towndale adopte une approche nuancée. « Je ne peux pas dire aujourd’hui avec certitude si je les utiliserai ou non, car cela dépendrait de la situation. Les pouvoirs sont globalement limités et ne peuvent être utilisés que dans le cadre des priorités provinciales identifiées, comme le logement. »

Selon Justin Towndale, Cornwall est confrontée à une crise du logement. Photo : gracieuseté

Il poursuit : « S’il est possible d’accélérer la construction de logements, j’envisagerai de le faire, car nous sommes confrontés à une crise du logement. »

Pour lui, ces nouveaux outils doivent être maniés avec discernement. « Ces pouvoirs sont destinés à être utilisés comme un instrument fin plutôt que brutal. La véritable marque d’un dirigeant, c’est de savoir quand les utiliser… ou pas. »

Hockey : le retour en séries des Sénateurs vu par un spécialiste et partisan franco-ontarien

OTTAWA – Huit ans après leur dernière participation aux séries éliminatoires de la LNH, les Sénateurs d’Ottawa sont de retour en phase finale où ils affronteront leur rival torontois, les Maple Leafs. Jean-Philippe Forgues, partisan franco-ontarien de l’équipe ottavienne et spécialiste de hockey pour le balado La Brigade, partage son ressenti sur la série à venir, mais aussi sur la saison écoulée. 

L’attente fut longue pour les partisans ottaviens, mais ils aperçoivent enfin le bout du tunnel. Ce dimanche 20 avril, les Sénateurs d’Ottawa retrouvent les séries éliminatoires de la LNH face à leurs voisins les Maple Leafs de Toronto pour la Bataille de l’Ontario! 

Pour l’animateur franco-ontarien de La Brigade, c’est à la fois un sentiment de bonheur, mais aussi de soulagement de voir son équipe retrouver la phase éliminatoire. 

« De la joie, mais aussi, quand même, un sentiment de ‘on était dû’. Ça fait plusieurs années qu’on se dit que s’ils ne sont pas en séries ou qu’ils en sont loin, on va être déçus’. Ça faisait deux, trois ans, que c’était un peu cette situation-là. »

De poursuivre : « L’excitation est là, la ville est emballée. On a vu le Mille des Sens qui a été inauguré cette semaine avec Michael Andlauer et le maire d’Ottawa. C’est une rue à Ottawa qui devient, pendant les séries, le Sens Mile. C’est aussi excitant que ce soit contre Toronto. » 

Le passé inversé

Historiquement, les deux équipes se sont rencontrées quatre fois en cinq ans dans les années 2000. À cette époque, Ottawa était le favori avec des joueurs plus talentueux, tandis que Toronto était plutôt l’équipe besogneuse qui la battait grâce à sa combativité. 

« Un peu ironiquement, cette année, c’est un peu le contraire, souligne le spécialiste franco-ontarien qui croit en la qualification des Ottaviens. Toronto sur le papier, c’est plein de talent, mais dans la vraie vie, il y a quelque chose qui semble manquer en séries. Je ne suis pas certain qu’ils ont nécessairement réglé le problème cette année encore. »

Une élimination du voisin torontois, qui a terminé champion de la division Atlantique et deuxième meilleur bilan de la conférence de l’Est (52 victoires et 30 défaites, 101 points), ferait figure de véritable exploit pour les Sénateurs (45 victoires, 37 défaites, 91 points), quatrièmes de cette même division et sixièmes à l’Est. Pourtant, Jean-Philippes Forgues croit que son équipe peut le faire.

« Les Sénateurs ont gagné trois matchs sur trois cette année contre les Maple Leafs. Est-ce que ça veut dire quelque chose? Non, parce qu’en série, on recommence à zéro. Mais je pense que le style des Sénateurs est un style qui peut être capable de battre celui des Maple Leafs en séries. Évidemment, il faudra que tout se passe comme il faut. »

Les partisans ottaviens sont dans une situation idéale mentalement. Si Toronto l’emporte, ce sera une élimination logique et attendue, donc une déception moindre. Si les Sens passent, l’exploit sera retentissant et viendra ponctuer une saison de reconstruction qui aura enfin souri à la franchise de la capitale fédérale. 

Inépuisable Claude Giroux

Du côté franco-ontarien, la légende Claude Giroux a tenu son rang et son rôle avec 81 matchs disputés à 37 ans et un total de 50 points (15 buts et 35 assistances). 

« C’est assez rare les joueurs qui jouent leurs 82 matchs dans une saison à cet âge-là. Depuis qu’il est à Ottawa, Claude Giroux a joué 82 matchs lors de ses deux premières saisons, explique Jean-Philippe Forgues. Cette année, il a manqué la première fois un match avec les Sénateurs, l’autre jour contre les Blackhawks, non pas parce qu’il était blessé, mais simplement parce que le coach voulait le reposer. C’est assez impressionnant. C’est sûr que sa production baisse un peu, mais Claude Giroux, c’est le co-capitaine de cette équipe-là. C’est un mentor pour beaucoup de jeunes joueurs. »

Il poursuit : « S’il a besoin de crier après quelqu’un, il le fait, il ne se gêne pas. Il est là quand ça compte.  Claude Giroux continue d’être lui-même dans tout ça. »

Le spécialiste de la Brigade avait émis des doutes en début de saison sur la suite de la carrière de Giroux avec les Sénateurs. Il craignait un départ du joueur emblématique de la franchise à la date limite des transactions, si l’équipe n’était pas compétitive. 

Finalement, le scénario ne s’est pas produit, mais il a fallu tout de même attendre la toute fin de saison pour valider la qualification en séries tant attendue. 

« Cette saison a vraiment été faite de hauts et de bas, on a vraiment su qu’on avait des chances de se qualifier, deux semaines avant la fin. Toute la saison, on a alterné entre ‘on est de retour, on n’y est pas, on est de retour’, etc. »

Retour de l’engouement pour l’équipe?

L’autre problématique, en dehors l’irrégularité des résultats, c’est la fréquentation du centre Canadian Tire face aux rivaux historiques. L’aréna d’Ottawa voit depuis plusieurs années un afflux massif de partisans adverses lors des matchs face à Toronto et Montréal, de sorte que l’équipe ne se sente pas à domicile lors de ces rencontres. 

L’animateur de La Brigade tente d’expliquer ce phénomène : 

« Dans la région d’Ottawa-Gatineau, il y a beaucoup de partisans de Toronto et de Montréal. Ces équipes sont là depuis beaucoup plus longtemps qu’Ottawa. D’un point de vue communication, marketing, personnellement, je trouve que les Sénateurs n’ont pas fait le travail… Le bassin de partisans aurait pu être plus grand qu’il l’est présentement. L’autre facteur, c’est ce phénomène qu’on retrouve partout avec les détenteurs de billets de saison qui revendent leurs places à gros prix. »

S’il conçoit que ce n’est pas agréable d’aller soutenir son équipe et de se retrouver dans une aréna acquise à la cause de l’adversaire, il est difficile pour Jean-Philippe Forgues de trouver une solution : « Tu ne peux pas empêcher les gens d’acheter des billets ». 

Il espère malgré tout que le retour en séries parviendra à recréer un engouement autour de l’équipe. Les Sénateurs d’Ottawa accueilleront au minimum les matchs 3 et 4 au Centre Canadian Tire, les 24 et 26 avril ainsi que le match 5 le 29 avril, si nécessaire. 

Pour une analyse plus pointue de la saison et de la série à venir, La Brigade a sorti un épisode d’une heure et 20 minutes, qui revient sur la saison et se penche sur la série. Jean-Philippes Forges et toute son équipe seront également en direct sur la page YouTube de l’émission après chaque match face aux Leafs pour analyser à chaud ces rencontres tant attendues. 

Plateforme libérale : une cible d’immigration francophone de 12 % d’ici 2029 

OTTAWA — Si élu, un gouvernement de Mark Carney s’engage à atteindre un seuil de 12 % d’immigrants francophones hors Québec d’ici 2029, à aider davantage les entrepreneurs francophones et à élargir le programme de contestation judiciaire dans sa plateforme chiffrée dévoilée ce samedi.

Les libéraux ne précisent pas à quelle année ils s’engagent à atteindre ce plateau de 12 %, mais assurent qu’ils rempliront cette demande de longue date des organismes de la francophonie canadienne d’ici les quatre prochaines années. À l’heure actuelle, les cibles projetées sont de : 8,5 % en 2025, 9,5 % en 2026, 10 % en 2027 et les libéraux signalent que leur nouvelle promesse signifierait une augmentation de 20 % vis-à-vis des cibles actuelles. 

Les troupes de Mark Carney soutiennent que l’augmentation de la cible permettra de soutenir « les entrepreneurs des communautés de la langue officielle en situation minoritaire qui cherchent à agrandir leurs entreprises ».

En plus de cet engagement, chaque année après 2027, les libéraux plafonneraient toute augmentation de l’immigration permanente à moins de 1 % de la population canadienne. De 2025 à 2027, le plan des niveaux d’immigration se chiffre à 395 000 en 2025, 380 000 en 2026 et 360 000 en 2027.

« On va bâtir un système d’immigration dans lequel les Canadiens peuvent avoir confiance », a dit le chef libéral en conférence de presse samedi matin à Whitby.

À noter qu’aucune promesse libérale concernant les langues officielles ne comporte d’engagement financier. Un gouvernement Carney s’engagerait aussi à « continuer à investir dans des espaces communautaires » et à promouvoir « l’enseignement du français partout au Canada », notamment avec la création d’une bourse pour les étudiants du postsecondaire en milieu minoritaire.

Se définissant comme le parti de la « Charte des droits et libertés », les libéraux s’engagent à « élargir le Programme de contestation judiciaire » sans toutefois préciser plus.

La plateforme libérale comporte aussi son engagement précédemment annoncé d’augmenter le financement de CBC/Radio-Canada. La formation politique propose d’aller plus loin en déposant une loi pour protéger son financement en le rendant statutaire.

« Pierre Poilievre veut effacer 90 ans d’histoire, de culture et de fierté canadiennes. Il veut se débarrasser d’un pilier essentiel de la protection et de la promotion de notre culture et de la langue française », est-il écrit dans la plateforme.

Déficit : un portrait similaire au gouvernement Trudeau

Le portrait des finances d’un gouvernement Carney dans les prochaines années suit une trajectoire similaire à ce que le précédent gouvernement Trudeau projetait avec des déficits à l’encre rouge :

Déficit projeté sous un gouvernement Carney :

  • 2025-2026 : 62,8 $ milliards
  • 2026-2027 : 59,9 $ milliards
  • 2027-2028 : 54,8 $ milliards
  • 2028-2029 : 47,8 $ milliards

Le chef libéral s’est défendu d’avoir des dépenses aussi élevées que son prédécesseur, soutenant qu’il « s’agit d’une plateforme chiffrée et très prudente » et qui va « créer de la croissance ».

« Si, il y a un grand changement, a-t-il répondu. On utilise le mot dépense, mais ce ne sont pas des dépenses, car la plupart des dépenses de notre plateforme sont pour des investissements. Ce ne sont pas des dépenses opérationnelles. Ce sont des dépenses qui vont créer des actifs surtout dans le secteur privé », a-t-il affirmé.

Mark Carney est en Ontario ce samedi, lui qui doit se rendre à Newcastle et tenir un rassemblement à Peterborough en début d’après-midi. Crédit image : THE CANADIAN PRESS/Christinne Muschi

Au cours des quatre prochaines années, le Parti libéral s’engage à générer des revenus de 51 milliards de dollars, notamment 20 milliards de revenus générés par la réponse tarifaire du Canada et un plafond des dépenses opérationnelles du gouvernement de 2 % par année jusqu’en 2028-2029.

« Le gouvernement fédéral dépense trop. Il existe des programmes et des processus fédéraux qui ne fonctionnent pas aussi bien qu’ils le devraient, ainsi que des projets qui doivent être réévalués ».
— Extrait du document.

Autre moyen de faire des économies, les effectifs de la fonction publique seraient plafonnés et un processus serait mis en place pour revoir les dépenses dans la fonction publique.

Si les libéraux s’attendent à recouvrir 20 milliards de dollars cette année grâce aux contre-tarifs, ils s’engagent à réinjecter cette somme, eux qui prévoient entre 30 et 35 milliards de dollars par année en nouveaux investissements durant les quatre prochaines années, pour un total de 129 milliards en dépenses. Cette plateforme est marquée par la menace tarifaire du président américain Donald Trump. La mention des États-Unis s’y retrouve plus d’une trentaine de fois dans le document dévoilé aujourd’hui.

Ce nombre comporte plusieurs promesses déjà annoncées : baisse d’impôts pour la classe moyenne en baissant le premier palier d’imposition, élimination de la TPS pour les premiers acheteurs, augmentation des dépenses en défense nationale pour atteindre 2 % du PIB d’ici 2029-2030, etc.

Bientôt un parc Trèva-Cousineau à Orléans?

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

La Ville d’Ottawa a lancé le 8 avril dernier des consultations publiques pour différentes propositions toponymiques sur son territoire. Parmi les six propositions soumises au public pour rétroaction, l’une d’elles se distingue du côté franco-ontarien : celle de renommer un parc existant à Orléans du nom de la militante francophone Trèva Cousineau.

Trèva Legault est née le 12 juin 1937 à Timmins, dans le Nord de l’Ontario. Sa famille déménage à Kirkland Lake où elle y grandit à partir de l’âge de 6 ans. Au secondaire, cette première de classe étudie comme pensionnaire à l’Académie Sainte-Marie à Haileybury, une école secondaire privée pour filles dirigée par les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge où elle retiendra trois valeurs cardinales : engagement, rigueur et détermination.

Grâce à une bourse, elle part étudier en nutrition à l’Université d’Ottawa en 1956. Pendant ses études, elle s’implique en politique étudiante, devient journaliste pour La Rotonde et représente l’École des sciences domestiques auprès du Conseil des gouverneurs (alors seule femme à siéger au conseil).

Elle obtient un baccalauréat en sciences en 1959 de l’Université d’Ottawa et elle étudie aussi en éducation de 1959 à 1960 à l’Ontario College of Education à Toronto.

Elle rencontre le juriste franco-ontarien André Cousineau – qui deviendra son époux – et prend le nom de Trèva Cousineau. Elle est enseignante de 1959 à 1962 et diététicienne de 1964 à 1967.

Un fort engagement scolaire

De retour dans sa ville natale de Timmins en 1963, elle se fait élire au Timmins District Roman Catholic Seperate School Board / Conseil scolaire des écoles catholiques de Timmins, un conseil scolaire bilingue.

Sur les neuf conseillers scolaires élus, un seul est anglophone tandis que les huit autres sont francophones. Pourtant, les activités et délibérations se passent en anglais. Elle décide alors de consacrer sa vie à la protection et à l’épanouissement de la francophonie.

Nommée au Conseil des affaires franco-ontariennes en 1976, elle y siègera jusqu’en 1982. Réélue aux élections scolaires suivantes, elle reste en poste jusqu’en 1983. Pendant ses mandats, elle fut vice-présidente et présidente à deux reprises en 1975 et 1978 du conseil scolaire.

Trèva Cousineau, lauréate du Prix Florent-Lalonde en 2017, remise par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Photo : MIFO

Elle fut aussi membre élue de l’Association française des conseils scolaires de l’Ontario de 1976 à 1984 à titre de représentante du Nord, présidente du secteur catholique, vice-président de l’association et présidente provinciale à deux reprises, 1980 et 1983.

Elle fut également membre élue à partir de 1979 de l’Ontario School Trustees’ Council puis sa présidente en 1981 et 1982. Enfin, elle fut nommée membre au comité consultatif sur le rôle des conseillers scolaires de la ministre de l’Éducation de l’Ontario de 1981 à 1983.

Loin de s’arrêter et de se limiter au secteur scolaire, son implication communautaire continuera de se déployer dans les années subséquentes.

À Timmins, une implication communautaire accrue

Avant de quitter Timmins, elle cofonde le Centre Cor Jesu en 1984 (un centre pour alcooliques et narcomanes) et en assume la direction générale l’année suivante.

En 1985, elle déménage à Sudbury où elle devient coordonnatrice des services en français à l’Hôpital Sudbury Algoma de 1985 à 1988 et, par la suite, coordonnatrice des Services en français pour le ministère des Services sociaux et communautaires, secteur du Centre-Nord (districts de Sudbury et Algoma) où elle fait la promotion de la nouvelle Loi sur les services en français, adoptée en 1986.

Son engagement communautaire franco-ontarien comprend le Bureau des gouverneurs du Collège Cambrian, le conseil d’administration du Centre franco-ontarien de folklore et celui de la paroisse Sainte-Anne.

En outre, elle est l’une des six membres nommés par décret du gouvernement provincial à la Commission MacDonald (1984-1986), chargée d’étudier le financement des écoles élémentaires et secondaires de la province.

À Orléans, un rapport décisif

La famille Cousineau s’installe en 1989 dans le bastion franco-ontarien d’Orléans. Celle qui est alors présidente du Groupe consultatif sur la gestion de l’éducation en langue française remet, en 1991, au ministre de l’Éducation un rapport qui mènera à la création des 12 conseils de langue française de l’Ontario, en 1998.

Directrice générale du Conseil de l’éducation catholique pour les francophones de l’Ontario (1990-1996) et de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (1992-1996), elle devient présidente de l’ACFO provinciale en 1997 pour une durée de deux ans.

Trèva Cousineau, aux côtés de Raymond Cho, ministre des Services aux aînés et de l’Accessibilité, au moment de recevoir le Prix d’excellence de l’Ontario pour les personnes âgées en novembre 2018 remis par la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Elizabeth Dowdeswell, à l’Assemblée législative de l’Ontario. Photo : MIFO

Entre 1999 et 2004, elle est membre du comité de direction et gestionnaire de la partie communautaire de l’Entente Canada-communauté-Ontario en plus d’être l’adjointe exécutive à la députée provinciale d’Ottawa-Vanier, Claudette Boyer, de 2001 à 2003.

Finalement, Trèva Cousineau effectue un retour à la direction générale de l’ACFO provinciale de 2004 à 2006.

Retour au MIFO

En 2006, elle devient membre du comité organisateur du projet des Monuments de la francophonie d’Ottawa, projet parrainé par le District des fondateurs du Richelieu International, dont elle est membre depuis 1993. Les six premiers monuments ont été érigés de 2006 à 2007.

Membre et secrétaire du comité organisateur du Festival de la Saint-Jean à Ottawa (2008-2015), elle est également membre du comité organisateur des États généraux de la francophonie d’Ottawa (2011-2013).

Elle préside de 2011 à 2021, environ, l’organisme Dialogue Canada qui monte au front pour faire de la ville d’Ottawa une ville officiellement bilingue.

Présidente du MIFO de 2016 à 2021, elle l’est redevenue depuis le printemps dernier.

Membre du comité fondateur de l’hebdomadaire L’Orléanais en 2017, elle est trésorière depuis 2019 de l’Association du patrimoine familial francophone de l’Ontario. Pendant 10 ans, jusqu’en 2024, elle a été coordonnatrice du Gala de la francophonie d’Ottawa, aujourd’hui le Gala de la Francophonie plurielle.

« Qu’un parc soit nommé à Orléans où elle réside depuis plus de 35 ans et où elle continue de s’impliquer tombe sous le sens »

Qu’un parc soit nommé à Orléans où elle réside depuis plus de 35 ans et où elle continue de s’impliquer tombe sous le sens. Elle le mérite avec son implication dans la francophonie depuis plus de 50 ans.

Même si elle ne s’est pas lancée en politique provinciale active en 1983 et en 2011, sa feuille de route communautaire est impressionnante.

Celle que le chroniqueur Denis Gratton avait surnommée en 2012 le « bouclier de la francophonie » et qui avait pour modèle Gisèle Lalonde deviendrait la troisième femme francophone à avoir un parc nommé en son nom à Ottawa (dont la première Franco-Ontarienne de naissance) et la première à Orléans.

Le parc Glen est situé au 1756, promenade des Soeurs Grises, à Orléans, juste à côté de deux écoles, dont une de langue française, l’École élémentaire publique L’Odyssée. Photo : Google Maps.

Déjà bien connu dans la communauté franco-ontarienne, le nom de Trèva Cousineau saura enrichir la toponymie d’Orléans, en remplacement du nom actuel du parc visé qui s’appelle « Glen » et qui est situé au 1756, promenade Grey Nuns.

Je propose que l’inauguration du nouveau nom du parc coïncide avec le 25 septembre et qu’on y installe un drapeau franco-ontarien permanent.

Pour que le nom de cette militante franco-ontarienne infatigable soit perpétué dans la durée, le public est invité à faire valoir son opinion auprès de la ville d’Ottawa sur la proposition de renommer à Orléans le parc Glen à parc Trèva-Cousineau jusqu’au 6 mai prochain.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Basketball : le bilan de la saison des francophones des Raptors 

TORONTO – Les Raptors de Toronto ont officiellement marqué la clôture de leur exercice 2024-2025 avec les entrevues de fin de saison qui ont eu lieu en début de semaine. Il est donc temps de présenter le bilan pour RJ Barrett, Chris Boucher et Ulrich Chomche, les trois francophones de l’équipe.

La meilleure saison en carrière pour Barrett

RJ Barrett a connu la meilleure saison de sa carrière avec l’équipe de sa ville natale. Arrivé l’an dernier lors de la date limite des transactions, il avait déjà laissé entrevoir un potentiel inexploité par son ancienne équipe, les Knicks de New York. L’ailier de 23 ans, qui a passé une partie de sa jeunesse en France , affiche les meilleurs chiffres en moyenne par match de sa carrière aux points (21,1), au rebond (6,3) et surtout à la passe (5,4), domaine où il n’avait jamais dépassé les 3 par match lors de ses cinq premières saisons dans la ligue.

Chose qui ne se remarque pas dans les chiffres, il a également, comme toute l’équipe, progressé en défense. Interrogé lors du point presse de fin de saison, il a indiqué vouloir continuer dans ce sens de ce côté du terrain et améliorer son efficacité, notamment aux lancers francs, ainsi que sa capacité à ne pas perdre le ballon.

Un rôle élargi cette année et des responsabilités accrues expliquent en partie des chiffres d’adresse en baisse (46,8 % au tir, dont 35 % à 3-pts) par rapport à ses 32 matchs joués avec Toronto en fin de saison 2023-2024 où il avait été époustouflant à ce niveau-là (55,3 %, dont 39,2 % à 3-pts). La perte d’adresse aux lancers francs (63 %) est en revanche difficilement explicable, puisqu’elle est survenue en même temps que son arrivée à Toronto. Avant cela, il affichait un beau 83 % de réussite dans l’exercice à New York. Toujours en entretien de fin de saison, Barrett a concédé que ses lancers francs étaient « horribles » et qu’il allait travailler dessus cet été.

RJ Barrett sur la ligne des lancers francs, un secteur du jeu qu’il devra améliorer la saison prochaine. Photo : Sabine Marie-Sainte

Son avenir :

Malgré cette belle saison et une volonté de s’inscrire dans le projet de reconstruction des Raptors, l’avenir de RJ Barrett avec sa franchise de cœur n’est pas certain. Avec l’arrivée de Brandon Ingram sur son poste en février dernier, un nombre important de jeunes joueurs sur les ailes dans l’équipe et son salaire assez conséquent, l’ailier pourrait représenter une monnaie d’échange intéressante pour la direction, afin de rééquilibrer un effectif qui manque de profondeur sur les postes intérieurs.

Le prochain repêchage, où les Raptors ont des chances d’obtenir un choix dans le top 4, pourrait être décisif pour l’avenir du Torontois. Si un jeune joueur à fort potentiel est récupéré sur son poste, il ne serait pas étonnant de le voir prié de faire ses valises, même s’il mériterait de connaître une saison compétitive avec les Raptors, après deux de suite à jouer le bas du classement…

La fin de l’histoire pour Boucher?

Chris Boucher a vécu une saison assez paradoxale. Dans une équipe jeune et en reconstruction, il faisait figure de joueur d’expérience pour encadrer la jeunesse. À l’aise dans son rôle de mentor et de joueur qui apporte de l’énergie en sortie de banc, il a réalisé une des meilleures saisons de sa carrière. Malheureusement, son temps de jeu a été très fluctuant jusqu’à la date limite des transactions où son nom était dans les rumeurs de départ.

Finalement, il n’a pas été transféré, mais a dû accepter un rôle réduit, puis plus de rôle du tout. Il n’a, en effet, plus mis un pied sur le terrain après le 26 février. L’entraîneur Darko Rajakovic et le président des opérations basket Masai Ujiri, ont tous les deux mis en avant dans leurs entretiens de fin de saison le professionnalisme du Québécois qui a accepté de se mettre sur le côté pour permettre aux jeunes joueurs comme Jonathan Mogbo de bénéficier de plus de temps de jeu pour progresser.

Chris Boucher lors de la journée portes ouvertes pour les fans. Photo : Sabine Marie-Sainte

Son avenir :

Avec des Raptors qui ont l’intention de redevenir compétitifs dès la saison prochaine, Chris Boucher aurait parfaitement sa place dans l’effectif. Le joueur lui-même a émis le souhait publiquement, à plusieurs reprises, de rester à Toronto où il se sent bien avec sa famille.

Des négociations auront lieu entre les représentants du joueur en fin de contrat cet été et la direction du club. Les points qui semblent majeurs dans la négociation seront le salaire proposé au joueur qui devrait être bien inférieur à ce qu’il a touché ces dernières saisons (autour de 11 millions) et surtout le rôle qui lui sera proposé.

Chris Boucher acceptera-t-il de réduire son salaire et d’avoir un rôle restreint sans garantie de jouer à chaque match? C’est la grande question de l’été pour les fans francophones des Raptors, très attachés au dernier joueur de l’effectif champion NBA en 2019 encore à Toronto.

Ulrich Chomche, le pari sur l’avenir

Arrivé à Toronto directement depuis l’académie NBA Afrique au Sénégal, le jeune Camerounais de 19 ans, Ulrich Chomche a été introduit comme un projet de développement sur le long terme. Loué pour ses capacités à apprendre vite par son entraîneur à l’académie, Joe Touomou, en entretien avec ONFR avant la saison, le jeune intérieur a totalement validé les propos de ce dernier. Sa progression dans ses aptitudes et dans sa compréhension du jeu a été constante tout au long de la saison, bien aidée par la présence de l’entraîneur franco-ontarien Justin Serresse.

Elle a malheureusement été coupée net par une blessure au genou le 13 février qui l’a privé d’une belle chance de pouvoir évoluer avec l’équipe NBA, après avoir passé la quasi-totalité de sa saison avec l’équipe de développement, les Raptors 905 en G League. L’objectif pour Chomche, qui n’a pas perdu le sourire malgré cette période difficile, est maintenant d’être de retour pour la ligue d’été en juillet.

Ulrich Chomche signe des autographes après un match des 905. Cela fait désormais partie de son quotidien de joueur professionnel. Photo : Sabine Marie-Sainte

Son avenir :

Encore sous contrat à deux volets (Raptors et Raptors 905) pour la saison prochaine, Ulrich Chomche devrait poursuivre l’aventure en G League. Il a déjà montré des signes de capacités à devenir un joueur dominant en défense et devrait continuer dans ce sens. En attaque, il a encore beaucoup à apprendre, mais il a sans doute profité de cette période en dehors des terrains pour continuer à parfaire sa compréhension du jeu à travers des analyses vidéo. L’objectif pour lui devrait être de se rapprocher du titre de meilleur défenseur de la G League la saison prochaine et de commencer à apparaître en NBA sur de courtes séquences de jeu afin de pouvoir évaluer le chemin qui lui reste à parcourir pour atteindre la Grande Ligue.

Vox pop : Des élections fédérales sous haute tension

Justin Trudeau démissionne, Mark Carney prend les rênes, et Donald Trump relance une guerre commerciale. Résultat : des élections anticipées aux enjeux énormes. Qu’est-ce que ça change pour le Canada? La journaliste Rachel Crustin va à la rencontre de citoyens pour mieux vous expliquer cette campagne hors normes et les bouleversements politiques qui l’entourent.

Services en français : une francophone éconduite dans un ServiceOntario

TORONTO – Entrée en début de matinée dans une agence ServiceOntario de North York, Isabelle Marceau en est ressortie en début d’après-midi après, dit-elle, avoir été induite en erreur par du personnel anglophone. Écœurée, elle a émis une plainte auprès du commissaire aux services en français.

Isabelle Marceau voulait simplement être servie en français, sa langue maternelle. Sa démarche administrative s’est transformée en cauchemar, ce mercredi, dans l’agence du 47, rue Sheppard.

Cette Franco-Torontoise s’y est rendue avec son fils afin d’obtenir un affidavit, une déclaration écrite sous serment souvent utilisée comme preuve au tribunal. En l’occurrence ici, il s’agissait de légaliser un changement de nom, une procédure standard précisément disponible dans cette agence garantissant l’accès à un commissaire assermenté et compétent en la matière.

Toronto étant une zone désignée en vertu de la Loi sur les services en français (LSF), toutes les antennes ServiceOntario sont tenues d’offrir des services en français proactivement, c’est-à-dire sans avoir à les demander. Mme Marceau a toutefois pris la peine d’expressément s’enregistrer pour être servie en français.

Arrivée à l’ouverture du bureau et accueillie par un bonjour à l’accueil, elle relate avoir pris place en salle d’attente munie du traditionnel ticket numéroté. Mais au bout de 30 minutes, réalisant que son tour avait sauté et que son numéro ne s’affichait plus sur les écrans digitaux, elle se serait manifestée auprès d’un employé chargé de clientèle pour tenter d’avoir des explications.

« Il nous a assuré que c’était une erreur, qu’il nous remettait tout de suite dans la file d’attente, et qu’on allait nous appeler », confie-t-elle, avant de déchanter. « Après une autre longue attente, j’ai été assaillie par le doute et mon fils, qui parle anglais, est allé demander à la réceptionniste (anglophone) qui nous a avoué que la seule personne qui parlait français était en vacances et qu’il n’y avait personne pour la remplacer. »

Angoisse, gêne, honte

À cette nouvelle, Mme Marceau est tombée des nues : « Ce qui m’a choquée, ce n’est pas qu’il n’y ait pas de services en français, mais qu’on nous ait menti en pleine face durant tout ce temps. Si mon fils n’était pas allé se renseigner, on y serait encore. En gros, ils attendaient qu’on se lasse et qu’on parte de nous-mêmes », interprète, déçue, la mère de famille, qui y voit une forme d’« intimidation ».

Elle témoigne alors avoir vécu une situation angoissante et ressenti un sentiment mêlé de gêne et de honte. « Une autre personne pouvant parler français était en pause. Nous sommes donc revenus un peu plus tard en demandant à ne plus faire la queue. On a parlé à des personnes très gentilles qui avaient l’air embêté de la situation. »

« Au final, on n’a pas eu vraiment le service demandé, car la personne qui traduisait les termes légaux n’était pas capable de les prononcer convenablement. On a signé un truc légal sans clairement le comprendre et on est parti », lâche la Torontoise.

« Si j’avais été seule, je n’aurais eu accès à rien, conclut celle qui vit en plus une situation de handicap. Il y a plein de francophones qui arrivent de plein de pays qui ne maitrisent pas l’anglais. C’est quoi cette loi? C’est n’importe quoi! »

Cette amère expérience vient s’ajouter à un premier incident intervenu l’été dernier. « On avait pris rendez-vous sur internet pour créer la carte Santé de mon fils, mais une fois sur place, personne ne parlait français. On nous avait carrément dit qu’il n’y avait pas de services en français », affirme-t-elle, se résignant alors à être servie en anglais dans l’agence à l’intersection des avenues Danforth et Coxwell, dans l’est de la Ville Reine.

Plainte auprès du commissaire aux services en français

Contacté par ONFR, le ministère des Services au public et aux entreprises et Approvisionnement, responsable de ServiceOntario affirme pourtant que « le mercredi 16 avril, un agent bilingue était sur place et a fourni des services en français sur demande. (…) Les centres ServiceOntario respectent la Loi sur les services en français. Au 47, avenue Sheppard, à Toronto, un bureau désigné bilingue, les services sont offerts en français et en anglais. »

Pour obtenir des services en français en Ontario, il suffit de se rendre dans un bureau du gouvernement situé dans une zone où les francophones représentent au moins 10 % de la population – ou à proximité d’une telle zone – ou encore dans une ville comptant au moins 5 000 résidents francophones : ces zones et villes sont qualifiées de régions désignées. La Ville de Toronto est entièrement désignée en ce sens, au regard de la loi.

Mme Marceau a décidé de ne pas en rester là et a émis une plainte auprès du Commissariat aux services en français de l’Ontario, garant de l’application de la loi.

« Quand on arrive enfin à avoir un service, on ne le comprend pas. On finit par demander en anglais. C’est triste. J’entends des exemples similaires autour de moi, pas seulement dans les ServiceOntario. Les francophones baissent les bras, se résignent, mais il faut en parler, ne serait-ce que pour donner l’exemple à nos jeunes. »

Cette plainte s’ajoute à d’autres qui ont entrainé plus tôt, au début du mois, une enquête visant à contrôler le respect de la LSF dans les agences ServiceOntario. Dans son dernier rapport annuel, le commissaire Bouchard indiquait que de 6 % des plaintes émanaient du ministère des Services au public (incluant ServiceOntario).


Les Verts veulent à nouveau moderniser la Loi sur les langues officielles

MONTRÉAL — Même si la Loi sur les langues officielles a été modernisée en 2023, le Parti vert promet dans sa plateforme électorale de la réformer à nouveau dans le but d’assurer sa mise en œuvre à l’intérieur d’une année.

La formation écologiste a dévoilé sa plateforme jeudi, journée du seul débat anglophone des chefs dans cette campagne, elle qui a été exclue par la Commission des débats des chefs mercredi. La plateforme n’est pas chiffrée et l’on ignore quels serait les coûts associés au programme électoral de la formation environnementale. Elle comporte près de 150 pages d’engagements électoraux, du coût de la vie à la crise du logement et du climat jusqu’à la défense du patrimoine canadien. 

Si elle ne comporte pas de coûts associés, les Verts ont tout de même demandé au Directeur parlementaire du budget d’analyser certaines de leurs mesures économiques. L’augmentation du salaire minimum fédéral aurait un coût de 56 $ millions, ou encore un gain de 14 milliards de dollars en éliminant une déduction d’impôt pour les entreprises du secteur pétrolier.

Au niveau climatique, les Verts veulent mettre fin à la production de combustibles fossiles d’ici 2045 et interrompre la construction de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles. Ils appliqueraient un plafond d’émission, par secteur économique, qui serait juridiquement contraignant, conformément à l’Accord de Paris. Cela viserait à réduire de 60 % les émissions d’ici 2030 et 0 % d’ici 2050.

« Si cela veut dire qu’on doit faire passer des lois qui sont contraignantes et ensuite poursuivre les entreprises qui ne respectent pas ces règles-là, on va le faire » a présenté le co-chef des Verts Jonathan Pedneault. 

Le cochef du Parti vert, Jonathan Pedneault, tient une conférence de presse à Montréal, le mercredi 16 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov

Le Parti vert supprimerait aussi les subventions et les déductions fiscales pour les projets de pétrole, de gaz et de charbon. Ils proposent aussi de ramener la tarification sur le carbone, éliminée par Mark Carney. Sous un gouvernement vert, la vente des véhicules neufs à essence serait interdite dès 2030.

Prise deux pour la Loi sur les langues officielles

Dans sa section portant sur les langues officielles, la formation, qui a réussi à élire deux députés lors du dernier Parlement, propose de moderniser à nouveau la Loi sur les langues officielles. Celle-ci a été modernisée en 2023 par le gouvernement Trudeau et une disposition dans la loi exige sa révision à chaque 10 ans. 

Les Verts s’engagent à la modifier à nouveau dans le but « d’assurer des services linguistiques partout au Canada ». Une fois celle-ci réformée, la formation écologiste veut « accorder la priorité » à la mise en œuvre de cette nouvelle Loi sur les langues officielles en une année.

À l’image des libéraux, ils veulent bonifier le financement de CBC/Radio-Canada pour l’amener au même niveau que d’autres diffuseurs publics de pays du G7.

Parmi les autres promesses en langues officielles :

  • « Garantir un financement fédéral stable aux établissements postsecondaires de langues minoritaires, pour appuyer la préservation culturelle et la diversité linguistique au Canada »;
  • « Augmenter considérablement le financement fédéral des programmes d’immersion en français et de l’enseignement des langues secondes, pour élargir les possibilités de bilinguisme chez les élèves »;
  • « Garantir la prestation de services fédéraux bilingues dans tous les provinces et territoires, appuyer activement l’immigration francophone et assurer l’égalité linguistique au pays »;
  • Élargir l’accès à la formation pour tous les travailleurs s’assurant que les programmes d’emploi couvrent notamment l’apprentissage de l’anglais ou du français.

« J’ai écouté la game d’hockey, c’était un ben meilleur show »

Au lendemain de son exclusion du débat par la Commission du débat des chefs, le co-chef des Verts a indiqué que sa formation politique « continue à explorer les autres options », après avoir mentionné la veille l’avenue des tribunaux, même si leur présence au débat en anglais jeudi est morte.

Jonathan Pedneault a de nouveau déploré jeudi une attaque contre la démocratie canadienne. Le fait que des journalistes d’extrême droite comme le média Rebel News ont pu poser plusieurs questions auprès des chefs après le débat a aussi agacé le co-chef du Parti vert.

« Mais apparemment, aux yeux de la Commission, ça aurait été les verts qui auraient été le problème. Il faut se réveiller, il y a clairement un problème avec la Commission. Je crois que la Commission devrait démissionner », a-t-il exigé.

Les chefs ont débattu pour la seule fois de la campagne en français mercredi soir à Montréal. Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov

Et sur le débat en tant que tel, qu’en a-t-il pensé?

« J’ai écouté la game de hockey, c’était un ben meilleur show », a lancé avec un sourire le porte-parole des Verts au sujet de la rencontre des Canadiens de Montréal mercredi soir, qui se déroulait au même moment que le duel politique.

Les chefs débattront ce soir en anglais à parti de 19 h. L’élection est prévue pour le 28 avril.

Débat des chefs : Carney veut augmenter l’immigration francophone, Poilievre l’immersion en français

MONTRÉAL – La francophonie hors Québec a été mentionnée légèrement en fin de débat des chefs fédéraux, ce mercredi, Mark Carney proposant d’augmenter davantage la cible d’immigrants francophones, Pierre Poilievre assurant qu’il va protéger Radio-Canada hors du Québec.

« On va augmenter le taux d’immigrants hors du Québec avec une langue maternelle française de 10 à 12 % », a affirmé M. Carney questionné par l’animateur Patrice Roy sur ce qu’il comptait faire pour rétablir le poids démographique des francophones en chute depuis plusieurs décennies.

La premier ministre sortant n’a pas précisé quand, mais actuellement la cible gouvernementale est de 8,5 % pour 2025, de 9,5 % pour 2026 et de 10 % pour 2027.

« Ça me semble raisonnable. Je suis d’accord avec lui, a adhéré Pierre Poilievre sur la cible de 12 % en conférence de presse post-débat. On est en faveur d’élargir le nombre d’immigrants francophones qui viennent au Canada, y compris à l’extérieur du Québec pour qu’on puisse ajouter un poids démographique à la langue française. »

Sur l’immigration, Mark Carney a laissé entrevoir qu’il était en faveur du maintien des cibles actuelles (395 000 en 2025, à 380 000 en 2026 et à 365 000 en 2027) de résidents permanents au pays « pour une assez longue période de temps ». Sur les réfugiés haïtiens aux États-Unis qui souhaitent migrer vers le Canada, autant M. Carney que M. Poilievre ont mis des freins, ce dernier statuant qu’il « faut les retourner » alors que M. Carney a soutenu « qu’il y a des limites ».

M. Carney, dont le parti à l’image des autres, n’a pas encore sorti de plateforme chiffrée à ce stade-ci de la campagne électorale, a indiqué que, si élu, son gouvernement « renforcerait » Radio-Canada, Téléfilm Canada et le Conseil des arts du Canada.

Le débat au siège social montréalais de Radio-Canada opposait les chefs Mark Carney (Parti libéral), Pierre Poilievre (Parti conservateur), Jagmeet Singh (NPD) et Yves-François Blanchet (Bloc québécois). Ils ont débattu pendant près de deux heures dans une ambiance très rarement cacophonique, mais où les chefs n’ont pas hésité à se lancer des piques.

De son côté, le chef conservateur a dû défendre son plan consistant à mettre fin au financement de CBC, ce qui pourrait avoir un impact sur son pendant francophone.

« C’est possible, on a des réseaux d’informations seulement en français », a assuré Pierre Poilievre, citant TVA Nouvelles au Québec comme exemple.

Le chef libéral Mark Carney regarde le chef conservateur Pierre Poilievre s’exprimer lors du débat des chefs fédéraux en français, à Montréal, le mercredi 16 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick

« La CBC peut se financer avec ses propres revenus, a-t-il poursuivi. Le gouvernement devrait faire simplement ce que le marché ne peut pas (faire). Le marché ne va jamais fournir un service exclusivement en français aux gens dans les communautés francophones à travers le Canada. Il y a un rôle pour l’État pour défendre l’information en français. »

Le chef conservateur a par ailleurs soutenu que son gouvernement augmenterait l’offre pour l’immersion des Canadiens hors du Québec.

« On va ajouter de l’argent pour permettre aux jeunes de participer dans l’immersion en français au Québec (pour) les gens venant d’ailleurs au Canada pour enrichir par la langue française », a souligné M. Poilievre.

En conférence de presse d’après-débat, M. Poilievre n’a pas approfondi sa pensée sur le sujet, mais a concédé que « la gestion des écoles est provinciale », se disant « prêt à travailler en pleine collaboration avec toutes les provinces pour faire en sorte que ça soit plus disponible ».

La guerre commerciale a dominé le débat

La guerre commerciale avec les États-Unis et le coût de la vie ont retenu l’attention pendant presque les cinquante premières minutes du débat avec le chef libéral essuyant la plupart des attaques

Ce dernier a assuré être le meilleur pour négocier avec Donald Trump en « montrant de la force », faisant du pouce sur son déplacement en Europe, son premier voyage comme premier ministre, pour augmenter les accords commerciaux.

Pour le chef néo-démocrate, ce voyage a donné au chef libéral « le temps de rencontrer le Roi, mais pas les gens qui souffrent. »

« Vous aimez augmenter les impôts », a glissé Pierre Poilievre à l’ex-banquier, accusant son parti d’avoir bloqué les exportations de ressources naturelles vers l’Europe dans les dix dernières années.

Organisé par Radio-Canada, ce débat survient à moins de deux semaines de la fin de l’élection alors que les libéraux profitent, selon les différents sondages, d’une avance de quelques points sur les conservateurs de Pierre Poilievre. Ils débattront à nouveau jeudi en anglais.

Le bilan Trudeau colle à la peau de Mark Carney

Le bilan des dix dernières années de Justin Trudeau a collé à la peau de Mark Carney dans ce débat alors que les chefs ont attaqué le bilan libéral, particulièrement de la part de Pierre Poilievre. Immigration, coût de la vie, logement, Mark Carney n’a pas été épargné pour les décisions de son prédécesseur.

Sur la construction de logements, M. Poilievre a soutenu que les libéraux étaient « en train de répéter les mêmes promesses que Justin Trudeau ». « On n’a pas besoin de plus de fonctionnaires, on a besoin de plus de portes », a-t-il dit.

Le nouveau chef ne change pas « l’idéologie à laquelle il a contribué », a lancé Yves-François Blanchet, l’accusant d’avoir les mêmes ministres et le même caucus que son prédécesseur.

Ontario, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick abolissent leurs barrières commerciales

TORONTO – Le nouveau projet de loi « pour protéger l’Ontario en favorisant le libre-échange au Canada », déposé aujourd’hui, introduit une uniformisation entre provinces pour un libre-échange économique incluant une reconnaissance mutuelle des biens, des services et des travailleurs enregistrés. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick ont déjà signé l’accord avec l’Ontario pour supprimer les barrières réciproques.

Le premier ministre ontarien Doug Ford et Vic Fedeli, ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce, ont présenté et déposé en Chambre aujourd’hui la « Loi de 2025 pour protéger l’Ontario en favorisant le libre-échange au Canada ».

Visant à supprimer les barrières interprovinciales en libérant le libre-échange et la mobilité de la main-d’œuvre au sein du Canada, cette nouvelle législation inclut la suppression de toutes les exceptions spécifiques aux parties à l’Accord de libre-échange canadien (ALEC).

Présents aux côtés de M. Ford en conférence de presse, les premiers ministres respectifs du Nouveau Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, Susan Holt et Tim Houston, ont tous deux signé l’accord de libre-échange avec l’Ontario qui favorisera la reconnaissance mutuelle « de sorte qu’un service ou un travailleur inscrit qui est acceptable respectivement pour la vente, l’utilisation ou le travail dans une province soit acceptable dans l’autre. »

De gauche à droite : Vid Fedeli, ministre du Développement économique, Tim Houston, premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, et Susan Holt, première ministre du Nouveau-Brunswick. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« C’est un moment important pour notre pays et la Nouvelle-Écosse est fière de montrer la voie avec l’Ontario », a déclaré M. Houston. Le mois dernier, sa province a adopté le Free Trade and Mobility within Canada Act, une première dans notre pays », ajoutant que l’Île-du-Prince-Edouard songe à faire de même.

« J’espère que tous les autres premiers ministres seront partants », a déclaré Doug Ford, assurant être en contact à ce sujet avec les premiers ministres de Saskatchewan et du Manitoba, Scott Moe et Wab Kinew.

« Trop longtemps, nous avons laissé les formalités administratives et les réglementations interminables freiner notre économie, nous rendant vulnérables aux menaces extérieures, y compris les droits de douane du président Trump, a t-il déclaré. Plus maintenant. La loi que nous présentons aujourd’hui fera de l’Ontario un leader national en matière de commerce entre les provinces et les territoires, afin que nous puissions renforcer et unifier le Canada et créer de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités pour les travailleurs et les produits de l’Ontario. »

Vers une uniformisation économique

Cette loi qui prévoit d’uniformiser de nombreuses régulations pour fonctionner de façon interchangeable, permettra au gouvernement d’ordonner aux organismes ontariens de reconnaître mutuellement les biens, les services et les travailleurs accrédités des provinces et territoires canadiens pratiquant la réciprocité, et du gouvernement fédéral « pour offrir aux consommateurs de l’Ontario un meilleur accès aux biens et services « fabriqués au Canada ».

Il s’agirait entre autres d’une suppression des barrières à la mobilité pour les travailleurs certifiés entre provinces. L’Ontario modifierait alors la Loi ontarienne de 2009 sur la mobilité de la main-d’œuvre pour réduire les charges administratives et de simplifier la circulation des travailleurs accrédités dans les territoires de compétence canadiens.

Un plus grand nombre de professionnels de santé réglementés pourraient exercer également avec une reconnaissance automatique de l’inscription des infirmières et des médecins d’une autre province canadienne.

Également prévue, la vente directe d’alcool avec les provinces et territoires ayant des accords réciproques permettant d’acheter directement auprès des producteurs à travers le Canada. La LCBO pourrait notamment mettre en œuvre un cadre visant à faciliter les ventes interprovinciales directes aux consommateurs entre les fabricants et les consommateurs.

L’Ontario propose également d’établir une journée annuelle « Achetez Ontarien, achetez Canadien » le dernier vendredi de juin pour aider les consommateurs à soutenir les entreprises locales.

Seront aussi investis 50 millions de dollars dans un nouveau fonds « L’Ontario, ensemble pour le commerce » pour aider les entreprises à réaliser des investissements et développer de nouveaux marchés canadiens.

Selon une étude de 2022 de l’Institut Macdonald-Laurier, la suppression de toutes les différences réglementaires entre les provinces et les territoires pourrait accroître l’économie du Canada de 7,9 % à long terme, soit 200 milliards de dollars par an. Selon Statistique Canada, les barrières commerciales internes seraient équivalentes à un tarif douanier de près de 7 %.

Les confidences de Vanessa Gilles sur la ligue professionnelle féminine de soccer

Ce mercredi 16 avril marque un tournant dans le soccer professionnel féminin au Canada, avec le match d’inauguration de la Super ligue du Nord qui verra s’affronter Vancouver et Calgary à la place BC. Créée notamment à l’initiative de l’ancienne joueuse internationale Diana Matheson, cette ligue professionnelle était indispensable pour l’avenir du sport au pays. Décryptage avec l’internationale canadienne Vanessa Gilles.

« On est la seule équipe dans le top 20 mondial qui n’a pas de ligue professionnelle », rappelle la joueuse franco-ontarienne Vanessa Gilles interrogée sur l’importance de la création de la SLN en entretien avec ONFR.

« Pour nous, en tant que fédération, si on veut continuer à avoir du succès, c’est impératif, c’est nécessaire. Le fait qu’on ait trois médailles aux Jeux olympiques, c’est déjà époustouflant », considère-t-elle.

Des exploits réalisés avec des équipes talentueuses, mais aussi avec des individualités inexploitées, qui n’avaient, jusqu’à aujourd’hui, que trop peu d’opportunités d’évoluer dans le monde professionnel à la sortie de l’université. En dehors de la ligue américaine (NWSL), les joueuses canadiennes, à part l’élite, étaient bien souvent obligées de se concentrer sur une carrière professionnelle dans un autre domaine, souvent celui pour lequel elles avaient étudié au postsecondaire.

« Au terme de ta carrière universitaire, si tu n’as pas un double passeport ou si tu n’es pas déjà titulaire pour l’équipe nationale du Canada – ce qui est très dur à l’âge de 18 à 22 ans, il n’y a que des rares cas de superstars comme Jesse Fleming, Ashley Lawrence ou Kadeisha Buchanan, des joueuses comme ça, qui l’ont fait – c’est quasiment impossible d’avoir une place dans une équipe professionnelle  », explique l’internationale canadienne aux 51 sélections.

Donner des opportunités où il n’y en avait pas

Le Canada est passé proche de laisser filer entre les mailles de ses filets l’une des meilleures joueuses à son poste du monde, faute d’opportunités offertes aux joueuses locales. « Si je n’avais pas une double nationalité et un passeport français, je serais en train de travailler au RCMP ou quelque chose comme ça, avec mon major en communal justice. »

Et malgré cette double nationalité qui lui a ouvert les portes de l’Europe, Vanessa Gilles a dû débuter au plus bas de l’échelle sur le Vieux Continent. « Même avec un passeport français, la seule équipe où j’ai pu avoir un contrat – on a regardé partout dans le monde avec mon agent – c’était à Chypre. »

Bien consciente de ce vide à combler au pays, l’ancienne internationale Diane Matheson et ses associés ont donc réussi à mettre sur pied ce projet tant attendu dans le monde du soccer féminin canadien avec cette Super ligue du Nord qui voit le jour trois ans après l’annonce du projet.

Elle est composée pour l’heure de six équipes – Vancouver Rise FC, Calgary Wild FC, AFC Toronto, Halifax Tides FC, Montréal Roses FC et Ottawa Rapid FC – et a reçu l’appui de la légende du soccer féminin canadien Christine Sinclair en tant que conseillère et ambassadrice. Sur le terrain, des joueuses internationales comme Quinn (Vancouver), Desiree Scott (Ottawa), Emma Regan (Toronto) et Samantha Chang (Vancouver) ont rejoint le projet pour le faire grandir.

Inspirer les futures générations

« J’adore ce que font Quinn, Daisy, Emma et compagnie, parce que ce sont des joueuses de grande qualité, mais ce sont aussi des inspiratrices pour les joueuses dans leurs équipes », assure Vanessa Gilles

Et de poursuivre : « Cette ligue va ouvrir les portes à tellement de joueuses, ça va agrandir notre bassin de talent, et ça va inspirer la prochaine génération, ce qui est impératif aussi, surtout quand tu vois la PWHL (hockey) ou la WNBA (basket) avec le Tempo. Ces ligues vont encourager des jeunes à rentrer dans leurs sports. Ça leur montre que c’est une carrière envisageable, que c’est une option à poursuivre à long terme, ce qu’on n’a pas eu avec le foot jusqu’à maintenant. »

Actuellement en France avec l’Olympique lyonnais, Gilles a émis le désir de rester jouer en Europe, où le niveau demeure logiquement bien supérieur à la toute nouvelle ligue canadienne qui va devoir grandir au fil des années pour devenir de plus en plus attractive sportivement et financièrement. Malgré tout, elle ne dit pas non à la possibilité d’y jouer en fin de carrière.

« Dans quelques années, pourquoi pas, je ne fermerai jamais la porte à un retour à la maison. »

L’excitation est palpable dans le monde du soccer au Canada. La ligue part sur de bonnes bases. Vanessa Gilles a même précisé que cette première année est, selon elle, bien plus avancée que la première saison de la NWSL en 2013.

« On ne s’en rende peut-être pas compte, mais la construction, les standards qui sont mis en place, l’investissement des clubs, franchement, c’est incroyable », conclut-elle. 

Élections fédérales : Les chefs croiseront le fer ce soir en français, mais sans les Verts

élection, canada, élections

MONTRÉAL — Les chefs des principaux partis politiques fédéraux croiseront le fer mercredi soir lors du seul débat en français de la campagne électorale nationale, mais pas Jonathan Pedneault du Parti vert, dont l’invitation a été retirée ce matin.

La Commission des débats des chefs a décidé de désinviter la formation écologique, car celle-ci ne respecte plus le second des trois critères requis, soit le fait de présenter des candidats dans au moins 90 % des comtés au pays. Or le parti n’a soumis que 242 candidatures sur les 343 circonscriptions alors qu’il en avait au départ soumis 342, selon M. Pedneault. Les Verts ont expliqué leur décision de retirer des candidats comme une « décision stratégique » pour contrer les conservateurs dans des comtés où ceux-ci auraient le plus de chance de l’emporter.

« La Commission conclut que, dans ces circonstances, l’inclusion du chef du Parti vert du Canada minerait l’intégrité des débats et nuirait aux intérêts des électeurs », écrit-elle dans sa décision rendue ce matin qui s’applique aussi à la joute en anglais.

Réagissant à la nouvelle, le co-chef Jonathan Pedneault a affirmé qu’il s’attendait à être au débat. Il exige de la commission qu’elle « renverse cette décision injuste, inacceptable et qui n’est pas démocratique », l’accusant de vouloir « faire taire les verts ».

Le co-chef du Parti vert Jonathan Pedneault avait été désigné au détriment d'Élizabeth May pour participer au débat des chefs. Crédit image: THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes
Le co-chef du Parti vert Jonathan Pedneault avait été désigné au détriment d’Élizabeth May pour participer au débat des chefs. Crédit image : THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes

« Elle (la décision) n’est pas seulement infondée parce qu’on a satisfait tous les critères, mais elle est antidémocratique », a-t-il lancé de son bureau de campagne dans Outremont.

« C’est une décision qui ne protège pas la démocratie. C’est une décision qui protège ceux et celles qui ont déjà fait leur tour », ajoute-t-il.

Le débat aura donc lieu à 18 h dès ce soir à Montréal à la maison de Radio-Canada avec les chefs suivants : Mark Carney (Parti libéral), Pierre Poilievre (Parti conservateur), Jagmeet Singh (NPD) et Yves-François Blanchet (Bloc Québécois). Organisé par Radio-Canada, ce débat survient à moins de deux semaines de la fin de l’élection alors que les libéraux profitent, selon les différents sondages, d’une avance de quelques points sur les conservateurs de Pierre Poilievre.

C’est l’animateur de Radio-Canada Patrice Roy qui animera la joute télévisée qui durera 120 minutes et qui sera diffusée sur la majorité des plateformes des médias canadiens, dont TFO en Ontario français.

Le débat qui était originalement prévu au départ pour 20 h a été devancé à 18 h en raison d’un possible match décisif des Canadiens de Montréal au même moment, qui aurait pu faire souffrir les cotes d’écoute du duel politique.

Les chefs, qui ont passé les derniers jours à Montréal avec un horaire plus léger qu’à l’habitude en vue de se préparer au débat des chefs, échangeront sur les thèmes suivants :

  • Le coût de la vie
  • L’énergie et climat
  • La Guerre commerciale
  • L’identité et la souveraineté
  • L’immigration et les affaires étrangères

Selon un sondage de la firme, Abacus Data, les sujets identifiés comme les plus importants par les électeurs sont : comment traiter avec Donald Trump et son administration, la crise du logement et de l’abordabilité, la santé et l’accès aux services et l’économie.

Mark Carney a indiqué qu’il allait être « transparent » sur son plan dans un but « d’informer les Canadiens et Canadiennes qui suivent le débat ».

« Ce n’est pas une question d’attaque ou de défense », a-t-il répondu mardi.

Après avoir annoncé mardi qu’il comptait réintroduire le passage du taux d’inclusion du gain en capital de 50 % à 66 % à partir du seuil de 250 000 $, Jagmeet Singh a promis d’attaquer son adversaire libéral sur ce sujet. 

« Je veux demander pourquoi il pense que c’est bon de couper les services pour les gens et donner des cadeaux pour les millionnaires », a-t-il assuré, au sujet de cette proposition du gouvernement Trudeau qu’a promis de renverser Mark Carney.

Pierre Poilievre n’a de son côté pas précisé quel sera son plan d’attaque en vue de cette partie politique. Les chefs débattront à nouveau jeudi soir, en anglais. L’élection aura lieu le 28 avril.

Discours du Trône : un projet de loi à venir sur le libre-échange interprovincial

TORONTO – Libre-échange au sein du Canada, Cercle de feu, nucléaire… Lors du discours du Trône, Edith Dumont a dévoilé, ce mardi, devant l’Assemblée législative, les grandes orientations, principalement économiques, du gouvernement Ford « Protéger l’Ontario ». Un discours rédigé par le premier ministre dans lequel a été réaffirmé que le Canada ne deviendrait jamais le 51e État américain.

Prononcé un jour après l’élection de la présidence de l’Assemblée législative, le discours du Trône établit la liste des priorités du nouveau gouvernement. La lieutenante-gouverneure Edith Dumont a pour la première fois prononcé ce discours devant la Chambre.

Un discours aux allures de contre-offensive économique vis-à-vis des États-Unis, dans lequel elle a relayé le message du gouvernement d’aboutir à une province plus autonome et compétitive sans toutes les barrières commerciales internes, qui couteraient 200 milliards de dollars à l’économie canadienne par an.

« La première étape consiste à éliminer les barrières commerciales internes au Canada (…) Votre gouvernement déposera une loi visant à protéger l’Ontario par le libre-échange à l’intérieur du Canada (…) Pas de restrictions, pas de formalités administratives : juste le libre-échange au sein du Canada », a-t-elle annoncé.

D’ajouter que la province ferait également entendre sa voix au sein de la fédération pour promouvoir de nouvelles infrastructures comme des voies ferrées, autoroutes, aéroports et ports maritimes, avec notamment « la création de nouveaux pipelines vers l’est, l’ouest, le nord et le sud pour acheminer le pétrole de l’Alberta vers de nouvelles raffineries, de nouveaux débouchés maritimes, et au-delà, de nouveaux marchés. »

« Libérer le potentiel » en minerais et en énergie de la province

« Au sud de la frontière, le président Donald Trump (…) est allé jusqu’à menacer d’utiliser la force économique pour affaiblir notre pays. Cela, bien entendu, n’arrivera jamais. Parce que le Canada n’est pas à vendre. Le Canada ne deviendra jamais le 51e État. »

Face aux députés provinciaux, la représentante de la Couronne en Ontario est revenue, entre autres, sur des mesures phares défendues par le gouvernement dans le soutien aux industries et aux travailleurs, comme le pacte automobile sur les véhicules électriques.

Elle a également pointé le potentiel économique que représentait le Cercle de feu et ses « milliards de dollars en retombées économiques ». Et d’évoquer un projet de loi « audacieux » en préparation qui autorisera le gouvernement à désigner des zones de gisements de minéraux critiques à exploiter et desservis par des routes.

« Au lieu d’être extraits et exportés à l’étranger, les minéraux seront désormais raffinés en Ontario, créant ainsi de nouvelles possibilités pour les travailleuses et travailleurs dans des régions du Nord comme Thunder Bay, Sault Ste. Marie, Sudbury et Timmins. »

Le nucléaire figurait aussi au menu, de la mise en service des premiers petits réacteurs modulaires nucléaires à la modernisation des installations de Darlington, Pickering et Bruce. Il a également été question des transports en commun avec la construction du controversé tunnel sous la 401, la réduction des pistes cyclables à Toronto ou encore la remise en service du Northlander de Cochrane à la station Union.

Au-delà de la sphère économique, le discours rédigé par le gouvernement a souligné l’importance de soutenir les écoles, collèges, universités, mais aussi l’accès aux soins de santé.

Les partis d’opposition entre demande d’unité et désapprobation

La cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles rappelle avoir tendu la main au bureau de Doug Ford pour proposer une approche concertée « Équipe Ontario » autour des tarifs douaniers pour protéger les emplois et les secteurs clés.

Dans un communiqué, celle-ci exhorte Doug Ford à faire preuve d’unité et à offrir un soutien aux travailleurs : « Il est temps de passer à l’action, assurer une réelle protection des revenus, s’engager à créer de bons emplois syndiqués et investir dans les services sur lesquels les gens comptent en période d’incertitude. »

Le Parti libéral a salué la volonté d’abolir les barrières commerciales interprovinciales et a lui aussi offert de collaborer « en équipe » mais s’est dit « déçu de constater l’absence de mesures d’aide permanentes, telles que des réductions d’impôt pour les familles et les petites entreprises de l’Ontario. »

« M. Ford a également montré qu’il n’avait pas de plan sérieux pour réparer nos systèmes de santé et d’éducation en ruine et qu’il avait plutôt décidé de se concentrer sur la construction d’un tunnel coûteux sous l’autoroute 401. »

Une vision partagée par le leader du Parti vert Mike Schreiner qui a lui déclaré que « la vision de Doug Ford pour les quatre prochaines années repose sur des dépenses irresponsables et une démolition des protections environnementales. Dépenser des milliards pour des pipelines et des tunnels sous les autoroutes n’améliorera pas la vie des Ontariens. Ce qu’il nous faut, ce sont des logements, pas des autoroutes et des tunnels inutiles. »

Le débat des chefs en français mercredi soir devancé de deux heures

élection, canada, élections

Alors que le NPD et le Bloc Québécois demandaient à ce que le débat en français des chefs fédéraux, prévu mercredi soir, soit repoussé en raison au même moment d’un possible match décisif des Canadiens de Montréal, Radio-Canada a décidé de le devancer à la grille horaire.

Alors que la formation montréalaise doit disputer sa dernière rencontre de sa saison à 19h mercredi avec une possible participation aux séries éliminatoires en jeu, le débat aura lieu plutôt à 18 h au lieu de 20 h comme originalement prévu. Le débat doit durer en principe 120 minutes.

C’est l’animateur du débat en français Patrice Roy qui en a fait l’annonce sur X mardi après-midi.

Les cotes d’écoute pour le duel télévisé entre les chefs auraient pu souffrir en raison de la tenue de cette partie possiblement cruciale. Plus tôt dans la journée, le NPD et le Bloc Québécois avaient demandé le report de la joute politique télévisée en raison du possible conflit d’horaire.

« Nous forçons les gens de tout le Canada, en particulier au Québec, à choisir entre un débat démocratique essentiel et encourager le Canadien dans un match crucial, avait déclaré le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh dans un communiqué. Nous ne devrions pas tenir ce débat politique important pendant un match qui compte tant pour tant de gens. »

Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet avait suggéré l’option finalement retenue par Radio-Canada.

« On pourrait jouer avec l’heure, interchanger les deux jours (…) On peut commencer plus tôt et quand le débat est fini, les gens vont voir le reste de la soirée de hockey », a-t-il soumis.

Ni le Parti conservateur et le Parti libéral n’avaient formulé une demande similaire au Bloc et au NPD. Lors des élections fédérales de 2011, le débat en français avait été repoussé, car il tombait au même moment qu’une rencontre de l’équipe montréalaise en série d’après-saison.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, prend la parole lors d’un arrêt de campagne électorale fédérale à Montréal, le mardi 15 avril 2025. Crédit image : La Presse canadienne/Graham Hughes

Le Canadien est actuellement engagé dans une bataille pour la dernière place donnant accès aux séries éliminatoires avec les Blue Jackets de Columbus. Une victoire contre les Hurricanes de la Caroline à Montréal mercredi lui assurerait son billet pour les séries. À noter qu’une défaite, mardi soir des Blues Jackets assurait toutefois automatiquement la qualification des Canadiens.

En Ontario français, le débat sera diffusé sur les ondes de TFO dès 18 h. Le débat en anglais aura lieu le lendemain, jeudi à 19h.

North Bay : 100 ans d’histoire… et de francophonie

NORTH BAY – Considérée comme la porte d’entrée vers le nord ontarien, la ville de North Bay célèbre ce lundi son 100e anniversaire. Discrète mais bien présente, la francophonie de North Bay a marqué l’histoire de la municipalité et continue de se démarquer.

« Ce dont je suis le plus fier, c’est de notre communauté et des gens qui la composent. Je ne pouvais pas être plus honoré que d’être maire de la ville pendant le 100e. Cela n’arrive qu’une seule fois », a confié le maire de North Bay en entrevue avec ONFR.

Pour souligner cette journée, un événement a réuni ce lundi près de 250 personnes à l’hôtel de ville, dont le député fédéral de la circonscription de Nipissing-Timiskaming, Anthony Rota, et son homologue ontarien, le progressiste-conservateur Vic Fedelli.

« Ce que nous avons accompli au cours des 100 dernières années est vraiment formidable.  North Bay est bien connue pour sa générosité, sa capacité à travailler avec les gens et son emplacement en plein cœur de l’Ontario et du Canada », a déclaré M. Rota.

Le député comme le maire ont souligné que leurs grands-parents étaient venus d’Italie au début du 20e siècle pour travailler sur le chemin de fer canadien.

De gauche à droite, des militaires, le député sortant de Nipissing-Timiskaming Anthony Rota et le maire de North Bay, Peter Chirico devant la 22e escadre de North Bay. Source : Anthony Rota/Facebook

Plus tôt ce lundi, un lever de drapeau du centenaire a également eu lieu à l’entrée du site de la Base des Forces armées armées canadiennes North Bay, hôte de la 22e escadre, un lieu important pour la ville.

« C’est une des choses que les gens tiennent pour acquises, le fait que ce site est la seule base bilatérale à l’extérieur des États-Unis ici au Canada », rappelle M. Chirico.

La municipalité comptait près de 12 000 âmes quand elle a officiellement obtenu le statut de ville par l’Assemblée législative de l’Ontario le 14 avril 1925. Aujourd’hui, elle compte plus de 52 000 habitants.

La francophonie, toujours présente

Bien présents aux débuts de l’histoire de la ville, les francophones de North Bay restent minoritaires, mais continuent d’y laisser leur empreinte.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada, seuls 11 % des habitants de la ville ont le français comme première langue officielle parlée à North Bay aujourd’hui. Un nombre qui se maintenait encore à 15 % lors des recensements de 2011 et 2016.

Anthony Rota, ex-député libéral, donnant un discours à l’hôtel de ville de North Bay ce lundi. Photo : Ville de North Bay/Facebook

« Beaucoup de nos francophones sont ici depuis bien plus longtemps que l’incorporation de la ville. Il sétaient les premiers arrivants ici dans les années 1800, les premiers à interagir avec les autochtones » a rappelé le maire.

Et d’ajouter : « L’impact qu’ils ont eu et continuent d’avoir dans notre communauté est vraiment incroyable. Je ne parle pas seulement des francophones originaires du Québec ou des maritimes, mais aussi de nos citoyens de France qui contribuent largement aux succès de notre ville. »

Renouveau pour les francophones

Jusqu’aux années 60, la francophonie se faisait encore très discrète à North Bay, jusqu’à ce qu’un groupe de francophones décide de se rassembler afin de proposer des activités en français.

C’est après une visite au Carnaval de Québec en 1953 que ce groupe, qui deviendra les Compagnons des Francs Loisirs, lancera l’idée du carnaval d’hiver de North Bay avec une toute première édition en 1964. Il s’agit aujourd’hui du 2e plus vieux carnaval du Canada, une fierté selon le maire et l’organisme responsable de ce festival.

Le bonhomme du Carnaval des Compagnons des Francs Loisirs de North Bay. Source : Tourism North Bay

« La ville nous voit, maintenant, comme un partenaire fort et complet pour la communauté. On est plus le petit pauvre, le petit cousin derrière le banc qui se cache », précise Arnaud Claude, au micro d’ONFR, avant d’ajouter avoir plus que doublé le nombre de ses employés à temps plein et étendu leur couverture régionale dans les dernières années.

En outre, les Compagnons des Francs Loisirs, membres du comité organisateur du centenaire, mettront sur pied un concert de musique honorant la musique francophone d’hier à aujourd’hui, en partenariat avec le musée de North Bay le 22 mai prochain.

D’autres initiatives, comme un trousseau d’activités en français et la publication de recueils d’histoire du patrimoine francophone de la région, seront proposées au public durant les prochains mois.

En 2021, le gouvernement ontarien a annoncé le retour, pour 2026, du train Northlander reliant notamment North Bay à Toronto. Source : Stan Cho/Facebook

Le saviez-vous?

  • C’est à North Bay qu’ont été établis les premiers locaux de la Caisse Alliance de l’Ontario dans les années 70.
  • Michel Dupuis, co-fondateur du drapeau franco-ontarien – qui fêtera ses 50 ans cette année – et décédé en 2019, était originaire de North Bay. En plus d’une plaque sur l’Allée des célébrités de North Bay, celui-ci avait reçu la médaille de Jubilée de la reine Elizabeth II en 2017.
  • Le 22e premier ministre de l’Ontario, Mike Harris, ou encore les francophones, Breen Leboeuf et Alain Rochefort, du Blue Man Group de New York sont aussi d’autres personnalités originaires de North Bay.
  • Aujourd’hui, aucun des 11 membres du conseil municipal ne s’exprime en français.

Élections fédérales : un débat sur les enjeux francophones le 22 avril

élection, canada, élections

Radio-Canada présentera un débat portant sur les enjeux francophones le 22 avril avec des représentants des cinq principaux partis fédéraux.

Animé par le chef d’antenne du Téléjournal Ottawa-Gatineau, Mathieu Nadon, il réunira les représentants suivants :

M. Pedneault sera d’ailleurs le seul chef de parti à être présent alors que Steven MacKinnon, Joël Godin et Martin Champoux étaient tous députés au moment de la dissolution de la Chambre des communes à la fin mars. François Choquette, député de Drummond de 2011 à 2019 pour le NPD, a déjà été le porte-parole de son parti pour les langues officielles.

« Il s’agit d’une occasion pour les représentants des principaux partis de défendre leurs engagements, de clarifier leurs propositions et leur vision en matière de francophonie alors que les préoccupations des communautés francophones de partout au pays seront à l’ordre du jour », a indiqué la société d’État dans un communiqué.

Le débat qui aura lieu au Centre national des Arts, à Ottawa, sera diffusé sur les différentes plateformes de Radio-Canada dès 20 h le 22 avril. Il est organisé en collaboration avec le Réseau.Presse. Un débat similaire avait aussi été présenté lors des élections en 2021 par la société d’État. L’élection aura lieu le 28 avril.

Une première femme élue présidente de la chambre à Queen’s Park

Au premier jour de la rentrée parlementaire, Donna Skelly a été élue présidente de l’Assemblée législative de l’Ontario. La députée de Flamborough-Glanbrook, qui succède à Ted Arnott, devient ainsi la première femme à occuper ce siège.

C’est en ce jour de retour en session de Queen’s Park qu’a eu lieu l’élection de la nouvelle présidence de la chambre. C’est l’ancien député Ted Arnott qui occupait le poste de président depuis 2018, un titre auparavant uniquement occupé par des hommes.

En lice, deux députées : la néo-démocrate Jennifer French, et la progressiste-conservatrice Donna Skelly, qui était elle-même vice-présidente depuis 2022.

Au nom de cette dernière, la salle a puissamment retenti. La victoire a été acclamée par tous les partis avec grand enthousiasme. Les membres du PC l’ont tour à tour chaleureusement serrée dans leurs bras, de même que les membres des autres partis dont Jennifer French.

« C’est une grande joie, ça me prouve que les choses peuvent changer ici. Ça prend du temps, du travail et de la patience, mais ça évolue dans le bon sens. C’est une très bonne nouvelle », s’est notamment félicitée la députée franco-ontarienne France Gélinas.

Cette élection s’inscrit dans la lignée des récentes premières historiques avec l’autorisation officielle des langues autochtones en chambre en 2024, et la nomination d’une Lieutenante-gouverneure franco-ontarienne, Edith Dumont, en 2023.

Donna Skelly, au centre, chaleureusement félicitée par Doug Ford, sous des tonnerres d’applaudissements. Photo : Sandra Padovani/ONFR

« Un moment de grande fierté »

Donna Skelly a exprimé au micro des journalistes sa fierté immense : « Être la première femme à occuper ce poste, c’est incroyable. C’est vraiment spécial. »

Avant de se lancer en politique en 2018, elle était journaliste, notamment pour CHCH-TV à Hamilton, où elle animait et produisait des bulletins de nouvelles télévisés locaux et régionaux.

Originaire du Nord de l’Ontario, une des premières choses auxquelles elle indique vouloir s’atteler est de reconnecter les régions rurales du Nord de l’Ontario à Queen’s Park.

« Je suis également très attachée à l’idée de faire baisser la tension à l’intérieur de l’Assemblée législative. La politique est un sport extrêmement difficile, un sport de combat même, et avec les réseaux sociaux, nos politiciens sont souvent la cible d’attaques  », atteste celle-ci.

« Nous n’avons pas besoin de nous attaquer personnellement à l’intérieur de la chambre. On peut être passionné, mais évitons les attaques personnelles. Et j’ai entendu tous mes collègues dire qu’ils étaient d’accord. Ils veulent plus de collaboration, ils souhaitent travailler plus étroitement. »

Le président est le chef du Bureau de l’Assemblée législative, un bureau non partisan qui soutient le travail des députés. En plus du rôle cérémonial et diplomatique, il doit superviser les séances, faire respecter les règles et maintenir l’ordre à la Chambre.

Bien qu’appartenant à un parti politique, un président se doit d’être juste et impartial et doit s’assurer que les débats se déroulent de façon respectueuse.

Le Parlement reprend du service : les cinq défis du gouvernement Ford

Après quatre mois d’absence de sessions parlementaires, les élus retournent à l’Assemblée législative de l’Ontario ce lundi. En plus des promesses de campagne exclusivement axées sur la réponse aux tarifs, des défis majeurs attendent le gouvernement Ford, dont celui de donner une direction à son mandat, selon un politologue. Déficit budgétaire, crise du logement, infrastructures, soins de santé… Cinq des défis clés à relever.

« Le gouvernement a peut-être un mandat fort, mais pas un mandat clair », analyse le politologue Peter Graefe pour qui il s’agit de définir une direction et de grands projets face aux enjeux annexes aux tarifs.

Un des dossiers immédiats est celui de déposer le budget provincial sous peu, le tout dans un contexte d’incertitude économique. Selon M. Graefe, une série de besoins dans le service public demande à être réglée même si la tendance est plutôt de ne pas trop dépenser.

Lors de la mise à jour de l’exercice financier l’automne dernier, la province visait une baisse drastique du déficit. Celui-ci était estimé à 1,5 milliard de dollars pour 2025-2026, réquérant une économie de 5 milliards par rapport à l’année précédente. Les projections prévoyaient même un excédent de 0,9 milliard d’ici à 2026-2027, grâce à une croissance économique soutenue.

« Les projections économiques sont plus sombres par rapport au taux de croissance anticipée. L’ancienne promesse de rétablir l’équilibre budgétaire sera plus difficile à tenir », prédit le professeur de science politique de l’Université McMaster, rappelant que des investissements conséquents seront nécessaires pour honorer les promesses en infrastructures notamment.  

Crise du logement, transports et infrastructures

À l’automne dernier, le gouvernement Ford annonçait « le plan d’immobilisations le plus ambitieux de l’histoire de la province » avec 190 milliards de dollars d’investissement sur les dix prochaines années, pour les routes, lignes de transport en commun, logements, réseaux internet à haute vitesse, etc.

Selon M. Graefe, le gouvernement, qui a l’objectif de construire 1,5 million de nouveaux logements d’ici à 2031, doit trouver le moyen d’accélérer les projets immobiliers, « d’autant qu’il ne mise que sur les logements privés et pas sur les projets du secteur public. Un enjeu dans la mesure où la construction immobilière répond aux marchés fluctuants. »

À compter du 1er mai prochain, l‘Ontario étendra encore davantage les pouvoirs forts à 169 maires supplémentaires, espérant faire accélérer la construction de logements.

Côté transports, les promesses de campagne incluent la création d’un tunnel sous l’autoroute 401 pour désengorger Toronto. Ce projet qui fait déjà polémique nécessiterait une étude de faisabilité qui prendrait deux ans et coûterait plusieurs millions de dollars. Notons aussi la construction controversée de l’autoroute 413 à partir de cette année, ou encore le creusement du dernier tronçon ouest de la ligne transurbaine Eglington Crosstown annoncé une semaine plus tôt, mais toujours sans aucune date d’ouverture officielle. Les travaux qui avaient commencé en 2011 devaient être achevés en 2020.

Des médecins pour 300 000 personnes en plus d’ici 2029

« Une autre priorité pour le gouvernement est la construction active d’hôpitaux, même si la qualité des services n’avait jamais été au cœur du message, contrairement aux partis d’opposition », décrypte le politologue d’Hamilton.

Le gouvernement doit pourtant faire face à la pénurie de médecins et semble adopter une nouvelle stratégie avec l’appui, depuis décembre dernier, de la Dre Jane Philpott, médecin et ancienne ministre fédérale de la santé.

Quelques jours avant la rentrée parlementaire, le ministère de la Santé a annoncé un investissement de 213 millions de dollars (sur 1,8 milliard) pour soutenir « le premier appel de propositions pour créer 80 nouvelles équipes de soins primaires pour ajouter 305 nouvelles équipes de soins primaires dans la province, permettant ainsi à deux millions de personnes supplémentaires d’avoir accès à des soins primaires d’ici quatre ans. »

Ce premier appel est ciblé par code postal, ceux ayant le plus grand nombre de personnes , avec une moyenne de 8000 personnes par code postal. 

« Toutes les équipes interprofessionnelles de soins primaires sont financées par des fonds publics et offertes par des services publics », a assuré Hannah Jensen, la porte-parole de la ministre de la Santé.

Déterminer une approche tarifaire pérenne

« Le défi tarifaire ne fait que commencer. Il va falloir trouver une approche pérennes au-delà des annonces réactionnaires de M. Ford, explique M. Graefe pour qui la gestion face à des situations de crise est l’un de ses points forts, plus que l’élaboration de grands plans stratégiques généraux. »

Selon lui, si Doug Ford se voit comme un chef de file des premiers ministres provinciaux, avec l’arrivée d’un nouveau premier ministre canadien, il va falloir cohabiter et penser de nouvelles stratégies.

De rappeler l’intention du gouvernement de miser sur l’extraction minière du Nord de l’Ontario, sa volonté d’armer les petites entreprises, ou encore de renforcer la collaboration commerciale interprovinciale et de diversifier ses marchés.

« Ce n’est pas quelqu’un qui jusque-là a eu de grands projets de transformation de l’Ontario par une vision sur le long terme. Ces interventions à la pièce, c’est peut-être ça le danger pour l’Ontario. Cela fait sept ans que l’on fait un peu du surplace face aux grands enjeux pour la société ontarienne. À voir comment celui-ci se renouvelle avec le contexte actuel », conclut-il.

Un EP tout en français pour Good Fortune

KINGSTON – La Franco-Ontarienne et artiste bilingue Good Fortune, alias Kelsey McNulty, a lancé un EP complètement en français ce vendredi. Les cinq chansons présentes sur Un rappel prennent une sonorité directement inspirée de la pop des années 1960, une période musicale inspirante pour l’artiste établie à Kingston. En entrevue avec ONFR, Good Fortune décortique son mini-album et explique sa démarche artistique.

Le titre de l’album, « c’est un rappel de rester présent, d’être ouvert, que ça change toujours, raconte l’autrice-compositrice-interprète. C’est être présent pour accepter l’amour, la musique, la vie. Et c’est un rappel pour moi de mon côté français. »

Née à Ottawa dans un environnement très bilingue, déménagée à Toronto dans sa vingtaine vivant maintenant à Kingston, Good Fortune a débuté sa carrière musicale dans des sphères majoritairement anglophones.

Son nom d’artiste est tiré du titre d’une chanson de son premier album. Il évoque un sentiment de gratitude à l’idée de pouvoir créer, enregistrer et faire carrière en musique. « J’avais juste le sentiment, en faisant l’album, d’être tellement chanceuse. Donc, j’ai nommé le projet Good Fortune pour cette raison. »

L’autrice-compositrice-interprète et réalisatrice donne dans la rétropop, même si elle rappelle qu’elle y ajoute des touches modernes. Elle s’inspire fortement de la chanson française des années 1960 et 1970, plus particulièrement de Françoise Hardy (une influence facilement identifiable) et de Serge Gainsbourg. L’album Histoire de Melody Nelson de ce dernier a été particulièrement marquant pour Good Fortune. Son timbre de voix rappelle aussi celui d’une autre ontarienne bilingue, Andrea Lindsay.

Un pont pour franchir les barrières linguistiques

Après avoir collaboré avec certains artistes francophones dans la ville reine, Good Fortune s’est désolée de constater l’étanchéité qui régnait entre les scènes artistiques. « Quand je faisais des festivals avec des groupes anglophones, je connaissais toujours des musiciens (dans différents groupes). Mais quand j’allais dans les festivals francophones, je ne connaissais personne. »

S’ouvrir sur la musique en français lui a donné envie de passer par-dessus les barrières linguistiques. « C’est une scène tellement vibrante, avec de la très bonne musique ».

Pochette du EP Un rappel. Photo : Laura Moreau

Entre les festivals francophones qui mettent souvent l’identité à l’avant-plan et les festivals anglophones qui ne prêtent pas attention à la langue minoritaire, si ce n’est que d’inviter un artiste francophone de temps en temps, elle rêve de voir émerger des événements réellement bilingues. « Je suis une artiste bilingue et c’est important pour moi que ce ne soit pas divisé. »

Le premier album de Good Fortune comportait déjà trois chansons en français. Avec Un rappel, elle replonge complètement dans cette francophonie qui l’a vue grandir.

« Toutes mes grosses décisions de vie, je les ai faites en anglais. Donc, le français, c’est un peu plus innocent pour moi. (…) Mes doutes, mes questionnements existentiels, je les fais en anglais. Le français connote une partie de ma vie qui date d’avant tout ça », raconte l’artiste en évoquant son enfance.

Pièce par pièce

Pour Good Fortune, le bilinguisme est un atout lorsqu’on fait carrière en musique. « Quand j’écris en anglais et quand j’écris en français, même si c’est le même sentiment, la façon dont les mots tombent change la musique. C’est vraiment intéressant comment le langage influence les mélodies et les chansons. J’aime avoir accès aux deux langues. Ça double l’inspiration. »

Good Fortune est aussi réalisatrice et aime s’amuser avec le principe du stop motion. Le concept du vidéoclip de Sosie lui est venu après que quelqu’un lui ait dit que la chanson avait des sonorités qui rappelaient le monde du cirque.

La chanson Sosie, qui ouvre le EP, vient d’ailleurs d’une idée qu’elle a d’abord réfléchie en anglais. En observant une artiste plus jeune qu’elle, elle a cru se reconnaître. Elle aurait voulu lui donner des conseils, lui raconter ses erreurs afin qu’elle évite de les reproduire.

Elle a plutôt choisi d’en faire une chanson, mais trouvait que le mot Doppelgänger se plaçait mal. Elle trouvait le mot français sosie plus beau, alors elle a écrit la chanson en français.

Un rappel se poursuit avec Laisse au vent, qui puise son inspiration dans ses racines franco-canadiennes. « Je relisais La détresse et l’enchantement de Gabrielle Roy, se remémore l’artiste. Ça parle beaucoup de sa vie au Manitoba. Elle se sentait seule dans le monde, grand et isolé. Il y avait un parallèle entre sa vie et le paysage. Il y avait quelque chose, là, qui m’inspirait. »

Laisse au vent évoque l’idée que le monde est grand, mais qu’il faut foncer pour le découvrir.

La pochette de l’extrait Laisse au vent. Photo : Gracieuseté de Six media marketing

L’idée du parallèle entre l’humain et la nature revient sur Cendres, le troisième titre du mini-album. La saison particulièrement intense des Feux de forêt, en 2023, sert de trame de fond pour parler de relations interpersonnelles. Pour faire face aux changements climatiques, comme pour entretenir nos couples ou nos amitiés, il faut faire des efforts conscients. « You have to care for it. »

Il est important de soutenir notre partenaire dans ses ambitions, mais on ne peut pas non plus réaliser ses projets pour lui ou le forcer à le faire, comme exprimé dans la chanson suivante, Même si je comprends. On ne « peut pas forcer le temps », et le conseil vaut aussi pour nous-mêmes.

« Beaucoup des chansons sont un rappel pour moi de rester ouverte, d’être présente et de ne pas trop forcer. Je veux toujours tout faire. (…) C’est un rappel de ralentir. »

Un rappel se termine sur sa pièce la plus légère, Disons rien. La chanson est inspirée d’une version de la formation Montréalaise TOPS de la chanson Sunday Morning, tirée d’un album hommage à l’artiste américaine Margo Guryan.

En spectacle

La prochaine prestation publique de Good Fortune est prévue le 21 mai au Centre national des arts d’Ottawa, dans le cadre de la semaine musicale de la capitale. Cet événement, qui aura lieu pour la première fois cette année, est organisé par la Coalition de l’industrie musicale d’Ottawa en marge de son gala des Prix de la musique de la capitale.

Good Fortune se produit parfois dans des cafés et salles de spectacles de Kingston, et prépare un spectacle éventuel en collaboration avec le Centre culturel Frontenac, un organisme important pour la francophonie de la région.

Elle caresse aussi le projet de faire des spectacles intimes dans des magasins de disques indépendants. Une tournée pourrait se dessiner à l’automne.  

Double sujet

Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.

« Sujet je suis, sujet je resterais, et de deux rois qui plus est. » Telle était l’affirmation qui fit des bandes sur les parois de ma boîte crânienne lorsque, le 8 septembre 2022, sur ma rétine manquant de sommeil s’imprima : la reine a rendu l’âme.

Mais qu’est-ce que le décès d’Élisabeth II, reine du Royaume-Uni et des royaumes du Commonwealth, cette dame qui a vu glisser l’Histoire durant ses 70 ans de règne, à avoir avec un Maghrébin immigré au Canada? se demandent peut-être les fidèles lectrices et lecteurs dans l’intimité de leurs méninges.

La réponse à cette interrogation est simple en apparence : beaucoup.

Toutefois, il va falloir se montrer un peu patient jusqu’à la prochaine chronique pour son développement, car, loin de moi l’idée de jouer au suspens de peu de goût, il y a plus urgent! Au diable donc l’ordre de la chronologie que je chéris tant!

Guerre mondiale

Pas plus tard que ce matin, le petit écran installé dans l’ascenseur de mon immeuble – histoire de se détourner le moins possible de la pensée pixellisée – m’informa en une brève superbement concise que le président américain, Donald Trump, déclarait la guerre mondiale commerciale. « Le jour de la libération », qu’il l’appela. 

Si cette news qui circoncisait les marchés financiers et rendait fous les gouvernements des 180 pays visés par les taxes douanières instaurées par le président américain, Dieu sait par quel calcul, « m’en toucha une sans faire bouger l’autre » (je n’emprunte là que la célèbre réplique de l’ancien président français, Jacques Chirac, reprise par Emmanuel Macron en 2022), après tout, je n’ai pas beaucoup de choses matérielles à perdre dans cette guerre, l’information qui suivit me donna des palpitations, éclaireuses de la panique.

En effet, dans la foulée, Big Brother me confirma ce que je redoutais le plus de la part de l’Oncle Sam. Ce qui était censé être une blague d’aussi mauvais goût que le suspens plus haut, s’avéra être une ambition sérieuse du nouveau président américain : intégrer le Canada à son pays en tant que 51e État! Une colonisation, ni plus, ni moins.

« Mais Donald, tu en as déjà 50, des États! », m’écriai-je sans égard à l’autre personne dans la cabine d’ascenseur, la voisine du 16e étage qui ne dit jamais bonjour! Cependant, juste après cette évidente remarque que je croyais drôle, cette première carapace contre le choc émotionnel qu’est l’humour fut brisée par la panique.

Non merci, je ne veux pas devenir Américain

Nom d’une pipe, je n’ai pas signé pour ça. Il y a là violation du contrat! Non, non et non! Si j’ai choisi de laisser derrière tout ce qui m’est cher, ce n’est pas pour se retrouver citoyen américain! Si j’ai opté pour le Canada, ce n’est pas pour me retrouver parmi ceux et celles qui achètent une arme comme une baguette de pain.

Beaucoup me diront que, pour un tiers-mondiste comme moi, il y a quand même des avantages à cela, à l’instar des salaires plus élevés et des impôts plus bas aux USA qu’au Canada. À ceux-là je réponds : ma quête n’a jamais été matérielle et elle ne le sera jamais. Ma quête est artistique, humaine, égalitaire et multiculturelle, et je ne trouve nullement ces quatre critères dans la manière de voir les choses sous la chevelure dorée de M. Trump.

Certes, je ne suis pas sociologue, politologue, psychologue ou encore moins philosophe. Je ne suis qu’un filou des mots, à ce qu’il paraît. Mais, nul besoin de sortir d’Harvard, de l’ENA, de Stanford ou d’Oxford pour comprendre qu’il y a là tous les ingrédients nécessaires d’une dictature des temps modernes ne disant pas son nom qui est en train de s’installer doucement, mais sûrement, chez nos voisins du sud. Parole de tiers-mondiste ayant connu les années de plomb, parole d’un esprit dont le futur est conseillé par le passé, sous l’arbitrage neutre du présent.

À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous). 

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Les enjeux des francophones en Ontario et au Québec

Quand les Canadiens sont appelés aux urnes, la mordue de politique, Stéphanie Chouinard, se pose beaucoup de questions! Quels sont les grands enjeux de cette campagne fédérale, d’un bout à l’autre du pays? Après avoir arpenté l’Est et l’Ouest du pays, elle reçoit cette fois les politologues Luc Turgeon et Daniel Béland qui répondent à ses questions sur la campagne fédérale en Ontario et au Québec.

Paul Poirier : « La préparation olympique a déjà commencé »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Paul Poirier est un patineur artistique franco-ontarien. Depuis 2011, il forme avec Piper Gilles un duo de danse sur glace de haut niveau, remportant notamment deux titres aux Championnats des quatre continents en 2024 et 2025, ainsi que deux médailles d’argent de suite aux Championnats du monde en 2024 et 2025,

LE CONTEXTE :

Après avoir terminé sa saison sur une médaille d’argent aux mondiaux qui se déroulaient à Boston, le duo Poirier-Gilles s’est envolé pour le Japon afin de débuter sa tournée de spectacle du printemps avant de commencer sa préparation estivale pour la saison prochaine et les Jeux olympiques d’hiver de 2026.

L’ENJEU :

Le Torontois revient sur la saison écoulée, ses enseignements et se projette déjà sur l’année olympique, l’une des plus importantes de sa carrière.

« Tout d’abord, revenons sur les Championnats du monde. Quel est votre sentiment sur votre médaille d’argent : est-ce que c’est le devoir accompli d’avoir gardé cette médaille d’argent ou une petite déception de ne pas être allé plus haut?

C’est un mélange des deux. Maintenant que j’ai un peu de recul, je peux vraiment apprécier et être fier de ce qu’on a accompli. On a bien patiné, bien performé. C’était une saison compliquée pour nous, surtout dans la première moitié avec pas mal de défis et de défaites. Donc, arriver à faire de bonnes performances sur toutes les compétitions de la deuxième moitié de saison, bien se préparer, et finalement terminer deuxièmes mondiaux en année préolympique, c’est quelque chose de spécial.

Sur le moment, on était déçu, bien sûr. Il y a une part de moi qui voulait plus. Mais comme athlète, il faut trouver l’équilibre : la déception peut te motiver, mais elle ne doit pas te démoraliser. 

Dans le patinage, où il y a une part de subjectivité liée aux juges. Avez-vous réussi à identifier ce qui vous a manqué pour décrocher l’or?

C’est le défi des sports jugés. Il y a forcément une part de subjectivité liée aux goûts, à l’aspect artistique du sport. En tant que patineur, il faut accepter cette réalité. Parfois, on se demande si le résultat aurait été différent avec un autre panel de juges, mais on sait aussi, au fond, qu’on peut toujours s’améliorer.

On n’est jamais parfait. Il y a toujours des éléments techniques à affiner, des mouvements à exécuter plus vite, plus proprement. Ce travail d’amélioration ne dépend pas du résultat. Que l’on gagne ou non, on cherche constamment à progresser. Il faut être capable de se dire ‘ça, je l’ai bien fait’, tout en voyant ce qui peut être mieux. C’est cet équilibre qui permet de continuer à avancer avec confiance, mais aussi avec humilité et envie de s’améliorer chaque jour.

Paul Poirier et Piper Gilles en action lors du programme rythmique aux mondiaux à Boston. Photo : Skate Canada

Revenons sur la saison globalement. Vous avez déjà commencé à l’évoquer. Le début a été difficile, mais à quel moment et comment avez-vous réussi à redresser la barre?

C’était vraiment une saison étrange. On a eu deux compétitions très compliquées à l’automne, en Finlande et en France. Ce qui était frustrant, c’est que les erreurs commises n’étaient pas sur des éléments techniques très durs. C’était des fautes ‘bêtes’, comme la fois où mon pied a juste heurté le mur. C’était une question de distance mal évaluée, alors que j’étais bien en équilibre, dans ma routine.

Cette saison, on avait décidé de commencer nos entraînements plus tôt, dès le 15 juin, pour être bien préparés après notre deuxième place aux mondiaux à Montréal. Mais je pense que ça nous a usés. On n’a pas vraiment eu de pause jusqu’à la fin des Grands Prix, début décembre. À ce moment-là, on était vraiment épuisés.

Après les Grands Prix, on a enfin pu faire un break, avoir une vraie semaine de repos. Et on a recentré notre approche sur la gestion de l’énergie : alterner les jours de grosse charge et les jours plus calmes, choisir nos moments. Cette écoute du corps et de nos besoins nous a permis d’être performants sur toute la deuxième moitié de la saison.

Vous avez ensuite enchaîné très vite avec les spectacles en commençant votre tournée au Japon. Comment s’est prise cette décision?

Ça fait plusieurs saisons qu’on fait ça : on enchaîne les spectacles juste après la saison compétitive. C’est devenu une habitude, une partie de notre routine. On sait maintenant comment se préparer pour enchaîner les shows, puis revenir à l’entraînement estival pour la compétition.

C’est vrai que les spectacles demandent beaucoup d’énergie, mais on les considère comme un type d’entraînement. Pendant la saison, on fait deux performances par compétition, toutes les trois ou quatre semaines. En tournée, c’est quatre ou cinq shows par semaine, pendant plusieurs semaines d’affilée. Ça t’oblige à performer dans toutes les conditions – fatigué, malade, après un long trajet en bus…

Et ça nous rend plus solides mentalement. En plus, comme il n’y a pas les contraintes du règlement ou du pointage, on peut vraiment se concentrer sur l’émotion et le plaisir de patiner. Ça a changé notre rapport au patinage. On s’épanouit différemment et ça nous nourrit aussi pour la compétition.

Paul Poirier et Piper Gilles en action lors du programme libre aux mondiaux à Boston. Photo : Skate Canada

Cette saison vous a-t-elle tout de même servi dans la préparation olympique, même si vous devrez changer de programme l’an prochain?

Toujours. Chaque nouveau programme nous apprend des choses. On teste une chorégraphie, une structure, et parfois on se rend compte que ça ne fonctionne pas : pas assez d’élan pour enchaîner, trop de fatigue sur une section… On apprend de ça pour mieux concevoir le programme suivant.

Cette saison, on a aussi beaucoup appris sur la gestion de l’énergie, comment trouver l’équilibre entre entraînement et repos. Et puis il y a le côté momentum : être sur le podium mondial pour la troisième saison d’affilée, ça compte dans un sport jugé. Ça ne garantit pas une médaille olympique, bien sûr, mais ça montre aux juges qu’on est là, qu’on reste dans le haut du classement mondial. Et psychologiquement, ça nous donne confiance.

Pour finir, comment va se passer votre préparation olympique? Est-ce que vous la commencez déjà pendant la tournée, ou bien après?

Oui, la préparation a déjà commencé, même pendant les spectacles. On fait beaucoup de recherches en ce moment : sur la musique, sur les mouvements, on regarde des vidéos de danse, on pense aux costumes… C’est le moment de la réflexion.

On commencera les chorégraphies en juin. Ensuite, les mois de juin, juillet, août seront entièrement consacrés à la construction des nouveaux programmes. Puis les compétitions reprendront à l’automne, avec la saison des Grands Prix à partir de septembre-octobre. »

Le prochain gouvernement reconnaîtra-t-il l’Acadie comme une nation?

élection, canada, élections

Les groupes de pression acadiens espèrent que la campagne électorale permettra de faire reconnaître l’Acadie, à l’instar du Québec, comme une nation, dans une de leurs principales demandes effectuées auprès des partis fédéraux.

« Je pense que c’est dû après 400 ans d’histoire », affirme la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Nicole Arseneau-Sluyter 

« L’Acadie n’a pas de territoire, on est pas mal partout au Canada, poursuit-elle. On fait partie de l’histoire alors que ça serait important qu’on soit reconnu comme peuple et non qu’on parle des Acadiens comme des communautés. »

En 2006, le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait reconnu le Québec comme une nation au sein du Canada, dans le cadre d’une motion à la Chambre des Communes. 

« L’Acadie peut l’être aussi. On a une culture qui est différente. On est très différent des Franco-Manitobains, des Fransaskois et autres. Donc, pas de doute qu’on est une nation et qu’on devrait être reconnue comme ça », croit Martin Théberge, le président de la Société Nationale de l’Acadie (SNA), qui représente les Acadiens en Atlantique, mais aussi ailleurs au Canada, en France et aux États-Unis.

La motion en question en 2006 de Stephen Harper était purement symbolique et n’avait aucune portée juridique. Si elle convient que faire un geste similaire pour l’Acadie aurait plutôt une portée symbolique, il n’en reste pas moins que ça serait « une valeur ajoutée à la francophonie hors Québec », plaide Mme Arseneau-Sluyter.

« On s’entend que pour la nouvelle génération, l’histoire de l’Acadie, ce n’est pas trop enseigné même ici au Nouveau-Brunswick. Peut-être que ça ouvrirait cette porte-là qu’on connaisse plus notre histoire », suggère-t-elle.

Martin Théberge, le président de la société nationale de l’Acadie (SNA). Gracieuseté

Le président de la SNA souligne la relation entre la France et l’Acadie, notamment entre la défunte dramaturge Antonine Maillet et le président français Emmanuel Macron qui a souvent fait référence à l’Acadie comme un peuple dans les dernières années. L’Acadie possède aussi des ententes, en plus de la France, avec la Wallonie (la communauté française de Belgique) et le Québec.

« C’est la seule entente que l’État français a qui n’est pas avec un gouvernement, rappelle-t-il. Dans ces trois ententes-là, on reconnaît l’Acadie comme peuple alors c’est temps que le gouvernement fédéral le fasse aussi. »

Les Acadiens demandent également aux partis fédéraux, de s’engager à pérenniser le financement de la fête nationale de l’Acadie pour l’organisation des festivités en lien avec le 15 août.

« Ce n’est pas normal que ce financement ne soit pas permanent comme la fête de la Saint-Jean-Baptiste. Il y a des éléments symboliques au départ, mais qui vont avoir des impacts concrètement une fois qu’on va adopter cela (cette motion) », persiste M. Théberge.

L’annuel Tintamarre du 15 aôut dans les rues de Yarmouth lors du du Congrès mondial acadien en 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Autant la SNA que la SANB veulent voguer sur le succès du Congrès mondial acadien qui a eu lieu en Nouvelle-Écosse en 2024. « Le timing est bon pour le peuple acadien », conclut le président de la SNA.

Élections fédérales : les enjeux des francophones dans l’Est et dans l’Ouest

Quand les Canadiens sont appelés aux urnes, la mordue de politique, Stéphanie Chouinard, se pose beaucoup de questions! Quels sont les grands enjeux de cette campagne fédérale, d’un bout à l’autre du pays? Premier arrêt, le Nouveau-Brunswick, où elle rejoint Gabriel Arsenault, professeur de science politique à l’Université de Moncton. Ensuite, cap vers l’ouest, avec le spécialiste de politique canadienne de l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily.

169 nouveaux maires dotés de « pouvoirs forts »

À compter du 1er mai prochain, lOntario étendra les pouvoirs de 169 maires supplémentaires, dont une dizaine de municipalités francophones. L’objectif pour la province : faire accélérer la construction de logements et d’infrastructures.

Cette longue liste de municipalités se situe dans la continuité du concept de « maire fort » d’abord initié avec Toronto et Ottawa en décembre 2022, puis progressivement déployé dans l’ensemble de la province entre juin et octobre 2023.

Parmi ces nouvelles villes concernées, les très francophones Timmins, Hearst, Kapuskasing, Penetanguishene, Cochrane, Blind River, Greenstone, Iroquois Falls, Cornwall, Hawkesbury, le Canton de Champlain…

La province compte actuellement 47 municipalités dotées de ces pouvoirs renforcés, « ce qui a contribué à réduire les formalités administratives et à accélérer la réalisation des principales priorités dans leurs collectivités ».

« Les présidents de conseil sont des partenaires essentiels dans nos efforts visant à construire des logements et de l’infrastructure dans l’ensemble de la province, a déclaré Rob Flack, ministre des Affaires municipales et du Logement. En étendant les pouvoirs de maires forts à ces municipalités supplémentaires, nous fournissons aux maires tous les outils à notre disposition pour leur permettre d’accélérer la construction de logements et d’infrastructure. »

Ces pouvoirs renforcés s’accompagnent d’une responsabilisation accrue des présidents des conseils, notamment une plus grande supervision des conseillers municipaux.

Parmi ceux-ci le maire peut :

  • Proposer le budget municipal, qui serait assujetti aux modifications du conseil, au veto du président du conseil et au processus dérogatoire du conseil
  • Opposer un veto à certains règlements municipaux si le président du conseil estime que tout ou partie de ces règlements risque d’entraver une priorité provinciale
  • Nommer le directeur général de l’administration de la municipalité
  • Engager les responsables de certains services municipaux et établir/réorganiser des services
  • Créer des comités du conseil, leur attribuer des fonctions et nommer leurs présidents et vice-présidents
  • Proposer certains règlements administratifs si le maire est d’avis que celui-ci pourrait faire progresser une priorité provinciale. Le conseil peut adopter ces règlements si plus d’un tiers de tous ses membres votent en leur faveur.

Plan culturel à Ottawa : les francophones veulent être vus, entendus… et financés

OTTAWA – La Ville d’Ottawa consulte actuellement la population pour définir son nouveau plan culturel. Un exercice qui ravive les espoirs – mais aussi les frustrations – de plusieurs figures du milieu artistique et communautaire francophone. 

« Ce que les francophones veulent, c’est simple : se voir, s’entendre, vivre leur culture au quotidien », tranche Madeleine Meilleur, directrice générale du Muséoparc Vanier.

Rencontrée en marge d’une consultation publique organisée début avril par la Ville d’Ottawa dans le cadre de l’élaboration du plan culturel municipal 2025-2030, elle insiste : les Franco-Ottaviens souhaitent « encourager leurs artistes, les voir grandir ici, et non les perdre faute de soutien. »

Mais elle déplore une réalité persistante : « Les arts, on les finance toujours en dernier. Même si la francophonie est bien vivante à Ottawa, les artistes doivent constamment se battre pour exister. »

Une situation qui résonne avec le vécu d’Inouk Touzin, artiste professionnel du théâtre contraint de mettre sa pratique artistique sur pause faute de financement. 

« Je ne peux m’imaginer vivoter comme dans le passé avec le coût de la vie et une famille à ma charge, donc il faut complètement changer la donne en termes de financement des arts. » 

Selon lui, il est « critique que le plan fasse une place importante pour mon groupe, c’est-à-dire du financement et des programmes spécifiques à la culture franco-ontarienne. » 

Ainsi, il appelle à ce que le plan aborde « de front la question de l’engagement citoyen envers les arts vivants, pour occuper nos espaces, propulser nos artistes vers la production artistique de qualité pour qu’il soit possible de mieux vivre des arts. » 

Inouk Touzin appelle à des programmes spécifiques à la culture franco-ontarienne. Photo : gracieuseté

Une francophonie en mutation

Pour François Lachapelle, acteur culturel bien connu de la capitale, il est temps de repenser les cadres traditionnels : « La croissance francophone est désormais portée par l’immigration en provenance d’anciennes colonies, ce qui transforme en profondeur les dynamiques culturelles. »

À ses yeux, un plan culturel municipal ne peut être un simple document symbolique : « C’est un engagement sur dix ans, parfois plus. Il doit donc refléter les réalités d’aujourd’hui, pas seulement une vision traditionnelle de la culture. »

Ce plan culturel constitue le premier exercice de planification culturelle à l’échelle de la ville depuis 2012. Pour mieux répondre aux besoins de ses populations culturelles diverses, Ottawa prévoit de consulter 10 000 résidents, par le biais d’une tournée culturelle, de groupes de discussion, de sondages, d’entrevues et de consultations communautaires.

Pour une culture inclusive et exportable

Jessy Lindsay, auteure-compositrice-interprète pop franco-ontarienne, estime que l’enjeu dépasse le financement. Il faut ouvrir les espaces artistiques. 

« J’aimerais bien voir plus d’infrastructures pour les arts ainsi que plus de collaboration et de support des associations et collectifs artistiques qui existent déjà ici. » 

Elle dénonce la programmation trop cloisonnée selon les langues et les communautés : « En tant qu’artiste francophone, je suis souvent programmée avec d’autres artistes francophones. Ça serait beau de voir plus de programmation qui nous mélange avec les autres, surtout dans une ville bilingue. »

Jessy Lindsay dénonce la programmation trop cloisonnée selon les langues et les communautés. Photo : Chantalyne Beausoleil

Une ouverture à la mixité artistique qu’évoque aussi Mélanie Brulée, directrice générale de la Coalition de l’industrie musicale d’Ottawa (CIMO). 

Elle espère que le nouveau plan culturel « mette l’accent sur un soutien accru au développement des arts locaux, avec plus de financements dédiés ainsi que le développement d’accès aux espaces de diffusion publique adaptés. »

Mais surtout, elle insiste sur la reconnaissance de la pluralité des expressions culturelles francophones : « Il est crucial de reconnaître et de valoriser la diversité culturelle francophone, en intégrant les différentes expressions artistiques et communautaires, tout en facilitant l’accès à la culture pour tous les francophones, en particulier les jeunes et les personnes issues de milieux défavorisés. »

À cet effet, elle appelle à une meilleure coordination : « Une collaboration renforcée entre les acteurs culturels francophones et les institutions municipales est nécessaire. Ceci ne se fait pas seul! »

Et de conclure : « Finalement, il est essentiel de promouvoir la culture et la francophonie d’Ottawa à l’échelle régionale, nationale et internationale, afin de rayonner au-delà des frontières de la ville. »

Mélanie Brulée appelle à promouvoir la francophonie d’Ottawa à l’échelle régionale, nationale et internationale. Photo : Jen Squires

À l’heure où la Ville consulte, les attentes sont claires. Plus de reconnaissance, plus de soutien et plus d’espaces ouverts à la diversité culturelle francophone. 

Comme le résume Madeleine Meilleur : « S’ils ne peuvent pas vivre de leur art, ils partent. Damien Robitaille, Véronic DiCaire, entre autres artistes, ont commencé ici, mais ils ont dû s’exiler pour réussir. Et pourtant, ils sont des enfants de l’Ontario. »

Un retour en présentiel très attendu pour le Festival des Folies Franco-Fun de Temiskaming Shores

TEMISKAMING SHORES – Ce mercredi marque le coup d’envoi du Festival des Folies Franco-Fun qui se déroulera jusqu’à dimanche à Temiskaming Shores. Il s’agit de la première édition complètement en présentiel de ce rendez-vous incontournable pour la région.

« Le festival des Folies Franco-Fun, c’est une occasion de se rassembler entre francophones et de montrer aux gens qu’on a notre place », décrit Annik Boucher, présidente de l’Association canadienne française de l’Ontario (ACFO) à Temiskaming Shores.

Cette année marque le retour du Festival completèment en présentiel après plusieurs années en version virtuelle, une édition partielle en 2023 et une absence totale l’année dernière. Il s’agit du seul festival 100 % en français à Temiskaming Shores avec la fête de la Saint-Jean, qui a marqué son retour en 2024 après une longue interruption.

En mai 2024, l’ACFO avait reçu une enveloppe de 149 850 dollars de Patrimoine Canada pour relancer, entre autres, le Festival des Folies Franco-Fun.

La Saint-Jean de Temiskaming Shores a été célébrée à la salle Dymond en juin 2024. Photo : gracieuseté Annik Boucher

Mme Boucher, qui est aussi membre du comité organisateur, précise que cette subvention a permis d’embaucher une chargée de projet pour cette 18e édition : « On a ainsi pu faire les demandes de financement et aller chercher des commanditaires. »

Cinq jours d’activités pour tous les âges

Pour ce retour très attendu du festival, le comité a prévu plusieurs activités pour les petits et les plus grands. À commencer par une journée des 55 ans et plus, mercredi, avec des jeux en tout genre et basée sur le thème de la cabane à sucre, à la Place Riverside de New Liskaerd.

Jeudi sera rempli avec deux compétitions : Défis francos au Centre de formation des adultes en début d’après-midi et la Guerre des clans au campus du Collège Boréal en soirée. Ce dernier reprend le concept du jeu américain avec une saveur locale.

« Ce qui est le fun, c’est qu’on a posé les questions à notre communauté. Les réponses les plus populaires ne viennent donc pas d’un échantillon des États-Unis, mais directement de notre communauté, et les participants sont des familles locales », fait savoir celle qui est présidente de l’ACFO depuis le printemps dernier.

Annik Boucher travaille également comme coordinatrice du centre de perfectionnement pour adultes au campus du Collège Boréal à Nipissing. Photo : gracieuseté Collège Boréal

Vendredi sera l’occasion de présenter des spectacles scolaires en matinée pour les élèves de la maternelle à la 12e année au Collège Northern. LGS (Le Groupe Swing) offrira également une prestation endiablée pour les adultes samedi soir.

Plus tard en soirée, une présentation de la pièce de théâtre la troupe Grouille ou Rouille d’Earlton aura lieu à l’École secondaire catholique Sainte-Marie (ÉSCSM)

Deux nouveautés cette année

Parmi les éléments nouveaux, le Jeu d’évasion Passion sous pression se déroulera le samedi sur le stationnement de l’ÉSCSM. En groupe de quatre à huit personnes, des familles tenteront de résoudre des énigmes afin de s’échapper de la caravane prêtée pour l’occasion par un des partenaires, la Société de prévention du suicide du Québec.

Au même moment, il y aura également des activités familiales avec du bricolage, des jeux gonflables, une édition francophone du jeu Just Dance et un barbecue payant, entre autres.

L’autre nouveauté : la remise de la pierre angulaire, un trophée symbolisant la place des francophones comme bâtisseurs de la région. Un rendez-vous ayant lieu au début de la soirée canadienne, samedi à 20h, et que l’ACFO souhaite pérenniser. Ce prix qui honore un organisme ayant contribué à l’épanouissement des francophones de la région, existait il y a quelques années mais a été interrompu.

Les récipiendaires de la pierre angulaire Rose et Bruno Aylwin remise par Yvon Robert lors de la 13e édition du festival en 2018. Photo : gracieuseté Festival des Folies Franco-Fun

Composé de Sylvie Plante et Joëlle Roy, deux musiciennes originaires de New Liskaerd, le duo Retrouvailles lancera les festivités avec une prestation revisitant le folklore franco-ontarien.

Plus tard, à 22h ce sera le tour de LGS d’animer la salle du gymnase du Collège Northern. « Comme ils disent, ils savent mettre le party dans la place et c’est ce qu’on veut. On veut avoir du plaisir en français », ajoute Mme Boucher.

Pour clôturer le festival, une messe aura lieu le dimanche à la Paroisse Sainte-Croix suivie par un brunch.

Difficile, selon Annik Boucher, d’estimer le nombre de personnes visitant le festival en raison du nombre important d’activités proposées. Toutefois, en ce qui concerne les activités payantes et en date du mardi soir : près de 135 billets ont été vendus pour la journée des 55 ans et plus, 120 pour la pièce de théâtre et 125 pour la soirée canadienne.

La Collection McMichael bientôt bonifiée : « Un moment extraordinaire »

Jennifer Withrow est conservatrice en chef adjointe à la Collection McMichael d’art canadien de Kleinburg, le plus grand musée consacré entièrement à l’art canadien et autochtone.

Le gouvernement de l’Ontario a annoncé ce mardi un investissement majeur envers la Collection McMichael. Jusqu’à 50 millions de dollars seront investis sur trois ans.

La maison McMichael est un bâtiment vieux de 70 ans. L’organisation du musée souhaite le rénover et l’agrandir afin de bonifier son offre et de mieux conserver les œuvres de sa collection.

« L’investissement annoncé ce mardi est le premier du gouvernement ontarien envers le musée McMichael en 43 ans. Qu’est-ce que ça représente pour vous?

C’est un très grand moment pour nous. C’est un partenariat que nous espérions depuis plusieurs années. Nous avons un bâtiment qui est très beau, mais qui vieillit. Cet investissement va nous permettre de le rénover, de mieux protéger la collection en mettant à jour les systèmes qui sont vieillissants, et d’augmenter la capacité de nos programmes existants, en particulier les visites scolaires. Nous pourrons aussi nous assurer que le McMichael continue d’être une destination familiale pour les générations à venir.

Jennifer Withrow est conservatrice en chef adjointe à la Collection McMichael d’art canadien. Photo : Gracieuseté du McMichael

Nous sommes aussi dans une période où l’identité canadienne est sur toutes les lèvres. Donc, pour nous, c’est un moment extraordinaire. Cela fait cinq ou six ans que nous l’attendions, mais l’annonce arrive à un très bon moment.

L’aide est conditionnelle à un financement de contrepartie du gouvernement fédéral et à des dons privés. En ces temps de campagne électorale, êtes-vous confiants de pouvoir obtenir cette aide fédérale?

Oui, nous avons confiance en nos relations avec le gouvernement fédéral, qui nous a promis 25 millions de dollars il y a un mois. Ce montant vient du programme Bâtiments communautaires verts et inclusifs. Donc, cet argent est déjà promis. J’ai confiance que nous allons pouvoir continuer.

Quelle sera la priorité du McMichael une fois ces montants reçus?

La priorité est d’augmenter la capacité des programmes existants et d’améliorer l’expérience des visiteurs. Les salles seront un peu plus grandes. Présentement, nous avons des portes qui ne sont pas assez grandes pour faire entrer de grandes œuvres d’art. Nous allons régler ça avec les rénovations.

Nous avons un très petit théâtre de 40 places. Nous allons l’agrandir pour accueillir plus d’activités de notre communauté.

Environ 40 000 étudiants visitent le McMichael chaque année avec notre programme de visites scolaires. Nous avons davantage de demandes, et ces rénovations vont permettre d’en accueillir beaucoup plus.

La maison McMichael sera rénovée et agrandie. Photo : gracieuseté de la Collection McMichael d’art canadien

Les rénovations seront assez grosses, mais nous allons garder ce qui fait le charme du McMichael. À l’origine, c’était la maison des collectionneurs Robert et Signe McMichael. Donc, la taille du musée et l’expérience sont à échelle humaine. C’est un environnement accueillant, comme si nous étions reçus chez quelqu’un. Nous voulons maintenir cet accueil.

Pour les gens qui ne connaissent pas le McMichael, qu’est-ce que c’est exactement?

C’est le plus grand musée d’art qui se concentre exclusivement sur l’art canadien et l’art autochtone.

Notre collection est divisée en trois grandes catégories. D’abord, il y a le Groupe des sept et leurs contemporains, comme Emily Carr ou David Milne, par exemple. Ensuite, nous avons l’art autochtone provenant de partout à travers le pays. Nous avons aussi un programme d’art contemporain, avec lequel nous faisons des expositions avec des artistes canadiens vivants, qu’ils soient autochtones, d’origine européenne ou d’origine diasporique.

Est-ce possible de visiter le musée en français?

Oui. Pour certaines expositions, nous avons les textes dans les deux langues. Pour certaines qui ont l’anglais et une langue autochtone sur le mur, le texte en français est disponible dans un dépliant ou avec un code QR. Notre but est de pouvoir offrir une expérience complète pour les visiteurs francophones.

Dans une société en recherche de vérité et de réconciliation avec les peuples autochtones, comment le McMichael peut-il faire œuvre utile?

Nous avons cherché à établir de bonnes relations avec les artistes autochtones et les gardiens du savoir de notre région et à travers le pays. Plusieurs de nos projets ont été menés par des conservateurs autochtones.

Notre grande exposition en ce moment est une exposition de dessins venant du village de Kinngait, aussi connu sous le nom de Cape Dorset, au Nunavut. Notre conservatrice d’art autochtone, Emily Anderson, est une Inuite du Groenland.

Nous avons aussi mené un grand projet qui s’intitule Premier jour, qui consiste en une exposition et un très grand livre. L’exposition est actuellement au Musée national des beaux-arts du Québec. Elle comprend notre collection d’art autochtone, historique et contemporain. Le livre qui accompagne l’exposition a été édité par Bonnie Devine, une artiste anichinabée. Tous les auteurs du livre sont autochtones, originaires d’un peu partout au pays. »

Abel Maxwell : « Diffuser ma musique à une échelle plus large »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Abel Maxwell est un auteur-compositeur-interprète canadien d’origine togolaise.

LE CONTEXTE :

L’année 2025 pourrait marquer un tournant dans la carrière de l’artiste qui a signé en début d’année avec le label Universal Africa. Une signature qui devrait lui permettre de s’exporter davantage au-delà du Canada et de toucher un public plus large.

L’ENJEU :

Première effet positif de cette signature avec Universal Africa, Abel Maxwell chantera le 18 avril en première partie du groupe togolais Toofan dans la mythique salle parisienne du Zénith. Une occasion de partager au public français son univers musical et son premier single intitulé Dja Dja qui sortira le 17 avril.

«  Pouvez-vous nous en dire plus sur ce concert en France, à Paris, au Zénith auquel vous allez participer?

Oui, c’est une célébration des 20 ans de Toofan, le groupe le plus connu au Togo. Je vais faire leur première partie parce que je suis aussi du Togo comme eux et puis on est les deux seuls artistes signés à Universal. C’est pour leur donner du pouce et les féliciter pour leur carrière. En même temps, pour moi, cette première partie va me permettre de partager mon nouveau single qui va sortir bientôt. 

Abel Maxwell aura l’occasion de jouer devant le public français du Zénith de Paris. Photo : gracieuseté d’Abel Maxwell

Que représente ce groupe pour vous et cette opportunité de jouer au Zénith en France? 

Déjà, ce sont des amis, des amis artistes et puis c’est vrai que le Zénith, c’est une salle assez mythique où toutes les grandes célébrités sont passées, donc c’est un honneur de jouer dans cette salle que je vais découvrir moi-même pour la première fois. J’ai très hâte. 

Quel est votre programme d’ici le 18 avril? 

Je vais partir en France le 14 pour retrouver les Toofan en répétition. Je vais voir l’équipe qui est sur place avec eux, ils sont déjà là-bas, en train de répéter. Je vais les retrouver trois-quatre jours avant pour répéter ensemble, voir le plan de la mise en scène et comment tout va se faire.  Mais on ne va pas se découvrir : on était déjà ensemble au Togo, l’année dernière. On se voit assez régulièrement et on est au téléphone assez souvent. Nous sommes des amis. 

Pour revenir à votre signature chez Universal Africa qui vous a permis de faire cette première partie, que vous ouvre-t-elle comme portes? 

Ce que ça me donne comme opportunité, c’est de distribuer ma musique sur des plateformes à une échelle plus large, parce qu’Universal est une plateforme digitale, une des plus grandes du monde.

Aujourd’hui, la nouvelle télé, c’est le téléphone! Tout le monde est sur son téléphone et il faut rejoindre l’audience à travers cette nouvelle façon de communiquer : le téléphone, les réseaux sociaux, les plateformes digitales bien établies etc…

Ça va être ma première collaboration avec eux et je crois que ça va ouvrir de plus grandes portes que je ne peux pas ouvrir tout seul. J’en suis à mon cinquième album. C’est dans une logique d’expansion, que ça s’est fait, tout simplement.

Abel Maxwell est impatient de partager la scène avec ses compatriotes et amis togolais du groupe Toofan. Photo : gracieuseté d’Abel Maxwell

Suite à cette signature, vous parliez d’un nouveau single et d’un nouvel album en préparation, à quoi doit-on s’attendre? 

Moi, je suis toujours dans les valeurs que je défends. C’est souvent la dignité humaine, la tolérance, le dialogue des cultures. Le single qui s’appelle Dja Dja va continuer à parler aux gens, je veux continuer à encourager tout simplement les jeunes, les personnes à poursuivre l’excellence, à devenir de bonnes influences, à aider. Le single sortira le 17 avril et l’album va sortir, si je ne m’abuse, au début de l’année prochaine.

« Le taux de protection contre la rougeole a fortement diminué », selon le Dr Roumeliotis

Le Dr Paul Roumeliotis est pédiatre et le médecin hygiéniste du Bureau de santé de l’est de l’Ontario (BSEO).

Du 28 octobre 2024 au 2 avril, l’Ontario a enregistré 661 cas de rougeole, une recrudescence inhabituelle constatée principalement chez des enfants non vaccinés.

La baisse de la couverture vaccinale et l’hésitation face aux vaccins augmentent le risque de propagation rapide dans les communautés non protégées.

« Pouvez-vous nous dresser un portrait de la situation actuelle de la rougeole en Ontario?

En Ontario, les cas de rougeole concernent principalement des enfants non vaccinés. Environ 53 d’entre eux ont été hospitalisés, donc assez malades pour nécessiter des soins hospitaliers. La majorité des cas ne se trouvent pas dans l’Est de l’Ontario, mais plutôt dans le Sud-Ouest. Les flambées surviennent surtout dans des communautés qui ne se font pas vacciner, pour diverses raisons. 

Cette semaine, environ 60 nouveaux cas ont été ajoutés. La semaine précédente, c’était une centaine, et encore avant, 150 cas étaient enregistrés. Donc, on constate une diminution, ce qui est encourageant.  

Dans quelle mesure ces chiffres sont-ils inhabituels?

D’habitude, on voit à peine quelques cas par année en Ontario. Cette hausse est due au fait que pendant la pandémie de COVID-19, les vaccins de routine pour enfants ont été négligés. Le taux de protection a donc fortement diminué, ce qui a ouvert une fenêtre de propagation pour le virus. Et c’est un virus extrêmement contagieux.

Pour vous donner une idée, une personne atteinte de la grippe peut en infecter deux autour d’elle. Une personne atteinte de la rougeole peut en contaminer jusqu’à 18. Dans une communauté non vaccinée, très liée socialement – école, église, réunions familiales – une seule personne infectée peut facilement transmettre le virus à de nombreuses autres, d’où la propagation rapide.

Le taux d’augmentation hebdomadaire diminue. Je pense qu’on verra encore quelques cas, mais la tendance va vers la stabilisation. Cela dit, on continue de rappeler à la communauté l’importance de la vaccination. Deux doses, administrées à 12 mois et à 5 ans, assurent une immunité à vie.

Le Dr Paul Roumeliotis alerte sur l’importance de la vaccination pour freiner la propagation de la rougeole. Gracieuseté

Le taux de vaccination a donc chuté pendant la pandémie?

Dans notre région, nous étions à 92-93 %, et c’est tombé à 45 % pendant la pandémie. À l’instar des autres bureaux de santé publique, nous avons travaillé avec les écoles – suspensions, rappels, campagnes – et nous sommes remontés à 92 %, ce qui est très bien. Mon objectif est d’atteindre 95 %, seuil qui permet une immunité communautaire. Cela protège même ceux qui ne peuvent pas être vaccinés.

Vous avez mentionné certaines communautés spécifiques qui ne se vaccinent pas. Pouvez-vous préciser?

Je ne veux stigmatiser personne, mais certaines communautés dans le sud-est de l’Ontario, comme les mennonites, ne croient pas aux vaccins pour des raisons religieuses. Ce n’est pas dans ma région, donc je ne suis pas expert sur le sujet. Mais c’est un fait observé ailleurs dans la province. 

Qu’est-ce que cette flambée révèle du système de santé publique?

Il faut préciser que ce n’est ni une pandémie ni une épidémie. Nous parlons de flambées localisées. Dans l’Est de l’Ontario, y compris Ottawa, Belleville, Kingston, Brockville, il n’y a actuellement aucun cas. Cela dit, la santé publique a deux rôles clés : d’abord, assurer que les enfants soient vaccinés, en travaillant avec les écoles et les médecins. 

Ensuite, lorsqu’un cas est signalé, faire du traçage, offrir des vaccins ou mesures préventives aux contacts, et assurer l’isolement des personnes infectées. Un seul cas demande beaucoup d’efforts pour contenir la propagation. Si l’on en a vingt ou trente cas, le travail devient très lourd pour les bureaux de santé publique.

Cette situation révèle-t-elle une faiblesse du système?

Ce n’est pas un signal d’alarme comme avec la COVID-19, mais c’est préoccupant. Cela révèle que le taux de vaccination n’est pas suffisant à l’échelle de la province pour empêcher la propagation. Il faut augmenter la couverture vaccinale et informer les parents hésitants. 

La rougeole n’est pas un virus bénin, ce n’est pas comme un petit rhume qui va disparaître. Comme je vous l’ai dit, parmi les 600 cas, environ 10 % ont été hospitalisés. Ce n’est pas seulement une maladie virale avec des tâches : elle peut affecter le cerveau et entraîner de graves complications. C’est pourquoi notre rôle est de sensibiliser surtout les parents hésitants. 

Peut-on parler d’une perte de confiance envers la santé publique?

Ce n’est pas une perte de confiance, mais une hésitation envers les vaccins, renforcée pendant la pandémie. Il y a aussi une fatigue vaccinale. Avec les multiples doses de vaccin contre la COVID, certaines personnes sont épuisées. Et comme on avait interrompu les vaccins de routine pendant cette période, cela a aggravé la situation.

Notre défi est de leur faire comprendre que la rougeole peut être très dangereuse, mais que la bonne nouvelle, c’est que le vaccin permet de l’éviter. »

Reprise de la PLC :  joueurs francophones et enjeux pour les clubs ontariens

La Première ligue de soccer canadienne (PLC) a fait son grand retour pour sa septième saison le week-end dernier. Pour vous, ONFR fait le tour des joueurs francophones à suivre à Ottawa, Hamilton et York et fait le point sur les enjeux de cette saison pour les trois équipes ontariennes. 

L’Atlético Ottawa débute une nouvelle ère 

Du côté de la capitale fédérale, le mot d’ordre est « changement ». Douze départs dans l’effectif, dont l’historique Ollie Bassett et le Franco-Ontarien Matteo de Brienne, ont été compensés par 11 arrivées. Mais au-delà de l’effectif, c’est la direction et le personnel des entraîneurs qui ont été totalement renouvelés. Dans les bureaux, Manuel Vega, 33 ans et ancien membre du club de Puebla dans la ligue mexicaine, est devenu le nouveau PDG du club en novembre dernier, tandis que JD Ulanonowski a été promu directeur général du club en février à seulement 28 ans. 

Sur le bord du terrain, l’Atlético a remplacé Carlos Gonzalez, après une saison dernière jugée décevante, par Diego Mejia. Le nouvel entraîneur, lui aussi mexicain, a ramené avec lui quatre nouvelles recrues issues de son pays d’origine : David Rodriguez, Kevin Ortega, Juan Castro et Iker Moreno. L’objectif demeure ambitieux à Ottawa malgré tous ces changements, avec la présence de pointures de la PLC comme Amer Didic, Manny Aparicio ou encore Abou Sissoko et un recrutement solide, l’Otleti compte bien faire partie des candidats au titre. 

Les francophones 

Même si le club a pris un virage mexicain, l’Atletico demeure l’une des équipes de la PLC qui compte le plus de francophones dans son effectif. Avec le départ de Matteo de Brienne, Tyr Walker devient la tête d’affiche franco-ontarienne de l’effectif qui totalise sept francophones. Loïc Cloutier et Joaquim Coulanges sont deux jeunes joueurs prometteurs qui rejoignent Gabriel Antinoro pour former un trio francophone de joueurs de moins de 21 ans. Le Québécois Sam Salter, le Malien Abou Sissoko et l’Ivoirien Ballou Tabla, des joueurs de premier plan, complètent la liste des francophones de l’équipe. 

Les enseignements du premier match 

Comme on pouvait s’y attendre avec beaucoup de changements dans l’effectif et un nouvel entraîneur, l’Atletico n’a pas été au point dès son premier match. Cependant, après avoir été menés 2-0 au bout de 47 minutes face à Halifax pour l’ouverture de la saison à domicile, sous une pluie diluvienne, les joueurs de Diego Mejia ont fait preuve de résilience et ont réussi à revenir à deux partout grâce à des buts de David Rodriguez, qui a fait très forte impression pour sa première à la Place TD, et d’Abou Sissoko, toujours aussi précieux, peu importe le rôle qui lui est donné.

Mejia a indiqué vouloir changer la philosophie de l’équipe en étant plus maître du ballon dans un style de jeu plus offensif. Cela ne s’est pas vu sur la totalité du match et n’a pas été facilité par la météo, il faudra donc suivre de près les prochaines rencontres d’Ottawa pour avoir une idée plus précise de la réussite ou non de la mise en place de ce nouveau style de jeu. 

Abou Sissoko inscrit le but de l’égalisation. Photo : Philippe Larivière / Atlético Ottawa)

Forge FC plus fort que jamais? 

Après avoir perdu en finale la saison dernière face à Calgary, l’équipe d’Hamilton, déjà très compétitive année après année, a frappé fort sur le marché des transferts à l’intersaison. En dehors du départ majeur de l’arrière gauche Daniel Parra compensé par le retour de Rezart Rama, le club le plus titré de PLC ne compte pas de départ majeur.

En revanche, la colonne des arrivées est impressionnante : Dan Nimick, l’un des meilleurs défenseurs de la ligue arrive en provenance d’Halifax, tandis que le duo offensif très talentueux Mo Babouli-Brian Wright a été arraché au rival local York United.

En résumé, avec un effectif complet et talentueux à tous les postes, le Forge FC de Bobby Smyrniotis fait encore et toujours partie des grands favoris et vise un cinquième titre en sept saisons. 

Les francophones 

Cela n’a pas toujours été le cas, mais cette saison on va beaucoup parler français à Hamilton. Cinq joueurs et l’assistant français Johan Albert pourront échanger dans la langue de Molière. Le jeune attaquant de 20 ans natif d’Ottawa Amadou Koné sera le représentant franco-ontarien de l’effectif qui compte également le Congolais Beni Badibanga, le Québécois David Choinière ainsi que les Sénégalais Élimane Cissé et Khadim Kane, ce dernier possède également la nationalité canadienne. 

Les enseignements du premier match 

La première rencontre n’a fait que confirmer qu’il faudra bien compter sur le Forge FC cette saison pour jouer les premiers rôles. Dans une revanche de la finale de la saison dernière, les hommes de Bobby Smyrniotis ont battu Calgary sur le score de 1-0 à domicile. Malgré la domination des champions en titre, Hamilton a démontré sa solidité défensive et a marqué le seul but du match grâce à une tête du nouvel arrivant Mo Babouli.

Mo Babouli célèbre le seul et unique but du match, débuts réussis pour la nouvelle recrue. Photo : Jojo Yanjiao Qian/Forge FC

York United plus torontois que jamais 

À Toronto, on a décidé de miser local pour cette nouvelle saison avec cinq joueurs originaires de la région du Grand Toronto qui arrivent. Malheureusement, le club n’est pas parvenu à s’inscrire dans la continuité de sa belle saison dernière avec le départ de son entraîneur mexicain Benjamin Mora qui avait fait un excellent travail, de ses deux joueurs vedettes en attaque Brian Wright et Mo Babouli et d’un total de 15 joueurs.

L’effectif a donc été fortement remanié avec 11 arrivées et la nomination de Mauro Eustáquio en tant qu’entraîneur-chef. Luke Singh en défense, Gabriel Bitar au milieu, Massimo Ferrin et Julian Altobelli font figure de recrues de premier ordre par leur expérience en PLC pour les trois premiers cités et un fort potentiel après une belle saison ponctuée de 11 buts en MLS Next Pro pour le dernier. Il est malgré tout difficile de situer cette équipe dans la hiérarchie de la ligue cette saison, seules les performances à venir permettront d’y voir plus clair sur le potentiel de l’équipe torontoise. 

Pas de francophone 

Avec le départ du gardien français Thomas Vincensini, il n’y a plus un seul francophone dans les rangs de l’équipe torontoise. 

Les enseignements du premier match

York United a signé une belle victoire en ouverture de la saison. Les joueurs de Mauro Eustaquio se sont imposés sur le terrain de Vancouver FC sur le score de 2-0. C’est le jeune local Julian Altobelli qui a offert la première victoire de la saison à sa nouvelle équipe en inscrivant les deux buts de la rencontre. L’attaquant de 23 ans a bien débuté sa mission de faire oublier le départ de Brian Wright.

Altobelli a frappé fort d’entrée avec un doublé qui permet à sa nouvelle équipe de débuter la saison par une victoire. Photo : Canadian Premier League

Poilievre veut accélérer quatre grands projets économiques dans le Nord de l’Ontario

élection, canada, élections

Les conservateurs promettent d’approuver quatre projets de ressources dans le Nord de l’Ontario, dont certains sont en cours d’évaluation au fédéral, avec un délai d’attente maximal d’un an à l’aide d’un nouveau mécanisme d’approbation.

Le chef conservateur identifie 10 projets en évaluation à travers le pays qui seront accélérés pour approbation dans un délai de six à 12 mois. Pour ce faire, il propose de créer « la règle simple et rapide » pour les projets de ressources avec un guichet unique, une simple demande et un seul examen environnemental.

De Timmins à Greenstone à Red Lake, près de la moitié de ces projets sont dans le Nord de l’Ontario et concernent des mines. Notons le projet nickélifère Crawford, en évaluation depuis 2018 et situé à une quarantaine de kilomètres de Timmins, qui permettrait la production de nickel-cobalt avec une visée opérationnelle de 43 ans. Un autre projet identifié par les conservateurs est l’exploitation d’une mine de minéraux à Kirkland Lake, et dont la soumission a débuté en 2021.

Sur le radar conservateur également : le projet aurifère Springpole à 110 km de Red Lake, soumis depuis août 2022, et la création d’une route de raccordement de 117 à 164 km, pour le Cercle de feu à près de 150 km de Greenstone, un projet soumis en février 2023

À Sudbury, il y a quelques semaines, le chef conservateur avait aussi annoncé qu’il approuverait à l’intérieur de six mois les permis nécessaires au développement du Cercle de feu dans le Nord. Le Cercle de feu contient des gisements de chromite, cobalt, nickel, cuivre et platine et commence à 500 km au nord de Thunder Bay.

Présentement, c’est l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) qui est chargée d’examiner les soumissions pour de grands projets comme dans le cas de mines. Ce processus nécessite notamment un projet d’évaluation environnementale et une période de consultation avec la population locale, notamment les peuples autochtones. Les projets comprennent généralement cinq étapes, comme une étude préliminaire, une étude d’impact et une évaluation découlant de cette étude d’impact.

À l’image de Pierre Poilievre, le chef libéral Mark Carney promet lui aussi de réduire les doublons en matière d’examens environnementaux. Photo : La Presse canadienne/Sean Kilpatrick

L’étude d’impact prend, dans certains des cas mentionnés par M. Poilievre, à elle seule près de trois années, ce qu’il promet de faire sauter pour réduire le tout.

« Attendre 14 ans pour un permis, ce n’est pas normal. On va fusionner les processus municipaux, provinciaux, fédéraux, des Premières Nations et compléter la tâche », a-t-il déclaré ce lundi en conférence de presse à Terrace, en Colombie-Britannique.

Ces projets, « je vais tous rapidement les approuver et j’inviterai beaucoup d’autres à se manifester », a affirmé Pierre Poilievre, qui n’a toutefois pas précisé ce qu’il adviendrait des actuelles études en cours pour ces demandes.

Pour ce faire, les conservateurs, s’ils forment le prochain gouvernement, prendraient des décisions sur les demandes dans un délai de six mois, avec un délai maximal d’un an. Ils mettraient fin aux doublons des évaluations environnementales avec les provinces en en exigeant qu’une seule, ce qui « va garantir l’efficacité sans sacrifier les normes environnementales », soutient le politicien. 

Les conservateurs proposent de créer le « Bureau de projets de ressources rapides » qui se « chargerait de toutes les autorisations réglementaires à tous les niveaux de gouvernement », fusionnant les études municipales, provinciales et les consultations auprès des Premières Nations sous un seul chapeau.

« Fini les retards, fini l’incertitude et fini les études sur notre potentiel économique », clame M. Poilievre qui jette le blâme sur les libéraux pour les longs délais d’autorisations de grands projets économiques.

Lors d’une rencontre avec les premiers ministres provinciaux avant le déclenchement des élections, Mark Carney avait aussi promis d’éliminer les dédoublements en reconnaissant les évaluations des provinces en ce qui touche les projets majeurs. « Un projet, une évaluation. Nous allons identifier les projets d’importance nationale et accélérer leur construction », soulignait M. Carney.

Report d’impôts de 11 milliards de dollars pour soutenir les entreprises ontariennes

Doug Ford a dévoilé ce lundi des mesures de report et de réduction d’impôts pendant une durée de six mois, à hauteur de 11 milliards de dollars pour aider les entreprises ontariennes à pallier l’impact des droits de douane américains.

La province propose un report de taxes de six mois du 1er avril 1er octobre pour 80 000 entreprises ontariennes, soit environ 9 milliards de dollars, leur permettant de retarder temporairement ces paiements pour plus de flexibilité de trésorerie pour faire face à tout défi résultant des droits de douane américains.

Cet allègement concerne l’impôt santé des employeurs, l’impôt sur les primes d’assurance, la taxe sur les carburants, la taxe sur l’essence, l’impôt sur l’exploitation minière, la taxe sur le tabac, l’entente internationale concernant la taxe sur les carburants, taxe sur la bière, le vin et les spiritueux, la taxe de vente au détail sur les contrats d’assurance et les régimes d’avantages sociaux, et la taxe sur le pari mutuel.

À cela s’ajoute un second rabais de 2 milliards de dollars par l’intermédiaire de la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (WSIB), afin de maintenir les travailleurs en poste.

« Les mesures d’aujourd’hui aident l’Ontario à traverser la tempête tout en poursuivant la mise en œuvre de notre plan pour une prospérité continue », a commenté via communiqué Peter Bethlenfalvy, ministre des Finances.

« En réaction aux attaques du président Trump contre l’économie de l’Ontario, notre gouvernement fera tout le nécessaire pour protéger les travailleurs et les entreprises de l’Ontario, a déclaré le premier ministre Doug Ford. La meilleure façon de protéger l’Ontario est de bâtir l’économie la plus compétitive du G7, en éliminant les barrières commerciales internes et en diversifiant notre commerce afin de construire une province plus résiliente, plus prospère et plus sécurisée. »

Le chef des Verts de l’Ontario, Mike Schreiner, a déclaré soutenir ces mesures : « Nous sommes pleinement engagés à travailler de concert au-delà des partis et à collaborer avec le gouvernement et les partis de l’opposition en cette période de crise. En particulier, les travailleurs doivent être soutenus, et nous sommes heureux de voir que ces dépenses comprennent un rabais pour les employeurs afin de maintenir les travailleurs dans leurs emplois. »

Il a toutefois ajouté que « nous devons également aborder de manière urgente la crise de l’accessibilité au logement, notamment en construisant davantage de logements abordables dans les communautés où les gens aiment vivre. »

À Windsor, un monument à l’image des francophones « du Détroit »

WINDSOR – Érigé au bord de la rivière Détroit depuis quelques jours, un canot vert et blanc, œuvre de l’artiste local Danny Maltais, symbolise l’histoire et la résilience des francophones durant plus de trois siècles dans la région.

Plantée à la verticale tel un totem, la coque métallique tressée d’un canot peint de vert et de blanc semble tout droit sortie de terre. Elle rappelle comment l’explorateur français Antoine de Lamothe-Cadillac s’est aventuré ici depuis Montréal, par la rivière à la tête d’une flottille de 25 canots.

Cet écho au passé, cet hommage aux pionniers, s’inscrit dans la continuité d’un précédent monument inauguré en 2001 pour le tricentenaire de la présence francophone, place Concorde, près du Collège Boréal. Usé par le temps et impossible de déplacer, la solution la plus simple était de démolir ce dernier pour en faire un nouveau, sur un site plus distinctif.

« J’avais pour mission de repenser ce canot. Le planter dans le sol était ma façon d’évoquer les racines francophones ancrées de Windsor. Je voulais aussi que ce soit interprété comme une maison, un toit, un endroit où vivre », aime à comparer Danny Maltais. L’artiste originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean et résidant à Windsor depuis huit ans, a passé plusieurs mois à façonner cette sculpture.

M. Maltais salue le site retenu pour exposer sa création qu’il décrit comme « l’endroit parfait » où Lamothe-Cadillac a probablement débarqué 324 ans plus tôt dans ce qu’on appelle aujourd’hui le quartier Sandwich.

Danny Maltais, le créateur du monument. Photo : gracieuseté ACFO WECK

Au 17e siècle, les premiers explorateurs Jolliet puis Cavelier de LaSalle ont emprunté la rivière qui le longe avant de s’enfoncer vers un monde encore largement inconnu des Occidentaux, se frayant un passage par les Grands Lacs et le Mississippi vers ce qui deviendrait la Louisiane.

C’est en ce point stratégique pour le contrôle du commerce de fourrure, sur la rive nord (actuel Michigan), en 1701, que fut fondée la première colonie française sous la protection du fort Pontchartrain (aujourd’hui la ville de Détroit), sur une terre autochtone convoitée aussi par les Anglais.

Au cours du 18e siècle, la colonie s’est développée sur la rive sud (actuelle région de Windsor) près de la Pointe de Montréal, à quelques pas de là, où se dresse l’église Notre-Dame de l’Assomption (1767).

Ce fait historique allait constituer le point de départ de l’identité francophone du Sud-Ouest de l’Ontario, le détroit restant français jusqu’à la Guerre de 100 ans et la conquête anglaise, puis connaissant plusieurs vagues de repeuplement francophone, notamment aux 19e et 20e siècles dans les comtés d’Essex, Kent, Belle-Rivière, Sainte-Claire, Saint-Joachim, Pain Court, Pointe-aux-Roches…

Une fierté dans la région

« Depuis les débuts de leur établissement sur ce territoire, les francophones ont fait preuve d’un courage remarquable », souligne Yamine Joheir, directrice générale du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK).

« Portés par une volonté de bâtir un avenir meilleur, ils ont fondé des écoles, mis sur pied des institutions et créé des communautés dynamiques. Grâce à leur persévérance, le français continue aujourd’hui de résonner fièrement à Windsor et contribue à la richesse culturelle de notre région. Ce monument est le reflet de cet héritage. »

De gauche à droite : Yamine Joheir, directrice générale du CCFWEK, André Nsengiyumva, coordinateur de programme à l’ACFO WECK et Emmanuelle Richez, vice-présidente du Conseil scolaire Viamonde. Photos : gracieuseté

André Nsengiyumva, coordinateur de programme à l’Association des communautés francophones de l’Ontario Windsor-Essex-Chatham-Kent (ACFO WECK), salue quant à lui « un grand aboutissement » sur un « site extraordinaire » trouvé avec l’aide du Port de Windsor.

« Ce n’est pas juste un monument pour honorer le passé. On se projette dans l’avenir en imaginant tout autour une présence continue, des touristes et des projets », escompte-t-il, ajoutant qu’à proximité un drapeau franco-ontarien vient d’être installé et une plaque, contenant un code QR, renvoie à l’histoire de la francophonie de Windsor.

« Un témoin du passé, mais aussi un phare pour les générations futures »
— Drew Dilkens, maire de Windsor

« L’inauguration de ce monument est un vibrant hommage à plus de 300 ans de présence, de persévérance et de contribution francophones à Windsor-Essex », considère pour sa part le maire de Windsor, Drew Dilkens.

« En hommage aux premiers colons francophones de Sandwich Ouest et avec des racines historiques profondes remontant à l’arrivée d’Antoine de Lamothe-Cadillac en canot, cette sculpture est non seulement un témoin du passé, mais aussi un phare pour les générations futures », dit-il.

Le crieur public Daniel Richer au moment de l’inauguration à Queens Dock, le 21 mars dernier. Photo : gracieuseté ACFO WECK

La vice-présidente du Conseil scolaire Viamonde, Emmanuelle Richez, est quant à elle certaine que ce monument – financé par l’Autorité du pont Windsor-Détroit chargé de la construction du pont Gordie-Howe – exacerbera la fierté des jeunes de la région. « C’est un repère culturel, renforçant leur sentiment d’appartenance à la communauté francophone malgré l’environnement majoritairement anglophone. »

Celle qui est aussi professeure à l’Université de Windsor espère qu’en s’asseyant sur un banc du parc pour contempler cette œuvre, « les gens réaliseront à quel point la francophonie est bien ancrée ici et s’imagineront à quoi ressemblait un tel endroit il y a 300 ans. »

Vanessa Gilles : « Ma priorité c’est de continuer à jouer la Ligue des champions »

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI :

Vanessa Gilles est une cadre de l’équipe nationale de soccer féminin du Canada. En club, elle évolue à l’Olympique lyonnais (OL) en France, l’une des meilleures équipes d’Europe, qui joue les premiers rôles chaque saison sur la scène européenne en étant un des favoris pour remporter la Ligue des champions.

LE CONTEXTE :

La défenseur centrale franco-ontarienne évolue à Lyon depuis 2022, mais son contrat appartient toujours au club américain de la NWSL Angel City FC, qui l’a prêtée au club français jusqu’en 2025. Au terme de cette saison, Vanessa Gilles devrait donc retourner dans son club américain, mais elle a déclaré récemment au journal local lyonnais Le Progrès qu’elle ne souhaitait pas retourner aux États-Unis, évoquant notamment les relations politiques difficiles avec le Canada.

L’ENJEU :

En marge du rassemblement de l’équipe nationale canadienne qui affronte l’Argentine, ce vendredi soir à Vancouver (22 h 30 HAE), dans un entretien exclusif accordé à ONFR, l’Ottavienne revient plus en détail sur sa déclaration, son souhait de rester à Lyon, ses négociations avec le club français et sa grande joie de revenir jouer au Canada avec la sélection nationale, après un hiver où les Rouges ont jouer la majorité de leurs matchs en Espagne dans des stades vides.

« Vous avez récemment déclaré ne pas vouloir revenir jouer aux États-Unis notamment en raison des relations tendues entre Donald Trump et le Canada, est-ce un choix purement politique?

Non, je pense que c’est multifactoriel. J’ai commencé en disant que mon intention était de rester à Lyon parce que j’aime où je suis. J’adore le club. J’ai des relations incroyables avec mes coéquipières. Gagner, c’est toujours amusant. Mon objectif a toujours été le même, c’est d’aller titiller cette Ligue des champions. Je pense qu’il n’y a aucune autre compétition dans le monde aussi grandiose au niveau des clubs.

Ensuite, j’ai continué en disant que oui avec tout le respect que j’ai pour le club d’Angel City, les valeurs qu’ils ont, ce qu’ils essaient de construire de manière incroyable, pour moi, c’est hors de question que je retourne aux États-Unis en ce moment, en sachant tout ce qui est en train de se passer. Ce n’est rien contre Angel City, rien contre la Ligue. Je pense que la NWSL fait une super job et se développe incroyablement.

Je me vois bien y retourner un jour, mais en ce moment, pour moi, c’est très compliqué de me voir vivre dans un pays dirigé par une telle personne.

Revenons sur la politique, est-ce quelque chose que vous suivez de près?

C’est quelque chose qu’on suit tous de près vu qu’on le vit. On en souffre. On souffre des décisions qui sont prises, mais aussi on prend avantage d’autres. Je ne vais pas faire semblant de connaître tout, mais c’est quelque chose que je suis, que ce soit en France, aux États-Unis ou au Canada, surtout avec l’élection qui arrive ou même récemment ce qui vient de se passer en France avec Marine Le Pen. Il y a beaucoup de choses qui se passent là dans notre monde actuellement.

Je pense que c’est très facile de rester dans la bulle où on vit, surtout dans le foot où on tape dans un ballon. La vie peut être « facile ». Tu te lèves, tu joues au foot, tu te focus sur toi-même, sur un match, sur un sport, mais la vraie vie se déroule autour de toi. Donc oui, c’est quelque chose qui me touche, que je suis de près. Ma famille au Canada, ma famille en France aussi.

En ayant vécu dans plein de différents pays, sur plein de continents différents, que ce soit en Chine, au Vietnam, à Chypre, en France, au Canada, aux États-Unis, évidemment les politiques, c’est quelque chose qui nous concerne énormément. Et encore une fois, ce n’est pas quelque chose que je vais faire semblant de connaître beaucoup, mais je suis ce qui se passe. J’ai une compréhension minime, on va dire, comme tout le monde, comme un citoyen normal. En sachant ce qui est en train de se passer, en tant que Canadienne, pour moi, c’est hors de question de retourner dans ce pays en ce moment.

En mettant de côté la Ligue américaine, pour vous, il n’y a pas d’autre club qui vous intéresse que l’Olympique lyonnais?

Je n’ai pas dit qu’il n’y a pas d’autres équipes qui m’intéressent. Je pense que pour moi, ma priorité, c’est l’Olympique lyonnais. Mais dans la situation que je vis actuellement, la question qui se pose, c’est est-ce que l’Olympique lyonnais me veut moi? Je ne suis pas sûre, surtout avec les conversations actuelles, même aujourd’hui, que j’ai eues avec le club.

Je ne sais pas, cela semble clair et net que je ne suis pas une priorité pour eux. C’est sûr que je regarde autre part aussi. Mais, si je peux rester à Lyon, c’est sûr que je le ferai. Comme je l’ai dit, ma priorité, c’est de jouer la Ligue des champions. J’espère que ce sera à l’OL, mais il y a de fortes chances que ce ne le soit pas non plus.

Revenons à la sélection, vous avez surtout jouée en Espagne ces derniers temps, à quel point c’est important pour vous de revenir jouer au Canada?

C’est énorme. On en a parlé dans l’équipe. Pour nous, ce que ça représente, c’est surtout une occasion de montrer cette équipe et nos valeurs au pays, mais aussi de promouvoir le foot et le sport en général ici.

Et surtout, retrouver des partisans dans les tribunes, cela doit vous motiver encore davantage…

C’est vrai que les derniers matchs que nous avons joués en Espagne étaient comme à huis clos. C’est sûr que jouer dans des stades vides, ce n’est jamais top, surtout quand tu représentes ton pays. Il n’y a pas de meilleur sentiment que de rentrer à la maison, marcher dans les rues, te sentir comme chez toi.

Il y a eu également du changement à la tête de l’équipe avec la nomination de Stoney Casey depuis, qu’est ce qui est différent depuis son arrivée?

C’est juste notre deuxième camp ensemble. Mais je peux vous dire qu’en ayant parlé avec elle, en l’ayant vue coacher maintenant deux, trois semaines, je peux dire que c’est quelqu’un qui aime l’efficacité et quelqu’un qui est très honnête. Je pense que c’est quelque chose dont on a besoin et dont on était en grand manque.

L’honnêteté et l’efficacité, avec le peu de temps qu’on a ensemble, je pense que ça peut faire de grandes choses pour nous et nous permettre de faire beaucoup plus. »

Le Collège Boréal à Ottawa double sa capacité d’accueil 

OTTAWA – Le Collège Boréal a inauguré ce vendredi de nouvelles installations de son campus à Ottawa, augmentant ainsi son accès à de nouveaux programmes en français.

La capacité d’accueil du Collège Boréal à Ottawa va doubler, passant de 325 à environ 600 étudiants dès septembre.

Les nouvelles installations, qui se situent sur le campus de l’Université Saint-Paul, ont été officiellement inaugurées vendredi, marquant une étape importante dans l’engagement du collège envers l’accessibilité à l’éducation postsecondaire en français dans la région.

« Nous allons passer de 3000 pieds carrés à 13 000 pieds carrés (1 200 mètres carrés) disponibles pour nos étudiants, étudiantes et clientèles », s’est réjoui Daniel Giroux, président du Collège Boréal. 

Selon lui, cette expansion – rendue possible grâce à un investissement de 4,5 millions de dollars – répond à une demande croissante au sein de la communauté francophone et vise à offrir des programmes inédits dans la région d’Ottawa.

« Le Collège Boréal célèbre une étape majeure avec l’expansion de son campus d’Ottawa, renforçant ainsi son engagement envers l’accessibilité et la visibilité de l’éducation postsecondaire en français en Ontario », a-t-il déclaré à ONFR.

Pour Daniel Giroux, l’agrandissement du campus du Collège répond à une demande croissante au sein de la communauté francophone. Crédit image : Amine Harmach

Grâce à cet agrandissement, cinq nouveaux programmes uniques en Ontario français seront offerts pour la première fois au campus d’Ottawa, élargissant ainsi l’accès à des formations postsecondaires, entièrement offertes dans la langue de Molière, soutient le président du Collège Boréal. « Les étudiants ne seront plus obligés de ‘switcher‘ vers l’anglais pour accéder à ces formations », relève M. Giroux.

Il est question des programmes : entrepreneuriat social, gestion des ressources humaines (postdiplôme), promotion de l’activité physique et de la santé, direction funéraire (avec permis d’embaumeur) et direction funéraire (sans permis d’embaumeur).

Ces nouveautés s’ajoutent aux deux programmes déjà offerts sur place, soit Administration publique et Techniques de soins vétérinaires.

« Le Collège Boréal enrichit l’offre d’enseignement en français à Ottawa en proposant des programmes uniques qui complètent ceux déjà disponibles dans la région. L’objectif est d’éviter toute duplication et de répondre aux besoins spécifiques du marché local », a expliqué pour sa part Daniel St-Louis, directeur du campus du Collège Boréal à Ottawa.

Il précise que cette initiative vise également à attirer davantage d’étudiants francophones, en misant sur une demande réelle et croissante pour ces programmes spécialisés.

Pour le président Daniel Giroux, l’un des objectifs fondamentaux de ce projet est d’accompagner l’évolution des communautés francophones en Ontario.

« Si l’on regarde les statistiques de 2015, le taux d’immigration francophone dans la province était de 1,58 %. Aujourd’hui, en 2024, ce chiffre atteint presque 9,58 %. Cela démontre clairement que le visage de la francophonie change et évolue. Le Collège Boréal se donne pour mission d’appuyer ces nouvelles communautés, de soutenir les employeurs et de poursuivre sa croissance en conséquence », souligne-t-il.

Des installations modernes 

L’agrandissement du campus ne se limite pas à l’ajout de programmes. Il s’accompagne également de nouveaux aménagements et d’équipements à la fine pointe de la technologie, offrant ainsi un environnement d’apprentissage optimal tant pour les étudiants que pour le personnel, indique l’établissement francophone.

Parmi les nouveautés, on compte cinq salles de classe entièrement rénovées; un centre d’appui à la réussite et un bureau d’accessibilité; un salon étudiant et une nouvelle aire administrative moderne.

Pour le programme de Techniques de soins vétérinaires, deux laboratoires humides dotés d’équipements de pointe ont été mis en place, ainsi qu’une salle de radiographie pour animaux, également entièrement équipée.


Afin de faire découvrir ces nouveaux espaces, le Collège Boréal organise une journée portes ouvertes le samedi 12 avril, de 10 h à 14 h. L’occasion pour les futurs étudiants, les familles et les membres de la communauté de visiter les installations et de s’informer sur les programmes offerts.

À noter que ce projet a pu voir le jour grâce à un appui financier combiné de plusieurs partenaires publics, notamment le ministère des Collèges et Universités, le ministère de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, ainsi que le gouvernement du Canada, dans le cadre de l’Entente Canada-Ontario relative à l’enseignement dans la langue de la minorité et à l’enseignement de la seconde langue officielle.

Présent dans l’Est ontarien depuis 1999 – d’abord sur le campus d’Alfred de l’Université de Guelph avec le programme de Techniques de soins vétérinaires –, le Collège Boréal s’est installé à Ottawa en 2019, sur le campus de l’Université Saint-Paul. Depuis 2022, il y offre également un deuxième programme unique : Administration publique. Le campus principal de l’établissement est établi à Sudbury.

CBC/Radio-Canada : Carney veut augmenter son financement de 150 $ millions par an

élection, canada, élections

S’il forme le prochain gouvernement, le chef libéral Mark Carney promet d’augmenter le financement de CBC/Radio-Canada dans le but de l’amener à un niveau similaire à d’autres diffuseurs publics dans le monde.

Le leader libéral a fait de Radio-Canada le sujet de son annonce vendredi à Montréal, reprenant le plan de l’ex-ministre du Patrimoine canadien Pascale St-Onge, qui avait publié son plan de modernisation de la société d’État en février. 

Un gouvernement Carney injecterait 150 millions de dollars de plus par année dans la Société d’État en plus de mettre son financement entre les mains du Parlement par la voie législative et non sous le Conseil des ministres comme à l’heure actuelle. Le diffuseur public serait aussi mandaté pour la mise en place d’un nouveau plan stratégique avec un nouveau mandat.

« Nous voyons que notre diffuseur public est sous-financé. Il faut que ça change. Mon gouvernement va commencer par augmenter son financement par 150 millions de dollars par année », a annoncé M. Carney.

Le chef libéral Mark Carney plaisante avec le candidat libéral dans Laurier—Sainte-Marie, Steven Guilbeault, en répondant à une question suite à une annonce faite lors d'un arrêt de campagne, le vendredi 4 avril 2025 à Montréal. Crédit image: LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld
Le chef libéral Mark Carney plaisante avec le candidat libéral dans Laurier—Sainte-Marie, Steven Guilbeault, en répondant à une question suite à une annonce faite lors d’un arrêt de campagne, le vendredi 4 avril 2025 à Montréal. Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld

Et dans les prochaines années, les libéraux accentueraient le financement de Radio-Canada « jusqu’à ce qu’il se compare à celui d’autres diffuseurs publics », a-t-il poursuivi.

Pascale St-Onge proposait aussi d’augmenter le financement, arguant que le Canada devrait se rapprocher d’un financement par habitant des autres pays du G7 ayant un diffuseur public, la moyenne étant de 62,20 $ par habitant. Ottawa finance Radio-Canada/CBC à la hauteur de 1,4 milliard par année, soit 33,66 $ par habitant en moyenne.

Mark Carney a souligné qu’il y aurait plus à venir dans les prochaines semaines de la campagne électorale sur la protection de la culture et la langue française.

« C’est pour ça que nous avons un ministre de la Culture et identité canadienne, comme M. Guilbeault qui est responsable pour renforcer la Culture et l’identité canadienne et y compris la culture québécoise. Il y aura d’autres initiatives de notre gouvernement », a-t-il assuré.

Pierre Poilievre « s’inspire des politiques de Donald Trump » en voulant couper dans la CBC, selon le chef libéral. Crédit image :THE CANADIAN PRESS/Laura Proctor

Soulignant que l’identité du pays est « ouvertement menacée par le président des États-Unis », Mark Carney a insisté sur l’importance d’avoir des institutions canadiennes comme le radiodiffuseur public. Pour ce faire, il promet de moderniser la gouvernance et de renforcer l’information locale, « en donnant à la direction les outils nécessaires pour innover » dans le but d’avoir plus de bureaux et journaux locaux dans les régions, a-t-il énuméré. Les libéraux souhaitent aussi donner le mandat au média public de fournir des informations en cas de situation d’urgence.

L’aspirant premier ministre s’est aussi opposé au désir du chef conservateur de couper dans la portion anglophone du diffuseur public. Fermer la CBC est devenu un des cris de ralliement du chef conservateur depuis son élection à titre de chef en 2022. Ce dernier a assuré qu’il ne couperait pas dans Radio-Canada, indiquant dans sa plateforme qu’il va préserver les services de Radio-Canada partout au pays.

Alors que les dirigeants de la société d’État avertissent que de couper dans le penchant anglophone impacterait les services en français à travers le pays, le chef conservateur est plutôt d’avis qu’il n’y aurait « aucun impact ».

« On va protéger les services de Radio-Canada », a commenté Pierre Poilievre en conférence de presse vendredi après-midi, accusant son adversaire de promettre « des centaines de millions et des milliards de dollars » en nouvelles annonces sans préciser comment il réduirait les dépenses.

Le coup d’envoi est donné pour les Prix de la musique folk canadienne

OTTAWA – Les 20e Prix de la musique folk canadienne (PMFC) se tiennent dans la région de la capitale nationale jusqu’à ce dimanche 6 avril. La première de quatre cérémonies de remises de prix a eu lieu jeudi soir au Musée canadien de l’Histoire, à Gatineau. Vendredi, place au Concert gala du 20e anniversaire.

« C’est spécial, parce que dans d’autres galas et concours au pays, c’est souvent une catégorie folk et c’est tout. Nous, on peut souligner les différents métiers dans ce monde-là », explique Jocelyne Baribeau, vice-présidente du conseil d’administration des PMFC, en entrevue avec ONFR.

Cette année, les remises de prix prennent la forme de quatre spectacles inédits, qui servent également de vitrines pour les artistes en performances. Parmi eux, plusieurs francophones, dont Geneviève Racette et Marie O’Neil, qui sont montées sur scène jeudi le temps de quelques chansons, La première soirée, intitulée Les chansons se racontent, était dédiée aux auteurs-compositeurs.

L’artiste franco-manitobaine Jocelyne Baribeau a décidé de s’impliquer avec les PMFC en voyant la place que l’événement réservait à la langue française. Photo : page Facebook Jocelyne Baribeau

Le Concert Gala du 20e anniversaire se tiendra vendredi soir au Centre national des arts (CNA). « C’est vraiment LE moment, anticipe Jocelyne Baribeau. On va pouvoir aussi célébrer notre Travailleur de l’ombre de l’année, Gilles Garand, pour son grand travail pour la musique trad québécoise. »

La musique traditionnelle sera aussi à l’honneur samedi, avec le Concert Traditions du monde. Dimanche, la dernière remise de prix visera les catégories familiales et les performances seront assurées par des artistes jeunesse. Le billet est inclus avec les droits d’entrée du Musée canadien de l’Histoire.

Elle-même connue du jeune public comme Mme Diva, Jocelyne Baribeau croit fermement en l’importance d’offrir un événement pour les familles. « C’est en allant voir des spectacles comme ça quand on est petits qu’on développe le désir d’aller en voir d’autres (plus tard dans la vie). »

Artistes francophones

Chaque soirée des PMFC est animée par un duo d’animateurs, l’un francophone et l’autre anglophone.

Également, « le conseil a toujours fait attention d’avoir des artistes autochtones et des artistes francophones sur chaque spectacle », explique Jocelyne Baribeau, ajoutant que ce constat a été sa motivation pour s’impliquer. L’artiste franco-manitobaine se réjouit de voir plus de francophones qu’avant sur le conseil.

Jeudi soir, c’est le Québécois Alexandre Poulin qui a remporté le PMFC de l’auteur-compositeur francophone de l’année. Celui qui a lancé l’album La somme des êtres aimés il y a un peu plus d’un an était absent de la cérémonie, mais avait écrit un mot pour l’auditoire. Il se rappelle avoir remporté le même prix en 2012 et se réjouit de le recevoir à nouveau 13 ans plus tard. « Le réel succès dans cette industrie, c’est de s’inscrire dans la pérennité, et c’est ce que ce prix vient souligner pour moi. »

Alexandre Poulin a remporté le titre d’auteur-compositeur francophone de l’année aux PMFC. Photo : page Facebook Alexandre Poulin

Les autres nommés dans la catégorie auteur-compositeur francophone de l’année étaient le duo de l’Île du Prince-Édouard, Sirène et Matelos (Patricia Richard et Lennie Gallant), la Franco-Ontarienne Reney Ray et les Québécois Michel Robichaud et Sarah Dufour, nommée de pair avec Dany Placard.

Une autre Franco-Ontarienne récoltait une nomination lors de la soirée : Mimi O’Bonsawin, dans la catégorie auteur-compositeur autochtone de l’année. Ce sont deux autres candidats qui ont remporté le prix à égalité, c’est-à-dire Celeigh Cardinal et Alan Syliboy.

Parmi les Franco-Ontariens à surveiller dans les prochains jours, notons le groupe torontois Okavango African Orchestra, dont certains membres sont francophones, nommé dans la catégorie Album des traditions du monde.

Dans la catégorie compositeur ou compositrice de l’année, on retrouve à titre posthume l’Acadienne Pastelle LeBlanc, décédée il y a trois ans presque jour pour jour. Les autres membres de son groupe Vishtèn ont utilisé certaines de ses compositions inédites pour lancer le EP Expansion en 2024.

Avec Prairie Comeau, Anique Granger et Benoît Archambault revisite les vieilles chansons francophones, dont celles de la Bonne chanson. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Parmi les autres francophones et francophiles en nomination dans diverses catégories, on compte Bon débarras, Henri Godon, le Masmoudi Quartette, Shaun Ferguson, Jérémie Groleau, Geneviève Racette, Mia Kelly, Connie Kaldor, Mélisandre, la Bottine souriante, Jonathan Bélanger et Prairie Comeau.

Ce dernier duo, composé d’Anique Granger et Benoît Archambault, est un coup de cœur pour Jocelyne Baribeau. « Ce sont tellement de belles reprises du répertoire francophone. C’est spécial, parce qu’une prochaine génération pourra connaître ces chansons davantage et sera peut-être plus interpelée par ces nouvelles versions. »

Prairie Comeau donnera aussi une performance samedi soir.

Plusieurs artistes anglophones et autochtones convergent aussi vers la région de la capitale nationale jusqu’à dimanche. Il est possible de suivre en direct ou de rattraper les quatre concerts en ligne sur le site des PMFC.

« Je suis très contente de parler des prix folks. Je suis très fière », conclut Jocelyne Baribeau.Le coup d’envoi est donné pour les Prix de la musique folk canadienne

P’tit Belliveau, Ponteix et Soleil Launière à La Nuit émergente de Sudbury

SUDBURY – La Slague a dévoilé l’alignement final de sa 11e Nuit émergente, qui se tiendra les 16 et 17 mai à la Place des arts du Grand Sudbury (PDA). Deux artistes masculins particulièrement en vogue sur la scène franco-canadienne tiendront la vedette : l’Acadien P’tit Belliveau et le Fransaskois Ponteix.

« La Nuit émergente, c’est un vrai plaisir pour l’équipe. C’est notre programmation la plus éclatée », raconte Joëlle Villeneuve, gestionnaire de La Slague, en entrevue avec ONFR.

Les deux têtes d’affiche les plus connues, le Fransaskois Ponteix et l’Acadien P’tit Belliveau, sont de tous les festivals franco-canadiens ces temps-ci.

À l’instar d’autres artistes invités, Ponteix performera plus d’une fois, permettant au spectateur de déambuler dans plusieurs espaces de la Place des arts pour découvrir différentes facettes des artistes.

Sorti en février, son album Le Canadien errant aborde le sentiment à la fois de familiarité et de déracinement que ce natif de St. Denis, bourg francophone de la Saskatchewan, a ressenti à son arrivée au Québec.

Ponteix, alias Mario Lepage, en vitrine à Contact ontarois, en janvier 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Il avait abordé le sujet avec ONFR dans un épisode de Micro & boussole en Saskatchewan : « Avant de déménager là, je m’attendais à arriver un peu à la maison, de pouvoir vivre en français… et finalement, il y a plein de similitudes, mais aussi plein de différences. »

Pour sa part, P’tit Belliveau offrira un concert complet. Le Néo-Écossais se démarque en chantant en acadjonne, le dialecte francophone de la Baie Sainte-Marie. Véritable vedette dans les maritimes, il est de plus en plus connu dans le reste du Canada. En août dernier, lors du Congrès mondial acadien, il a reçu le prix Acadie-Québec des mains du ministre québécois de la Langue française, Jean-François Roberge.

La gagnante des Francouvertes 2024, Soleil Launière, sera également parmi les têtes d’affiche de l’événement. L’artiste innue originaire de Mashteuiatsh (dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Québec) s’est fait connaître des diffuseurs franco-ontariens entre autres grâce à une vitrine à Contact ontarois, en janvier dernier. Sa performance particulièrement incarnée colle parfaitement au concept de la Nuit émergente, qui veut faire voyager entre différentes ambiances.

Soleil Launière en vitrine à Contact ontarois, en janvier 2025. Photo : Catherine Archambault

Un autre artiste à posséder son univers bien à lui est le Sudburois McLean. Il présentera Picaroon en entier, un spectacle « multidisciplinaire aux allures d’un opéra rock ». Le spectateur entrera dans l’intériorité du personnage de Picaroon au moyen d’éclairages et de projections éclectiques. L’artiste accompli cumule neuf nominations au prochain gala Trille or.

Dans l’idée de mélanger les genres, le duo Kora Flamenca est aussi tout indiqué pour séduire les programmateurs et spectateurs de la Nuit émergente. Zal Sissokho apporte la musique mandingue et Caroline Planté y mêle son flamenco. Ce mariage musical inusité a valu à Kora Flamenca des prix au gala de l’ADISQ et aux Prix de la musique folk canadienne.

Un autre Sudburois, Olivier Palkovits, vient compléter la programmation de la 11e Nuit émergente. Celui que certains connaissent comme Will Powers présente maintenant son projet Green Jaguars. Le communiqué de La Slague précise que le visiteur entrera dans « un univers d’immersion sonore, d’improvisations électroniques et d’explorations faites de microrythmes, de microharmonies et de microtons. » Olivier Palkovits a bénéficié d’une résidence artistique de La Slague l’an dernier.

Vivre dans la bête

La Nuit émergente a l’habitude d’exploiter le concept de la bête ou du monstre dans son esthétique, pour démontrer sa singularité. Cette fois, la Place des arts du Grand Sudbury devient la bête et les spectateurs sont invités à y entrer.

« Après trois ans dans la PDA, on connaît notre chez-nous, notre bête. C’est vraiment le temps de l’exploiter à plein, de l’habiller, de la réimaginer. Les gens peuvent s’attendre à une PDA comme ils ne l’ont jamais vue, » promet Joëlle Villeneuve.

La Nuit émergente aime créer des ambiances uniques pour les spectateurs. Un exemple de 2024 avec le directeur général et culturel du Carrefour francophone de Sudbury, Stéphane Gauthier. Photo : Gracieuseté de La Slague

C’est ainsi que les différents espaces seront transformés en antre, mais aussi en cœur, ventre et tête de la bête. Les ambiances varieront aussi. La boîte noire deviendra une discothèque, le bistro sera le lounge, la Galerie du Nouvel-Ontario (GNO) accueillera des spectacles et la rue adjacente à la PDA deviendra un restaurant extérieur mené par Nicolas Mongeon (WeHideous) et Jazmin Hacket (Beaumonde dining) vendredi soir.

« C’est vraiment important pour nous (…) de montrer ce qui est possible avec les choses qui viennent d’ici. Ce n’est pas juste de mettre en visibilité les artistes d’ici, mais aussi tout ce qui nourrit le bercail de culture dans le Nord de l’Ontario », explique Joëlle Villeneuve.

Le samedi, pendant que les parents assisteront aux concerts, les enfants pourront se réunir à la Nuit des tout-petits, un service de garde exceptionnel offert par la garderie de la PDA, également gérée par le Carrefour francophone. Les jeunes auront droit à une soirée cinéma et à divers ateliers d’éveil musical et langagier.

Certains jeunes sudburois avaient aussi apprécié le spectacle de Mehdi Cayenne en 2024. Photo : Gracieuseté de La Slague

Joëlle Villeneuve souligne l’originalité du concept de la Nuit émergente. « Le but, c’est que vous rentriez chez nous, à la Place des arts, dans le cœur de la bête. Nous, on s’occupe de vous de A à Z. On s’occupe de vos papilles gustatives, on s’occupe de vos enfants et on s’assure de programmer une soirée qui peut vous divertir jusqu’à 1 h du matin. »

25 % de femmes

Parmi les artistes nommés dans la programmation musicale, on retrouve une seule femme en solo et une autre en duo (Kora Flamenca). Joëlle Villeneuve explique que l’équipe a programmé les projets qui lui ont été présentés et qui cadraient le plus avec l’esprit de la Nuit émergente.

« Comme femme moi-même, et comme centre de culture qui mise tout le temps sur l’inclusivité et la diversité, c’est définitivement quelque chose à quoi on songe tout le temps. Cette année, c’est juste comme ça que c’est arrivé. »

La gestionnaire nomme la présence paritaire de femmes dans d’autres projets de La Slague, comme les résidences artistiques. Également, elle souligne que la programmation de La Nuit émergente représente une autre variété importante.

« On a des artistes autochtones, fransaskois, acadiens, franco-ontariens et québécois. Ça reflète vraiment la francophonie canadienne et c’est une manière pour le public de faire des découvertes. »

La 11e Nuit émergente aura lieu du 16 au 17 mai à la PDA. L’horaire détaillé sera dévoilé juste avant l’événement.

Tarifs automobiles : « Notre but est de négocier 0 % », dit Ford

Doug Ford dit vouloir négocier avec l’administration Trump jusqu’à un retrait total des tarifs américains alors que les premiers impacts se font sentir sur l’industrie de l’automobile. Ce jeudi, l’usine Stellantis à Windsor a annoncé une cessation d’activité provisoire, invoquant les droits de douane de 25 % sur les véhicules non américains. Le Canada a aussitôt répliqué en imposant des contre-tarifs de 25 % sur les automobiles américaines.

Bien que le Canada ne figure pas dans la longue liste de pays auxquels de nouveaux tarifs s’appliquent, présentée par Donald Trump la veille, les tarifs automobiles sont entrés en vigueur ce jeudi, dès minuit.

En parallèle, Stellantis a annoncé ce matin suspendre les activités de son usine d’assemblage à Windsor, pour deux semaines, dès le lundi 7 avril, invoquant les tarifs automobiles de Trump comme raison.

Les premiers ministres des provinces et territoires se sont réunis en virtuel ce matin à 10 h avec le premier ministre canadien pour discuter d’une réponse tarifaire.

Juste après, dans une mêlée de presse à l’Assemblée législative de l’Ontario, Doug Ford a indiqué soutenir une réponse tarifaire réciproque, à hauteur des tarifs imposés, ajoutant que c’était un effort commun « team Canada ».

« Je suis soulagé de voir que la température redescende. C’était essentiel, mais la menace tarifaire reste importante. Notre but est de continuer à négocier des tarifs de 0 %. On va continuer à travailler avec l’administration fédérale », a-t-il déclaré.

Le premier ministre s’est dit « heureux de voir des sénateurs américains nous soutenir et affirmer que des droits de douane sur le Canada mettraient les États-Unis en récession ».

25 % : le Canada réplique à son tour sur les véhicules

Le premier ministre Mark Carney a annoncé que le Canada répliquerait avec ses propres tarifs de 25 % sur les véhicules américains qui ne sont pas conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Des droits de douane s’appliqueront aussi sur le contenu non-canadien des véhicules américains, mais le Canada n’imposera pas de tarifs sur les pièces d’auto et ce qui provient du Mexique, a-t-il précisé.

« Nous allons nous battre contre ces tarifs jusqu’à ce qu’ils soient annulés », a affirmé le chef libéral en conférence de presse.

Bien que le Canada ait évité des tarifs réciproques dans l’annonce de Donald Trump mercredi, en plus des droits de douane sur l’automobile, l’aluminium, l’acier et les produits hors de l’ACEUM sont toujours assujettis à une pénalité de 25 %. Celle-ci étant justifiée par l’administration américaine par l’afflux de fentanyl en provenance de la frontière canadienne, même si moins de 1 % du trafic provient du Canada.

« Tout cela est injustifié et, à notre avis, mal avisé », a commenté M. Carney.

Ce dernier a eu une discussion avec le président Trump la semaine dernière au cours de laquelle il l’avait notamment averti de son intention de répliquer sur les tarifs sur les véhicules canadiens. Mark Carney considère que dans l’annonce américaine, le Canada a eu « le meilleur accord d’une série de mauvais accords ».

« Nous avons fait des progrès. On peut le voir par rapport aux tarifs réciproques », a-t-il estimé en conférence de presse à Ottawa.

Pour le moment, le Canada n’envisage pas de se coordonner avec d’autres pays assujettis à des droits de douane, a indiqué M. Carney. Il a toutefois eu des appels dans les derniers jours avec d’autres chefs d’État, « des discussions positives pour développer les relations commerciales entre nos juridictions ».

« Les États-Unis sont encore un allié du Canada, a tempéré le chef libéral. C’est notre allié le plus important en matière de sécurité et de défense, par exemple », a-t-il poursuivi.

À Kingston, le chef conservateur Pierre Poilievre a proposé que sous sa gouverne, le fédéral coupe la taxe sur les produits et services (TPS) sur les véhicules produits au Canada, ce qui selon lui sauverait 2500 $ au consommateur sur une automobile de 50 000 $. Il a aussi demandé aux premiers ministres provinciaux de retirer leur portion provinciale de la taxe de vente.

Le projet de Maison de la francophonie à Toronto tombe à l’eau

TORONTO – Malgré des signes d’espoir il y a quelques mois, les porteurs du projet estiment aujourd’hui avoir usé de tous les recours auprès des gouvernements durant ces deux dernières années et n’ont d’autre choix que de dissoudre leur comité.

Le projet de Maison de la francophonie à Toronto nécessitait, dans sa dernière mouture, d’un financement de plus de 18 millions de dollars (dont 14,3 millions demandés au fédéral). Ses bénévoles ont tenté le tout pour le tout en répondant aux sollicitations régulières des fonctionnaires en charge du dossier, ce malgré plusieurs changements de ministre. En vain.

Ils en arrivent aujourd’hui à la conclusion que le gouvernement fédéral ne concrétisera pas leur rêve d’offrir à la communauté un lieu de rassemblement sous un toit commun qui leur appartient, comme il en existe ailleurs au pays à Ottawa, Edmonton et Vancouver.

« La Francophonie torontoise n’était pas une priorité pour le gouvernement, fait l’amer constat son président Kip Daechsel, dans une lettre adressée à ses partenaires. Après plus de 20 ans d’effort, la Maison suspend ses activités et progressa vers la dissolution. »

Après les élections fédérales de 2021, le projet semblait pourtant prendre le bon chemin en 2022 alors que le comité avait jeté son dévolu sur une maison historique disponible au centre-ville, dans la rue Charles, appuyée par un promoteur immobilier prêt à débourser un million de dollars de sa poche pour convaincre les bailleurs de fonds de le suivre.

La ministre des Langues officielles de l’époque, Ginette Petitpas Taylor affirmait alors à ONFR qu’il s’agissait d’un projet « très important ». Il fallait alors un engagement de Patrimoine canadien à hauteur de 13 millions de dollars pour acheter l’édifice (pour un coût de 17 millions au total), mais à force de va-et-vient administratifs, techniques et une réévaluation du bâtiment « truffée d’erreurs » selon M. Daechsel, le projet avait fini par filer entre les doigts, dans un marché immobilier sous pression.

La maison découverte sur la rue Isabella offrait une superficie de plus de 600 mètres carrés et permettait un réaménagement intérieur. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Rachel Bendayan, ministre des Langues officielles de décembre 2024 à mars 2025. Photo : La Presse canadienne/Adrian Wyld

La ministre des Affaires francophones de l’Ontario n’aurait pas apporté de soutien financier, selon M. Daechsel. Photo : ONFR/Jackson Ho

La maison de la rue Charles avait dû être délaissée malgré la patience d’un promoteur francophile qui développait un vaste projet résidentiel dans le quartier. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Ginette Petitpas Taylor, ex-ministre des Langues officielles, avait démontré un fort intérêt, sans concrétiser la Maison. Photo : ONFR/Stéphane Bédard

Kip Daechsel, président du comité de la Maison de la francophonie, estime avoir été suffisamment patient. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Construite en 1885, la plus récente bâtisse ciblée, sur la rue Isabella, appartenait à un éminent médecin et était répertoriée au Patrimoine torontois depuis 1983. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

Des plans d’architecte, fin prêts, prévoyaient des travaux intérieurs pour s’adapter aux besoins d’une garderie francophone. Source : Maison de la francophonie

L’équipe de bénévoles s’était remise en quête d’un nouveau site, dénichant au printemps 2023 un édifice à quelques pas de là, dans la rue Isabella, à proximité immédiate de la rue Yonge. Plus spacieuse, mieux ajustable et moins contraignante en termes de règles patrimoniales que celle de la rue Charles, la demeure de plus de 600 mètres carrés offrait l’avantage d’être moins chère, un argument qui aurait pu faire pencher la balance…

Cette nouvelle tentative, la plus récente, requérait 12 millions de dollars de Patrimoine canadien, mais les fonctionnaires de Patrimoine canadien auraient émis un avis négatif, recommandant à la ministre Rachel Bendayan de ne pas donner suite à son financement. Cette dernière aurait alors décidé d’allouer tout de même une somme moindre, une solution de rechange que M. Daechsel qualifie de « mirage ».

En effet, elle n’aurait pas permis à la Maison une viabilité financière, en plus de lui faire perdre deux financements complémentaires : un engagement privé déjà confirmé et la somme de 2,3 millions de dollars émanant du Programme fédéral pour les bâtiments communautaires verts et inclusifs (PBCVI) pour laquelle elle aurait été inadmissible.

« La ministre Mulroney a sciemment tourné le dos à cette initiative communautaire. »
— Kip Daechsel, président du comité de la Maison de la francophonie de Toronto

M. Daechsel croit aussi que la Province aurait pu influencer en mettant de l’argent au pot à hauteur de 2,5 millions mais n’aurait pas donné suite. « Malgré plusieurs demandes, la ministre (des Affaires francophones) Mulroney a sciemment tourné le dos à cette initiative communautaire, » affirme l’avocat torontois impliqué de longue date dans le projet.

« Ce refus a laissé la voie ouverte aux fonctionnaires fédéraux d’avoir recours au ping-pong fatal entre les niveaux gouvernementaux comme prétexte officiel pour mettre fin au projet », est convaincu celui dont le comité était parvenu à réunir près de 246 000 $ de contributions privées et plus de 170 000 $ de financement public en complément.

Ni Patrimoine canadien ni le ministère des Affaires francophones de l’Ontario n’avaient donné suite à nos sollicitations médiatiques à l’heure où nous écrivions ces lignes.

Une « insulte à la francophonie », réagit le chef Jagmeet Singh

En pleine campagne électorale fédérale, le chef néo-démocrate a qualifié le refus de financement d’« insulte à la francophonie de Toronto et du pays. La Maison de la francophonie est un lieu de rassemblement, d’échanges et de services pour les Franco-Torontois. »

« À un moment où nous devons se rassembler face aux menaces de Donald Trump, il est complètement déconnecté de renoncer au financement de ce centre qui prône la culture et la langue francophone. Le NDP fera le contraire, et assurera le financement nécessaire pour soutenir ce projet. »

L’autisme ne s’arrête pas à l’âge adulte

Les adultes, ces grands délaissés des mesures de soutien en matière d’autisme, jonglent souvent avec le manque de disponibilité et de diversité des services. Ceux qui souhaitent être pris en charge en français font face à des listes d’attente démesurées. Or, ce trouble neurodéveloppemental se mesure à l’échelle d’une vie, nécessitant une attention évolutive au fil des ans. Gros plan à l’occasion de la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme.

Dans la région de Prescott et Russell, Jasmine Chagnon vient de s’installer dans sa nouvelle maison dans laquelle elle est actuellement en train de mettre en place un service de répit. « En déménageant ici, je me suis rendu compte que, à part à Cornwall, il n’y avait absolument rien pour les adultes », dit la jeune intervenante spécialisée de 24 ans venue du Québec.

Aller à la ferme ou encore participer à des activités d’extérieur tapissent l’agenda bien chargé de ses pensionnaires. « On travaille les habiletés sociales, la concentration, la motricité. J’ai aussi plein de cahiers d’exercices, des jeux éducatifs aussi pour les aider », raconte-t-elle.

En tant qu’intervenante spécialisée, Jasmine Chagnon aide des jeunes adultes autistes comme Louis-Philippe Gariépy, 18 ans. Photo : Gracieuseté Jasmine Chagnon

Le manque de services pour adultes autistes fait consensus au sein des travailleurs d’un secteur peu attractif en termes de revenu. Pour établir ses services, Jasmine a essayé d’obtenir toutes les subventions possibles, sans succès. « Il reste encore à sensibiliser les gens, surtout pour les adultes qui sont parfois un petit peu oubliés » déplore-t-elle.

D’autres services de répit commencent toutefois à timidement voir le jour dans la province. Un an après le sauvetage de la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA) pour parvenir à maintenir ses services de répits, Carol Jolin, qui préside l’organisme, affirme qu’il souhaite prochainement superviser des programmes pour jeunes adultes autistes. « On a une offre d’emploi qui circule pour trouver quelqu’un qui peut prendre la relève », annonce le président.

Selon lui, évaluer à la fois le nombre d’adultes autistes et les services cliniques en français, continuent d’être des défis provinciaux. « On a besoin de chiffres. Et avec des chiffres, on est capable de parler aux élus », dit-il.

Vers une sensibilisation plus agressive

Dans le Nord, Jacob Claveau, un jeune homme autiste déterminé doit constamment apprendre à vivre avec les refus. Un diplôme de soutien technique en informatique en poche, il a trouvé un poste chez lui à Hearst qu’il a perdu quelques mois plus tard.

Sa mère suspecte que son fils ait implicitement fait partie d’un volet financé par un grand employeur de manière temporaire. « C’est mon impression parce que depuis ce temps-là, il vit beaucoup de refus », dit Shana Verrier. À ce jour, Jacob est concierge dans un grand hôtel de Hearst avec un revenu minimum mais espère décrocher un poste dans son secteur bientôt. « J’ai appliqué pour certains emplois, par exemple à l’hôpital, à Postes Canada et même à l’Université de Hearst », affirme le jeune homme.

« C’est vraiment important pour nous d’éduquer les employeurs de ne pas juger toute une communauté à partir d’une ou deux personnes qu’ils ont rencontrées », dit Neil Forester, organisateur de Spectrum Works, connue comme le plus grand salon pour chercheurs d’emploi autistes où de nombreux employeurs franco-ontariens répondent présents parmi les figurants.

Le succès du salon a permis à M. Forester de comprendre les enjeux de la communauté. « J’ai réalisé que 85 % des personnes autistes sont au chômage, et les 15 % qui sont employés ne gagnent pas plus de 10 000 dollars par an », regrette-t-il.

Samuel Benamron (à gauche), directeur de la clinique Physio Verdun échange avec un participant (à droite) du salon de l’emploi Spectrum Works. Photo : Gracieuseté : Xavier Pinto

Cette année, pour la 9e édition du salon, et avec les nombreux partenariats que Neil Forester a pu réaliser, ce dernier recherche 25 de ces demandeurs d’emploi intéressés dans la construction et menuiserie afin qu’ils puissent bénéficier, tout au long de l’année, de formations dans des environnements sensoriels inclusifs au vu d’un programme avec le ministère du Travail.

Une prise d’indépendance délicate

Difficile d’oublier la colère des parents lors de la réforme du Programme ontarien des services en matière d’autisme (POSA) en 2019. « C’est un peu comme si le système s’était privatisé », remarque Gwénaël Laurent-Guy, père de Maëlys, une étudiante brillante diagnostiquée avec l’autisme d’Asperger qui pense passionnément à son avenir, à l’approche de ses 18 ans. Son père avoue s’interroger tous les jours : « On la voit décoller comme une fusée. On connaît sa différence, mais on ne veut pas la freiner. »

Au vu de la limite du POSA fixée à 18 ans, les jeunes adultes autistes peuvent se retourner vers le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées ou bien des Services de l’Ontario pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, mais les familles les accusent souvent d’être insuffisants.

Bradley Bezaire, responsable de la coordination des soins à Autisme Ontario, explique que ces programmes manquent de services de thérapie et en santé mentale, d’autant plus nécessaires à l’âge adulte et très longs à recevoir en langue française. Selon Gwénaël Laurent-Guy, le système actuel qui alloue des fonds aux parents afin qu’ils se fournissent dans le privé a fait gonfler les prix et les listes d’attente.

La réforme de 2019 pilotée par Lisa McLeod, ex-ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, avait été au centre d’une polémique. Photo : archives ONFR

Dans une réponse à ONFR par courriel, le ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires soutient que le gouvernement a investi de 1,2 milliard de dollars de plus depuis 2017-2018 dans les services aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Néanmoins, le président de la SFOA, Carol Jolin, n’adhère pas au discours : « Il ne suffit pas de dire : on vous donne de l’argent et allez trouver les services parce que les services en l’état actuel sont très limités », soutient-il.

Les taux de prévalence du trouble du spectre de l’autisme sont en augmentation au Canada, c’est pourquoi M. Jolin affirme de surcroit que cela va peser sur les familles d’adultes autistes : « Ces parents seront obligés de s’absenter du travail ou de prendre des temps partiels ».

Contrairement à Doug Ford, Mulroney se range derrière Poilievre

élection, canada, élections

TORONTO – Contrairement à son leader Doug Ford, qui n’a pas voulu s’ingérer dans la campagne électorale fédérale, Caroline Mulroney a décidé de se ranger derrière le chef conservateur Pierre Poilievre en lui témoignant pour la première fois un soutien public, en tant qu’« amie de longue date ».

La ministre des Affaires francophones et présidente du Conseil du Trésor dans le gouvernement Ford a présenté et encensé le leader fédéral, ce mercredi matin en conférence de presse à l’Arcadian Court, au centre-ville de Toronto. 

« Nous avons besoin d’un leader qui s’adressera à Donald Trump et, ce faisant, au nom de tous les Canadiens. Et il n’y a qu’une seule personne dans cette course qui puisse faire les deux : Pierre Poilievre », a-t-elle lancé devant des centaines d’invités, membres et sympathisants du Parti conservateur du Canada. 

Cette dernière était la seule membre du cabinet ministériel du gouvernement Ford présente à cet événement. En début de campagne, le premier ministre ontarien Doug Ford avait refusé de se ranger derrière un candidat, pas même Pierre Poilievre, aux mêmes couleurs politiques, expliquant que « ce n’est pas son rôle ».

Dans une mêlée de presse très succincte, Caroline Mulroney a défendu son appui et soutenu qu’elle en avait avisé son chef : « Je suis une amie de longue date de M. Poilievre et j’étais fière de le présenter aujourd’hui », a-t-elle affirmé.

« Nous allons être complètement submergés. Concentrons-nous sur l’Ontario. C’est notre objectif principal », avait pourtant lancé M. Ford comme message il y a deux semaines à ses députés.

La ministre des Affaires francophones a d’ailleurs ajouté que très peu de ministres provinciaux se rangeaient, du moins publiquement, derrière Pierre Poilievre dans cette campagne : « Comme le premier ministre l’a dit, on est tous très occupés. On vient juste de gagner notre élection », a-t-elle justifié.

L’ombre de Brian Mulroney

Les liens entre la famille de l’ancien premier ministre canadien Brian Mulroney et Pierre Poilievre pourraient bien expliquer cet appui public de la part de la ministre des Affaires francophones. Elle y a fait référence dans son discours.

« Croyez-le ou non, mon père a été un des premiers donateurs de Pierre lors de sa campagne de 2004 dans Nepean-Carleton. Ce qu’il a vu à ce moment-là, c’est ce que les Canadiens voient maintenant. Quelqu’un avec des convictions et qui croit au potentiel du Canada », a-t-elle partagé, ajoutant que M. Poilievre « se tournait souvent vers mon père pour des conseils politiques ».

Caroline Mulroney introduit le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre en conférence de presse à Toronto. Photo : ONFR/Sandra Padovani

« Sa sagesse serait précieuse aujourd’hui et j’aimerais bien pouvoir lui parler au téléphone en ce moment pour obtenir ses conseils », a confié Pierre Poilievre au sujet du défunt premier ministre.

Mme Mulroney a aussi mentionné les nombreuses discussions entre elle et le politicien fédéral sur des enjeux citant notamment la francophonie canadienne.

Francophonie : « Pour Pierre, il ne s’agit pas d’une priorité de façade ou d’un calcul politique. »
— Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones

« La francophonie canadienne, particulièrement celle en situation minoritaire, est un enjeu crucial qui nous tient profondément à cœur. Pour Pierre, il ne s’agit pas d’une priorité de façade ou d’un calcul politique, c’est une richesse qu’il favorise pleinement et qui façonne son engagement dans la vie publique. »

Alors que le président américain Donald Trump se prépare dans quelques heures à appliquer des tarifs sur un ensemble de produits canadiens, le chef conservateur a présenté son plan de réplique au locataire de la Maison-Blanche.

Il propose de négocier dès le lendemain de l’élection, s’il est élu, un nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis. Il veut aussi lancer un programme de prêts temporaires pour les entreprises et travailleurs directement touchés par cette guerre économique.

Se disant d’accord avec l’approche d’une réplique tarifaire réciproque, l’aspirant premier ministre a aussi expliqué qu’il n’avait pas pour le moment, lui ou son camp, approché la Maison-Blanche, souhaitant respecter l’approche des premiers ministres Justin Trudeau et Mark Carney.

Il était resté plus discret depuis quelques semaines sur cette menace américaine, une approche critiquée notamment par des conservateurs.

« Il ne faut pas diviser notre voix et nos liens avec l’exécutif de la Maison-Blanche. C’est maintenant au premier ministre libéral d’avoir des contacts directs avec la Maison-Blanche », a-t-il précisé en conférence de presse.

Tarifs américains : les petites et moyennes entreprises de l’Est ontarien sur le fil

Entre résilience et incertitude, une enquête menée auprès de 74 entreprises locales révèle les impacts tangibles des tarifs douaniers américains sur le tissu économique de Prescott et Russell. 

Près d’un quart (24 %) des entreprises de Prescott et Russell disent avoir été directement affectées par les tarifs américains, alors que 53 % ont répondu ne pas avoir été directement impactées, et 23 % sont incertaines.

C’est ce que révèle une enquête de la Société de développement Prescott et Russell (SDPR) menée auprès de 74 entreprises de la région.

« L’annonce de nouveaux tarifs et l’incertitude qui les entoure constituent une menace réelle pour les entreprises et les résidents », a affirmé à ONFR Yves Laviolette, président du Conseil des Comtés unis de Prescott et Russell.

Yves Laviolette reconnaît que la plupart des entrepreneurs craignent pour leur stabilité financière. Gracieuseté CUPR

Toutefois, selon lui, les résultats préliminaires du sondage mené par la SDCPR indiquent que les petites et moyennes entreprises (PME) de Prescott et Russell sont résilientes.

En effet, la majorité d’entre elles (66 %) affirment ne pas avoir subi de perturbations majeures dans leur chaîne d’approvisionnement en raison des tarifs, tandis que 30 % ont été légèrement perturbées et 4 % fréquemment.

« Cette stabilité pourrait être attribuée au fait que les entreprises ont des fournisseurs fiables, une gestion adéquate des stocks ou des stratégies d’approvisionnement diversifiées », lit-on dans le rapport qui met également en lumière les différentes stratégies adoptées par les entreprises pour atténuer l’impact des tarifs.

Dans ce sens, plus de la moitié (54 %) optent pour une combinaison consistant à absorber les coûts, les répercuter les coûts aux clients et réduire certaines dépenses opérationnelles. 35 % des répondants répercutent les coûts et 12 % préfèrent les absorber.

Les résultats du sondage suggèrent aussi que la recherche de fournisseurs alternatifs est répartie entre le recours à des fournisseurs nationaux (20 %) et la recherche de fournisseurs d’autres pays non affectés par les tarifs (19 %), tandis que 32 % sont catégoriques : ils ne changeront pas de fournisseurs.

Par ailleurs, le rapport dresse un portrait des entreprises de Prescott et Russell. La majorité des entreprises sondées (77 %) comptent moins de 10 employés. Elles opèrent principalement dans les secteurs des services (65 %), du commerce de détail (31 %), de la transformation (22 %) et de la construction (19 %).

On y apprend aussi que le marché intérieur reste la cible principale pour 91 % des répondants, tandis que seuls 7 % commercent avec les États-Unis.

Ce sont justement ces entreprises qui exportent vers les États-Unis qui seront en toute évidence les plus affectées, comme le confirme Normand Riopel, maire de Champlain et ancien président du Conseil des Comtés unis de Prescott-Russell.

« C’est certain que dans Champlain, il y a une industrie majeure : une fonderie d’acier à L’Orignal. Cette industrie aura un impact majeur si les tarifs persistent », affirme-t-il.

Toutefois le maire Riopel relativise : « Il ne faut pas partir en peur. Même si ce sont des tarifs, je ne pense pas que les Américains demain matin vont arrêter d’acheter de l’acier. Ils ne peuvent pas construire une aciérie et produire la qualité d’acier qu’Ivaco produit », souligne-t-il.

Des attentes fortes face aux incertitudes

« Au niveau municipal, nous avons travaillé de manière proactive pour mieux comprendre comment ces pressions économiques peuvent affecter nos opérations et nos projets d’investissement à venir », ajoute M. Riopel, soulignant l’engagement à soutenir les entrepreneurs locaux.

De son côté, Yves Laviolette déclare : « Nous continuerons donc de suivre de près l’impact des tarifs sur notre région et nous demeurons déterminés à appuyer la SDCPR dans l’analyse des effets des modifications tarifaires et dans la proposition de solutions potentielles pour soutenir davantage la croissance et la compétitivité des entreprises de Prescott et Russell. »

Il reconnaît aussi que « la plupart des entrepreneurs craignent pour leur stabilité financière à long terme ».

À ce titre, le rapport précise que 61 % des entreprises affirment ne pas avoir vu leur rentabilité affectée significativement, mais que 45 % des répondants expriment une vision négative quant à leur planification à long terme.

Normand Riopel, maire de Champlain et ancien président du Conseil des Comtés unis de Prescott-Russell. Gracieuseté CUPR

Ainsi, face aux incertitudes, les entreprises réclament des actions concrètes : 50 % demandent l’expansion des accords de libre-échange, 35 % un meilleur accès aux canaux logistiques, et 20 % davantage de programmes d’aide.

« Les municipalités ne travaillent pas directement avec le fédéral. On travaille beaucoup avec le provincial. C’est au provincial, à M. Ford, de mettre de la pression sur le fédéral pour faire avancer les choses », rappelle le maire Riopel qui ne cache tout de même pas son indignation.

« Trump fait n’importe quoi. En imposant des tarifs, c’est certain que ça monte le coût. Un tarif, c’est une taxe cachée », tranche M. Riopel, résumant le sentiment d’incompréhension envers les politiques commerciales américaines et appelant à une réponse politique concertée et forte au profit des entreprises locales. 

ServiceOntario sous le coup d’une enquête du commissaire aux services en français

TORONTO – Une enquête visant à contrôler le respect de la Loi sur les services en français (LSF) dans les agences ServiceOntario vient d’être lancée ce mardi par le commissaire aux services en français, Carl Bouchard.

Dans un communiqué envoyé par l’Ombudsman de l’Ontario, on apprend que l’initiative relève de la propre initiative du commissaire. L’enquête, qui propose trois directives claires, ferait suite à de nombreux retours d’expérience d’usagers dans les centres ServiceOntario. Ils disent ne pas recevoir de services appropriés en langue française.

Il s’agira d’examiner, dans un premier temps, si le personnel des centres dans les régions désignées par la LSF est bien informé sur les obligations prescrites par la loi en termes de services en personne en français. La manière dont la LSF s’applique et la qualité des services rendus seront ensuite passées au crible.

Selon le commissaire qui encourage chacun à contribuer à l’enquête, « les Ontariennes et les Ontariens ont le droit, comme le prévoit la loi, d’être servis en français et de recevoir la même qualité de service qu’en anglais ». 

Dans son dernier rapport annuel rendu public en fin d’année dernière, le commissaire signalait que près de 6 % des plaintes émanaient du ministère des Services au public, responsable des agences ServiceOntario et recommandait la création d’un répertoire numérique des services afin de mieux oritenter les usagers de langue française.

Depuis février 2024, la province a fermé certains de ces centres au profit de kiosques intégrés à l’enseigne américaine Staples/Bureau en Gros, une décision controversée soulèvant des questions sur la garantie d’accès aux services en français.

C’est la troisième enquête menée par l’Unité des services en français depuis 2022, après qu’une première ait montré en 2021 que l’Université Laurentienne a manqué à ses obligations légales en supprimant des programmes en français. L’année dernière, ce sont des carences systématiques de la province sur l’affichage extérieur en français qui ont fait l’objet d’une deuxième enquête.

Dépendances : neuf sites contraints de fermer sans prise en charge des usagers

Malgré l’injonction de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, neuf des dix sites de consommation supervisée (SCS) sont désormés fermés. Si le ministère de la Santé a affirmé que, dès ce 1er avril, ses nouveaux carrefours de désintoxication sont opérationnels, selon plusieurs sources, rien n’est en place pour la prise en charge des usagers vulnérables exposés aux risques de surdose.

Malgré l’injonction de la Cour autorisant les SCS à demeurer ouverts jusqu’à ce qu’un verdict soit rendu, dans des poursuites judiciaires contre la loi provinciale, neuf des sites identifiés comme trop proches d’écoles ou de garderies ont officiellement dû fermer leurs portes ce mardi.

Le Kensington Market overdose prevention site (KMOPS), du groupe The Neighbourhood Group Community Services (TNGCS) reste quant à lui ouvert, car il est autofinancé.

Pour les neuf autres sites, profiter de l’injonction en restant ouverts signifiait perdre la promesse de financement pour la conversion en HART hubs, le nouveau concept imposé par le ministère de la Santé, des carrefours d’aide à la désintoxication fondés sur l’abstinence.

Une des conditions dans la promesse d’un financement futur : « Le financement provincial pour fonctionner en tant que centre HART est conditionnel à ce que les centres ne recherchent pas d’autres financements pour fournir des services de consommation de drogues maintenant ou à l’avenir », confirme Hannah Jensen, la porte-parole de la ministre de la Santé Sylvia Jones.

« Les autres SCS ont été mis face à un choix impossible. »
— Bill Sinclair, PDG de TNGCS

Par ailleurs, sans l’obtention d’une exemption fédérale, les sites ne peuvent pas offrir des services de consommation supervisée. Or, cette échéance expirait ce 31 mars pour plusieurs SCS et n’aurait pas pu être renouvelée sans financement provincial garanti. Il s’agit de la même échéance choisie par le gouvernement pour la fermeture des sites.

Selon Bill Sinclair, le PDG du TNGCS, « les autres SCS ont été mis face à un choix impossible : soit obtenir un financement à la condition de ne plus avoir de services de consommation supervisée soit pas de financement du tout. »

Celui-ci explique que les HART hubs sont seulement conçus pour les personnes qui sont prêtes à arrêter de consommer : « Nous voulions cette option de traitement et plus de personnel depuis longtemps, mais pas en remplacement de nos services qui sont vitaux pour beaucoup d’usagers. »

« Établir de nouveaux modèles et établissements prend du temps. J’avais demandé au gouvernement un délai plus long, mais ils ont été catégoriques. »

Photo : Christopher Katsarov Luna/ONFR

Une transition incertaine : la vie des usagers en jeu

« Notre gouvernement investit 529 millions de dollars pour créer 27 nouveaux centres de traitement et de rétablissement des dépendances pour les personnes sans-abri, opérationnels d’ici le 1er avril », a assuré le ministère de la Santé.

Or, une source nous a informés que les SCS censés transitionner dès aujourd’hui n’ont encore rien reçu pour opérer : « Pas de nouvel espace, pas de lit de convalescence. Rien ne nous a été donné et rien n’est prêt pour transitionner comme prévu par les HART Hubs ».

Le ministère soutient lui que « tous les carrefours en transition ont reçu un financement de démarrage pour assurer la continuité des services dès leur ouverture aujourd’hui », sans fournir de détails sur le montant ou l’échéancier.

Selon également la députée de Nickel-Belt France Gélinas, porte-parole en Santé pour le NPD, « aucun des centres qui ferment n’a reçu son argent, aucun n’est capable d’offrir des services dès aujourd’hui. Par contre ils n’ont plus le droit de garder les gens en vie en prévenant les surdoses ».

Selon l’élue d’opposition, les carrefours ne pourraient pas être opérationnels, au plus tôt, avant l’automne prochain, pointant du doigt le temps nécessaire, le fonds, ne serait-ce qu’à l’embauche de personnel, l’équipement, l’aménagement d’espaces supplémentaires, etc.

« Tout ça est basé sur de la discrimination du gouvernement contre des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et de dépendance, et non basé sur ce que les données probantes et les experts disent. »

Et de s’insurger : « Depuis quand est-ce au gouvernement de décider du plan de traitement de gens malades ? »

La députée rappelle que la loi 223 de la province, contestée en justice, interdit au fédéral de délivrer des exemptions aux services d’injection supervisée en Ontario et qu’en théorie l’injonction de la Cour suspend ce véto.

« Quand un gouvernement ignore une injonction de la cour, c’est grave pour une démocratie. »

Si les SCS restants s’attendent à un afflux considérable de visites, Bill Sinclair entrevoit toutefois un autre obstacle. Les études prouvant que ces populations vulnérables, qui tendent à ne pas se déplacer à plus de 15 minutes, se tourneront vers les drogues de rues et auront de grandes chances d’en mourir.

« Je suis également très préoccupé par des communautés qui n’avaient qu’un seul site, comme Guelph, Kitchener et Thunder Bay, désormais privées de ces services. Il y a eu plus de morts par overdose que par Covid, et en tant que société, nous ne faisons rien pour l’empêcher », se désole-t-il.

Les neuf SCS qui ont fermé leurs portes :

  • Parkdale Queen West Community Health Centre (PQWCHC) – 168, rue Bathurst, Toronto
  • Regent Park Community Health Centre – 465, rue Dundas Est, Toronto
  • The Works – Santé publique de Toronto – 277, rue Victoria, Toronto
  • South Riverdale Community Health Centre – 955, rue Queen Est, Toronto
  • Guelph Community Health Centres – 176, rue Wyndham Nord, Guelph
  • Hamilton Urban Core Community Health Centre – 70, rue James Sud, Hamilton
  • Region of Waterloo Public Health and Paramedic Services and Sanguen Health Centre – 150, rue Duke Ouest, Kitchener
  • Somerset West Community Health Centre – 55, rue Eccles, Ottawa
  • NorWest Community Health Centres and Dilico Anishinabek Family Care – 525, rue Simpson, Thunder Bay

Le seul des 10 SCS qui demeure ouvert :

  • Kensington Market Overdose Prevention Service (KMOPS), The Neighbourhood Group – 260, avenue Augusta, Toronto

Le fait français, une solution pour se détacher économiquement des États-Unis?

élection, canada, élections

L’actuelle campagne électorale et la crise économique qui frappe le Canada sont une opportunité pour recentrer un peu plus le viseur sur l’économie de la francophonie canadienne, croient les entreprises et francophones en milieu minoritaire.

À un jour, de l’imposition de tarifs par les Américains sur tous les pays dans le monde, comme l’a dit Donald Trump, le Canada, déjà touché par des droits de douane de 25 % sur l’automobile, se prépare au pire, en pleine campagne électorale fédérale.

« Ce qui ressort le plus c’est l’incertitude que ça crée (pour les entreprises), lance le président et directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada), Yan Plante

« On dirait qu’en ce moment, la position change aux deux jours. Ce n’est pas un contexte dans lequel tu vas investir ton propre argent », renchérit le dirigeant de l’organisme qui se veut en quelque sorte le porte-voix économique des entreprises francophones en milieu minoritaire.

Le directeur général du RDÉE Canada, Yan Plante. Gracieuseté.
Yan Plante, président et directeur général du RDÉE Canada. Gracieuseté.

Cette élection est « super importante », probablement la plus importante depuis les années 1980 alors que le Canada avec Brian Mulroney à la tête des progressites-conservateurs avait fait campagne sur un pacte de libre-échange avec les États-Unis, avance M. Plante. Il mentionne certains secteurs clés attachés aux entreprises francophones qui pourraient être victimes des tarifs américains : le secteur laitier dans l’Est ontarien, celui minier au nord de l’Ontario ou encore de la pêche en Atlantique.

« Je pense que tout le monde en est conscient », dit-il.

Si la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (FCFA) admet qu’avec la conjoncture économique, ça pourrait être un risque qu’on parle moins de dossiers attachés aux langues officielles dans cette campagne électorale, mais il n’est pas pour autant synonyme d’ignorer les francophones du pays.

« La partie francophone du Canada est importante pour diversifier nos marchés et nous différencier des Américains, plaide Liane Roy. On a les deux langues officielles au Canada, ça nous ouvre des marchés sur les cinq continents, on est membre de l’OIF, on a des ouvertures sur d’autres pays, on a des ouvertures sur l’Europe et on a des gens qui parlent le français et l’anglais », suggère-t-elle comme pitch de vente.

Liane Roy, la présidente de la FCFA Source : compte Twitter Liane Roy

« Très franchement, si on ne saisit pas l’opportunité que présente cette crise-là par rapport au commerce intérieur et international, je ne sais pas comment on va le faire un jour », presse M. Plante, qui donne en exemple l’accroissement d’échanges commerciaux entre le Québec et les francophones des autres provinces.

« Je suis convaincu qu’il y a plusieurs entreprises au Québec qui ignorent complètement que 70 000 entreprises francophones et bilingues avec qui il pourrait faire affaire désormais », souligne-t-il.

Depuis plusieurs semaines, les menaces d’annexion de Donald Trump ramènent sur une lancée le patriotisme canadien au pays, et le bilinguisme officiel se retrouve au cœur des discours des politiciens de gauche à droite, mais il faut que ça l’ait un peu plus loin, pousse Mme Roy.

« Il faut que les bottines suivent les babines. Si on parle de francophonie qui nous différencie, mais il faut continuer à développer ce filon-là et en parler beaucoup plus… Une francophonie forte, c’est un pays et un Canada fort. La francophonie fait partie de notre identité et ce qui nous différencie comme pays », soutient la présidente de la FCFA.

L’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire plonge d’ailleurs sur plusieurs initiatives durant cette campagne, rencontre avec des candidats en plus de demander aux partis de s’engager sur certaines de leurs demandes comme sur l’immigration et la pénurie de main-d’œuvre francophone.

Laurentienne : la rectrice souligne son premier anniversaire et « 65 ans de francophonie inclusive »

SUBDURY – Il y a un an, jour pour jour, l’Université Laurentienne accueillait sa nouvelle rectrice en la personne de Lynn Wells alors que la crise de confiance entre les francophones et l’établissement était encore bien palpable. Pour souligner cet anniversaire, celle-ci a choisi de publier une lettre d’opinion sur la francophonie inclusive de l’établissement.

« Lorsque j’ai choisi de me joindre à la Laurentienne il y a un an, le mandat bilingue et triculturel de l’établissement a été un facteur déterminant dans ma décision », s’est-elle exprimée dans la lettre envoyée à ONFR.

Elle rappelle avoir travaillé en étroite collaboration avec des groupes francophones et autochtones en Saskatchewan, en Alberta et en Ontario pendant son parcours.

« Alors que je célèbre mon premier anniversaire en tant que rectrice et vice-chancelière de l’Université Laurentienne, je ne cesse d’être impressionnée par l’incidence considérable que l’enseignement bilingue offert par la Laurentienne a eue sur la communauté locale. »

Selon celle qui est diplômée en littérature française de l’Université de York, cette lettre d’opinion s’inscrit dans le cadre du 65e anniversaire de la Laurentienne (28 mars) et de la Journée internationale de la Francophonie (20 mars).

« Chose certaine, nous sommes reconnaissants du rôle que nous avons joué, ici à la Laurentienne – et que nous continuerons de jouer – dans l’épanouissement des communautés francophones du nord de l’Ontario », a également fait savoir Mme Wells.

Bien qu’elle n’a pas souvent accordé d’entrevues à des médias francophones, Mme Wells est capable de s’exprimer en français, contrairement à sa prédécesseure, Sheila Embleton, qui avait fait les manchettes après avoir été présentée comme étant francophone par l’établissement, mais qui ne savait pas s’exprimer dans la langue de Molière.

ONFR a demandé une entrevue avec Mme Wells lundi, mais la rectrice n’était pas disponible.

Hausse des inscriptions

« Nous sommes également fiers du fait que les inscriptions aux programmes en français de la Laurentienne ont connu une augmentation constante au cours des cinq dernières années », a spécifié celle qui avait désigné le recrutement des étudiants comme étant sa priorité au début de son mandat.

Rappelons que le 12 avril 2021, l’Université Laurentienne abolissait 69 programmes dont 28 de langue française, et licenciait une centaine de professeurs et employés après s’être placée sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Des données communiquées par le département des communications de la Laurentienne démontrent une hausse effective, mais relative : alors qu’en 2021, la proportion d’étudiants francophones était de 21,43 %, celle-ci a atteint 22,59 % en 2022, 22,56 % en 2023 et 23,68 % en 2024.

« Aujourd’hui, la Laurentienne compte plus de 2500 étudiants qui s’identifient comme francophones, inscrits dans 34 programmes et plus de 500 cours que nous offrons en français. Plus de 85 % des membres du personnel et du corps professoral s’identifient comme bilingues, ce qui reflète en soi la communauté du Grand Sudbury que nous servons », précise Mme Wells.

Concernant le retour potentiel de programmes supprimés, le service des communications écrit : « Il est possible qu’un programme revienne, mais surtout, le plan académique guidera notre programmation future. Son lancement est prévu dans les prochains mois. »

Défense du français : Mark Carney reste vague sur ses propositions

élection, canada, élections

Mark Carney demeure évasif sur ses propositions concernant la défense de la langue française au Canada alors que, s’il est porté au pouvoir, il s’engage à contester la Loi 96, visant à protéger le français au Québec.

La semaine dernière, le chef libéral a confirmé en conférence de presse son intention de contester cette législation qui fait du français la langue officielle du Québec. Dans ses rassemblements depuis le déclenchement de la campagne électorale, le chef libéral martèle, sur la langue française, comme point de démarcation entre lui et M. Poilievre, le fait de vouloir conserver CBC/Radio-Canada. 

« Je comprends bien l’importance de renforcer, promouvoir et protéger la langue française au Québec et j’ai fait de grands efforts pour cela, y compris le renforcement de Radio-Canada », soutient Mark Carney.

Mais, lorsque questionné sur ses autres initiatives, le premier ministre sortant est resté vague sur son plan concernant la défense de la langue de Molière, assurant que « c’est très très important pour nous ». Il a plutôt souligné la présence de plusieurs ministres francophones dans son Cabinet et le nouveau rôle de la Culture et l’Identité canadiennes de Steven Guilbeault, une fonction de « super ministre » a-t-il assuré, poste qui a toutefois effacé celui de ministre des Langues officielles.

« Monsieur Guilbeault est mon lieutenant québécois et il est chargé avec une mission de renforcer, protéger et promouvoir la langue française en utilisant tous les outils du gouvernement fédéral », a lancé l’ex-banquier en déplacement à Woodbridge en Ontario, ce lundi matin.

Il annonçait alors la création d’une nouvelle agence, intitulée Bâtir Maisons Canada (BMC)— qui a finalement été raccourci pour Maisons Canada, après plusieurs critiques sur le choix du nom en français- qui aurait pour visée la construction de 500 000 maisons par an.

Une contestation de la Loi 96 par un gouvernement Carney a été la cible de dénonciations de ses adversaires et du gouvernement québécois dans les derniers jours.

« Mon gouvernement a un malaise avec l’utilisation [préventive] de la clause nonobstant. Ça, c’est une position connue », a expliqué M. Carney, se disant toutefois « d’accord avec l’objectif » de la législation québécoise.

Ses adversaires Pierre Poilievre (conservateur) et Jagmeet Singh (néo-démocrate) ont déjà assuré qu’il ne contesterait pas cette législation si jamais ils étaient appelés à former le prochain gouvernement.

« Nous respectons le bilinguisme, la dualité linguistique des Canadiens à travers les programmes fédéraux », a soutenu cette fin de semaine, Pierre Poilievre.

Le chef conservateur Pierre Poilievre sert de la nourriture au restaurant Berto’s à Mississauga, le dimanche 30 mars 2025. Crédit image : La Presse canadienne/Laura Proctor

« Nous allons renforcer les programmes d’immersion pour les jeunes anglophones afin de leur permettre d’apprendre le français… Je sais que le français fait face à des difficultés et les conservateurs reconnaissent que le français est la langue fondatrice de notre pays, et nous voulons le renforcer, le conserver », a-t-il lancé samedi dernier.

À Québec, le ministre de la Francophonie canadienne et de la Francisation, Jean-François Roberge, a dénoncé l’intention des libéraux de Mark Carney, déclarant que « le Québec, et lui seul, peut décider sur cette question ».

Tempête de verglas : de multiples pannes d’électricité et des écoles fermées

Près de 400 000 Ontariens sont privés d’électricité en Ontario à cause d’une tempête de verglas qui s’est abattue sur une partie du pays.

« Nous avons rétabli le courant à plus de 358 000 clients depuis le début de la tempête, indique Hydro One. Mais l’opérateur du réseau d’électricité prévient qu’il faudra plusieurs jours pour rétablir le courant chez tous les clients. 

Au moins autant sont ce lundi matin sans électricité après ce phénomène météorologique qui a conjugué pluie verglaçante, orages et vents violents par endroit, poussant plusieurs villes comme Orillia à décréter l’état d’urgence.

Les transports scolaires ont été perturbés, voire annulés, et plusieurs écoles francophones ont décidé de fermer leurs portes ce lundi : celles du Conseil scolaire Viamonde à Penetanguishene, Barrie et Borden, tout comme celles du Conseil scolaire catholique MonAvenir dans les régions de Simcoe et Peterborough, affectées soit par des pannes d’électricité ou des problèmes d’accès à l’eau potable. Dans l’Est, les établissements sont restés ouvertes.

Quant à savoir si les écoles rouvriront demain : « Nous allons réévaluer la situation au cours de la journée et prendre les décisions qui s’imposent, a fait savoir le Conseil scolaire Viamonde. Nous devons nous assurer que les écoles soient chauffées, branchées à l’électricité et à l’eau courante et qu’il n’y a aucun autre risque au niveau de la sécurité avant de pouvoir autoriser la réouverture des écoles. »

Quelles écoles sont fermées ce lundi?
– ÉP St-Joseph (Penetanguishene)
– ÉS Le Caron (Penetanguishene)
– ÉÉ La Source (Barrie)
– ÉS Roméo-Dallaire (Barrie)
– ÉÉ Académie de la Pinède (CFB Borden)
– ÉSC Nouvelle-Alliance
– ÉÉC Frère-André
– ÉÉC Marguerite-Bourgeois de Borden
– ÉÉC Notre-Dane-de-le-Huronie
– ÉÉC Saint-Louis
– ÉÉC Sainte-Croix
– ÉÉC Samuel-de-Champlain)
– ÉC Monseigneur-Jamot (Peterborough)

Carte des pannes d’électricité en Ontario. Source : Hydro One

« Des équipes continuent de se mobiliser depuis d’autres régions pour rétablir le courant dans les zones les plus touchées, assure Hydro One à ONFR. Grâce à l’amélioration des conditions météorologiques, c’est aujourd’hui la première journée de rétablissement où la pluie verglaçante et les précipitations mixtes n’ont pas été un facteur. »

Compte tenu de l’ampleur des dégâts occasionnés, la société de transport et de distribution d’électricité indique que le retour à la normale dans les zones les plus durement touchées se poursuivra tout au long de la semaine.

« L’accès routier demeure problématique dans les zones les plus touchées, et la chute de branches d’arbres pose des problèmes de sécurité. Dans les zones reculées, notamment celles accessibles uniquement par voie maritime, la remise en état pourrait prendre plus de temps », prévient Hydro One, conseillant la plus grande prudence au public.

« Restez en sécurité et à au moins 10 mètres des lignes électriques tombées. Signalez les lignes tombées au 1-800-434-1235. Pour obtenir les informations les plus récentes, consultez notre carte des pannes ou l’application Hydro One. »

Patinage artistique : Paul Poirier et Piper Gilles encore vice-champions du monde

Lors des Championnats du monde de patinage artistique, organisés à Boston du 24 au 30 mars, le patineur franco-ontarien Paul Poirier et sa partenaire canado-américaine Piper Gilles se sont illustrés en danse sur glace. Ils raflent la médaille d’argent, devenant ainsi vice-champions du monde pour la seconde année consécutive.

Poirier et Gilles ont brillé sur leur deux programmes : ils terminent ainsi deuxième lors du passage rythmique ce vendredi et deuxième également lors du passage libre ce samedi, un pointage de 216,54 leur assurant la médaille d’argent, tout comme l’année précédente.

Le patineur franco-ontarien a exprimé avec émotion que c’est « le cœur que nous voulons mettre dans notre travail et les programmes que nous voulons partager avec les gens ».

« Nous nous sentons tellement fiers de ce que nous avons accompli dans cette compétition, et ce pendant toute la saison. Nous sommes tellement excités d’en être là avant l’année olympique qui arrive déjà, ce qui est fou. C’est agréable d’arriver à la fin de la saison et de savoir que nous l’avons amené où nous voulions l’amener, et d’avoir ce genre de performance devant un grand public, c’est vraiment spécial », a conclu Paul Poirier.

Paul Poirier et Piper Gilles lors du programme libre ce samedi 29 mars. Photo : Skate Canada

Pendant ce temps, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha ont terminé au septième rang du classement général avec un total de 200,41 points, grâce notamment au cinquième meilleur score de 81,77 points réalisé en danse rythmique. Le troisième duo canadien en compétition, composé d’Alicia Fabbri et Paul Ayer, a connu des débuts prometteurs, terminant dans le top 20 avec un score de 170,88 points.

La deuxième place du couple Poirier-Gilles et la septième de l’autre duo canadien permettent d’assurer provisoirement trois places en danse sur glace pour le Canada aux Jeux olympiques de 2026 qui se dérouleront à Milan-Cortina.

Soirée Saphir : Samia Ouled Ali est la personnalité de l’année

OTTAWA – C’est une personnalité bien connue du milieu de l’éducation francophone qui a remporté le prix de la personnalité de l’année à la 10e Soirée Saphir, qui s’est tenue samedi soir à Ottawa. Visiblement émue, la présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), Samia Ouled Ali, a livré un discours touchant pour remercier sa famille et sa famille choisie, celle de la francophonie ontarienne.

Il s’agissait du 10e anniversaire de la Soirée Saphir. Cet événement annuel de la Fondation franco-ontarienne (FFO) récompense les femmes impliquées dans leur milieu et dans leur communauté. Parmi les gens présents, on comptait l’instigatrice de la Soirée Saphir, Marie-Michèle Laferrière.

L’ancienne directrice générale de la FFO a d’ailleurs reçu le tout premier prix Bâtisseuse, pour reconnaître les « femmes visionnaires qui, par leur leadership, leur engagement et leur dévouement, ont laissé un impact durable à la vitalité et à la pérennité de la Fondation franco-ontarienne ».

Un peu plus d’une vingtaine d’anciennes lauréates de prix Saphir se sont rassemblées pour le 10e anniversaire de l’événement. Photo : Ahmed Baidou

La FFO avait invité toutes les anciennes lauréates à se rassembler au Infinity Convention Centre. Un peu plus d’une vingtaine se sont présentées, dont Lise Bourgeois, la seule personne à avoir remporté deux prix Saphir à travers les années. Elle avait reçu le prix dans la catégorie Éducation lors de la toute première édition, puis celui de Personnalité en 2023, alors qu’elle avait annoncé qu’elle quittait son poste de présidente-directrice générale du collège La Cité.

La FFO a tenu à saluer les anciennes lauréates qui n’ont pas pu être présentes, ainsi que trois détentrices d’un prix Saphir qui sont aujourd’hui décédées, soit Nathalie Béland, Jeannine Legault et Ethel Côté. La mention de cette dernière a fait réagir la salle, encore émue de son décès prématuré en octobre dernier.

Samia Ouled Ali, personnalité de l’année

La foule s’est levée pour féliciter Samia Ouled Ali lorsque son nom a été dévoilé comme lauréate du prix Personnalité, le moment culminant de la soirée. Essuyant quelques larmes, la présidente du CEPEO est revenue sur son parcours, de la Tunisie au Canada, en appuyant sur les 26 ans passés à Ottawa jusqu’à présent.

« C’est avec une immense émotion, une grande fierté et une profonde gratitude que je me tiens devant vous ce soir, a lancé la lauréate sur scène. C’est un honneur que je partage avec toutes et tous, car il symbolise non seulement une reconnaissance personnelle, mais aussi la force et la résilience des femmes qui, chaque jour, tracent leur chemin avec courage et détermination. »

La Soirée Saphir a débuté par un moment de réseautage. L’artiste Geneviève RB s’est occupée de l’ambiance musicale, interprétant plusieurs classiques de la chanson francophone. Photo : Rachel Crustin/ONFR

En plus de son mari, de ses enfants et de ses collègues qui la supportent, Samia Ouled Ali a tenu à saluer ses regrettés parents, qui ont encouragé leurs enfants à poursuivre leurs études, peu importe qu’ils soient garçons ou filles.

« Ils ont insisté, ils nous ont soutenus. Ils nous ont dit : l’éducation, c’est votre levier social. »

Cette déclaration a provoqué les applaudissements de la foule, Samia Ouled Ali étant reconnue pour son implication constante dans le domaine de l’éducation. Arrivée au Canada dans les années 1990 pour étudier à l’Université Laval, à Québec, elle a rapidement choisi de s’installer à Ottawa.

« J’ai été portée par la conviction que la francophonie ontarienne est un espace dynamique, riche de sa diversité, de sa résilience. Mais nous savons que le chemin n’est pas toujours facile. Être une femme comporte encore des défis. Être une femme francophone, une femme immigrante et une femme racialisée en rajoutent d’autres. Pourtant, chaque épreuve que j’ai traversée m’a rendue plus forte et déterminée à briser les barrières et à ouvrir les portes pour celles qui viendront après moi. »

Samia Ouled Ali a reçu le prix Saphir des mains de Lynn Casimiro, présidente-directrice générale de La Cité. Photo : Ahmed Baidou

En plus de la présidence du CEPEO, Samia Ouled Ali assure aussi la vice-présidence du Consortium Centre Jules-Léger et de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO). Elle siège également sur les conseils d’administration de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) et de l’hôpital Montfort.

En 2015, elle a fondé un organisme à but non lucratif pour aider les familles nouvellement arrivées ou à faible revenu.  

Des lauréates de différents horizons

Cinq autres prix Saphir ont été remis samedi soir, en plus de deux prix spéciaux.

C’est Nathalie Ladouceur qui est venue chercher le premier trophée de la soirée, dans la catégorie Engagement communautaire. La présidente de la Fondation de l’hôpital général de Hawkesbury s’implique entre autres au sein de l’initiative de communauté francophone accueillante.

La catégorie Entrepreneure a récompensé la coach en leadership dans le domaine de la petite enfance, Marilyne Thauvette.

Le Saphir jeunesse est allé du côté de Camille Rochon. L’élève de 11e année à l’École secondaire catholique Béatrice-Desloges s’est entre autres impliquée de près pour faire reconnaître un nouveau médicament pour aider les personnes atteintes de la fibrose kystique, comme elle.  Cette démarche a mené Camille Rochon à être porte-parole de la Fondation de la fibrose kystique et de la Fondation du CHEO.

Camille Rochon a reçu le Saphir Jeunesse. Photo : Ahmed Baidou

La catégorie Organisme a récompensé Marianne Vancaemelbeke. Celle qui s’est décrite dans sa vidéo de présentation comme agricultrice et féministe est directrice générale de l’Union culturelle des Franco-Ontariennes.

Finalement, Jepthée Élysée a remporté le prix dans la catégorie Professionnelle. Elle est derrière des initiatives comme la première stratégie d’immigration de la ville d’Ottawa. Elle est aujourd’hui directrice générale associée du Conseil économique et social d’Ottawa-Carleton (CESOC).

Pour être admissible à un prix Saphir, une candidature doit être proposée par quelqu’un de l’entourage de la personne. Deux prix spéciaux sont par contre remis directement par l’équipe de la FFO. En plus du prix Bâtisseuse à Marie-Michèle Laferrière, le prix Coup de cœur a été remis à Michelle O’Bonsawin. La juge à la Cour suprême du Canada a souligné le fait que ses collègues et elle sont maintenant tous bilingues. Michelle O’Bonsawin est Franco-Ontarienne et Abénaquise.

La juge à la Cour suprême, Michelle O’Bonsawin, a reçu le prix Coup de coeur de la Soirée Saphir. Photo : Rachel Crustin/ONFR

La cérémonie s’est terminée sur une annonce de la FFO et du Collège Boréal de Sudbury, qui souligneront respectivement leurs 40 et 30 ans d’existence en 2026. Pour l’occasion, la soirée Saphir se déplacera dans la ville du nickel pour sa 11e édition.

L’importance historique et patrimoniale de la Compagnie de la Baie d’Hudson

Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.

La Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), la plus ancienne compagnie au Canada, d’Amérique du Nord et la plus vieille entreprise de commerce à charte du monde, s’est placée récemment à l’abri de ses créanciers. Toute une page d’histoire du Canada risque de disparaître si l’emblématique détaillant fondé il y a 355 ans met la clé sous la porte.

Deux Français à l’origine de la Compagnie

Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers sont deux beaux-frères, coureurs des bois et négociants français en fourrures, qui parcourent l’Amérique du Nord dans les années 1650 pour trouver des peaux d’animaux. Ils tentent à plusieurs reprises, sans succès, de convaincre le roi de France d’investir dans les richesses de l’arrière-pays de la Nouvelle-France. Les deux hommes se tournent donc vers le roi Charles II d’Angleterre, qui accepte de les financer en 1666.

Des Groseilliers et son beau-frère Pierre-Esprit Radisson établissent un poste de traite de fourrures dans le Nord-Ouest en 1662. Peinture d’Archibald Bruce Stapleton (1917-1950). Crédit photo : Musée McCord Museum.

Partie en 1668, une première expédition revient un an plus tard avec une précieuse et abondante cargaison de peaux de castors. Couronné de succès, ce voyage démontre la rentabilité du projet de Radisson et Des Groseillers.

Le 2 mai 1670, Charles II signe la charte royale, établissant la Compagnie de la Baie d’Hudson, officiellement nommée « le Gouverneur et la Compagnie des aventuriers d’Angleterre faisant le commerce dans la baie d’Hudson ». Basée à Londres, en Angleterre, il s’agit de la première compagnie commerciale à capital-actions du monde anglophone.

Peinture mythique de Frances Anne Hopkins de 1869 qui représente un gros canot à marchandises de la Compagnie de la Baie d’Hudson passant devant une chute, probablement sur la Rivière-des-Français, dans le Moyen-Nord ontarien actuel. Les passagers à bord du canot sont peut-être l’artiste et son mari, Edward Hopkins, secrétaire du gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson. On remarque à gauche le drapeau rouge de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

La charte établit un monopole légal sur un immense territoire de la grande zone de drainage du bassin de la baie d’Hudson. Cela correspond à peu près à un million et demi de miles carrés de régions de l’ouest et du nord du Canada, soit plus de 40 % du pays actuel. Le roi Charles II s’octroie le droit de donner ce territoire qui ne lui appartient pas, parce qu’aucun autre monarque chrétien ne l’avait revendiqué, bien que des peuples autochtones y vivaient depuis des temps immémoriaux.

Ce vaste territoire prit le nom de la « Terre de Rupert » en l’honneur du Prince Rupert du Rhin, cousin du roi Charles II et partisan de la première heure de la compagnie. Le prince Rupert sera d’ailleurs le premier gouverneur de la compagnie, jusqu’à son décès en 1682.

En 1821, la Compagnie de la Baie d’Hudson fusionne avec sa farouche rivale, fondée à Montréal en 1779, la Compagnie du Nord-Ouest. Le nom, la charte et les privilèges de l’ancienne CBH fournissent l’assise de l’entreprise fusionnée.

1870 : la Terre de Rupert est cédée au Canada

Trois ans après la confédération, le Canada cherche à agrandir son territoire vers l’ouest et le nord du continent. Les États-Unis sont prêts à payer jusqu’à 10 millions $ pour la Terre de Rupert, alors que la Compagnie de la Baie d’Hudson en espérait 40 millions.

La Terre de Rupert. Crédit image : L’Encyclopédie canadienne.

Craignant l’expansionnisme américain, la CBH est forcée par l’Angleterre de ne pas considérer l’offre américaine. Au terme de six mois de négociations menées par deux ministres du cabinet de Sir John A. Macdonald (George-Étienne Cartier et William McDougall), un accord est conclu. La Terre de Rupert est cédée à la Couronne britannique, qui la transfère au Dominion du Canada en 1870, conformément à l’Acte de cession de 1869. En compensation, la CBH (qui comptait alors 97 postes de traite) reçoit 1,5 million $ (300 000 livres sterling), garde des lots de terre autour de ses postes de commerce de fourrures (5 % du territoire) et se voit octroyer également près de sept millions d’acres en terres agricoles dans la zone fertile des Prairies du Sud (qu’elle vend progressivement au cours des 85 années qui suivent).

Il s’agit de la plus grande transaction immobilière en superficie dans l’histoire du pays. L’achat de la Terre de Rupert a géographiquement agrandi le Canada. Le territoire a éventuellement été divisé entre le Québec, l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Les grands magasins

Après la vente de la Terre de Rupert, et même si elle continue le commerce des fourrures, la Compagnie de la Baie d’Hudson ajoute à ses activités les magasins de vente au détail : elle ouvre son premier magasin à rayons à l’extérieur des postes à Winnipeg, en 1881.

En 1909, les activités de la Compagnie sont divisées en trois secteurs : les fourrures, la vente de terres et le commerce de détail.

Rez-de-chaussée du grand magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Winnipeg en 1957. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

À partir de 1913 et jusqu’en 1926, la compagnie fait construire les premiers de ses six grands magasins phares (« department stores » en anglais), typiquement nord-américains, de style architectural Beaux-Arts, à Calgary, Edmonton, Saskatoon, Vancouver, Victoria et Winnipeg.

Ascension et déclin

Dans les années 1960, 1970 et 1990, la Compagnie de la Baie d’Hudson s’établit dans le centre du Canada en acquérant d’autres commerces de détail comme Henry Morgans & Company, Freimans, Shop-Rite, Zellers, Simpsons, Towers, Kmarts Canada et Woodward’s. Son nom est raccourci à « The Bay » en 1965 et son nom en français « La Baie » apparaît en 1972. 

En 1970, lors de son 300e anniversaire, la reine Élisabeth II renouvelle sa charte, qui est rapatriée au Canada. La compagnie devient une société canadienne et son siège social est déplacé de Londres à Winnipeg en 1974 (il sera déménagé à Toronto quatre ans plus tard).

Les voyages maritimes sont demeurés une importante partie de la vie de HBC jusqu’à la vente de son dernier vaisseau, le MS Kanguk, en 1987. La même année, la compagnie ferme ses postes de traite. En 1991, la Compagnie cesse la vente des peaux d’animaux (mais reprendra ses encans en 1997). En 1999, après la fermeture des magasins Eaton, La Baie devient le plus grand détaillant au Canada.

En 2006, un entrepreneur américain prend le contrôle de la direction de la Compagnie de la Baie d’Hudson, puis la compagnie est officiellement vendue à des intérêts américains en 2008.

Identité et patrimoine

La Compagnie de la Baie d’Hudson a profondément marqué l’histoire et le patrimoine du Canada. En plus de sa contribution au commerce des fourrures, elle a exploré et cartographié de vastes territoires. Certains de ses forts sont devenus des capitales provinciales comme Winnipeg, Edmonton et Victoria.

Certains de ses produits, comme sa célèbre couverture à points blanche aux couleurs rayées, créée en 1779 pour le troc des peaux de castor, est devenue avec le temps un produit emblématique de mode.

Lors des Jeux olympiques d’hiver de 1936, la compagnie devient l’habilleur officiel des athlètes olympiques canadiens, rôle qu’elle a conservé pendant presque toutes les compétitions suivantes.

Les athlètes canadiens font leur entrée vêtus de manteaux à l’effigie des célèbres couleurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de 1964 à Innsbruck, en Autriche. Crédit photo : Archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

En 1974, la Compagnie de la Baie d’Hudson prête ses archives aux Archives du Manitoba. Leur valeur est estimée à près de 60 millions $. Vingt ans plus tard, la compagnie leur en fait officiellement don et offre ses artéfacts au Manitoba Museum. À même les économies d’impôt résultant du don, la Fondation d’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson est créée.

En 1977, c’est à la Fondation du patrimoine ontarien que fait don la CBH de son établissement de Moose Factory.

En 2007, les documents des archives des 250 premières années de la CBH ont été inscrits au Registre de la Mémoire du monde de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

La version en langue française de la plaque de la Fiducie du patrimoine ontarien sur le magasin de la Baie d’Hudson au centre-ville de Toronto trône sur la rue Bay. Crédit photo : The Historical Marker Database.

Du côté du patrimoine bâti, on compte quelques-uns de ses grands magasins. Par exemple, la Ville d’Ottawa a procédé l’an dernier à la désignation en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario du magasin de la CBH au centre-ville.

Le gouvernement du Canada a désigné au pays 39 lieux historiques nationaux liés à la Compagnie de la Baie d’Hudson, 14 édifices du patrimoine (9 reconnus et 5 classés), deux personnages historiques nationaux et deux événements historiques nationaux.

Pas moins de 14 plaques d’histoire de la Fiducie du patrimoine ontarien portent aussi sur un aspect de l’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

La compagnie avait aussi effectué en 2013 un retour officiel à son nom d’origine « La Baie d’Hudson », afin de mettre en valeur son riche patrimoine et son rôle dans l’histoire canadienne. Elle avait également incorporé dans son nouveau logo ses armoiries historiques, qui portent sa devise traditionnelle en latin pro pelle cutem (« une peau pour une peau »). Le changement de l’identité de marque comprenait aussi le lancement d’une collection de produits dérivés à l’effigie des lignes colorées de son iconique couverture à points.

Discussion de trois Inuits devant le poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, en 1956. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

L’histoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson a façonné l’histoire du Canada actuel. Elle l’a même devancée. De ses origines coloniales européennes à sa relation complexe avec les peuples autochtones, c’est une histoire transnationale, territoriale et commerciale qui a grandement contribué à l’identité et au patrimoine canadiens d’aujourd’hui.

Du 17e siècle de Charles II au 21e siècle de Charles III, cet empire commercial espère maintenant sauver six magasins (dont trois à Toronto) parmi ses 80 actuels. Sa disparition définitive marquerait la fin d’une épopée typiquement canadienne.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.

Les sites de consommation supervisée resteront ouverts jusqu’au verdict de la Cour

TORONTO – Les 10 sites de consommation supervisée (SCS) identifiés comme trop proches d’écoles ou de garderies, qui devaient fermer après le 31 mars, obtiennent une injonction de la Cour supérieure de justice de l’Ontario. Ils peuvent rester ouverts jusqu’à ce qu’une décision soit rendue dans le recours en justice en cours contre la province, dont la loi violerait la Charte des droits et libertés, portant atteinte à la vie et à la sécurité des personnes dépendantes de ces services.

À trois jours de l’échéance fixée par le gouvernement pour la fermeture de 10 sites de consommation supervisée, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a accordé une injonction pour les maintenir ouverts en attendant qu’un verdict soit rendu et 30 jours après celui-ci.

Il s’agissait d’une des requêtes de The Neighbourhood Group Community Services (TNGCS), qui exploite le Kensington Market overdose prevention site (KMOPS), et qui, aux côtés de deux usagers, poursuivent en justice le gouvernement depuis décembre.

En cause, la Loi de 2024 visant à accroître la sécurité dans les rues et à renforcer les collectivités, interdisant les SCS situés à moins de 200 mètres des écoles et des garderies, qui prévient également l’ouverture de nouvelles structures.

Les plaignants espèrent obtenir une ordonnance déclarant que la nouvelle Loi viole les articles 7, 12 et 15 de la Charte des droits et libertés et la Constitution, y compris le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne ou qu’elle est inconstitutionnelle, empiétant sur la compétence exclusive du Canada en matière de droit criminel.

« C’est un grand pas en avant dans notre lutte pour protéger ces services vitaux. Vos voix et votre soutien ont rendu cela possible », a réagi le TNGCS sur son compte X.

Un bémol pour neuf d’entre eux « tenus » par le ministère de la Santé

Le ministère de la Santé a toutefois fait valoir que les neuf SCS qui avaient, face à l’obligation de fermer, accepté de transitionner en HART Hubs, Carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (AIDE), seraient quand même tenus de suspendre leurs services s’ils veulent obtenir le financement de la province.

« La transition des neuf sites d’injection de drogues vers les centres de traitement de l’itinérance, de la toxicomanie et du rétablissement (HART) se déroulera comme prévu le 1er avril. Le financement provincial des centres AIDE ne peut être utilisé pour les services d’injection de drogues et sera conditionnel à ce que l’organisme ne souhaite pas maintenir ces services », a déclaré Hannah Jensen, la porte-parole de la ministre de la Santé Sylvia Jones.

« Puisque l’accent est mis sur le traitement et le rétablissement, les carrefours AIDE n’offriront pas d’approvisionnement prétendument plus sécuritaire pour la consommation supervisée de drogues ni de programmes d’échange de seringues », pouvait-on lire dans un communiqué du gouvernement.

Reste à savoir quelle décision prendront les 9 centres concernés suite à cette annonce.

Les audiences se sont tenues cette semaine à la Cour supérieure de justice de l’Ontario. La tombée du verdict au cours des prochains mois permettra de trancher sur le sort des SCS et de leurs usagers.

77 000 fonctionnaires ontariens de plus ont gagné plus de 100 000 $ en 2024

TORONTO – Comme chaque année, le gouvernement de l’Ontario dévoile sa Sunshine List, soit la liste des employés de la fonction publique avec un revenu de plus de six chiffres. Des centaines de Franco-Ontariens figurent dans ce club de moins en moins fermé. On y retrouve des agents ministériels, des enseignants, des médecins, des dirigeants de conseil scolaire, d’université et d’hôpitaux.

En l’espace d’un an, 77 096 nouveaux employés de la province ou d’organismes publics ont fait leur apparition sur cette liste, qui regroupe tous les salaires en haut de 100 000 $ pour l’année 2024. En 2023, la hausse par rapport à l’année qui l’avait précédée était de 30 000, un chiffre qui s’apparente également à celui des années précédentes.

On retrouve 377 666 employés des secteurs public et parapublic de l’Ontario sur la liste, comparativement à 300 570 noms l’année précédente. Ils n’étaient que 4500 en 1996, au moment de sa création sous le gouvernement Harris.

Paiements rétroactifs, réajustements de salaire

Comme mentionné dans le communiqué de l’annonce de ces divulgations, le gouvernement ontarien explique cette notable augmentation par des « rajustements salariaux à l’échelle du conseil, aux paiements rétroactifs effectués au cours de l’année civile 2024 et aux résultats des plus récentes conventions collectives. »

Rappelons qu’en 2019, la Loi 124 avait plafonné les augmentations de salaire des travailleurs du secteur parapublic à 1 % par année pendant trois ans, mais avait été abrogée quand la Cour d’appel de l’Ontario a jugé cette mesure inconstitutionnelle.

Le gouvernement de l’Ontario devait alors payer une somme de plus de 6 milliards de dollars aux travailleurs du secteur public.

« Près de la moitié de la croissance constatée dans la liste est attribuable au secteur des conseils scolaires, les enseignantes et enseignants contribuant à 87 pour 100 de cette augmentation », pouvait-on aussi lire.

En haut de la liste

En haut de la pyramide et comme toujours, le patron d’Ontario Power Generation (OPG) culmine à 2 010 895,76 de dollars. Cette année, il n’est plus talonné par l’un de ses lieutenants, Dominique Minière qui, selon les informations de son portail LinkedIn, serait à la retraite depuis janvier 2023.

Cette année, c’est au deuxième rang que l’on retrouve une femme, Nicolle Butcher, avec un salaire vertigineux de 978 380,20 $ pour 2024, alors qu’en 2023, elle occupait la 4e place avec 894 783,33 $.

Parmi les plus hauts salaires, on retrouve Ronald Gagnon, président et chef de la direction du Grand River Hospital (GRH) de Kitchener avec 591 247,93 $ par an.

Notons aussi Paul Seguin, vice-président principal, Production d’énergie renouvelable à Ontario Power Generation (OPG), avec un salaire annuel de 544 604,26 $ et Guy Chartrand, Président-directeur général de Santé Bruyère à Ottawa avec 535 884,68 $.

Dans la sphère franco-ontarienne, on retrouve également Dominic Giroux, président directeur général de l’Hôpital Montfort, avec 440 069,18 $.

Toujours dans le domaine de la santé, le médecin-hygiéniste et directeur général du bureau de santé publique de l’est de l’Ontario, Paul Roumeliotis, a perçu un traitement de 373 871,65 $, soit beaucoup moins que Kieran Moore, qui a perçu 455 105,68 $ à titre de médecin-hygiéniste en chef de Kingston, puis de l’Ontario.

Des changements en éducation

Les dirigeants des institutions postsecondaires francophones sont aussi bien représentés sur la liste. Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa, a obtenu 399 616,08 $.

À Toronto, l’ex-recteur de l’Université de l’Ontario français, Pierre Ouellette, n’est pas très loin avec 354 261,00 $, mais celui-ci a quitté ses fonctions en mai dernier. Normand Labrie, qui l’a remplacé au même moment a empoché la somme de 276 622,89 $.

Les dirigeants par intérim du Collège universitaire bilingue de Glendon, Dominique Scheffel-Dunand et Ian Roberge, ont empoché 234 353,11 $ et 198 029,64 $, respectivement. Lynn Wells, de l’Université Laurentienne, 215 111,25 $.

Daniel Giroux, président du Collège Boréal, a obtenu 279 520,74 $ en 2024. Son homologue à La Cité d’Ottawa, Lise Bourgeois, 397 411,20 $, mais celle-ci a quitté son poste en juin 2024.

Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a empoché la somme de 215 913,47 $. Le vice-recteur associé à la francophonie à l’Université d’Ottawa, Yves Pelletier, a remporté 206 764,32 $.

Aurélie Lacassagne, ex-doyenne des Facultés des sciences humaines et de philosophie à l’Université Saint-Paul (Ottawa) et rectrice de l’Université de Hearst depuis fin juin 2024, a gagné 129 906,24 $ en 2024. Luc Bussières, qui était le recteur de Hearst avant elle, avait cumulé, quant à lui, 194 859,36 $.

Anne Vinet-Roy, qui était présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens jusqu’en septembre 2024, a remporté 189 399,49 $. Celle qui lui a succédé, Gabrielle Lemieux, a quant à elle récolté 150 825,48 $.

Des dizaines d’autres professeurs et cadres de ces institutions se trouvent aussi sur cette liste.

Doug Ford loin du top

Loin des hauts salaires des dirigeants d’établissements postsecondaires des grandes villes, on trouve le premier ministre, Doug Ford, qui a gagné 208 974,00 $ en 2024, soit exactement le même salaire que l’année précédente.

Autre élément à noter, 47 personnes du bureau du premier ministre se retrouvent sur la liste, dont six ont gagné plus que M. Ford en 2024. Rappelons que le salaire du premier ministre et des députés est gelé depuis 2008, bien que Doug Ford ait récemment signalé qu’il pourrait bientôt changer.

Les députés de l’Ontario gagnent d’ailleurs moins que les conseillers municipaux de Toronto, lesquels ont voté jeudi soir une augmentation de leur salaire de 24 %, une première depuis 2006.

Les conseillères francophones de la ville reine, Alejandra Bravo et Dianne Saxe, ont chacune remporté 133 650,95 $. En comparaison, France Gélinas, députée néodémocrate de Nickel Belt, a gagné 125 874,00 $ et la libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard, 129 254,04 $.

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, s’en sort avec 165 851,03 $ et Roda Muse, sous-ministre au ministère des Affaires francophones de l’Ontario, avec 153 932,96 $.

Michelle Séguin, qui a quitté la direction de TFO en février 2024, a gagné 241 999,94 $. Le nouveau président-directeur général de la chaîne éducative en français de l’Ontario, Xavier Brassard-Bédard, ne figure pas encore sur la liste, mais il n’a été nommé qu’en décembre dernier.

Le commissaire aux services en français, Carl Bouchard, a obtenu une rémunération de 256 660,08 $ alors qu’Edith Dumont, lieutenante-gouverneure générale de l’Ontario, a gagné 156 100,09 $ en 2024.

Parmi les maires qui ont fait la liste, on compte Mark Sutcliffe d’Ottawa (198 702,14 $), Paul Lefebvre du Grand Sudbury (149 788,50 $), Robert Lefebvre d’Hawkesbury (113 753,14 $) et François Landry de Stormont Nord (102 609,49 $).

Divulguée chaque année avant le 31 mars, la Sunshine list est née de la Loi de 1996 sur la divulgation des traitements dans le secteur public, qui exige que les organismes qui reçoivent des fonds publics de la province de l’Ontario rendent publics les noms, postes, salaires et le total des avantages imposables des employés qui ont gagné 100 000 $ ou plus au cours de l’année civile précédente.

Festival du film Black d’Ottawa : « On est plus que ce que l’on pense dans cette industrie » selon Nerline Labissière

Nerline Labissière est Coordonnatrice de la logistique et des relations avec la communauté pour le Festival du film Black d’Ottawa (FFBO)

La cinquième édition du FFBO se déroule du 28 mars au 2 avril à l’édifice de Bibliothèque et archives nationales du Canada.

Ce jeune festival veut faire prendre conscience des nombreux talents afrodescendants dans l’industrie du cinéma. Il veut également soutenir les jeunes personnes noires qui rêvent de faire carrière dans ce domaine.

« Qu’est-ce qu’on devrait savoir sur le FFBO?

C’est un jeune événement, par rapport aux autres festivals du film Black organisés par la Fondation Fabienne Colas. Celui de Montréal a 20 ans. Celui de Toronto, 13 ans. Les autres ont poussé durant la pandémie. Les premières années, on était en ligne, pour satisfaire la population qui ne pouvait pas sortir, changer le réflexe Netflix pour faire découvrir des films indépendants.

Avec sa fondation, Fabienne Colas organise plusieurs événements et festivals culturels pour la communauté noire au Canada, dont les festivals du film Black dans différentes villes. Photo : Fabienne Colas au FFBO en 2023. Gracieuseté du FFBO

On a commencé à le faire en personne en 2023. Notre but est de mettre en lumière les talents de la communauté noire, qui travaillent d’arrache-pied tout en étant sous-représentés dans l’industrie.

Même dans notre communauté, on ne sait pas tout le temps qu’il y a autant de talents.

Quelles sont les particularités des festivals du film Black selon les villes?

Chaque ville a son histoire. Par exemple, Halifax a toute une histoire au niveau de l’esclavage et une population assez dense, mais qui rencontre beaucoup de difficultés.

À Montréal, il y a une plus grande industrie. Il y a des prix qui sont remis, ce qu’on n’a pas dans les plus petites villes.

À Toronto, il y a beaucoup de musiciens, donc ils ont aussi des performances.

Nerline Labissière est Coordonnatrice de la logistique et des relations avec la communauté pour le Festival du film Black d’Ottawa. Photo : Gracieuseté du FFBO

Ici, on a beaucoup d’ambassadeurs et de députés, puisque c’est la capitale.

C’est sensiblement le même programme, mais avec une touche spéciale selon les villes.

Qu’est-ce que le programme Être noir.e au Canada?

C’est un programme de la Fondation Fabienne Colas pour des jeunes entre 18 et 30 ans, qui vont faire un court-métrage pour la première fois. Ils sont soutenus et encadrés. Ils vont le présenter en tournée dans nos festivals.

L’an dernier, il y a même un participant franco-ontarien qui a pu présenter son court-métrage dans un festival à Los Angeles!

À Ottawa, on a monté un projet avec le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE) pour que les participants de l’an dernier présentent leurs œuvres dans les écoles.

Quelle est la part du français au FFBO?

La majorité des films sont en anglais, ou sous-titrés en anglais, mais parlés dans la langue du pays. On a quelques films francophones.

À Montréal, tout le festival est bilingue. Ici, on est en train de travailler pour améliorer nos présentations, notre site web et notre programmation.

Un panel de discussion lors de l’édition 2023. Photo : Gracieuseté du FFBO

On a des panels de discussion en français aussi. On travaille pour mettre de l’avant la communauté francophone d’Ottawa davantage.

Quels sont les autres éléments de la programmation que vous voudriez mettre de l’avant?

On a une petite vente collective de produits d’entrepreneurs afrodescendants. Ça fait quatre ans qu’on le fait à Montréal, et j’ai décidé de l’inclure à Ottawa. Je trouve que c’est important de mettre de l’avant les produits faits de chez nous.

Ces produits peuvent aussi être présentés dans les écrans. Par exemple, un personnage de femme noire ne va pas se laver les cheveux avec n’importe quel shampoing. On veut que ça se voit au cinéma.

Il y a aussi le gala d’ouverture, où l’on rencontre des dignitaires et des acteurs. Le film d’ouverture est Samia, de Yasemin Şamdereli. C’est l’histoire vraie d’une jeune femme qui fait de la course, ce qui n’est pas encouragé pour une femme dans son pays (la Somalie). Elle a travaillé très fort et s’est rendue aux Jeux olympiques. C’est une histoire inspirante, une belle façon de commencer le festival.

Le film d’ouverture 2025 est Samia, de Yasemin Şamdereli. Photo : Gracieuseté du FFBO

Dans les panels de discussion, il y a un acteur qui va présenter comment faire une audition par vidéo en se filmant soi-même. On a souvent des panels qui présentent des outils pour ceux qui voudraient avancer dans l’industrie.

Dimanche, il y a un panel en ligne en français qui parle de la garde-robe des personnes noires au cinéma.

Les films sont aussi disponibles en ligne. Pourquoi avoir gardé une programmation hybride?

Ce n’est pas tout le monde qui a la possibilité de se déplacer. On voulait permettre à ces gens de regarder les films dans le confort de chez eux, de ne pas se sentir exclus.

Le documentaire Johanne, tout simplement de la Franco-Ontarienne Nadine Valcin fait partie de la sélection du FFBO 2025. Photo : Gracieuseté du FFBO

On veut aussi que ce soit un événement international, donc il y a une passe en ligne qui donne accès à une trentaine de films, peu importe où les gens sont. Ça augmente notre visibilité.

Qu’est-ce que des événements du genre apportent concrètement à la communauté noire?

Ça nous permet de se retrouver et de se rendre compte qu’on est plus que ce que l’on pense dans cette industrie.

On veut aussi montrer à ceux qui sont intéressés à avoir une carrière que c’est possible.

Voyez-vous une évolution générale par rapport à l’inclusion des personnes noires dans l’industrie du cinéma, ou s’il reste encore beaucoup de chemin à faire?

Les deux. Par exemple, les gens du Festival international du film d’Ottawa (IFFO) et du Bureau du cinéma d’Ottawa s’impliquent et sont intéressés. Ils savent qu’on a besoin de leur soutien, car il y a souvent une question de ressources et de contacts que notre communauté n’a pas eu l’opportunité d’avoir dans le passé.

Le fait d’être là avec le FFBO depuis cinq ans fait déjà une grosse différence. Mais effectivement, il y a encore beaucoup de travail à faire. L’industrie du cinéma est assez restreinte, donc il y a encore certaines mentalités et stéréotypes qu’on doit essayer de contourner. C’est beaucoup de travail, mais on voit que le verre est en train de se briser.

Élections fédérales : Le NPD à risque de disparaître en Ontario français?

élection, canada, élections

Alors que les projections démontrent que le NPD pourrait faire face à une débandade le 28 avril prochain, les résultats de la formation progressiste en Ontario français pourraient bien être une projection de l’allure nationale. Le parti de Jagmeet Singh, qui fonde ses espoirs plus particulièrement sur trois comtés du Nord, se retrouve sans ses figures de proue dans cette élection. Tour d’horizon des candidats.

En Ontario français, le NPD est le parti auquel le redécoupage de la carte électorale fait le plus mal. La formation politique voit deux de ses sièges dans le Nord être réorganisés en un. Cela a du même coup poussé deux de ses députés les plus expérimentés à se retirer de la vie politique, Charlie Angus et Carol Hughes.

Dans ce nouveau comté de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk, c’est la mairesse de Moonbeam, Nicole Fortier Lévesque, qui tentera de conserver le siège. Elle est aussi l’ancienne présidente de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) et membre du conseil d’administration de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Si le NPD veut faire des gains, il doit espérer l’emporter dans le Grand Sudbury, comme c’est le cas au provincial. Les deux candidates dans cette élection, Nadia Verrelli (Sudbury) et Andréane Chénier (Sudbury East–Manitoulin–Nickel Belt) avaient chacune mordu la poussière en 2021, mais en obtenant plus de 26 % des suffrages. La première est une professeure de Droit à l’Université Laurentienne alors qu’Andréanne Chénier est une conseillère scolaire et une travailleuse syndicale.

Plus à l’est, dans Nipissing-Timiskaming, c’est Valerie Kennedy, une ancienne employée de la ligne de train Northlander et du bureau de Charlie Angus, qui sera la représentante du NPD.

Dans la région d’Ottawa, c’est Tristan Oliff, un Franco-Ontarien, qui affrontera la députée sortante Mona Fortier dans Ottawa-Vanier-Gloucester. Il s’agit d’un ancien attaché de presse de Jagmeet Singh qui a ensuite fondé sa propre entreprise de communications. Dans Orléans, le NPD mise sur Oulai B. Goué, un enseignant et entrepreneur du monde technologique.

Au moment de publier ce texte, le NPD n’avait toujours pas de candidat dans l’Est ontarien, soit la circonscription de Prescott-Russell-Cumberland.

Selon l’agrégateur de sondages 338 Canada, le comté de Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk est celui où le NPD a le plus de chances, alors que se dessine une course à trois avec les conservateurs et les libéraux. Le NPD est au 3e rang projeté pour le moment dans ce comté, et ce malgré un petit écart de cinq points de pourcentage pour la première place, soit dans la marge d’erreur.

Tarifs américains : un appel « dans les prochains jours » entre Trump et Carney

Mark Carney et le président américain Donald Trump auront un appel téléphonique dans les prochains jours, a confirmé le premier ministre canadien, qui s’attend à ce que les tarifs imposés sur l’industrie automobile au Canada soient moindres qu’ailleurs dans le monde.

« Il y aura une conversation entre moi et Monsieur le président dans les prochains jours, l’appel arrivera bientôt », a-t-il déclaré, près de 24 heures après que les États-Unis aient annoncé des droits de douane de 25 % sur les automobiles importées.

Ces tarifs commenceront à être collectés dès le 3 avril et impacteront près de 500 000 travailleurs canadiens, selon le chef libéral, principalement en Ontario comme à Windsor. Mark Carney a indiqué que le Canada répliquera « avec force » la semaine prochaine aux tarifs américains, alors que le président Trump a promis une vaste gamme de tarifs réciproques dès le 2 avril.

« Ça vaut mieux pour le Canada de réagir après tout cela avec la transparence. On va le faire, ça, c’est clair », a assuré le chef libéral qui a suspendu le temps de quelques heures sa campagne électorale pour revenir à Ottawa jeudi.

À Queen’s Park, Doug Ford a aussi mentionné que « l’Ontario répondra tarif pour tarif. Mais nous attendons de voir ce qu’il (Donald Trump) fera le 2 avril vu qu’au cours des derniers mois les décisions ont changé plusieurs fois. »

Doug Ford et Mark Carney lors d'une rencontre à Etobicoke quelques jours après l'élection de ce dernier comme chef libéral. Source: Twitter Doug Ford.
Doug Ford et Mark Carney ont chacun promis de répliquer aux tarifs américains de 25 % sur l’automobile. Source : Twitter de Doug Ford.

Les premiers ministres des provinces tiendront d’ailleurs une rencontre vendredi dans laquelle ils seront sondés, tout comme des dirigeants d’entreprise et syndicaux sur la meilleure façon de répondre, a avancé M. Carney. Doug Ford veut quant à lui conserver une approche « équipe Canada » et imposer des mesures de représailles fortes.

« Nous allons nous assurer d’infliger un maximum de conséquences pour les Américains et minimiser au plus possible l’impact pour les Canadiens. Donald Trump pense que les prix vont baisser pour les Américains et c’est tout à fait le contraire. Je me sens mal pour les Américains, mais c’est un seul homme qui provoque ce chaos », a ajouté le premier ministre ontarien.

M. Carney n’a pas voulu dire s’il comptait imiter l’approche entreprise par Doug Ford, qui avait menacé de taxer de 25 % l’électricité ontarienne destinée aux États-Unis avant de revenir sur cette décision, se cantonnant à dire que « c’est une option, mais pas plus que ça ».

L’Ontario et le Canada moindrement touché

Cet appel avec le président américain sera le début d’une négociation, considère Mark Carney, imposant comme condition de ces pourparlers « le respect de notre souveraineté ». S’il admet qu’il sera « difficile » de faire changer d’idée M. Trump sur les tarifs sur l’automobile, le Canada sera moins affecté que certains autres pays assujettis à cette nouvelle taxe.

« Les tarifs pour le Japon, la Corée et l’Union européenne sont en effet plus grands que les tarifs pour le Canada, mais 25 % c’est grand », a -t-il formulé.

Edouard Landry : 10 ans, huit albums et des projets plein la tête

SUDBURY – Il y a 10 ans jour pour jour, Edouard Landry lançait son premier album, Pomme Plastique. Le 18 mars dernier, il présentait déjà au public son huitième opus. Salon des refusés est un hommage à la vie et à la carrière du peintre Claude Monet. ONFR s’est entretenu avec l’artiste sur ces 13 chansons qui explorent les thèmes du refus, de la persévérance et de la beauté, dans la nature et dans l’art.

« C’était un bon feeling de le lancer, ça faisait un bout que je travaillais (sur ce projet) », explique Edouard Landry, qui a profité de la 52e Nuit sur l’étang de Sudbury pour faire son lancement officiel.  

Il se dit heureux de la réaction du public et des commentaires reçus jusqu’à présent. « On me dit qu’on ressent l’histoire que j’essaie de raconter. »

Edouard Landry lors du lancement de Salon des refusés, à La Nuit sur l’étang, le 22 mars 2025. Photo : ONFR

L’album est issu de deux événements distincts que l’artiste fait fusionner. Après avoir reçu une lettre de refus pour l’un de ses projets il y a quelques années, le musicien avait réagi avec un élan d’inspiration, écrivant plusieurs chansons, dont une demi-douzaine se retrouvent aujourd’hui sur son album.

Plus tard, lors d’un voyage à San Francisco, Edouard Landry visite une exposition sur l’œuvre de Claude Monet et découvre le concept du Salon des refusés. Cette exposition réunissait des peintres dont les œuvres avaient été refusées par le Salon de Paris. Cet événement de 1863 est à l’origine du courant impressionniste.

« Dans la chanson Le salon de Paris, je nomme plein de tableaux qui ont presque tous été rejetés. Dans le texte, c’est Monet qui se demande quoi soumettre à l’Académie. »

Un processus de création logique

Edouard Landry aime les albums concepts, trouvant facilement l’inspiration dans les contraintes. Il a continué d’explorer l’histoire de Claude Monet, entre autres en visitant sa maison à Paris.

Il a assemblé les textes qui pouvaient s’adapter à la vie du peintre, les remettant dans un ordre logique et réécrivant certains passages. « Quand j’écris, je vois un arc de l’histoire où je veux me rendre, du point A au point B, qui est la dernière chanson. »

Ce sont donc sept titres qui ont été écrits directement avec le concept de Salon des refusés en tête. On peut penser à Soleil levant ou à Les nymphéas, qui clôt l’album et évoque la quiétude de Monet qui créait chez lui, « à son propre rythme ». Ces deux chansons sont les préférées de l’artiste sur cet opus.

Edouard Landry lors de l’enregistrement de Salon des refusés. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Le point de départ de l’histoire est la pièce En plein air. « Je voulais vraiment commencer l’album avec l’amour pour l’art, indique Edouard Landry. Je voulais aussi parler de la lumière dans mes textes et de l’idée de capter les moments, qui est aussi un peu le thème des albums précédents, comme Lands End (2023), Forteresse (2022) et Be Here Now (2021). »

Tout au long de Salon des refusés, la musique est volontairement gardée simple, presque acoustique, même si le musicien explique avoir « triché » en intégrant la guitare électrique. L’accordéon rappelle un peu le Paris de Monet.

Le rejet comme moteur

En plus de l’hommage à un grand peintre, l’album aborde le thème de la persévérance. Selon Edouard Landry, ne pas abandonner après un échec, continuer de travailler fort et de croire en soi permettra de récolter plus tard les fruits de son travail.

« Ce que j’ai aimé des histoires de Claude Monet, c’était sa passion de l’art et qu’il ait trouvé des façons de continuer. Je me suis retrouvé là-dedans et je trouve qu’il y a pas mal d’artistes qui peuvent s’y retrouver. Plus ça change, plus c’est pareil. »

D’ailleurs, la chanson Lettre de rejet peut très bien s’appliquer à notre époque. Sans le contexte, on pourrait croire qu’elle parle d’une demande de subvention au Conseil des arts de l’Ontario (CAO).

Il y a 10 ans jour pour jour, le 27 mars 2015, Edouard Landry lançait son premier album, Pomme Plastique. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Même s’il a lancé huit albums dans la dernière décennie, un chiffre impressionnant, Edouard Landry garde son emploi à la Ville du Grand Sudbury. Il écrit et enregistre ses chansons sur ses heures de dîner, les soirs, les fins de semaine et pendant ses vacances.

Il nomme l’appui de sa famille, la discipline, les périodes de création ponctuelles et les dates de tombée comme les éléments qui l’incitent à tout faire rapidement. « Quand je suis en période de création, c’est comme aller au gym. »

Il prône le principe de « faire de l’art pour l’amour de l’art », mais est reconnaissant du revenu qu’il peut en retirer.

« J’ai eu du succès avec la radio, en particulier la radio satellite. Ça m’a permis de financer mes projets, donc c’était un système durable pour un bout. Parce que j’ai cet autre emploi (à la Ville), l’argent que je faisais en musique, je pouvais le remettre dans la musique. »

Nouveau chapitre

Edouard Landry voit la sortie de Salon des refusés comme la fin d’un cycle qui aura duré une décennie. Il ne croit pas soutenir le même rythme de création à l’avenir. Même s’il a encore des chansons dans les cartons, il compte prendre le temps de placer ses idées et de prendre un peu de recul, ce qu’il n’a pas fait dans les dernières années.

« Depuis 2016, je roule toujours deux albums en même temps. Il y a eu des moments où c’était trois. Cet album-là a été enregistré principalement en 2021. Il fallait lancer Forteresse, Lands End…. Focaliser sur le prochain album. Je crois qu’on va vivre cet album-là un peu plus que les précédents. »

Pochette de l’album Salon des refusés. Photo : Gracieuseté d’Edouard Landry

Avec ses amis Dayv Poulin et Stef Paquette, il forme le trio les Bilinguish Boys. Le groupe tourne à travers l’Ontario et lancera même un EP dans les prochains mois. Celui-ci sera composé de cinq titres et mélangera les reprises et les chansons originales. Il contiendra des sonorités bluegrass et « des niaiseries », puisque l’humour est essentiel dans le trio.

Si la date de sortie n’est pas encore fixée, les trois complices espèrent lancer du nouveau matériel avant leur passage au 50e Festival franco-ontarien, en juin. À cette occasion, les Bilinguish Boys assureront la première partie des Trois Accords. Nul doute que l’univers de ces formations se mariera à merveille.

Edouard Landry sera en spectacle solo au Corbeil Park Hall de North Bay le 11 avril. Il se concentrera ensuite sur la tournée des Bilinguish Boys, en Ontario et dans l’Est canadien.

Poilievre promet de maintenir les services en français de Radio-Canada à travers le pays

élection, canada, élections

S’il forme le prochain gouvernement, le chef conservateur Pierre Poilievre s’engage à nommer une gouverneure générale bilingue, conserver le financement pour la culture francophone en plus de préserver les services de Radio-Canada en français à travers le pays.

Dans un discours à Québec mercredi soir, le chef conservateur a lancé quelques-unes de ses idées concernant sa plateforme du Québec qui touche aussi la francophonie au Canada.

« Un gouvernement conservateur va aussi maintenir le financement pour la culture francophone et québécoise. On va préserver les services de Radio-Canada partout au pays », a courtement énuméré Pierre Poilievre, dans une allocution faisant de l’œil aux Québécois, soutenant que c’est grâce à eux que « les francophones survivent en Amérique du Nord aujourd’hui ».

Le chef conservateur a fait du définancement de CBC, l’une de ses promesses fétiches depuis son ascension comme leader conservateur. Or, couper le service anglophone aurait des impacts sur son penchant francophone, ont répété à maintes reprises les hauts dirigeants de la société d’État.

Dans sa plateforme québécoise, M. Poilievre s’engage à nommer une gouverneure générale bilingue à l’avenir, alors que l’actuelle occupante du poste, Mary Simon, ne parle pas français. Si élu, un gouvernement conservateur va reconnaitre que la langue française est en déclin et doit être protégé en plus de « collaborer avec le gouvernement du Québec et la francophonie canadienne » pour la protéger et en faire la promotion, est-il promis par la formation conservatrice.

Le chef conservateur a attaqué la non-nomination d’un ministre des Langues officielles de la part de Mark Carney en plus de dénoncer le refus de ce dernier de faire un second débat en français. Il a aussi lancé une flèche aux aptitudes dans la langue de Molière du leader libéral affirmant que le Canada a besoin d’un premier ministre bilingue, soit « quelqu’un qui peut parler aux Québécois et plus important, écouter les Québécois en français ». 

Le député de Carleton a fait référence à ses origines fransaskoises de son père dans son allocution d’une quarantaine de minutes, soulignant avoir perdu son français durant son adolescence en raison des difficultés d’accéder à une école d’immersion. Mais, il a pu le retrouver, a-t-il poursuivi, grâce à un programme de francisation à l’Université du Québec à Chicoutimi. Un programme qu’il souhaite élargir pour permettre à plus de jeunes « de se franciser et comprendre la belle langue française ».

Pierre Poilievre s’adressant à ses partisans lors de son rassemblement de campagne à Québec, mercredi soir. Crédit image : LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot

« Dans le contexte actuel où notre pays est menacé d’une force injustifiable de l’étranger, c’est plus important que jamais que nous ayons une identité partagée et qui nous unit comme raison d’être comme pays » a partagé M. Poilievre au quatrième jour de la campagne électorale.

Le chef conservateur poursuivra sa tournée aujourd’hui en Colombie-Britannique où il tiendra un rassemblement en soirée à Surrey. Mark Carney, qui devait en principe se rendre à Québec, tiendra plutôt une réunion du comité du conseil des ministres sur les relations canado-américaines à Ottawa à la suite à l’annonce de Washington sur l’imposition de tarifs de 25 % sur toutes les voitures importées aux États-Unis. Pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, il sera à Windsor.

Des ambassadeurs prônent une reconnaissance accrue des diplômes étrangers en Ontario

Plusieurs ambassadeurs participant au Mois de la francophonie se rejoignent sur la nécessité de faire bouger les lignes en Ontario en matière de mobilité et de reconnaissance des diplômes étrangers.

« L’immigration telle qu’elle est pratiquée est un échec à tous les niveaux : pour le pays d’origine qui investit à coup de milliards dans la formation et qui voit partir ses cerveaux, mais aussi pour le pays d’accueil qui utilise nos médecins comme chauffeurs de Uber », déplore Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada.

Le diplomate qui participait cette semaine, aux côtés d’homologues, à une conférence du Club canadien de Toronto sur la francophonie dans un monde global, considère que le système actuel représente « une perte ».

Une perte car « on va chercher une compétence à l’étranger pour remplir un secteur donné, par exemple la médecine, mais la personne ne peut pas la pratiquer car son diplôme n’est pas reconnu. Quand on soulève la question, on nous dit que c’est au niveau des ordres ou que ça relève de la souveraineté », a-t-il argumenté au micro d’ONFR à l’issue de la conférence.

Bafétigué Ouattara, ambassadeur de Côte d’Ivoire au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

En Ontario, les expériences d’immigrants se heurtant au mur de la non-reconnaissance des diplômes sont légion. Pour résorber la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, la province a lancé certaines initiatives, notamment dans l’enseignement et la médecine.

Elle permet par exemple aux diplômés français de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation titulaire d’un master d’être directement embauchés en Ontario sans passer par l’Ordre des enseignants. Elle tente par ailleurs d’attirer une centaine de médecins dans les zones rurales et le Nord dès cette année, via le programme Practice Ready Ontario.

L’Ontario doit-il en faire plus? Oui croit Gorgui Ciss, ambassadeur du Sénégal. « Ce sont des chantiers qu’on doit explorer davantage. On a commencé à travailler avec le Québec pour parvenir à des ententes mutuelles en matière de qualifications et d’harmonisation des curriculums. »

Et de poursuivre : « Aujourd’hui, l’intérêt d’une telle activité (venir débattre au Club canadien) est de mettre la lumière davantage sur l’Ontario. Une bonne partie de notre diaspora est au Québec mais cela ne signifie nullement un intérêt moindre pour l’Ontario où on doit être beaucoup plus présent, tant au niveau culturel qu’économique. »

Gorgui Ciss, ambassadeur du Sénégal au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

« Certaines provinces sont plus ouvertes que d’autres », nuance Patrick Van Gheel, ambassadeur de Belgique et président du groupe des ambassadeurs et ambassadrices francophones à Ottawa.

Il souligne au micro d’ONFR que « c’est surtout le Québec qui est rétissant, ce qui nous arrange bien. La ministre (des Affaires francophones de l’Ontario) Mulroney veut vraiment pousser la reconnaissance des diplômes. C’est important d’aller dans ce sens, car les immigrants qui passent par Québec vont finir dans les provinces très actives comme l’Ontario. »

Le diplomate est d’avis de mieux encadrer la mobilité dans le cadre de partenariats transparents, y compris dans la formation. « La Belgique a développé avec certains pays africains des filiales pour former des professionnels, illustre-t-il. La moitié reste chez vous, l’autre moitié vient chez nous, mais cette idée de partenariats n’est pas encore suffisamment développée ici. »

Patrick Van Gheel, ambassadeur de Belgique au Canada. Photo : ONFR/Rudy Chabannes

La route est encore longue, esquisse pour sa part Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada. Le représentant de l’Hexagone participait ce même jour à un lever de drapeau de la Francophonie à Sudbury.

« Si on veut vraiment attirer des Français en Ontario, il faut faire en sorte qu’un médecin français formé en France voit ses diplômes reconnus par la faculté de médecine ontarienne. En Europe, un diplôme acquis en République tchèque est valable en France (…) mais ici de petits groupes essayent de se protéger. »

Pour améliorer l’attractivité ontarienne, M. Miraillet croit qu’il faut dépasser cela, mais aussi améliorer le système de santé, afin que les immigrants entrevoient un avenir au Canada.

Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada, en déplacement à Sudbury. Photo : ONFR/Inès Rebei

Avec la collaboration d’Inès Rebei.

« Plus de femmes doivent s’avancer en politique », dit une experte

Marie-Noëlle Lanthier, ancienne conseillère municipale, est la présidente de l’organisme Leadership féminin Prescott-Russell (LFPR), seule école de campagne francophone pour des élections municipales qui vise au développement des voix féminines en politique à tous niveaux, notamment par le recrutement, la formation et l’accompagnement.

Au sortir des élections provinciales ontariennes, même si les chiffres des députés tendent à évoluer vers une plus grande présence féminine, les femmes sont encore loin de former la moitié des rangs, avec 37 % en Ontario. Doug Ford a également constitué son cabinet ministériel pour un total de 9 femmes, contre 27 hommes.

Augmenter la parité dans la représentation politique à tous les niveaux gouvernementaux en donnant des chances égales aux femmes de se présenter, constituant ainsi un plus grand bassin électoral féminin.

« Queen’s Park compte une élue de moins qu’en 2022, trois de moins qu’en 2018. Est-ce un recul?

Si on pousse le comparatif plus loin, avec les élections de 2011, seulement 30 femmes avaient été élues. Il y a donc une évolution positive, bien qu’en effet les députées soient passées de 49 à 46 candidates au cours des sept dernières années.

Cependant, pour bien comprendre la dynamique, il faut plutôt regarder le nombre de candidates qui se sont présentées. Pour ces élections de 2025, elles ne représentaient que 37 % des candidatures au sein des quatre principaux partis. Le Parti progressiste-conservateur (PC) totalisait 25 % de candidates, le Parti libéral 35 %, le Parti vert 45 % et le NPD, 48 %, ces deux derniers se rapprochant d’une parité.

De tous les partis, le PC est celui qui recrute le moins de femmes, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que l’idéologie en question les attire moins.

Nombre de candidates par rapport au nombre total de candidats inscrits dans chacun des partis politiques principaux. Source : Leadership féminin Prescott-Russell (LFPR)

Que dénote cette part moindre de candidates?

Que ce n’est pas que l’électorat vote moins pour des femmes, mais qu’il y a simplement moins de candidates pour qui voter. Quand suffisamment d’entre elles s’avancent, elles ont de très bonnes chances. C’est là où c’est moins paritaire. Plus de femmes doivent s’avancer en politique.

À quelles difficultés se confrontent-elles? 

Elles sont plus sujettes à la cyberviolence, à la discrimination et aux critiques sur leur physique par exemple, choses auxquelles sont peu ou pas confrontés les hommes.

Regrettablement, les femmes se questionnent aussi beaucoup plus, notamment sur leurs compétences et leurs capacités, et sur l’impact que l’entrée en politique pourrait avoir sur leur travail, sur leur famille. J’ai été moi-même conseillère municipale pendant huit ans et j’ai travaillé au sein d’une formation politique pour le recrutement de candidates.

La tendance chez la grande majorité des femmes est d’avoir une plus grande exigence envers elles-mêmes en quelque sorte. Elles doivent se sentir entièrement compétentes et tout savoir sur tel et tel sujet avant de se lancer.

Le nombre de conversations nécessaires pour convaincre une femme de se lancer en politique est sept fois plus élevé que pour un homme. Cela exige un réel effort de soutien.

Les femmes ont-elles plus de difficulté à accéder à différents paliers gouvernementaux, notamment provinciaux? 

Parmi les politiciens qui évoluent d’un palier à un autre, beaucoup étaient déjà connus dans la circonscription et bénéficiaient d’une certaine popularité dans une municipalité. De là pour nous l’importance de recruter plus de femmes en politique municipale parce qu’on crée un plus gros bassin de candidates potentielles.

Il y a plusieurs partis politiques qui seraient à la recherche de candidates pour les différentes circonscriptions. Le palier municipal peut être stratégique pour que des femmes s’avancent en politique et poursuivent leur carrière à d’autres niveaux.

Une fois recrutées, il s’agit aussi de les garder, de créer un environnement où elles sentent qu’elles ont leur place, qu’elles bénéficient d’un temps de parole égal, qu’elles sont reconnues, etc. On travaille fort dans les municipalités pour en créer les conditions.

Le Canada et l’Ontario sont-ils prêts pour élire à nouveau une première ministre?

Le climat politique a beaucoup joué dans le choix des dernières courses mais il faut être leader de parti pour devenir premier ministre et c’est là où ça sort des mains de l’électorat, car c’est le parti qui vote. C’est dont aussi aux partis de montrer que des femmes sont capables de s’atteler à des situations de crise.

Au Canada et au sein des provinces je crois que l’électorat est ouvert et n’a pas de préjugés envers les femmes. Il y a du progrès mais il ne faut pas baisser les bras dans ce travail d’accompagnement, et de campagnes de recrutement.

Nous sommes d’ailleurs la seule école de campagne francophone pour les élections municipales et provinciales. On ne reçoit pas de financement de base de la province, qui est pourtant responsable de la condition féminine. Notre projet est heureusement soutenu par un financement fédéral Femmes et Égalité des genres Canada, et c’est le nerf de la guerre. »

« C’est évident que mon français est loin d’être parfait », concède Mark Carney

élection, canada, élections

OTTAWA – Le chef libéral Mark Carney admet que sa maîtrise du français est loin d’être parfaite alors qu’il subit des attaques de ses adversaires à ce sujet, notamment au Québec depuis le début de la campagne électorale.

« Je viens de l’Alberta, c’est évident que mon français est loin d’être parfait », a-t-il reconnu mercredi en conférence de presse à Windsor, à proximité du pont Ambassadeur.

Lors d’un discours mardi en Nouvelle-Écosse, il a confondu la tuerie de l’École polytechnique de Montréal avec celle de l’Université Concordia en plus de mal prononcer le nom de Nathalie Provost, l’une des survivantes qui se présente comme candidate libérale.

M. Carney a parlé de la survivante de la tuerie de polytechnique comme étant « Nathalie Pronovost » et l’a décrite comme une « survivante de la fusillade de Concordia ». Le féminicide de Polytechnique avait coûté la vie à 14 étudiantes en 1989 alors que la tuerie de Concordia renvoit à un professeur de cette université, Valery Fabrikant, qui a tué quatre collègues de travail en 1992.

En anglais, M. Carney a indiqué sur scène que « Nathalie Pronovost est devenue une militante en faveur de la justice sociale après la tragédie de la fusillade à Concordia ». Il a par la suite présenté ses excuses à Mme Provost. Cette double erreur n’était « pas une question de langue, c’est plus une question que je me suis mal exprimé », a justifié le premier ministre sortant, en anglais.

Débat en français

Au jour 2 de la campagne, c’est son refus de participer à un second débat en français, le Face à Face de TVA, qui a soulevé l’ire des partis d’oppositions, l’accusant de se cacher des Québécois et des francophones. Hier, Mark Carney s’en est défendu, expliquant qu’il ne comptait pas participer au débat de TVA en raison de l’absence d’un représentant du Parti vert.

« Une décision insultante » aux yeux du chef néo-démocrate Jagmeet Singh, alors que le chef conservateur Pierre Poilievre est allé jusqu’à proposer de payer les 75 000 $ des libéraux, réclamés par TVA pour chaque parti.

« Est-ce que c’est parce qu’il est trop fragile et si oui, comment peut-il confronter Donald Trump? Est-ce que c’est parce qu’il ne respecte pas la langue française? », avait énuméré M. Poilievre mardi à Vaughan.

Questionné par les journalistes sur son éventuel manque de sensibilité vis-à-vis des enjeux au Québec, le chef libéral a soutenu qu’il « aimait le Québec, la langue, la culture, l’histoire, l’initiative des entrepreneurs du Québec ». 

Il a par la suite souligné la présence de ministres dans son cabinet comme Mélanie Joly et François-Philippe Champagne, en plus de plusieurs proches conseillers de son équipe qui proviennent de la Belle Province.

Dans un discours mardi soir, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a accusé Mark Carney de multiplier les « grenailles de gaffe » en français, qualifiant de « moyen » le niveau de français de l’ex-banquier et encensant légèrement celle de M. Poilievre comme « moins pathétique que l’autre ».

PLC : un nouveau chef, mais des candidats similaires en Ontario français

Malgré le départ de Justin Trudeau et l’arrivée de Mark Carney, l’équipe libérale en Ontario français reste sensiblement la même. Les députés et candidats sortants qui étaient de la dernière campagne électorale se représentent. Tour d’horizon.

Dans la région de la capitale fédérale, l’ex-ministre Mona Fortier est de retour comme candidate dans Ottawa-Vanier-Gloucester et Marie-France Lalonde tente d’être réélue pour une troisième fois consécutive dans Orléans. À proximité de ces deux circonscriptions francophones, on compte aussi sur le retour de Yasir Naqvi, élu en 2021 dans Ottawa-Centre.

L’une des nouveautés dans le camp libéral est le départ de Francis Drouin, qui représentait l’Est ontarien à la Chambre des communes depuis 2015 sous la bannière libérale. C’est Giovanna Mingarelli qui tentera de conserver le château fort rouge de Prescott–Russell–Cumberland (anciennement Glengarry-Prescott-Russell). Ce comté a toujours été entre les mains des libéraux, à l’exception de cinq élections sur 23 depuis 1953.

Entrepreneure du monde de la technologie, Giovanna Mingarelli a travaillé, au cours de sa carrière, sur la Colline parlementaire, auprès de l’ancien premier ministre Paul Martin. Elle affrontera la conservatrice Julie Séguin, dans un duel franco-ontarien, dans le seul comté majoritairement francophone de la province.

Giovanna Mingarelli est native de Rockland. Photo : PLC

Dans le Grand Sudbury, il n’y a aucun changement pour les libéraux. Les députés franco-ontariens sortants sont de nouveau sur la ligne de départ avec Marc Serré dans Sudbury Est-Manitoulin-Nickel Belt et Vivianne Lapointe à Sudbury. Le premier a été élu en 2015 pour la première fois et la seconde en 2021.

Plus au Nord, en raison du redécoupage de la carte électorale, la majorité du corridor de la Route 11 n’est plus séparée en deux, mais désormais réunie sous une seule circonscription, Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk. C’est l’ancien maire et conseiller municipal actuel de Timmins Steve Black qui portera à nouveau les couleurs des libéraux, lui qui avait mordu à la poussière en 2021 face à Charlie Angus.

Dans Nippissing-Timiskaming, c’est la mairesse d’East-Ferris, Pauline Rochefort, qui tentera de succéder au libéral sortant Anthony Rota, qui ne se représente pas. Il faut aussi noter le retour de la députée et ministre franco-ontarienne Arielle Kayabaga, candidate libérale dans London-Ouest.

L’élection générale aura lieu le 28 avril.

L’ambassadeur de France en déplacement à Sudbury, une première en 37 ans

SUDBURY – L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, est de passage à Sudbury ce mardi, à l’occasion de la Semaine de la francophonie. C’est la première fois en 37 ans qu’un ambassadeur du pays de Molière fait le déplacement dans la ville du nickel.

Ils étaient une trentaine de personnes à l’hôtel de ville de Sudbury pour assister au lever de drapeau de la Francophonie internationale et celui de la France. Une réception aura également lieu ce mardi soir à la Place des Arts.

« En Ontario et plus particulièrement à Sudbury, cette Journée internationale de la Francophonie a une résonance particulière puisque ce lever de drapeau fait naturellement écho à celui du drapeau franco-ontarien hissé pour la première fois à l’Université de Sudbury en 1975 et chaque année depuis », a déclaré M. Miraillet dans un discours précédant le lever de drapeaux.

Le drapeau français et celui de la Francophonie internationale resteront hissés pendant une semaine. Photo : Inès Rebei/ONFR

Dans une allocution précédant les levers de drapeaux, l’ex-consul honoraire de France à Sudbury, Jean-Charles Cachon, a rappelé le caractère exceptionnel de la visite du dignitaire de France : « C’est la première visite d’un ambassadeur de France à Sudbury au 21e siècle ».

Selon ce dernier, auquel a succédé Federico Dudet en novembre 2023, il y aurait environ 600 personnes originaires de France dans le Grand Sudbury.

Un déplacement stratégique

En entrevue avec ONFR, Michel Miraillet a mis en avant la volonté de la France de se rendre dans des communautés hors Québec où la Francophonie occupe encore une place importante.

« Célébrer la francophonie à Ottawa ou Québec, c’est trop simple », a-t-il indiqué en précisant que ses derniers déplacements protocolaires dans le cadre de la Journée internationale de la Francophonie étaient en Nouvelle-Écosse et à Winnipeg, au Manitoba.

Concernant le timing de sa visite, celui-ci indique que « cela n’a rien à voir avec le contexte politique actuel », à savoir l’effondrement des relations canado-américaines et le rapprochement du Canada et de l’Europe (le premier déplacement international du premier ministre Mark Carney a été la France).

Il a fait savoir que sa visite avait bien pour but de rapprocher encore plus la France et Sudbury et d’écouter les suggestions de la communauté.

L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, a tenu à faire le déplacement en voiture depuis Ottawa. Photo : Inès Rebei/ONFR

Le dignitaire a rappelé que la signature de l’Entente France-Ontario, en avril 2024, a posé de premières bases pour des partenariats stratégiques.

« Ce qui peut être très intéressant c’est de permettre à des étudiants qui viennent de l’Université de Sudbury de faire une partie de leur parcours en France et d’avoir un double diplôme »
— Michel Miraillet

M. Miraillet a aussi souligné le pôle minier de la région du Grand Sudbury : « Nous avons fait beaucoup d’efforts pour convaincre pas mal de start ups et nos grandes entreprises minières comme Orano de ne pas seulement s’intéresser aux mines d’uranium du nord de la Saskatchewan. »

Université Laurentienne et de Sudbury

Au-delà des partenariats économiques, l’ambassadeur souhaite aussi que des ententes interuniversitaires voient le jour entre la France et les établissements de Sudbury.

« Je suis allé voir l’Université Laurentienne pour voir un peu, techniquement, en termes de recherche, ce qui pourrait les intéresser. C’est très étonnant parce que nos écoles sont en lien avec l’Afrique du Sud et l’Australie, mais pas avec le Canada », dit-il observer.

Il indique l’École des mines de Nancy, l’Université de Lorraine ou l’Université de Lyon comme étant des partenaires potentiels pour l’éducation aux métiers des mines.  

De gauche à droite, Jean-Charles Cachon, Lucie Moncion, Jamie West, France Gélinas, Paul Lefebvre, Michel Miraillet, Éric Benoit (conseiller de Sudbury), Pauline Fortin, Bertrand Pous (consul de France à Toronto), Federico Dudet et la conseillère culturelle au consulat de France à Toronto. Photo : Inès Rebei/ONFR

Celui-ci confie s’être entretenu, un peu plus tôt ce mardi matin, avec Serge Miville, recteur de l’Université de Sudbury, « pour lui dire qu’il y a de vraies possibilités de travailler ensemble, par exemple, avec les universités de la région Rhône-Alpes, c’est-à-dire Grenoble qui est un énorme pôle pour l’ingénierie, ou encore Lyon 1, Lyon 2 qui sont réputées mondialement pour leurs formations en sciences humaines ou en médecine. »

M. Miraillet estime qu’il s’agit d’un début et que les potentiels partenariats pourraient s’étendre à d’autres établissements ailleurs en France.

Il évoque aussi d’autres possibilités d’échanges comme « permettre à des étudiants qui viennent de l’Université de Sudbury de faire une partie de leur parcours en France et d’avoir un double diplôme. »

Ex-directeur général de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et de la coopération internationale du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Michel Miraillet a été nommé ambassadeur de France au Canada en 2022. Photo : Consulat de France à Toronto

Des liens Sudbury-France

Parmi les personnalités publiques présentes pour l’événement, on compte le consul de France à Toronto, Bertrand Pous, les députés provinciaux néodémocrates, France Gélinas, de Nickel Belt et Jamie West, de Sudbury, ainsi que la sénatrice Lucie Moncion, le maire de la ville du Grand Sudbury, Paul Lefebvre et la conseillère municipale, Pauline Fortin.

Le maire Paul Lefebvre a rappelé l’importance de la relation France-Canada : « Cette relation se reflète ici, nous continuons à entretenir des liens étroits avec les communautés francophones du monde entier y compris avec la France. »

La sénatrice Lucie Moncion a été invitée par le maire Paul Lefebvre, à gauche, et dit représenter les francophones au Sénat. Photo : Inès Rebei/ONFR

Après avoir rappelé son rôle en tant que présidente de l’association parlementaire de la Francophonie pour l’Ontario, France Gélinas a tenu à saluer le caractère des immigrants de France.

« Ça m’a permis d’établir des liens avec des députés de la France et peu importe le domaine dans lequel on s’attarde, les gens de la France arrivent toujours bien préparés, avec des solutions et prêts à aider et ça on l’apprécie beaucoup », souligne-t-elle.

La liste des candidats conservateurs en Ontario français finalisée

élection, canada, élections

Les troupes de Pierre Poilievre ont complété son équipe de candidats dans les circonscriptions de l’Ontario français. Il ne manquait qu’une circonscription dans l’Est ontarien où la candidature de l’ex-député conservateur Pierre Lemieux n’a pas été retenue.

La candidature de l’ex-député conservateur sous Stephen Harper entre 2006 et 2015 a été rejetée par l’association locale de Prescott-Russell-Cumberland. Il avait été défait par le député libéral sortant Francis Drouin lors des élections fédérales de 2015 et 2019 et, en 2021, le parti avait aussi rejeté sa candidature.

C’est plutôt son ancienne employée politique, Julie Séguin, aussi conseillère municipale à la Ville Hawkesbury, qui sera la candidate des conservateurs dans cette circonscription ontarienne à majorité francophone. Il s’agit de l’une des seules dans la région d’Ottawa que les conservateurs peuvent espérer ravir aux mains des libéraux, en profitant du départ de M. Drouin.

Un peu plus à l’Ouest, le député sortant et francophile Eric Duncan est à nouveau le candidat conservateur dans Stormont-Dundas-Glengarry, pour une troisième fois depuis 2019.

L'ex-député conservateur de l'Est ontarien au niveau fédéral, Pierre Lemieux. Archives ONFR
L’ex-député conservateur de l’Est ontarien au niveau fédéral, Pierre Lemieux. Archives ONFR

Dans les autres circonscriptions de la région à forte présence francophone, c’est un avocat et fonctionnaire fédéral, Steve Mansour, qui représente les conservateurs dans Orléans. Idem dans Ottawa–Vanier–Gloucester avec un autre travailleur de la fonction publique, Dean Wythe.

Dans le Grand Sudbury, c’est un résident d’Azilda et entrepreneur du secteur minier, Jim Bélanger, qui essayera de ravir aux libéraux le siège de Sudbury East-Manitoulin-Nickel Belt. Dans le comté voisin, le médecin Ian Symington tentera, pour une seconde fois, de faire tourner le comté au bleu. Aucune de ces deux circonscriptions, à aucun moment dans son histoire, n’est tombée entre les mains conservatrices, mais dans les deux cas, le site de projection électoral 338 Canada prévoit une lutte serrée.

Plus au Nord, dans Kapuskasing-Timmins-Mushkegowuk, la seconde circonscription la plus francophone dans la province, c’est le Franco-Ontarien Gaétan Mallette qui se présente pour les troupes de Pierre Poilievre. Cet ancien dirigeant du secteur minier et forestier et résident de Timmins se présente dans une circonscription qui a été grandement modifiée en raison du redécoupage de la carte électorale.

Plus à l’Est, la démission récente de la candidate Cassidy Villeneuve dans Nipissing-Timiskaming a ouvert la porte dans les derniers jours à un nouveau candidat, Garry Keller. Ce dernier a un long parcours en politique ayant travaillé auprès de Stephen Harper en plus d’avoir été le chef de cabinet de l’ancien ministre aux Affaires étrangères John Baird et de l’ex-cheffe de l’opposition par intérim du parti, Rona Ambrose.

L’élection générale aura lieu le 28 avril.

Bureaux fédéraux vides : un levier contre la pénurie au Canada

Depuis la pandémie, les bureaux fédéraux se vident, mais la crise du logement s’aggrave. Et si la solution était sous nos yeux? À Ottawa, plus de 14 000 personnes attendent un logement abordable, mais la conversion des édifices fédéraux inoccupés pose de nombreux défis. Entre bâtiments vieillissants, normes inadaptées et lourdeur bureaucratique, comment rendre ces conversions possibles? Des experts se prononcent.

Le lait canadien sur le feu de Trump : sauver la gestion de l’offre

Après l’acier et l’aluminium, Donald Trump menace d’imposer des tarifs sur les produits laitiers canadiens. Il s’attaque au système canadien de gestion de l’offre, qu’il accuse de bloquer l’accès aux producteurs étrangers. Mais dans les campagnes de l’Est ontarien, les fermiers, eux, redoutent surtout une nouvelle brèche dans un système qu’ils jugent vital.

Jacques et Noëlle Pasquier produisent environ 1,8 million de litres de lait par an sur leur ferme familiale d’Embrun, à une cinquantaine de kilomètres d’Ottawa.

Leur secteur est dans la mire du président Trump qui s’indignait récemment de tarifs douaniers de 250 % imposés par le Canada contre des produits laitiers américains.

« Dire qu’on impose 250 % de taxes, c’est un mensonge. Ces 250 %, c’est une protection pour notre marché, pour éviter d’être submergés par leurs produits », affirme Jacques Pasquier.

En effet, selon Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens, les producteurs américains ne paient pas un tel tarif douanier, ils suspendent plutôt leurs exportations avant d’atteindre certains quotas au-delà desquels des droits de douane entreraient en vigueur.

Michel Dignard, vice-président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. Gracieuseté

« Contrairement aux États-Unis, on n’a pas de subventions. On produit simplement ce que le marché local demande. », souligne M. Dignard qui a été dans le secteur du lait pendant 46 ans.

Un système en péril

La gestion de l’offre permet d’adapter la production à la demande intérieure. « Environ 1 % de notre production est exportée… c’est une pinote », lance Jacques Pasquier.

Mais ce dernier est convaincu que derrière les déclarations de Donald Trump, un objectif bien plus stratégique se profile : « Trump veut notre marché au complet. Il veut détruire la gestion de l’offre pour écouler leur surplus. »

« Aux États-Unis, ils produisent, produisent et surproduisent. Et maintenant, ils veulent utiliser le Canada comme dépotoir », dénonce-t-il.

Ainsi pour lui, la gestion de l’offre ne doit en aucun cas être négociable. « On ne doit pas être une monnaie d’échange dans les traités commerciaux. »

Lors de la renégociation de l’Accord de libre-échange Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), entré en vigueur le 1er juillet 2020, les producteurs canadiens ont justement vu leur marché grignoté.

Les États-Unis ont obtenu un accès substantiel, exempt de droits de douane, au marché laitier canadien.

« Pour sauver l’automobile, le gouvernement canadien a donné accès à Donald Trump à notre marché laitier », déplore M. Pasquier.

Les conséquences sont visibles. Selon Mark Hamel, président du conseil d’administration de Dairy Farmers of Ontario (DFO), les États-Unis bénéficient aujourd’hui d’un excédent commercial laitier avec le Canada :
877,5 millions de dollars de produits exportés contre 357,9 millions importés en 2024.

« Cet accès accru s’est fait au détriment direct des producteurs canadiens, réduisant leur part de marché et fragilisant la stabilité du secteur laitier domestique », affirme le président du conseil d’administration de DFO.

« On a perdu jusqu’à 18 % de notre production à cause des traités. Chaque entente nous a fait céder une partie de notre marché », confirme M. Pasquier.

Défendre un territoire, une identité

Pour ces agriculteurs, il ne s’agit pas seulement d’économie, mais aussi de territoire et d’identité.

« On reste au Canada avec des fermes à taille humaine, familiales. On ne verra jamais une ferme avec 10 000 vaches à Ottawa », soutiennent Jacques et Noëlle Pasquier.

« Il faut garder des fermes laitières partout sur le territoire. Pas une région 100 % céréalière et une autre 100 % lait. L’agriculture de proximité, c’est notre richesse », assurent-ils.

Même son de cloche chez Jacques Dignard : « Notre suivi est plus serré. Il n’y a pas d’hormones dans le lait au Canada. Je pense sincèrement que notre qualité est meilleure. »

« Aux États-Unis, si une compagnie a des problèmes, elle est seule. Ici, on a un système solidaire entre provinces. Le consommateur canadien paie moins cher pour un produit de meilleure qualité », poursuit-il.

Selon DFO, le secteur laitier représente le plus important secteur agricole de l’Ontario, avec près de 8,5 milliards de dollars en contributions au PIB et 89 040 emplois soutenus en 2024.

« Chaque jour, les familles d’exploitants laitiers travaillent pour fournir aux Canadiens un lait de qualité, sûr et nourrissant. C’est un pilier de notre souveraineté alimentaire », insiste Mark Hamel.

Mark Hamel, président du conseil d’administration de Dairy Farmers of Ontario (DFO). Gracieuseté

Les attentes envers les gouvernements fédéral et provinciaux sont claires.

« Nous appelons nos gouvernements fédéral et provincial à défendre notre économie et à protéger notre sécurité alimentaire et notre souveraineté nationale », relève le président du conseil d’administration de DFO.

« Ce qu’on attend, c’est que le gouvernement arrête de donner notre marché laitier en échange de gains ailleurs », martèle Jacques Pasquier.

« Le problème, c’est qu’on ne sait plus à quel gouvernement faire du lobbying. Trudeau est parti, Mark Carney pas élu. On est entre deux eaux », regrette-t-il.

Face à cette incertitude, les producteurs resserrent les rangs au même titre que l’ensemble des Canadiens. « Ce que M. Trump a fait, c’est qu’en rentrant le loup dans la bergerie, les brebis se sont toutes mises ensemble », conclut Noëlle Pasquier.

« Un champion du progrès dans notre région » : décès de l’ex-maire de Rayside-Balfour, Lionel Lalonde

SUDBURY – L’ex-politicien reconnu de la scène sudburoise, Lionel Lalonde, est décédé à l’âge de 89 ans, dimanche à l’hospice McCulloch de Sudbury, après avoir combattu un cancer.

Électricien, enseignant, commissaire d’école, M. Lalonde a œuvré dans plusieurs domaines, mais c’est surtout en politique qu’il a bâti une solide carrière qui a marqué les esprits.

Le Franco-Ontarien a d’abord été maire de la ville de Rayside-Balfour de 1988 à 2000, puis a été élu conseiller pour la grande ville de Sudbury au moment de sa création après la fusion des municipalités. Il se retirera de la vie politique en 2003, mais restera présent dans divers événements de Sudbury.

M. Lalonde était connu pour son plaidoyer passionné pour Rayside-Balfour, qui inclut Azilda, Chelmsford et Blezard Valley. Le centre Lionel E. Lalonde, situé à Azilda, porte son nom.

Depuis le 24 juin 2024, un drapeau franco-ontarien est hissé en permanence au Centre Lionel E. Lalonde, à Azilda. Photo : Paul Lefebvre/Facebook

Un hommage du maire

Le maire du Grand Sudbury a tenu à lui rendre un vibrant hommage à travers une déclaration publique parue lundi soir.

« C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris le décès de Lionel Lalonde, un fonctionnaire dévoué et ancien maire de Rayside-Balfour. Lionel était un pilier de notre communauté, un leader qui se souciait profondément des gens qu’il servait et un champion du progrès dans notre région », a-t-il fait savoir.

« Il laisse derrière lui un héritage d’engagement et de dévouement, et s’est toujours efforcé de faire de Rayside-Balfour et du Grand Sudbury un endroit où il fait bon vivre. Ses contributions, notamment en matière de gouvernance locale et de renforcement de notre communauté, ne seront pas oubliées. »

Et de finir : « Son influence se fera sentir pendant des générations. »

Le maire du Grand Sudbury, Paul Lefebvre (à gauche) et Lionel Lalonde. Photo : Paul Lefebvre/Facebook

D’autres se souviennent

Ailleurs sur les réseaux sociaux, plusieurs ont aussi salué son héritage pour la région.

« Toute une perte pour la communauté. Une personne tellement passionnée! », a lancé le président du Collège Boréal de Sudbury.

De son côté, l’entrepreneure Lynne Dupuis écrit : « Un vrai pilier de la communauté, il a certainement laissé sa marque! Mes sympathies à sa famille. »

Ex-conseiller et candidat néodémocrate au fédéral Gerry McIntaggart se souvient : « J’ai eu le privilège de siéger au conseil municipal et régional avec Lionel pendant environ 13 ans. Ses réalisations sont trop nombreuses pour être énumérées ici. »

Même son de cloche chez David Courtemanche, ancien conseiller municipal et maire du Grand Sudbury, qui a parlé de M. Lalonde comme étant un « véritable bâtisseur communautaire et leader » et a exprimé que « c’était un honneur de travailler avec lui ».

La famille recevra parents et amis à la Coopérative funéraire, 4691 Regional Road 15, Chelmsford, le jeudi 27 mars 2025, de 14 h à 17 h et de 19 h à 21 h 00. Une messe funéraire sera aussi célébrée le vendredi 28 mars 2025, à 10 h, à la Paroisse Notre Dame du Rosaire, Blezard Valley.

Des activités pour la fin du Mois de la Francophonie

Alors que s’achève le Mois de la Francophonie, les idées de sorties sont encore nombreuses en Ontario. Ce fil culturel ira de l’Est au Nord, en passant par la capitale, pour se déposer pour la dernière fois dans sa forme actuelle. ONFR continuera de vous suggérer des activités en français à travers la province, dans un autre format, très bientôt.

Concours de talents à Ottawa

La Maison de la francophonie d’Ottawa organise sa première Compétition de groupes virtuoses le 29 mars. Il s’agit d’un concours musical devant public, pour les artistes émergents ou amateurs. Des prix en argent et une séance d’enregistrement professionnelle seront remis aux gagnants.

La Compétition des groupes virtuoses aura lieu pour la première fois à la Maison de la francophonie d’Ottawa. Photo : Canva

Ottawa, le 29 mars. Billets pour le public sur la plateforme Eventbrite.

Des chansons pour les tout-petits du Nord

Le chanteur jeunesse franco-manitobain Micah! sera de passage dans le Nord de l’Ontario cette semaine. Il chantera pour les tout-petits de Longlac, Geraldton et Marathon les 28 et 29 mars. Sa tournée Micah! joue de la musique est organisée dans le cadre des Rendez-vous de la francophonie.

À 19 ans, Micah! a déjà plusieurs années de scène derrière la cravate. Étant le fils de Jocelyne Baribeau, alias Mme Diva, il avait l’habitude de monter sur scène avec sa mère, dans son enfance.

Micah! est déjà bien connu des jeunes familles francophones de sa province natale, le Manitoba. Photo : Rachel Crustin / ONFR

Nord de l’Ontario, les 28 et 29 mars. Détails sur le site de l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario.

Cornwall au pensionnat des toujours jeunes

À Cornwall, le Centre Charles-Émile-Claude et l’organisme L’Amalgame présentent la pièce communautaire Au pensionnat des toujours jeunes, jusqu’au 30 mars. Ce texte de l’auteur français Jérôme Dubois raconte l’histoire de trois sœurs octogénaires qui voient la maison qu’elles louent être transformée en pensionnat pour personnes âgées. Elles en deviendront les premières pensionnaires, mais leur mode de vie épicurien ne plaira pas aux nouveaux propriétaires, qui exigeront une hygiène de vie impeccable.

La troupe communautaire de l’Amalgame présente la pièce Au pensionnat des toujours jeunes jusqu’au 30 mars. Photo : Gracieuseté de l’Amalgame

Une bataille originale à Ottawa

Le théâtre français du Centre national des arts (CNA) présente la pièce jeunesse Batailles les 29 et 30 mars. Ce spectacle de théâtre acrobatique vise un public de huit à 14 ans. Il y a un beau divan à quatre places, particulièrement confortable… et cinq personnes qui veulent absolument s’y asseoir. Derrière la bisbille et les simagrées se cache un thème plus sérieux, celui de la cohabitation en société.

Y a-t-il assez de place pour tous sur ce divan? Photo : Robert Etcheverry

Ottawa, les 29 et 30 mars. Détails et billets sur le site du CNA.

Rire en français à Cornwall

La tournée d’humour des Rendez-vous de la francophonie (RVF) s’arrête pour la deuxième et dernière fois en Ontario pour 2025. Le 26 mars, à l’école secondaire publique Héritage de Cornwall, le spectacle réunira la co-porte-parole des RVF Garihanna Jean-Louis, les Québécois François Massicotte et Jérémie Larouche et la Franco-Ontarienne Chloé Thériault. De plus, les jeunes gagnants du concours LOL – Mort de rire Desjardins de 2024 seront aussi appelés à monter sur scène.

L’humoriste Garihanna Jean-Louis est co-porte-parole des RVF, avec le poète et musicien Guyaume Boulianne. Photo : Fondation Dialogue

Cornwall, le 26 mars. Détails et billets sur le site des RVF.

« Le Canada doit tirer parti des investissements européens dans l’armement », selon un syndicat

Daniel Cloutier est le directeur québécois d’Unifor. Le plus grand syndicat du secteur privé au Canada regroupe 320 000 membres, répartis dans divers secteurs de l’économie. 

Les licenciements s’accumulent en Ontario. À L’Orignal, Ivaco a licencié 30 employés et mis à pied temporairement 120 autres. À Sault-Sainte-Marie, l’usine Algoma Steel Group a supprimé 20 postes et annoncé des réductions de main-d’œuvre jusqu’à 25 % de son effectif. À Hamilton, les autorités locales ont alerté sur 28 000 emplois menacés, dont 9 000 directement liés à la production et à la transformation de l’acier et des métaux.

Les nouveaux tarifs douaniers annoncés par l’administration Trump sur les exportations canadiennes d’acier et d’aluminium, qui devraient entrer en vigueur le 2 avril, provoquent des remous dans l’industrie manufacturière ontarienne. Daniel Cloutier voit des opportunités à saisir, notamment en Europe, où les investissements massifs dans la défense pourraient ouvrir de nouveaux débouchés.

« En quoi les tarifs douaniers impactent différemment les secteurs de l’acier et de l’aluminium?

Le marché de l’acier fonctionne différemment de celui de l’aluminium, les impacts sur les entreprises canadiennes seront donc distincts. 

En 2022, les États-Unis ont importé 17 % de leur consommation totale d’acier, dont 22 % provenaient du Canada. Les tarifs auront ainsi des conséquences importantes pour les travailleurs et l’industrie de l’acier, notamment en Ontario.

Pour ce qui est de l’aluminium, les États-Unis dépendent davantage des importations : 44 % de leur consommation vient de l’étranger, et le Canada représente 60 % de ces importations.

À court et moyen terme, les producteurs américains ne peuvent pas combler ce besoin localement, faute d’infrastructures suffisantes et d’accès à l’énergie nécessaire pour alimenter des fonderies d’aluminium. Les producteurs canadiens d’aluminium brut, principalement au Québec et en Colombie-Britannique, continueront donc à exporter vers les États-Unis. Il est probable que le coût soit absorbé par le marché.

Quel pourrait être l’impact en Ontario dans ces deux secteurs?

L’Ontario, qui ne produit pas d’aluminium brut, est au cœur de l’industrie de la transformation, notamment dans le secteur automobile. C’est là que les répercussions seront les plus lourdes : les pièces fabriquées à partir d’aluminium taxé subiront elles-mêmes une taxe à l’exportation. Pire, lorsqu’elles traversent plusieurs fois la frontière pour être intégrées dans un véhicule, chaque passage entraînera une nouvelle taxe.

Lors des précédents tarifs de 2018, cela avait entraîné une hausse de 700 $ par véhicule chez le groupe General Motors. Or, les tarifs annoncés aujourd’hui risquent d’être encore plus élevés.

Je cite aussi un effet inflationniste. Comme les prix de l’aluminium sont établis selon un indice nord-américain (le West American Tariff), incluant les droits de douane, les taxes et les coûts de production, même les entreprises qui n’exportent pas subiront les hausses. C’est déjà visible, notamment dans l’industrie de la bière en Ontario, où le prix des canettes a augmenté de plusieurs dollars par caisse de 24 unités.

Le marché de l’acier fonctionne différemment de celui de l’aluminium. Photo : Canva

Quelles réponses face à cette crise? 

Il est essentiel de renforcer notre industrie locale et d’augmenter le commerce interprovincial afin d’élargir notre marché intérieur. 

Le Canada doit aussi agir contre le transbordement, particulièrement dans le cas de l’aluminium secondaire souvent importé de pays comme la Chine. En mettant fin à ces pratiques, on favoriserait l’utilisation de l’aluminium canadien.

Sur l’acier, la situation est plus délicate. Certains producteurs risquent même de fermer ou rapatrier leur installations aux États-Unis. Il faut donc, autant que possible, répondre à nos besoins avec l’acier canadien et chercher à diversifier nos débouchés à l’international.

Quel message Unifor lance-t-il face aux pressions américaines?

Ce moment exige une mobilisation de toutes les forces vives : industrie, politiques, société civile, travailleuses et travailleurs. Ensemble, nous pouvons trouver des solutions, faire preuve de résilience et résister à la pression. Il ne faut surtout pas céder face à l’autoritarisme de Donald Trump, qui menace notre économie, notre souveraineté et notre stabilité. Nous devons rester solidaires et déterminés à défendre nos intérêts.

Y a-t-il une opportunité, derrière cette crise?

Cette situation, aussi tendue soit-elle, crée une nouvelle solidarité au Canada. Il faut y voir une chance. Mark Carney s’est dirigé pour son premier voyage international en tant que premier ministre vers la France et l’Angleterre. Et ses récents échanges avec l’Europe, notamment en matière de défense, ouvrent la porte à des marchés alternatifs pour nos industries, notamment l’acier et de l’aluminium.

Justement, l’industrie militaire, notamment en Ontario, est consommatrice de métaux… 

On ne peut pas parler de faire de l’aviation sans parler d’aluminium et d’alliage métallique. Et avec l’engagement du Canada à atteindre 2 % de son PIB en dépenses militaires — soit une augmentation de 18 milliards de dollars — cela représente un immense potentiel de retombées économiques locales.

Le Canada pourrait renforcer ses liens avec les pays européens, qui eux aussi augmentent leurs budgets militaires pour répondre aux enjeux géopolitiques actuels. Ces investissements pourraient dépasser les 2 % du PIB, offrant ainsi des opportunités à long terme. En échangeant avec l’Europe, le Canada pourrait fournir des pièces et composantes pour l’industrie militaire, tout en stimulant l’innovation et la recherche dans le secteur.

Il ne s’agit pas de souhaiter des conflits, bien au contraire. Mais si des milliards de dollars sont investis dans ces industries, il est vital que le Canada en tire parti pour soutenir son économie, protéger ses emplois et développer son autonomie industrielle. » 

Élections fédérales : pas de second débat en français, Mark Carney n’y participera pas

Il n’y aura pas un deuxième débat en français pour ce scrutin fédéral, comparativement aux précédentes élections canadiennes. Le Parti libéral du Canada (PLC) a refusé de payer le 75 000 $ que demandait TVA pour pouvoir présenter le duel entre les chefs des partis politiques fédéraux.

Les libéraux n’ont fourni aucune justification pour expliquer leur refus alors que leur chef avait pourtant déclaré quelques heures plus tôt qu’il serait partant d’être au duel télévisé.

« M. Carney ne participera pas au  »Face-à-Face » proposé par TVA. Il se réjouit à l’idée de participer aux débats de la Commission des débats des chefs, qui ont été confirmés aujourd’hui pour les 16 et 17 avril à Montréal », a indiqué un porte-parole du PLC dans une déclaration.

TVA avait clairement indiqué qu’il ne présenterait pas ce débat télévisé si l’une des quatre principales formations politiques (NPD, PLC, Parti conservateur et Bloc québécois) n’y était pas. Le prix demandé visait à couvrir les coûts de production d’une telle émission, avait justifié le service de nouvelles québécois.

Les conservateurs, le NPD et le Bloc québécois avaient déjà acquiescé à la demande. Les conservateurs de Pierre Poilievre avaient mis au défi M. Carney d’accepter la requête, qui lorsqu’il a été questionné par les journalistes lundi matin, sur une possible participation, avait accepté en répondant, « pourquoi pas? ».

« La décision de Mark Carney est insultante et ça réduit l’occasion de parler des enjeux qui sont chers aux Québécois et Québécoises », a déploré le chef du NPD Jagmeet Singh.

« Tu prétends avoir les bras pour faire face à Donald Trump, mais tu n’es même pas prêt à venir parler aux Québécois (…) Il y a à peu près 20 % de la population canadienne qui est au Québec et tu dis  »vous n’êtes pas assez important pour que je vienne vous parler » », a dénoncé le chef bloquiste Yves-François Blanchet, en campagne à Québec.

Un seul rendez-vous en français

Les principaux chefs des partis politiques fédéraux croiseront donc le fer une dizaine de jours avant le scrutin, alors que des débats en français et en anglais auront lieu les 16 et 17 avril.

Le Commission des débats des chefs a annoncé lundi que le débat en français aura lieu le mercredi 16 avril à 20 h et que celui en anglais aura lieu le lendemain à 19 h. Les deux joutes télévisées seront dans les studios de Radio-Canada à Montréal alors que celle en français sera animée par l’animateur de Radio-Canada Patrice Roy et celui en anglais sera avec Steve Paikin, de TVO. Pour l’Ontario français, le débat sera diffusé sur les ondes de TFO et Radio-Canada.

En vertu des règles, les formations politiques suivantes sont quasi assurées d’y participer : le Bloc québécois, le NPD, le Parti libéral et le Parti conservateur.

Les partis doivent remplir deux des trois critères suivants :

  • A) à la date du déclenchement de l’élection générale, le parti est représenté à la Chambre des communes par un député qui a été élu en tant que membre de ce parti.
  • B) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti récolte un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes.
  • C) 28 jours avant la date de l’élection générale, le parti a endossé des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions fédérales.

Le Parti vert, qui possédait deux sièges au moment de la dissolution du Parlement, vogue présentement autour de 4 % des intentions de vote selon le site de projection électoral 338 Canada. S’il se maintient ainsi, la formation écologique se garantirait une place au duel télévisé. Si tel est le cas, c’est le co-chef Jonathan Pedneault des Verts qui serait le candidat choisi pour participer aux débats.

En 2021, le Parti vert était présent aux débats des chefs avec Annamie Paul en plus du Bloc québécois, du Parti conservateur, du Parti libéral et du NPD.

Le jour de vote aura lieu le 28 avril.