Pénurie d’enseignants, santé mentale des élèves, écoles vieillissantes, taille des classes… Les enjeux éducatifs n’ont pas encore trouvé leur place qu’ils mériteraient dans la campagne électorale, selon plusieurs acteurs du milieu, qui attendent des engagements clairs des partis politiques.
« Tarifs, tarifs, tarifs… On a entendu que ça depuis le début de la campagne », se désespère Paul Baril, président de Parents partenaires en éducation. Avec la suspension durant un mois de la menace de droits de douane américains, le porte-parole de parents d’élèves espère que les chefs vont enfin se tourner vers le dossier de l’éducation.
« On veut que le prochain gouvernement accorde la priorité à l’éducation de langue française », insiste-t-il. Nos écoles sont vieillissantes et manquent de personnel. Des parents nous disent qu’ils vont inscrire leurs enfants dans des écoles anglophones, car elles ont plus de personnel qualifié et de meilleures infrastructures. Il faut s’assurer d’avoir des écoles équivalentes avec du personnel à l’intérieur. Sinon, nos enfants ne pourront pas aller de l’avant. »
La première semaine de campagne a gravité autour de la question des tarifs douaniers américains, avant de bifurquer sur les transports, notamment sur la gratuité de l’autoroute 407 et le projet conservateur de tunnel sous celle de la 401. L’éducation a été très peu abordée. Seul le Nouveau Parti démocratique a promis de consacrer 830 millions de dollars de plus par année à la réparation et à l’entretien des écoles.
Paul Baril, président de Parents partenaires en éducation. Photo : gracieuseté
« L’éducation est un enjeu important qui dépasse le quotidien des écoles. C’est l’avenir de notre société, », clame Gabrielle Lemieux, présidente de l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO).
« On veut une reconnaissance de l’école publique en tant que pilier de nos communautés et un engagement que le prochain gouvernement va vraiment s’en inquiéter et investir. »
Mme Lemieux regrette que le rapport sur la pénurie des enseignants francophones ait été mis sur la glace. « Avec le nombre considérable de retraites ces prochaines années, si on ne résout pas la crise, maintenant, ça ne fera que s’aggraver. »
Elle s’alarme des départs de collègues chevronnés en milieu de carrière, faute de revalorisation du métier. « On nous demande d’en faire toujours plus avec toujours moins de ressources, dans des classes de 35-40 élèves à tous les niveaux… C’est inacceptable. »
Gabrielle Lemieux, présidente de l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO). Photo : gracieuseté
« L’éducation est au septième ou neuvième rang des sujets discutés, c’est extrêmement décevant. Je ne peux pas croire que les politiciens ne mettent pas davantage d’accent là-dessus », réagit pour sa part Isabelle Girard, directrice générale de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO).
Elle voudrait que les candidats s’emparent de la question de la formation des enseignants qu’il faudrait ramener de deux ans à un an dans les facultés d’éducation de l’Ontario, afin de contrer la pénurie de personnel. Or, aucun chef de parti n’en parle.
« Avec le même financement, on doublerait le nombre d’enseignants qualifiés chaque année. Ce serait une belle façon fiscalement responsable de contrer la pénurie », est-elle convaincue.
Mme Girard pointe aussi les besoins en immobilisation : « Nos conseils sont victimes de leurs succès et plusieurs écoles sont à pleine capacité, sans compter que certaines régions ne sont pas desservies par des écoles de langue française. »
Isabelle Girard, directrice générale de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO). Photo : archives ONFR / Rudy Chabannes
De son côté, la présidente de l’AEFO attire l’attention sur un autre problème : la montée de la violence dans les établissements. « C’est ce dont mes collègues me parlent le plus, ces derniers temps. Il faudra s’asseoir ensemble avec les syndicats, les conseils scolaires et le prochain gouvernement pour contrer ce phénomène. »
« On veut un soutien accru à nos écoles et un engagement formel des partis, conclut M. Baril, mettant le doigt sur d’autres questions comme celle du financement des transports scolaires . Mais certains n’ont même pas encore sorti leur plateforme électorale ou n’ont pas encore investi tous leurs candidats. On doit pouvoir voter le 27 février en connaissance de cause. »
La grippe aviaire H5N1 connaît une recrudescence inquiétante en Ontario, touchant de nombreuses fermes avicoles et soulevant des questions sur la sécurité alimentaire et les risques sanitaires. Alors que les experts analysent l’évolution du virus et son potentiel de transmission aux humains, les agriculteurs sont sous pression pour renforcer les mesures de biosécurité.
Cette vidéo explicative explore les impacts de l’épidémie sur : l’industrie avicole et les pertes économiques, la santé publique et les risques pour les consommateurs, les stratégies de prévention et la gestion de la crise. Quels sont les véritables enjeux pour la communauté franco-ontarienne? Le Canada est-il prêt à affronter une recrudescence encore plus forte du virus?
Économie, santé, pouvoir d’achat, postsecondaire, itinérance, opioïdes … La cheffe libérale Bonnie Crombie répond aux questions d’ONFR sur plusieurs enjeux clés qui émergent, dominent ou se font plus discrets durant la campagne électorale. Si elle est élue à la tête d’un gouvernement, elle s’engage à mettre sur pied une stratégie de santé franco-ontarienne.
Quelle est votre priorité?
Certainement la santé. Nous investirons 3 milliards de dollars pour garantir des médecins de famille et faire en sorte que chaque Ontarien ait accès aux soins de santé dont il a besoin, que ce soit d’un médecin ou d’un hôpital. Nous ne voulons plus jamais voir une situation comme celle de Walkerton, où vous aviez des personnes âgées avec des déambulateurs et de jeunes mères avec des poussettes attendant pendant six heures pour s’enregistrer auprès d’un médecin de famille.
Boucler les fins de mois est un casse-tête pour de nombreux Ontariens. Si vous deveniez première ministre le 27 février prochain, quelles seraient très concrètement vos premières mesures pour les aider?
La première chose que nous ferions serait de réduire l’impôt sur le revenu de la classe moyenne et de supprimer la taxe de vente provinciale sur les factures de chauffage et d’électricité. Cela rendrait la vie beaucoup plus abordable pour les gens qui économiseraient presque 100 $ par mois. Nous allons faire en sorte que les personnes qui gagnent 75 000 $ ou moins payent 20 % de moins dans leurs impôts sur le revenu. On va aussi couper de moitié les taxes sur les petites entreprises de 3,2 % à 1,6 %. Ces sont des mesures tangibles.
Baisser impôts et taxes, n’est-ce pas prendre le risque de se priver de revenus et de creuser le déficit dans un contexte économique incertain?
L’argent est là, mais Doug Ford le gaspille. Presque 2 milliards de dollars ont été utilisés pour étendre les ventes de bière dans les dépanneurs et 2 autres milliards pour les compagnies (du projet torontois de réaménagement) de la Place de l’Ontario. Près de 7 milliards de dollars auraient pu être mieux utilisés et servir à développer la communauté francophone, la santé, l’éducation ou encore rendre la vie plus abordable.
Quel est votre plan pour les francophones?
On veut protéger la langue française. Ça commence par rétablir le commissariat (indépendant) aux services en français. C’est très important pour moi. Ça veut dire aussi travailler de façon rapprochée avec les conseils scolaires pour ajouter des fonds qui leur permettront de renforcer leurs programmes et de recruter des enseignants. On doit ouvrir l’apprentissage du français à tous les élèves ontariens et développer un plan d’action qui augmente le nombre de places en garderie de langue française.
Vous faites de la santé votre priorité, mais prévoyez-vous un volet francophone dans votre plan?
Oui, on a besoin de renforcer le système de santé en français. On va développer une stratégie de santé franco-ontarienne pour recruter plus de docteurs, d’infirmiers et de professionnels de la santé, tout comme augmenter le nombre d’étudiants internationaux dans les filières de la santé et les services sociaux.
Quelle est votre position sur l’Université de Sudbury et plus largement le postsecondaire en français dans le Nord?
En consultation avec la communauté, on élargira l’accès à l’éducation postsecondaire en français, particulièrement dans le Nord, en nous appuyant sur l’Université Laurentienne et l’Université de Sudbury, pour que nous puissions élargir les programmes de formation des enseignants et ainsi remédier à la pénurie d’enseignants.
Un premier ministre doit-il être capable de s’exprimer en français en Ontario, la province qui concentre le plus grand nombre de francophones hors Québec?
Idéalement, je souhaiterais que mon français soit meilleur. J’ai appris cette langue, mais vivant dans le Sud de l’Ontario, je ne l’ai pas pratiqué autant que je l’aurais voulu. Je le lis pas trop mal, je le comprends bien, mais je le parle très peu.
Citez une chose que Doug Ford a bien faite comme premier ministre?
Doug Ford est un showman qui a du charisme. C’est agréable mais c’est aussi une distraction envers le fait qu’il ne fait pas son travail, qu’il n’est pas où il doit être, ici en Ontario pour comprendre comment protéger nos industries, nos boulots. Le seul travail que Ford protège est le sien. Il n’y a pas un seul premier ministre au Canada qui choisirait ce moment d’instabilité et d’insécurité pour lancer des élections.
Que vous inspirent les chèques de 200 $ envoyés par le gouvernement?
Ça démontre que Doug Ford n’est pas concentré sur les fondamentaux. Il a dit qu’il réduirait les impôts des classes moyennes, il ne l’a pas fait. Il a dit qu’il mettrait fin à la médecine de couloir, il ne l’a pas fait. Il a dit qu’il construirait 1,5 million de logements, il ne l’a pas fait…
Ces élections sont-elles nécessaires pour contrer le risque de tarifs américains, comme l’affirme le premier ministre sortant?
Ce sont des élections inutiles et onéreuses, alors même que Doug Ford avait un gouvernement majoritaire et pouvait agir. On avait besoin de stabilité, de certitude, pas de chaos. Il se bat pour garder son boulot, pas pour garder nos emplois. Au lieu de tenir fermement le volant, il préfère fuir à Washington, alors que ce doit être la réponse (aux tarifs américains) est une réponse fédérale. (…) Il justifie qu’il a besoin d’un mandat fort, mais il l’a déjà.
Malgré leur suspension, les tarifs américains pourraient toutefois lourdement affecter la province. Comment protégeriez-vous la province si vous étiez en charge?
On a besoin d’être prêt. Le problème est que Doug Ford n’a pas diversifié notre économie. Il n’a pas créé d’emplois, car le secteur manufacturier a perdu 21 000 emplois, le secteur de la construction 36 000. Il n’a pas investi dans d’autres secteurs que ceux de batteries électriques, il n’a pas soutenu le secteur automobile, il n’a pas établi de relations avec les gouverneurs des 17 États qui sont nos plus gros ou seconds plus gros partenaires commerciaux. Nous avons besoin d’une réponse forte et nous devons le faire ensemble au niveau du Canada.
La crise des opioïdes frappe de plein fouet la province. Comment vous y prendriez-vous pour la contrer?
Quand j’étais mairesse de Mississauga, des mères sont venues me voir et m’ont dit : « Mon enfant serait encore en vie aujourd’hui s’il y avait eu un centre de consommation supervisée accessible pour ma fille ou mon fils ». Alors, nous nous sommes battus pour que ce soit le cas dans la région de Peel.
Nous devons investir dans la guérison, dans les traitements et dans les mesures préventives. J’ai visité ces centres : ils conseillent les toxicomanes sur la non-utilisation de ces substances, sur les toxines qu’elles contiennent, ils les coachent, ils essaient de les faire sortir de cette vie. C’est dans ce genre de programme que nous devons investir pour sauver des vies.
Pourtant, vous êtes favorable à la fermeture de certains centres de consommation supervisée à Toronto : ceux près des écoles…
Il y a des preuves évidentes que ces sites sauvent des vies et donc nous devrions les garder, mais je suis d’accord qu’il ne faut pas les situer à côté des écoles, des garderies. Il faut les placer dans des voisinages dans lesquels ils sont accessibles aux personnes qui en ont besoin, mais pas à proximité des enfants.
Le sans-abrisme atteint des niveaux alarmants en Ontario. Quelle solution envisagez-vous dans votre programme?
Les villes sont laissées à l’abandon sans aucun fond ni aucune stratégie provinciale pour combattre l’itinérance. C’est bien beau de dire qu’on va construire des centres de support, mais avec quels fonds? Les maires ont fait un important travail en dénonçant ce problème, mais cela ne devrait pas être pris sur leur budget des payeurs d’impôt foncier. C’est une forme de désengagement.
Nous devons investir dans le soutien au logement et nous inspirer des meilleures pratiques. Qu’il s’agisse de mini-logements ou de maisons modulaires, il y a beaucoup de solutions expérimentées au niveau municipal mais nos maires ont besoin d’un financement adéquat.
Vous vous présentez dans la circonscription de Mississauga East-Cooksville. Regrettez-vous de ne pas avoir saisi plus tôt une occasion de gagner un siège à Queen’s Park, au moment d’une élection partielle, pour avoir plus de visibilité?
Il n’y avait aucun siège de disponible qui avait un sens. Les deux élections n’avaient pas d’intérêt pour la mairesse de Mississauga. Si les élections avaient eu lieu en 2026, j’aurais cherché un siège, mais elles arrivent plus vite. Très bientôt, j’aurais un siège et très bientôt je serai première ministre, je prendrai les décisions et je rendrai la vie des Ontariens plus facile. Je pourrai faire plus pour vous.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.
[CHRONIQUE]
Je l’ai appris à mes dépens : depuis ma dernière chronique où j’avais exposé mon désir ardent de griller ce stupide merle pour le grailler pendant la COVID, un pan de mon lectorat pense que je suis l’ennemi des animaux, voire le bourreau de ces derniers. Un fidèle lecteur m’a même traité poliment de personne atteinte de zoophobie, un terme dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Rien que pour cela, merci, cher lecteur. La présente chronique est donc pour rétablir la vérité, l’unique vérité, celle du vécu, celle de l’atavique.
Ceux qui me connaissent au-delà des mots ne le savent que bien : je ne suis pas un malfaiteur animalier, bien au contraire. Et pour cause, j’ai grandi dans mon pays natal avec une cohorte de chiens et de chats libres comme l’air et quelques lézards qui n’avaient d’yeux que pour les appétissantes mouches de Marrakech. Plus que cela, bien souvent, voire toujours, je préfère la compagnie de ces « bêtes » à celle des bipèdes pensants.
Le contexte
Le dernier chien qui partageait ma vie avant que j’immigre au Canada était une chienne, une magnifique Rottweiler couleur feu et nuit à l’intelligence bien supérieure à bien des hommes et qui répondait au nom d’Olga. L’origine de ce sobriquet est à chercher du côté de son ancien maître, un de ces hommes à l’intelligence largement inférieure à celle d’Olga. Un sadique qui utilisait ce bel animal pour les combats canins. Pas étonnant que le canidé avait mis beaucoup de temps à m’accorder sa confiance lorsque je l’avais adopté, l’arrachant à coup de milliers de dirhams des mains de son tortionnaire. Mais la peine valait son inestimable pesant d’or, car, une fois cette confiance accordée, seule la mort pouvait l’abolir. La mort, justement!
Quelques jours avant mon départ au Canada, comme pour graver dans l’eau notre Adieu que j’espérais un au revoir de tout cœur, j’avais emmené Olga pour une balade de deux jours au départ de Casablanca à destination d’Azemmour en longeant l’océan.
Une petite parenthèse s’impose, le nom de famille du politicien français Éric Zemmour trouve son origine dans cette petite ville marocaine, lui qui a été condamné à plusieurs reprises pour des propos racistes proférés au nom de l’identité française.
Passons! Lors de la première nuit à la belle étoile, un évènement étrange s’était produit, un signe que je ne pouvais interpréter, semant le doute dans le bienfondé de ma décision de quitter les miens, animaux compris.
J’avais alors griffonné ce sentiment sur une feuille orpheline froissée par le vent de l’Atlantique et jaunie par le temps apatride, un texte jamais publié, jamais lu devant quelqu’un, un petit texte secret écrit avec une plume trempée directement dans l’encre noire de ma bile. Voici son contenu brut que j’espère suffisant pour ma rédemption auprès de vous :
La mer et mon chien noir
Ce premier signe, la mer, toujours la même qui nous nargue et nous prévient. Même le chien noir, ma chienne, mon homme dans ce périple avait peur. Une peur qui réveilla la mienne. Je dois sortir mes lunettes du sac pour la regarder en face. Je n’ai rien vu, je l’ai sentie parcourir ma peau.
Ça y est, la peur de la chienne est mienne. Ça y est, on a la force du nombre. On est deux hommes, on est deux chiens. Elle mordra pour moi, j’arracherais des yeux pour nous deux.
Ce n’est pas grave, l’épuisement final attendra. On est prêt, les poils et les muscles dressés, tu ne peux que les caresser. Tu n’oses même pas en abattre un, parce que tu as peur, toi la peur. Tu as peur de l’union qui fait notre force, moi et le chien noir, ma chienne, mon homme dans ce périple.
Alors, approche et détache-toi de ton eau, on aura un combat d’homme à homme, de femme à femme, parce que tu n’as pas de sexe. Tu souris et je vois tes dents. Ris, tu as raison, la vengeance est un plat qui se mange froid et tu as le temps de nous voir refroidir.
Tu ne te détaches pas de ta mer, on ne se détache pas de notre sac de couchage. Alors, à demain, quand la lumière de ce dieu qui est le tien nous éclairera, je t’affronterai si dieu le veut, le nôtre cette fois. »
Jusqu’à ce que la mort ou l’exil nous sépare.
Voilà! Le texte vaut ce qu’il vaut, mais il a le mérite d’être pur, sans révision ni artifices, d’autant plus qu’il prend tout son sens aujourd’hui.
En effet, quelques mois après cette écriture automatique, je reçus un coup de fil en provenance du bled qui m’arracha de mon lit très tôt le matin, vers 10h. On m’annonça sans ménagement qu’Olga avait rendu l’âme naturellement en poussant un hurlement prolongé et plaintif avant de s’éteindre. Il est vrai qu’elle était vieille, mais son regard et son cœur s’étaient éteints depuis mon départ.
Morale de l’histoire : c’est aussi ça l’immigration, risquer de perdre des êtres chers sans pouvoir leur dire adieu. L’angle vaut sa pensée. Adieu, mon amie.
À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
OTTAWA – Les représentants francophones de chacun des principaux partis s’affronteront sur le plateau de Radio-Canada à Ottawa lors d’un grand débat coorganisé par TFO et Radio-Canada, le 19 février.
Caroline Mulroney du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Michelle Petersen du Parti vert de l’Ontario, Lucille Collard du Parti libéral de l’Ontario et France Gélinas du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario répondront aux questions des journalistes Sandra Padovani, correspondante parlementaire d’ONFR, et Sébastien St-François, chef d’antenne du Téléjournal Ontario.
Enregistré dans les studios de Radio-Canada à Ottawa le 19 février, le débat sera diffusé le jour-même en soirée à 20 h à la télévision sur ICI Télé et TFO, ainsi qu’à la radio sur ICI Première et en ligne sur TFO.org
La chaine CPAC et les radios communautaires CHOQ FM 105.1, Unique-FM (Ottawa), CINN FM 91,1 (Hearst), CKGN (Kapuskasing) et Francopresse rendront le débat disponible sur leurs plateformes respectives.
Si la ministre sortante des Affaires francophones Caroline Mulroney et la députée sortante de Nickel Belt France Gélinas avaient déjà croisé le fer lors du débat en français des dernières élections en 2022, ce sera en revanche une première pour la candidate libérale et députée sortante d’Ottawa-Vanier Lucille Collard et la candidate verte d’Orléans Michelle Petersen.
« Ce débat est une occasion essentielle de mettre en lumière les réalités des francophones de l’Ontario et de permettre à nos communautés d’entendre des discussions sur des enjeux qui les touchent directement », estime Xavier Brassard-Bédard, président-directeur général de TFO.
Zaahirah Atchia, directrice régionale de Radio-Canada en Ontario et Yvan Cloutier, directeur régional de Radio-Canada Ottawa-Gatineau saluent « un espace de dialogue où les francophones et les francophiles peuvent se reconnaître, s’informer et échanger sur les enjeux qui les concernent ».
Selon un sondage, quatre électeurs sur cinq, soit 78%, dont une majorité de l’électorat conservateur, considèrent que les élections n’ont été appelées que pour servir les intérêts du premier ministre ontarien sortant Doug Ford, sans que son parti ne baisse pourtant en popularité dans les intentions de vote.
De nouvelles données de l’Institut Angus Reid, révèlent que les Ontariens ne sont convaincus ni du moment ou de la motivation de l’élection.
Quatre Ontariens sur cinq (78 %) – dont trois sur cinq qui déclarent actuellement qu’ils soutiendront le parti de Ford – affirment que ce déclenchement d’élections a été lancé pour servir les intérêts de Doug Ford et non ceux de la province. Sept personnes sur dix (68 %) qualifient l’élection d’« inutile ».
Sondage d’opinion sur l’affirmation suivante : « Doud Ford a déclenché cette élection pour servir ses propres intérêts », présentée à l’électorat des quatre principaux partis. (Bleu foncé : Tout à fait d’accord/D’accord – Rouge : Fortement en désaccord/En désaccord – Gris : Pas certain/Ne peut pas se prononcer). Source : Angus Reid Institute
L’institut précise toutefois que la popularité du gouvernement n’aurait pas souffert si on en croit la plupart des sondages avec le Parti progressiste-conservateur (PPC) en tête des intentions de vote.
Une préférence entre autres attribuable au contexte des menaces tarifaires des États-Unis vis-à-vis duquel le parti de Doug Ford fait figure de favori quant à la gestion économique (trois Ontariens sur cinq affirment que Doug Ford a bien tenu tête à Donald Trump au cours des dernières semaines) et à l’opposition divisée qui se partage l’électorat non conservateur.
« Ni le NPD de Marit Stiles ni les libéraux de Bonnie Crombie n’ont été capables de créer un quelconque avantage clair sur les conservateurs au début de la campagne, partageant plutôt entre eux le grand nombre d’électeurs non conservateurs. »
À la question « quel serait le meilleur parti pour la pour la qualité de vie générale des Ontariens, le PPC totalise 30 % contre 25 % du NPD, et 20 % des libéraux ».
En revanche à la question opposée, « quel serait le pire (parti) pour la qualité de vie », le PPC culmine à 40 % contre 17 % des libéraux, 16 % du NPD.
Sondage d’opinion quant à la question suivante : « Lequel des partis listés ci-dessous serait le pire pour votre qualité de vie globale et celle de votre foyer s’il formait un gouvernement? » Source : Angus Reid Institute
OTTAWA – À la fin d’un processus entamé il y a trois ans, le festival de théâtre Undercurrents est maintenant complètement bilingue. L’événement d’hiver organisé par le Fringe d’Ottawa se déroule à la Cour des arts jusqu’au 15 février et les Franco-Ontariens sont bien présents dans la programmation. ONFR s’est entretenu avec le directeur artistique et exécutif, Alain Richer.
La bilinguisation du festival Undercurrents a été faite par étapes : offrir des spectacles en français, tester la réaction du public, puis offrir les services aux festivaliers dans les deux langues.
Les organisateurs ont été agréablement surpris de la réaction des habitués, explique Alain Richer. « On pensait qu’il faudrait trouver complètement un nouveau public, mais en réalité, il y a beaucoup de notre public qui venait déjà et qui va aussi assister aux spectacles en français. »
Le directeur explique qu’il a fallu faire connaître l’option, mais que les spectateurs se présentent chaque année en plus grand nombre. Pour une meilleure accessibilité linguistique, Undercurrents a ajouté des surtitres en anglais aux spectacles francophones, un incitatif qui fonctionne réellement.
La description de Daddy’s Issues précise : « Ce spectacle bilingue (français/anglais) refuse de privilégier une langue au détriment de l’autre. Il remet en question les normes de séparation linguistique et, au contraire, embrasse le chaos familier des nos oralités. » Photo : Gracieuseté de Undercurrents
« On avait aussi l’idée de faire l’inverse. Jusqu’à présent, l’intérêt du public n’est pas là. La plupart des francophones d’Ottawa sont assez bilingues qu’ils n’ont pas le désir de voir le spectacle anglophone avec des surtitres en français. »
La région d’Ottawa-Gatineau est également parfaite pour offrir des pièces qui ne se préoccupent pas de s’adresser à un public soit francophone ou anglophone.
C’est le cas de Daddy’s issues, texte de Merlin Simard mettant en vedette Xénia Gould et Sophie-Thérèse Stone-Richards. « On saute vraiment entre le français, l’anglais et le franglais. C’est quelque chose d’unique, que je n’ai pas vu sur scène jusqu’à présent », affirme Alain Richer.
Les artistes nord-ontariens à l’honneur
En sortant de Cochrane d’Alain Lauzon est une pièce chouchou d’Undercurrents, qui suit son évolution depuis trois ans. « Le spectacle a débuté avec nous en 2023, lors d’une résidence de développement, explique Alain Richer. On a été très intéressés dans la voix théâtrale qu’Alain apporte. C’est du théâtre documentaire, mais la façon dont le texte est écrit, tu ne sens pas que tu regardes un documentaire. »
Alain Lauzon, originaire de Moonbeam, raconte sa double histoire de silence familial : les tabous entourant l’accident de sa mère et son propre coming out. Il délie les langues et tente de faire la paix avec cette période de sa vie dans un récit autobiographique.
Trois pièces ont en commun d’être écrites par des artistes franco-ontariens qui s’inspirent de leur propre histoire. C’est le cas de En sortant de Cochrane, d’Alain Lauzon. Photo : Denny Alexander
Le directeur artistique et exécutif d’Undercurrents est heureux de pouvoir présenter une pièce qui prend place dans le Nord de l’Ontario, « qu’on ne voit pas assez souvent à Ottawa, même en anglais. Il y a beaucoup de projets qui nous arrivent de Toronto ou de Montréal, mais c’est rare qu’on a des artistes du Nord de l’Ontario. »
Le Nord ontarien est pourtant bien représenté cette année, avec Alain Lauzon (maintenant établi à Ottawa), Caroline Raynaud (Sudbury) et Stéphanie Morin-Robert, aujourd’hui établie à Winnipeg, mais originaire de Timmins.
Cette dernière propose à Undercurrents deux versions de son spectacle. Il est possible de voir Blind Side ou Angle mort. L’artiste multidisciplinaire avait remporté le prix Coup de cœur de Contact ontarois en 2023.
Stéphanie Morin-Robert brise de nombreux tabous dans Angle mort, où elle raconte sa vie avec un oeil de verre. Photo : Gracieuseté de Undercurrents
En 2025, c’est la Sudburoise Caroline Raynaud qui a remporté le prix Audace Réseau Ontario (le prix Coup de cœur ayant été modifié en 2024 pour offrir un prix Distinction et un prix Audace). Rencontrée par ONFR, la principale intéressée avait raconté les réactions du public.
« Il y a des personnes qui sont venues me voir et m’ont parlé de ce qui les a touchés : la vulnérabilité, la légèreté ou de parler de sujets qui ne sont pas nécessairement faciles à aborder, comme la sexualité, le rapport à son corps. (…) Je pars d’une expérience intime que j’ai transposée dans une autofiction. Là où ça marche, c’est que les gens se sentent touchés et se racontent ensuite leur propre histoire. »
Le Téton tardif avait avant cela été présenté devant public en mode laboratoire, aux Feuilles vives 2024 à Kingston et au Cabaret de la cellule d’écriture du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO), à Sudbury, qui appuie la création du spectacle.
Une dernière proposition en français sera présentée au « mardi nouveautés », une séance de lecture publique de quatre nouveaux textes, le 11 février.
Qu’en est-il du Fringe?
Le festival Fringe d’Ottawa a lui aussi entamé un processus de bilinguisation. Le site web est maintenant bilingue. Les formulaires et informations pour les artistes seront aussi complètement offerts dans les deux langues d’ici la fin de l’année.
Le Fringe 2025 sera la première édition avec une catégorie francophone. Huit spectacles seront présentés en partenariat avec La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Il a toujours été possible de proposer des spectacles en français, mais il fallait gagner à la loterie des inscriptions, que notre candidature soit pigée dans le même bassin que les autres. Cette fois, des places ont été réservées spécifiquement pour des équipes francophones.
« On a eu beaucoup plus d’intérêt qu’on pensait pour la première année. On a hâte de voir ce que ça va donner au mois de juin », se réjouit Alain Richer.
Le téton tardif est coproduit avec le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) de Sudbury. Des étapes de création ont été présentées lors du Cabaret de la cellule d’écriture du TNO, à Feuilles vives 2024 (Kingston) et à Contact ontarois 2025 (Ottawa). Photo : Joel Ducharme
Le Fringe est un concept de festival né à Édimbourg, en Écosse, et connu un peu partout dans le monde. Il présente des spectacles indépendants, parfois écrits directement pour le Fringe, et les propositions peuvent aller dans tous les sens.
Undercurrents propose des spectacles un peu plus établis, qui ont déjà été présentés à un Fringe ou lors d’un laboratoire, par exemple. Mais l’idée reste la même.
« On dit souvent (aux visiteurs du Fringe) de prendre une chance, parce que c’est accessible (…) c’est facile sur le temps et le portefeuille. C’est la même chose avec Undercurrents », qui propose une billetterie accessible, où les gens peuvent choisir de payer 10, 20 ou 50$, rappelle Alain Richer.
Environ 1200 visiteurs se rendent à Undercurrents chaque année. Le festival en est à sa 15e édition. Une exposition d’art bilingue prend également place à la Cour des arts, coordonnée cette année par Fierté dans la capitale et la Bibliothèque trans d’Ottawa.
La semaine s’annonce riche en événements culturels incontournables pour les amateurs de cinéma, de musique et d’humour francophone! Entre le MyFrenchFilmFestival, qui mettra en lumière le meilleur du cinéma francophone en ligne, et le spectacle Harry Paper de l’humoriste Jérémie Larouche, qui promet une parodie hilarante de la célèbre saga de J.K Rowling, le divertissement sera au rendez-vous. Côté musique, le groupe Moonfruits enchantera le public du MIFO, tandis que Ponteix dévoilera son nouvel album Le Canadien errant lors d’un lancement attendu au Centre national des arts. Enfin, le pianiste Louis Lortie offrira un concert magistral à la Koerner Hall, célébrant son talent et sa virtuosité.
De la comédie à la musique en passant par le cinéma, voici un tour d’horizon des événements à ne pas manquer!
Musique
Louis Lortie au piano à Koerner Hall
Le pianiste renommé connu pour son style raffiné, son intelligence musicale et sa virtuosité est à Toronto cette semaine pour faire vivre le répertoire de Maurice Ravel. Avec plus de trente ans d’expérience à son actif, Louis Lortie s’est forgé une carrière internationale en se produisant avec les plus grands orchestres, notamment le London Symphony Orchestra et l’Orchestre de Paris. Réputé pour son vaste répertoire, il excelle dans l’interprétation des œuvres de Chopin, Beethoven, Ravel et Liszt.
Ses enregistrements, en particulier son intégrale des sonates de Beethoven et ses interprétations de Ravel, sont largement salués par la critique. Installé aujourd’hui en Europe, ce québécois originaire de Montréal partage son temps entre concerts, enregistrements et enseignement.
Le pianiste Louis Lortie. Photo : Elias.Photography
Le duo musical franco-canadien formé par Alex Millaire et Kaitlin Milroy sera au Mouvement d’implication francophone d’Orléans pour une soirée folk où les deux artistes mettront de l’avant leur répertoire anglophone et francophone. Originaire d’Ottawa (MIFO), le groupe se distingue par son folk raffiné avec des harmonies vocales envoûtantes et une instrumentation délicate, Moonfruits tisse des récits poétiques qui explorent des thèmes sociaux, identitaires et imaginaires.
Leur album Ste-Quequepart (2017) propose un univers fictif où se mêlent réalité et fable, illustrant leur approche narrative unique. Engagés et authentiques, ils captivent leur public par des performances intimistes et immersives tandis que leur plus récent album Salt (2022) aborde les thèmes de responsabilité, de famille et de perte.
Alex Millaire et Kaitlin Milroy de Moonfruits. Photo : Curtis Perry.
Ottawa, le 12 février. Programmation et billets sur le site du MIFO.
Humour
Tournée nord-ontarienne du spectacle Harry Paper et la comédie en carton de Jérémie Larouche
Jérémie Larouche est un humoriste québécois connu pour son style décalé et ses spectacles inspirés de la culture geek. Son prochain spectacle, Harry Paper et la parodie en carton, est une comédie où il revisite l’univers de Harry Potter en résumant les sept livres à l’aide de marionnettes en papier. Ce spectacle, destiné à un public de 16 ans et plus, promet une approche humoristique et irrévérencieuse, pleine de références et de clins d’œil à la saga. Il sera présenté à plusieurs dates et lieux cette semaine, notamment à Hearst, Sudbury et North Bay.
La 15ème édition du MyFrenchFilmFestival se poursuit
La 15e édition du MyFrenchFilmFestival se déroule du 17 janvier au 17 février 2025. Ce festival innovant, lancé en 2010, met en avant la nouvelle génération de cinéastes francophones en proposant une sélection de films en ligne, accessibles dans le monde entier via plus de 70 plateformes sur demande (Apple TV, Google Play, YouTube, Amazon Prime Video, etc.) La programmation comprend 18 films français et 2 films belges, réalisés en partenariat avec Wallonie-Bruxelles Images.
Plusieurs prix seront décernés, notamment le Grand Prix du Jury International, doté de 15 000 €, et des récompenses attribuées par le public et des jurys spécialisés. Les courts-métrages sont disponibles gratuitement partout dans le monde, tandis que les longs-métrages sont accessibles à l’achat ou en streaming gratuit dans certaines régions.
Gracieuseté de UniFrance
MyFrenchFilmFestival en ligne du 17 janvier au 17 février. Pour découvrir la sélection complète et voter pour vos films préférés, rendez-vous sur le site officiel du MyFrenchFilmFestival.
Le groupe Fransaskois Ponteix lance son nouvel album Le canadien errant au Centre national des arts
Le groupe fransaskois Ponteix, mené par Mario Lepage, lancera son nouvel album Le Canadien errant le 6 février 2025 au Centre national des arts à Ottawa. Cet album, réalisé en collaboration avec Louis-Jean Cormier, explore la dualité entre les racines de Lepage dans les Prairies canadiennes et son héritage culturel québécois. Parmi les extraits dévoilés, Partir pour revenir, en duo avec Laurence-Anne, illustre cette tension entre départ et retour. Ce nouvel opus promet une fusion captivante de pop psychédélique, d’électronique et de rock indie, portée par des arrangements soignés et des collaborations prestigieuses.
Les années Ford n’ont pas été un long fleuve tranquille en Ontario. Des coupes du Jeudi noir à la guerre tarifaire américaine, en passant par la pandémie, retour sur sept années de remous linguistiques, sanitaires et économiques.
2018 – Le Jeudi noir de l’Ontario français
À peine élu, le premier ministre a marqué bien des esprits en annonçant, au détour d’un énoncé économique, une série de compressions budgétaires (…) Nous sommes le 15 novembre 2018 et les Franco-Ontariens apprennent avec stupeur l’abandon du projet d’Université de l’Ontario français (UOF) et l’abolition du Commissariat aux services en français.
La nouvelle suscite un tollé dans la communauté. Les appels à la résistance débouchent sur une manifestation d’une ampleur exceptionnelle le 1er décembre suivant : 14 000 Franco-Ontariens battent le pavé partout en province au nom de la défense des droits linguistiques.
L’une des manifestations franco-ontariennes à Ottawa, le 1er décembre 2018. Archives ONFR+
Après cette entrée en matière tonitruante destinée à faire des économies, le gouvernement réajustera son approche vis-à-vis des francophones en actant plusieurs progrès au cours des années suivantes, de l’ouverture de l’UOF à la modernisation de la Loi sur les services en français (LSF), en passant par l’autonomisation de l’Université de Hearst, la désignation d’une 27e région sous la LSF ou encore le réchauffement des relations avec l’Organisation internationale de la francophonie.
2019 – Le bras de fer avec les enseignants
Partout en province, les mêmes images : des cortèges multicolores déferlent dans les rues dans le froid de l’hiver 2019-2020. Les enseignants laissent échapper leur ras-le-bol d’abord par des grèves du zèle, puis dans des manifestations massives qui paralysent les écoles. Une première depuis plus de 20 ans. Les raisons de la colère : des négociations collectives qui piétinent et un plafonnement à 1% de l’augmentation des salaires, issu de la Loi 124 que les syndicats contestent devant la justice.
Les enseignants francophones entrent dans le mouvement en janvier de l’année suivante, puis durcissent le ton en février. Le premier ministre envoie au front son ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, cible quotidienne de l’opposition à Queen’s Park. Dans une entrevue à ONFR, il plaide la désescalade, là où les syndicats critiquent son passage en force.
Face à la pression populaire, il cèdera une partie du terrain et conclura en mars des ententes. La justice, elle, donnera raison aux syndicats en première instance et en appel, rendant nul le gel des salaires.
La dernière grève des enseignants franco-ontariens est survenue en 2020 tout juste avant la pandémie. Archives ONFR
2020 – Les ravages de la pandémie de COVID-19
En mars 2020, COVID-19 oblige, le gouvernement se résout à fermer les écoles et les entreprises. L’état d’urgence est décrété pour limiter la propagation du coronavirus. Comme presque partout sur la planète, l’économie s’en trouve bouleversée. Les hôpitaux aussi. Avec des services d’urgences débordés, on se dote à la hâte d’hôpitaux de campagne. Doug Ford adapte sa politique et investit des milliards de dollars dans le secteur de la santé.
Mais le pire est ailleurs. Frappés par des éclosions à répétition, les foyers de soins de longue durée côtoient la mort. Des milliers de résidents, à commencer par les plus fragiles, ne survivent pas. Le public découvre alors l’état lamentable, à la limite de la dignité humaine, de certains établissements dont on ignorait la réalité. Suffisamment dramatique pour que le fédéral y envoie l’armée.
Au total, la COVID-19 aura été responsable de près de 15 000 morts en Ontario. Une crise face à laquelle la province était mal préparée et qui placera sous le feu de la critique la ministre des Soins de longue durée de l’époque, Merilee Fullerton.
La COVID-19 a mis sous tension les hôpitaux et a fait près de 15 000 morts en Ontario. Photo : Canva
2021 – La crise des opioïdes à son paroxysme
Si la crise des opioïdes est sans fin en Ontario, on peut sans détour affirmer qu’elle a culminé en 2021 avec un tragique record de surdoses, aux environs de 2 800 décès cette année-là, dont presque 600 à Toronto. La pandémie a accentué l’isolement et les problèmes de santé mentale, un terreau fertile à la consommation de drogues de synthèse comme le fentanyl.
Pour faire face, le gouvernement met en place des programmes de distribution de Naxalone, médicament qui inverse les effets d’une surdose, et s’appuie sur des centres de consommation supervisée.
Mais trois ans plus tard, voilà que 10 des 19 existant en Ontario se voient condamnés à la fermeture, car ils sont trop proches des écoles. La vérificatrice générale conclura à un manque de planification et à une stratégie provinciale désuète.
Les surdoses liées aux opioïdes ont connu un pic en 2021. Photo : Christopher Katsarov Luna
2022 – Crise du logement : une cible difficile à tenir
Des prix de l’immobilier qui flambent, un marché locatif en extrême tension, des constructions trop timides et des vagues de rénovictions (…) Dans une période d’inflation et de grimpée des taux directeurs, les Ontariens ont été mis à rude épreuve pour se loger et boucler leurs fins de mois.
Confronté à une crise majeure, le gouvernement Ford a promis la construction de 1,5 million de logements au cours des dix prochaines années. Sa logique : augmenter l’offre pour mieux répondre à la demande et ainsi dégonfler les prix.
Cependant, le rythme ne suit pas dès le départ de l’avis des maires ruraux notamment, et le manque de contrôle des loyers est très critiqué par l’opposition. Résultat : un exode vers d’autres provinces plus abordables, malgré des tentatives d’innovation dans un secteur saturé. ONFR y consacrera une série, Au pied du Mur pour en cerner les contours et en faire émerger des solutions.
Doug Ford s’est engagé à construire 1,5 million de logements au cours des dix prochaines années. Photo : Canva
2023 – La saga de la Ceinture de verdure
Autoriser le développement immobilier sur cette immense langue de terre de 2 millions d’acres encerclant le Grand Toronto aura constitué un des gestes les plus controversés du règne de Doug Ford. L’idée de départ se défend en période de crise immobilière : permettre la construction de 50 000 logements en rognant sur 7400 acres.
Le scandale devient incontrôlable, l’opposition dénonce une affaire de corruption et Doug Ford doit faire machine arrière. Le projet est abandonné, un ministre tombe, puis un autre… La Ceinture de verdure est à nouveau protégée, mais reste à connaître les conclusions d’une ultime enquête, celle menée par la Gendarmerie royale du Canada, à la demande de la Police provinciale de l’Ontario.
La Ceinture de verdure a été au coeur d’un scandale qui a entrainé la chute de deux ministres. Photo : Canva
2025 – Crise tarifaire : à la recherche d’un mandat fort
En 2025, une nouvelle crise éclate, économique celle-là. En affirmant qu’il appliquera des tarifs douaniers sur les produits importés du Canada à hauteur de 25 %, le président américain Donald Trump réussit à liguer contre lui les premiers ministres canadiens. Sous le leadership de Doug Ford, ils dénoncent d’une seule voix l’attaque commerciale et réfutent les invitations du locataire de la Maison-Blanche voulant que leurs pays deviennent le 51e État américain.
La crise est suffisamment grave pour que le premier ministre déclenche des élections générales. Ses détracteurs dénoncent une manoeuvre politique. Lui, justifie que la réponse à Trump nécessite un mandat clair des électeurs pour protéger 500 000 emplois à risque dans la province.
Ses premières contre-attaques tombent : fini l’alcool américain dans les LCBO, fini les contrats provinciaux aux entreprises américaines et le contrat Starlink avec Elon Musk… puis sont aussitôt suspendues alors que Donald Trump accorde un sursis d’un mois au pays. Si cette parenthèse ne devait être qu’éphémère, les économistes prédisent de sombres jours pour la croissance ontarienne.
Jacques Touré, gestionnaire de programmes à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, s’explique à ONFR sur sa vision du Mois de l’histoire des Noirs.
LE CONTEXTE :
Février s’est démocratisé comme étant le Mois de l’histoire des Noirs, où la plupart des institutions publiques, écoles et entreprises ont pris l’habitude de participer à cette célébration annuelle mettant en lumière la contribution des personnes noires à l’avancement de nos sociétés.
L’ENJEU :
Cette célébration risque d‘entraîner des clichés erronés selon lesquels toutes les personnes noires sont semblables, ou encore, elle risque de devenir une obligation, dont l’essence peut être mal interprétée.
Comment peut-on combler le fossé entre le nombre de personnes qui célèbrent le Mois de l’histoire des Noirs et celui des personnes qui comprennent réellement l’histoire des Noirs?
« Il faut contextualiser. En effet, je ne critiquerais pas les Afro-Américains qui le célèbrent, car il y a des raisons historiques avérées tout à fait objectives et légitimes. Toutefois, en dehors de ce contexte, ça devient quelque chose de totalement folklorique. Il faut prendre conscience qu’on perpétue certains mythes et préjugés.
La couleur de notre peau ne définit pas une identité. Cette façon d’essentialiser les personnes de couleur noire est problématique. Nous sommes des êtres humains comme tout le monde, nous sommes des êtres à part entière et il est souhaitable qu’on soit vus comme tels.
Votre pensée qui s’appuie sur les idées de l’écrivaine française Tania de Montaigne, réfute complètement l’idée de mettre une majuscule à ‘Noir’ car elle ancre l’idée de race dans les esprits. Pourquoi?
Mettre une majuscule est la meilleure forme d’essentialisation. Quand on met une majuscule, on sous-entend que tous les noirs appartiennent à un même groupe culturel, partagent la même identité, forment une communauté. Ce qui est inexact.
Dans quelle mesure le Mois de l’histoire des Noirs peut-il résulter d’une forme insidieuse de racisme?
Les institutions qui encouragent la célébration se donnent bonne conscience, ça part d’un bon principe. Mais c’est la réalité qui ne suit pas, car les éléments sont faussés et lorsque les éléments sont faussés, peu importe votre bonne volonté, le résultat final est factice. Célébrer des personnes pendant 28 jours pour les invisibiliser ensuite est une forme insidieuse de racisme. Or, la lutte contre le racisme devrait être permanente et pas seulement limitée dans le temps.
Comment sortir de l’exclusivité du mois de février?
Par des débats, des discussions, par des conscientisations. Car l’analyse qui montre des aspects subtils de la chose n’est pas forcément évidente pour tout le monde. Tout le monde ne perçoit pas cela de la même manière. Il s’agit d’expliquer que malgré l’initiative à priori bienveillante de cette célébration, in fine, cela conduit à une forme d’essentialisation qui nourrit les préjugés. Il faut se poser les vraies questions. Qu’est-ce qu’on célèbre? Qui est-ce que l’on célèbre? Les Noirs, oui, mais lesquels?
Dans un monde meilleur, quel serait l’objectif du Mois de l’histoire des Noirs?
La terminologie du Mois de l’histoire des Noirs est elle-même problématique. Elle met en avant la couleur de peau, qui pour moi ne devrait pas être un motif particulier de fierté. Au lieu d’un Mois de l’histoire des Noirs, je verrais plutôt un Mois de la diversité culturelle. Être aussi critique sur ces thématiques est nécessaire pour atténuer les clichés sur les personnes noires, et cela ne peut venir que de nous. »
Quels sont les enjeux politiques des élections ontariennes? Quelles sont les attentes des francophones? Doug Ford sera-t-il reconduit pour un troisième mandat? Où ses adversaires trouveront-ils la faille dans une campagne déclenchée plus tôt que prévu et aux contours incertains? Dans ONvote, le balado, ONFR épluche chaque semaine les programmes, décrypte la communication politique et vous faire vivre les sursauts de campagne.
Dans ce premier épisode, on revient sur comment tout a commencé et qui sont les protagonistes de ce scrutin provincial avec la politologue Stéphanie Chouinard, professeure de science politique au Collège militaire royal de Kingston.
OTTAWA — Le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, qui devait quitter son poste d’ici quelques jours, restera finalement en poste jusqu’à la fin du mois de juillet.
Le Bureau du conseil privé devait en principe lui trouver un remplaçant pour une entrée en poste au début du mois de février, mais son mandat a été prolongé de façon intérimaire jusqu’au 28 juillet, a indiqué le Commissariat aux langues officielles.
Nommé en 2018, Raymond Théberge devait théoriquement faire un mandat de sept ans, comme il est prévu pour n’importe quelle personne occupant ce poste, mais il a accepté de rester jusqu’à la nomination de son successeur.
Le commissaire aux langues officielles est nommé par le premier ministre sur recommandation d’un comité du Bureau du Conseil privé. Ensuite, le choix doit être approuvé par un comité parlementaire, ainsi que par le Sénat et la Chambre des communes.
Or en annonçant sa démission, Justin Trudeau a prorogé le Parlement jusqu’au 24 mars, pour laisser le temps au Parti libéral d’organiser une course à la chefferie, qui se conclura avec l’élection d’un candidat le 9 mars. Cela signifie qu’aucun comité parlementaire ne pourra approuver la nomination d’un nouveau candidat d’ici le 24 mars, comme le prescrit la Loi sur les langues officielles.
De plus, les partis de l’opposition ont tous menacé de renverser le gouvernement lors d’un vote de confiance, ce qui amènerait le pays en élection générale quelques jours après le retour des activités parlementaires.
Selon la Loi sur les langues officielles, en cas d’empêchement ou de vacance du poste, l’intérim peut être confié « à toute personne compétente, pour un mandat maximal de six mois ».
« Le processus demeure en cours, et M. Théberge a été nommé commissaire aux langues officielles du Canada par intérim par la Gouverneure générale en conseil… pour un mandat de six mois, ou jusqu’à ce qu’un nouveau commissaire soit nommé, selon la première de ces éventualités. Un nouveau commissaire sera nommé en temps opportun », a indiqué, dans une déclaration, un porte-parole du Bureau du Conseil privé.
Avant l’arrivée de l’ancien recteur de l’Université Moncton en 2018, Ghislaine Saikaley avait été commissaire par intérim entre 2016 et 2018.
À un jour de l’entrée en application des tarifs de 25%, le premier ministre canadien Justin Trudeau annonce une suspension de la menace douanière pour au moins 30 jours, permettant plus de temps de négociation entre les deux pays. Le premier ministre ontarien Doug Ford n’a pas tardé à annoncer que toute représaille économique était pour l’instant suspendue.
Dans un tweet en fin d’après-midi, le premier ministre Justin Trudeau annonce qu’après avoir eu « un bon coup de fil » avec le président américain Donald Trump, il en résulterait une période de sursis d’au moins 30 jours quant à l’application des tarifs douaniers.
Parmi les nouveaux engagements du Canada : ajouter les cartels mexicains à la liste des terroristes, surveiller la frontière 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et lancer une force de frappe conjointe canado-américaine pour lutter contre le crime organisé, le fentanyl et le blanchiment d’argent. Cela inclut notamment la nomination d’un Tsar responsable de la question du fentanyl.
Je viens d’avoir un appel productif avec le Président Trump. Le Canada met en œuvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars — on renforce la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies, plus de personnel, une coordination accrue avec nos…
Cela s’ajoute à l’investissement annoncé dans les derniers mois du Canada de 1,3 milliard de dollars pour renforcer la frontière : nouveaux hélicoptères, nouvelles technologies déployées et quelque 10 000 agents frontaliers mobilisés.
Aussitôt dit, aussitôt fait, le partenariat est de nouveau dans les cartes.
Doug Ford a ainsi déclaré : « Nous avons de bonnes nouvelles aujourd’hui. Nous avons temporairement évité des tarifs douaniers qui auraient gravement nui à notre économie, laissant ainsi le temps de poursuivre les négociations et le temps de garder la tête froide pour l’emporter. »
« L’Ontario suspendra également ses mesures de rétorsion. Si le président Trump impose des tarifs douaniers, nous n’hésiterons pas à retirer les produits américains des étagères de la LCBO ou à interdire aux entreprises américaines de s’approvisionner auprès des provinces. »
« Ne vous y trompez pas, le Canada et l’Ontario continuent de faire face à la menace des tarifs douaniers », prévient-il tout de même.
« Le président Trump continuera d’utiliser la menace de droits de douane pour obtenir ce qu’il veut. Nous en ressentons déjà l’impact. Tant que nos relations commerciales avec notre plus grand partenaire commercial resteront en suspens, nous continuerons de voir de nombreux projets potentiels gelés et des projets déjà en cours menacés. »
Celui-ci a réitéré le besoin du Canada et des États-Unis de rester unis dans « la véritable guerre commerciale que nous menons avec la Chine ».
OTTAWA – Le projet d’écriture Nuits claires, qui met en valeur des auteurs de tout le pays, en est à la dernière étape ontarienne de son parcours. C’est Louis-Philippe Roy qui a été choisi par La Nouvelle Scène Gilles Desjardins afin de relever le défi du mois de février. ONFR s’est entretenu avec lui et Sylvain Lavoie, stratège communication du Théâtre français du Centre national des arts (CNA), juste avant qu’il reçoive les instructions qui orienteraient sa démarche.
Nuits claires est une idée de Mani Soleymanlou, directeur artistique du Théâtre français du CNA, et de Corey Haas, directeur artistique et général du Théâtre la Seizième de Vancouver. Ils ont sélectionné douze compagnies de théâtre à travers le Canada. Chaque compagnie a choisi un auteur ou une autrice. Chaque mois, l’auteur sélectionné doit produire un texte d’une dizaine de minutes, s’appuyant sur des « consignes-contraintes ludiques », dont la nature est jalousement gardée.
Ce sont les artistes Danielle Le Saux-Farmer et Gabriel Plante qui transmettent les consignes à chaque nouvelle page de calendrier. Ils coordonneront aussi le rendu final, une présentation qui aura lieu les 12 et 13 septembre à Ottawa, pendant les prochaines Zones théâtrales.
Réfléchir à la nuit
Le thème principal est la nuit. Les auteurs sont d’ailleurs invités à écrire la nuit pour réfléchir à leur rapport avec elle. Ce rapport diffère selon les situations de vie, les provinces ou territoires et le moment de l’année.
Louis-Philippe Roy écrira pendant le mois le plus court, mais aussi celui où l’on commence à voir les journées s’allonger. L’autrice Geneviève Doyon a écrit au mois d’août à Whitehorse, où les heures d’ensoleillement varient énormément (de 14 h à 17 h d’ensoleillement par jour en août, mais moins de 6 h au milieu de l’hiver). La mère de famille du Yukon et l’oiseau de nuit insomniaque de Toronto (Carolyn Fe, qui vient de terminer l’étape de janvier) n’ont probablement pas les mêmes inspirations quand elles réfléchissent au grand thème de la nuit.
Louis-Philippe Roy est l’auteur désigné par La Nouvelle Scène Gilles Desjardins d’Ottawa. Photo : Gracieuseté du Théâtre français du CNA.
L’idée est aussi que « les gens de la francophonie ne parlent pas tant de l’angle d’identité, mais parlent d’autre chose », explique Sylvain Lavoie.
Et selon lui, le public trouvera aussi son compte. « Tout le monde vit la nuit, ou essaie de l’éviter, ou la subit, peu importe. »
« Bien qu’on demande notre parole, que chacun est choisi pour sa personnalité, je pense qu’au final, l’œuvre veut avoir une portée plus large que notre expérience personnelle », renchérit Louis-Philippe Roy.
L’auteur de février estime que « la nuit, il y a quelque chose qui est interdit. Ou alors, tous les interdits sont possibles. On a moins de retenue ».
Représenter le Canada
Après ER Simbagoye à Sudbury et Carolyn Fe à Toronto, Louis-Philippe Roy est le troisième auteur à représenter l’Ontario, étant rattaché à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins d’Ottawa. Pour celui qui habite de l’autre côté de la rivière des Outaouais, à Gatineau, il est important de refléter la réalité de cette région à cheval entre deux provinces.
« Il y a pour moi une responsabilité. Je trouve que notre milieu fourmille d’artistes, d’auteurs, de créateurs. De faire partie de la sélection, il y a un mandat de rendre justice à l’effervescence des plumes qu’il y a ici, à Ottawa et Gatineau. »
ER Simbagoye est l’artiste qui a représenté Sudbury et le Théâtre du Nouvel-Ontario en décembre. Photo : Gracieuseté du Théâtre français du CNA
Nuits claires suivra ensuite son cours au Québec (Montréal et Québec) et au Nouveau-Brunswick (Moncton et Caraquet). Les écrits seront ensuite assemblés pour être présentés aux zones théâtrales. « Les gens d’ici vont être doublement représentés, car on va travailler avec des gens de la région pour ce rendu théâtral », affirme Sylvain Lavoie.
Beaucoup de mystère
Les douze auteurs, dont l’identité est dévoilée mois après mois, se sont rencontrés virtuellement une seule fois, au début du projet. Ils se transmettent quelques notes dans un cahier Canada, envoyé à l’auteur suivant avec plus ou moins de fluidité, selon l’état des postes. Ce cahier joue un peu le rôle de témoin, comme lors d’une course à relais.
Mais à part cet élément, les auteurs n’ont pas accès à ce qui a été écrit dans les étapes précédentes. « Je pense que ça fait partie du concept et de l’excitation liée à ce processus-là, affirme Louis-Philippe Roy avec enthousiasme. D’unifier un thème, mais de travailler chacun dans son silo, et de ne pas se parler, je trouve ça vraiment stimulant et intrigant. »
Geneviève Doyon était l’autrice du mois d’août, choisie par le théâtre bilingue, l’Open Pit theatre. Photo : Gracieuseté du Théâtre français du CNA
Sylvain Lavoie explique la raison derrière ce mystère entre les auteurs. « L’Ouest commençait en juillet avec rien. On imaginait mal la dernière personne, en juin, recevoir (tous les textes). C’est à la fois riche et en même temps, c’est un poids immense. »
Le processus est également un brin déstabilisant pour des auteurs habitués aux créations collectives, et habitués à réfléchir au rendu final d’une pièce lors de l’écriture. Ici, le but est vraiment de laisser la liberté à l’auteur.
« C’est rare que les auteurs soient mis de l’avant d’abord et avant tout dans le processus, explique l’artiste de février. Je pense qu’ils veulent vraiment nous envelopper dans un cocon pour mettre toutes les chances de notre côté. »
Au moment de commencer son étape, Louis-Philippe Roy est fébrile. « C’est un projet vertigineux, ambitieux. Mais pour les auteurs et autrices, je trouve que ça apporte un côté complètement surprenant de ne pas savoir ce qu’ils vont construire (avec ça). Gabriel et Danielle ne tentent pas de nous obliger dans une forme théâtrale (…) La balle est dans leur camp. »
TORONTO – Après l’annonce d’un accord d’une pause d’au moins 30 jours sur les tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis, le premier ministre ontarien, Doug Ford, a remis sur les rails le contrat qui lie la province à la société d’Elon Musk, Starlink et l’interdiction de conclure des contrats provinciaux avec les entreprises américaines.
« L’Ontario ne fera pas affaire avec des gens déterminés à détruire notre économie, avait lancé Doug Ford ce lundi sur le réseau social X. Le Canada n’a pas commencé ce combat avec les États-Unis, mais vous pouvez être sûr que nous sommes prêts à le gagner. »
Quelques heures plus tard, Donald Trump et Justin Trudeau annonçaient avoir obtenu une période de sursis d’au moins 30 jours quant à l’application des tarifs douaniers de 25% sur les marchandises canadiennes en direction des États-Unis.
Face à la nouvelle, Doug Ford avait indiqué que l’Ontario « suspendait également ses mesures de rétorsion ».
« Si le président Trump impose des tarifs douaniers, nous n’hésiterons pas à retirer les produits américains des étagères de la LCBO ou à interdire aux entreprises américaines de s’approvisionner auprès des provinces »,a-t-il toutefois prévenu dans un message sur X.
Le premier ministre voulait ainsi mettre fin à un contrat de 100 millions de dollars signé en novembre dernier et qui devait donner accès à Internet par satellite à 15 000 foyers et entreprises dans les communautés rurales, éloignées et du Nord, d’ici à juin prochain.
Ces mesures provinciales s’inscrivaient dans une riposte plus globale à l’échelle du Canada. Le gouvernement fédéral avait déjà commencé à planifier une première série de droits de douane de 30 milliards de dollars sur des produits américains effective puis une deuxième à hauteur de 125 milliards de dollars.
« Je suis heureuse que ce contrat ridicule soit annulé, avait réagi la cheffe libérale Bonnie Crombie sur le réseau social X. Les libéraux de l’Ontario réclament cette annulation depuis des semaines. Mais en ce moment, l’Ontario mérite un dirigeant qui n’aurait jamais envisagé de faire une telle chose. »
En déplacement à Oshawa, la cheffe du NPD Marit Stiles approuvait aussi cette décision. « En tant que consommateurs, nous avons le pouvoir d’envoyer un message très fort », avait-elle d’ailleurs dit en référence à la riposte canadienne vis-à-vis des tarifs américains. Et de nuancer : « On ne peut pas faire confiance à Doug, car il a conclu de mauvais accords ».
Elon Musk s’était montré moins locace, sur son réseau X : « Oh well… », avait réagi le milliardaire à l’annonce de Doug Ford.
ONFR vous présente trois candidats de chaque grand parti en course dans les élections provinciales et capables de s’exprimer en français et ayant une connaissance des enjeux franco-ontariens. Une liste non exhaustive.
Chez les progressistes-conservateurs, hormis les ministres Caroline Mulroney (Affaires francophones) et Natalia Kusendova (Soins de longue durée), qui se représentent dans York-Simcoe et Mississauga-Centre, notons le retour de Stéphane Sarrazin.
Le député sortant de Glengarry-Prescott-Russell entend enchainer sur un deuxième mandat après celui de 2022 et sa victoire sur la libérale Amanda Simard.
Depuis son arrivée à Queen’s Park, il a porté l’attention du gouvernement sur les enjeux de l’Est ontarien, occupant successivement les postes d’adjoint parlementaire aux ministres de l’Énergie, des Affaires francophones et des Petites Entreprises.
Son principal adversaire politique sera le libéral Trevor Stewart. Diplômé en études des conflits et des droits de l’homme à l’Université d’Ottawa, ce natif de Hammond s’est engagé très tôt en politique, militant notamment contre les coupes du Jeudi noir de l’Ontario français en 2018.
Conseiller municipal à Clarence-Rockland, il défend depuis 2022 les intérêts des résidents de Hammond et Cheney. Son objectif dans ce scrutin provincial : ramener la circonscription de Glengarry-Prescott-Russell dans le giron libéral.
Restons dans l’Est ontarien avec Christian Proulx, le candidat vert dans la circonscription d’Ottawa-Vanier. Candidat malheureux aux élections fédérales de 2021 et provinciales de 2022 dans cette même circonscription, il voudrait renverser la tendance mais la tâche s’annonce ardue dans ce bastion libéral depuis plus de 50 ans.
Ce surveillant de construction expérimenté est « reconnu pour ses compétences relationnelles terre-à-terre et pour sa collaboration efficace », vante son parti, le décrivant comme une personne en mode solution.
Des solutions avec lesquelles il devra convaincre face à la sortante libérale Lucille Collard qui sollicite un troisième mandat auprès des électeurs.
Élue à Queen’s Park en 2020 à la faveur d’une élection partielle, cette diplômée en droit à l’Université d’Ottawa s’intéresse de près aux questions d’éducation et de traite des personnes. Elle était, avant la dissolution, porte-parole de son parti sur les dossiers liés à la francophonie et la justice.
Outre M. Proulx, elle sera opposée à la progressiste-conservatrice Marilissa Gosselin. Directrice des communications du bureau de la ministre des Affaires francophones avant la dissolution, cette experte-comptable de formation avait tenté sa chance aux élections de 2011 dans une autre circonscription : Glengarry-Prescott-Russell. Sans succès.
Après les coupes de 2018, le premier ministre Doug Ford en avait fait sa conseillère politique principale aux Affaires francophones. Elle est originaire de Hearst et vit depuis de nombreuses années dans l’Est ontarien.
Ajoutons, pour conclure dans l’Est, la candidature de Michelle Petersen, du Parti vert, dans un autre bastion libéral : Orléans, tenu par Stephen Blais qui s’y représente. Durant plus de 20 ans, cette psychothérapeute a œuvré au sein des services sociaux et communautaires, particulièrement dans le domaine de la violence basée sur le genre.
Celle qui est actuellement présidente de l’Association communautaire du Grand Avalon a échoué par deux fois à se faire élire en 2022 au provincial et en 2019 au fédéral.
Visages du Nord
Cap sur le Nord à présent où le candidat néo-démocrate Guy Bourgouin convoite un troisième mandat dans Mushkegowuk-Baie James, vaste circonscription du Nord-Est à 60 % francophone.
Porte-parole aux Affaires francophones au sein du Nouveau Parti démocratique (NPD), avant la dissolution, l’élu est régulièrement monté aux barricades en chambre pour attirer l’attention sur des problématiques franco-ontariennes, dont celle du postsecondaire dans le Moyen-Nord.
Face à lui : David Plourde, maire de Kapuskasing. Cet entrepreneur du Nord préside dans sa ville la Corporation de développement économique, la Commission de l’énergie et la Commission des services policiers.
Il tente le saut au provincial, après de longues années de service à l’échelon municipal. Avant d’être élu maire en 2018, il a été conseiller municipal durant 24 ans.
Toujours dans le Nord et pour le NPD, France Gélinas fait figure de favorite dans Nickel Belt, bastion néo-démocrate depuis 1971 où vivent près de 40 % de francophones.
En quête d’un sixième mandat, cette ténor de l’opposition officielle a été, tour à tour, porte-parole de la Santé, des Affaires francophones et des Affaires autochtones, ainsi que whip en chef de l’opposition. Très vocale au sein de l’opposition, elle a mené de nombreux combats sur la santé et la francophonie du Nord.
Du côté de Timiskaming-Cochrane, le candidat vert Kris Rivard replonge dans l’arène électorale face au sortant néo-démocrate John Vanthof. Malgré deux défaites en 2018 (Nipissing) et 2022 (Timiskaming-Cochrane), ce conseiller municipal de Nippising Ouest ne jette pas les armes.
Diplomé de l’Université Laurentienne, il est inspecteur du système d’égouts pour l’Office de protection de la nature de North Bay-Mattawa.
Il faudra également garder un oeil sur la course dans Timmins où se présente Corey Lepage. Diplômé de l’Université de Hearst avec un diplôme en administration des affaires, il travaille comme conseiller financier à la Caisse Alliance, une coopérative de crédit francophone dédiée au soutien des communautés du Nord de l’Ontario. Le néo-démocrate sera en concurrence contre l’actuel représentant progressiste-conservateur à Queen’s Park, George Pirie.
Soulignons enfin la candidature du député sortant Michael Mantha dans Algoma-Manitoulin. L’ex-néo-démocrate devenu indépendant se représente sans étiquette.
Il avait été expulsé de son caucus à la suite d’allégations d’inconduite en milieu de travail, ce qu’avait confirmé une enquête indépendante. Il brigue un cinquième mandat.
On quitte le Nord pour terminer ce tour d’horizon à Toronto où Julie Lutete affrontera, pour les libéraux, comme en 2022, le premier ministre sortant Doug Ford, dans son fief d’Etobicoke-Nord.
Nous avions suivi la candidate dans son porte-à-porte lors des dernières élections, au cœur d’une circonscription acquise au premier ministre sortant. La présidente de la Coalition des Noirs francophones de l’Ontario retourne à l’assaut d’une forteresse qui semble cette toujours autant imprenable.
Les produits en provenance des États-Unis seront retirés des tablettes de la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) dès mardi, a ordonné le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.
« Chaque année, la LCBO vend pour près d’un milliard de dollars de vins, de bières, de spiritueux et d’eau pétillante américaine. Plus maintenant », a-t-il annoncé dans un communiqué.
Doug Ford en a fait l’annonce dimanche matin à la suite de la signature de décrets de Donald Trump la veille qui imposera des tarifs douaniers de 25% sur les produits canadiens exportés aux États-Unis dès le 4 février. Le secteur énergétique canadien sera frappé, de son côté, par des droits de douane de 10 %.
La LCBO « retirera également les produits américains de son catalogue afin que les autres restaurants et détaillants de l’Ontario ne puissent pas commander ou se réapprovisionner des produits américains », précise Doug Ford qui encourage les gens à se tourner vers les produits ontariens et canadiens.
Il faisait écho aux propos de Justin Trudeau hier qui, quelques heures après l’annonce de la Maison-Blanche, a encouragé les Canadiens à acheter au pays.
« Il est temps de choisir des produits canadiens, de soutenir les entreprises canadiennes, de soutenir nos agriculteurs, nos producteurs, nos travailleurs, nos entrepreneurs, nos artistes », a affirmé Justin Trudeau.
Le Canada répliquera aussi de son côté avec des contre-tarifs de 25% sur 155 milliards de dollars de produits américains. Ces tarifs commenceront pour 30 milliards de dollars dès le 4 février alors que le restant sera en place 21 jours plus tard.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.
[CHRONIQUE]
Mon enfant, ton enfance est loin de ressembler à la mienne et par le fait même tous les jours je repère les différences qui construisent petit à petit notre chemin de vie.
J’ai eu le temps d’être innocente et curieuse, de jouer dehors avec des billes et de faire de la corde à sauter, me chamailler avec mes copines d’école à la cour de récré et me réfugier à la bibliothèque toutes les fins de semaine. Tu n’es encore qu’un bébé et déjà je suis préoccupée par ce qui catégorise ton temps : tes parents et toi êtes exposés aux écrans, il se passe des choses horribles dans le monde, la politique internationale devient un terrain de jeu miné indéchiffrable, le Canada entre dans des élections incertaines.
Lorsque j’étais enfant, on fumait encore dans les maisons et les lieux publics. Je me souviens, lorsque ma mère recevait ses copines, ça faisait du café fort et ça parlait en lançant des rires aux éclats et en tirant sur des clopes en y laissant des traces de rouge à lèvres bon marché (ma mère n’a jamais fumé, mais certaines de ses copines, si). Je regardais ces dames tirer sur un truc qui pue et ingurgiter un liquide noir. On me disait que « lorsque je serai grande, je pourrais boire du café ». Là j’en bois, et je comprends le phénomène de catharsis qu’est d’ingurgiter quelque chose d’amer et de réconfortant, afin de balancer avec la réalité dehors.
Mon enfant, j’aimerais tellement te transmettre tout ce qui a caractérisé ma jeunesse à Tunis, là en fermant les yeux une rafale de choses me revienne et pourtant aucun mot ne peut définir avec acuité l’effervescence des sons, des odeurs et la symbolique des odeurs qui demeurent dans ma conscience depuis des décennies. Toi, qu’auras-tu en tête une fois devenue sage, mature et réfléchie? Qu’est-ce qui va t’animer, t’habiter, te motiver, te distraire, te faire peur?
Mon enfant, je te souhaite de ne jamais trembler sous l’emprise du négatif, que personne ne touche à ton aura et à ta chaleur de cœur, qu’aucun être ne te fasse trembler sous l’effet de la peur, que tu te sentes libre d’être et d’agir. Je te souhaite de porter l’étendard de tes cultures et de tes ancêtres avec fierté. Tu es africaine, mon enfant, africaine et arabe et berbère et dans ton sang les peuples scandent la justice et la révolution. Tu es algérienne, camerounaise, gabonaise (Nord-Africaine, Maghrébine puis Française et Canadienne de nationalités et de résidence.
Va comprendre et creuser l’ambiguïté et la richesse de tes identités intersectionnelles, nourris-toi du bagage de tes ancêtres et tes parents et sois telle que tu es face aux autres. Sois une chanson, un moment, un battement de cœur, une révolte, une inspiration. Sois un silence, un murmure, une accolade, une exclamation. Laisse la vie t’acclamer de par ses profondeurs et fais d’elle ton roman que tu rédiges au quotidien.
Mon enfant, tous les jours à travers tes yeux, je rebâtis ma compréhension du monde et je m’abreuve de ton innocence afin de revoir la vie sous un autre angle. Je me redécouvre, petit à petit, à travers les pierres que tu retournes dans mon esprit par tes questionnements. Qui l’aurait cru qu’en 2025 on en serait là? Après le COVID-19, après les mouvements sociaux, après les scandales politiques, après les hostilités entre les pays, après la dégringolade du pouvoir d’achat, nous sommes devenus muets.
Nous nous faisons à l’ère du temps et ce qui se passe est tellement gros que rien que le quotidien nous incombe. Je me souviens que, plus jeunes, nous avions une verve, nous étions plus présents, plus militants. Là, on dirait qu’on s’est adouci, est-ce la rigueur des circonstances qui nous rend mous? Sommes-nous généralement blasées? Où avons-nous seulement compris que l’ampleur de nos revendications n’équivaut pas aux changements obtenus?
Je nous souhaite cette verve, à toi et à moi, mon enfant. À nous toutes et tous, je nous souhaite d’être moins dans la constatation et plus dans l’affirmation. À travers la petite flamme de plusieurs centaines de bougies, nous pouvons éclairer les tunnels qu’il nous reste à déterrer. Sache que j’y crois. Sache que je crois en toi. Sachez que je crois encore dans le pouvoir du nous.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
Arnaud Claude est le directeur général des Compagnons des francs loisirs, organisme culturel et communautaire de North Bay.
LE CONTEXTE :
« Le Carnaval des Compagnons, à North Bay est né en 1963, organisé par un groupe de francophones inspirés par le Carnaval de Québec. Il serait le deuxième plus ancien carnaval au Canada, selon ses organisateurs.
L’ENJEU :
Le 62e Carnaval des Compagnons se tiendra du 2 au 8 février, avec quelques activités organisées par des partenaires en amont. L’ouverture officielle aura lieu ce dimanche à Lee Park.
Comment résumeriez-vous l’événement pour quelqu’un qui ne connaît pas le Carnaval des Compagnons?
C’est la célébration de ce que la culture francophone a de meilleur, par et pour toute la communauté.
C’est d’autant plus important dans nos régions minoritaires. Voir et savoir que la culture se porte bien, que chacun peut ajouter sa petite pierre à l’édifice, c’est vraiment important. C’est pour ça qu’on met en avant des artistes locaux, régionaux, et des artistes qui ont une aura plus large.
Tout ça avec l’objectif de faire découvrir notre culture à notre grande communauté, et j’inclus les anglophones. On est là pour rehausser le tissu social et culturel.
Le thème de cette année est Mille raisons pour célébrer. Quelles sont ces raisons?
Ce sont celles que vous voulez. Ce peut être quelque chose d’aussi banal que la température. On fait des carnavals d’hiver parce qu’on est conscients que l’hiver est un temps qui nous éloigne les uns des autres. C’est plus difficile d’aller rencontrer les gens quand il fait -30 que quand il fait 30 degrés Celsius.
Ça peut être aussi simple que ça : une bonne raison de se retrouver, autour d’un café, dehors, pour partager un moment convivial.
Quels sont les éléments récurrents que les carnavaliers attendent?
Le carnaval a beaucoup évolué au fil des années.
On a une journée en extérieur et une exposition d’art francophone avec des artistes de la région, par exemple
On essaie de plus en plus de refléter les cinq formes d’art, dans le principe du carnaval. On a ajouté plein de nouvelles composantes.
Le Carnaval des Compagnons veut donner aux gens de North Bay des raisons de célébrer l’hiver. Photo : Gracieuseté des Compagnons des francs loisirs.
Maintenant, on a une ouverture officielle, qui est aussi une journée en extérieur. On essaie de faire de gros spectacles avec des piliers culturels, comme France D’Amour, cette année. On a aussi beaucoup travaillé sur l’aspect économique, pour faire connaître nos entrepreneurs.
On veut aussi donner beaucoup de place à la communauté. N’importe quel partenaire peut faire un événement pendant le carnaval.
Notre Bonhomme Carnaval fait des visites dans les communautés francophones environnantes. L’an dernier, il s’est déplacé dans 114 différents lieux pour aller dire bonjour, que ce soit dans les garderies, les résidences de personnes âgées ou les bureaux de politiciens, par exemple.
Parlez-moi du dévoilement de Bonhomme Carnaval…
Chaque année, un comité du conseil d’administration des Compagnons sélectionne un membre de la communauté qui s’est distingué dans sa carrière professionnelle ou communautaire. C’est une entreprise secrète. Il n’y a qu’une poignée de personnes qui est au courant de qui est bonhomme. Et à la fin du carnaval, lors de la journée Boréal (en partenariat avec le Collège Boréal), on dévoile le bonhomme de l’année.
Comment la communauté se mobilise-t-elle autour du carnaval?
Il y a une attente, une fébrilité autour du carnaval. À North Bay, on a une communauté assez formidable.
Pour la première fois cette année, on a des appels de gens qui veulent faire du bénévolat, et on ne sait pas quoi leur faire faire. Ça n’est jamais arrivé avant!
Le directeur général des Compagnons des francs loisirs, Arnaud Claude, lors de Contact ontarois 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR
On va bien. Les gens veulent s’impliquer. Je suis tellement reconnaissant pour ça.
On a construit une équipe absolument incroyable qui est là pour la deuxième année. Les rôles sont mieux définis et on a plus de mains. Forcément, la qualité de l’événement s’en ressent.
Quelles sont les ambitions du Carnaval des Compagnons à plus long terme?
On veut continuer à faire en sorte que notre communauté locale s’attribue le carnaval. À plus long terme, évidemment, si on pouvait avoir une aura similaire à celui de Québec… Pour le moment, asseoir nos acquis, travailler pour que notre carnaval se professionnalise.
À North Bay, on a l’immense chance d’être situés à côté d’un lac connu internationalement pour sa qualité de pêche, le lac Nippissing. On fait un carnaval d’hiver et on est à côté d’un lac incroyable… évidemment, je ne peux pas le promettre. Mais il se pourrait que dans les prochaines années, on ajoute de la pêche blanche ou des sports d’hiver.
À Contact ontarois, les Compagnons des francs loisirs ont gagné le prix Alliance Rideau. En quoi ça consiste?
On est en train de travailler à amener notre directrice adjointe au culturel à l’événement Rideau à Québec, qui se tiendra du 16 au 20 février. Pour nous, c’est une autre opportunité de découvrir plus d’artistes, plus d’univers qu’on peut ramener chez nous et proposer à notre communauté. »
Pierre Grall-Johnson est un skieur de fond franco-ontarien, originaire d’Ottawa. Membre du club Nakkertok Nordic, il a représenté le Canada en Coupe du monde et s’est illustré aux Championnats du monde U23 en 2021.
LE CONTEXTE
Pour la première année de sa jeune carrière, l’Ottavien est en compétition sur le circuit de la Coupe du Monde avec l’équipe canadienne.
L’ENJEU
Pour son premier entretien avec ONFR, l’athlète franco-ontarien âgé de 25 ans revient sur sa passion et les particularités de sa discipline. Il fait également le point sur sa saison et ses objectifs pour l’avenir à court et moyen terme.
« Pouvez-vous nous parler des spécificités de votre discipline?
Le ski de fond, c’est de la course d’endurance. Les catégories de sprint, ce sont les plus courtes. C’est une distance entre 1,3 et 1,5 kilomètres pour un temps entre 2 minutes 45 et 3 minutes 30, dans ces environs.
Ensuite, ça va de 10 kilomètres à 50 kilomètres. Entre, il y a des 20 kilomètres et des 30 kilomètres. Moi, je suis dans le sprint. C’est là que j’ai eu mes résultats internationaux.
Comment vous est venue cette passion pour ce sport-là et depuis quand?
C’est assez simple. Mes parents m’ont mis sur des skis à deux ou trois ans, à Nakkertok. J’ai fait tout le programme Learn to Ski jusqu’au programme compétitif. Je crois que pour moi, l’amour du sport, c’était avec les coéquipiers que je l’ai eu. J’avais un très bon groupe. On était 12 gars de mon âge.
On a tous grandi ensemble. C’était super sympa. On aimait aller à l’entraînement, on aimait skier ensemble le dimanche ou le samedi. C’est un peu pour ça que je skie encore. C’est grâce aux coéquipiers que j’avais au secondaire, entre l’âge de 10 ans et 17 ans. C’est un peu comme ça que mon amour du sport s’est développé.
Pierre Grall-Johnson a grandi à Ottawa mais il fait partie du club québécois Nakkertok Nordic. Photo : Nordic Focus
Comment êtes-vous passé de l’amour du sport à l’amour de la compétition?
L’amour de la compétition, ça doit être depuis que je suis né, mais c’est autour de mes 12-13 ans que j’ai commencé. C’étaient mes premières années sur le circuit provincial en Ontario.
J’ai commencé à gagner des médailles, à gagner quelques courses. J’étais parmi les meilleurs en Ontario.
Ensuite, pour mes premières courses aux championnats nationaux, j’ai bien fait.
J’ai continué à m’améliorer dans le circuit national aussi. Je crois que j’étais motivé par le fait que je gagnais des médailles, des podiums provinciaux, nationaux. Ensuite, je suis passé aux courses internationales. C’était un peu cette progression-là.
Comment se passe votre saison jusque-là?
Cette année, c’est la première fois que je commence la saison en Coupe du Monde. C’était un objectif réussi de l’année dernière. J’ai commencé en P1 à Ruka en Finlande. Pour le reste de la P1, on était en Norvège et ensuite en Suisse à Davos. Les résultats ont été corrects, je ne me sentais pas exceptionnel. Ce n’était pas les résultats que je cherchais.
J’avais un peu de fatigue après un bon bloc d’entraînement, mais les résultats que j’ai eus étaient positifs, dans le sens où j’étais compétitif avec les gens autour de moi, avec les résultats canadiens. Ensuite, je suis retourné au Canada pour les vacances de Noël. Je suis tombé malade, du coup je n’ai pas pu participer aux sélections canadiennes qui étaient à Thunder Bay début janvier.
J’ai eu de la chance ensuite de me faire sélectionner discrétionnairement pour ce voyage, comme je n’ai pas pu faire des compétitions de sélection. On verra comment se passe cette période, mais je me sens beaucoup mieux et j’espère que les résultats vont suivre. Jusqu’ici, ce n’est pas ma meilleure année, mais on espère changer ça.
Pierre Grall-Johnson est concentré sur sa saison 2025. Photo : Nordic Focus
Quels sont vos objectifs de l’année?
Le grand objectif de l’année, ça a toujours été les Championnats du Monde. Fin février, début mars, en Norvège, à Trondheim. On garde les yeux fixés sur l’objectif et on continue jusque-là.
Quelles sont les conditions pour se qualifier aux Championnats du Monde?
Il y a différentes avenues qu’on peut utiliser. Il y a les qualifications à partir de bons résultats en Coupe du Monde. Je crois que c’est un top 15 ou un top 20.
Ensuite, il y a les sélections à Thunder Bay qui ont eu lieu début janvier. On verra comment marche l’équipe d’ici là. Si l’équipe est qualifiée après les sélections et que les gens performent bien pendant cette période, c’est à ce moment-là que le pays décidera qui envoyer à Trondheim pour les Championnats du Monde.
Pour finir, pensez-vous déjà aux Jeux olympiques d’hiver de 2026?
Oui, absolument. C’est l’année prochaine, alors tout le monde y pense un peu.
Je sais que dans plusieurs sports, les périodes de qualification viennent de commencer cette année. C’est comme ça que tu peux te qualifier pour les JO l’année prochaine. C’est vrai qu’on y pense, mais surtout, il faut se concentrer sur cette année. C’est encore l’année des Championnats du Monde.
Si tu te concentres bien sur cette épreuve, peut-être que tu pourras faire un résultat qui te qualifierait pour les JO. On y pense, mais on n’essaie pas d’y penser trop. On essaie de se concentrer sur ce qu’on a à faire cette semaine, la semaine d’après, la semaine suivante. Mais c’est sûr que c’est sur le radar, forcément. »
Cette semaine, on passe de janvier à février, un mois qui s’annonce particulièrement occupé en Ontario. La province est en campagne électorale et les événements d’hiver battent leur plein avec le Bal de neige à Ottawa et le Carnaval des Compagnons à North Bay. Février est aussi le Mois du patrimoine en Ontario français et, surtout, le Mois de l’histoire des Noirs. Il en est question dans le Fil culturel, qui salue aussi les comédiens maison de Sudbury et un hommage à la plus grande môme de la chanson française.
Musique
Hommage à Jean-Jacques Dessalines à Ottawa
Le musicien Jean Jean Roosevelt rend hommage en spectacle au révolutionnaire et premier empereur d’Haïti, Jean-Jacques Dessalines, depuis plusieurs années. Il sera de passage dans la salle du Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) ce samedi. Son passage est orchestré par l’Ambassade d’Haïti au Canada et l’organisme Mosaïque Interculturelle. L’artiste d’origine burkinabée, Siaka Diabaté, fera également partie du concert.
Jean Jean Roosevelt lancera le Mois de l’histoire des Noirs à Orléans. Photo : Julie Sotto
La francophonie des Caraïbes en général sera aussi célébrée à Orléans dimanche. Dans le cadre de la programmation du MIFO, c’est le Centre des arts Shenkman qui accueillera les activités. Dès 15 h, le public est invité à découvrir des kiosques d’artisans, un atelier de danse avec Julianne Lavertu, un repas du traiteur Margo restaurant et la musique de DJ Skorpyon. Un spectacle multidisciplinaire suivra, avec Djennie Laguerre, Julianne Lavertu, Rèn Darah et Wesli. L’événement est le deuxième du genre, après le succès de l’activité Le Soleil d’Haïti à Orléans, l’an dernier.
DJ Skorpyon lors de la vitrine de LeFLOFRANCO à Contact ontarois 2025. Il ajoutera de l’ambiance à l’après-midi du Soleil des Caraïbes à Orléans. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Ottawa, le 2 février. Détails et billets sur le site du MIFO.
Kizaba au CNA
Au Centre national des arts (CNA), c’est l’artiste montréalo-congolais Kizaba qui ouvre le mois avec un concert à la Quatrième salle ce samedi. Il donne dans la musique afro futuriste, mêlant les traditions de son pays d’origine à la musique électro moderne, et chantant en français, en anglais, en kikongo et en lingala. Il fait partie des Révélations Radio-Canada 2024-2025. Les Torontois ont pu le voir cet été à Francophonie en fête. Cette fois, c’est dans la capitale fédérale qu’il se produit, un événement également glissé sous le grand manteau du Bal de neige.
Kizaba est un multiinstrumentiste montréalo-haïtien qui donne dans l’afrofuturisme. Photo : Gracieuseté du CNA
Ottawa, le 1er février. Détails et billets sur le site du CNA.
Kora Flamenca à l’Alliance française d’Ottawa
C’est le mélange inusité de l’afro-mandingue et du flamenco qui fait la force de ce duo composé de Zal Sissokho et Caroline Planté. Le projet Kora Flamenca leur a valu des prix au Gala de l’ADISQ et aux Canadian Folk Music Awards, dans les catégories de musiques du monde. Les musiciens seront en spectacle le 5 février à l’Alliance française d’Ottawa, dans un événement organisé en partenariat avec le département des Études africaines de l’Université Carleton. Ils seront accompagnés du percussionniste Miguel Medina.
Dans leur projet Kora Flamenca, Zal Sissokho et Caroline Planté mêlent des sons d’Afrique de l’Ouest et d’Espagne, offrant un voyage musical inédit. Photo : Peter Graham
La grande production Piaf! Le spectacle, qui a été vu par plus d’un million de personnes à travers le monde, s’arrêtera en Ontario deux fois plutôt qu’une dans les prochains jours. Nathalie Lermitte incarne Edit Piaf et nous fait revivre la vie et la carrière de cette icône française. Les billets sont assez dispendieux, mais le spectacle a fait ses preuves. Selon son site web, il est qualifié de « plus bel hommage jamais produit sur la carrière d’Edith Piaf », par la famille de La Môme elle-même. La tournée souligne le 110e anniversaire de naissance de celle qui voyait La vie en rose. Piaf! Le spectacle sera présenté au Koerner Hall de Toronto le 1er février et au Main Theatre de Kitchener le 4 février.
Nathalie Lermitte a fait revivre Edith Piaf dans plus de 50 pays avec la tournée Piaf! Le spectacle. Photo : Moon Photography
Le spectacle communautaire du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) est présenté jusqu’à samedi. Devant le jukebox est un mélange de plusieurs disciplines. Après une consultation publique, huit auteurs sudburois se sont inspirés des plus grandes chansons d’amour pour écrire un spectacle dans lequel « un mystérieux jukebox s’anime et les souvenirs romantiques se succèdent ». La danse, la musique et le théâtre se marient alors que les histoires se succèdent dans une mise en scène d’Hélène Dallaire.
Plus d’une trentaine d’artistes amateurs fouleront les planches de la Place des arts du Grand Sudbury. La représentation de vendredi est présentée avec des surtitres anglais et celle de samedi après-midi est accompagnée d’une activité de contes et de bricolages pour enfants.
Devant le jukebox met en scène une trentaine de comédiens de la communauté et des textes des auteurs professionnels sudburois Isaac Adams, Maxime A Cayouette, Antoine Côté Legault, Stéphan Lapensée, Chloé Laduchesse, Daniel Robillard, Alex Tétreault et Chloé Thériault. Photo : Gracieuseté du TNO
Sudbury, jusqu’au 1er février. Détails et billets sur le site du TNO.
OTTAWA – L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) a dévoilé jeudi midi les nominations de son prochain gala Trille Or. C’est le duo féminin pancanadien Beau Nectar qui domine les nominations avec 10. Marie-Clo et éemi sont suivies de près par le Sudburois Mclean (Simon Jutras), qui en récolte neuf. Mais ce qui retient l’attention, ce sont les artistes franco-manitobains qui effectuent une percée remarquable.
Quatre nominations pour Fire & Smoke, trois pour Kelly Bado, Beauséjour et Flora Luna, deux pour Willows et Micah!, et une pour Sala. Voilà la récolte franco-manitobaine de l’heure.
Le duo Fire & Smoke, composé de Claire Morrison et Daniel Péloquin-Hopfner, effectue un retour remarqué après une longue pause de l’industrie musicale. L’album bilingue Constance, sorti en mars 2024 après 13 ans d’absence, leur vaut une nomination dans les catégories Folk, Export Ouest, Coup de cœur du public et, surtout, Révélation. Le critère pour soumettre sa candidature à cette catégorie était de n’avoir jamais été en nomination aux Trille Or. Les deux artistes sont originaires du Manitoba, même si Claire Morrison est aujourd’hui établie à Montréal.
Le duo Fire & Smoke en vitrine à Contact ontarois, en janvier 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Tout comme Fire & Smoke, Kelly Bado était en vitrine grand public à la récente édition de Contact ontarois, en janvier. Elle se frotte à ses camarades franco-manitobains dans la catégorie Révélation, tout comme Flora Luna.
Kelly Bado est aussi nommée comme Artiste solo et Coup de cœur du public, alors que Flora Luna se trouve dans la catégorie EP. Sa troisième nomination revient en fait à Mario Lepage, pour la prise de son et le mixage de son EP L’autre bord du mur.
Le duo Beauséjour est nommé dans les catégories Groupe, Country et Coup de cœur.
Willows, le projet de Geneviève Toupin, est nommé dans la catégorie Folk et Micah! se trouve dans la catégorie Musique pour enfants. Ces nominations leur donnent accès à la catégorie Coup de cœur du public, composé des projets nommés dans les catégories Artiste solo, Groupe, Album et les catégories de genres musicaux.
Sala, alias Ariane Jean, complète les nominations manitobaines avec une nomination dans la catégorie EP pour Surface.
La domination de Beau Nectar et Mclean
Composé de la Fransaskoise éemi et de la Franco-Ontarienne maintenant établie en Colombie-Britannique Marie-Clo, le duo Beau Nectar était ressorti grand gagnant de l’édition précédente des Trille Or, en septembre 2023. Nommées dans neuf catégories, les autrices-compositrices-interprètes étaient reparties avec quatre statuettes, dont celle de la catégorie EP pour leur mini-album Two Lips, part 1.
Cette fois, elles sont nommées dans la catégorie album pour Two Lips Deluxe, sorti en mai 2024. L’album Two Lips (régulier), était pour sa part sorti en 2023. Reste à voir si cette bonification sporadique du projet pourra se démarquer encore une fois, Two Lips Deluxe étant en nomination contre d’autres grosses pointures (Mclean, Mehdi Cayenne, Mimi O’Bonsawin et Aline’s étoile magique).
Beau Nectar est aussi en lice dans les catégories Groupe, Pop / EDM, Chanson primée (Buds), Auteur-compositeur, Réalisation et arrangements (Jace Lasek, Olivier Fairfield et Mario Lepage), Vidéoclip (Buds), Conception visuelle (Taehyoung Maria Jeon), Export Ontario et Coup de cœur du public.
Beau Nectar (éemi à gauche et Marie-Clo à droite) avec ses trois trophées Trille Or remis lors du gala principal, en 2023. Photo : Maxime Delaquis / ONFR
De son côté, Mclean, alias Simon Jutras, est nommé comme Artiste solo, Pop / EDM, Album (Anonyme), Chanson primée (Picaroon), Auteur-compositeur, Prise de son et mixage (Sébastien Perry pour Anonyme), Vidéoclip (Hommage / Picaroon), Initiative artistique (Les microclimats de Simon Jutras), et Coup de cœur du public.
Les deux projets meneurs s’affronteront donc dans cinq catégories.
Ils se frotteront aussi au duo ottavien De Flore (Mathieu Gauthier et Sarah-Anne Lacombe), qui n’est pas loin derrière avec sept nominations : Groupe, Pop / EDM, EP (Slow Motion Baby), Réalisation et arrangements (Steeven Chouinard, Mathieu Gauthier et Sarah-Anne LaCombe), Prise de son et mixage (Steeven Chouinard et Frédéric Levac), Conception visuelle (Gabrielle Dubois) et Coup de cœur du public.
De Flore en performance au Festival franco-ontarien, en juin 2023. Crédit image : Stéphane Bédard / ONFR
Les Franco-Ontariens JOLY, Mehdi Cayenne et les Rats d’Swompe récoltent six nominations chacun, alors que Mimi O’Bonsawin et la Fransaskoise Alexis Normand en ont cinq.
À noter que JOLY a remporté l’an dernier le prix d’Album de l’année aux Prix de la musique de la capitale pour Deuil. Au Trille Or, il risque de remporter le prix Rock / métal / punk et est également nommé dans les catégories Artiste solo, Réalisation et arrangements, Prise de son et mixage (avec Simon Joly), Initiative artistique pour le balado De quoi tu parles de? (avec Nicholas Monette) et Coup de cœur du public.
Mimi O’Bonsawin (à droite) a remporté le prix Distinction de Contact ontarois, ex aequo avec Stéphane Guertin (à gauche). Photo : Rachel Crustin / ONFR
Les Rats d’Swompe ont remporté un premier prix en carrière dans un gala québécois en décembre dernier, le EP Pause gorgée vol. 1 ayant dominé la catégorie EP / Trad de l’année au GAMIQ, le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec. Ils ont aussi représenté le Canada à Walt Disney World, jouant sous le nom des Raftmen pendant plusieurs semaines. Bien malin qui pourrait prédire le gagnant de la catégorie Export Ontario cette année, les Rats d’Swompe affrontant Mimi O’Bonsawin, qui s’est entre autres produite en France pour la première fois, et Beau Nectar, dont la musique est reconnue jusqu’en Amérique latine.
Les autres artistes qui récoltent des nominations sont Faux Soleil (3), Jessy Lindsay (2), Sophie Grenier (2), Aurel (3), Édouard Landry (2), Véloce André (3), Jacobus (2), Kimya (2), Missy D (2), Monette (2), Reney Ray (3), Johanne Lefebvre et Brian Saint-Pierre (deux nominations pour leur projet sous leurs noms et deux nominations pour Jojo & Brio), Ponteix (une nomination, mais deux autres pour les collaborations de Mario Lepage sur les projets des autres), Yao (2), Céleste Lévis (1), Étienne Fletcher (3) et Loig Morin (1).
La catégorie Impact entreprise pourrait être remportée par 49e parallèle, Amixie solutions ou Créations In Vivo. Le Festival franco-ontarien se joint pour sa part à la catégorie Initiative artistique pour son café communal.
Pour l’Ontario et l’Ouest
Le gala Trille Or récompense les artistes et travailleurs de l’industrie de la musique francophone sur un cycle de deux ans et s’est recentré sur l’Ontario et l’Ouest canadien à son édition 2023. Les catégories Export Québec et Export Acadie, pour les candidats de ces provinces, existent toujours en théorie. Toutefois, l’APCM n’a pas reçu assez de candidatures pour aller de l’avant cette année.
La période évaluée pour la 13e édition des Trille Or s’étale du 16 octobre 2022 au 15 octobre 2024. Pour être considéré comme candidat d’une province admissible, il faut soit y être né, y avoir vécu pendant toute la période visée ou obtenir une lettre d’appui d’une association culturelle reconnue par l’APCM, indiquant que l’artiste est actif dans une communauté donnée.
Les Trille Or auront lieu du 27 au 29 mai à Ottawa. L’événement culminera avec le gala le 29 mai, au Studio Azrieli du Centre national des arts. Cette cérémonie animée par Éric Robitaille sera ouverte au public.
La période de vote pour la catégorie Coup de cœur du public sera annoncée prochainement. Les noms des récipiendaires des Prix Hommage (récompensant l’ensemble d’une carrière) et Bâtisseur Paul Demers (récompensant un intervenant particulièrement impliqué dans l’industrie musicale) seront annoncés ce printemps.
Alors qu’une trêve fragile s’établit à Gaza, From Ground Zero présente un programme de 22 courts-métrages poignants réalisés entre janvier et juin 2024 : des cinéastes gazaouis livrent des témoignages saisissants sur les réalités quotidiennes d’une vie marquée par la guerre. Prochainement en salle.
Ottawa – La popularité de l’événement Crépu : Our DNA ne se dément pas. Après avoir affiché complet l’an dernier, les organisatrices ont prévu une troisième édition sur deux soirs, les 1er et 2 février, au Musée des sciences et de la technologie du Canada. Or, tous les billets en ligne ont déjà trouvé preneur. Des laissez-passer supplémentaires, en quantité limitée, seront en vente à la porte.
En entrevue avec ONFR, la cofondatrice Sandra Ngenge Dusabe décrit Crépu comme « un grand mélange » de différentes activités servant à la fois à célébrer et à éduquer. Exposition d’art, marché d’artisans, stations de soins, démonstrations et performances sont au programme.
« On essaie aussi d’éduquer les jeunes. Parce que savoir comment se coiffer, ça aide vraiment avec l’estime de soi », exprime Sandra Ngenge Dusabe, qui encourage les familles à s’y rendre.
Un marqueur identitaire
« Des fois, quand tu as quelque chose de différent, tu peux sentir que ce serait mieux de te fondre dans la masse, d’avoir l’air comme tout le monde, raconte Sandra Ngenge Dusabe. Moi, pendant une certaine période, je me rasais. Je voulais juste me débarrasser de mes cheveux, parce que c’était quelque chose qui prenait beaucoup de mon temps. »
Elle croit qu’avoir des informations à jour et de comprendre comment bien se coiffer peut donner beaucoup de confiance aux personnes noires. « La plupart des gens ne savent pas comment certaines techniques peuvent endommager les cheveux crépus. Ils ne savent pas qu’il y a des produits qu’on utilise depuis des années dont on doit se débarrasser. »
L’événement Crépu est animé par Yanaminah Thullah. Photo : Curtis Perry
L’organisatrice déplore le fait que même les formations en coiffure sont silencieuses sur les spécificités des cheveux afrodescendants, ce qui fait que même les professionnels manquent de connaissances.
Crépu, le premier événement du genre à Ottawa, veut « donner une plateforme aux gens pour savoir que les cheveux crépus ne sont pas difficiles à entretenir. Ils sont tellement fragiles, mais tellement résilients. »
Utiliser l’art
Sandra Ngenge Dusabe explique que « beaucoup de gens pensent que les cheveux sont un sujet ordinaire, pas vraiment artistique. Mais pour nous, dans notre communauté noire, il y a beaucoup de différents styles, beaucoup de types de cheveux, beaucoup de choses qui peuvent indiquer quel type de personne tu es, selon le style ».
Dans le défilé d’art capillaire, trois coiffeuses présenteront ce que l’organisatrice qualifie d’œuvres d’art. Le public pourra voter pour sa création préférée. Il y aura également des performances musicales avec Kezi et poétiques avec Dominique Gené.
Le défilé d’art capillaire mettra en vedette la créativité des artistes coiffeurs de l’événement. Photo : Curtis Perry
Deux courts-métrages seront projetés : On a Sunday at Eleven d’Alicia K. Harris, et Nœuds, d’Aïcha Morin-Baldé.
Au micro d’ONFR, cette dernière explique que Nœuds est un documentaire « sur la relation des femmes noires avec leurs cheveux naturels. C’est venu de mon besoin de discuter de ça par rapport à mon propre cheminement ».
Celle qui est née d’une union québécoise et guinéenne raconte qu’elle arborait jusqu’à récemment un afro qui lui a valu des commentaires négatifs, majoritairement de la part des femmes noires de son entourage. « Je voulais toucher à ce sujet, comment à l’intérieur de la communauté noire, entre nous, on a tendance, très souvent subconsciemment, à perpétuer des discriminations. »
La réalisatrice montréalaise Aïcha Morin-Baldé parle de racisme intériorisé avec son film Noeuds, réalisé en 2021. Photo : Gracieuseté de Aïcha Morin-Baldé
Nœuds se concentre sur les témoignages de deux protagonistes : Marlyne Désir, qui a vécu de la discrimination au travail, et Abisara Machold, propriétaire du premier salon de coiffure montréalais à se spécialiser dans la clientèle afrodescendante. Cette dernière a pu constater l’évolution de la société par rapport à l’apparence des femmes noires tout au long de sa carrière.
Aïcha Morin Baldé souligne tout de même qu’il ne faut pas amalgamer un manque d’acceptation de ses cheveux naturels avec une simple envie d’explorer la mode et les styles.
« Toutes les femmes noires portent des perruques. Ce n’est pas nécessairement parce qu’elles détestent leurs cheveux naturels, nuance-t-elle. Ultimement, on doit laisser les femmes, noires ou pas, faire ce qu’elles veulent avec leur apparence. Mais c’est sûr qu’il y a une certaine pression sociale, qu’on commence beaucoup plus à dénoncer maintenant. »
Nœuds a été présenté dans plusieurs festivals du film au Canada et a même obtenu une mention honorable au New-York Tri-State International Film Festival.
Un événement qui grandit
Crépu est né de la rencontre entre Sandra Ngenge Dusabe et Sharlène Clarke. La première a fondé The Moving Art Gallery, qui veut répondre au manque de représentation des femmes noires en art visuel à Ottawa. La seconde est l’instigatrice de Hors Pair Social, un groupe qui organise des événements destinés aux personnes noires de la région d’Ottawa-Gatineau.
En 2023, la première édition de Crépu a accueilli une centaine de personnes au Club Saw d’Ottawa. Parmi les visiteurs, on trouvait des commissaires d’Ingenium Canada, qui gère trois des sept musées nationaux situés dans la capitale.
L’événement Crépu permet aussi de découvrir des entrepreneurs locaux afrodescendants. Photo : Curtis Perry
Les commissaires ont réalisé que Crépu rejoignait un sujet de recherche du Musée des sciences et de la technologie du Canada, qui souhaite exposer les contributions des Canadiens noirs dans le domaine des technologies domestiques.
Ils ont donc offert aux organisatrices un espace plus grand dès 2024. En 2025, l’événement se tient maintenant sur deux jours.
Une invitation pour tous
Si Crépu vise particulièrement la communauté noire d’Ottawa, Sandra Ngenge Dusabe rappelle que « ce ne sont pas toujours les personnes noires qui ont les cheveux crépus ». De plus, elle encourage les personnes blanches à se rendre à l’événement afin de s’éduquer et d’ouvrir la discussion avec leurs proches.
L’occasion de réseautage est une autre bonne raison de participer.
« Pour venir au Crépu, tu n’es pas obligé d’avoir des cheveux crépus. Ce n’est pas exclusif », rappelle l’organisatrice, qui souhaite plutôt encourager le dialogue sur les sujets qui touchent les personnes noires au Canada.
Au premier jour de la campagne électorale en Ontario, les chefs de parti ont choisi des thèmes radicalement différents. Le premier ministre sortant, Doug Ford, s’est focalisé sur l’économie, la néo-démocrateMarit Stiles sur les services publics, la libérale Bonnie Crombie sur la santé, et le vert Mike Schreiner sur le logement et l’éducation.
Face à la menace de « tarifs douaniers drastiques et généralisés qui dévasteront notre économie (…), on a besoin d’un fort leadership », a prévenu Doug Ford ce mercredi en déplacement à Windsor pour lancer sa campagne.
Le premier ministre s’est positionné en protecteur de la province et des emplois, comme il l’a fait au cours des dernières semaines, promettant des « dizaines de milliards dollars en nouvelles dépenses pour maintenir les gens au travail » et garder « notre économie compétitive ».
À l’exact opposé, la cheffe sortante de l’opposition officielle, Marit Stiles, a axé son premier discours sur les services publics et le pouvoir d’achat. « Votre vote a un véritable pouvoir, a-t-elle lancé depuis Toronto. Vous pouvez voter pour embaucher plus de médecins, construire plus de logements, réparer nos écoles, rendre la vie abordable. »
Elle a cherché à se démarquer à la fois de Doug Ford et de Bonnie Crombie en allant sur le terrain des valeurs. « Doug Ford négocier avec Trump? Il est incapable de conclure une bonne entente. Regardez ce qu’il a fait avec la Place Ontario ». Et de tacler Bonnie Crombie : « Elle ne veut pas se débarrasser de Doug Ford, elle veut être Doug Ford. Ce ne sont pas mes valeurs. On a besoin de changement. »
De son côté, en déplacement à Barrie, Bonnie Crombie s’est focalisée sur les difficultés d’accès des Ontariens à un médecin. La cheffe libérale portait une casquette sur laquelle il était écrit : Les vrais leaders réparent le système de santé, en guise de réponse à celle de Doug Ford, Le Canada n’est pas à vendre, comme pour signifier que les priorités des Ontariens étaient ailleurs. « 2,5 millions de personnes n’ont pas de médecin de famille. Les libéraux de l’Ontario vont régler ce problème », a-t-elle assuré, promettant de moderniser la médecine familiale.
Mike Schreiner, le chef du Parti vert, a promis de se battre pour « construire des maisons que les gens puissent s’acheter, réparer la santé, l’éducation et créer un Ontario juste en mettant l’humain avant le profit ».
« S’ils vont trop sur le terrain (des tarifs américains et de l’économie), les adversaires de Doug Ford font le calcul qu’il va gagner les élections »
— Peter Graefe, politologue
« Les narratifs qu’on a entendus aujourd’hui sont très différents, analyse Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster. Doug Ford a lancé sa campagne en la liant directement à son étoffe de chef dans une situation économique qui s’annonce difficile. »
Côté libéral, « étant assez proche de M. Ford sur le plan économique, Mme Crombie a tenté de se différencier sur la question de la santé, un maillon faible du Parti progressiste-conservateur pour une partie des Ontariens ».
Enfin, « Mme Stiles a insisté sur le désir de changement, mais ce désir étant divisé de façon assez égale (en intentions de vote) entre le Parti libéral et le NPD, elle commence à courtiser les partisans libéraux. Si elle parvenait à débloquer le flanc gauche du parti, elle pourrait trouver des appuis chez ceux qui désirent ce changement ».
Pour le politologue de Hamilton, les opposants ont éviter la question économique et tarifaire car « en allant trop sur ce terrain, ils font le calcul que Doug Ford va gagner les élections. »
Alors que la Maison-Blanche maintient que les tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes entreront bien en vigueur ce samedi, les menaces de ces tarifs font déjà planer l’incertitude sur les entrepreneurs et entrepreneures francophones de la province depuis déjà quelques semaines. La plupart d’entre eux ne souhaitent pas attendre la date limite pour agir.
Voilà quelques mois que les entreprises franco-ontariennes retiennent leur souffle au même rythme qu’Ottawa, face aux menaces tarifaires de l’administration Trump. En effet, pour ces entrepreneurs c’est un processus d’adaptation encore incertain qui se profile.
François Renaud-Byrne est le PDG de Hybrid Power Solutions à Etobicoke, où des générateurs électriques sont assemblés avec un souci de durabilité, c’est-à-dire sans carburant ou de manière hybride. Selon lui, la date fatidique du 1er février ne doit pas être le seul déterminant sur lequel établir un plan de secours.
« On a toujours été chanceux d’avoir les États-Unis comme énorme marché, facile à accéder, et avec l’instabilité avec cette nation, c’est peut-être le temps que plusieurs entreprises canadiennes se rejoignent ensemble pour décider à quel prochain marché on devrait s’ouvrir. L’Europe est un continent qu’on pourrait viser. »
Bien que le gouvernement Ford estime que ces tarifs pourraient mettre en péril jusqu’à 500 000 emplois en Ontario, François Byrne peine à espérer que ces tarifs ne seront que temporaires. En effet, il prévoit que d’ici la fin d’année, 40 à 50 % de ses ventes vont être vers les États-Unis.
« On a plein de clients, on a aussi des employés, donc on espère que le gouvernement fédéral fait un effort pour résoudre les problèmes de la bordure canadienne, si c’est le cas je pense qu’on devrait être capable d’enlever n’importe quel tarif entre le Canada et les États-Unis », dit-il.
En tant que PDG de Hybrid Power Solutions à Etobicoke, François Renaud-Byrne espère que ces tarifs seront temporaires. Gracieuseté
La part des distributeurs que Francois Renaud-Byrne possède en Europe et en Australie lui en constitue finalement un levier essentiel dans un contexte volatile.
« C’est une grosse leçon pour le gouvernement et les entreprises canadiennes pour vraiment se diversifier », estime-t-il.
À Toronto, Oriane Diebou, qui est à la tête de la marque de prêt-à-porter « Orikrea », s’identifie comme une petite entreprise et avoue que la menace des tarifs risque de lui fermer une part pourtant si précieuse de sa clientèle au-delà de la frontière.
« Je veux continuer à exister et je veux continuer à vendre à mes clients qui sont aux États-Unis. Je ne suis pas la seule à craindre ce qui va arriver, car je fais partie d’une association de vendeurs à Toronto et ça fait quelques jours que nous sommes inquiets. Ça ne va pas être facile », explique la femme d’affaires.
Oriane Diebou qui est entrepreneuse dans le prêt-à-porter à Toronto, espère que les petites entreprises bénéficieront de protections face à ces tarifs. Gracieuseté
Pour Charles-Étienne Beaudry, professeur d’études politiques à l’Université d’Ottawa et auteur du livre « Radio Trump », les petites structures sont les plus vulnérables face aux menaces tarifaires, confirme-t-il.
« Ça va surtout impacter les petites et moyennes entreprises, car les grandes entreprises elles peuvent être capables de se réorganiser, donc ça va faire mourir pleines de petites entreprises ontariennes. »
Il rejoint également l’idée que l’ouverture internationale émerge comme recours principal face aux tendances ultras protectionnistes de Donald Trump.
« L’Union européenne c’est notre nouvel ami numéro un, après ça, le Mexique, l’Asie du Sud-Est et la Chine. Mais avec la Chine, il ne faut pas tomber dans le panneau, car ils ne sont pas mieux que les Américains. »
Oriane Diebou cherche encore à déterminer sa stratégie d’adaptation et elle espère que des plans d’aides financières seront débloqués pour les entrepreneures comme elle.
« Je souhaiterais que les autorités canadiennes puissent prendre des mesures spécifiquement pour les petites entreprises ou les entreprises avec un chiffre d’affaires limité. Comme une loi ou une réforme qui nous accompagne. »
Emily Thorn Corthay, qui dirige une entreprise de conseil d’efficacité énergétique et changement climatique pour les industries lourdes à Etobicoke, dit avoir déjà été affectée par ces tarifs avant même qu’ils n’entrent en vigueur.
« On était sur le point d’avoir un nouveau client dans l’industrie automobile et nous sommes allés le plus loin dans le processus de vente, mais tout à coup ils nous ont dit que les conditions économiques ne leur permettaient plus d’aller de l’avant. »
Avec sa clientèle américaine qui s’élève de 20 à 30% de son chiffre d’affaires, Emily Thorn Corthay espère également que le gouvernement fédéral débloquera des mesures d’urgence similaires aux prêts de la COVID-19 accordés il y a quelques années.
Emily Thorn Corthay qui dirige Thorn Associates à Etobicoke, se dit vouloir travailler plus avec les entreprises canadiennes. Gracieuseté
Elle compte également pivoter vers les industries moins affectées et travailler plus avec les entreprises canadiennes.
« Je dois penser à la survie et la croissance de mon entreprise, et pour ça ce serait une diversification vers les mines ou peut-être le secteur banquier qui finance des industries un peu plus robustes et aussi se tourner vers l’Europe ou autre marchés géographiques différents. Par exemple, on travaille déjà avec l’Amérique du Sud. »
Quel futur pour les entreprises franco-ontariennes?
Le gouvernement fédéral prévoit un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars, toutefois plus ciblé que le programme qui avait été déployé pendant la pandémie, selon un article du Globe And Mail.
L’aide se veut de se focaliser sur les employés licenciés et les entreprises touchées par les tarifs, ce qui pourra annuler l’incertitude pour une partie de la population.
Le ministre fédéral des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos a toutefois tenu à dire que « toutes les options sont sur la table » sans préciser de fourchette pour ce plan d’urgence.
« Il faut changer d’axe et ne plus faire d’affaires nord-sud avec les États-Unis, mais plutôt est-ouest entre les différentes provinces », soutient Charles-Étienne Beaudry.
Sur sa plateforme électorale rendue publique ce mercredi, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) émet plusieurs propositions pour améliorer le sort des Franco-Ontariens et souhaite que les partis s’engagent sur celles-ci.
L’organisme porte-parole des francophones de la province met en tête de ses priorités la santé, notamment la planification des services de santé en français, une planification qui ne doit plus être une adaptation des politiques mises en place pour la majorité anglophone, mais établie en parallèle de celles-ci.
L’AFO remet aussi sur la table l’identification sur la carte Santé, la mise sur pied d’équipes de soins primaires interdisciplinaires bilingues avec des navigateurs pour orienter les francophones, ainsi que l’obligation de l’offre active pour les fournisseurs désignés en vertu de la Loi sur les services en français.
En matière d’éducation, la plateforme sensibilise sur la nécessité d’assurer un financement adapté aux besoins des garderies francophones pour la petite enfance. De nombreuses garderies de langue française ont en effet souligné, ces dernières années, leurs défis face à une demande croissante.
Autre proposition : augmenter les incitatifs pour attirer les jeunes vers les métiers de l’enseignement en français. Pour l’AFO, le compte n’y est pas : les conseils scolaires restent confrontés à d’importantes difficultés dans leur recrutement.
« Si nous voulons garantir un accès équitable à l’éducation en français, il faut aller plus loin : augmenter les incitatifs, simplifier les parcours de formation et accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers. Il est temps que les gouvernements adoptent une approche plus ambitieuse et proactive », estime Peter Hominuk, directeur général de l’AFO.
Un financement pour l’Université de Sudbury
Sur le volet postsecondaire, c’est sans surprise l’Université de Sudbury qui préoccupe : l’AFO milite encore et toujours pour un financement prioritaire pour en faire un pilier de l’éducation postsecondaire en français dans le Nord. L’établissement qui ouvre des programmes à la rentrée prochaine n’a aucune garantie sur un financement provincial pérenne.
« C’est un des enjeux cruciaux pour le Nord. Malgré un engagement fort de la communauté, elle attend toujours sa charte et un financement adéquat. Il est urgent que le gouvernement accorde à cette institution les ressources nécessaires pour en faire un véritable pilier de notre réseau postsecondaire », croit M. Hominuk.
Au niveau culturel, instaurer un financement stable et durable pour les centres culturels francophones apparaît comme la priorité, tandis qu’en matière d’immigration, l’AFO martèle son exigence de fixer une cible d’au moins 5 % pour l’immigration francophone et y allouer des ressources accrues pour l’intégration des nouveaux arrivants.
L’organisme rappelle aux différents partis engagés dans la course aux élections provinciales qu’accélérer la reconnaissance des diplômes étrangers est crucial et croit aussi qu’il faut « offrir des programmes passerelle courts pour une intégration rapide et lancer des campagnes internationales pour promouvoir l’Ontario comme destination privilégiée pour les immigrants francophones. »
« En répondant à ces priorités, le prochain gouvernement provincial aura l’opportunité d’assurer non seulement l’épanouissement des Franco-Ontariens, mais aussi leurs contributions essentielles au développement économique, social et culturel de l’Ontario », déclare l’AFO.
L’Ontario plonge en campagne électorale ce mercredi, 28 jours qui se concluront sur les élections provinciales, le 27 février. Voici ce que vous devez savoir sur ce scrutin en 12 chiffres.
28
La campagne durera 28 jours, soit la durée minimale prévue par la Loi électorale ontarienne. Ce seuil vise à garantir des élections rapides et moins coûteuses, tout en laissant le temps aux partis de se faire entendre.
150
C’est le prix estimé en millions de dollars que devraient au moins coûter aux contribuables l’organisation des élections générales. Cela comprend les frais administratifs, le matériel électoral et les campagnes de sensibilisation.
10,7
Près de 10,7 millions d’électeurs seront appelés aux urnes le 27 février, soit près de 38 % de la population totale du Canada. Mais moins d’un électeur sur deux s’est déplacé lors des dernières élections provinciales (43,5%).
18
Pour voter, il faut être âgé de 18 ans ou plus, être citoyen canadien et résider en Ontario. On peut voter en personne le jour de l’élection entre 9 h et 21 h, ou bien par la Poste, ou encore par vote anticipé.
25
25 partis sont inscrits auprès d’Élections Ontario. Seuls 4 étaient représentés à Queen’s Park avant la dissolution : le Parti progressiste-conservateur (79 sièges), le Nouveau Parti démocratique (28), le Parti libéral (9) et le Parti vert (2). Auxquels s’ajoutaient 6 députés indépendants.
4
Le mandat provincial est d’une durée de quatre ans, un délai qui peut être raccourci en provoquant des élections anticipées. C’est ce qui s’est passé pour ce scrutin puisque le mandat initial ne devait prendre fin qu’en juin 2026.
124
Au total, 124 députés siègeront ensuite à l’Assemblée législative de l’Ontario. Les Ontariens vont élire le candidat qui représentera leur circonscription. Celui qui obtiendra le plus grand nombre de voix en deviendra le député.
63
Pour former un gouvernement majoritaire, un parti doit donc arriver en tête avec au moins 63 sièges, soit la moitié des 124 sièges + 1. Cette situation permet de voter des lois sans dépendre des autres partis politiques.
12
Pour être un parti officiel, il faut avoir au minimum 12 élus à l’Assemblée législative. Ce statut donne accès à plus de ressources financières, plus de temps de parole accru en chambre et aux commissions parlementaires.
44
La 44e législature débutera après les élections. Représentant la Couronne, la lieutenante-gouverneure Édith Dumont jouera alors un rôle clé à l’occasion d’une cérémonie inaugurale marquant le début des travaux de la nouvelle assemblée.
1867
C’est l’année de la première élection en Ontario. Seuls les hommes propriétaires terriens de plus de 21 ans pouvaient voter. Un vote à mains levées! Le bulletin secret sera institué en 1875 et le droit de vote des femmes en 1917.
2022
C’est l’année de la dernière élection. Elle a été remportée par le Parti progressiste-conservateur dirigé par Doug Ford, pour la 2e fois de suite. Le premier ministre sortant sollicite donc un 3e mandat en 2025.
OTTAWA – Patrimoine Canadien et plusieurs partenaires ont convié les médias à un point de presse mardi matin, afin de donner un avant-goût du Bal de Neige 2025. La tradition hivernale, qui se déroule pendant trois fins de semaine à Ottawa et Gatineau, se tiendra du 31 janvier au 17 février.
C’est un Bal de Neige classique qui attend les festivaliers. Le parc Jacques-Cartier de Gatineau accueillera toujours le Domaine des flocons, un endroit incontournable pour les familles. On y trouve entre autres les glissades sur tubes, l’initiation au ski alpin et à la planche à neige, le labyrinthe géant, la tyrolienne et la zone Bouts de chou, pour les plus jeunes festivaliers.
De l’autre côté de la rivière, à Ottawa, la rue Sparks abordera le thème de la cabane à sucre urbaine. Elle accueillera également diverses installations lumineuses ou interactives, ainsi que les nombreuses sculptures sur glace et le salon des Glamottes, les mascottes officielles du Bal de Neige.
La Cabane à poésie, en train d’être installée sur la rue Sparks, risque de fasciner les petits et les grands lors du Bal de neige. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Le marché By accueillera aussi plusieurs activités, dont la Fierté hivernale de Fierté dans la capitale, le 8 février.
La patinoire du Canal Rideau, bien que connaissant un bon début de saison, s’est vu retirer des sites principaux par mesure de prudence. De nombreuses activités ont dû être annulées dans les dernières années à cause d’une température trop élevée, qui forçait la fermeture de cet emblème ottavien. Parmi elles, on compte la drag sur glace de la Fierté hivernale, qui est prévue cette année sur la patinoire synthétique de la rue William, dans le Marché By.
L’an dernier, les organisateurs du Bal de Neige expliquaient déjà que seulement 1% des activités se tenaient désormais sur le canal, un changement de paradigme s’inscrivant dans une grande stratégie d’adaptation aux changements climatiques.
Une démonstration de plongée froide a été faite devant les médias mardi. La plongée froide Centertown aura lieu du 14 au 16 février au profit du Centre 507 et du Centre de santé communautaire du centre-ville. Photo : Rachel Crustin / ONFR
« C’est certain qu’on essaie d’être moins dépendant des éléments de Mère Nature, ou alors d’avoir toujours une façon de gérer si on a des redoux, indique le porte-parole francophone pour 2025, Martin Routhier. Avec les années, on trouve des façons d’être résilients pour maintenir nos infrastructures. » Cela peut vouloir dire de refaire les sculptures de glace au cours de l’événement plutôt que de tenter de les garder pendant trois semaines, ou de fabriquer plus de neige avant l’ouverture du Domaine des flocons, par exemple.
Celui qui en est à son neuvième Bal de Neige se réjouit des températures actuelles. « On a une météo excellente, surtout pour les infrastructures. On manie beaucoup la glace et la neige au niveau des sculptures. C’est quelque chose que les gens apprécient. Le temps froid nous permet de maintenir ces belles œuvres artistiques. »
Le 1er février 2025, le Triathlon du Bal de Neige pourra se tenir sur la patinoire du Canal Rideau. Cette étape de huit kilomètres de patinage sera suivie de cinq kilomètres de course et de six kilomètres de ski de fond.
Nulle doute qu’une bonne partie des 500 000 visiteurs attendus pendant la durée du Bal de neige (dont un tiers provient de l’extérieur de la région) s’élancera aussi sur la plus grande patinoire naturelle du monde. Au moment d’écrire ces lignes, elle est ouverte sur toute sa longueur et l’état de la glace est très bon, selon le site de la Commission de la capitale nationale (CCN), qui en est responsable.
Des partenaires enthousiastes
Une des forces de l’événement, c’est à quel point les différents organismes et institutions d’Ottawa et de Gatineau participent à la fête. Plusieurs partenaires étaient au Marché By mardi afin de rencontrer les médias.
« C’est très important. Il faut célébrer le froid. Il faut s’amuser pendant l’hiver. On aime être un partenaire, comme toujours », exprime Katherine Day, développeuse des programmes éducatifs au Musée canadien de la nature.
L’établissement d’Ottawa, tout comme le Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, orientera certaines activités vers le castor. En 2025, ce rongeur fête son 50e anniversaire en tant que symbole officiel du Canada.
L’unifolié célèbre pour sa part 60 ans en tant que drapeau officiel du pays, un fait qui ne manquera pas non plus d’être souligné pendant le Bal de neige.
Makhena Rankin-Guérin dans une démonstration signée Expériences autochtones. Le premier weekend du Bal de Neige soulignera les cultures autochtones, par exemple lors du mini-pow wow au Musée canadien de l’histoire. Photo : Rachel Crustin
Magalie Nettevong, guide au Musée de la Banque du Canada, énumère à son tour certaines activités. Entre autres, l’artiste inuk Saelym Degrandpre expliquera le lien entre l’art et les billets de banque dans un atelier d’estampes, les 1er et 2 février.
Elle invite les gens à visiter l’établissement, qui se situe à un jet de pierre de la rue Sparks. « On est situés au coin des rues Bank et Wellington, donc c’est super central. On est toujours un musée gratuit aussi. Donc, les gens peuvent venir se réchauffer. »
Le Centre national des arts se situe tout près de la rue Sparks, d’où cette photo a été prise. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Un autre endroit pour se réchauffer est le Centre national des arts (CNA). Sa lanterne Kipnes, qui projette des œuvres lumineuses géantes sur la rue Elgin, arborera les couleurs du Bal de neige. Ses espaces publics seront comme toujours accessibles et sa programmation régulière porte subtilement le chapeau du rendez-vous hivernal. Pensons entre autres au Festival pour enfants Big Bang, qui se déroulera les 15 et 16 février.
Sur la rue Sparks, on pourra voir une réplique en glace de la statue d’Oscar Peterson qui se trouve devant le CNA. Le pianiste canadien aurait eu 100 ans en 2025.
Plusieurs grandes balançoires ont été installées sur la rue Sparks en vue du Bal de neige. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Après avoir rejoint la vraie statue de bronze, il ne reste qu’un pas pour accéder au début de la patinoire du Canal Rideau. Il est facile ensuite de se rendre, en patinant, au parc Lansdowne, quelques kilomètres plus loin. Là-bas, il sera possible de jouer à l’extérieur grâce au Pentathlon d’hiver, ou à l’intérieur avec des activités comme le patin à roulettes en famille, par exemple.
Martin Routhier a particulièrement hâte de participer à la première édition de l’Igloofest Gatineau, qui se tiendra du 13 au 15 février sur la place des festivals Zibi. Cette mouture outaouaise de l’événement montréalais « va vraiment bonifier l’offre de soirée », selon le porte-parole.
Cette année encore, le service de navettes par autobus Bus-O-Neige permettra de se déplacer entre différents lieux du Bal de Neige. Les détails des services et de la programmation sont disponibles sur le site de Patrimoine canadien.
TORONTO – La lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Édith Dumont, a dissout ce mardi l’Assemblée législative. Un acte hautement symbolique dans la transition électorale qui s’annonce. Elle aura, dans les jours à venir, la responsabilité de garantir la continuité de l’État, avant de confirmer le prochain premier ministre, à la suite des élections.
Une poignée de main fugace et de lourdes portes se referment aussitôt derrière Édith Dumont et Doug Ford, au deuxième étage de Queen’s Park. Selon la tradition constitutionnelle, la lieutenante-gouverneure a reçu le premier ministre dans son bureau durant quelques minutes, à l’abri des caméras, pour accéder favorablement à sa demande de dissoudre le parlement.
Même si elle conserve une discrétion constitutionnelle, ce n’est en effet que dans des circonstances extrêmement rares – par exemple en cas d’instabilité – qu’une lieutenante-gouverneure refuse l’avis d’un premier ministre. En 2017, par exemple, la lieutenante-gouverneure de la Colombie-Britannique, Judith Isabel Guichon, avait refusé une dissolution, puisqu’une élection avait eu lieu seulement deux mois auparavant.
Pour sa part, Mme Dumont a ordonné que les décrets pour la tenue d’une élection générale soient émis ce mercredi et proclamé que la prochaine élection générale ait lieu le jeudi 27 février.
« La dissolution de l’Assemblée et le déclenchement des élections constituent des étapes cruciales dans le fonctionnement démocratique de notre province, confie-t-elle. J’assume mon rôle avec impartialité, en respectant les conventions constitutionnelles de notre système démocratique et c’est avec un profond respect pour la démocratie et le service public que je m’acquitte de ces responsabilités. »
Alors que débute à partir de demain une campagne électorale de 28 jours durant laquelle les députés cesseront d’occuper leur fonction et les travaux législatifs prendront fin, la représentante de la Couronne aura également pour rôle d’assurer la continuité de l’État. De même qu’à titre de garante des institutions, elle veillera à ce que les processus électoraux et les parlementaires respectent strictement les normes constitutionnelles.
À l’issue des élections, Mme Dumont s’attelera à une autre mission essentielle : celle de confirmer le premier ministre dont le parti sera sorti vainqueur, puis de veiller à ce que le gouvernement qu’il forme soit capable de fonctionner avec l’appui d’une majorité des députés.
Elle nommera alors les ministres sur l’avis du premier ministre et confiera le grand sceau de l’Ontario au ministre des Services gouvernementaux et des Services aux consommateurs.
La tâche d’une lieutenante-gouverneure est donc rendue bien plus facile lorsqu’un gouvernement élu est majoritaire et peut, à l’inverse, vite devenir un casse-tête en cas de gouvernement minoritaire qui peine à nouer des alliances solides.
C’est dans ce cas de figure ou tout autre situation indécise (comme la contestation de résultats par exemple) que la représentante du roi joue un rôle crucial dans le bon déroulement de la démocratie provinciale.
Marie-Josée, 53 ans, est francophone. Elle nous attend devant le site de consommation supervisée (SCS) qu’elle fréquente depuis plusieurs années, au 168 de la rue Bathurst de Toronto.
Directement affectée par sa fermeture imminente, le 31 mars prochain, elle a accepté de nous raconter son histoire poignante.
Le Parkdale Queen West Community Health Center (PQWCHC) nous a également ouvert ses portes sur l’envers d’un décor méconnu du public.
Il est l’un des cinq centres torontois, sur les dix en Ontario, impactés par la nouvelle loi 223 du gouvernement provincial, interdisant désormais leur présence à moins de 200 mètres des écoles et des garderies.
Une fois à l’intérieur, loin de l’image effroyable qui leur est associée, l’atmosphère se révèle presque chaleureuse, les lieux propres et ordonnés, faisant retomber l’appréhension initiale.
Installés à l’écart, dans une pièce médicalisée exiguë, Marie-Josée se lance, hésitante : « Je viens de Montréal, je suis arrivée ici il y a 20 ans. J’avais déjà des difficultés à marcher. Pour moi, la raison a toujours été médicale. J’ai développé une dépendance à cause de ça et ce n’est pas de ma faute. »
Elle fait référence à la blessure physique qui l’a conduite à prendre des antidouleurs de type opioïdes et relate avec candeur l’histoire peu ordinaire de l’incident qui en est à l’origine.
« En 1997, à l’âge de 26 ans, je vivais dans un petit appartement d’un immeuble de la rue Sainte-Catherine. À l’époque c’était la guerre entre les gangs de bikers Hells Angels et Rock Machine, pour le trafic de drogues. Montréal c’était grave dans ces années-là. Il n’y a rien que je n’ai pas vu. »
« Un coup de feu a été tiré dans le bloc, on a entendu des cris. Un voisin ensanglanté m’a exhortée à m’échapper. J’ai sauté du troisième étage et atterri sur l’auvent d’un restaurant, qui a amorti ma chute, puis sur le sol. »
En état de choc, elle se souvient de la police arrivée sur place, de l’appel au 911, d’une civière, de sa hanche très endommagée et des vis qui lui sont installées dans la jambe à l’hôpital.
« Face à la douleur et en état de sevrage grave, j’ai dû trouver un moyen et je me suis tournée vers les drogues de rue »
Plus tard, elle consulte des médecins pour se procurer des antidouleurs, mais après une première prescription, ils refusent de la renouveler.
« Juste parce que j’avais été honnête avec eux sur le fait d’avoir consommé des drogues par le passé, se désole-t-elle. Venant d’un foyer abusif, comme beaucoup d’adolescents, j’avais essayé, mais je n’avais jamais accroché. »
« Face à la douleur et en état de sevrage grave, j’ai dû trouver un moyen et je me suis tournée vers les drogues de rue. Je m’administrais des opioïdes très forts par intraveineuse qui faisaient disparaitre la douleur complètement. »
Elle finit par quitter Montréal, indiquant que son ex-compagnon était violent, et qu’à chaque fois qu’elle trouvait refuge dans un centre pour femmes, il la retrouvait.
Ici, au PQWCHC, elle a pu bénéficier des services médicaux sur place, dont des radiographies qui ont confirmé son mal physique.
« Cela me prend une demi-heure de chausser un soulier le matin », glisse-t-elle.
Le centre l’aide à remplacer sa consommation par des médicaments antidouleur, qui lui permettent de marcher et de fonctionner : « Grâce à eux, en quatorze mois j’avais complètement arrêté les drogues de rue. Ils m’ont aidée à instaurer mon protocole. »
Elle se les procure elle-même à la pharmacie avec la prescription d’un médecin du centre. Même après la fermeture, elle sera en mesure de continuer à bénéficier de son traitement grâce à son diagnostic médical. Mais ce ne sera pas le cas de tout le monde.
Une fois les sites fermés, elle estime que beaucoup seront livrés à eux-mêmes, « car quand on consomme seul, à chaque fois, c’est un risque de mourir ».
Marie-Josée, qu’on surnomme ici MJ, a tissé des liens forts avec nombre d’entre eux qui ont été capables de gérer leur addiction et de retrouver leurs proches.
« On va perdre ces gens et c’est tellement triste, sanglote-t-elle. Les familles sont également affectées par ce mal. J’ai trois filles et, sans le centre, si elles avaient dû me perdre, elles auraient été anéanties. »
« Des centaines de personnes mourront », prédit-elle gravement. Ils vont retrouver des gens partout dans les rues et les parcs, morts ou proches de la mort. Il y aura plus de débordements dans les salles d’urgence, les médecins seront débordés. On perdra 80-90% des gens qui viennent ici, c’est garanti. »
Le centre, plus qu’une salvation, une renaissance pour celle qui aura dormi dans les rues de Toronto pendant six ans.
Elle parvient à en sortir dès 2022, aidée dans ses démarches par des conseillers via le SOS program.
On lui offre d’abord une bonne douche, un bon repas, et ce, pendant des semaines qui se transforment en mois. Très maigre, cela lui permet de se remplumer.
« Je me suis trouvé une place à vivre »
« Je me suis trouvé une place à vivre, pas un palais, mais ce que je pouvais me payer avec mon ODSP-POSPH (Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées). Quand on vient directement de la rue, on n’a pas ces capacités-là. On ne sait pas par quoi commencer. »
Et des logements, il n’y en a que peu, ou pas.
MJ a saisi la chance qui s’est offerte à elle, une chambre au premier étage d’un logement pour femmes, associé au programme. La maison peut accueillir jusqu’à cinq personnes dans le quartier de Little Portugal, dont elle partage la cuisine et le salon au rez-de-chaussée.
Sans un sevrage médicamenteux et les travailleurs sociaux du centre, elle estime qu’elle n’en aurait pas eu les capacités. « Sans le centre, je serais dans une tente à l’heure actuelle. »
À l’origine : les traumatismes d’une société en crise
Parmi ceux qui consomment, beaucoup s’étaient blessés, tout comme Marie-Josée. Certains ont son âge, d’autres, beaucoup plus jeunes, sont ceux pour qui les médecins sont plus réticents à faire des prescriptions, indique-t-elle.
« Maintenant avec le centre, j’ai un médecin, mais si tu essayes d’en trouver c’est impossible. »
« Au Tim Hortons l’autre
jour, je discutais avec un homme d’environ 60 ans qui se déplace avec une marchette. Il n’a pas accès à un médecin donc il consomme les drogues de rue pour soulager ses douleurs »
À la place, ils peuvent avoir facilement accès à des opioïdes du marché noir, héroïne ou fentanyl, dont la rue est saturée.
Aaron Woznica, un travailleur social du centre très impliqué, qui s’avère francophone, y voit un dénominateur commun, la peine.
« Nous vivons dans une société qui engendre des traumatismes, notamment avec des métiers très durs physiquement, avance celui-ci. Une grande proportion d’hommes morts de surdose travaillaient dans la construction. »
Il raconte que chaque personne qu’il rencontre a vécu des violences émotionnelles, physiques ou sexuelles, soit dans l’enfance, soit du fait de vivre dans la rue.
Si la société permet ces traumatismes, Aaron trouve injuste d’en criminaliser les solutions.
Les drogues seraient donc le symptôme d’un problème, une simple réponse à la crise
sociétale.
« Violences, pauvreté, manque de services sociaux, médicaux et aussi capitalisme. Car à des fins lucratives, de grands groupes pharmaceutiques comme Purdue Pharma avec l’OxyContin se sont enrichis et ont massivement contribué à la crise des opioïdes », dénonce Aaron.
Entre deux couloirs, il utilise une métaphore : « C’est comme si on enlevait sa bouée de sauvetage à quelqu’un qui coule et qu’on lui disait d’apprendre à nager. »
Plus facile à ses yeux de pointer du doigt ces programmes de soutien plutôt que de s’attaquer aux causes sociétales.
Désabusé, il déplore notamment des délais d’un an pour avoir accès à une aide psychologique ou une place dans un programme de désintoxication, et, en parallèle, un gouvernement qui veut fermer les centres en quelques mois.
Monika Monico, une travailleuse en soutien à la prévention des surdoses, s’affaire dans la salle d’injection. Elle explique que ces programmes de quelques semaines ne font aucun suivi, avec des chances de rechute maximales avec le retour dans la rue.
« Après le 31 mars, rien n’est prêt. Où les gens vont-ils aller en attendant? On sait qu’ils vont finir par mourir en l’absence de soutien pendant cette période de transition et c’est terrifiant. »
Sans-abri, les drogues ont pignon sur rue
Sans les SCS, tous les chemins du sans-abrisme mènent aux drogues de rues.
Marie-Josée est formelle, « peu importe le programme qu’on entreprend pour se désintoxiquer, quand tu sors, sans toit, tu ne peux pas rester sobre. »
Elle décrit un mal profond, un malaise qui dévore. Se lever sans notion du temps, sans linge propre, sans pouvoir se doucher, se laver, sans pouvoir rien garder faute d’endroit où le mettre.
« Pour geler ce mal intérieur, tu consommes. »
Tandis que MJ a trouvé un endroit décent où vivre, elle rend souvent visite à d’autres au parcours cabossé, qui n’ont pas sa chance. Steve nous montre sa tente au parc Alexandra et ses mains abîmées par le froid. Exposé à une violence extrême dès l’enfance, il a développé une dépendance sévère à l’alcool et des tendances suicidaires dues au syndrome post-traumatique. Il refuse de retourner en refuge où il raconte s’être fait voler et malmener à plusieurs reprises.
« J’étais dans le parc, sale pendant des semaines. Maintenant j’ai ma chambre, avec mes deux chats de refuge dont je prends soin. Ils ne cherchent jamais à se sauver. Quand tu viens d’une place de désespoir, tu t’accroches au réconfort. Crois-moi, si tu donnes la chance à quelqu’un de trouver une place à vivre, il va la saisir. »
« J’ai parlé à pas mal d’entre eux hier soir, c’était triste. Ils n’ont pas de manteaux ni de couvertures et il faisait très froid. C’est aussi extrêmement dangereux parce qu’ils allument des feux dans des barils pour se réchauffer dans les tentes. »
Elle somme le gouvernement de se rendre dans les parcs et de mobiliser un hôtel.
« Les centres d’hébergement d’urgence sont pleins. Les gens se retrouvent dans le froid. J’ai le goût de pleurer pour eux. Personne ne veut être comme ça. »
Le travail des centres au-delà des stigmas
MJ raconte qu’elle a y suivi plusieurs formations de premiers secours et d’intervention en cas de surdose. « Une fois j’étais à la gare Union et aux toilettes des gardiens de sécurité tambourinaient à une porte pour faire sortir une femme. Je leur ai dit que j’étais formée en CPR-RCP (réanimation cardio-pulmonaire). Je suis passée par-dessous la porte pour leur ouvrir. Je savais que c’était une overdose. J’ai sorti de la naloxone de ma sacoche que je lui ai administrée par le nez. »
Dans la salle d’injection à huis clos, des travailleurs du centre trient écouvillons, fioles et seringues stériles derrière un plan de travail médical. Des bouteilles d’oxygène sont alignées derrière les quatre stations, prêtes à être dégainées avant l’arrivée des premiers patients.
Les sites de consommation supervisée existent au Canada depuis 2003 et à l’international depuis 1986, avec le premier à Berne en Suisse. Ils permettent aux personnes souffrant d’addiction de consommer des substances obtenues au préalable, avec une supervision sécuritaire. Le plus souvent isolées, stigmatisées et marginalisées, celles-ci ont accès à une communauté, un soutien émotionnel et des références aux différents services de santé et sociaux.
Aaron nous apprend que le PQWCHC a été ouvert en 2018 pour répondre à un besoin. « C’est tellement important de savoir que le centre a été placé ici en fonction des statistiques des appels 911 pour surdoses aux services ambulanciers. Nous sommes ici parce que les surdoses sont ici. Ce n’est pas une décision au hasard. Il y a aussi beaucoup de désinformation qui circule. Nous ne sommes pas une pharmacie et ne distribuons pas de drogues », clarifie-t-il.
MJ raconte qu’elle a y suivi plusieurs formations de premiers secours et d’intervention en cas de surdose. « Une fois j’étais à la gare Union et aux toilettes des gardiens de sécurité tambourinaient à une porte pour faire sortir une femme. Je leur ai dit que j’étais formée en CPR-RCP (réanimation cardio-pulmonaire). Je suis passée par-dessous la porte pour leur ouvrir. Je savais que c’était une overdose. J’ai sorti de la naloxone de ma sacoche que je lui ai administrée par le nez. »
Dans la salle d’injection à huis clos, des travailleurs du centre trient écouvillons, fioles et seringues stériles derrière un plan de travail médical. Des bouteilles d’oxygène sont alignées derrière les quatre stations, prêtes à être dégainées avant l’arrivée des premiers patients.
Les sites de consommation supervisée existent au Canada depuis 2003 et à l’international depuis 1986, avec le premier à Berne en Suisse. Ils permettent aux personnes souffrant d’addiction de consommer des substances obtenues au préalable, avec une supervision sécuritaire. Le plus souvent isolées, stigmatisées et marginalisées, celles-ci ont accès à une communauté, un soutien émotionnel et des références aux différents services de santé et sociaux.
Aaron nous apprend que le PQWCHC a été ouvert en 2018 pour répondre à un besoin. « C’est tellement important de savoir que le centre a été placé ici en fonction des statistiques des appels 911 pour surdoses aux services ambulanciers. Nous sommes ici parce que les surdoses sont ici. Ce n’est pas une décision au hasard. Il y a aussi beaucoup de désinformation qui circule. Nous ne sommes pas une pharmacie et ne distribuons pas de drogues », clarifie-t-il.
MJ raconte qu’elle a y suivi plusieurs formations de premiers secours et d’intervention en cas de surdose. « Une fois j’étais à la gare Union et aux toilettes des gardiens de sécurité tambourinaient à une porte pour faire sortir une femme. Je leur ai dit que j’étais formée en CPR-RCP (réanimation cardio-pulmonaire). Je suis passée par-dessous la porte pour leur ouvrir. Je savais que c’était une overdose. J’ai sorti de la naloxone de ma sacoche que je lui ai administrée par le nez. »
En 2024, le centre a enregistré plus de 7 542 cas de consommation et sauvé plus de 459 personnes d’overdose.
Le ministère de la Santé accuse entre autres les sites d’être responsables du trafic d’hydromorphone, un dérivé semi synthétique de la morphine.
Un des stigmas que veut démystifier Aaron : « Les patients doivent se procurer leurs médicaments via des prescriptions ordonnées par des praticiens autorisés. »
La législation, avec la Loi sur l’opium (Opium Act), autorise depuis 1908 les médecins et les infirmiers enregistrés à prescrire des analgésiques à base d’opioïdes.
En plus des boîtes de collecte de l’édifice, des équipes de sensibilisation et de nettoyage sillonnent quotidiennement le quartier, notamment pour collecter des seringues usagées. Une obligation du contrat avec le gouvernement fédéral.
Dans le cas où certains amèneraient des drogues de rue non réglementées ou des médicaments sur ordonnance obtenus illégalement, les équipes s’emploient à prévenir tout risque d’infection.
Formées à l’administration de naloxone, elles sont aussi équipées d’oxymètres de pouls, de tensiomètres et enfin d’oxygène, qui traite avec succès la plupart des surdoses.
Avec leurs prescriptions, l’objectif est pour des patients comme MJ de diminuer progressivement, tandis que d’autres cherchent à maintenir une consommation stable pour éviter une surdose mortelle.
En plus de la difficulté physique à transitionner des drogues de rues, étant extrêmement puissantes, s’ajoute celle d’avoir accès à un médecin et des prescriptions légales.
Sans des antidouleurs prescrits comme la morphine à libération lente et de l’oxycodone, l’alternative sera le fentanyl, l’héroïne, le carfentanil, l’hydromorphone ou l’oxycodone illicites.
Ce ne sont pas toujours les profils auxquels on pense qui sollicitent l’aide du centre. Parmi eux, des gens qui mènent une vie ordinaire.
MJ se souvient d’un homme qui travaille dans l’industrie cinématographique, d’un autre qui est un facteur à la retraite. Certains prétendent juste visiter le site par curiosité, mais bénéficient en fait de traitements.
La solution du gouvernement par la désintoxication
Le projet de loi 223 a été adopté en moins de deux mois, le 2 décembre dernier, soit la veille de la sortie du rapport annuel de la vérificatrice générale de l’Ontario.
Le gouvernement ontarien non seulement interdit les SCS situés à moins de 200 mètres des écoles et des garderies mais prévient les municipalités et organismes de participer à tout nouveau projet fédéral d’approvisionnement sécuritaire en drogues.
« Les collectivités, les parents et les familles de l’Ontario ont clairement fait savoir que leur présence à proximité des écoles et des garderies entraîne de graves problèmes de sécurité », a commenté une porte-parole du ministère de la Santé.
Le PQWCHC, au centre de la vidéo, se trouve bien à plus de 200 mètres de l’entrée de l’École élémentaire catholique St. Mary, en haut à gauche. Le calcul du gouvernement s’est cependant fondé sur l’arrière de l’école, une partie clôturée qui n’est pas une zone d’entrée ou de sortie.
Sa nouvelle stratégie s’appuie sur le traitement de l’addiction par la désintoxication via des carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances (HART hubs), soit un investissement de 378 millions de dollars dans 19 nouveaux carrefours d’aide aux sans-abri et de lutte contre les dépendances.
Ceux-ci offriraient des soins primaires, de santé mentale, de lutte contre les dépendances, des services sociaux et des lits d’hébergement et de transition, soit « 375 logements avec services de soutien intenses en plus des lits de traitement et de rétablissement. »
Les centres actuels ont la possibilité de déposer une demande pour devenir des pôles HART. Neuf d’entre eux, ont reçu l’approbation pour transitionner. Cependant le ministère n’a pas été en mesure de fournir la localisation ou la date précise de ces dix premiers carrefours, censés voir le jour avant fin 2025.
« Il n’y aura pas de décès quand ces sites fermeront », avait implacablement tranché en conférence de presse la ministre de la Santé Sylvia Jones.
Les décès et visites aux urgences liés aux opioïdes ont augmenté de 300% en 10 ans.
En 2023, ces drogues étaient la cause de 7 décès par jour en moyenne.
Source : Extrait du rapport Mise en œuvre et surveillance de la stratégie ontarienne relative aux opioïdes, du Bureau de la vérificatrice générale de l’Ontario
En 2022-2023 seulement, les dix sites qui fermeront leurs portes avaient permis de prévenir des décès de plus de 1500 surdoses survenues sur place.
Dans son rapport Mise en œuvre et surveillance de la stratégie ontarienne relative aux opioïdes, Shelley Spence, la vérificatrice générale de l’Ontario, a délivré un verdict accablant : « La décision de modifier les services de consommation supervisée a été prise sans planification adéquate, sans analyse d’impact ou de consultations publiques appropriées. »
« Ces carrefours n’offriront pas certains services essentiels de réduction des méfaits tels que des services de consommation supervisée ou des programmes d’échange d’aiguilles, bien que ces services aient prouvé leur utilité pour prévenir les décès par surdose. »
Selon elle, l’investissement financier pour les carrefours a été défini sans évaluation fondée sur les besoins. De même, aucune étude n’a été entreprise pour quantifier les répercussions sur la santé publique, l’augmentation potentielle des surdoses et des visites aux services d’urgence.
« Le ministère n’a pas non plus mené de consultations officielles auprès des parties prenantes externes touchées, dont les utilisateurs des sites qui seront fermés et les populations à risque élevé, y compris les collectivités du Nord, les populations autochtones et les jeunes. »
Des conclusions auxquelles la cheffe de l’opposition officielle Marit Stiles a vivement réagi cet hiver : « Nous savons que ces centres sauvent des vies et ces nouveaux carrefours n’auront pas ces services. Cela signifie que des gens mourront. Cela leur est égal. »
Si Aaron approuve l’approche traitement, il réclame plus de services, pas moins : « Tout le monde ici pense qu’il y a un besoin de désintoxication. La solution, investir dans plus d’espace sanitaire avec un spectre d’options. Il y a de la place pour tous ces services. »
Une approche partagée par Toronto Public Health qui a demandé au gouvernement d’autoriser le fonctionnement de tous les SCS au-delà du 31 mars 2025 et d’y intégrer les nouveaux carrefours afin de dispenser ces services médicaux vitaux en plus du traitement.
MJ reconnaît la nécessité de protéger les enfants, mais considère qu’ils risquent d’être encore plus exposés : « Ils vont voir des gens consommer à ciel ouvert au coin de chaque ruelle sans l’accès à ces services. »
Inconstitutionnalité : un droit à la vie plus fort que la loi?
Selon l’avocate Aissa Nauthoo, directrice des Services d’aide juridique au Centre francophone du Grand Toronto, fermer les centres pourrait contrevenir à la section 7 de la Charte des droits et des libertés, « Droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne ».
« Ces centres jouent un rôle important dans la lutte contre la crise des opioïdes », souligne-t-elle.
La possibilité que l’application de la loi soit jugée anticonstitutionnelle ne serait pas sans précédent. En 2011, après une bataille juridique contre le gouvernement canadien, un site de consommation supervisée, le PHS Community Services Society de Vancouver, a pu demeurer ouvert.
La cour a déterminé que l’on privait les utilisateurs de leur droit à avoir accès à des services vitaux, considérant la dépendance comme une maladie et non un choix.
Plus que des soignants, une communauté
« La semaine dernière, nous avons eu quelqu’un qui mourait entre nos mains et nous avons inversé cette surdose en cinq minutes. S’ils ne consomment pas ici avec nos ressources, ils le feront dehors et mourront. Nous les soutenons, nous sommes comme une grande famille », relate Monika Monico.
« Ces gens formidables nous connaissent quasiment tous. On va perdre des employés exceptionnels, extrêmement bons avec les gens comme moi », s’effondre MJ dans les bras de Monika.
L’agence Neighbourhood Group Community Services, qui exploite le Kensington Market overdose prevention site (KMOPS), a récemment lancé un recours en justice contre la province aux côtés de deux usagers.
Selon l’avocate francophone, si le même raisonnement est utilisé par la Cour suprême, les contestataires pourraient obtenir gain de cause.
L’article 7 comporte toutefois un deuxième volet sur lequel le gouvernement s’appuierait pour justifier la constitutionnalité de la loi. En effet, tous les droits ne seraient pas absolus, il serait possible de s’en exempter, si cela respecte des principes de justice fondamentale.
Selon l’Association canadienne des libertés civiles, toute restriction à l’exploitation de sites d’injection à proximité de certains lieux doit être évaluée au cas par cas.
« La proposition du gouvernement va bien au-delà de ce qui est nécessaire et met en danger le droit des membres vulnérables et marginalisés de la communauté à recevoir des services de santé essentiels. »
Plus qu’une guerre menée contre des décennies de preuves probantes de l’efficacité de ces programmes, pour Aaron, c’est une guerre contre les droits humains fondamentaux des personnes qui utilisent ces drogues.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.
[CHRONIQUE]
Ce jeudi, la Commission de la capitale nationale (CCN) a dévoilé le concept qu’elle a retenu pour la mouture du nouveau pont qui remplacera le pont Alexandra, qui relie Ottawa-Gatineau. Ce dernier sera démoli même s’il est patrimonial. En désaccord avec les desseins de la CCN, je vous en avais parlé dans une chronique l’automne dernier.
Avant moi, quelqu’un d’autre l’avait fait aussi : « comme si le fédéral allait démolir l’un des plus beaux ponts au pays. Ben voyons donc!? (…) Comme si on allait faire fi de 120 ans d’histoire et du patrimoine architectural de la capitale. Ben voyons donc!? » Cette citation est de Denis Gratton. Il l’a écrite dans une chronique parue dans le quotidien Le Droit en 2021. En ce lendemain de funérailles du chroniqueur vedette franco-ontarien, qui a rendu l’âme en décembre dernier, je vous propose ici une chronique pour lui rendre hommage, en rappelant quelques prises de position qu’il a eues en faveur de notre patrimoine.
L’enseignement du Règlement 17
En 2016, 100 ans après la fameuse « bataille des épingles à chapeaux », Radio-Canada rapportait que les enseignants du secondaire dans les écoles de langue française de l’Ontario ne sont pas obligés de parler du Règlement 17 dans les cours d’histoire, puisque ce sujet ne fait pas partie du curriculum du ministère de l’Éducation.
Dans une chronique datée du 4 mai 2016, Denis Gratton sort de ses gonds : « Les jeunes doivent connaître leur histoire, d’où ils viennent, les sacrifices qui ont été faits afin qu’ils puissent recevoir aujourd’hui, plus de 100 ans après cette lutte historique des Canadiens français, une éducation dans leur langue maternelle.
Manifestation d’écoliers contre le Règlement 17, devant l’école Brébeuf, dans la basse-ville Est d’Ottawa, à la fin janvier ou au début février 1916. Photo : Université d’Ottawa, Centre de recherche sur les francophonies canadiennes, Fonds Association canadienne-française de l’Ontario (C2), Ph2-142a.
Comment peut-on leur demander de ‘lutter’ pour conserver leur langue et leur culture et d’en être fiers s’ils n’ont aucune notion des luttes entreprises par leur peuple au fil de l’histoire pour conserver ses droits?
Le Règlement 17, qui a banni l’enseignement du français des écoles ontariennes pendant 15 ans, soit de 1912 à 1927, est une histoire de persévérance, de courage, de détermination, de justice. C’est l’histoire d’une victoire inspirante des francophones de l’Ontario. Et elle se doit d’être enseignée à tous les étudiants du secondaire, dans toutes les écoles de langue française en province. Le ministère de l’Éducation de l’Ontario se doit d’y voir. »
L’église Saint-Charles-Borromée
À deux reprises, Denis Gratton prit la plume pour défendre le patrimoine de l’église Saint-Charles-Borromée. Cette église de Vanier, datant de 1908, a fermé ses portes en 2009. C’est aussi le lieu de fondation de l’Ordre de Jacques-Cartier. Dans une chronique de 2013, alors que l’église pourrait être rasée, Gratton prend fermement position en faveur de sa préservation. « Ce serait insensé et totalement inacceptable. On ne détruit pas un monument historique. C’est pourquoi il est urgent, extrêmement urgent, que l’église Saint-Charles […] soit désignée comme édifice patrimonial et ainsi éviter sa démolition. »
Visiblement mécontent qu’une épée de Damoclès plane sur l’ancienne église non désignée, Gratton se demandera : « Comment se fait-il qu’elle ne l’est pas déjà? Fouillez-moi. Faut croire que quelqu’un dort au gaz à la Ville d’Ottawa et dans la communauté franco-ontarienne. Oui, dans la communauté franco-ontarienne. Il faut prendre un peu le blâme, chers compatriotes francos. C’était à nous d’allumer et de demander cette désignation il y a des lunes. Et il n’est pas trop tard. Il faut sauver cette église. »
L’ancienne église Saint-Charles-Borromée dans le quartier Vanier d’Ottawa, dans les dernières années avant sa fermeture en 2009. Photo : Archives ONFR
Rappelant que l’ancienne église fut l’endroit de fondation de l’Ordre de Jacques-Cartier, Gratton insiste pour l’obtention d’une protection patrimoniale « parce que l’église Saint-Charles, au-delà de sa signification religieuse, représente énormément pour l’histoire de Vanier et des Canadiens français (incluant les Québécois). Mais selon moi, il faut d’abord et avant tout obtenir une désignation patrimoniale pour cette église. Il faut la sauver. Parce qu’il sera trop tard quand le pic des démolisseurs se pointera sur la rue Beechwood. Beaucoup trop tard. »
Un comité de citoyens, formé entre autres du militant du patrimoine Michel Prévost, du francophile Mike Steinhauer et de l’animatrice Ginette Gratton (la sœur de Denis Gratton), obtiendra une désignation patrimoniale, sauvant l’église de la démolition.
Après cette victoire, Denis Gratton dénoncera dans une chronique de 2017 l’absence de français dans le marketing de la compagnie immobilière qui a acquis l’ancien lieu de culte : « nulle part dans cette description de Modbox du ‘Marché St Charles Market’ ne peut-on lire le mot ‘francophone’, ou ‘Canadien français’, ou encore ‘Franco-Ontariens’. Rien. »
Monument à Montfort
Au début de la crise de S.O.S. Montfort en 1997, un monument est créé sur le parterre de l’Hôpital Montfort. Baptisé Oh! Francophone Anonyme d’Amérique, c’est une réalisation du sculpteur Yves Leduc. Avec le projet d’agrandissement de l’hôpital en 2005, le monument est déplacé, caché et négligé. Une source impliquée dans le patrimoine franco-ontarien informe Gratton de ce dossier. Ce dernier écrira : « la sculpture de M. Leduc a été enveloppée dans de vieilles planches de contre-plaqué délavées, dépareillées et qui semblent avoir été trouvées dans les poubelles. Et l’œuvre a été placée à l’écart, le long d’une clôture, dans un buisson. Loin de la vue des passants. Vous devez littéralement pousser des branches d’arbres pour la voir de plus près. Au premier coup d’œil, j’ai cru qu’il s’agissait d’un amas d’ordures que l’hôpital souhaitait cacher. Mais en m’approchant, j’ai pu lire clairement les mots ‘Oh! Francophone’ gravés dans le roc. »
Le contre-monument Ô francophones anonymes d’Amérique d’Yves Leduc devant l’Hôpital Montfort, vers la fin des années 1990. Photo : Hôpital Montfort.
Gratton souligne que la sculpture « racontait une page d’histoire de la communauté franco-ontarienne. Une page qu’il ne faudrait jamais oublier… ou cacher. » Quelques mois après la publication de la chronique de Gratton en 2015, le monument sera remis en valeur par l’hôpital.
L’année suivante, il espérait le retour de la statue de Louis-Marie Grignion de Montfort dans l’hôpital franco-ontarien.
Murales
À Vanier, près d’une quarantaine de murales géantes peintes à l’extérieur des bâtiments embellissent l’espace public depuis la fin du XXe siècle, un projet d’Yvon Dubé et de l’organisme qu’il présidait, Publi’Art. « On ne compte plus les murales dans ma ville natale. Chaque secteur, chaque coin de l’ancienne ville de Vanier a sa murale pour nous rappeler nos ancêtres, notre patrimoine, nos racines, notre enfance » écrivait Denis Gratton dans une chronique de 2004.
Au début du projet, Denis Gratton n’était pourtant pas chaud à l’idée : « j’avoue cependant que j’étais contre ce projet de peintures murales lors de son lancement en 1998. J’ai même écrit dans une chronique que l’argent investi dans ce projet serait peut-être mieux dépensé ailleurs dans Vanier. Je me trompais », reconnaissait-il en 2017. En effet, dès 2004, ces murales pouvaient l’émouvoir : « la nouvelle murale m’a vraiment renversé. J’ai cru retourner 35 ans en arrière. »
Il avait donc compris le bien-fondé des murales, puisqu’en référence à la murale Hommage aux Franco-Ontariens de l’artiste Pierre Hardy dans le Marché By, il écrivait en 2017 : « Elle pourrait créer, jusqu’à un certain point, un sentiment d’appartenance et enrichir notre histoire, notre communauté et notre héritage. » L’année suivante, il écrit : « Elles sont belles, ces murales. Elles sont uniques. Elles sont à nous. Et elles nous rappellent notre histoire, notre ‘village’, nos victoires et nos ancêtres. »
La murale géante S.O.S. Montfort, située à Ottawa au coin de la promenade Vanier et de l’avenue McArthur de 2010 à 2017. Photo : Muséoparc Vanier
Parmi ses murales préférées trônait celle commémorant S.O.S. Montfort, à l’angle de la promenade Vanier et du chemin McArthur. « Je ne peux passer par là sans jeter un coup d’œil sur cette fresque des principaux acteurs de cette lutte historique. Les Gisèle Lalonde, Michelle de Courville Nicol, Ronald Caza, Gérald Savoie et un certain Michel Gratton… Un mélange de fierté, de tristesse et de nostalgie m’habite chaque fois que j’aperçois cette œuvre de l’artiste Marie-Hélène Lajoie » écrivait-il en 2018.
Cependant, en raison des intempéries, cette murale fut retirée et entreposée à partir de 2017, ce qui le piqua au vif en 2018. « Alors on fait quoi? On oublie ces murales et on passe à autre chose en sachant que les 36 autres fresques de Vanier subiront éventuellement et inévitablement le même sort? On laisse ces murales se détériorer et s’effacer à petit feu jusqu’à ce qu’elles se fondent au décor démoralisant de certains coins de Vanier? On oublie notre passé, nos victoires et nos ancêtres? »
Depuis 2023, le premier panneau de la nouvelle exposition permanente du Muséoparc, intitulé Vanier. Notre Place, est un texte de Denis Gratton. Photo : Muséoparc Vanier.
Au cours de sa carrière en journalisme, Denis Gratton s’est entretenu avec des gens impliqués dans le milieu patrimonial : Michel Prévost (2019), Jean Yves Pelletier (2016), Jean Dumontier (2000) et Blanche Boissonneault-Doucet (1997). Il a également couvert des événements liés au patrimoine (l’inauguration du musée des Sœurs de la Charité d’Ottawa en 1995, par exemple). Mais en l’an 2000, c’est lui qui a obtenu la primeur qu’un musée allait être fondé à Vanier. Cette institution muséale, le Muséoparc Vanier, a ouvert ses portes en 2006. Au moment de la refonte de son exposition permanente en 2022, le Muséoparc lui a demandé d’écrire le texte d’introduction qui accueille les visiteurs. Denis Gratton fait maintenant partie de notre patrimoine.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
OTTAWA — L’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland réclame la tenue de quatre débats, dont deux débats en français, dans le cadre de la course à la chefferie du Parti libéral du Canada.
Celle qui souhaite succéder à Justin Trudeau à la tête du parti a publié un communiqué vendredi, réclamant la tenue de quatre débats des candidats, deux en anglais et deux en français, « dans les plus brefs délais. »
« Tout le monde mérite de nous voir débattre de nos idées, de la voie à suivre pour notre parti et notre pays », a-t-elle justifié dans un message adressé aux autres candidats.
Chrystia Freeland fait partie d’une liste de sept candidats déclarés, qui compte notamment l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et d’Angleterre, Mark Carney, et la ministre Karina Gould. La date limite pour les candidatures était le 23 janvier.
Les autres candidats et candidates déclarés :
Frank Baylis : député libéral de 2015 à 2019
Chandra Arya : député libéral depuis 2015
Jaime Battiste : député libéral depuis 2019
Ruby Dhalla : députée libérale de 2004 à 2011
L’ancienne vice-première ministre réclame aussi que l’ensemble des candidats s’engage à se présenter lors de la prochaine élection fédérale, même s’ils ne remportent pas la course à la chefferie. Cette pointe vise principalement Mark Carney, qui n’est pas élu au Parlement. Ce dernier a refusé la semaine dernière, lors de son lancement de campagne à Edmonton, de préciser dans quel comté il se présenterait lors de la prochaine élection.
« En nous engageant à faire partie de cette équipe à long terme, nous pouvons montrer aux Canadiennes et aux Canadiens que nous ne sommes pas là pour nous-mêmes, mais pour eux. Nous savons ce qui est en jeu. Pierre Poilievre présente une vision du Canada qui sème la discorde, qui est cynique et creuse », indique Chrystia Freeland.
Pour le moment, l’exécutif du Parti libéral n’a pas annoncé de détails sur de possibles débats des candidats. Mais déjà, les principaux concernés accumulent les appuis, avec Mark Carney en avant-scène. Ce dernier a réussi à obtenir une majorité d’appuis d’actuels ministres du gouvernement Trudeau, comme Mélanie Joly, Patty Hajdu, François-Philippe Champagne, Steven Guilbeault et Steven Mackinnon.
Chrystia Freeland obtient quant à elle l’appui des ministres Arif Virani, Ahmed Hussen ou encore celui de l’ancien ministre des Langues officielles Randy Boissonnault.
L’ensemble des députés libéraux du Nord de l’Ontario avait prévu une conférence de presse vendredi matin, en compagnie de Mark Carney, pour annoncer leur appui derrière l’ex-dirigeant financier. Celle-ci a été annulée pour un conflit d’horaire, a affirmé la représentante de Thunder Bay, Patty Hajdu. De cette liste de députés, on compte les élus franco-ontariens Marc Séré et Vivianne Lapointe, qui représentent les deux circonscriptions du Grand Sudbury, ainsi qu’Anthony Rota dans Nipissing—Timiskaming.
Les libéraux doivent élire leur prochain chef le 9 mars.
TORONTO – Le premier ministre ontarien a déclaré, ce vendredi matin, qu’il convoquera des élections mercredi prochain. Un super-caucus mobilisera les troupes progressistes-conservatrices ce samedi, à l’aube d’une campagne électorale qui s’achèvera sur un scrutin le 27 février.
« Nous allons convoquer des élections mercredi, a déclaré Doug Ford, en déplacement à Brampton. Je vais rencontrer la lieutenante-gouverneure mardi (pour lui demander la dissolution l’assemblée législative). Il faut un mandat de la population pour lutter contre les droits de douane de Donald Trump et son attaque contre nos familles, nos entreprises et nos communautés. »
La veille, le premier ministre avait encore fait allusion à de possibles élections, sans les confirmer clairement. « Quand vous avez un mandat clair des gens, peu importe que vous soyez confronté à des tarifs ou que Trump veuille détruire notre économie. Je demande un mandat des Ontariens pour être sûr qu’on les protège », plaidait-il déjà, en marge d’un déplacement à Mississauga.
Des sources anonymes au sein du parti évoquaient aussi la date du 27 février auprès de CBC, Global News et La Presse canadienne, dès jeudi.
« Il manquait un prétexte à M. Ford pour aller en élections et il l’a trouvé en Donald Trump, entrevoit la politologue Geneviève Tellier, professeure à la faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa. Il peut convaincre les électeurs avec cette crise, sans trop montrer une autre menace pour lui : Pierre Poilievre, dont l’élection (au fédéral) pourrait abîmer son image. »
Après son investiture, le président américain a affirmé son intention d’imposer des droits de douane à la hauteur de 25 % sur les produits canadiens, dès le 1er février. Le premier ministre Ford a évoqué un impact dévastateur sur 500 000 emplois en Ontario.
« Trump a donné une belle carte à Ford, un enjeu économique qui le démarque des autres partis comme le NPD, estime Mme Tellier. Il aura plus de légitimité à offrir de l’aide publique à ceux qui vont subir les conséquences (des tarifs douaniers) s’il remporte une élection après l’avoir clairement dit dans sa campagne. »
« Relancer la fougue électorale »
« Doug Ford n’a pas besoin d’un mandat du peuple pour faire ce qu’il veut faire, mais c’est une bonne occasion pour relancer son programme, voire relancer son caucus, croit Patrice Dutil, professeur au Département de politique et d’administration publique de l’Université métropolitaine de Toronto. Son programme est à sec. Il est à la recherche de nouvelles idées, de nouvelles têtes, et rien dans son programme n’est intéressant en dehors du défi posé par Donald Trump. »
Selon le politologue torontois, de telles élections avant le terme du mandat prévu dans un peu plus d’un an et demi sont de nature à « relancer la fougue électorale » à l’avantage du premier ministre sortant, « d’autant que les libéraux sont toujours à la dérive, que les Ontariens sont assez indifférents aux élections et que l’économie pourrait commencer à piquer du nez en fin 2025, si Donald Trump applique ses tarifs douaniers. »
M. Dutil invoque une autre raison : « Ça s’annonce mal au niveau de la gestion du gouvernement. Toutes sortes de questions sont soulevées sur la santé, l’éducation, le postsecondaire… Toutes ces questions auraient continué de pourrir si M. Ford attendait trop. »
La cheffe libérale Bonnie Crombie affirme dans un communiqué que Doug Ford « ne tiendra pas tête à Trump. L’Ontario n’a pas besoin d’élections anticipées, il a besoin d’un premier ministre qui a un plan. »
Marit Stiles, cheffe du NPD, pense qu’avec ce scrutin anticipé, les Ontariens ont « le pouvoir de riposter contre Trump, de tourner la page de Doug Ford et d’élire un premier ministre qui soit de votre côté. »
« Face aux menaces de tarifs douaniers qui se profilent à l’horizon, l’Ontario a besoin de stabilité, pas d’élections, assure Mike Schreiner, chef du Parti vert. Nous devons faire preuve de force en nous unissant pour défendre les travailleurs canadiens, les emplois canadiens et les entreprises canadiennes. »
Du théâtre aux arts visuels ou de Toronto au comté de Simcoe, la culture franco-ontarienne se manifeste de toutes sortes de façons cette semaine. Voici quelques suggestions en vrac.
Théâtre
Le prénom à Toronto
Si le choix du prénom d’un enfant est tout personnel, nombreux sont ceux qui tentent de connaître (et de juger) en avance les idées des futurs parents. Y a-t-il des prénoms inacceptables? La comédie de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Pattelière est reprise ici par la troupe de théâtre communautaire francophone les Indisciplinés de Toronto. Le spectacle aura lieu les 24, 25 et 31 janvier, ainsi que le premier février, à l’auditorium de l’école secondaire catholique Saint-Frère-André.
La troupe de théâtre communautaire francophone, les Indisciplinés de Toronto. Photo : Gracieuseté des Indisciplinés
Le dramaturge franco-ontarien Michel Ouellette présente une lecture de sa pièce La reine se recompose, le 29 janvier, à la Quatrième salle du Centre national des arts (CNA). En formule 5 à 7, il présentera ses mots en duo avec Marie-Ève Fontaine, artiste en résidence du Théâtre français du CNA. C’est l’histoire de Gabrielle, 71 ans. De passage dans le Nord de l’Ontario pour l’enterrement d’une amie d’enfance, elle se remémore les grands moments de sa vie en s’adressant à un mystérieux Marc-Olivier. La pièce explore entre autres le rapport entre l’auteur de fiction et ses personnages.
Michel Ouellet présente une lecture gratuite de son oeuvre, La reine se recompose. Photo : Sylvain Sabatié
Ottawa, le 29 janvier. Événement gratuit, détails sur le site du CNA.
Arts visuels
Les loups-garous de Simcoe
L’artiste multidisciplinaire d’origines francophones, métis et algonquines Nathalie Bertin est de retour au Musée d’art et d’histoire d’Orillia, où son exposition Loup-garou et mocassins est présentée pour la cinquième fois. Le vernissage aura lieu ce samedi de 13 h à 15 h, et l’exposition sera en cours jusqu’au 19 avril. L’exposition fait un parallèle entre les contes racontés aux enfants au moment de dormir et certains éléments des cultures traditionnelles autochtones, comme les robes et les mocassins perlés.
Nathalie Bertin est une artiste multidisciplinaire aux origines francophones, métis et algonquines. Photo : Gracieuseté de Nathalie Bertin
Le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) a annoncé que ses activités seraient relocalisées à compter de la mi-avril, en raison de la démolition à venir de son centre de culture, qui fera place à un bâtiment neuf. L’équipe du MIFO prendra donc place dans un local de la Place d’Orléans, juste en face du Centre des arts Shenkman, où se déroule déjà une bonne partie de sa programmation de spectacles.
En attendant cette relocalisation, plusieurs autres événements auront lieu au centre culturel de la rue Carrière. Ce vendredi, le MIFO s’offre une soirée typiquement canadienne-française avec la danse callée, en collaboration avec Patrimoine canadien et le Centre franco-ontarien de folklore. Le calleur renommé Jean-François Berthiaume sera sur place pour animer la soirée. Le lendemain, il donnera des ateliers pour ceux qui aimeraient apprendre à caller. Les participants auront ensuite la chance de tester leurs nouvelles compétences lors d’une deuxième soirée, samedi.
Le mardi suivant, c’est le prochain match d’improvisation du MIFO, avec un match secondaire en première partie et un match adulte pour terminer la soirée. Un déjeuner franco et un atelier de peinture auront également lieu le 30 janvier.
Photo d’un match précédent de la ligue d’improvisation du MIFO. Gracieuseté MIFO.
Orléans, toute la semaine. Détails sur le site du MIFO.
Célébrez à Ottawa
La Maison de la francophonie d’Ottawa fête ses cinq ans ce samedi, à 17 h. L’événement sera animé par l’auteur-compositeur-interprète YAO. L’activité et les hors-d’œuvre sont gratuits et il y aura un service de bar payant. Peu de détails ont été dévoilés, mais on promet de la musique, des échanges avec l’équipe de la maison et de la camaraderie.
YAO lors de l’animation du spectacle pour les 25 ans de Réseau Ontario, en janvier 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Les Compagnons des francs loisirs ont remporté le prix Alliance Rideau à Contact ontarois dans les derniers jours. Le diffuseur de North Bay se voit donc invité à l’événement équivalent de la ville de Québec, à la mi-février.
Cette semaine, l’organisme accueille un spectacle du chansonnier Yannick Pépin le 25 janvier, un atelier « peindre et pinte » avec l’artiste Hélène Chayer le 28 janvier et une activité de danse en ligne le 30 janvier. C’est également le 30 janvier qu’aura lieu la soirée à micro ouvert animée par l’auteur-compositeur-interprète franco-ontarien Dayv Poulin. Les talents locaux qui pratiquent différents arts de la scène sont invités à participer. Il s’agit des premières activités du Carnaval des Compagnons 2025, qui se déroulera plus officiellement du 2 au 8 février.
Le directeur général des Compagnons des francs loisirs, Arnaud Claude, lors de Contact ontarois 2025. Photo : Rachel Crustin / ONFR
OTTAWA — La Cour suprême du Canada a annoncé jeudi qu’elle entendra la contestation judiciaire de la Loi sur la laïcité du Québec, plus communément appelée la Loi 21. Le jugement que rendra la Cour suprême aura un impact sur l’éducation en français hors du Québec, juge un expert constitutionnel, à tel point que le commissaire aux langues officielles souhaite intervenir dans la cause.
L’affaire sera donc entendue devant la plus haute juridiction au pays, à une date ultérieure. Il s’agit d’une contestation notamment menée par plusieurs groupes de la société québécoise, comme la Commission English-Montréal, l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC), le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) et le groupe de défense des anglo-québécois, Quebec Community Groups Network.
Cette législation adoptée en 2019 interdit le port de signes religieux pour les employés de l’État québécois en position d’autorité comme les juges, les policiers, les procureurs de la Couronne, les directeurs d’école et les enseignants.
Dans un premier jugement, la Cour supérieure du Québec avait maintenu la légalité de la Loi 21, mais avait exempté les commissions scolaires anglophones. Ce jugement statuait que la Loi sur la laïcité contrevenait à l’article 23 de la Charte des droits et libertés, qui protège le droit à l’enseignement dans la langue de la minorité linguistique. L’exemption accordée aux écoles anglophones avait toutefois été renversée par la Cour d’appel du Québec dans un jugement de février 2024.
C’est sur cette portion de cette affaire juridique que le commissaire aux langues officielles compte intervenir. Raymond Théberge indique que comme cette « cause a indéniablement des effets sur les écoles de la minorité au Québec », il compte se joindre à la contestation « en ce qui concerne le droit de gestion et de contrôle de la minorité anglophone de ses établissements et de son éducation ».
« Je l’ai répété à maintes reprises, l’éducation constitue l’outil le plus puissant d’une communauté pour assurer sa survie et l’épanouissement de sa langue et de sa culture. Comme mes prédécesseurs, j’ai saisi chaque occasion possible pour faire valoir des arguments novateurs devant la Cour suprême du Canada à l’égard du droit à l’éducation dans la langue de la minorité », soutient Raymond Théberge dans une déclaration écrite.
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge. Crédit image : Commissariat aux langues officielles du Canada
Car cette décision aura un impact sur l’éducation en français hors du Québec, affirme l’expert en droit constitutionnel, François Larocque. Il explique que la première décision, rendue dans la cause de la Loi 21, faisait écho à l’arrêt Mahé en 1990, qui donnait le droit de pleine gestion des écoles de la langue minoritaire aux conseils scolaires.
« La question qui va monter à la Cour suprême est : Avec la Loi 21, en limitant le port de symboles religieux, le gouvernement peut-il forcer un conseil scolaire public anglophone sur l’embauche de son personnel? », explique le professeur de l’Université d’Ottawa et spécialiste en droits linguistiques.
Comme l’article 23 s’applique autant aux minorités francophones hors Québec qu’aux anglophones du Québec, la décision rendue aura un effet similaire, ajoute le professeur universitaire. Donc, « la Cour suprême va avoir la chance d’élaborer et de nous dire ce que l’Article 23 protège, au chapitre de la culture et de la langue », poursuit François Larocque.
« Est-ce que ça inclut également les pratiques d’embauche et le climat d’apprentissage que les écoles cherchent à mettre en place? Est-ce que ça inclut des dimensions qui ne sont pas directement liées à la langue, mais qui peuvent inclure et déborder sur des notions communautaires, des traits plus larges de la communauté en question? », lance l’expert des questions constitutionnelles.
Le professeur à l’Université d’Ottawa, François Larocque. Archives ONFR
Clause dérogatoire
L’une des contestations soulevées par les groupes dans la cause est l’utilisation de la clause dérogatoire de manière préventive, invoquée par le gouvernement Legault pour se prémunir de contestations judiciaires. Les groupes la jugent à l’encontre de la Charte des droits et libertés. Or, la cause dérogatoire ne peut pas s’appliquer à l’article 23 sur l’éducation dans la langue minoritaire, rappelle François Larocque.
En Ontario, le gouvernement Ford a utilisé cette clause en 2021 avec la Loi sur le financement en période électorale, qui avait pour but de limiter les dépenses publicitaires des tierces parties. Il l’avait aussi invoqué en 2018 pour réduire le nombre d’élus au conseil municipal de la Ville de Toronto.
Il l’avait aussi utilisée en 2022, mais pour une première fois, de manière préventive pour empêcher une grève du personnel dans le système éducatif, avant de la retirer de son projet de loi quelques jours plus tard. Le gouvernement Trudeau a déjà indiqué à plusieurs reprises que le gouvernement entendait intervenir dans la cause pour contester la Loi sur laïcité du Québec.
TORONTO – Ce mercredi, en fin de matinée, le Salon du livre de Toronto et ses partenaires, dont l’Université de l’Ontario français où se tiendra l’événement, ont dévoilé le programme de la 32e édition. Celle-ci se déroulera du 27 février au 2 mars prochain et aura pour thème principal l’inclusion.
Le président du conseil d’administration, Valéry Vlad, a évoqué le processus de sélection de ce thème, choisi il y a un an et demi, et qui résonne particulièrement avec l’actualité récente, notamment au sud de la frontière canadienne avec l’élection de Donald Trump.
« Au moment du choix, on n’imaginait pas que nous serions là où nous sommes aujourd’hui avec la menace du Sud et d’ailleurs. Mais nous avons choisi l’inclusion comme un mot qui incarne une valeur essentielle. »
Selon M. Vlad, « On ne pouvait pas choisir de meilleur thème, vu ce qui se passe dans le monde. Ce n’est plus seulement une valeur dont on peut parler, mais une nécessité : comment devons-nous nous accrocher à l’inclusion, cette valeur primordiale, surtout au Canada, pour survivre en tant que francophones, en tant que Canadiens? C’est devenu un combat. Et sans remporter ce combat, je ne sais pas si nous existerons encore dans quelques années. »
Les temps forts de la première journée du salon. Gracieuseté du Salon du livre de Toronto
Inclure les jeunes et les aînés
La première intention des organisateurs est d’inclure la jeunesse, un enjeu primordial, comme l’a souligné M. Vlad. « Quand on parle d’inclusion, on pense aussi aux exclus. Les jeunes ont leurs jeux, leurs préoccupations, leurs réseaux sociaux et ils ne lisent pas : 2 % lisent. Donc les 98 % restants, personnellement, je les considère comme des exclus. »
On pourrait se contenter de produire des livres pour les 2 %. Mais doit-on pour autant abandonner les autres? Les laisser à TikTok et leurs préoccupations? Non, parce que ces 98 % vont voter dans quelques années. Si on veut éviter de se retrouver dans des situations comme celles que nous vivons aujourd’hui, il faut attirer ces jeunes vers le livre. Ce n’est pas de l’endoctrinement, c’est leur donner la capacité de choisir. »
Pour cela, le salon proposera des ateliers destinés aux jeunes et décernera un prix Jeune Talent littéraire à des étudiants de l’UOF, de Glendon et du Collège Boréal, qui seront en compétition.
Le programme complet de la deuxième journée. Gracieuseté du Salon du livre de Toronto
À l’autre bout du spectre, les aînés ne seront pas oubliés : un atelier de création poétique leur sera dédié lors de la deuxième journée.
« Il est important, lorsqu’on parle d’inclusion, d’accorder une place à nos aînés », a indiqué Eunice Boué, directrice générale du salon. « Nous avons travaillé avec différents partenaires qui sont ravis de nous envoyer des groupes d’aînés. Ils sont déjà prêts et attendent avec impatience de monter dans les navettes pour se rendre au salon. »
L’atelier de création poétique sera suivi d’une visite des stands du salon.
Le programme du troisième jour. Gracieuseté du Salon du livre de Toronto
Inclure les autochtones et la communauté LGBTQ+
Le samedi 1er mars, troisième jour du salon, plusieurs thèmes seront abordés, notamment l’inclusion des communautés autochtones et leur place dans la francophonie, à travers une table ronde.
« Les communautés autochtones doivent avoir leur mot à dire, confie M. Vlad. Nous les inviterons et leur donnerons la parole pour qu’elles puissent définir leur rôle dans la francophonie et dans l’inclusion en général. »
Cette table ronde sera précédée d’une autre intitulée « Voix nouvelles et inclusives », consacrée à la littérature queer francophone au Canada.
« Mettre en avant la communauté LGBTQIA+, les valeurs qu’elle a su imposer, est essentiel. Sinon, on risque de suivre l’exemple de nos voisins du Sud, où l’on préfère balayer ces questions sous le tapis », a précisé M. Vlad.
Le programme complet de la journée de clôture du salon. Gracieuseté du Salon du livre de Toronto
La journée de clôture, le dimanche 2 mars, mettra en lumière des auteurs en situation de handicap, à travers une autre table ronde, cette fois sur la littérature et le handicap.
La 32e édition du Salon du livre de Toronto se tiendra du 27 février au 2 mars 2025 à l’Université de l’Ontario français. L’entrée est gratuite.
OTTAWA – L’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO) et l’Université d’Ottawa sont parvenues à une entente de principe de deux ans, après plusieurs mois de négociations.
Les 1 300 professeurs et bibliothécaires avaient massivement voté pour un mandat de grève en novembre dernier en cas d’impasse. Ils n’auront pas à s’en servir. Les deux parties sont arrivées à s’entendre, en fin de semaine dernière, après trois jours intensifs de conciliation.
« Au cours des sept derniers mois, nous avons démontré notre force collective et notre capacité à intensifier notre lutte pour défendre la mission de notre université », a déclaré Dimitri Karmis, le président de l’APUO.
L’entente doit maintenant être présentée aux membres de l’APUO dans les prochaines semaines, lors d’une assemblée générale extraordinaire, avant un vote secret de ratification de l’entente.
Les négociations collectives avaient débuté en juin dernier. Puis, en août, l’APUO avait déposé une demande de conciliation et proposé une journée complète de médiation, qui s’est finalement déroulée le 17 octobre. La conciliation s’était amorcée les 5 et 6 novembre, se poursuivant les 15, 16 et 17 janvier.
En octobre, 74.6 % des membres avaient signé une pétition demandant à l’employeur de négocier sérieusement sur nos propositions concernant la charge de travail, le soutien à la qualité de l’enseignement et de la recherche, ainsi que la démocratisation de la prise de décision. Le 14 novembre , un mandat de grève était voté à 80.9 %.
HEARST – Des centaines de résidents privés d’électricité lundi ont retrouvé le courant la nuit dernière. L’abri d’urgencea fermé, tous les résidents étant rentrés chez eux. L’Université a rouvert ses portes, ce qui n’est pas le cas pour toutes les écoles.
Lundi, une première panne a coupé le courant à 328 clients, puis une seconde à 466 clients supplémentaires.
« En patrouillant sur nos infrastructures, les équipes ont trouvé deux disjoncteurs qui fonctionnaient mal à la station de transmission de Hearst, rapporte le service de communication d’Hydro One. Des équipes de stations ont été amenées de Timmins et de Thunder Bay pour effectuer ces réparations, tandis que des équipes de distribution de Kapuskasing ont continué à patrouiller le long de nos lignes. »
Le courant a été rétabli aux alentours de 23h pour une partie des sinistrés. Vers minuit, les équipes d’Hydro One ont trouvé un isolateur (équipement de sécurité qui empêche l’électricité de circuler vers le sol) cassé et le courant des 100 clients restants a été rétabli.
Université réouverte, écoles en partie fermées
L’Université de Hearst a rouvert ses campus ce mardi. « Nous sommes prêts à accueillir les étudiantes et les étudiants sur nos trois campus ce matin. N’oubliez pas de vous habiller chaudement », a-t-elle communiqué sur ses réseaux sociaux. Idem pour l’école l’École publique Passeport Jeunesse, qui dépend du Conseil scolaire public du Nord-Est de l’Ontario.
En revanche les autres écoles francophones de la ville restent portes closes. « Nous avons dû écouler les systèmes de chauffage afin de prévenir des dommages dans trois de nos écoles et il sera impossible de rétablir une température ambiante acceptable à temps pour le début des cours demain », a indiqué aux familles le Conseil scolaire catholique des Grandes Rivières.
L’École secondaire catholique de Hearst, l’École catholique Pavillon Notre-Dame et l’École catholique St-Louis sont donc fermées aux élèves et au personnel pour la journée. De même qu’aucun autobus de Hearst et Mattice ne circule.
La municipalité a remercié tous ceux qui ont « travaillé sans relâche dans ces conditions météorologiques extrêmes pour assurer la sécurité et le bien-être de notre communauté ».
HEARST – Confrontée à un froid extrême et à une panne électrique touchant plusieurs centaines d’habitants, la ville du Nord a déclaré l’état d’urgence ce lundi. Le réseau pourrait être rétabli d’ici demain matin.
Le thermomètre a franchi ce lundi les -30 degrés Celsius à Hearst qui s’est résolu à déclarer l’état d’urgence en fin d’après-midi, après que plus de 350 résidents et près de 500 autres clients le long de la route 11 se soient retrouvés sans courant en tout début de matinée.
À l’origine de la panne, deux disjoncteurs qui auraient dysfonctionné. L’hôtel de ville a mis en place une ligne téléphonique, le 705-362-4341, afin de communiquer au public les ressources disponibles, les abris d’urgence et les mesures de sécurité. Un centre d’accueil d’urgence a notamment été improvisé dans le gymnase de l’École catholique Sainte-Anne, sur la rue Allen.
L’état d’urgence restera en vigueur « jusqu’à ce que l’électricité soit entièrement rétablie et jusqu’au retour à la normale », précise la municipalité.
Un peu plus tôt dans l’après-midi, la Corporation de distribution électrique de Hearst, qui gère le réseau, a annoncé que la panne de courant devait se prolonger « jusqu’à ce soir ». Finalement, les résidents devront s’armer de patience jusque dans la nuit.
« En début d’après-midi, un disjoncteur de Hydro One sur un circuit différent a cédé lors d’une tentative de rétablir le circuit central », rapporte la Corporation de distribution électrique de Hearst. Par conséquent, ce disjoncteur doit être remplacé, et une évaluation supplémentaire sera nécessaire. »
Hearst Power a indiqué vouloir apporter de petits ajustements dans son propre système pour partager l’électricité des zones qui en ont actuellement avec celles qui en sont privées depuis 7h30 du matin ce lundi, sans garantie de succès.
La panne a paralysé quelques institutions locales, à l’image de l’Université de Hearst qui a annulé les cours sur ses trois campus dans l’après-midi.
Roger Sigouin, maire de Hearst, se tient au courant depuis Toronto, où il est en déplacement. Photo : Archives ONFR/Rudy Chabannes
« C’est inacceptable qu’Hydro One démontre une moindre urgence pour le Nord »
— Roger Sigouin, maire de Hearst
Actuellement hors de la ville, en déplacement à la conférence annuelle de l’Association des municipalités rurales de l’Ontario (ROMA) à Toronto, le maire Roger Sigouin suit les événements à intervalles réguliers, espérant un retour à la normale autour d’1h du matin, mardi.
Et d’appeler à la solidarité des résidents : « S’il y a des familles qui ont de l’électricité, de la chaleur, qu’ils invitent des gens à aller prendre un café ou autre. Personne ne devrait connaitre une situation comme ça ».
L’édile trouve « inacceptable qu’Hydro One démontre une moindre urgence pour le Nord. C’est une équipe de Timmins qui s’est déplacée à Hearst. C’est trois heures de route, trois de perdues pendant que les gens sont sans électricité. Hydro One ne travaille pas pour notre utilité dans nos communautés », regrette-t-il.
« On avait un groupe à Hearst prêt à travailler avec eux autres, mais ils ont refusé de travailler ensemble. C’est frustrant. »
Le maire espère croiser un ministre provincial durant son séjour à Toronto pour pointer ce qu’il qualifie de « manque d’expertise d’Hydro One au niveau des états d’urgence dans le Nord. »
Joint par ONFR, Hydro One n’avait pas donné suite à nos sollicitations au moment d’écrire ces lignes.
La police provinciale de l’Ontario (PPO) recommande de ne pas utiliser d’appareils ou de générateurs au propane à l’intérieur, ces appareils peuvant produire des niveaux dangereux de monoxyde de carbone, inodore et mortel. « Si vous ne pouvez pas rester au chaud à la maison en raison de la panne, le détachement de Hearst de la Police provinciale de l’Ontario est disponible comme centre de réchauffement », alerte la PPO, appelant à recourir au 911 en cas de besoin urgent d’assistance.
La deuxième édition du livre blanc sur l’économie franco-ontarienne vient de sortir, et à l’issue des 15 mois de décryptage qu’il a fallu à la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario pour évaluer sa croissance, il en ressort un rapport se voulant comme une nouvelle étude, qui souligne à la fois les mérites, mais aussi les défaillances d’une économie qui ne cherche qu’à se développer.
La grande nouveauté cette année se niche dans la contribution de la firme de sondage Léger Marketing, à travers laquelle les entrepreneurs francophones ont pu faire avancer la recherche en exprimant leurs inquiétudes et leurs besoins.
Le document, qui contient cinq recommandations adressées autant aux pouvoirs publics qu’aux communautés francophones, appelle à « une grande collaboration », indique le directeur général sortant de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), Richard Kempler.
Les recommandations issues du livre blanc. Source : FGA
Le poids économique de la francophonie
Pendant que l’Ontario continue d’abriter la moitié des entreprises francophones minoritaires au pays, les nouvelles données du rapport confirment que les entreprises dirigées par des francophones ont bel et bien montré un taux de croissance annuel supérieur à 20 %. En effet, en étant capables de piocher dans les deux bassins linguistiques, elles bénéficient d’un avantage d’innovation.
Même si ces entreprises demeurent actives dans tous les secteurs, elles apparaissent fortement représentées dans des secteurs comme le commerce de détail, la construction ou encore les services scientifiques et techniques. Le rapport indique aussi qu’elles ont plus souvent tendance à s’identifier comme de taille moyenne et grande, comptant entre 20 et 499 employés par rapport à celles dirigées par des non-francophones.
Quelles entraves à la croissance?
Toutefois, le rapport s’attelle à une myriade de problématiques qui freinent les perspectives d’une économie franco-ontarienne forte. Le directeur sortant de la FGA ajoute que le manque d’une définition claire de l’entreprise francophone complique la tâche de rendre compte de l’ampleur réelle de cette économie et d’établir des comparaisons claires. « On a dit qu’on a 30 000 entreprises francophones, mais, suivant les définitions, on pouvait aller jusqu’à quasiment 72 000 entreprises », déplore-t-il.
Il n’hésite d’ailleurs pas à pointer du doigt la timidité des politiques gouvernementales de promotion des villes éloignées des grands centres auprès des nouveaux arrivants. Des grands bassins tels que Toronto ou Ottawa peuvent témoigner du potentiel inexploité d’une population qui pourrait utiliser le français, pendant que dans le nord de l’Ontario, les pénuries techniques et géographiques, combinées au vieillissement de la population, font de la francophonie une richesse d’autant plus mal exploitée.
Pourcentage d’entreprises francophones selon la croissacne annuelle de l’entreprise en 2020. Source : Statistique Canada, Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises
Les barrières entrepreneuriales exprimées par les jeunes entrepreneurs peinent à se détourner du problème du manque de financement. Membre du conseil d’administration de la FGA et lui-même entrepreneur, José Mafra explique que « c’est souvent un manque d’information, qu’il y a énormément de programmes et qu’il faut juste trouver les bons partenaires ».
Présente au lancement du livre blanc, Lina Ravelojaona, qui est consultante et gestionnaire des services d’appui aux entrepreneurs francophones au sein de la FGA, explique qu’elle a commencé à exporter ses services à Madagascar l’année dernière. « J’ai approché des institutions comme l’American Chamber of Commerce à Madagascar », dit-elle.
L’emplacement géographique de la province s’avère instrumental pour devenir un acteur économique majeur de la francophonie internationale en Amérique du Nord. Toutefois, en ce jour d’investiture du président désigné Donald Trump, la question des obstacles commerciaux, notamment les tarifs douaniers, peut peser sur les ambitions des jeunes entrepreneurs francophones.
Types de services offerts en français par les entreprises ontariennes en 2022. Source : Statistique Canada
En prenant compte du contexte domestique, s’ajoute la dure tâche du Canada à retenir ses immigrés francophones, dans la mesure où un récent rapport du Conference Board du Canada a démontré que le Canada perdait 35 % de ses immigrants francophones à long terme, notamment en Ontario.
Les dirigeantes et les entrepreneuses, déjà défavorisées dans les données de la première édition, ne témoignent pas de progression et constatent une participation féminine qui stagne toujours. Catherine Goueth, entrepreneuse en agroalimentaire à Ottawa, explique que la culture des affaires reste un obstacle majeur dans l’intégration des nouveaux arrivants : « Ces autres aspects de la vie, ce n’est pas à l’école qu’on les apprend. Il faut comprendre le système. »
Innovante et bien placée pour capitaliser sur les opportunités, l’économie franco-ontarienne est sous-estimée, ce qui limite son influence auprès des décideurs. La reconnaissance du potentiel économique joue un rôle capital dans sa croissance à court et long terme. « Le temps de l’entreprise n’est pas le temps de l’administration », ajoute Richard Kempler. Ce dernier encourage la distribution simple et rapide de 100 000 dollars sans plus tarder aux débutants afin d’ouvrir la voie aux nouveaux entrepreneurs.
OTTAWA — À peine quelques jours après qu’il ait officialisé sa candidature pour la chefferie libérale, Mark Carney se voit la cible de critiques sur son français chez ses adversaires, autant chez les libéraux que chez les conservateurs.
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et celle d’Angleterre a lancé sa campagne jeudi dernier en Alberta. Mark Carney a prononcé un discours dans les deux langues, mais principalement plus en anglais, lors de son lancement, en plus de répondre à des questions en français et en anglais.
Il avait quelques jours auparavant accordé une entrevue, à saveur de précampagne, sur le réseau américain Comedy Central à l’émission de Jon Stewart’s The Daily Show.
« Carney n’a donné aucune entrevue en français au Québec, mais il a lancé sa campagne avec une entrevue aux États-Unis, en anglais seulement », a dénoncé sur X le chef conservateur Pierre Poilievre, ce qu’il qualifie de « honteux ». « Mettre le Canada d’abord doit inclure le respect de nos deux langues officielles. »
« Les francophones méritent d’entendre les candidats à la chefferie dans leur langue maternelle. Chrystia Freeland est partante pour un débat en français. Mark Carney, l’êtes-vous? » l’a pressé l’ex-ministre du Revenu national et de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, qui se range derrière sa collègue dans cette course.
L’ex-ministre des Finances Chrystia Freeland est l’une des aspirantes à la chefferie libérale. Photo : John Lehmann/Fortune
Mark Carney n’a d’ailleurs pas encore accordé d’entrevue en français contrairement à sa principale concurrente.
L’ex-ministre des Finances, qui a lancé sa campagne dimanche à Toronto, s’est d’ailleurs targué d’avoir accordé sa première entrevue en français, soulignant qu’elle est « ici pour défendre le français et le bilinguisme » au pays. Une autre membre du cabinet au cours des dernières années, Karina Gould, a livré un plaidoyer semblable dimanche lors de son lancement de campagne, soulignant son apprentissage du français dans le système d’immersion en Ontario.
« C’est sûr que ça détonne par rapport à ses deux adversaires pour le moment, au sens où à la fois Mme Freeland et Mme Gould ont pris la peine de donner plus de place au fait français dans leur campagne pour le moment », analyse la professeure en science politique au Collège militaire royal de Kingston, Stéphanie Chouinard.
Lorsqu’il était gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney parlait régulièrement en français lors de discours et allocutions en plus d’accorder des entrevues aux médias francophones dans le cadre de ses fonctions entre 2008 et 2013.
« Il est peut-être un peu rouillé. Depuis les dix dernières années, il n’a peut-être pas eu la chance de pratiquer son français autant que deux parlementaires à Ottawa. Il a moins de facilité à exprimer ses idées en français », observe Mme Chouinard, qui croit que ça pourrait lui nuire au Québec et dans les bastions francophones hors du Québec si ça ne change pas.
« C’est un parti qui a une base importante au Québec. Les Québécois francophones sont sensibles à la question linguistique comme le sont les francophones à l’extérieur (du Québec) et s’attendent à ce que leur chef soit en mesure de s’exprimer correctement dans leur langue. »
Mark Carney a toutefois reçu un appui de taille de la part de la ministre des Affaires étrangères et ex-ministre des Langues officielles, Mélanie Joly, reconnue pour ses qualités d’organisatrice au Québec. Pour Stéphanie Chouinard, c’est plutôt la réponse du prochain chef aux menaces des tarifs américains de Donald Trump et l’injection de nouvelles idées, qui déterminera l’identité du remplaçant de Justin Trudeau, mais ajoute que la maîtrise du français pourrait jouer par la suite.
« Le ou la candidate va devenir au même moment premier ministre et très rapidement va être appelé(e) à défendre ses idées lors d’une campagne où il devra se mesurer à un Pierre Poilievre, mais surtout un Yves-François Blanchet… Ils n’auront pas le temps de suivre des cours ni de se préparer à d’éventuels débats de campagnes électorales », ajoute-t-elle.
Matthew Rankin, réalisateur visionnaire originaire de Winnipeg, s’associe aux artistes iraniens Ila Firouzabadi et Pirouz Nemati pour imaginer Montréal, Téhéran et Winnipeg dans un Canada alternatif où le farsi est la langue officielle. Choisi pour représenter le Canada dans la course aux nominations des Oscars, ce film audacieux arrive en salle dès le 31 janvier.
Si des élections provinciales avaient lieu maintenant, les progressistes-conservateurs de Doug Ford arriveraient en tête, devançant les libéraux de Bonnie Crombie et les néo-démocrates de Marit Stiles, d’après un sondage menée par la firme Mainstream Research.
Dans ce coup de sonde publié dimanche, on apprend que 29 % des personnes interrogées porteraient leur voix sur le Parti progressiste-conservateur, contre 26 % sur le Parti libéral, 18 % sur le Nouveau Parti démocratique – qui forme actuellement l’opposition officielle – et 4 % sur le Parti vert. Une forte proportion de sondés se disent toutefois indécis : 21 %.
Si on met à part les indécis, parmi les sympathisants et les électeurs décidés, les intentions de vote grimpent à 40 % pour le parti de Doug Ford, 30 % pour les libéraux, 21 % pour les néo-démocrates et 5 % pour les verts.
Ce sont les résultats d’une enquête en ligne menée entre le 10 et le 15 janvier dernier, auprès de 943 adultes de 18 ans ou plus vivant en Ontario. La marge d’erreur du sondage est de +/- 3,2 % au niveau de confiance de 95 %.
Mainstream Research a aussi demandé à son échantillon quelle devrait être la priorité du prochain gouvernement. L’économie et le logement préoccupent plus de la moitié des participants.
30 % ont répondu l’économie, 25 % le logement, 22 % la santé, 11 % les relations commerciales avec les États-Unis, 9 % les crimes et 2 % l’éducation.
Quant à savoir si les sondés étaient pour ou contre la tenue d’élections anticipées, 40 % se sont déclarés en faveur, 40 % contre et 19 % sans opinion.
Depuis plusieurs mois, planent en Ontario des rumeurs d’élections – avant le terme du mandat actuel qui doit s’achever en juin 2026 –, renforcées par les récentes déclarations du premier ministre qui n’a pas exclut cette hypothèse au regard notamment de la menace de tarifs douaniers américains à hauteur de 25 % sur les produits canadiens.
« Nous voulons protéger les travailleurs à tout prix, l’Ontario sera là pour eux », a lancé Doug Ford la semaine dernière lors d’une réunion à Ottawa avec ses homologues des provinces et territoires, ainsi que Justin Trudeau, le premier ministre du Canada.
Plus tôt, lundi dernier, il déclarait : « Si nous devons dépenser des dizaines de milliards de dollars, nous nous adressons au peuple – laissons le peuple décider, c’est son argent ». Avant d’ajouter : « Rien n’a été décidé, voyons où vont les tarifs douaniers. »
Dans une déclaration diffusée dimanche soir, à la veille de l’investiture de M. Trump, Doug Ford a assuré que « si les tarifs douaniers imposés par le président Trump rendent des représailles nécessaires, je me tiendrai aux côtés de l’Équipe Canada pour riposter en utilisant tous les outils à notre disposition. La province est prête à soutenir les tarifs douaniers fédéraux dans le cadre de la première ligne de représailles du pays. »
« Nous sommes la 1ère destination d’exportation pour 17 États américains et la 2e pour 11 autres Etats (…). Quand les tarifs (américains) seront imposés, on éliminera tous les alcools américains des étagères de la LCBO. Ils vont le ressentir », a-t-il renchéri, ce lundi, lors de la conférence annuelle de l’Association des municipalités rurales de l’Ontario (ROMA).
En tant que président du Conseil de la fédération, il se rendra à Washington le 12 février prochain à la tête d’une mission conjointe des premiers ministres des provinces et des territoires du Canada.
OTTAWA – La 44e édition de Contact ontarois s’est terminée samedi soir. Le spectacle spécial pour souligner les 25 ans de Réseau Ontario a pris des allures de rassemblement familial. En début de soirée, une sobre cérémonie de remise de prix a couronné entre autres Stéphane Guertin, Mimi O’Bonsawin et Caroline Raynaud.
Il s’agissait du deuxième prix Distinction Réseau Ontario de suite pour Stéphane Guertin, qui en avait été le premier récipiendaire l’an dernier, alors que Réseau Ontario avait remanié ses catégories. Le traditionnel prix Coup de cœur laissait ainsi la place aux prix Distinction et Audace.
Cette année, c’est lors de la vitrine jeunesse élémentaire qu’il a pu captiver les jeunes et les diffuseurs avec son premier conte pour enfants, Quand les orteils auront des dents. Sa performance solo lui a aussi valu le prix Alliance Acadie. RADARTS l’invite donc à présenter un extrait de spectacle à la prochaine FrancoFête en Acadie.
Stéphane Guertin et Mimi O’Bonsawin se partagent le prix Distinction de Réseau Ontario, remis par Desjardins. Photo : Rachel Crustin / ONFR
En 2025, le conteur et fondateur de la compagnie Effet papillon partage le prix Distinction avec Mimi O’Bonsawin. Cette dernière a également remporté le prix Alliance Ouest du Réseau des grands espaces, lui assurant une place en vitrine au prochain Contact Ouest.
« Je ne m’attendais vraiment pas à ça », a lancé Mimi O’Bonsawin au micro d’ONFR, soulignant qu’il s’agissait de sa première vitrine à Contact ontarois. « Je n’ai pas beaucoup de mots, je suis émue. »
L’audace sudburoise
Le prix Audace a été remis à Caroline Raynaud pour sa pièce Le téton tardif, présentée lors de la bulle de théâtre et de danse jeudi après-midi. La Franco-Sudburoise repart également avec le prix Alliance ROSEQ. Elle présentera donc une vitrine à Rimouski, au Québec, cet automne.
La Française d’origine raconte avoir vécu une agréable surprise au moment d’entendre la description du prix. « Je me suis dit : tiens, c’est une région que je n’ai pas encore visitée. Et tout à coup, j’ai entendu mon nom. C’était presque irréel. »
Caroline Raynaud a remporté le prix Audace de Réseau Ontario, remis par Desjardins. Photo : Rachel Crustin / ONFR
C’est la deuxième année que le prix Audace est remporté par un artiste de Sudbury, alors qu’Alex Tétreault en a été le récipiendaire l’an dernier. Le prix est remis à une proposition franco-ontarienne originale qui « s’adressera à de nouveaux publics, fera découvrir de nouvelles formes ou de nouvelles approches artistiques ».
« Je suis très touchée ce soir. Pour moi, c’est la preuve que j’arrive à transmettre le message que je veux, ce pour quoi j’écris ce spectacle. » Caroline Raynaud souligne que les spectateurs lui mentionnent être touchés pour une variété de raison, après ses quelques représentations devant public durant la création de la pièce. « La vulnérabilité, la légèreté, et de parler de sujets qui ne sont pas nécessairement faciles à aborder, comme la sexualité, le rapport à son corps » et les moments inconfortables de l’adolescence, abordés avec sensibilité, mais aussi avec humour.
Un autre Franco-Ontarien qui pourra explorer le marché québécois est LeFLOFRANCO, récipiendaire du prix du Festival international de la chanson de Granby.
« Je me sens vu, écouté, honoré. On va pouvoir aller représenter la belle francophonie canadienne sur le territoire québécois. C’est une grosse bibitte et on veut tous avoir notre place sur ce marché. »
LeFLOFRANCO, habitué de Contact Ontarois, présentait une vitrine grand public pour la première fois. Photo : Rachel Crustin / ONFR
LeFLOFRANCO a déjà un agenda bien rempli pour l’année à venir, entre autres grâce à sa productrice Natalie Aloessode-Bernardin (Amixie Solution), qui a elle-même remporté le prix Product’Or pluridisciplinaire pour sa récente tournée.
Le prix Product’Or scolaire a été remis à Martin Rocheleau pour la tournée Angle mort de Stéphanie Morin-Robert. L’artiste originaire de Timmins avait remporté trois prix, dont le Coup de cœur, à Contact ontarois 2023.
Les prix Product’Or sont remis « aux deux producteurs avec lesquels il a été le plus agréable de travailler et qui ont démontré une ouverture d’esprit face aux réalités de la diffusion en Ontario lors de la saison 2023-2024. »
Le prix FrancoFlamme, remis pour souligner l’engagement d’un diffuseur envers « le rayonnement des artistes franco-canadiens », a été accordé au Conseil des organismes francophones de la région de Durham (COFRD). L’organisme ayant pignon sur rue à Oshawa a consacré plus de 87% de sa programmation de la dernière année à des artistes franco-ontariens.
Également une récompense pour les diffuseurs, le prix Alliance Rideau a été remis ex aequo aux Compagnons des francs loisirs de North Bay et au Centre de loisirs culturels de Kapuskasing.
C’est avec émotion qu’Élaine Legault a accepté le prix Martin Arseneau, soulignant son apport continu à la culture franco-ontarienne. Photo : Rachel Crustin / ONFR
En tout début de cérémonie de récompense, Réseau Ontario a remis le prix Martin Arseneau, qui récompense une personne employée ou bénévole qui s’est impliquée dans l’équipe d’un diffuseur membre du réseau. C’est Élaine Legault qui a remporté les honneurs sous les applaudissements soutenus de la foule.
La délégation internationale a pour sa part donné son appui au Fransaskois Shawn Jobin et au duo ottavien Moonfruits, qui n’avait pas présenté de vitrine cette année, mais avait été remarqué en 2024.
25 ans de Réseau Ontario
L’édition 2025 de Contact ontarois s’est terminée avec un spectacle pour souligner les 25 ans d’incorporation de Réseau Ontario, qui organise Contact ontarois depuis 23 ans.
23 ans, c’est également le nombre d’années passées sur le conseil d’administration pour Élaine Legault, dont l’implication a été soulignée à grands traits durant le spectacle, en plus du prix Martin Arseneau remporté un peu plus tôt.
Des clins d’oeil ont aussi été faits à la comédie musicale Vaches, The Musical, dans laquelle on pouvait voir Stéphane Guertin et Geneviève Roberge-Bouchard. Photo : Rachel Crustin / ONFR
L’apport de plusieurs autres personnes a aussi été souligné par les animateurs, Yao et Stef Paquette. C’est notamment le cas du directeur technique Claude Faucon, qui s’est impliqué pendant 35 ans à Contact ontarois.
Le public a été sollicité tout au long de la soirée, les gens dans la salle racontant diverses anecdotes et se relançant même entre eux, dans ce qui a pris l’allure d’une grande réception familiale.
En performance, en plus des animateurs, on a pu voir entre autres Hey, Wow, Geneviève Roberge-Bouchard, Improtéine et Makhena Rankin-Guérin.
La danseuse de cerceux anishinaabe et franco-ontarienne Makhena Rakin-Guérin a clôturé le spectacle des 25 ans de Réseau Ontario. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Questionnée par ONFR à la suite de cette 44e édition de Contact ontarois, la directrice générale de Réseau Ontario, Marie-Ève Chassé, s’est dite satisfaite.
« On est vraiment contents. Ça a été une édition sous le seau de la découverte. C’est le mot que j’ai entendu le plus cette semaine » de la part des diffuseurs. Elle souligne que ces derniers auront des choix difficiles à faire, entre autres à cause de la variété de l’offre. « Peu importe à qui je parlais, ce n’était jamais les mêmes coups de cœur (…) Ça veut dire que l’offre dans les communautés sera variée dans la prochaine année. »
À propos du spectacle, elle souligne avoir été heureuse de revoir sur scène certains artistes qui ont marqué les 25 dernières années. « Je pense aussi que pour ceux qui connaissent moins l’organisme, ça donne un bon instantané de ce qu’on est, de l’énergie, de la dynamique. Ça a aussi permis de mettre à l’honneur des gens qui ont bâti » Réseau Ontario, souligne-t-elle.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.
[CHRONIQUE]
Loin de moi l’idée de remuer le couteau dans la plaie, mais la nécessité a ses raisons que les déloyaux ignorent. Conditions sine qua non de mon engagement, je l’avais promis dès le départ : cette série de chroniques est pour déshabiller mon expérience, dépoussiérer mes souvenirs, bons comme mauvais, et dénuder le fond de ma pensée, complètement. Alors, nulle retraite ou échappatoire à la période virale qui m’avait cueilli en plein envol. Pas de replis, certes, mais sous les angles sincères de l’amitié et de l’art!
Après s’être fait rapatrier en urgence depuis mon Maroc natal (les mots rapatrier et natal ne devraient pas être alignés côte à côte!) pour cause de fermeture des frontières, suite à l’apparition du virus couronné, vint la « quarantaine » imposée par le gouvernement canadien.
La quatorzaine
En réalité, il s’agit là d’un autre abus de langage admis sans résistance jusqu’aux hautes sphères, un non-sens du même acabit que la parenthèse plus haut. Dans les faits, c’est d’une quatorzaine dont il était question et non d’une quarantaine.
En effet, toute personne en provenance de l’étranger devait s’isoler immédiatement et ne pas mettre le nez dehors sous aucun prétexte, et ce en vertu du décret d’urgence sur la Loi de la quarantaine instauré à la hâte à cette époque. Au passage, je me permets d’y coller un lien officiel pour les nostalgiques, à l’instar de votre serviteur.
Oui! Nostalgique de cette période il m’arrive de l’être aujourd’hui. Mais ne brûlons pas les étapes, ne plaçons pas le jour avant la nuit, l’aube avant les ténèbres!
Toute infraction à cette loi pouvait entraîner jusqu’à six mois de taule ou 750 000 $ d’amende. À 125 000 $ le mois de prison, ce fut très dissuasif sur moi. Pas question de sortir, même pour aller faire des courses.
Le réfugié au gros cœur
Prisonnier jusqu’à la panse, un ami, de 20 ans mon ainé, réfugié turc de son statut, s’est proposé de faire les courses et me les livrer à domicile à chaque fois que moi ou ma petite famille eussions besoin de quelque chose.
Pour la petite histoire, j’avais rencontré ce sexagénaire quelques mois plutôt sur les bancs de l’école où une amitié bâtie au mortier du mal du pays était immédiatement née. Il faut dire que l’homme avait un cœur gros comme une pastèque. D’ailleurs, je me demande toujours comment une cage thoracique aussi petite pouvait contenir un cœur aussi épais! Tellement épais qu’aujourd’hui, mon fils le considère comme le grand-père qu’il n’a jamais eu, par fatalité. Alors, Mostapha, cette chronique t’est dédiée, que Dieu, s’il existe, fasse naître plus d’âmes comme la tienne sur cette terre mère nourricière. Amen!
J’ai donc accepté sa proposition volontiers pour ne pas crever la dalle et finir par bouffer ce satané merle d’Amérique qui venait taper du bec chaque matin sur ma fenêtre, croyant dans sa stupidité qu’il se battait contre un rival, lui aussi gonflé à bloc à coup de testostérones en cette saison de reproduction.
Et sa bêtise était incroyablement ponctuelle pour un si petit cerveau : 6 h tapante du matin. Un messager de bonne fortune, tu parles! (Un grand mea-culpa s’impose aux amis des animaux, mon humour est à l’image de mon anglais, maladroit, mais compréhensif, du moins, je veux bien le croire.)
Le confinement, mon meilleur allié
Hormis cette parenthèse des cœurs, les premiers jours de cet isolement obligatoire loin des miens étaient terribles. À la manière d’un fauve fraichement capturé dans une cage ne sachant quoi faire de son temps dans un espace si exigu, je tournais en rond avec le poids de l’incertitude mondiale sur les épaules, et cela commençait à jouer sur ma santé mentale.
Il fallait se reprendre, et si je ne le faisais pas pour moi, il fallait le faire pour ma petite famille. Le salut est venu de l’écriture. En effet, lors d’une séance de réflexion insomniaque, je compris que ce confinement était finalement une chance pour l’écrivain que je suis. Après tout, de quoi a vraiment besoin un créateur, si ce n’est de temps? Et du temps, on en avait tous à revendre. C’est clair comme l’eau de roche : le vrai luxe n’est ni or ni argent, le vrai luxe ne brille point, le vrai luxe c’est le temps.
Dès lors, face à face avec mon art, je m’étais mis à écrire comme jamais, inspiré comme un diable dans ce silence forcé. Résultats : un roman achevé en un temps record répondant au titre de Zahra, le meilleur de ma carrière, à mon goût.
Il n’y a pas de doute là-dessus, pour ma petite personne, artistiquement, la COVID n’était pas une coquille vide. Ce qui semblait être un abîme de solitude s’est transformé en une force créatrice. Deux années ou presque à créer, deux années qui ne sont certainement pas à jeter dans les profondes oubliettes du passé.
Enfin, loin de ce raisonnement un brin égoïste et/ou opportuniste, avec le recul qu’on a aujourd’hui après le passage de la tempête, il s’avère que, études à l’appui, le confinement planétaire n’avait pas été des plus efficaces, à l’instar de la solution proposée par Donald Trump à l’époque et qui consistait à s’injecter du gel désinfectant directement dans les veines pour se protéger du virus, un vrai génie!
Pour rappel, la deuxième investiture du même Donald Trump à la tête du pays le plus puissant du monde est prévue pour ce lundi. Mais, cela est une autre paire de manches.
À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
Une semaine de célébration et d’hommages aux œuvres et histoires qui ont marqué à jamais la scène culturelle est au premier plan en Ontario français. Des soirées de musique classique, une exposition artistique et des films francophones font partie de l’offre riche et diversifiée inscrite à l’agenda.
Concerts
Le compositeur belge Bernard Foccroulle interprète le journal d’Hélène Berr
L’émouvant portrait d’une jeune juive parisienne déportée à Auschwitz prend vie au Royal Conservatory of Music de Toronto grâce à la soprano Elena Howard-Scott et au Quatuor de la Glenn Gould School.
Considérée comme la « Anne Frank » française, cette jeune étudiante a documenté sa vie durant l’occupation allemande à travers son journal qu’elle a rédigé entre 1942 et 1944. Un an plus tard, quelques jours avant sa libération du camp de concentration Bergen-Belsen, elle meurt du typhus, laissant derrière elle son journal qui inspirera des générations à venir. Le journal d’Hélène Berr n’a été publié que 63 ans plus tard.
Hélène Berr dehors. Collection Mariette Job / Mémorial de la Shoah
Le pianiste virtuose Maxime Zecchini sur scène à Ottawa
L’un des pianistes français les plus renommés, Maxime Zecchini, est de passage à Ottawa par l’entremise de l’Alliance française. M. Zecchini est connu pour sa programmation novatrice qui explore le répertoire pour la main gauche seulement. Il interprète des œuvres qui nécessiteraient normalement l’utilisation des deux mains en n’en utilisant qu’une seule. En concert à l’église Mackay United, ce virtuose épatera son auditoire en interprétant des œuvres emblématiques des grands compositeurs français, notamment de Maurice Ravel, Gabriel Fauré et Camille Saint-Saëns.
L’exposition Effervescence à la Galerie du Nouvel-Ontario
Des artistes du Nord de l’Ontario se réunissent à travers l’art pour célébrer la richesse et la diversité des communautés racialisées. Ali Rodriguez-Beaudoin, Connor Lafortune, Isak Vaillancourt, Myths and Mirrors Community Arts et Ra’anaa Yaminah Ekundayo tous issus de différentes pratiques de création artistique, fusionnent leurs histoires avec l’exposition Effervescence pour raconter la solidarité et la résilience présente dans chacune de leurs communautés.
Visuel de l’exposition Effervescence. Gracieuseté de la Galerie du Nouvel-Ontario
Les 20 ans du Regroupement des artistes cinéastes de la francophonie canadienne
En collaboration avec le RACCORD, l’Alliance française de Toronto prête ses locaux pour célébrer les 20 ans de l’organisme qui porte la voix des cinéastes francophones en situation minoritaire au Canada. À l’occasion de son anniversaire, le RACCORD lance une programmation riche en cinéma avec deux projections spéciales en deux volets : série de courts métrages et la projection du long métrage Rêver en Néon de la réalisatrice, Marie-Claire Marcotte. Les spectateurs auront l’opportunité d’échanger avec la réalisatrice qui sera présente le soir de la projection.
Le film Rêver en néon. Gracieuseté de Corey Loranger
Rémi sans famille d’Antoine Blossier au Sudbury Indie Cinema
Fidèle à son mandat de projeter des films francophones et anglophones, le Sudbury Indie Cinema diffusera le film de Antoine Blossier, Rémi sans famille dans ses locaux. Une histoire d’amitié et d’aventure, le jeune orphelin Rémi accompagne un musicien nomade dont il apprendra beaucoup en parcourant la France à ses côtés.
Image du film Rémi sans famille. Gracieuseté de Mars Films.
OTTAWA – L’industrie du spectacle francophone se donne rendez-vous ces jours-ci à Contact ontarois, qui a tenu son cocktail d’ouverture mercredi soir à l’hôtel Marriott d’Ottawa. Jusqu’à samedi, l’événement de Réseau Ontario offre de nombreuses occasions de réseautage et différents types de vitrines, pendant lesquelles les artistes franco-canadiens tenteront de décrocher des contrats pour la prochaine saison artistique.
Après un cocktail d’ouverture très simple où l’on a eu droit à quelques discours de bienvenue, les participants se sont dirigés vers le Centre des arts Shenkman, où se tenaient les premières vitrines grand public de cette édition 2025.
Il s’agit du seul pan de l’événement ouvert à tous. Les détenteurs de billets ont pu découvrir six artistes qui avaient 20 minutes chacun pour convaincre les diffuseurs de les engager, en plus d’une courte entrevue sur scène avec l’animatrice Anne Gutknecht. C’est l’artiste originaire du Brésil, Diogo Ramos, qui a ouvert le bal.
Le public a ensuite pu retrouver Gabrielle Goulet, qui s’était faite plus discrète dans les dernières années. Flanquée des musiciens de Buscadero, la chanteuse pop-country semblait nerveuse, mais heureuse de retrouver la scène. En plus de se concentrer sur son rôle de mère, l’artiste originaire de Bourget a candidement expliqué avoir beaucoup souffert d’anxiété depuis le début de la pandémie, elle dont la carrière était florissante en 2019.
Un autre artiste de l’Est de l’Ontario, Brian St-Pierre, est venu défendre son quatrième album solo, intitulé Malgré tout.
Anne Gutknecht en entrevue avec Diogo Ramos après sa vitrine. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Après l’Ontario, le Nouveau-Brunswick. Les costumes blancs à franges de Baie se sont installés sur la scène pour présenter un « disco pop fun party » acadien juste assez décalé.
On est ensuite passé du blanc du disco aux couleurs terre du bluegrass, alors qu’un autre Acadien a pris la scène. Samuel Bourgeois présentait son projet, mais la proposition donnait l’impression d’assister au spectacle d’un groupe plutôt qu’à celui d’un artiste solo. La chimie avec ses musiciens André Bourgeois (son frère), Janelle Dupuis et Miguel Cyr était palpable.
La dernière vitrine de cette première soirée revenait à une autre chouchoute du public franco-ontarien, Mélissa Ouimet. L’interprète de Personne ne pourra m’arrêter en a profité pour présenter de toutes nouvelles chansons, avouant ressentir les mêmes émotions que lors d’un premier rendez-vous.
Et ça continue
Les vitrines jeunesse auront lieu jeudi et vendredi en avant-midi, à l’école secondaire publique De La Salle, devant un public composé de diffuseurs et d’élèves de la région. En vitrine pour le niveau secondaire, jeudi, on verra le magicien et mathématicien Marc Trudel, le Théâtre Catapulte, le rappeur fransaskois Shawn Jobin et les Franco-Ontariens Jessy Lindsay et DJ UNPIER.
Le lendemain, les élèves de l’élémentaire assisteront aux performances de la troupe de Commedia Dell’arte Qu’en dit raton?, de l’artiste de danse SAM, des Illusionnistes, de Stéphane Guertin (Effet papillon) avec son nouveau conte pour enfants Quand les orteils auront des dents et de la chanteuse pour enfants Maria Cannelloni.
Entre-temps, la bulle de théâtre-danse aura lieu à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins. Chaque année, Contact ontarois offre à quelques artistes d’une même discipline la possibilité de montrer une œuvre intégrale ou en chantier avancé dans une formule plus longue que les vitrines habituelles. Ce sera le cas, en théâtre, de la Franco-Sudburoise Caroline Raynaud avec sa pièce Le téton tardif et de la Franco-Torontoise Katia Café-Fébrissy avec Ça rime avec vinaigre. La compagnie BoucharDanse présentera le spectacle hybride Très loin et le Québécois Marc Boivin mêlera danse et théâtre avec La porte s’ouvre à l’Ouest.
Les vitrines grand public de jeudi soir accueilleront Matiu, Joyce N’Sana, Soleil Launière, Les Chiclettes, Waahli et, dans une discipline moins souvent vue à Contact ontarois, l’humoriste François Massicotte.
Vendredi, les présentations éclairs (d’une dizaine de minutes) et les dernières vitrines grand public auront lieu.
Samedi, après la remise de prix, place à un grand spectacle pour souligner les 25 ans de Réseau Ontario.
Bien que majoritairement réservé aux membres de l’industrie culturelle, Contact ontarois est vu par les participants comme le premier grand rendez-vous de l’année. À l’issue de l’événement, les diffuseurs choisiront des spectacles à ajouter à leur programmation de l’année suivante. Une bonne performance à Contact ontarois peut donc changer le cours de l’année d’un artiste en vitrine de façon significative.
OTTAWA – Les premiers ministres des provinces et territoires ont rencontré Justin Trudeau ce mercredi, à cinq jours de l’investiture du président élu Donal Trump. Aucune décision n’a été dévoilée quant à d’éventuelles représailles économiques à la menace de tarifs douaniers de 25%, mais un consensus et une position claire se sont dégagés : « Rien n’est exclu » et « nous protégerons les travailleurs à tout prix ».
« Au niveau du fédéral, des provinces et des territoires, nous sommes alignés, nous défendons notre pays », a lancé Justin Trudeau en conférence de presse, entouré des premiers ministres ainsi que de son ministre des Finances et des affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.
Parmi eux, Doug Ford a rapidement enchainé : « Nous n’abandonnerons jamais, nous sommes Canadiens et fiers de l’être. Nous voulons protéger les travailleurs à tout prix, l’Ontario sera là pour eux. » Le premier ministre ontarien a été omniprésent ces dernières semaines sur la question des tarifs douaniers.
M. Trudeau dit espérer qu’il n’y aura pas d’application de tels tarifs qui nuiraient aux consommateurs américains et canadiens. D’ajouter qu’il y a eu de bonnes discussions aujourd’hui débouchant sur un consensus : « Nous devons protéger les Canadiens et montrer de quoi nous sommes faits ».
Il indique d’autre part vouloir s’assurer qu’aucune région au Canada ne portera un fardeau disproportionné par rapport aux autres : « Nous devons être équitables pour tous. »
François Legault, le premier ministre québécois a renchéri : « Nous ne sommes pas ici pour vous dévoiler ce qu’on fera. Ce qu’on a conclu, c’est qu’on n’exclut rien. »
Dans un communiqué commun, que tous ont signé, excepté la première ministre de l’Alberta Danielle Smith, qui était absente, on peut lire : « Les relations entre le Canada et les États-Unis en matière de commerce et d’investissement soutiennent des millions d’emplois de part et d’autre de la frontière et contribuent à assurer une circulation sûre des biens et des personnes entre les pays. »
« Les premiers ministres continueront de travailler ensemble et de défendre les intérêts des Canadiens face à la menace de droits de douane injustifiés et déraisonnables des États-Unis. »
Le document met en exergue une volonté commune de « poursuivre les efforts conjoints pour tenter de prévenir l’imposition de droits de douane par les États-Unis, y compris les mesures prises par le gouvernement fédéral pour renforcer la sécurité à la frontière et freiner la circulation des drogues illicites, telles que le fentanyl, dans les communautés canadiennes et américaines. »
Les signataires ont en outre reconnu qu’il fallait augmenter les dépenses en matière de défense et atteindre le plus rapidement possible l’objectif de 2 % fixé par l’OTAN et qu’il fallait prendre des mesures collectives pour préserver la sécurité et la souveraineté de l’Arctique.
« Le Canada n’est pas à vendre », affirme Doug Ford
Ce matin, à la surprise générale, Doug Ford s’est adressé aux médias affublé d’une casquette avec le message « Canada is not for sale » (le Canada n’est pas à vendre). Un clin d’œil au port de la casquette de Donald Trump, au message « Make America great again » (Rendre à l’Amérique sa grandeur).
Le premier ministre ontarien a déclaré que les tarifs douaniers étaient une menace pour l’économie du Canada et pourraient faire perdre des centaines de milliers d’emplois aux Ontariens.
Photo : Conseil de la fédération
Au cours de la dernière semaine, Doug Ford a fait une série d’annonces sur son plan d’envergure pour renforcer la « forteresse Amérique-Canada », développer et dynamiser son économie avec des mesures telles que l’établissement d’un groupe de travail transfrontalier avec les législateurs américains et canadiens et des experts en énergie et en sécurité.
Parmi les mesures annoncées : l’accélération du développement des ressources stratégiques, notamment les minéraux critiques dans la région du Cercle de feu et des mesures pour « protéger les terres, les airs et les eaux de l’Amérique et du Canada ».
L’investiture du président élu Donald Trump, le 20 janvier prochain, précèdera la visite des premiers ministres des provinces et territoires à Washington le 12 février pour le rencontrer.
OTTAWA – Le Centre national des arts (CNA) sera une fois de plus l’hôte du festival bilingue Big Bang les 15 et 16 février. Cet événement est conçu pour un public de cinq à 12 ans et leurs familles. Une foule d’activités artistiques et musicales gratuites ou à bas prix se déroulent dans les différents espaces du CNA.
« C’est un événement unique dans l’année où le CNA est complètement transformé (…) pour les enfants, » explique la productrice associée du festival, Annick Huard, en entrevue avec ONFR.
« Le CNA n’est plus un endroit où il faut porter des perles et des grandes robes, ajoute-t-elle. C’est aussi pour tout le monde, pour les familles. Les enfants sont les bienvenus. »
Le Big Bang excelle en deux choses : laisser les enfants s’approprier les différents espaces de ce haut lieu de la culture canadienne, et proposer des expériences hybrides et originales.
C’est ainsi qu’on verra entre autres la fanfare hip-hop Basement Brass, qui donnera même certaines prestations en mode déambulatoire, ou le résultat d’un projet de peinture sonore entre l’artiste turque-allemande Ceren Oran et un groupe d’enfants de l’école publique Alta Vista. Cette dernière proposition est la version 2025 du projet NOMAD, où un artiste international est jumelé avec une école locale.
L’activité Le son des couleurs est de retour en 2025, après un passage au Big Bang en 2023. Photo : Jonathan Lorange
Un succès d’une précédente édition est de retour avec le parcours sonore interactif et bilingue Klank de Kleuren – Le son des couleurs. Chaque participant reçoit un casque d’écoute qui déterminera dans quel groupe il se trouve. Chaque groupe reçoit des instructions différentes pour se promener et bouger dans l’espace, créant une chorégraphie immersive.
En nouveauté, on trouvera également le bal costumé Bêtes de fête, où les participants pourront se déhancher au son du DJ Rise Ashen.
Les enfants seront sans doute hilares devant la sculpture sonore L’abreuvoir, qui reprend le principe du téléphone à ficelle, mais avec des bols de toilette et urinoirs en guise de cannes de conserve. « Il va y avoir toutes sortes de choses un peu drôles dans les tuyaux. C’est une grosse installation qui va utiliser toute la fontaine » du CNA, précise Mme Huard.
L’aérophone, ou « machine la plus inutile du monde », était l’installation interactive de Pierre-Luc Clément au Big Bang 2024. Photo : Rachel Crustin
Il s’agit d’une idée de Pierre-Luc Clément, qui était aussi présent l’an dernier avec son projet de clavier farfelu L’aérophone. Le Gatinois participe également à l’une des loges musicales.
Activités à petit prix
Les loges musicales font partie des quelques activités payantes (entre 7 $ et 15 $) du Big Bang. Il s’agit de spectacles d’une quinzaine de minutes, dans des lieux que les spectateurs ne découvriront qu’au moment de la performance. Ce concept est parfait pour les tout-petits dont le temps d’attention est limité, mais offre assez de mystère et de découverte pour être apprécié de tous.
Les loges musicales de cette année proposent de la claquette, un instrument géant et étonnant ainsi que des traditions musicales inuites. Pour cette dernière proposition, l’artiste de Kuujjuaq, Sylvia Cloutier, entrainera même les spectateurs à l’extérieur pour profiter d’un décor plus immersif.
Quelques choix d’expériences un peu plus longues sont aussi proposés. Le spectacle de jonglerie, de rythme et de musique Maputo-Mozambique, est présenté avec le Théâtre français du CNA. « Les jeunes vont en avoir plein les yeux et les oreilles. Ils vont vouloir bouger dans leur siège, et ils sont encouragés à le faire, affirme Annick Huard. Des fois, on demande aux jeunes de rester tranquilles. Mais au Big Bang, on veut qu’ils sortent de leur siège. »
Au festival Big Bang, de nombreuses activités et installations sont interactives afin de stimuler la créativité et la curiosité des enfants pour l’art. Photo : Rachel Crustin
Le groupe latino-montréalais El Balcón promet pour sa part un spectacle qui mélange les langues et les styles musicaux. Et le Moskitto Bar propose des sons d’Ukraine, des Balkans, d’Iraq, du Moyen-Orient et de la France celtique. Le nom du groupe Torontois est un clin d’œil aux « moustiques voraces du Nord de l’Ontario qui mangeaient tout rond les trois membres fondateurs du groupe lors de leurs premières répétitions », peut-on lire dans la description de l’événement.
Le Festival Big Bang est un concept belge, adopté par le CNA en 2019. Cette version ottavienne en est la seule antenne en Amérique du Nord. L’objectif est de recevoir environ 6000 visiteurs cette année.
En plein Bal de neige
Le Festival Big Bang se déroulera ainsi lors de la dernière fin de semaine du Bal de neige, l’événement hivernal classique de la région d’Ottawa-Gatineau. De nombreuses activités se dérouleront des deux côtés de la rivière des Outaouais entre le 31 janvier et le 17 février, Jour de la famille en Ontario.
Les trois sites officiels sont le Domaine des flocons (Parc Jacques-Cartier, Gatineau), la rue Sparks et le Marché By, mais d’autres lieux proposent des activités gratuites ou payantes en marge de la programmation principale.
Nouveau partenaire cette année, le Muséoparc Vanier animera un kiosque sur la rue Sparks les 2 et 9 février. Le thème de la cabane à sucre urbaine se retrouvera d’ailleurs au cœur du Bal de neige, tout comme le 60e anniversaire du drapeau canadien.
Les traditionnelles sculptures sur glace, la glissade sur neige, le triathlon d’hiver et de nombreuses activités familiales sont également de retour.
Rappeler aux urnes les électeurs ontariens avant le terme de son mandat en juin 2026 assurerait probablement le maintien au pouvoir du premier ministre Doug Ford, si on se fie aux sondages. Mais dans l’histoire de l’Ontario, solliciter les électeurs plus tôt que prévu n’a pas toujours été une stratégie payante.
L’ancien premier ministre David Peterson en sait quelque chose. La manœuvre lui a coûté son siège de premier ministre et de député en 1990. Après trois ans au pouvoir, avec un gouvrnement majoritaire et fort d’une popularité certaine – trois points communs avec Doug Ford aujourd’hui –, le libéral a rappelé aux urnes les électeurs qui ont finalement élu, à la surprise générale, le néo-démocrate Bob Rae.
Son geste à l’époque avait été perçu par une partie de l’électorat comme une forme d’arrogance, alors qu’il jouissait d’une majorité confortable.
Le progressiste-conservateur Ernie Eves a connu un revers électoral similaire en 2003. Élu chef du parti en 2002 à la suite de la démission du premier ministre Mike Harris, il cherchait un mandat fort pour asseoir sa légitimité. Mais les libéraux de Dalton McGuinty sont sortis vainqueurs des urnes à la tête d’un gouvernement majoritaire, en faisant campagne sur l’héritage Harris et ses réformes controversées ainsi que sur le désir de changement.
Ernie Eves a rappelé les Ontariens aux urnes plus tôt que prévu, en 2003… Les électeurs ont porté les libéraux de McGuinty au pouvoir. Photo : TPL ( Toronto Public Library)
L’histoire peut donc se montrer cruelle envers les plus audacieux. Déclencher des élections anticipées constitue une grosse prise de risque rappelle la politologue Stéphanie Chouinard.
« C’est une carte que le gouvernement en place peut décider de jouer s’il pense que c’est stratégique pour lui de le faire, mais il y a toujours un risque que quelque élément hors de contrôle fasse dérailler la stratégie au profit d’une des deux oppositions », selon la professeure agrégée de science politique au Collège militaire royal.
Cette carte, de nombreux premiers ministres en quête d’une majorité plus large ont d’ailleurs su la jouer au bon moment justement.
Kathleen Wynne a rappelé les électeurs aux urnes en 2014, remportant un gouvernement majoritaire. Photo : archives ONFR
Lorsqu’après avoir perdu le soutien d’une partie de l’opposition le gouvernement libéral minoritaire de Kathleen Wynne a rappelé les électeurs aux urnes en 2014, ceux-ci lui ont offert un gouvernement majoritaire.
Avant elle, les progressistes-conservateurs George Drew (1945), John Robarts (1963) ou encore Bill Davis (1977) ont remporté des élections anticipées mais avec plus ou moins de succès. Davis et Robarts ont dû se contenter d’un gouvernement minoritaire.
Actionné récemment dans d’autres provinces, ce levier a mené à la victoire de John Horgan en Colombie britannique (2020) et Tim Houston en Nouvelle-Écosse (2024). Provoquer des élections anticipées peut ainsi se révéler être un très bon coup… quand il fonctionne.
Le premier ministre Bill Davis a hérité d’un gouvernement minoritaire lors des élections anticipées de 1977. Photo : TPL ( Toronto Public Library)
Phénomène d’usure et d’abstention
« Rappeler les électeurs trop tôt peut les contrarier et avoir un effet négatif sur la participation », avertit Alexandre Rivard, professeur adjoint à l’école de politique publique de l’Université Simon Fraser à Vancouver et coauteur d’une étude publiée en 2024 qui démontre que les élections anticipées, en désynchronisant les cycles électoraux, aboutissent à une usure de l’électeur.
« Les gens se fâchent ou se fatiguent s’ils sentent qu’on les sollicite pour des raisons qui ne les convainquent pas, dit-il, ajoutant que l’abstention sera d’autant plus importante si, dans une période rapprochée, deux élections surviennent. Ce qui pourrait se dessiner en Ontario, avec les provinciales et les fédérales dans la même année. »
Si une faible participation est signe de mauvaise santé démocratique, elle pourrait toutefois profiter à Doug Ford. « En 2022, il a formé un gouvernement majoritaire avec seulement 40 % de participation, rappelle M. Rivard. Pour lui, ce n’est pas donc une mauvaise idée d’aller en élections s’il pense que ce taux bas se maintiendra, car c’est son moyen de conquérir une autre majorité. »
« Quelle que soit la décision que prendra le premier ministre, il y aura toujours un élément de risque »
— Ian Roberge, politologue
« Quelle que soit la décision que prendra le premier ministre, il y aura toujours un élément de risque », synthétise le politologue Ian Roberge, professeur à l’École de politiques publiques et d’administration de l’Université York.
« Si M. Ford attend une élection à date fixe en juin 2026, les conservateurs fédéraux auront été au pouvoir pendant un an, la situation américaine avec Donald Trump demeurera très instable et des problèmes de politique ontarienne persisteront… Attendre pose donc un risque. Peu importe la décision, elle requiert un calcul risque-bénéfice par le parti au pouvoir. »
Même si la saison NBA ne s’est pas arrêtée pendant le temps des fêtes, l’arrivée de la nouvelle année donne l’occasion de faire le point sur ce qu’on peut attendre de Chris Boucher, RJ Barrett et Ulrich Chomche sur les parquets de la NBA et de la G League en 2025. Le tout avec le regard expert du spécialiste NBA franco-ontarien Patrick Bizindavyi, co-animateur de l’émission Franco Raptors sur CHOQ FM 105.1.
RJ Barrett : sa meilleure saison en NBA
Fer de lance de l’attaque torontoise, meilleur marqueur de l’équipe avec une moyenne de 23,5 points par match et en progression dans son jeu de passe, le plus ontarien des francophones des Raptors brille individuellement cette saison.
Si les portes du match des étoiles ne devraient pas s’ouvrir pour le natif de Toronto qui a grandi en France puis à Mississauga, on attend qu’il poursuive sur sa lancée en attaque. Dans un cinq de départ pour la première fois au complet le 6 janvier dernier contre les Bucks, le besoin d’un apport défensif accru se fait sentir. C’est à ce niveau-là que RJ Barrett peut poursuivre sa progression en montrant qu’il peut être un joueur impactant des deux côtés du terrain.
En étant mieux entouré avec un effectif des Raptors qui, on l’espère, sera enfin épargné par les blessures, on peut s’attendre aussi à ce que ses pourcentages de réussite au tir, qui sont en baisse par rapport à la saison dernière, remontent.
L’œil de l’expert : « C’est déjà sa meilleure saison jusqu’à présent. Donc 2025 sera sa meilleure année, à condition qu’il ne connaisse pas de blessure. »
Ses statistiques complètes cette saison (moyenne par match) : 31 matchs disputés, 22,7 points à 46 % au tir (32,8 % à 3-points), 6,7 rebonds, 5,9 passes décisives, 0,4 contre et 0,8 interception en 34 minutes.
Chris Boucher : perte de temps de jeu et départ possible
La saison du Montréalais Chris Boucher est très étrange. Dans sa dernière année de contrat, il avait très bien débuté la saison. Il était même, lors des premiers matchs, le premier joueur à sortir du banc pour apporter son énergie habituelle. Malgré ses 31 ans, le natif de Castries sur l’île de Sainte-Lucie avait montré des progrès notamment en attaque dans ses lectures de jeu et son implication au sein de l’attaque de Darko Rajakovic.
Malheureusement, au fil du temps et avec les retours des blessés, notamment ceux de Kelly Olynyk et Bruce Brown, Chris Boucher a été relégué en bout de banc. Il n’a joué que 5 minutes face aux Nets de Brooklyn le 1er janvier puis a enchaîné deux matchs sans voir le terrain par la suite. Grâce à une bonne entrée en jeu dans une fin de match sans enjeu face aux Knicks de New York le 8 janvier avec 10 points inscrits en 3 minutes, il a forcé l’entraîneur Darko Rajakovic à le remettre dans la rotation. Le lendemain, il a signé un gros match contre les Cavaliers de Cleveland (23 points et 12 rebonds), puis a été de nouveau très actif face aux Pistons de Detroit samedi dernier avec 14 points.
Chris Boucher à l’échauffement avec les Raptors, une image qu’on ne pourrait plus voir après le 6 février 2025. Photo : Albane Toulouse
Malgré cela, l’avenir de l’un des joueurs favoris des partisans francophones des Raptors s’inscrit en pointillés avec la franchise torontoise. Le 6 février, date limite des transactions en NBA pourrait voir le numéro 25 faire ses valises, surtout que ses dernières performances lui ont, sans aucun doute, permis d’attirer l’attention sur lui.
L’oeil de l’expert : « Je pense que c’est la dernière année pour Chris Boucher comme membre des Raptors. D’ici la date limite des transferts, à mon avis, il va être transféré ailleurs dans une équipe qui a besoin de lui, une équipe qui aura des prétentions dans les séries éliminatoires. En retour, les Raptors devraient recevoir des jeunes joueurs à potentiel et un choix de repêchage pour l’année prochaine. »
Ses statistiques complètes cette saison (moyenne par match) : 34 matchs disputés, 10,4 points à 48 % au tir (35.6 % à 3-points), 4,3 rebonds, 0,6 passe décisive, 0,6 contre et 0,6 interception en 17,4 minutes.
Ulrich Chomche : l’année du développement
Plus jeune joueur sélectionné lors du dernier repêchage, Ulrich Chomche connaît une saison d’apprentissage. Le jeune Camerounais qui a eu 19 ans fin décembre évolue principalement avec les Raptors 905, l’équipe de ligue de développement des Raptors (en G League).
Avec l’entraîneur franco-ontarien Justin Serresse recruté pour s’occuper de lui, le jeune intérieur arrivé directement de l’académie NBA au Sénégal a été mis dans des conditions idéales pour prendre le temps de s’acclimater à un nouveau pays, une nouvelle ville, une nouvelle culture et une nouvelle façon de jouer au basket.
Ulrich Chomche travaille avec Justin Serresse avant un match des Raptors 905. Photo : Mickael Laviolle / ONFR
Avec les 905, Ulrich Chomche a déjà montré des flashs de son potentiel, notamment défensif avec plusieurs matchs à plus de cinq contres. Il s’est petit à petit acclimaté aux systèmes de jeu – qui demeurent encore simplifiés pour lui – mis en place par l’entraîneur Drew Jones, se montrant de plus en plus à l’aise sur le terrain. Tout reste néanmoins à travailler pour ce diamant brut qui ne demande qu’à être poli et demeure un projet sur le long terme.
L’oeil de l’expert : « C’est l’année du développement pour Ulrich Chomche. Il va continuer à apprendre. Il va commencer à se faire son nom, parce qu’on commence déjà à le voir circuler déjà dans les médias, avec son potentiel. Ce sera une année où on va voir un développement accru avec les Raptors 905, en espérant qu’il aura un peu de temps de jeu avec l’équipe première, mais ça devrait prendre tout de même deux ou trois ans pour qu’il se développe comme un joueur NBA qui peut contribuer. »
Ses statistiques complètes cette saison ( moyenne par match en G League) : Tournoi d’ouverture (14 matchs) : 5,9 points à 52,9 % au tir, 6,1 rebonds (dont 2,1 offensifs), 0,8 passes décisives, 0,1 interception, 2,7 contres, 1,4 balle perdue en 22,7 minutes.
Saison régulière (6 matchs) : 7,5 points à 50 % au tir, 9,2 rebonds (dont 3,7 offensifs), 1 passe décisive, 0,3 interception, 2,5 contres, 2,5 balles perdues en 22,9 minutes.
Les médecins étrangers francophones auraient plus de barrières systémiques pour s’établir au Canada et en Ontario. Parmi celles-ci, le dernier programme du ministère de la Santé, permettant à 100 praticiens formés à l’étranger de s’établir plus facilement dans le Nord de l’Ontario dès 2025, qui n’est pas disponible en français.Soutenue par l’AFO, la Société des Canadiens qui étudient la médecine à l’étranger (SOCASMA) exige une rectification de ces inégalités et dépose une plainte auprès de l’Ombudsman.
Le ministère de la Santé a annoncé en décembre que, dès 2025, 100 médecins de famille formés à l’étranger exerceront leur profession dans des collectivités rurales et du Nord, grâce à un programme pilote Préparation à la pratique en Ontario, ayant supprimé les barrières habituelles.
Le bémol pour l’organisme pancanadien SOCASMA est que cette évaluation n’est disponible qu’en anglais.
Carole Lafrenière, membre du conseil d’administration, est convaincue de l’importance de réduire les barrières qui empêchent les médecins francophones ou bilingues formés à l’étranger de venir pratiquer la médecine en Ontario pour mieux desservir la population francophone de l’Ontario.
Le Touchstone Institute, qui délivre ce programme financé par le gouvernement, pourtant favorable à offrir le programme en français, l’a informée que le problème résidait dans un manque de financement adéquat de la part du ministère à cet effet.
« Veuillez noter que le programme Préparation à la pratique médicale en Ontario n’est actuellement offert qu’en anglais » est-il mentionné sur le site internet du programme financé par le ministère de la Santé de l’Ontario. Source : Capture d’écran du site officiel
Le ministère de la Santé a décliné tout commentaire : « Les questions concernant le programme doivent être posées directement au Touchstone Institute. »
« Les francophones sont complètement oubliés », déplore Mme Lafrenière à notre micro.
« Or, selon la Loi sur les services en français, cette évaluation devrait être proposée dans les deux langues », ajoute-t-elle, notant que seul le Nouveau-Brunswick l’offre en français.
Dans la lettre qu’elle a fait parvenir aux ministères de la Santé et des Affaires francophones, appuyée par l’AFO, elle indique : « Pour les immigrants francophones, la situation est multipliée par l’absence quasi totale d’information de base, ainsi que de systèmes et d’outils d’évaluation en français. L’Ontario a éliminé certaines barrières (…) mais il y a lieu de faire mieux, surtout en ce qui concerne les candidats francophones ».
Des barrières systémiques additionnelles
Pour un médecin étranger, il y a actuellement un autre recours pour exercer en Ontario. Mais là aussi, des disparités subsistent, « pour les francophones, la dynamique est encore pire ».
Ils peuvent faire une demande de résidence, un jumelage, de deux ans en médecine familiale après avoir passé deux examens du Conseil médical du Canada, pour lesquels les documents de préparation sont très rares en français.
L’année passée, rapporte Mme Lafrenière, 111 candidats francophones unilingues ont postulé en résidence à travers le Canada, seulement 24 ont pu être jumelés et tous seulement au Québec, soit 87 non jumelés.
« Sans compter qu’en l’obtenant, c’est une résidence de deux ans pour la médecine familiale, qui peut monter à cinq, sept ans et plus pour des spécialités. Des médecins qualifiés repartent de zéro ».
De même, les Canadiens qui ont étudié la médecine à l’étranger doivent aussi faire une demande de résidence au Canada, avec un taux de jumelage de seulement 22 %.
« 1000 médecins canadiens l’année dernière n’ont pas été jumelés au Canada et doivent soit aller ailleurs, soit changer de métier. Comparativement, 60 % des médecins étrangers parviennent à obtenir une résidence aux États-Unis », rapporte-t-elle, désabusée.
Carole Lafrenière explique que sa fille, une Franco-Ontarienne qui a étudié la médecine aux États-Unis, n’avait pas pu revenir exercer en Ontario, qui n’a reconnu qu’en 2023 l’équivalence en médecine de son voisin américain. Trop tard pour celle-ci qui s’était déjà établie de l’autre côté de la frontière. Photo : Gracieuseté
À cette inégalité s’ajoutent des barrières systémiques à plus grande échelle. Parmi les pays approuvés par le Collège Royal des médecins et chirurgiens du Canada, la Suisse est le seul pays francophone, avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Hong Kong, Singapour, l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni et l’Irlande.
Seul Québec a une entente bilatérale avec la France par exemple, mais pas reconnue à l’échelle du Canada.
Des requêtes formelles et une plainte auprès de l’Ombudsman
Le ministère des Affaires francophones, à qui la lettre était adressée également, avait répondu que la responsabilité relevait du ministère de la Santé. La députée néo-démocrate de Nickel Belt France Gélinas avait de son côté fait parvenir une copie de la lettre de Carole Lafrenière à la ministre de la Santé Sylvia Jones.
Estimant que les francophones de l’Ontario ont le droit de recevoir des services en français dans les deux langues officielles du Canada, l’organisme y a formulé les requêtes suivantes :
Qu’une stratégie soit développée dans le but d’identifier les lacunes au niveau de la prestation des services de médecins en français dans le but de mettre en œuvre une stratégie.
Que le Collège des médecins et chirurgiens de l’Ontario et tous les organismes responsables du recrutement et de l’évaluation des médecins formés à l’étranger disposent d’un service d’accueil, d’information et d’évaluation bilingue, y compris un site web complètement bilingue, ainsi qu’un processus d’évaluation de la capacité à exercer la médecine qui est aussi bilingue.
Qu’un certain nombre de pays francophones (France, Belgique, Tunisie, Algérie, Maroc, etc.) soient reconnus comme juridictions approuvées par le Collège Royal des médecins et chirurgiens du Canada, ainsi que le Collège des médecins de famille du Canada, au même titre que les juridictions anglophones approuvées.
Que les médecins francophones qui veulent immigrer en Ontario puissent être évalués en français et, si nécessaire, qu’une formation de mise à niveau en anglais soit offerte pour les candidats qui ont besoin de perfectionner leurs connaissances de l’anglais. (La responsabilité d’évaluer les candidats relève de la Touchstone Institute qui n’a présentement pas le mandat et les ressources pour offrir cette évaluation en français.)
Une plainte formelle a également été envoyée auprès de l’Unité des services en français de l’Ombudsman…
« L’Ontario doit prendre toutes les mesures nécessaires afin de faciliter l’intégration des professionnels de santé formés à l’extérieur du pays, tout en s’assurant le respect des standards de pratique et de sécurité pour les patients », estime pour sa part Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francohonie de l’Ontario (AFO).
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, c’est Rym Ben Berrah qui évoque des enjeux de société et d’éducation qui rejoignent le quotidien.
[CHRONIQUE]
31 décembre 1999. Je m’en souviendrai toute ma vie. C’est la journée où j’ai eu la cicatrice qui habille mon front depuis. C’est aussi une journée tant attendue et marquante pour le reste de l’humanité : le passage au nouveau millénaire. Cette journée-là, j’étais encore à Tunis. J’ai reçu une énorme barre de fer sur le front, dû à des vents violents qui balayaient la capitale tunisoise. Aucune polyclinique ou pharmacie n’étaient ouvertes, tout le monde se préparait pour les festivités du rite de passage. Les pâtisseries, boulangeries et épiceries étaient bondées et le reste des institutions étaient désertées.
Nous nous sommes retrouvés, mes parents et moi, dans un petit hospice (un dispensaire où l’on fait des pansements rudimentaires) de 16 mètres carrés. Le monsieur qui y travaillait n’était même pas infirmier. Il m’a cousue à vif, sans anesthésie, sans rien. Un fil et une aiguille qui me transpercent la chair. J’avais tout de même le sourire aux lèvres. Les larmes de ma mère coulaient en regardant le tableau. C’était aussi la première fois de ma vie que je voyais une larme briller au coin des yeux de mon père.
Avec ma voix, je les rassurais : « Ne vous mettez pas dans cet état! C’est le Nouvel An, et ça ne fait même pas mal. » C’est comme ça que j’ai traversé de millénaire en millénaire, un énorme pansement de soldat de guerre épais et quadrillé au front (qualité d’hospice du quartier oblige). Pourtant, une photo de moi dansant aux coups de minuit, mangeant une part de gâteau à la crème de noisette, orne l’album de photos de famille dans la section « Enfance à Tunis ».
Le phénomène du fresh start
C’est comme ça que nous sommes tous un peu vers le 31 décembre, non? Résilients, téméraires, avec un espoir changé si on était blasé dans les derniers mois. Un élan de motivation nous habite. Nous croyons fortement que nous avons droit à une rédemption. Nouvel An : 365 pages blanches à écrire. J’ai toujours détesté cette phrase. Et les 365 précédentes, sont-elles des brouillons? Sont-elles à éradiquer? Avons-nous besoin de nous berner autant pour calmer l’acuité de nos échecs? Nous entrons tous dans une frénésie d’oubli, avec ce besoin viscéral d’oublier ce qui n’a pas bien été et de se donner une chance, ainsi que de donner aux autres une chance. En tous les cas, tout est bon pour enjoliver les sourires du 31 décembre.
Photo de moi intacte, qui date d’avant le 31 décembre 1999. Photo : Rym Ben Berrah
Nous voici en 2025, en train de consolider nos espoirs envers cette année. Pourtant, avec la vague de nouvelles perçues à la fin de l’année dernière, très peu de bon est à présager pour le moment. Et pourtant… Le champagne a coulé pour les uns, le moût de pomme pour les autres. Les gens ont trinqué avec des sourires tout sauf lucides. Pas grave. Le phénomène du fresh start est un concept vieux de quelques décennies. Nous nous donnons les moyens de bien finir une année pour s’armer afin d’en commencer une autre. Un regain de passion et de motivation, une frénésie populaire palpable et un désir de consommation, comme lors de toute fête qui se respecte.
Les résolutions
Viennent donc les fameuses résolutions annuelles. Nous dressons une liste de ce que nous voudrions améliorer, acquérir, compléter, avoir. Certains le font pour eux-mêmes, afin de se compléter, de s’améliorer, de s’approfondir. D’autres le font pour les autres, ou plutôt afin d’appartenir, avant même le fait de se faire plaisir. Des études démontrent que la majorité des résolutions sont oubliées par le mois de mars. Nous notons une constance dans les bonnes habitudes pour quelques semaines (ou jours, selon l’élan) du mois de janvier, qui se dissipent ensuite avec les élans de l’amour en février, et se font prendre par la frivolité de la vie au mois de mars.
Au final, que voulons-nous? Perdre du poids, arrêter de boire/fumer, renouer avec certaines habitudes saines, renouer certains contacts (mal)sains, aller mieux, être mieux, se plaire, plaire en général. En fait, loin de moi l’idée de penser que je saisis le sens de tout cela, mais si je jauge la question, je dirais que les désirs intrinsèques sont plus aptes à perdurer et à être complétés si on les dissèque par petits accomplissements : « J’aimerais faire du sport le mardi et le jeudi après le travail » est plus réalisable que « j’aimerais me remettre en forme ». Ce qui vient de nous et nous touche de l’intérieur a plus intérêt à demeurer que ce qui vient des autres. De ce fait, les désirs extrinsèques -en majorité des phénomènes de mode ou des mouvements de meute- s’envoleraient dès que la lassitude de janvier s’empare de nous et qu’on se retrouve un jeudi 16 janvier à 23h devant une série, le frigo semi-vide, le portable qui ne sonne pas, éreinté par la journée passée entre le boulot, le froid et les enfants et la tête pleine de pulsions. C’est fou comment c’est individualiste le temps d’après les fêtes.
Pour 2025, je nous souhaite de la justice, de la solidarité, de la conscientisation sociale, de la douceur, et de l’amour, de l’amour, de l’amour, toujours.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
Un nouvel établissement dans le Nord et un autre dans l’Est viendront élargir le réseau d’écoles de langue française en Ontario cette année. Plusieurs autres projets verront aussi le jour en 2026. Tour d’horizon.
Dans le Grand Sudbury, les travaux de l’école élémentaire catholique à Val Thérèse vont bon train. Elle sera le fruit de la fusion de trois écoles existantes : Notre-Dame (Hanmer), St-Joseph (Hanmer) et Val Thérèse. Le nouvel établissement pourra recevoir jusqu’à 567 élèves.
Financé à hauteur de 16,5 millions de dollars, ce projet du Conseil scolaire catholique Nouvelon doit permettre d’offrir des infrastructures plus modernes, dont un double gymnase et 24 classes, puisque celles des trois autres écoles actuelles sont vieillissantes et il aurait coûté plus cher de les rénover. Une garderie de 88 places ouvrira également.
Du côté d’Ottawa, 2025 sera l’année d’ouverture de l’école élémentaire publique Barrhaven-Manotick. Gérée par le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), qui a pu compter sur un financement de 10 millions de dollars de l’Ontario et de 1,6 million de dollars du fédéral, l’établissement aura une capacité de 475 élèves, de la maternelle à la 6e année. Une garderie d’une capacité de 10 poupons, 15 bambins et 24 enfants d’âge préscolaire est couplée au projet.
Le chantier de l’école l’école élémentaire publique Barrhaven-Manotick. Photo : CEPEO
Toujours à Ottawa, pas de nouvelle construction au sein du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), mais le campus Saint-Jean-Baptiste, qui a reçu en 2024 sa première cohorte d’élèves de 7e et 8e cette année, s’enrichira d’un niveau scolaire supplémentaire. Des élèves de 9e année la fréquenteront dès septembre.
Dans le Grand Toronto, pas non plus d’ouverture de nouvelle école cette année. Parents et élèves de l’École élémentaire catholique Saint-Michel à Scarborough devraient toutefois profiter de l’ajout de quatre classes, un réaménagement financé à hauteur de quatre millions de dollars. Une bulle d’oxygène pour cette école du Conseil scolaire catholique MonAvenir, qui a vu ses effectifs doubler en dix ans.
Et en 2026?
D’autres chantiers scolaires sont par ailleurs en cours avec une ouverture estimée en 2026. C’est le cas deux écoles élémentaires à Ottawa. La première, adossée à un financement de 20 millions de dollars, se situera dans le secteur Avalon Ouest. La construction a débuté en août dernier et se poursuivra jusqu’en avril prochain. « Elle permettra à 412 élèves de la maternelle à la 6e année de s’ajouter à la grande famille du CECCE dès la rentrée scolaire 2026-2027 et offrira 49 places en garderie », précise son directeur de l’éducation, Marc Bertrand.
La seconde, du côté d’Orléans-Sud « va répondre non seulement à la demande croissante d’une éducation de qualité en français à Ottawa, mais elle servira également de centre dynamique pour la communauté », selon le directeur de l’éducation du CEPEO, Christian-Charle Bouchard.
Le site de la future école élémentaire catholique à Avalon-Ouest, à l’intersection du chemin Tenth Line et de la promenade Sweetvalley. Photo : CECCE
2026 est aussi la rentrée visée par le Conseil scolaire Viamonde pour l’ouverture de l’École élémentaire public Paul-Demers à Toronto. Situé à North York, l’établissement sera capable de recevoir 412 élèves, sans compter 48 places en garderie préscolaire, auxquelles s’ajouteront 10 poupons et 15 bambins. Sa construction doit débuter dans la première partie de l’année 2025.
Trois autres projets d’écoles élémentaires sont dans les cartons du conseil scolaire à Hamilton Ouest, Ajax et Quarry Lands (Toronto Est), mais il est encore trop tôt pour définir l’échéance d’ouverture .
Le fait de ne pas être bilingue et de ne pas maîtriser le français n’a pas d’importance, selon l’un des premiers candidats à s’être déclaré à la succession de Justin Trudeau, Chandra Arya, un député fédéral d’Ottawa.
Il a annoncé jeudi qu’il se déclarait candidat pour devenir le chef du Parti libéral du Canada en remplacement de Justin Trudeau, qui a annoncé sa démission lundi. Chandra Arya en a fait l’annonce sur X dans une vidéo et un communiqué de presse entièrement en anglais.
« Non, pas de français », a-t-il d’abord répondu lorsque questionné (en anglais) sur sa maîtrise du français à l’émission Power & Politics sur CBC.
« Le point est qu’autant les Québécois que les Canadiens anglais, ce n’est pas la langue qui est importante, mais c’est ce qui leur est livré », a dit celui qui représente la circonscription de Nepean, en banlieue d’Ottawa.
« Mais à la fin de la journée, la langue est très importante au Québec? », l’a alors relancé l’animateur.
« Non », a-t-il répété, soutenant que les Québécois « voient qui a livré quoi ».
« Croyez-moi, à la fin de la journée, pour les Canadiens français et anglais, ce qui compte, c’est ce qui est bon pour leurs enfants et leurs petits-enfants, la prospérité dont vont profiter leurs enfants », a-t-il dit.
Le ministre et lieutenant pour le Québec chez les libéraux, Jean-Yves Duclos, n’a pas tardé à dénoncer les propos de son collègue, écrivant sur X que « le prochain chef du Parti libéral devra impérativement être bilingue ».
« Le français et l’anglais font parties intégrantes de l’identité canadienne (…) C’est une question de respect et de valeurs. C’est aussi essentiel pour maximiser nos chances de gagner les prochaines élections », a-t-il plaidé.
Soulignant que le pays a toujours eu « des anglophones, et des personnes qui parlent couramment le français comme premiers ministres », Chandra Arya estime que ce qui compte le plus pour les Québécois, « c’est que le Canada devienne un pays souverain ».
Ce dernier fait de l’abolition de la monarchie britannique l’une de ses promesses s’il devient chef du Parti libéral. Ingénieur et entrepreneur né en Inde, il a immigré au Canada en 2006 et a été élu en 2015 sous la bannière libérale. Il promet aussi d’augmenter l’âge de la retraite de deux ans, d’augmenter le PIB réel du Canada à 5 billions de dollars d’ici 25 ans, en plus de reconnaitre la Palestine comme un État.
I am running to be the next Prime Minister of Canada to lead a small, more efficient government to rebuild our nation and secure prosperity for future generations. We are facing significant structural problems that haven’t been seen for generations and solving them will require… pic.twitter.com/GJjJ1Y2oI5
Au moment d’écrire ces lignes, Chandra Arya est le premier député qui a annoncé qu’il se présentait. L’ex-ministre des Finances, Chrystia Freeland, l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de l’Angleterre, Mark Carney, seraient d’autres candidats qui se lanceraient, ont rapporté le Globe And Mail et Radio-Canada dans les derniers jours.
D’autres ministres ont affirmé publiquement qu’ils réfléchissaient à l’idée de se lancer dans la course, comme François-Philippe Champagne, Jonathan Wilkinson et Steve MacKinnon. Ce dernier a d’ailleurs plaidé que seules les personnes bilingues devraient pouvoir se présenter comme chef du Parti libéral.
« Et bilingue pour moi, c’est de savoir apprécier le fait francophone au Canada, savoir apprécier le Québec dans son ensemble et l’ensemble des communautés francophones au pays et donc aussi, ce facteur-là va être primordial », avait-il plaidé plus tôt cette semaine.
Mélanie Joly, l’ancienne ministre des Langues officielles et actuelle ministre des Affaires étrangères, a indiqué vendredi qu’elle ne se présenterait pas à la chefferie, après avoir laissé entendre plus tôt cette semaine qu’elle y réfléchissait. Elle explique que la nature de son poste lui force à « consacrer chaque minute de mon temps et toute mon énergie à défendre les intérêts des Canadiens ».
« Bien que je sois prête à devenir la première femme à diriger le Parti libéral du Canada, j’ai conclu que la situation internationale actuelle, en particulier la menace des tarifs et des autres pressions économiques complètement injustifiables de la part du président élu des États-Unis, requiert une réponse ferme et urgente. La menace est maintenant », a-t-elle écrit sur X.
Le Parti libéral a d’ailleurs annoncé jeudi que le nouveau chef sera choisi le 9 mars et que les aspirants chefs ont jusqu’au 23 janvier pour se déclarer. Les membres auront jusqu’au 27 janvier pour s’enregistrer pour voter. Seuls les résidents permanents et les citoyens canadiens âgés de 14 ans et plus auront le droit de vote. Les aspirants chefs devront de leur côté amasser une somme de 350 000 $ pour être éligibles.
Alors que les souhaits de bonne année s’estompent et qu’on revient tranquillement à la routine, n’oublions pas de réserver quelques moments aux activités culturelles en français en Ontario. Les arts visuels sont à l’honneur cette semaine. On y ajoute un peu de musique, d’improvisation et tout simplement quelques occasions de se rassembler.
Arts visuels
Sudbury en effervescence
La Galerie du Nouvel-Ontario (GNO) accueille une exposition conjointe des artistes Ali Rodriguez Beaudoin, Connor Lafortune, Isak Vaillancourt, Myths and Mirrors Collective et Ra’anaa Yaminah Ekundayo. Cette dernière est aussi la commissionnaire de l’exposition. À Sudbury, elle est connue entre autres comme la fondatrice et présidente de Black Lives Matter Sudbury.
Les œuvres d’Effervescence ont en commun de célébrer la diversité des cultures dans les communautés racialisées. « Ces œuvres sont un témoignage puissant de notre joie, de notre libération et de notre solidarité entre personnes de couleur, rejetant le conformisme et la performance pour le regard blanc. (…) Effervescence est l’endroit où nous nous réunissons pour créer, vivre et être libres », peut-on lire dans la description. Le vernissage d’Effervescence aura lieu le jeudi 16 janvier à 17 h et l’exposition sera en place jusqu’au 28 février.
Le vernissage d’Effervescence aura lieu le 16 janvier à 17 h à la Galerie du Nouvel-Ontario, située dans la Place des arts du Grand Sudbury. Photo : Gracieuseté de la GNO
Sudbury, du 16 janvier au 28 février. Détails sur le site de la GNO.
Romantiques et tragiques
La bibliothèque publique de Toronto organise une série de conférences virtuelles sur l’histoire de l’art. Celle de ce samedi 11 janvier s’intitule Delacroix et les Romantiques passionnés par Shakespeare, Walter Scott et Byron. L’historien de l’art Gilles Genty expliquera comment les artistes de l’époque romantique, en France, se sont inspirées des tragédies anglaises, comme les pièces de Shakespeare ou la vie du poète Lord Byron.
La liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix. Ce dernier fait partie des peintres présentés dans la conférence de Gilles Genty. Image : Domaine public / Wikimedia Commons
À l’Alliance française de Toronto, c’est l’artiste anishinaabe Joseph Sagaj qui sera à l’honneur du 11 janvier au 8 février, à la Galerie Pierre Léon. Le titre de l’exposition, Rétrospection et introspection, témoigne déjà des ponts entre le collectif et le personnel, qu’on retrouve dans les œuvres de l’artiste originaire de Neskantaga, dans le Nord de l’Ontario.
Les oeuvres de Joseph Sagaj seront à l’honneur à la Galerie Pierre Léon. Photo : Gracieuseté de l’Alliance française de Toronto.
C’est aussi à l’Alliance française de Toronto que s’arrêtera le pianiste Maxime Zecchini le jeudi 16 janvier. Le musicien français sera aussi de passage à l’Alliance française d’Ottawa deux jours plus tard. La particularité de Maxime Zecchini est sa spécialisation dans les œuvres pour main gauche. C’est ainsi d’une seule main, en donnant l’illusion d’en utiliser deux, qu’il interprétera des pièces de Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns et Maurice Ravel, entre autres.
Maxime Zecchini a bien ses deux mains, mais il n’utilise que la gauche pour jouer au piano. Photo : Gracieuseté de l’Alliance française de Toronto
Toronto le 16 janvier, Ottawa le 18 janvier. Billets sur les sites de l’Alliance française de Toronto et d’Ottawa.
Improvisation
Retour de l’Acronyme à Ottawa
La ligue d’improvisation francophone d’Ottawa reprend du service avec un match arbitré par Emmanuelle Walsh-Viau ce vendredi 10 janvier à l’Institut canadien-français d’Ottawa. Les équipes qui s’affronteront sont les noirs (Anne-Charlotte Carignan, Josée Bazinet, Alix Sanche-Mayer, Éric Dumon et Arianne McNicoll) et les verts (Geneviève Perrier-Proulx, Vincent Pomerleau, Jonathan Dion, Marie-Hélène Dubé et Patrik Guillotte). L’Acronyme présente ses matchs tous les deux vendredis. Les prochains matchs auront lieu le 24 janvier et les 7 et 28 février.
L’Acronyme lors d’un match précédent. Photo : Gracieuseté de l’Acronyme
Le Club culturel francophone (CCF) de Thunder Bay organise quelques activités dans les prochains jours. Entre autres, une rencontre francophone aura lieu à la Légion royale canadienne ce vendredi 10 janvier, et une activité de cabane à sucre se tiendra ce dimanche 12 janvier, dans la programmation de l’événement local Winter FunDays. Et pour bien visualiser l’année à venir, un atelier de création de planche d’inspiration bien-être sera donné par Natalie Lehto au studio Within You, le samedi 18 janvier.
Le CCF de Thunder Bay se trouve sur la rue Van Norman. Photo : Rachel Crustin
Plusieurs dates, Thunder Bay. Détails sur le site du CCF.
TORONTO – Une alternance politique fédérale quasi inéluctable au printemps conjuguée à des sondages très favorables à la Ford Nation renforcent l’hypothèse d’élections anticipées en Ontario. Extrêmement prudent dans ses déclarations, le premier ministre Doug Ford considère trois options : convoquer des élections avant le scrutin fédéral dès le retour en chambre fin février, attendre l’automne, ou se risquer à aller au terme de son mandat en 2026. Son appel cette semaine à la « stabilité » (et chaque jour qui passe) l’éloigne de l’option 1 et le rapproche d’un scénario post-élections fédérales.
« Il n’a jamais été aussi important que le Canada démontre stabilité, force et unité », s’est fendu lundi, dans un communiqué, Doug Ford en réaction à la démission du premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Un peu plus tard, il esquivait – encore une fois – la question récurrente des journalistes en conférence de presse, sur sa tentation de provoquer des élections provinciales anticipées : « Je suis concentré à 100 % sur les tarifs » (américains).
Avec un parlement prorogé jusqu’en mars, des élections fédérales devraient intervenir, sauf revirement extraordinaire, autour du mois de mai et consacrer l’arrivée au pouvoir des conservateurs de Pierre Poilièvre que tous les sondages donnent gagnant.
Aux manettes en Ontario depuis 2018, les progressistes-conservateurs ont donc tout intérêt à prendre de vitesse cet agenda fédéral en déclenchant eux aussi un scrutin anticipé, bien avant la fin du mandat actuel prévu en juin 2026. Pourquoi? Car rarement dans l’histoire canadienne les partis au pouvoir ont été du même bord politique au même moment au fédéral et au provincial.
Instabilité fédérale et popularité au beau fixe
Cependant, la démission de Trudeau « ralentit les intentions de Doug Ford de lancer une campagne électorale trop tôt », croit la politologue Stéphanie Chouinard, à rebours des spéculations depuis l’été dernier sur une dissolution de l’Assemblée législative ontarienne dès mars de cette année.
« Étant donné qu’on a un échéancier qui vient soudainement clarifier de façon plus nette au fédéral, peut-être que M. Ford va remettre ses intentions à plus tard en 2025, une fois le scrutin fédéral passé », anticipe la professeure du Collège militaire royal, excluant deux élections en même temps.
Le premier ministre sortant ne devra toutefois pas trop tarder dans l’année s’il ne veut pas qu’une politique de rigueur budgétaire fédérale porte ombrage à sa cote de popularité, ni que l’opposition gagne en assurance. Les plus récents sondages le créditent d’une confortable avance sur ses opposants : 42 % selon Abacus Data (26 % aux libéraux, 22 % au NPD), 40 % selon Angus Reid (25 % au NPD, 23 % aux libéraux).
Il faut dire qu’il a mis toutes les chances de son côté en multipliant les annonces qui touchent au portefeuille des Ontariens : bières dans les dépanneurs, chèque de 200 $ à chaque Ontarien, prolongement du gel de la taxe sur les carburants… Il a aussi esquissé de futures actions dans les transports – une corde sensible pour les électeurs – comme le démarrage du chantier de l’autoroute 413 et la promesse d’un gigantesque tunnel sous la 401 pour désengorger Toronto.
La menace Trump, une occasion d’incarner un leadership
Celui qui préside le Conseil de la fédération s’est en outre trouvé un nouveau combat : tenir tête frontalement à Donald Trump et se positionner en protecteur de l’économie canadienne face à la menace de tarifs dévastateurs sur les exportations canadiennes que fait planner le président américain élu. Le premier ministre a suggéré de couper l’approvisionnement en électricité aux États-Unis et, à la boutade trumpiste de faire du Canada un 51e État des États-Unis, il a proposé d’acquérir l’Alaska et le Minnesota, appelant à un peu de sérieux dans les médias des deux côtés de la frontière.
« Face à la menace de Trump, M. Ford se présente comme Capitaine Canada, car personne ne semble le faire au niveau fédéral. C’est un rôle qui lui va assez bien, qui rehausse sa crédibilité », observe le politologue Ian Roberge, professeur à l’École de politiques publiques et d’administration de l’Université York qui y décèle un positionnement préélectoral, plutôt en vue d’une échéance à l’automne également.
« Ce sera une période de retour à la stabilité fédérale, imagine-t-il avant de nuancer, prudent : beaucoup de choses peuvent changer en six à huit mois. »
Au cours des derniers mois, plusieurs cadres du parti au pouvoir ont confirmé qu’ils se représenteraient à l’image des ministres Kusendova, Dunlop, Parsa et Sarkaria. En réponse, les partis d’opposition ont multiplié les nominations de candidats en prévision d’un déclenchement hâtif de campagne, préférant relancer les appels aux dons plutôt que de s’engager dans de coûteux congrès.
Ces derniers sont néanmoins encore très loin d’inquiéter le pouvoir en place. « Tous les coureurs sont prêts à quitter les starting-blocks sans savoir quand le coup de feu retentira, pas même l’arbitre », ironise un stratège progressiste-conservateur, affirmant que toutes les options sont sur la table.
« Marit Stiles (NPD) n’est pas beaucoup connue, tandis que Bonnie Crombie essaye de reconstruire le Parti libéral, mais plus vite les progressistes-conservateurs iront en élections, moins elle aura le temps de le faire », recontextualise pour sa part M. Roberge.
Enquête de la GRC, la grande inconnue
Les vents sont ainsi très favorables à Doug Ford, en position de force pour solliciter un troisième mandat et conforté par des victoires rassurantes dans plusieurs élections partielles (Milton, Lambton-Kent-Middlesex et Baie de Quinte).
Mais la brise ne sera peut-être pas éternelle pour le premier ministre qui manœuvre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : les conclusions de l’enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur la ceinture de verdure pourraient entamer la confiance d’électeurs pas nécessairement ravis et compréhensifs de retourner aux urnes avant l’heure.
Attendre juin 2026 apparait enfin comme le choix le plus hasardeux. « Doug Ford voudra que les Ontariens aient encore à l’esprit les fameux chèques envoyés, une manoeuvre politique bien connue, une tentative d’acheter des votes », argumente Mme Chouinard.
Ce serait prendre le risque que s’installe une certaine usure du pouvoir après huit ans, complète M. Roberge. « Cette fatigue-là va se ressentir au bout d’un moment. Ford est assez populaire mais certains dossiers clés qui n’avancent finalement que très lentement comme la crise du logement pourraient venir creuser un peu plus ce sentiment dans l’opinion. »
Pour cette nouvelle année, ONFR vous propose une liste non exhaustive d’athlètes franco-ontariens à ne pas manquer.
Si 2026 s’annonce riche en compétitions sportives majeures avec les Jeux olympiques d’hiver en février et la Coupe du monde de soccer organisée par le Canada, les États-Unis et le Mexique, 2025 servira pour de nombreux athlètes franco-ontariens d’année de préparation pour ces grands événements.
C’est le cas dans les sports d’hiver avec Ivanie Blondin, Paul Poirier et Valérie Grenier, que ce soit sur la glace pour les deux premiers ou sur la neige pour la troisième.
Un début d’année chargé pour Blondin
Ivanie Blondin a des échéances importantes avant de se tourner vers 2026, comme elle l’a confié à ONFR fin 2024. En premier lieu, la prochaine étape de Coupe du monde qui se déroulera chez elle à Calgary du 24 au 26 janvier. Elle devra ensuite enchaîner sur les trois dernières étapes de la saison : à Milwaukee, aux États-Unis, du 31 janvier au 2 février, puis à Tomaszów Mazowiecki, en Pologne, du 21 au 23 février avant de terminer en Hollande, à Heerenveen, du 28 février au 2 mars. La patineuse de vitesse ottavienne terminera ensuite sa saison avec les Championnats du monde à Hamar, en Norvège, du 13 au 16 mars.
Déjà tournés vers 2026
Pour Valérie Grenier, ce début d’année 2025 servira de test pour retrouver des sensations sur le slalom géant et le super G. Elle avait signé une très encourageante quatrième place sur le slalom géant de Semmering, en Autriche, fin décembre, avant de réaliser une performance décevante cette dernière fin de semaine, ne se qualifiant pas pour la deuxième manche du slalom géant de Kranjska Gora (Slovénie) qu’elle avait pourtant remporté lors des deux dernières éditions. Le retour à un haut niveau constant nécessitera du temps, mais c’est pour cela que la saison de ski de l’Ottavienne fait partie des événements à suivre en 2025.
Du côté du patinage artistique, Paul Poirier confiait fin 2024 que son esprit était déjà tourné vers les Jeux olympiques de 2026. Avant cela, il devra, avec sa partenaire Piper Gilles, parfaire ses deux programmes rythmiques et libres en vue des Championnats du monde qui auront lieu à Boston du 24 au 30 mars. Après avoir décroché la deuxième place l’an dernier, le duo visera l’or pour se racheter de sa finale de Grand Prix ratée à Grenoble, en France, où ils ont terminé à une surprenante cinquième place. S’en suivra un été important durant lequel ils devront créer et mettre en application leurs deux nouveaux programmes pour les Jeux qu’ils travailleront tout au long du début de saison 2025-26.
Les Sénateurs de retour
Toujours sur la glace mais avec un bâton et un palet, la deuxième partie de saison des Sénateurs d’Ottawa de Claude Giroux sera à suivre de très près. En effet, pour la première fois depuis sept ans, l’équipe de la capitale fédérale est dans la course pour jouer les séries éliminatoires.
« La conférence de l’Est est moins forte que lors des années passées et on a l’impression que presque tout le monde a une chance », a confié Jean-Philippe Forgues, animateur franco-ontarien du balado La Brigade, à ONFR.
La route est encore longue pour les Ottaviens, mais les espoirs sont là. La légende franco-ontarienne Claude Giroux demeure un joueur très utile en deuxième ou troisième ligne. Il faudra toutefois surveiller de près la date limite des transactions en LNH, le 7 mars, pour voir si le natif de Hearst, dans sa dernière année de contrat, sera conservé par les Sens ou échangé pour lui permettre de rejoindre une équipe avec de plus grandes ambitions pour y finir sa carrière.
Objectif Coupe du monde 2026
Enfin, sur le rectangle vert du soccer, on suivra avec grand intérêt les performances de l’attaquant franco-ontarien de Lille et de la sélection canadienne, Jonathan David. Dans une année pré-Coupe du monde, qui se déroulera en plus à la maison, l’Ottavien devra poursuivre ses belles performances en club et en sélection.
Avec les Rouges, il disputera le 20 mars la demi-finale de la Ligue des Nations CONCACAF face au Mexique. Le reste du programme des matchs amicaux n’a pas encore été annoncé, mais on sait d’ores et déjà que le Canada participera à la Gold Cup du 14 juin au 16 juillet, sa dernière compétition officielle avant la Coupe du monde.
Au-delà de ces têtes d’affiche, on n’oubliera pas de jeter un coup d’œil sur les performances de Jacqueline Madogo sur les pistes d’athlétisme, celles de Michael Woods sur son vélo, qui fera son retour au Tour de France, mais aussi nos nageurs Alexandre Landry et Benjamin Winterborn, la joueuse de volley de plage Brandie Wilkerson, ainsi que les joueuses de l’équipe féminine de soccer Vanessa Gilles et Cloé Lacasse.
SASKATOON – Si certains francophones se considèrent Fransaskois dès leur arrivée en Saskatchewan, d’autres, nés dans cette province, refusent l’étiquette. ONFR a profité d’un passage à Saskatoon pour interroger différentes personnes sur ce qui les pousse à adopter le terme ou non.
Selon l’Assemblée communautaire fransaskoise, un Fransaskois est « quelqu’un qui s’identifie à la communauté francophone de la Saskatchewan, que ce soit par naissance, par mariage, par adoption, ou simplement par identification. »
Il y a par contre un écart entre la définition formelle et celle sous-entendue, comme le rappelle le professeur de philosophie et ex-professeur en études francophones et interculturelles à l’Université de Regina, Jérôme Melançon. « La manière dont les gens l’utilisent (…) renvoie à une identité ethnique et pas seulement linguistique ».
L’Association jeunesse fransaskoise (AJF) a joué un grand rôle dans la popularisation du néologisme, dans les années 1970, dans le but de se défaire du terme Canadien-Français.
De plus en plus hétéroclite
En Saskatchewan, quelques villages francophones en milieu rural sont habités par les mêmes familles depuis des générations. Mais il y a moins de cohésion dans les villes, qui ne comptent pas de quartiers francophones.
Auparavant, l’immigration francophone était peu nombreuse et provenait surtout d’Europe. C’est seulement depuis une vingtaine d’années que les parcours se diversifient.
L’église de St-Denis est emblématique de ce hameau francophone près de Saskatoon. Photo : Rachel Crustin
« Il y a toujours ce jeu entre l’identité plus traditionnelle, liée à la religion, à la langue et à la descendance, et la volonté d’être plus ouverts et de répondre au fait que la francophonie est beaucoup moins homogène qu’elle ne l’a été par le passé », explique Jérôme Melançon.
Les gens croisés par ONFR ont été nombreux à mentionner cette nouvelle diversité comme un aspect crucial de la fransaskoisie actuelle. L’autrice-compositrice-interprète et réalisatrice Alexis Normand croit que les conversations sur la francophonie s’accompagnent de thèmes importants.
« Oui, on parle d’ouverture, d’exogamie, de sécurité linguistique. Mais quand on parle d’une communauté francophone plus ouverte, on va éventuellement parler d’antiracisme et de colonisation », affirme-t-elle.
Accueillis tout de suite
Séduit par un kiosque du Conseil économique de Saskatchewan à Paris, Samblo Marseille est arrivé à Saskatoon en mars 2024. Il a facilement trouvé la communauté francophone, grâce à de bons services d’intégration et à l’Église Saints-Martyrs-Canadiens de Saskatoon, qui reste un point de rassemblement pour la Fransaskoisie. Il se dit « totalement » Fransaskois.
« Quand je suis arrivé ici, tout de suite, les premières personnes que j’ai croisées me disaient bonjour. J’étais vraiment surpris par l’accueil des gens. »
Sylvie Clairefond, à gauche, et Samblo Marseille, à droite, viennent tous deux de France et ont choisi de s’établir en Saskatchewan. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Selon Jérôme Melançon, les premières rencontres dans une communauté sont déterminantes, en plus de la volonté de s’impliquer ou de vivre de façon plus individuelle. « La relation de chaque personne à (…) l’identité commune peut varier pour des raisons qui ne sont pas nécessairement sociologiques, mais qui dépendent des parcours personnels. »
La Française Sylvie Clairefond a aussi été surprise à son arrivée, il y a trois ans. « Je ne m’attendais pas à avoir une vie sociale totalement en français, et c’est ce que j’ai aujourd’hui. »
Le musicien Michel Lalonde a vécu de nombreuses années en Saskatchewan, à partir de 1990. « Je me suis senti chez moi dès le début. C’est une communauté très inclusive. »
Pas complètement
Pourtant, on trouve en Saskatchewan des francophones qui ne désirent pas porter l’étiquette fransaskoise. C’est le cas du réalisateur Simon Garez, né en Saskatchewan de parents français.
Dans son parcours scolaire, il n’a eu accès à une école francophone que pendant un an. Les longs trajets d’autobus vers Zénon Park l’ont contraint à revenir à son école locale de Nipawin, en programme d’immersion. « Mes frères, ma sœur et moi parlions mieux français que tous les autres élèves. (…) Il y avait l’accent anglophone, qu’on a un peu pris puisqu’on en était entourés. Ensuite, il y avait l’accent fransaskois, qui était différent. Et il y avait nous, les Franco-Canadiens… nous ne savions pas trop comment nous nommer. »
Simon Garez est l’un des rares à réaliser des films en français en Saskatchewan. Photo : Rachel Crustin
La suppression du programme d’immersion l’a forcé à poursuivre en anglais, dès la neuvième année. Les livres francophones ont même été retirés de la bibliothèque. « C’était inacceptable, mais j’étais tellement jeune que je ne le réalisais pas », affirme celui qui se dit aujourd’hui frustré de cet événement et de son manque de couverture médiatique.
Pour s’identifier, il privilégie le terme Français-Canadien, car « je sais que de dire Canadien-Français, ça a un contexte historique qui ne s’applique pas vraiment à moi. »
Grand ambassadeur de la Fransaskoisie, le rappeur Shawn Jobin reconnaît quand même que cette identité relève d’un choix.
« Je prends souvent l’exemple de mon épouse, qui est Belge. Elle a fait le choix de venir en Saskatchewan, elle a contribué à la communauté fransaskoise, mais (…) elle dit : je suis Belgo-Canadienne. (…) Et c’est important, ça aussi, de dire qu’on n’est pas obligés de s’identifier à ça. »
Un apéro franco à la microbrasserie 9 Mile Legacy de Saskatoon, en juillet 2024. Photo : Rachel Crustin
Arrivée en Saskatchewan dans l’enfance, l’artiste originaire de l’Alberta Sylvie Walker a aussi longtemps refusé le terme. « Ce sont des choses qui changent avec l’âge, l’expérience, les gens que tu croises. »
Issue d’une famille exogame et assimilée, Alexis Normand parle de son combat contre le sentiment de l’imposteur dans son documentaire Assez French.
« Ma version de la francophonie est bilingue. J’essaie le plus possible d’agrandir l’espace que la francophonie occupe dans mon quotidien. (…) Mais veut, veut pas, j’habite Saskatoon. Veut, veut pas, il y a beaucoup de gens dans ma famille qui ne peuvent pas s’exprimer en français. J’ai réalisé qu’il y a plus qu’une version de ce à quoi peut ressembler la francophonie. »
Nouvelles générations
Jérôme Melançon explique que la façon dont les jeunes expriment leur identité évolue. « La question d’appartenance ne va plus de soi. (…) Les gens de 30 ans et moins n’ont pas la même relation à la communauté. Les manières de se lier, de communiquer et de se rassembler ne sont pas les mêmes. »
Certains revendiquent le droit d’être francophones sans militer activement. C’est le cas de la musicienne Émilie Lebel (éemi). « Je travaille en français. Mes amis sont francophones. Ce n’est pas qu’on fait le choix de se parler en français. On se regroupe, on est amis, on s’amuse en français. (…) Mais on n’est pas dans la face des gens. »
Des organismes comme le Conseil culturel fransaskois ou l’AJF jouent encore un rôle déterminant. Sylvie Walker affirme : « S’il n’y avait pas l’AJF, je ne pense pas que j’aimerais participer à la communauté. Quand tu es jeune, ce n’est pas cool d’être francophone. »
Shawn Jobin estime qu’il est primordial d’inspirer la jeunesse. Avec l’AJF, il programme le festival Franco-Fièvre. « On leur monte une expérience intense, avec un gros spectacle de festival en français, pour leur montrer que la musique qu’ils consomment en anglais se fait aussi en français, ici, au Canada. »
L’activité de la disco silencieuse avec Shawn Jobin a été populaire auprès des jeunes lors du Festival fransaskois. Photo : Rachel Crustin
Comme Shawn Jobin, l’artiste Anique Granger se considère toujours fransaskoise, même si elle vit au Québec. « Je pense que pour être Fransaskois, il faut que tu veuilles être Fransaskois. Ce n’est que ça. Que tu parles français, que tu sois en Saskatchewan ou que tu viennes de la Saskatchewan. Il y a des francophiles et des nouveaux arrivants. Je pense qu’il y a vraiment un esprit d’accueil et d’inclusivité. »
Anique Granger et Sylvie Walker ont réalisé un balado sur la Construction langagière, identitaire et culturelle (CLIC), un élément du cursus scolaire fransaskois. La série DéCLIC décortique les éléments qui construisent l’identité.
« On est tous des êtres hybrides, avec plusieurs facettes, explique Sylvie Walker. Je dirais que le fil conducteur de la Fransaskoisie est la fierté de la langue. Et un peu l’esprit de résistance. »
OTTAWA — La ministre des Affaires étrangères et ancienne ministre responsable des Langues officielles, Mélanie Joly, affirme être en réflexion pour se présenter à la chefferie du Parti libéral du Canada. De son côté, le ministre acadien Dominic Leblanc a annoncé qu’il ne se lancerait pas.
Mélanie Joly a déclaré aux représentants des médias à Ottawa qu’elle réfléchissait à l’idée de succéder à Justin Trudeau, deux jours après qu’il ait annoncé sa démission.
« Au cours des derniers jours, j’ai reçu beaucoup d’appuis partout à travers le pays, du fait que plusieurs m’ont écrit, particulièrement au Québec. En même temps, j’ai eu plusieurs rencontres avec mon équipe de proches conseillers et je vais continuer ma réflexion », a-t-elle indiqué avant une réunion du caucus libéral.
Le fait de jongler avec les responsabilités de ministre des Affaires étrangères « valors que la relation avec les Américains présentement est très difficile fait partie aussi de ma réflexion », a-t-elle indiqué, mais laisse « au premier ministre et au parti décider » si elle peut être candidate et ministre au même moment.
D’autres candidats ont soutenu publiquement qu’ils soupesaient l’idée de prendre la tête du parti. C’est le cas du ministre du Travail, Steven MacKinnon, et de celui de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.
« Je suis effectivement en réflexion », a confirmé Steven MacKinnon, qui a insisté sur plusieurs qualités que devrait avoir le prochain chef, comme être parfaitement bilingue.
« Et bilingue pour moi, c’est de savoir apprécier le fait francophone au Canada, savoir apprécier le Québec dans son ensemble et l’ensemble des communautés francophones au pays et donc aussi, ce facteur-là va être primordial », a insisté le député de Gatineau.
« Je considère (la chefferie) et je n’ai pas pris une décision maintenant, mais bien sûr, je dois (me) décider dans la prochaine semaine », a exprimé Jonathan Wilkinson.
D’autres possibles candidats sont le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, la ministre des Transports Anita Anand, qui n’a toutefois rien laissé savoir publiquement, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Marc Carney, ainsi que l’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark.
Dominic Leblanc écarte la chefferie
Contrairement à certains de ses collègues, le ministre des Finances et député du Nouveau-Brunswick Dominic Leblanc a laissé savoir qu’il ne comptait pas tenter sa chance.
« Des députés et des libéraux à travers le pays m’ont encouragé et j’ai beaucoup apprécié ça, a-t-il soutenu. J’ai réfléchi et j’ai conclu que pour le moment, le travail important que j’ai comme ministre des Finances face à la menace des tarifs douaniers des États-Unis était quand même une job à temps plein et j’ai décidé de focuser là-dessus. »
L’actuel ministre des Finances avec Justin Trudeau. Photo : Page Facebook de Dominic Leblanc
« C’est sûr que ça me déçoit », a lancé le député du Nouveau-Brunswick, Serge Cormier, au sujet de l’annonce de son collègue acadien.
« J’aurais très bien vu M. Leblanc prendre le poste de premier ministre. Je l’ai dit depuis le jour un, que M. Leblanc pourrait faire cette job-là les yeux fermés, mais je respecte sa décision », soutient le représentant de la circonscription d’Acadie-Bathurst.
Le Parti libéral du Canada et son exécutif doivent se réunir dans les prochains jours pour décider des règles sur la course à la chefferie, qui devrait être de courte durée alors que la Chambre des communes doit recommencer à siéger le 24 mars. Déjà, les trois partis de l’opposition au Parlement ont signalé qu’ils feraient tomber le gouvernement dès que possible lors d’un vote de confiance, ce qui plongerait probablement le pays en élection au printemps.
Qu’est-ce que la « Fransaskoisie » et comment la vivre au quotidien? Pour répondre à cette question, la journaliste culturelle Rachel Crustin se déplace au parc provincial de Pike Lake, en Saskatchewan, pour rencontrer des Fransaskois en mode célébration. Accueillants et divers, ils ne cachent pas leur fierté francophone. Rachel trouvera-t-elle une famille d’accueil au sein de ces francophones des Prairies?
OTTAWA – En annonçant sa démission lundi, Justin Trudeau laisse derrière neuf années remplies en politiques publiques, notamment en matière de français comme la modernisation de la Loi sur les langues officielles ou encore des nominations controversées. On a demandé à trois experts en francophonie canadienne de faire un bilan des années Trudeau en matière de langues officielles.
Malgré le long processus qui a mené à sa modernisation, la réforme de la Loi sur les langues officielles vient au haut de la liste des réalisations de Justin Trudeau, soutiennent nos experts.
« C’est clairement un héritage important du gouvernement. C’est une loi qui a innové dans la reconnaissance du caractère minoritaire du français en Amérique du Nord et en intégrant le principe d’égalité réelle », note la titulaire de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques à l’Université d’Ottawa, Linda Cardinal.
« Lorsqu’on va se rappeler du mandat de M. Trudeau dans dix ou vingt ans, c’est sûr qu’on va noter qu’il a réussi à moderniser la Loi sur les langues officielles, ça reste un de ses legs », soutient le professeur de l’Université Simon-Fraser et spécialiste des politiques linguistiques canadiennes, Rémi Léger.
Parmi les moins bons coups, on note les nominations du premier ministre dans les dernières années à des postes clés ne parlant pas français, soulignent les spécialistes de la francophonie minoritaire.
« Ce qui a frappé la symbolique, ce sont les nominations du premier ministre, analyse la professeure en sciences politiques du Collège militaire royal de Kingston, Stéphanie Chouinard.
« La nomination de la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick Brenda Murphy a fait couler beaucoup d’encre, tout comme la nomination de Mary Simon faisant fi des enjeux du bilinguisme et des langues officielles », donne-t-elle en exemple, avec des plaintes records au Commissariat aux langues officielles.
Justin Trudeau avait nommé en 2019 Brenda Murphy lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick malgré qu’elle ne parle pas français. Photo : Gouvernement du Nouveau-Brunswick
« Ça en dit long sur la place qu’occupaient les langues officielles et le français dans l’esprit de M. Trudeau. Pour lui, le Canada devait désormais prioriser la réconciliation avec les peuples autochtones et la question du français était secondaire », émet comme observation Rémi Léger.
Les réinvestissements dans les langues officielles sous son gouvernement entrent dans les sections des bons coups, note Stéphanie Chouinard. Elle cite les bonifications aux plans d’action pour les langues officielles sous son règne ou encore le financement de l’Université de l’Ontario français.
« Durant l’ère Trudeau, la réalité des langues officielles n’a pas été remise en question et le premier ministre dans ses délégations à l’étranger a toujours fait attention de présenter le français et l’anglais à l’égalité. C’est quelque chose qui ne marque pas à moins d’un scandale », illustre encore la chercheuse sur la francophonie canadienne.
Pour Linda Cardinal, les exemples du manque de respect du français à la Commission Rouleau, la Commission sur l’ingérence étrangère ou encore la fin de l’étiquetage bilingue en pleine pandémie de la COVID-19, démontre toutefois que l’état du français dans la fonction publique fédérale au cours des dernières années n’a pas connu d’améliorations sous ce gouvernement libéral.
Si elle qualifie le dossier du français, notamment grâce à la réforme de la Loi sur les langues officielles, de succès pendant les neuf années du premier ministre, c’est plus en raison du travail de ses ministres, car « sur le terrain, on n’a jamais senti que M. Trudeau était le grand défenseur des langues officielles », analyse Linda Cardinal.
« On n’a jamais senti que M. Trudeau était le grand défenseur de la francophonie au Canada, parce qu’il avait une relation compliquée avec le Québec. En milieu minoritaire, il a toujours vu le français comme une langue identitaire et non comme une langue officielle (…). Je ne pense pas que c’était le point fort de M. Trudeau », résume la professeure de l’Université d’Ottawa.
« Cela a été un succès malgré lui-même, abonde Rémi Léger. Il s’est fait amener sur le terrain des langues officielles malgré lui. C’est un terrain qui ne l’intéressait clairement pas et qu’il voulait éviter à tout prix à son arrivée en 2015. Il s’est fait tirer dans le carré de sable des langues officielles et il a été forcé de prendre des décisions comme la modernisation de la Loi sur les langues officielles. »
Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), le mandat de M. Trudeau aura eu « beaucoup plus de positifs que de négatifs. »
« Ce n’était pas parfait, mais quand on regardera dans plusieurs années, je pense que le premier ministre Trudeau sortira comme une des personnes qui aura fait beaucoup pour la francophonie canadienne », affirme sa présidente Liane Roy.
Originaire d’Alma, Carl Bouchard découvre vite sa passion pour la francophonie minoritaire lors de ses études en journalisme à Ottawa. Aujourd’hui, il défend les Franco-Ontariens en tant que commissaire aux services en français au sein de l’Ombudsman. Hors travail, il partage son temps entre son chien, la cuisine, l’art et… les puzzles!
Le premier ministre de l’Ontario a réagi à l’annonce de Justin Trudeau avec un seul mot d’ordre : les tarifs douaniers à prioriser avant tout. Les chefs de l’opposition ont salué le service de Justin Trudeau non sans renvoyer la balle à Doug Ford pour des problèmes « qui relèvent de la compétence provinciale ». Vives réactions également des députés fédéraux francophones.
« La démission de Justin Trudeau ne veut pas dire qu’il ne sera plus premier ministre durant les deux prochains mois et il doit impérativement prioriser les négociations à la menace des tarifs douaniers américains », a immédiatement lâché Doug Ford en conférence de presse, ce lundi.
Il a rappelé que dans deux semaines Donald Trump prêtera serment en tant que président des États-Unis et que le premier ministre devait veiller à ce que les menaces de 25 % de tarifs douaniers ne se concrétisent pas.
Plus tôt dans la journée, il avait publié sur son compte X que « le gouvernement fédéral doit faire tout ce qui est humainement possible pour éviter ces tarifs, notamment en faisant davantage pour sécuriser notre frontière et en proposant un plan crédible pour investir davantage dans l’armée canadienne afin de respecter et de dépasser nos engagements en matière de dépenses auprès de l’OTAN. »
Par trois fois, Doug Ford a évité la question de la date des élections provinciales anticipées et d’une quelconque décision suite au revirement de situation à Ottawa.
À la place, il a réaffirmé son intention de faire preuve « de stabilité et de force en ce moment critique, et le gouvernement fédéral doit de toute urgence expliquer aux Canadiens comment il évitera des tarifs qui pourraient avoir des effets dévastateurs sur notre économie ».
Les leaders d’opposition ontariens renvoient la balle à Ford
« Il s’agit d’un moment crucial pour notre pays et notre province, a déclaré la cheffe de NPD Marit Stiles. Le changement est arrivé à Ottawa et il est temps que le changement s’opère également en Ontario (…) Nous avons besoin d’un leadership à tous les niveaux qui accordera la priorité aux besoins des travailleurs pour une fois. »
Bonnie Crombie, la leader libérale, a rendu hommage à près de 17 ans de service de Justin Trudeau au Canada en tant que député, chef de parti et premier ministre.
« Il a dirigé notre pays à travers une période difficile, marquée par une pandémie mondiale et un climat géopolitique conflictuel et difficile (…) Je resterai, comme toujours, concentré sur la mise en œuvre du changement dont l’Ontario a désespérément besoin. »
« La vie est plus difficile que jamais, a publié Mike Schreiner, le chef du Parti vert ontarien. L’Ontario ne fait pas exception. Bien que le premier ministre Ford pointe du doigt Trudeau, la réalité est que la plupart des problèmes auxquels les gens sont confrontés relèvent de la compétence provinciale. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’un gouvernement provincial qui travaille pour les Ontariens ordinaires – et non pour les grandes entreprises et les milliardaires. »
Des députés fédéraux saluent « un impact durable »
À l’instar de Doug Ford, plusieurs députés libéraux fédéraux de l’Ontario ont réagi au départ de leur chef.
« Je remercie Justin Trudeau pour ses années de service pour le Canada et les Canadiens. Je lui souhaite, à lui et sa famille, le meilleur », a écrit l’ancienne ministre des Finances et vice-première ministre, Chrystia Freeland.
« Je tiens à dire merci à M. Trudeau et merci à sa famille. Je lui dois ma carrière », a réagi en entrevue le député de l’Est ontarien Francis Drouin.
Parmi les réalisations du premier ministre qu’il souligne, l’adoption de la modernisation de la Loi sur les langues officielles, l’allocation canadienne pour enfants implantée en 2016 et le programme des garderies à 10 $.
« Il aura été un bon premier ministre pendant neuf ans, mais c’était clair que pour unifier notre caucus, il fallait un changement au sein de la chefferie », soutient le représentant de Glengarry—Prescott—Russell.
Ce dernier croit que l’élection d’un nouveau chef pourra se faire rapidement, rappelant que la course ayant mené Doug Ford à la tête du Parti progressiste-conservateur en 2019 aura pris près de cinq semaines.
« On a amplement le temps de le faire dans un temps qui est raisonnable (…). Je crois qu’on va être capable de présenter une vision réaliste pour le pays », affirme celui qui apporterait son soutien au ministre acadien Dominic Leblanc si ce dernier venait à se présenter.
Sa collègue dans Ottawa-Vanier, Mona Fortier, a salué le premier ministre pour « son leadership remarquable et son dévouement au service des Canadiens ».
« Vous laissez un héritage qui aura un impact durable », a-t-elle écrit sur X.
« Sous son mandat, des collaborations fructueuses ont permis d’obtenir des avancées significatives pour la francophonie ontarienne »
— Assemblée de la francophonie de l’Ontario
Des organismes francophones ont aussi salué l’annonce du chef libéral, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) soulignant que son gouvernement « passera à l’histoire comme celui qui a mené la modernisation la plus substantielle de la Loi sur les langues officielles en une génération ».
« Le bilan de Justin Trudeau en matière de francophonie et de langues officielles n’est bien sûr pas parfait, comme ceux de ses prédécesseurs n’étaient pas parfaits non plus. Cependant, au cours de sa décennie à la barre du pays, nombreux sont les gestes qu’il a personnellement posés qui montrent son engagement envers la dualité linguistique et le rayonnement de nos communautés », a indiqué sa présidente Liane Roy dans un communiqué.
L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) soutient que « sous son mandat, des collaborations fructueuses ont permis d’obtenir des avancées significatives pour la francophonie ontarienne ».
OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi sa démission comme chef libéral, mais il restera en poste jusqu’à l’élection d’un remplaçant comme nouveau chef. Les activités au Parlement seront aussi prorogées jusqu’au 24 mars jusqu’à l’élection d’un nouveau chef libéral.
Justin Trudeau en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse à 10h45 à Rideau Cottage, un lieu à l’air familier pour les nombreuses conférences de presse qu’il aura tenu durant la pandémie de la COVID-19 et l’endroit qu’il occupe depuis neuf ans, depuis son élection en 2015.
« Hier soir, j’ai partagé avec mes enfants la décision que je partage avec vous tous aujourd’hui. J’ai l’intention de démissionner de mon poste de chef du Parti libéral du Canada et de premier ministre une fois que le parti aura choisi son prochain chef », a-t-il annoncé, ajoutant que de longues conversations avec ses proches et la pause du temps des fêtes ont nourri sa décision.
S’il se qualifie de « fighter », Justin Trudeau a expliqué qu’il ne pouvait être à la tête des libéraux lors des prochaines élections fédérales en raison de la gronde au sein de ses troupes.
« Le pays mérite un choix clair et réel lors des prochaines élections et il est devenu évident pour moi que si je dois me concentrer sur des batailles internes, je ne peux pas être la meilleure option lors de cette élection », a-t-il affirmé.
La grogne était grandissante au caucus libéral dans les dernières semaines, alors que de nombreux députés du caucus libéral de l’Ontario et de celui de l’Atlantique avaient demandé au premier ministre de quitter. Cela fait suite au départ fracassant, le mois dernier, de la ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland. Le député franco-ontarien Francis Drouin était l’un de ceux qui avaient réclamé le départ de M. Trudeau suite à la démission de Mme Freeland.
Le premier ministre n’a d’ailleurs pas voulu s’avancer sur les raisons qui lui ont mené à demander à Chrystia Freeland de quitter son poste de ministre des Finances.
« Je ne suis pas quelqu’un qui partage les détails de mes conversations privées. »
Le Parlement sera d’ailleurs prorogé, soit un ajournement des activités parlementaires, jusqu’au 24 mars pour laisser le temps à l’élection d’un successeur de M. Trudeau, qui a été voir la gouverneure générale Mary Simon à Rideau Hall, qui a accepté de mettre en pause le Parlement.
« On a pu très peu accomplir durant les derniers mois. Le Parlement a besoin d’un reset et de se calmer un peu les pompons pour se remettre au travail pour les Canadiens et pas à faire de la petite politique constante », a-t-il raisonné.
Justin Trudeau a aussi précisé qu’il avait demandé au président du Parti libéral du Canada, Sachit Mehra, de mettre en place un processus pour lui trouver un successeur. La constitution du parti ne précise pas le scénario dans le cas d’une course à la chefferie avec un premier ministre en poste.
« J’ai hâte d’observer le déroulement de ce processus dans les mois à venir », a soutenu Justin Trudeau qui pense que « la polarisation que l’on voit » à la Chambre des Communes devrait se calmer avec son départ.
Des élections, peu importe le nouveau chef, disent les oppositions
Malgré l’arrivée future d’un nouveau chef chez les libéraux, les trois partis d’opposition ont rappelé lundi leur intention de renverser le gouvernement, ce qui signifie que des élections au milieu du printemps 2025 semblent inévitables.
La démission de Justin Trudeau ne change rien selon Pierre Poilievre qui réclame des élections au plus vite, car « le gouvernement lui-même est hors de contrôle » accusant les libéraux de vouloir « protéger leurs pensions et leurs chèques de paie en cachant leur chef détesté sous le tapis afin de duper les Canadiens quelques mois avant des élections ».
« Tous les députés libéraux, ministres et candidats à la chefferie du parti ont aidé Justin Trudeau à briser ce pays au cours des neuf dernières années », a-t-il déploré dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux.
Idem pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh qui a assuré que son parti allait voter contre le gouvernement libéral lors d’un prochain vote de confiance à la Chambre des communes.
« C’est terminé, c’est clair. Quand on va avoir une motion de confiance, les néo-démocrates vont voter contre le gouvernement pour une élection, peu importe qui est le prochain chef du parti libéral. »
Le chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet souhaite de son côté des élections au printemps 2025 après la course à la chefferie.
« Ce qui ne doit pas arriver est de créer des délais indus ou de fantasmer sur une élection qui serait très tardive », réclame le leader bloquiste.
Selon le site de sondage 338 Canada, le Parti libéral pourrait être relégué au troisième rang après avoir formé les trois derniers gouvernements. Les libéraux, qui possèdent actuellement 153 sièges, pourrait descendre jusqu’à 35 alors que les conservateurs sont projeter d’obtenir une forte majorité avec plus de 230 sièges.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique sur l’actualité et la culture franco-ontarienne. Cette semaine, l’historien et spécialiste de patrimoine Diego Elizondo.
[CHRONIQUE]
Alors que vient de débuter l’année 2025, souhaitons-nous le meilleur. Pour cette première chronique de l’année, je vous partage cinq vœux que je nous souhaite pour une année réussie en patrimoine franco-ontarien.
Davantage de financement
L’argent, c’est le nerf de la guerre, dit l’adage bien connu. Pour que le milieu du patrimoine franco-ontarien se porte mieux en cette nouvelle année, rien de plus naturel que de lui souhaiter davantage de financement, pour qu’il puisse mieux réaliser son mandat, continuer d’organiser des activités et mieux sensibiliser la communauté.
À l’heure où les effets de l’inflation continuent de peser lourd, où le financement stagne depuis des années (lorsqu’il ne recule pas), un financement adéquat en faveur d’organismes de défense du patrimoine ou encore en faveur de sa valorisation, de sa préservation et de la restauration est essentiel pour la pérennité du patrimoine franco-ontarien.
Encore plus de désignations
Pressées par un ultimatum du gouvernement de l’Ontario qui avait indiqué qu’un moratoire serait imposé sur les désignations patrimoniales bientôt, les municipalités se sont activées l’année dernière afin de faire désigner en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario des bâtiments qui se trouvaient parfois depuis des années sur leur inventaire du patrimoine.
La maison Lacelle, mieux connue sous le nom de El Menson (du nom du restaurant), construite en 1898 dans l’actuel quartier de Vanier, à Ottawa, est un des nombreux bâtiments franco-ontariens à avoir été désignés patrimonialement en 2024 par la Ville d’Ottawa. Photo : Diego Elizondo
Le gouvernement Ford a repoussé l’échéance (qui devait initialement être le 31 décembre 2024) pour accorder un délai de deux ans supplémentaires aux municipalités pour effectuer des désignations patrimoniales. Cet élan ne doit pas s’estomper. À la Ville d’Ottawa, les désignations patrimoniales ont triplé l’an dernier par rapport à la moyenne historique et cela a inclus des bâtiments franco-ontariens. Continuons.
D’autres livres publiés
Quelques essais sur l’histoire franco-ontarienne ont été publiés au courant de la dernière année, de quoi regarnir nos bibliothèques de nouvelles études sur notre passé. On s’en souhaite d’autres cette année.
L’année dernière avait bien commencé avec un essai qui a attiré l’attention, celui d’Hugues Théorêt sur l’Ordre de Jacques-Cartier, dit « La Patente » (publié aux éditions du Septentrion). La publication des actes de colloque tenus en 2022 à l’Université d’Ottawa sur S.O.S. Montfort, Le moment Montfort dans la francophonie, est également un essai de choix à se procurer (éditions des Presses de l’Université d’Ottawa). En fin d’année, c’est un collectif d’études autour de l’histoire plus que cinquantenaire de l’hebdomadaire franco-ontarien Le Voyageur qui est arrivé en librairie (coédition Prise de parole et Société historique du Nouvel-Ontario).
Couverture du livre Le moment Montfort dans la francophonie canadienne, publié en 2024. Photo : Presses de l’Université d’Ottawa.
Même les enfants ont eu droit à un livre qui pourrait les intéresser. Les éditions David ont publié un roman jeunesse sur le vol au Château Laurier, à Ottawa, du portrait de Sir Winston Churchill (résolu l’année dernière). Un roman dans lequel le militant du patrimoine franco-ontarien Michel Prévost apparaît comme personnage!
De nouvelles reconversions de bâtiments patrimoniaux
À Ottawa, un fait marquant de la dernière année en patrimoine a été la reconversion de deux bâtiments patrimoniaux. En effet, l’ancien couvent Saint-Jean-Baptiste (dit Collège dominicain), de même que la Maison de la Providence Notre-Dame-de-la-Providence, à Orléans, ont été acquis respectivement par le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est et la Ville d’Ottawa. Le premier sert depuis la rentrée de l’automne dernier comme nouveau campus d’école secondaire à l’ouest immédiat du centre-ville d’Ottawa, tandis que le second accueillera des demandeurs d’asile célibataires d’ici le printemps prochain.
Ces deux bâtiments du patrimoine religieux avaient été mis en vente (quelque peu secrètement) par leurs communautés religieuses, qui les ont vendus au secteur public. Non seulement la reconversion de bâtiments existants plutôt que la démolition est une bonne pratique pour l’environnement et la réduction des gaz à effets de serre, il permet (du moins temporairement) de sauver un bâtiment patrimonial qui aurait pu facilement se trouver en ligne de mire du pic des démolisseurs.
L’ancien Collège dominicain a été reconverti en école secondaire catholique de langue française et a ouvert ses portes en 2024, à Ottawa. Crédit photo : Paroisse St-Jean-Baptiste d’Ottawa.
Le défi de reconversion de bâtiments du patrimoine religieux en masse ne fait que commencer et ces deux exemples heureux de la dernière année ne doivent pas être les derniers. Dans les prochains mois ou années, la reconversion de la maison-mère des Filles de la Sagesse à Vanier, du couvent Mont-Saint-Joseph dans Rockcliffe Park ou encore du couvent du Sacré-Cœur dans le vieil Ottawa-Est sont des projets en cours qui bénéficieraient de s’inspirer de l’exemple de l’ancien Collège dominicain et de la Maison Notre-Dame-de-la-Providence.
L’émergence d’une relève
Ce souhait ne se concrétisera pas en une année. Comme pour la question du financement, c’est un problème récurrent et complexe. L’absence de relève en patrimoine se fait sentir de plus en plus avec ses militants vieillissants. Je vous donne un exemple. En avril dernier, au moment où il recevait un prix pour son implication communautaire dans la francophonie, j’écrivais une chronique sur Louis Patry, vice-président fondateur de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans (SFOPHO). Dans sa dernière livraison, le bulletin de la SFOPHO nous apprenait que monsieur Patry, 79 ans, cessait son implication communautaire après plusieurs années de bénévolat. Monsieur Patry a beaucoup redonné à la communauté et il est parfaitement en droit de se reposer après de nombreuses années de valeureux services. Or, qui prendra le bâton du pèlerin? Quand émergera une relève? Pendant les derniers douze ans, monsieur Patry a veillé au grain et a sensibilisé élus, médias et entreprises privées pour que l’accent sur Orléans soit réaffiché sur les panneaux, à une époque où il s’effritait. Après un renversement de situation grâce à ses efforts, j’aperçois déjà que l’accent recommence tranquillement à être oublié sur les panneaux. Tel le mythe de Siphyse, il semble que ce combat en soit un perpétuel pour les Franco-Ontariens.
Le militant du patrimoine franco-ontarien d’Orléans, Louis Patry, a annoncé sa retraite à l’automne dernier. Photo : Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans.
Monsieur Patry a fait sa part, mais pour qu’une relève émerge en patrimoine comme je nous souhaite pour cette année, il faut lui donner des moyens pour réussir. On ne compte pas de programmes postsecondaires en français en Ontario, contrairement au Québec. C’est déjà un obstacle. Ensuite, l’absence d’opportunités est un frein énorme pour l’émergence d’une relève patrimoniale franco-ontarienne. Trop de bénévolat est attendu auprès des jeunes pour que ce soit pour eux une option réaliste de s’engager. Hormis quelques postes d’archivistes ici et là dans quelques universités, les options d’emplois sont quasi inexistantes.
Ceux qui s’intéressent et défendent le patrimoine franco-ontarien sont surtout d’une génération vieillissante, qui a fait carrière ailleurs qu’en patrimoine et qui incarne mal le renouveau. Mais sans de nouvelles conditions matérielles favorables pour elle, la relève tant attendue en patrimoine n’apparaîtra pas.
En résumé, mes cinq souhaits illustrent aussi bien mes espoirs que mon réalisme quant aux défis qui attendent le patrimoine franco-ontarien en 2025.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
Qu’est-ce qui attend l’Ontario français en 2025? Élections charnières, anniversaires marquants, nouveaux défis? Si seulement nous avions une boule de cristal… Pour tâter le pouls, la journaliste Rachel Crustin interroge des francophones d’Ottawa sur leurs prédictions pour la nouvelle année, en saupoudrant quelques devinettes ici et là. ONFR vous souhaite une bonne et heureuse année 2025!
L’année 2025 s’annonce chargée politiquement, avec de possibles élections fédérales et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, mais il s’agira aussi d’une année de célébrations pour la francophonie ontarienne. ONFR vous présente des événements, dossiers et dates à retenir en 2025 en Ontario et dans la francophonie de la plus grosse province canadienne.
50 ans du drapeau franco-ontarien
C’est cette année que l’on célébrera le 50e anniversaire de la création du drapeau franco-ontarien. Il a été créé en 1975 par Gaétan Gervais, qui était professeur à l’Université de Sudbury, et Michel Dupuis, étudiant dans le même établissement. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et les différentes ACFO locales promettent des célébrations, notamment le 25 septembre, Jour des Franco-Ontariens, pour célébrer la création de l’étendard devenu officiellement le symbole des francophones de la province en 2001. L’AFO affirme notamment avoir travaillé sur un visuel du 50e anniversaire du drapeau franco-ontarien, qui sera dévoilé dans les prochaines semaines.
Élections fédérales
Des élections auront lieu au niveau fédéral en 2025, mais bien malin celui qui peut prédire quand. Justin Trudeau fait face à une grogne de son caucus vis-a-vis de son leadership depuis les derniers mois. Elle s’est renforcée dans les dernières semaines avec le départ de la ministre des Finances Chrystia Freeland. Les conservateurs et le Bloc québécois demandent au premier ministre de déclencher des élections dès que possible, tandis que le NPD résiste pour le moment à retirer sa confiance au gouvernement libéral. Justin Trudeau doit déclencher des élections au plus tard le 25 octobre, selon la date fixée par Élections Canada, mais une possible motion de censure pourrait accélérer ce calendrier.
… et en Ontario?
En principe, des élections provinciales sont seulement prévues en juin 2026, mais le premier ministre ontarien a laissé la porte ouverte au cours des derniers mois. Doug Ford a refusé à de multiples reprises de s’engager à aller en élections seulement en 2026, n’écartant aucun scénario.
Les dernières élections en Ontario, en 2022, ont donné à Doug Ford une majorité de 83 sièges sur un total de 124. Photo : ONFR/Jackson Ho
Pour certains observateurs, les chèques de 200 $ que recevront les Ontariens dans les prochains mois sont une preuve de scrutin général à venir. Déjà, les libéraux et néo-démocrates ont signalé être prêts à partir en campagne électorale. Les oppositions accusent le premier ministre de vouloir devancer la date de l’élection avant la fin de l’enquête de la GRC sur le scandale de la ceinture de verdure.
Retour des étudiants à l’Université de Sudbury
C’est un dossier qui aura fait couler beaucoup d’encre dans le Nord de l’Ontario ces dernières années, avec la crise de l’Université Laurentienne. Son voisin de quelques centaines de mètres accueillera ses premiers étudiants à profiter d’une entente avec l’Université d’Ottawa à l’automne 2025. 23 programmes universitaires seront offerts aux étudiants de l’Université de Sudbury, ce qui leur permettra d’obtenir des crédits communs aux deux universités.
En mars 2024, lors de l’annonce du partenariat entre l’Université de Sudbury et l’Université d’Ottawa. Archives ONFR/Inès Rebei
Un demi-siècle d’existence pour le Festival franco-ontarien
Créé en mai 1976, le Festival franco-ontarien célébrera en 2025 sa 50e édition. Le festival de musique, qui aura lieu les 12-13 et 14 juin à Ottawa, n’a pas encore dévoilé sa programmation, mais les billets sont déjà en vente pour cette édition sous le thème « fêtés en grand ». L’an dernier, le site parc Major’s Hill avait accueilli entre autres Damien Robitaille, Mehdi Cayenne et Fouki.
Arrivée de Donald Trump et tensions tarifaires
Campagne publicitaire, entrevue avec les grands réseaux américains comme CNN et Fox News… le premier ministre Doug Ford a multiplié les manœuvres ces dernières semaines, de l’autre côté de la frontière, contre les possibles tarifs douaniers de Donald Trump, le président américain élu. Ce dernier, qui entrera en poste le 20 janvier, a promis de taxer de 25 % tous les produits canadiens entrant aux États-Unis, dès son arrivée.
Mentions spéciales :
Doug Ford a déjà promis de riposter en coupant l’électricité envoyée aux Américains, notamment au Michigan, si ces tarifs vont de l’avant. En Ontario, le secteur hydroélectrique et manufacturier, comme l’industrie automobile, sont grandement dépendants du marché américain. Près de 500 milliards de dollars sont échangés commercialement entre l’Ontario et les États-Unis chaque année.
100e anniversaire de North Bay : La ville du Nord de l’Ontario célébrera en 2025 son centenaire. Des célébrations sont prévues tout au long de l’année dans la ville via divers événements, pour marquer l’occasion.
Un nouveau recteur à l’Université d’Ottawa : La plus grosse université bilingue au Canada devra se trouver un nouveau recteur, après que Jacques Frémont ait annoncé son départ. Il termine son mandat en juin 2025.
Démolition de l’édifice du MIFO : Endroit incontournable pour les arts et la culture à Orléans et à Ottawa, l’édifice de la rue Carrière sera démoli cette année. Le nouveau bâtiment, prévu pour l’automne 2027, sera construit sur le même terrain et aura une superficie quatre fois plus élevée.
Ethel Côté, Claudette Gleeson et Alex Tétreault sont les Franco-Ontariens sélectionnés parmi les dix personnalités influentes de la francophonie canadienne du palmarès 2024 de Francopresse. Une reconnaissance que leur valent leurs engagements économique, artistique et politique sans relâche auprès de leur communauté.
« Nous avons eu droit encore cette année à une cuvée impressionnante de candidatures soumises par les journaux francophones du Canada. Une preuve que non seulement la francophonie est bien vivante au Canada, mais aussi que les journaux en sont des témoins privilégiés », a affirmé Julien Cayouette, rédacteur en chef de Francopresse.
Parmi les récipiendaires de cette dixième édition, à titre d’hommage posthume : l’entrepreneure engagée Ethel Côté, qui nous a quittés en octobre 2024.
Québécoise et Franco-Ontarienne, elle était présidente fondatrice de la Nouvelle Scène à Ottawa, ancienne directrice générale d’ImpactON, fondatrice de mécènESS, plateforme intégrée en développement communautaire et innovation sociale, membre du comité consultatif provincial sur les Affaires francophones et professeure associée à l’Université de l’Ontario français.
Dévouée à la francophonie et à l’économie sociale, Ethel Côté est décorée de l’Ordre du Canada, de l’Ordre de l’Ontario, de l’Ordre de la Pléiade et d’un Prix Saphir en tant que personnalité féminine de l’année 2017.
Ethel Côté au Congrès de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), en 2020. Gracieuseté
Le Nord de l’Ontario bien représenté
Originaire de Sudbury, Alex Tétreault, qui en est le poète officiel, s’est démarqué puisqu’il « personnifie une nouvelle génération d’artistes franco-ontariens avec ses projets artistiques novateurs autour des identités queer et franco-ontarienne ».
Dramaturge et acteur, il est détenteur de deux prix de Contact Ontarois, notamment avec sa pièce Nickel City Fifs, une épopée queer sudburoise sur fond de trous, le fruit de cinq ans de travail, appuyé par le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO).
Ancien président de l’Association des étudiants francophones de l’Université laurentienne, il devient président de Fierté Sudbury, puis président de Théâtre Action. Il a également soutenu les Rendez-vous de la fierté Acadie Love comme directeur général pendant quelques mois, en 2024.
Alex Tétreault est également la personnalité de l’année dans le bilan culturel d’ONFR.
Alex Tétreault pendant les présentations éclair de Contact ontarois, en janvier 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR
La ville de Greenstone, dans le Nord de l’Ontario, aura beaucoup fait parler d’elle cette année et c’est Claudette Gleeson, militante dévouée de la francophonie en milieu minoritaire, qui s’est illustrée par la lutte qu’elle a menée en 2024 pour que le drapeau franco-ontarien continue de flotter devant l’hôtel de ville.
Investie dès son plus jeune âge auprès de la communauté francophone via des initiatives de bénévolat, elle est fondatrice et présidente du Franco-Festival de Thunder Bay, présidente du conseil d’administration de l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO), vice-présidente du Conseil scolaire du district catholique des Aurores boréales, présidente de l’Accueil francophone de Thunder Bay.
Elle a reçu d’ailleurs le Prix du gouverneur général en 2016.
Claudette Gleeson, présidente du Conseil de la coopération de l’Ontario, reçoit une reconnaissance du Sénat du Canada, 2018. Gracieuseté
Les Maritimes, Saskatchewan et le Yukon
En bonne place dans le palmarès Francopresse, les provinces de l’Atlantique avec le président de l’agence de développement économique Horizon TNL et du journal Le Gaboteur Cyr Couturier de Terre-Neuve-et-Labrador, également professeur-chercheur à l’Université Memorial qui contribue à la promotion de la francophonie.
Détenteur du Prix Acadie-Québec, P’tit Belliveau, de son nom Jonah Richard Guimond, est un artiste néo-écossais phare de l’Acadie, qui s’est illustré en 2024 sur les scènes du Congrès mondial acadien et du festival Francos de Montréal.
P’tit Belliveau au Congrès mondial acadien, en août 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR
L’ancienne présidente de la Société nationale de l’Acadie, Louise Imbeault, est une figure importante de la Figure de proue de la francophonie acadienne. Chancelière de l’Université de Moncton, elle vient d’être désignée prochaine lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick.
Originaire de Dieppe, au Nouveau-Brunswick également, Kamylle Frenette s’est classée 4e à l’épreuve de paratriathlon aux Jeux paralympiques de Paris de 2024 et en remportant une course de la Série mondiale.
L’éducatrice, documentariste et militante métisse Marjorie Beaucage du Manitoba et de la Saskatchewan, représente les enjeux des communautés métisses et autochtones par ses productions artistiques.
Anne Leis est une médecin, professeure en santé et ancienne présidente de la Société Santé en français Saskatchewan qui milite pour l’accès aux soins de santé en français, menant des recherches sur l’incidence de la COVID-19 sur les familles francophones des Prairies.
Directrice générale de l’Association franco-yukonnaise, Isabelle Salesse a joué un rôle important dans la modernisation de la Loi sur la première autorité de santé pour protéger les droits linguistiques et dans les relations avec divers groupes.
OTTAWA – L’ancienne présidente-directrice générale du collège La Cité fait partie des 29 nominations à l’Ordre de l’Ontario dévoilées ce mercredi par la lieutenante-gouverneure de l’Ontario.
L’enseignante native d’Embrun détient un long parcours dans l’univers de l’éducation, débuté au Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien (CSDCEO) puis au sein du Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE), dont elle est devenue directrice de l’éducation en 2003, poste qu’elle a occupé durant sept ans.
De 2010 à 2024, elle a dirigé La Cité, créant notamment un profil distinctif des diplômés pour améliorer l’employabilité et mettant au point MobiliCité, un modèle d’apprentissage par l’expérience à Toronto.
Elle a aussi rendu possibles la vision et la création d’Excentricité, un carrefour unique de 30 millions de dollars pour la technologie immersive et l’entrepreneuriat, inauguré en 2018. Elle a annoncé sa retraite en septembre 2023, effective depuis juin 2024, Lynn Casimiro lui succédant à la tête du collège.
Parmi les autres lauréats, citons la Franco-Manitobaine Danielle Lussier. Métisse de la rivière Rouge et citoyenne de la Manitoba Métis Federation, celle qui vit aujourd’hui à Kingston a été reconnue pour sa contribution transformationnelle à l’éducation juridique et postsecondaire en Ontario.
Boursière nationale de l’Université Queen’s et titulaire de la chaire inaugurale sur les connaissances et les perspectives autochtones à l’Université Queen’s, elle préside le groupe consultatif autochtone qui appuie le Barreau de l’Ontario sur les questions liées à ses membres autochtones et à l’accès à la profession.
La liste des lauréats comprend des avocats, entrepreneurs, médecins, chercheurs et politiciens parmi lesquels Zanana Akande, première femme afro-canadienne à occuper un poste de ministre provinciale, ou encore l’ancien procureur de la Couronne Todd Archibald.
Depuis sa création en 1986, plus de 900 personnes ont reçu la plus haute distinction civile de la province en reconnaissance de leurs contributions extraordinaires, dont plusieurs Franco-Ontariens : Ronald Caza, François Boileau, François Bazinet, Ethel Côté, Florence Ngenzebuhoro, Bernard Leduc…
Les lauréats pour l’année 2024 seront investis par la lieutenante-gouverneure de l’Ontario et chancelière de l’Ordre de l’Ontario, Edith Dumont, lors d’une cérémonie à Toronto en 2025. « Ces récipiendaires ont marqué la vie d’innombrables personnes, ici, en Ontario et bien au-delà, a-t-elle déclaré. Leurs réalisations, dans une vaste diversité de domaines, incarnent l’excellence et nous inspirent comme citoyennes et citoyens. »
Garderies à 22 $, fusions dans la santé publique, sanctions en immigration frauduleuse, simplifications dans la construction de nouveaux logements, mise à jour des organismes désignés sous la Loi sur les services en français (LSF), améliorations dans les foyers de soins de longue durée et sur les chantiers de construction… Voici sept changements principaux qui s’appliquent à compter de ce mercredi en Ontario.
Des frais de garde plafonnés à 22 dollars par jour
C’est à partir de ce 1er janvier de janvier que les frais exigés des parents sont plafonnés à 22 $ par jour pour les enfants de moins de six ans inscrits dans le système pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants (SPAGJE). Ce changement devrait se traduire par des économies de presque 300 millions de dollars en 2025 pour les familles. Cette baisse progressive doit mener d’ici mars 2026 à des frais plafonnés à 10 dollars par jour, comme le prévoit l’entente entre le gouvernement fédéral et la province.
La liste des agences désignées sous la LSF actualisée
Autre modification de règlement en vigueur dès aujourd’hui, celle liée aux changements apportés à ladésignation sous la Loi sur les services en français de 73 agences publiques. Ces changements comprennent des consolidations d’agences, des programmesles transferts, les changements de nom d’organisation, ainsi que les extensions de services pour que les Ontariens comprennent mieux où les services en français sont disponibles.
Des sanctions contre les fraudes à l’immigration
L’application d’une modification à la Loi de 2015 sur l’immigration de l’Ontario permet désormais de sévir contre les représentants frauduleux de l’immigration qui exploitent les nouveaux arrivants postulant au Programme ontarien des candidats à l’immigration. Ces changements introduisent de nouvelles normes et imposent des sanctions à ceux qui enfreignent ces normes sous forme d’amendes, d’interdictions pluriannuelles ou à vie.
Cinq bureaux de santé publique en moins
À partir de ce 1er janvier, l’Ontario ne compte plus que 31 bureaux de santé publique. C’est le résultat de la fusion de neuf agences locales en quatre nouvelles « consolidées ». Dans le Nord, Porcupine et Timiskaming deviennent un seul et même bureau : Santé publique du Nord-Est. Ailleurs dans la province, le comté de Brant se rapproche de Haldimand-Norfolk. Les comtés de Hastings et de Prince Edward, Kingston, Frontenac et Lennox fusionnent avec Addington et le district de Leeds, Grenville et Lanark. Enfin, même logique entre Haliburton, Kawartha, le district de Pine Ridge et le comté de Peterborough.
Des diététistes en virtuel dans les foyers de soins de longue durée
Des consultations hybrides et virtuelles avec des diététistes professionnels sont maintenant effectives dans les foyers de soins de longue durée des foyers lorsqu’un diététiste est introuvable localement. C’est l’idée derrière la modification du le Règlement 246/22 de la Loi de 2021 sur la fixation des soins de longue durée. Ces modifications étendent également la disposition de flexibilité en matière de dotation de travailleurs sociaux (PSSP) et de personnel fournissant des services de soutien à la personne dans les établissements de soins de longue durée jusqu’au 1er janvier 2026.
Des produits menstruels obligatoires sur les chantiers
La législation oblige dorénavant le secteur de la construction à fournir des produits menstruels aux équipes de 20 travailleurs ou plus sur le terrain et aux projets de construction de trois mois ou plus. C’est le résultat de l’entrée en application d’un règlement modifié pris en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail. Objectif : encourager l’inclusion et soutenir les femmes dans les métiers spécialisés.
Logement : Durham et Waterloo exemptés d’approbation provinciale
La construction de logement devrait être plus simple et rapide à présent dans ces deux municipalités grâce aux modifications apportées à la Loi sur l’aménagement du territoire qui leur délèguent la responsabilité première de l’aménagement du territoire. Un règlement connexe les exempte en outre d’exiger une approbation du ministre sur la plupart des modifications au Plan officiel. Toujours dans le but d’accélérer la construction de logements, la province harmonise plusieurs aspects entre les codes du bâtiment et les codes nationaux de construction, et promeut l’utilisation de plus de bois pour favoriser l’accessibilité financière et soutenir l’emploi.
Comme chaque année, on revient sur les articles qui ont le plus retenu l’attention au cours des 12 derniers mois. Nos gestionnaires de communautés les ont compilés en fonction du nombre de sessions ouvertes sur notre site web. Et voilà ce que cela donne.
L’article le plus consulté en 2024 nous ramène en tout début d’année. Quelques jours après avoir annoncé le plafonnement du nombre d’étudiants étrangers au Canada, le ministre de l’Immigration Marc Miller rejette sur les provinces la responsabilité de favoriser l’immigration francophone. Un article signé de notre correspondant parlementaire à Ottawa, Pascal Vachon, publié le 31 janvier.
Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. Photo : ONFR/Stéphane Bédard
Restons sur la Colline parlementaire, mais faisons un bond en octobre, cette fois, lorsqu’à la suite de la suspension de deux programmes d’immigration temporaire par le gouvernement du Québec le fédéral avance l’idée de sélectionner les francophones qui seront refusés par le gouvernement Legault pour les rediriger vers les autres provinces. La nouvelle a vivement fait réagir au pays, en ce 31 octobre 2024.
La Colline parlementaire. Photo : ONFR/Stéphane Bédard
Nous sommes le 9 avril 2024. ONFR met en lumière une plainte contre le fédéral déposée par l’ensemble des établissements postsecondaires francophones hors Québec. Ces derniers estiment que le gouvernement a violé la Loi sur les langues officielles en n’excluant pas les francophones de son plafond sur le nombre d’étudiants étrangers.
Valérie Grenier après sa chute en Italie en janvier 2024. Photo : gracieuseté Valérie Grenier
Le quatrième article le plus lu est le cauchemar vécu par la skieuse Valérie Grenier sur les pentes de Cortina d’Ampezzo en janvier. Victime d’une violente chute dans un super-G, l’athlète franco-ontarienne subira deux opérations et jettera l’éponge pour le restant de la saison, jusqu’à son retour il y a quelques semaines, bien décidée à briller en 2025.
L’Ontario de plus en plus attractif pour les immigrants. Photo : gouvernement de l’Ontario
ONFR met en relief en janvier un rapport publié par Statistique Canada démontrant que le nombre de nouveaux arrivants francophones qui choisissent de s’installer hors du Québec, principalement en Ontario, connaît une progression depuis 20 ans. 11 % des immigrants dont le français est la première langue parlée se sont installés à l’extérieur de la Belle Province en 2006, contre 17,9 % aujourd’hui.
Reportage dans le temple sikh de Timmins. Photo : ONFR/Dominique Demers
Au sixième rang des articles les plus lus cette année, le récit numérique d’Inès Rebei publié en juillet. Dans ce nouveau long format, notre reporter met en perspective un phénomène récent dans le Nord : l’afflux d’immigrants indiens qui bouleverse les équilibres linguistiques et culturels. Par le poids des mots et la force des images, son récit va nous faire découvrir ces visages qui remodèlent la région.
À trois jours d’un vote de grève des 12 000 enseignants franco-ontariens, notre reporter Sandra Padovani relate en janvier ce qui pourrait être un tournant décisif pour peser sur un déblocage du renouvellement de leur convention collective. L’entente sera finalement conclue en février, au terme d’un an et demi de laborieuses négociations avec le gouvernement.
Cette primeur sera reprise par plusieurs médias au pays en avril. Un homme arrêté avec près de quatre kilos d’héroïne en sa possession à l’aéroport international Pearson n’aura pas eu à se rendre à son procès et à faire face à la justice, car son droit à avoir des procédures judiciaires en français a été violé. Une folle histoire judiciaire rapportée par Pascal Vachon.
L’entrepreneur Claude Villeneuve. Photo : JBV Production
En 9e position, une figure importante des affaires de Hearst disparait en avril. Ayant grandi dans une ferme laitière et s’étant lancé en affaires avec une simple tractopelle, M. Villeneuve a bâti un empire s’étendant sur plus de 75 000 kilomètres carrés. Chef de file en innovation, Villeneuve Construction était parmi les premiers à exploiter des drones pour évaluer la gestion des stocks.
L’artiste Jean Marc Dalpé. Photo : ONFR/Rachel Crustin
Une fois n’est pas coutume, on clôt ce top 10 chez nos voisins québécois avec un article de notre reporter culturelle Rachel Crustin qui scrute la présence franco-ontarienne au 45e Salon du livre de l’Outaouais . Une trentaine d’auteurs franco-ontariens sont au rendez-vous en février, dont Jean Marc Dalpé, invité d’honneur pour l’Ontario français et Émilie Monnet, récipiendaire du prix Jacques-Poirier-Outaouais.
Du célèbre chroniqueur Denis Gratton au chanteur acadien Cayouche, plusieurs personnages et personnalités de la francophonie ontarienne et canadienne nous ont quittés cette année. ONFR vous présente une liste de quelques-uns d’entre eux qui auront façonné le visage francophone de l’Ontario et du Canada français.
Ses chroniques ayant accompagné les matins de nombreux francophones de la région d’Ottawa, le célèbre journaliste du journal Le Droit est mort il y a quelques semaines à l’âge de 64 ans. Ce dernier, qui avait arrêté d’écrire dans Le Droit au cours des dernières années en raison de la maladie, a commencé ses chroniques pour le quotidien franco-ontarien en 1993. C’est sa couverture de la crise de l’hôpital Montfort en février 1997 qui aura placé son travail à l’avant-plan. Son travail lors de cette saga lui aura valu au Droit une mention d’honneur aux Prix Michener du Gouverneur général du Canada.
Le journaliste Denis Gratton. Photo : Simon Séguin-Bertrand/Archives Le Droit
C’est lui qui a fondé le journal Le Nord à Hearst et qui était jusqu’à son décès, le propriétaire et éditeur de la Librairie Le Nord. Omer Cantin avait également créé Les Éditions Cantinales de Hearst en 1995 et mis sur pied la Fondation Omer Cantin, consacré au patrimoine franco-ontarien. Omer Cantin est mort en mai dernier à l’âge de 73 ans, après un combat contre le cancer durant plusieurs années.
Journaliste à Radio-Canada, sa voix aura transporté les francophones du Nord de l’Ontario chaque matin. Le Sudburois qui était aussi poète aura présenté pendant près de 30 ans des émissions comme Le Matin du nord et CBON le matin, avant de se retirer du diffuseur public en 2008. Mais il porte aussi comme faits de carrière d’être l’un des membres à l’origine de la création du Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO) en 1971, puis de la Coopérative artistique du Nouvel-Ontario (CANO) l’année suivante.
Ethel Côté est connue en Ontario français pour avoir œuvré pendant plus de 30 ans dans le développement de l’économie sociale et solidaire. Présidente fondatrice de la Nouvelle Scène à Ottawa, directrice générale d’ImpactON, fondatrice de mécènESS et professeure à l’Université de l’Ontario français, elle était réputée pour être impliquée de près ou de loin dans de multiples projets et organismes aux quatre coins de la francophonie ontarienne. Ethel Côté est décédée au mois d’octobre aux suites d’un cancer à l’âge de 66 ans.
Bien connu dans la ville de Hearst, l’entrepreneur en construction avait fondé l’entreprise Villeneuve Construction, une firme incontournable à Hearst. En février dernier, l’Association des constructeurs de routes de l’Ontario l’a intronisé au Temple de la renommée, pour ses contributions à l’industrie. Claude Villeneuve aura au cours de sa carrière sauvé plusieurs entreprises et usines de la fermeture dans le Nord de l’Ontario.
Claude Villeneuve est décédé à l’âge de 76 ans après un combat contre le cancer. Capture d’écran JBV Production
Il a été le maire d’Alfred et Plantagenet pendant plus de 11 ans (2003-2014) en plus d’être président des Comtés unis de Prescott et Russell ainsi que de l’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO) en 2014. Celui qui est décédé en avril à l’âge de 76 ans a aussi été un membre fondateur de l’Association francophone pour l’éducation artistique en Ontario (AFÉAO).
Ancien ministre québécois, mais grandement impliqué dans la francophonie canadienne, Benoît Pelletier est décédé en avril dernier à l’âge de 64 ans. Il aurait été député en Outaouais sur la scène provinciale, mais c’est comme ministre de la Francophonie canadienne sous le gouvernement libéral qu’il a mis au monde des accords avec l’Ontario et les autres provinces en matière de francophonie. Il était jusqu’à sa mort, professeur à la faculté de Droit à l’Université d’Ottawa.
D’autres décès en 2024 :
Cayouche : Mort à l’âge de 74 ans en mai, le légendaire chansonnier acadien aura marqué plusieurs générations autant pour sa musique que pour sa personnalité folklorique.
Cayouche lors d’un spectacle à Hanmer, en 2016. Photo : Gracieuseté de La Slague
Maurice Henrie : L’écrivain et professeur était notamment un des fondateurs de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français.
Brian Mulroney : L’ex-premier ministre canadien sous le Parti conservateur entre 1984 et 1993 est mort à l’âge de 84 ans.
Marc Labelle : Ancien journaliste à Radio-Canada à Sudbury et Toronto, le Franco-Ontarien de Verner meurt à l’âge de 68 ans, des suites d’un cancer.
Jean-Gabriel Castel : Ancien résistant français déménagé au Canada, ce professeur universitaire aura été le fondateur du premier cours de droit en français à Toronto.
Jean-Gabriel Castel en 2016 au Collège Glendon de l’Université York, où il était professeur. Gracieuseté
Claude Deschâtelets : Un des membres fondateurs des Compagnons des Francs Loisirs de North Bay où il était connu de la communauté francophone. Il s’est éteint à l’âge de 85 ans.
Roy McMurtry : Cet ancien procureur général de l’Ontario est décédé en mars 2024, 40 ans après l’adoption de la Loi sur les tribunaux judiciaires, qui a fait du français une langue officielle dans la justice.
Marc-Yvain Giroux : Acteur connu de la francophonie à Welland et dans la région de Niagara notamment dans le monde scolaire, il est décédé à l’âge de 91 ans en juillet dernier.
2024 a été une année difficile pour le financement des événements francophones en Ontario. Certains pôles culturels ont tout de même obtenu de bonnes nouvelles, qui promettent un bel avenir à leur communauté. Les mots diversité et inclusion étaient sur toutes les lèvres, ce qui n’a pas empêché l’éclatement d’un petit scandale. Retour sur 2024, sous le thème culture et société, en une citation, une date, un chiffre, une personnalité et un lieu.
Une citation : « On ne comprend pas pourquoi on ne peut rien recevoir alors qu’on travaille si fort. »
Christian Roméo Youdjeu est le fondateur et producteur exécutif des Kilimandjaro Music Awards, gala bilingue qui récompense la musique afro-canadienne. Dans une entrevue à ONFR, il a lancé cette phrase en expliquant avoir failli annuler son événement, faute de financement.
Pour le Torontois, l’intersectionnalité entre l’identité francophone et afrodescendante est un obstacle de plus à la visibilité. Mais son sentiment est partagé par d’autres organisateurs francophones, particulièrement dans la ville reine.
Le directeur général de Francophonie en fête, Jacques Charrette, a aussi confié à ONFR que « ce n’est pas facile de rejoindre la communauté francophone à Toronto ».
Même des événements gratuits peinent à attirer les foules, et il est de plus en plus difficile d’offrir une programmation invitante, dû aux coûts qui augmentent et aux subventions qui diminuent.
Les Rats d’Swompe, avec leur trad-rock franco-ontarien, étaient la tête d’affiche de la journée du dimanche lors de l’édition 2024 de la Franco-Fête de Toronto. Photo : Mickael Laviolle/ONFR
De son côté, la Franco-Fête a adopté le thème du Cri du cœur pour tenter de réveiller les bailleurs de fonds. L’événement gratuit a perdu 73% de son financement depuis la pandémie, selon le directeur général de Groupe Simoncic, José Bertrand. Ce dernier prévoit maintenant une édition 2025 qui reviendrait autour du 24 juin, comme à ses débuts, afin de ramener des festivités de la Saint-Jean-Baptiste à Toronto.
Dans l’Est ontarien, un autre événement de Groupe Simoncic se relève tranquillement de ses années de disette. Le Festival de la curd a adopté le Centre communautaire de Saint-Albert comme nouveau lieu de festivités. L’édition la plus complète depuis 2019 a été présentée en septembre, et certaines activités affichaient complet.
Une date : 6 août
À Ottawa, à quelques jours de son défilé annuel, l’organisme Fierté dans la capitale a émis une déclaration prônant l’inclusion et dénonçant la montée de la haine. Le texte critiquait entre autres les actions du gouvernement israélien dans la bande de Gaza et énonçait une série de mesures que l’organisme s’engageait à prendre.
Cette prise de parole voulait affirmer que tous étaient les bienvenus dans les activités de Fierté dans la capitale, mais a eu l’effet inverse pour une partie de la communauté juive, qui s’est sentie exclue. Différents organismes et politiciens, dont Mark Sutcliffe, le maire d’Ottawa, ont boycotté les activités de cette semaine de la fierté.
Le slogan « No pride in genocide » a été adopté par ceux qui défendent la déclaration de Fierté dans la capitale. Photo : Rachel Crustin/ONFR
Lors du défilé, la communauté LGBTQ+ se rangeait massivement derrière l’organisme, affichant fièrement des drapeaux, symboles et slogans propalestiniens. Questionné par ONFR, Francesco MacAllister-Caruso, qui occupe la co-présidence du conseil d’administration, a affirmé que « la Fierté, à la base, se veut un mouvement de libération et de défense des droits de la personne. Les demandes énoncées dans notre déclaration (…) n’enlèvent rien à notre solidarité envers les communautés juives ».
Un chiffre : 36 millions
Dans les bacs depuis de nombreuses années, la construction d’un nouvel édifice moderne pourra aller de l’avant pour le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO). En mai, le centre culturel de l’est d’Ottawa a reçu 36 millions de dollars de la part du gouvernement fédéral.
De nombreuses personnes se sont impliquées dans le projet d’un nouveau bâtiment pour le MIFO dans les dix dernières années. Crédit image : Rachel Crustin
À compter de mars 2025, la programmation du MIFO se déplacera dans différentes salles, dont l’auditorium de l’école secondaire catholique Béatrice-Desloges. Le bâtiment actuel sera démoli pour laisser la place à un centre quatre fois plus grand, carboneutre, inclusif, polyvalent et multigénérationnel.
Si tout va bien, la communauté francophone pourra découvrir son nouveau quartier général en 2027.
Une personnalité : Alex Tétreault
L’année de cet artiste de Sudbury a débuté en lion avec deux prix remportés à Contact ontarois (Audace Réseau Ontario et Alliance Acadie), en janvier, après une présentation éclair de 10 minutes.
Nickel City Fifs : une épopée queer sudburoise sur fond de trous, est une collaboration avec le Théâtre du Nouvel-Ontario (TNO). Tristan débarque au bar queer de Sudbury, le Zigs. « L’esprit protecteur du cratère de Sudbury enjôle les employés pour essayer de convaincre le jeune que c’est possible de vivre ici (en tant que personne queer) et qu’on a besoin de lui », a expliqué Alex Tétreault dans une Rencontre d’ONFR.
Alex Tétreault pendant les présentations éclair de Contact ontarois 2024. Crédit image : Rachel Crustin.
De janvier à avril, Alex Tétreault a occupé le poste de directeur général par intérim des Rendez-vous de la fierté Acadie Love. En juin, il a été nommé poète officiel du Grand Sudbury. En septembre, le texte de Nickel City Fifs a été publié aux éditions Prise de Parole.
Alex Tétreault est également le président du conseil d’administration de Théâtre Action depuis 2022. Il collabore aussi de près avec le TNO, contribuant aux deux productions maison de cette année, la production professionnelle et la production communautaire.
Un lieu : l’Armise de Timmins
À Timmins, la communauté francophone a vécu tout un choc en 2015, lors de l’incendie qui a ravagé le Centre culturel La Ronde. Après plusieurs années d’attente, le nouveau centre a rouvert ses portes au public à la fin 2023, mais un élément manquait toujours pour que les francophones de la région retrouvent leur lieu de rassemblement.
C’est en juin 2024 que la nouvelle version du bar l’Armise a commencé à accueillir les visiteurs. Une inauguration officielle a suivi lors de la Journée des Franco-Ontariens, le 25 septembre.
Le salon-bar préféré des Franco-Timminsois est de officiellement de retour après près de 9 ans d’attente. Crédit photo : Inès Rebei/ONFR
La nouvelle Armise est plus petite que la précédente, mais plus lumineuse et confortable. Elle promet de retrouver son cachet intime et rassembleur, tel que décrit par l’assistante à la préparation des évènements et des installations, Lynne Guertin, dans une entrevue avec ONFR. « C’est intime et tout le monde se connait, on est chez nous, c’est comme si on était dans notre salon tous ensemble. »
Clins d’oeil franco-canadiens
En 2024, ONFR a visité deux autre provinces pour explorer la francophonie canadienne. En Saskatchewan, le Conseil culturel fransaskois a fêté ses 50 ans en grand. En plus d’un passage au Festival fransaskois, ONFR a profité d’une semaine à Saskatoon pour tourner Micro & boussole en Saskatchewan, une série d’entrevue et de performances mettant en vedette cinq artistes fransaskois : Shawn Jobin, Anique Granger, Alexis Normand, éemi et Mario Lepage.
Un mois plus tard, ONFR assistait au Congrès mondial acadien, en Nouvelle-Écosse. Cet événement majeur se déroule une fois aux cinq ans dans une communauté acadienne différente. Les Acadiens de partout dans le monde s’y rassemblent pour célébrer leur culture et discuter de leur avenir.
Une marée humaine vêtue de bleu, blanc et rouge s’est déversée dans les rues de Yarmouth lors du Tintamarre du Congrès mondial acadien, le 15 août 2024. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Les 10 jours de festivités comptaient plus de 300 activités réparties dans les régions de Clare et d’Argyle, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Au niveau culturel, les vétérans comme la relève étaient bien présents, entre autres lors du spectacle de la Fête nationale de l’Acadie, qui a réunit entre autres Édith Butler, Zachary Richard, Salebarbes, Jourdan Thibodeau, Lisa Leblanc et P’tit Béliveau. Le spectacle était précédé du traditionnel tintamarre, où des milliers de personnes ont fait du bruit dans les rues de Yarmouth, une ville traditionnellement anglophone.
« On dit aux autres qu’on est encore là, on n’est pas juste en train de se le dire à nous », a affirmé avec fierté Martin Théberge, le président de la Société nationale de l’Acadie, au micro d’ONFR.
2024 a aussi été une année d’anniversaires : la formation Règlement 17 a fêté ses 15 ans et LGS a soufflé 25 bougies. Pour leur part, le Concours LOL – Mort de rire Desjardins et la Nuit émergente de Sudbury ont souligné une décennie d’existence.
OTTAWA — On revient sur l’année 2024 au Parlement avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu qui ont marqué l’actualité à Ottawa et l’actualité des langues officielles au niveau fédéral.
Une citation : « Excusez-moi, mais vous êtes plein de marde »
Jamais une simple séance du Comité des langues officielles n’aura autant retenu l’attention que lorsque le député franco-ontarien, Francis Drouin, a traité un témoin de « plein de marde » et aussi « d’extrémiste ». Ces propos, qu’il a retirés quelques instants après, et dont il s’est excusé quelques jours plus tard, lui auront valu une condamnation des partis de l’opposition à Ottawa, mais aussi de l’Assemblée nationale du Québec et de François Legault.
Francis Drouin convenait qu’il aurait dû « mieux poser mes mots » et admettait s’être « laissé emporter par la passion », quand deux chercheurs ont expliqué que fréquenter une université ou un cégep anglophone au Québec augmente grandement la probabilité de mener sa vie en anglais.
Pas en reste, les partis de l’opposition auront passé près d’un mois à tenter de faire démissionner le représentant de l’Est ontarien du Comité des langues officielles, ce qu’il a fait à la rentrée parlementaire suivante. Entre-temps, son poste de président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie aura été sauvé après que le Bloc québécois ait appelé à le destituer.
Une personnalité : Marc Miller
Le ministre de l’Immigration en aura eu plein les bras cette année avec la réduction de l’immigration autant temporaire que permanente, mais ça ne l’aura pas empêché d’être actif pour l’immigration francophone.
Tout d’abord, il a débuté 2024 en annonçant une nouvelle politique en immigration francophone pour terminer en augmentant la cible pour les prochaines années.
Entre-temps, l’imposition d’un plafond sur les étudiants étrangers lui a valu une plainte au Commissariat aux langues officielles, ce qui a entrainé, quelques mois plus tard, une exemption pour quelque 2 000 étudiants étrangers dans les établissements francophones. Marc Miller n’aura pas non plus hésité à critiquer le gouvernement Ford sur sa manière de gérer les universités et collèges et l’accueil des immigrants.
Un lieu : Cour suprême du Canada
C’est moins les décisions rendues par les juges, mais plutôt celles prises par l’appareil administratif de la Cour suprême qui ont retenu l’attention cette année.
Poursuivie en Cour fédérale par l’organisme Droits collectifs Québec (DCQ), qui lui reproche de ne pas vouloir traduire ses décisions unilingues antérieures à 1970, la Cour suprême a décidé de retirer de son site web toutes ses anciennes décisions qui ne sont pas en anglais et en français.
La plus haute cour au pays a promis de traduire certains de ces jugements, principalement en français, dès 2025 dans le cadre de son 150e anniversaire, mais une telle manœuvre n’aura pas calmé l’organisme DCQ qui compte continuer sa démarche juridique.
Il faut toutefois souligner que juridiquement la Cour suprême a ordonné au printemps un nouveau procès pour un homme accusé d’agression sexuelle, dont les droits linguistiques n’avaient pas été respectés, une décision saluée comme une avancée pour l’accès à la justice en français au pays
Un chiffre : 3
C’est le nombre de ministres qui auront occupé le portfolio des Langues officielles seulement en 2024, soit un de plus que durant les neuf dernières années du gouvernement Trudeau.
Impliqué dans de multiples scandales cette année, c’est finalement un concernant son héritage autochtone qui aura eu raison de Randy Boissonnault, qui a quitté le cabinet en novembre dernier. Sa prédécesseure, la ministre acadienne Ginette Petitpas Taylor, a repris le mandat des langues officielles pour quelques semaines jusqu’au remaniement ministériel, il y a quelques jours.
Rebrassant les cartes de son cabinet suite au départ anticipé de plusieurs ministres, Justin Trudeau a confié le rôle des langues officielles à une élue québécoise, Rachel Bendayan, qui mérite ainsi une promotion au Conseil des ministres. Sa tergiversation sur le déclin du français dans sa première prise de parole comme ministre dans ce rôle lui aura toutefois valu ses premières critiques.
Une date : 16 décembre
Ce qui devait être simplement la date de l’énoncé économique d’automne s’est vite transformé en la journée de la démission de Chrystia Freeland, jour qui pourrait peut-être marquer le début de la fin de Justin Trudeau à la tête du pays.
Car depuis cette démission, une vingtaine de députés libéraux comme le Franco-Ontarien Francis Drouin et le caucus libéral ontarien demandent à Justin Trudeau de quitter son poste. Ce dernier qui réfléchira à son avenir comme premier ministre durant le temps des fêtes, selon le Globe and Mail, a près de 20 points de retard sur Pierre Poilievre, au sommet dans les sondages.
Les libéraux sont menacés d’être relégués au 3e ou 4e rang lors des prochaines élections avec le Parti conservateur et le Bloc Québécois qui réclament des élections au plus vite, alors que Jagmeet Singh a signalé qu’il ferait tomber le gouvernement dès que possible au retour prévu de la Chambre des communes le 27 janvier.
L’année 2024 a été fortement marquée par les Jeux olympiques dans l’univers du sport franco-ontarien, mais les sports d’hiver ont su réserver leur lot de bonnes performances.
La joie de Jacqueline Madogo après sa qualification en demi-finale du 200 mètres fait partie des images marquantes de ces Jeux olympiques du côté franco-ontarien. Photo : Mark Blinch/COC
Si au final, une seule médaille a été remportée, les retours d’expérience ont été très positifs à l’image des témoignages post J.O qu’ont livrés la lutteuse Linda Morais et la sprinteuse Jacqueline Madogo à ONFR.
En effet, après une phase de poule décevante, la paire canadienne a dû passer par les repêchages avant de trouver son rythme de croisière et d’atteindre la finale du tournoi olympique. Malheureusement, le duo brésilien composé d’Ana Patricia et Duda a eu le dernier mot en finale, mais cela n’a rien enlevé au caractère historique de la médaille remportée par les Canadiennes, la première pour un duo féminin dans cette discipline.
Brandie Wilkerson et Melissa Humana-Paredes ont atteint leur objectif de podium à Paris. Photo : Leah Hennel/COC
Si l’année a été mouvementée pour les équipes masculines et féminines de soccer canadiennes, elle s’est en revanche terminée de fort belle manière pour deux athlètes franco-ontariens.
En effet, Vanessa Gilles chez les filles et Jonathan David chez les garçons ont été élus joueuse et joueur canadiens de l’année.
Véritable pilier de la défense canadienne, Vanessa Gilles s’est illustrée par sa régularité au centre de la défense des Rouges. Toute composition d’équipe commence avec l’Ottavienne qui évolue en France à l’Olympique lyonnais. Elle a disputé 14 rencontres en tant que titulaire. Plus qu’une simple défenseure, elle représente aussi une menace par sa qualité dans le jeu aérien sur coups de pied arrêtés comme en témoignent ses quatre buts inscrits en sélection.
Avec son club, elle a disputé 25 matchs dont la finale de la plus prestigieuse des compétitions, la Ligue des champions (défaite contre Barcelone) et a ajouté un titre de championne de France supplémentaire à son palmarès.
Qualifiés pour la première fois de leur histoire à la Copa América, Jonathan David et ses coéquipiers auront terminé le tournoi au quatrième rang, s’inclinant contre les éventuels vainqueurs, l’Argentine en demi-finale. Crédit image : AP Photo/Richard Rodriguez.
Lui aussi dans le championnat de France masculin du côté de Lille, Jonathan David a su trouver son rôle avec la sélection, lui qui fait partie des meilleurs buteurs d’Europe en club. L’Ottavien a pris part à tous les matchs de la sélection nationale masculine soit un total de 14 au cours desquels il a inscrit cinq buts et délivré trois passes décisives. Avec Lille, il compte 46 rencontres disputées en 2024 pour un total ahurissant de 36 buts et 10 passes décisives.
Une date : 30 novembre
Victime d’une blessure spectaculaire fin janvier, Valerie Grenier a fait son retour à la compétition après près de 10 mois de rééducation et de reconditionnement physique. La skieuse a repris la compétition lors de l’étape de Coupe du monde de slalom géant FIS de ski alpin à Killington, dans le Vermont.
Cette image de Valérie Grenier partagée sur ses réseaux sociaux suite à sa blessure fait partie des moments forts de 2024, elle avait reçu un soutien immense sur les réseaux sociaux. Photo : Instagram de Valérie Grenier
L’Ottavienne s’était confiée à ONFR quelque temps avant ce retour pour revenir sur sa convalescence et se projeter sur l’avenir. Si l’étape de Coupe du monde qui devait avoir lieu à Mont-Tremblant a été annulée à sa grande déception, elle reste concentrée sur son objectif à long terme : de retrouver son niveau d’antan en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2026 à Milan et Cortina d’Ampezzo qui auront lieu du 6 au 22 février.
Une citation : « Je suis une très grosse compétitrice. Je veux tout gagner »
Impossible de parler des athlètes franco-ontariens sans évoquer le nom d’Ivanie Blondin. La patineuse de vitesse sur longue piste demeure la plus grosse pourvoyeuse de médailles dans les sports d’hiver. Cette citation résume bien l’état d’esprit de la championne qui débute les (nombreuses) courses auxquelles elle participe pour les gagner.
Ivanie Blondin en compétition à Salt Lake City où elle avait remporté deux médailles d’or. Photo : International Skating Union
Elle a commencé sa saison hivernale de fin d’année comme elle avait terminé la précédente avec de bonnes performances sur sa discipline de prédilection le départ groupé et dans les épreuves par équipe (7 médailles, dont 3 d’or). Elle a même renoué avec une médaille d’or en individuel sur le 3000 mètres – sa première en cinq ans – lors de la première étape de Coupe du monde de la saison à Nagano au Japon.
Les prochaines échéances à surveiller pour l’Ottavienne seront les deux prochaines étapes de Coupe du monde avec notamment une qui se déroulera à Calgary, son lieu de résidence du 24 au 26 janvier 2025.
Un cycle parlementaire dense s’est achevé sur fond d’ambiance préélectorale. Cible en immigration francophone à la baisse, projet d’infrastructure controversé ou encore première historique autochtone… Quelques points phares résumés avec une personnalité, une citation, une date, un chiffre et un lieu.
Une citation : « Plus on attend plus c’est difficile d’exercer nos droits linguistiques. On doit pouvoir savoir où sont nos droits »
A récemment déclaré, le commissaire aux services en français Carl Bouchard. Dans son rapport annuel le 5 décembre dernier, il fait la demande d’un répertoire numérique complet des services en français avec leur emplacement géographique auprès du ministère des Affaires francophones.
Il a constaté que beaucoup de francophones soit ne connaissaient pas la Loi sur les services en français (LSF) soit ne savaient pas quels services du gouvernement de l’Ontario sont couverts par la Loi ni où les trouver dans leurs communautés.
Le commissaire a aussi indiqué que les organismes désignés ne sont pas non plus informés de leurs obligations légales et a demandé au ministère de remédier à la situation.
« Les droits doivent être connus pour que les gens s’en prémunissent. Et pour connaître ces droits, il faut notamment savoir où ils s’appliquent », conclut le rapport.
La chambre législative de l’Ontario a officiellement autorisé pour la première fois une langue autochtone à être utilisée dans l’enceinte de la chambre pendant la période des questions parlementaires.
Sol Mamakwa, le député de Kiiwetinoong, parle aux médias après avoir marqué l’histoire en s’exprimant dans sa langue native, une première pour l’Assemblée législative de l’Ontario. Photo : ONFR/Sandra Padovani
Le député néo-démocrate de Kiiwetinoong, Sol Mamakwa, s’est exprimé en Anishininiimowin, sa langue maternelle.
Ses discussions avec le leader parlementaire et ministre du Logement Paul Calandra, avaient découlé en l’annulation de la règle archaïque de 1867 interdisant l’usage des langues autochtones.
Tous les futurs membres autochtones du parlement provincial seront ainsi autorisés à parler leur langue, sous couvert d’en informer préalablement le greffier pour l’organisation de l’interprétation et de la traduction en interne.
Un chiffre : 3%
C’est la cible d’immigration francophone fixée par l’Ontario. Un quota revu à la baisse pour 2024 qui passe de 7 à 3%, via le Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI), a révélé le rapport sur l’immigration de la vérificatrice générale Shelley Spence.
Les chiffres de 2023 révélaient un écart significatif entre les cibles francophones à 7% et les 1,8% atteints.
Le ministère de l’Immigration a confirmé avoir décidé de réajuster à 3 % « pour mieux s’aligner sur les tendances actuelles suite aux difficultés rencontrées pour attirer suffisamment de candidats qualifiés l’année dernière ».
D’affirmer : « Nous nous concentrons sur la mise en œuvre des recommandations de la vérificatrice générale visant à renforcer davantage le programme, notamment grâce à une plus grande autonomie et à une augmentation des allocations de candidature ».
Un lieu : la Place de l’Ontario
Après le scandale de la Ceinture de verdure, c’est le réaménagement de la Place de l’Ontario qui a animé les débats cette année entre le gouvernement et les partis d’opposition.
La province souhaite développer les 155 acres (62,73 hectares) le long du lac Ontario, comprenant la création d’un centre thermal privé de la société autrichienne Therme Group, projet d’une valeur de 450 millions de dollars dont 350 millions pour un spa privé.
Vue aérienne de la Place de l’Ontario, sur le littoral du lac Ontario. Créé en 1971 sur trois îles artificielles, ce site est un lieu de divertissement, comprenant notamment une salle de concert, la scène Budweiser, un cinéma IMAX, la Cinésphère, le parc Trillium et le sentier William G Davis. Crédit image : Rudy Chabannes
Le projet comprend le déménagement du Centre des sciences, taxé de vétuste et fermé fin juin 2024. Les critiques environnementales et financières avaient repris de plus belle fin octobre après l’abattage massif de près de 865 arbres sur l’île Ouest de la Place Ontario. Les experts parlaient d’un non-sens environnemental et d’une dépense que les contribuables ne pourraient pas se permettre.
Le bail entre l’Ontario et le groupe privé, d’une durée de 95 ans, prendra effet en 2025. La date d’ouverture n’est pour l’heure pas connue.
Une personnalité : Roy McMurtry père de la justice bilingue
Une année également marquée par le 40e anniversaire de l’adoption, à son initiative, de la Loi sur les tribunaux judiciaires. Une contribution monumentale à la cause francophone qui fera du français une langue officielle dans la justice, le 1er mai 1984.
Reconnu pour sa participation à de nombreux avancements sociétaux notables, dès 1976, il entame les premières démarches pour créer un système légal bilingue en Ontario, à commencer par la traduction de lois en français et la création d’un projet-pilote de tribunal bilingue à Sudbury.
Salué par l’ensemble de la communauté comme un « allié extraordinaire » au leadership fort qui a « inspiré ceux qui recherchent une société plus juste et équitable », a déclaré le procureur général Doug Downey, le qualifiant de « géant à part entière ».
Réussites, boycott et autres rebondissements : l’actualité n’aura pas été de tout repos dans le Nord en 2024. Voici l’essentiel de l’année avec une personnalité, une date, un chiffre, un lieu et une citation.
Une citation : « Il y a encore des cicatrices de la déclaration unilingue »
Le 30 janvier, le maire de Sault Ste. Marie lançait cette phrase en référence à une mesure controversée proclamant la municipalité comme étant unilingue anglophone. 34 ans jour pour jour après cette déclaration, le conseil municipal a adopté, à l’unanimité, une résolution afin de rendre les services en français accessibles en tout temps à l’hôtel de ville.
En avril, ONFR apprenait la préparation d’un autre geste fort de la Ville envers les francophones : l’installation de nouveaux affichages en français à l’intérieur des bâtiments de l’hôtel de ville. Ceux-ci seront aussi traduits en anishinaabemowin.
Enfin, en juin, le musée de la ville organisait une exposition temporaire sur l’histoire, la culture et la langue française du Canada et de la région en collaboration avec le Centre francophone de Sault Ste. Marie.
L’exposition sur l’histoire de la francophonie au musée de Sault Ste. Marie a pris fin avec les festivités de la Saint-Jean Baptiste. Photo : Inès Rebei/ONFR
Une date : 25 septembre
S’il y a bien un dossier qui a fait du bruit dans la francophonie du Nord cette année, c’est bien la saga autour du drapeau de Greenstone.
Le 25 septembre, alors qu’ils organisaient l’habituelle cérémonie de lever de drapeau dans le cadre du Jour des Franco-Ontariens, les employés de la Ville se sont retrouvés face à eux-mêmes.
Des levers de drapeau symboliques ont néanmoins eu lieu en présence des francophones dans les écoles de la région et plus d’une centaine de drapeaux avaient été affichés partout dans la municipalité après un appel de l’Association des francophones du Nord-Ouest (AFNOO).
Beaucoup de francophones avaient manifesté leur colère envers la Ville lors de la réunion organisée en amont de la Journée des Franco-Ontariens à Greenstone en amont du 25 septembre. Capture d’écran/AFO
Un chiffre : 500 000 $
Le 29 avril dernier alors qu’ONFR rapportait que la Place des Arts (PDA) était déficitaire et sous-financée, accusant un manque à gagner de 500 000 $. Ce même jour, et alors que la PDA célébrait ses deux ans d’existence, on apprenait le départ du directeur général Jean-Gilles Pelletier. En juillet, Denis J. Bertrand sera nommé à la direction générale par intérim avec Lisa Breton.
Quelques mois plus tard, en novembre, le conseil d’administration de la Place des Arts (PDA) du Grand Sudbury adoptera une nouvelle vision d’affaires pour assurer la pérenité de l’organisme désormais géré comme une petite entreprise.
La Place des Arts espère réduire son déficit en 2025. Photo : Inès Rebei/ONFR
Un lieu : le district de Cochrane
En août, le ministère de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) dévoilait que le district de Cochrane faisait partie des dix nouvelles communautés sélectionnées dans le cadre du programme des communautés francophones accueillantes.
Contrairement aux autres communautés sélectionnées en Ontario, c’est donc un regroupement de plusieurs villes (Timmins, Hearst, Kapuskasing, Geraldton, Smooth Rock Falls, Moonbeam…) qui a retenu l’attention du ministère.
Ce programme, qui vise à appuyer l’accueil et l’établissement des nouveaux arrivants d’expression française, sera géré par des organisations francophones locales, le but étant de favoriser la création de liens et le développement d’un sentiment d’appartenance des nouveaux arrivants à leur communauté d’accueil. Pour ce faire, le district recevra entre 100 000 et 500 000 $ de financement annuel.
Kapuskasing fait partie des communautés comprises dans le corridor de la route 11. Photo : Inès Rebei/ONFR
Une personnalité : Lynne Dupuis
L’année 2024 a été celle de la consécration pour Lynne Dupuis. L’entrepreneure a remporté plusieurs distinctions dans le Nord, dont le prix Saphir dans la catégorie Entrepreneure, le 20 avril dernier.
Plus tard, en mai, son entreprise LMD Solutions, était finaliste dans la catégorie Prix de l’entrepreneur de l’année lors de la 27e soirée des Prix d’excellence en affaires 2024, un événement annuel de la Chambre de commerce du Grand Sudbury.
Lynne Dupuis œuvre depuis une vingtaine d’années dans le milieu communautaire et occupe depuis peu le poste de directrice générale par intérim du journal Le Voyageur. Elle a aussi joué un rôle clé au sein de la Société historique du Nouvel Ontario qui vient de relancer ses activités.
Lynne Dupuis fut la seule récipiendaire originaire du Nord lors de la Soirée Saphir de la Fondation franco-ontarienne. Photo : Rachel Crustin/ONFR
Les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes de repas interminables, d’excès de calories et de festivités jusqu’au bout de la nuit. Mais qu’en est-il pour les athlètes de haut niveau? C’est l’enquête qu’a menée ONFR auprès de quatre sportifs professionnels franco-ontariens.
Pour les athlètes de sports d’hiver, le temps des fêtes tombe en pleine période de compétition. Valérie Grenier sera en Europe avec l’équipe canadienne. « Je ne fais pas la fête, c’est sûr. Ce n’est pas vraiment, je pense, une option pour nous, explique-t-elle. Surtout dans notre cas, on a des courses vraiment juste après Noël, puis tout de suite après le jour de l’an aussi. Notre horaire est très chargé à ce moment-là. Donc, ce n’est pas vraiment une option. »
« Souvent, on fait comme un petit Secret Santa dans notre équipe puisqu’on passe Noël ensemble. On n’a pas la chance de retourner à la maison. Donc, c’est vraiment Noël en Europe, en équipe. »
Le fait de passer les fêtes en Europe apportera tout de même un petit avantage à la skieuse ottavienne. « J’ai mon copain qui est italien, confie-t-elle. Il habite en Europe. Il est coach d’une autre skieuse. Il va venir me rejoindre là où on va s’entraîner. Comme ça, on va pouvoir passer Noël ensemble. Au moins, c’est bien que je puisse être avec lui. On fera un souper d’équipe tous ensemble avec le Secret Santa. »
Valérie Grenier confie ne pas avoir un régime strict et s’autoriser à manger ce dont elle a envie. Durant la saison, elle demeure limitée par ce qui est proposé dans les hôtels où elle séjourne pendant les compétitions. Photo : Instagram de Valérie Grenier
Paul Poirier : profiter de manière responsable
Paul Poirier, du côté du patinage artistique, est dans la même situation. Deux semaines après les fêtes, il devra concourir aux Championnats canadiens avec sa partenaire Piper Gilles.
« C’est toujours un temps où il faut continuer à s’entraîner. Donc, pour nous, on ne prend pas de congé pendant les fêtes. D’habitude, c’est peut-être deux ou trois jours. »
Deux ou trois jours pendant lesquels il se permet de profiter de la famille et des bons repas des fêtes.
« Je veux toujours prendre quelques moments pour être avec ma famille. Je me permets de manger ce que je veux. Je m’entraîne assez pour que ça ne m’affecte pas trop. Et bien sûr, on n’est pas dans un sport, disons, comme la boxe, où il faut avoir un poids très strict. Pour nous, ça va. »
En revanche, hors de question pour l’athlète torontois de compromettre son sommeil.
« Je ne dirais pas que je fais trop la fête, parce que je veux avoir de l’énergie pour mes entraînements. Je ne veux pas être fatigué. Comme j’ai dit, pour moi, l’essentiel, c’est d’être avec ma famille, de bien manger, de célébrer avec eux, mais toujours de façon responsable. »
Toujours sur la glace, mais dans la course de vitesse cette fois-ci, Ivanie Blondin confie ne pas être très stricte sur son alimentation.
« J’ai saqué genre 12 biscuits au chocolat hier soir, » a-t-elle avoué avec un grand sourire au moment de l’entretien. Reconnue pour participer à beaucoup d’épreuves sur chaque compétition, la patineuse d’Ottawa peut se permettre de manger ce qu’elle veut grâce à son hyperactivité.
« Au patinage de vitesse, quand tu es une fille de longue distance, tu te permets un petit peu plus parce qu’on brûle beaucoup, beaucoup de calories. »
La période des fêtes est une occasion pour Ivanie Blondin de se retrouver en famille : avec son mari et ses trois animaux. Photo : Instagram d’Ivanie Blondin
C’est en revanche sur le repos qu’elle ne lésine pas. Même si elle confie être « un oiseau de nuit », l’Ottavienne s’impose un sommeil quotidien de 8 à 10 heures.
« Je suis quand même stricte là-dessus. Je ne sais pas si je vais me rendre à minuit le jour de l’an, on va voir, mais on compétitionne cette semaine-là. Donc, il n’y aura pas de grande fête pour nous. »
Jacqueline Madogo : une semaine de relâche
Exemptée de toute compétition hivernale puisqu’elle ne reprendra la compétition en salle qu’en 2025, Jacqueline Madogo est dans un état d’esprit différent. Si elle confie qu’en athlétisme, faire attention à son alimentation est primordial, le temps des fêtes est une occasion de se relâcher.
« Le temps des fêtes, j’aime ça. J’aime m’amuser. Mais je ne suis pas à la maison pour longtemps. Je suis habituellement de retour à Ottawa pour une semaine maximum. On s’en va toujours en camp d’entraînement avant les fêtes, on revient le 20 décembre. Ensuite, je vais à Ottawa, où je passe habituellement une semaine à la maison. Après, je retourne le 26 à Guelph, donc c’est cinq, six jours où j’en profite. »
Lorsqu’elle rentre chez ses parents, la sprinteuse ottavienne aime profiter des plats traditionnels congolais concoctés par sa famille.
« On mange de la viande, beaucoup de viande. Le pondu, c’est vraiment un plat typique. Il y a beaucoup d’huile dedans, donc je ne mange pas ça souvent, mais quand je suis à la maison, j’en mange. Il y a aussi du poulet mayo, qui est vraiment, vraiment bon. Mais il y a aussi beaucoup d’huile et de mayonnaise, c’est très gras, mais ce sont mes deux plats préférés. »
Au niveau du sommeil, l’olympienne reste dans sa routine. Ses habitudes reprennent facilement le dessus.
« J’essaie vraiment de rester debout jusqu’au Nouvel An, mais je pense que c’est parce que je suis tellement habituée à aller dormir assez tôt, je suis vraiment fatiguée arrivée à 11 heures. Je dors avant même qu’on sonne le Nouvel An. Cette année, je vais quand même essayer de rester debout jusqu’à minuit. »
OTTAWA – La députée d’Ottawa-Vanier Mona Fortier est de retour au sein du cabinet de Justin Trudeau, elle qui a été nommée whip en chef du gouvernement, a annoncé le premier ministre samedi.
Dans un communiqué, Justin Trudeau a annoncé la nomination de la Franco-Ontarienne.
« Mona Fortier est une dirigeante expérimentée qui comprend parfaitement les questions qui comptent le plus pour les Canadiens et les valeurs qui définissent le travail que nous accomplissons pour eux. Je sais qu’elle continuera d’être un atout essentiel dans ses nouvelles fonctions, au moment où nous travaillons ensemble à bâtir un Canada plus prospère pour tous », a indiqué le premier ministre dans un communiqué.
Mona Fortier avait été nommée en 2019 comme ministre de la Prospérité de la classe moyenne avant d’obtenir la présidence du Conseil du Trésor de 2021 à 2023. Elle avait été retranchée du cabinet à la suite d’un remaniement ministériel à l’été 2023.
À titre de whip, elle sera chargée de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti. Ce rôle ne lui est pas inconnu, elle qui était la whip adjointe auprès de Ruby Sahota, qui a obtenu de nouvelles responsabilités dans le cadre du remaniement ministériel qu’a effectué Justin Trudeau vendredi.
Élue en 2017 lors d’une élection partielle, Mona Fortier était auparavant directrice principale des communications et du développement des marchés au Collège La Cité et a dirigé son propre cabinet-conseil en communications stratégiques. Elle compte se représenter lors des prochaines élections.
Chaque samedi, ONFR propose une chronique franco-ontarienne. Cette semaine, l’auteur torontois Soufiane Chakkouche narre ses défis d’immigration canadienne, un récit à suivre en plusieurs parties.
[CHRONIQUE]
À peine cinq mois après la (re)naissance, sous l’inlassable pression de ses grands-mères, la décision fut prise de rendre visite à ces dernières au Maroc afin qu’elles puissent enfin couvrir le bébé d’amour et de baisers et, à travers lui, retrouver les souvenirs de leur propre enfance. Seulement, rien ne se passa comme prévu, loin de là!
Chère(-e)s lecteurs et lectrices, je vous avais prévenue(-e)s, la plume de la présente chronique va être trempée dans l’encrier du mal. Cependant, avant de nous y confiner, un bref rappel en morse des faits s’impose :
Le 6 juin 2019, j’atterrissais à Toronto. Le 8 octobre 2019, mon unique enfant naissait. Le 15 février 2020, me voilà avec cette petite famille et mon aérophobie à bord d’un Boeing sur l’air du retour, planant sous la bannière rouge et vert du Royaume du soleil couchant. Direction : la contrée de ma vie d’avant.
Pareil au tapis rouge d’un titanesque billard français à trois boules (pardonnez le pléonasme), les souvenirs dans ma boîte crânienne, bons comme mauvais, n’avaient aucune échappatoire à bord. Je ne croyais pas si bien rêver.
L’accueil
Comme on pouvait s’y attendre, après avoir été scanné de la tête aux pieds par l’œil suspicieux de Big Brother et de ses gadgets, l’accueil fut, euh… comment dire… joyeusement bruyant. En première ligne, la tante fofolle youyoutait à qui mieux mieux, un pur régal pour l’œil et le cœur, moins pour les tympans.
Plus sages grâce à l’âge, les deux mamies se tenaient derrière, guettant l’accalmie des émotions. Elles ne le savent que trop bien : la chaleur est calme et l’amour s’apprécie dans le silence. C’est ainsi qu’elles s’approprièrent tous les bons moments de ce séjour, du moins avant le cauchemar!
Désolé, mais je suis à la bourre en matière de nombre de mots. Je suis donc dans l’obligation de mettre les youyous en berne pour froisser la carte du temps.
Cela faisait un mois que le petit passait d’une poitrine chaude à une autre, d’une grand-maman à une autre, à défaut des grands-pères partis tous deux rejoindre les aïeuls quelques années plutôt.
Un mois pile que je surfais tous les jours sur les vagues de mon enfance et quelques-unes de l’océan Atlantique, sous un soleil jalousé, en cette mi-mars, par les deux tiers du globe.
Le piège
Ce même jour, soit la veille de notre retour prévu à Toronto, dans un vieux taxi rouge conduit par un homme plus vieux que la machine, les ondes de la radio grésillèrent : « Le Royaume ferme son espace aérien jusqu’à nouvel ordre. »
Et pour cause, les premiers touristes touchés par un virus couronné nommé COVID-19 commençaient à faire leur apparition au pays. D’ailleurs, les autres pays ne tardèrent guère à imiter l’exemple marocain dans une stratégie pour le moins étrange : lutter contre un problème mondial en se barricadant chacun dans son coin, comme si la Terre possédait des angles!
Le ciel lui-même s’était délavé de ses couleurs, prenant instantanément un coup de vieux pour se couvrir de gris, tels des cheveux. Grises étaient aussi mes idées à l’annonce de cette trappe qui s’apprêtait à me bouffer tout cru, au même titre que toute l’humanité. « Tu es bloqué ici, prisonnier avec ton passé », n’eut de cesse de résonner la petite voix dans ma boîte crânienne.
Le grand-père s’en aperçut à travers un œil rompu au rétroviseur et me demanda : « Vous projetiez de partir ailleurs, mon fils? »
« Je projetais de repartir vers le nouveau chez moi, » répondis-je, le regard hagard.
L’homme n’eut pas le temps d’enchaîner. Priorité au kaki, il se rangea sur le côté de la route pour laisser passer un imposant convoi militaire transportant des chars blindés, le premier que je vois de ma vie dans le centre-ville de Casablanca. Je ne savais pas qu’on pouvait éliminer un virus à coup d’obus calibre 120mm!
Barbe grise attendit le passage de la tapageuse colonne puis, avant de sombrer dans un silence inquiet et inquiétant, ajouta : « Qu’Allah te vienne en aide, mon fils. Qu’Allah nous vienne tous en aide. »
Trois vols pour 4000 piégés
Panique à bord, nos billets d’avion étaient désormais caducs. Toutefois, afin de rapatrier en urgence ses ressortissants et ses résidents permanents, le gouvernement canadien affréta trois vols payants (pas un de plus) d’une capacité totale de 1300 places. Or, on était plus de 4000 pris au piège… la pagaille.
Alors, selon le principe du premier arrivé, premier servi, les billets relatifs au premier vol partirent comme des cornes de gazelle. En moins de 15 minutes, le site web d’Air Canada affichait complet pour ce vol. Il ne me restait donc que deux chances, moi l’esclave de ma passion en toute circonstance pour les grasses matinées dans les bras de Morphée.
Au diable Morphée, pas question de commettre la même erreur cette fois. Le lendemain, j’égrenais une nuit blanche à vigiler l’ouverture des ventes pour le second vol. Bingo, à 7h43 du matin, je décrochai le Graal égoïste à coup de clics et de 1400$ l’unité.
Le soulagement
Exténué par tant d’émotions et de fatigue, pour la première fois de ma carrière de passager, je n’eus aucun mal à m’endormir à bord du vol AC 2003, dont le numéro allait demeurer gravé à jamais dans ma mémoire. Je n’ouvris les paupières que quelques minutes avant l’atterrissage, réveillé par la voix sincèrement émue du commandant de bord : « Ce vol marque la fin de ma carrière après 40 ans de service. C’était un honneur de vous avoir ramené à la maison. »
Adieu, mon héros!
La suite allait se résumer en une fuite en avant faite de confinement et de privation des plaisirs et des droits les plus élémentaires, à l’instar de serrer une main ou une belle âme dans ses bras. Petite consolation néanmoins pour les cœurs chimériques, la COVID-19 allait réussir à faire ce qu’aucun politicien ou système n’a su faire : aligner toute l’humanité sur la corde à linge de l’égalité, telle une partition d’oiseaux fragiles sur un fil électrique.
À bon entendeur, Salamoualikoum (que la paix soit sur vous).
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leurs auteur(e)s et ne sauraient refléter la position d’ONFR et de TFO.
OTTAWA — La nouvelle ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan, nommée vendredi par Justin Trudeau, a refusé de dire si le français était en déclin au Québec… mais s’est retractée quelques heures plus tard.
Questionnée à trois reprises par les journalistes, quelques instants après sa nomination, la représentante du comté montréalais d’Outremont n’a pas répondu à la simple question : « Est-ce que le français est en déclin au Québec, oui ou non? »
« Le Québec a un rôle très important. C’est la province qui doit d’abord et avant tout être francophone pour assurer que la dualité linguistique que nous avons ici au Canada est protégée et est maintenue. Mon père est francophone, ma mère est anglophone, alors je vis cette dualité linguistique. Je sais à quel point c’est important », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse en direct de Rideau Hall, où avait lieu la cérémonie d’assermentation des ministres.
Relancée une seconde fois, Rachel Bendayan a à nouveau refusé de répondre à la question, affirmant que « mon rôle, c’est de s’assurer que nous maintenons le bilinguisme ».
« C’est de s’assurer que la minorité anglophone au Québec soit protégée et que la minorité francophone hors Québec soit protégée, et que le bilinguisme soit protégé partout à travers le pays et que nous maintenons la dualité linguistique que nous avons et sommes si fiers », a poursuivi la nouvelle recrue au Conseil des ministres vers 13h20.
Mais à 15 h, l’opinion de la nouvelle ministre des Langues officielles avait évolué.
« Je n’ai pas refusé de répondre, plaide-t-elle. C’est vrai que le français est en déclin au Québec. C’est aussi vrai que je suis là pour supporter les minorités linguistiques hors Québec et la minorité anglophone au Québec », a-t-elle dit avant une première réunion du nouveau cabinet au Parlement.
Ses propos en conférence de presse ont été dénoncés par le conservateur Joël Godin sur X, qui considère que reconnaitre le déclin du français dans la Belle province « est pourtant le minimum ».
« Cela démontre, encore une fois, que ce gouvernement libéral n’a aucun respect pour les langues officielles, encore moins pour le français, la langue officielle la plus vulnérable au Canada », soutient le critique des conservateurs en matière de Langues officielles.
À Québec, le ministre de la Langue française et de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge, a affirmé que de nier le déclin du français « relève de l’irresponsabilité », appelant Mme Bendayan à « absolument le reconnaître, car il est de sa responsabilité d’inverser ce déclin ».
Selon le commissaire à la langue française du Québec, la part de personnes utilisant principalement le français à la maison a diminué, passant de 81 % (2016) à 79 % (2021). Les chiffres sur le français comme langue de travail, ceux soutenant connaître suffisamment le français et l’utilisation du français dans l’espace public (les commerces) ont tous diminué, selon le commissaire Benoît Dubreuil, dans un rapport publié en mai 2024.
Lors du dernier recensement, les francophones au Canada sont passés de 22,2 % en 2016 à 21,4 % en 2021. Les francophones hors Québec représentent désormais 3,3 % du poids démographique alors qu’en 2016, c’était 3,6 %. En Ontario, les Franco-Ontariens sont descendus de 3,8 % à 3,4 % entre 2016 et 2021.
Dans un communiqué, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a réagi à la nomination en indiquant « avoir hâte de pouvoir faire connaissance avec Mme Bendayan ».
« L’idéal serait que nous puissions avoir une rencontre avec la nouvelle ministre dès le mois de janvier pour échanger sur les réalités et les enjeux de nos communautés, particulièrement en ce qui a trait au financement provenant du Plan d’action pour les langues officielles, et sur comment elle entrevoit ses responsabilités et ce que seront ses priorités », déclare sa présidente Liane Roy.
La FCFA s’est aussi réjouie de la nomination de Ginette Petitpas Taylor au Conseil du Trésor, elle qui est notamment chargée d’adopter les réglementations liées à la Loi sur les langues officielles, un projet de loi qu’elle a elle-même fait adopter en 2023.
« La nomination de Ginette Petitpas Taylor au Conseil du Trésor arrive vraiment à point nommé… Dans ses nouvelles fonctions, elle pourra mener à terme l’adoption des règlements », se réjouit la présidente de l’organisme porte-parole des minorités francophones.
OTTAWA — Pour la troisième fois cette année, le portfolio des Langues officielles change de mains au fédéral, alors que la députée montréalaise Rachel Bendayan a été nommée ministre des Langues officielles vendredi, lors d’un remaniement ministériel.
La députée d’Outremont, qui était la secrétaire parlementaire de la ministre des Finances, entre pour la première fois au cabinet, elle qui a été élue en 2019 lors d’une élection partielle. Elle sera aussi ministre associée à la Sécurité publique auprès du député d’Ottawa, David McGuinty, qui rentre aussi au cabinet avec cette nomination. Avant sa carrière politique, Rachel Bendayan a occupé divers rôles politiques à Ottawa, notamment à titre de cheffe de cabinet, en plus d’avoir été avocate et professeure universitaire.
À peine annoncée, déjà la nomination de cette dernière s’est fait attaquer par l’opposition, le député voisin de Rachel Bendayan, Alexandre Boulerice du NPD, écrivant sur X, que cette nomination « est du n’importe quoi. »
« Quand t’es rendu à nommer Rachel Bendayan aux Langues Officielles, t’as atteint le fond du baril. Quand est-ce qu’elle a montré un quelconque intérêt au fait français ou aux francophones hors Québec? », a reproché l’unique représentant québécois au NPD
Justin Trudeau, qui fait face à plusieurs appels de démission depuis le départ de Chrystia Freeland, a procédé à un important remaniement ministériel impliquant près d’une dizaine de nouveaux ministres vendredi matin.
Ginette Petitpas Taylor, qui occupait par intérim les fonctions laissées par le départ de Randy Boissonnault, dont les Langues officielles, sera la présidente du Conseil du Trésor en remplacement de Anita Anand. Cette dernière délaisse ce rôle pour conserver celui des Transports et ajoute celui du Commerce intérieur. Plusieurs autres députés d’arrière-ban obtiennent des promotions.
Notamment, le député ontarien Nate Erskine-Smith, qui avait terminé second derrière Bonnie Crombie lors de la course à la chefferie libérale provinciale l’an dernier, remplace Sean Fraser comme ministre du Logement et de l’Infrastructure.
La liste des nouveaux membres du Conseil des ministres comprend notamment Darren Fisher, (Anciens Combattants et ministre associé de la Défense du Canada), Terry Duguid (Sports et ministre responsable de Développement économique pour les Prairies) et Élisabeth Brière (Revenu National).
La liste complète des changements au cabinet. Crédit image : capture d’écran
Ces nominations surviennent suite au départ ou au départ anticipé de plusieurs membres du cabinet dans la dernière année.
Pablo Rodriguez (Transports), Seamus O’Regan (Travail) et Randy Boissonnault (Emploi et Langues officielles) ont quitté le cabinet dans les derniers mois. Filomena Tassi, Marie-Claude Bibeau, Carla Qualtrough, Sean Fraser et Dan Vandal ont déjà annoncé qu’ils ne seraient pas candidats aux prochaines élections.
Parmi les ministres importants qui conservent leur poste : Marc Miller (Immigration), Dominic Leblanc (Finances), Arif Virani (Justice), Bill Blair (Défense nationale), François-Philippe Champagne (de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie) et Karina Gould (Leader à la Chambre des communes).
Le NPD fera tomber le gouvernement, dit Singh
Dans une lettre ouverte envoyée au premier ministre vendredi matin, le chef du NPD a indiqué qu’il « votera pour faire tomber ce gouvernement et donner à la population canadienne la possibilité de voter pour un gouvernement qui travaillera pour vous ». Il rejoint ainsi le Bloc Québécois et le Parti conservateur, qui réclament un scénario similaire.
« Les libéraux ne méritent pas une autre chance », écrit Jagmeet Singh.
Cela signifie que le pays pourrait être en élections dès qu’un vote de confiance aura lieu à la Chambre des communes, qui doit en principe reprendre ses travaux le 27 janvier.
Cela fait plusieurs jours que le premier ministre Justin Trudeau n’a pas parlé publiquement, suite au départ de Mme Freeland et à la grogne grandissante dans son caucus. Près d’une vingtaine de députés demandent le départ de M. Trudeau, le député torontois Robert Oliphant étant le plus récent à faire cet appel via les réseaux sociaux.
Veuillez prendre connaissance de ma déclaration au sujet de la chefferie du parti Libéral. pic.twitter.com/yCpnpMKVMu
Il rejoint notamment le député franco-ontarien Francis Drouin et l’ensemble des députés néo-brunswickois qui ne sont pas ministres. Le premier ministre est resté silencieux publiquement jusqu’à présent, annulant même l’ensemble de ses entrevues de fin d’année avec les médias, une tradition de fin d’année depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Il ne devrait pas prendre la parole en public vendredi, selon l’horaire dévoilé par son bureau.
Les déchets nucléaires canadiens auront bientôt un hôte permanent : la municipalité d’Ignace, en Ontario. Inès Rebei vous explique tout sur ce projet colossal de dépôt géologique profond, prévu pour 2040 et surveillé pendant 175 ans après son ouverture. Découvrez son impact sur l’avenir et pourquoi ce lieu a été choisi.
Si l’industrie de la baladodiffusion est florissante au Québec, celle du Canada francophone en milieu minoritaire en est à ses premiers balbutiements. Quelques initiatives ont vu le jour, mais l’offre grand public n’est pas très élaborée. ONFR vous propose d’assister à la naissance de cet écosystème en explorant des balados franco-canadiens lors de vos (parfois longs) déplacements du temps des fêtes.
Pour cet article, ONFR a considéré les balados franco-ontariens et franco-canadiens déployés en 2023 et 2024.
La majorité de ce qui est produit en milieu minoritaire est associée à des événements ou des organismes précis. Certaines séries s’avèrent intéressantes, mais ne résistent pas à l’épreuve du temps.
D’autres abordent des sujets particulièrement nichés. La baladodiffusion est le véhicule tout indiqué pour plonger dans des conversations qui ne trouveraient pas leur place sur les ondes des médias traditionnels.
Le balado franco-canadien n’est pas une industrie en soi, mais le médium particulièrement accessible pourrait attirer plus d’adeptes dans les prochaines années.
Gilles Poulin-Denis (à gauche) et Louis-Philippe Roy (à droite) ont écrit avec Thérèse Champagne le balado Flashback. Ils en ont parlé à ONFR en novembre. Photo : Rachel Crustin / ONFR
2024 nous a d’ailleurs donné la première série de fiction pancanadienne diffusée sur la plateforme Ohdio. Dans Flashback, deux amies partent sur les traces d’un grand-père disparu. Elles découvriront l’histoire de l’utilisation des psychotiques dans les traitements en santé mentale au Canada. La trame narrative est fictive, mais la recherche est réelle.
Flashback met quelques épisodes à trouver son ton, mais finit par entraîner l’auditeur dans un périple à travers le pays. Les actrices principales sont Gabrielle Morin (Vancouver) et Danielle Le Saux-Farmer (Ottawa).
L’identité
Comme on a pu le voir dans d’autres domaines, au théâtre par exemple, les premiers essais traitent souvent d’identité, directement ou indirectement.
Dans le balado fransaskois DéCLIC, la musicienne et enseignante Sylvie Walker, accompagnée d’Anique Granger, décortique le concept de construction langagière, identitaire et culturelle (CLIC).
Sylvie Walker (deuxième à partir de la gauche) est une autrice-compositrice-interprète et enseignante fransaskoise. Son balado DéCLIC visite entre autres le Festival fransaskois. Aussi sur la photo : Elizabeth Tkachuk, Shawn Jobin et Gabrielle Dufresne. Photo : Rachel Crustin / ONFR
Cette commande du Conseil culturel fransaskois est une bonne façon de connaître la réalité des francophones de la Saskatchewan, mais peut résonner avec tous les Franco-Canadiens.
Les entrevues culturelles
Dans les deux dernières années, le musicien Marc-Antoine Joly et l’animateur Nicholas Monette ont mené plus de 200 entrevues sur un ton particulièrement décomplexé pour leur projet De quoi tu parles de? Leurs forces étaient l’humour, leur complicité et leur culture générale franco-ontarienne. Les animateurs multipliaient les références et semblaient connaître personnellement tous les artistes et travailleurs culturels du pays.
Le projet chronophage a pris fin en novembre, faute de financement. Certains épisodes sont plus intemporels, mais plusieurs vieillissent moins bien, l’actualité de l’invité ayant évolué depuis.
Nicholas Monette (à gauche) et Marc-Antoine Joly (à droite) étaient diffusés dans plusieurs stations de radio communautaires francophones, en plus d’offrir la version balado de l’émission De quoi tu parles de? Photo : Jeff Malo / ACELF
On peut dire la même chose de séries accompagnant des événements précis. Écoutez, même de loin! (Mathieu Fortin) faisait découvrir les artistes en vitrine à Contact ontarois, mais ne sera pas de retour en 2025. Le balado franco des RVF (Vanessa Lisabelle) s’est déployé dans le cadre des Rendez-vous de la francophonie. La série Nos festivals (Mario Boulianne) des balados du Droit a visité quelques événements, dont le Festival franco-ontarien. Pour les amateurs de théâtre, les séries Mani reçoit (Mani Soleymanlou) et Plus que du théâtre (Julien Morissette) proposent des entrevues en lien avec la programmation du Théâtre français du Centre national des arts.
En 2023, les Montréalais Louis-Philippe Labrèche (Le canal auditif) et Marc-André Mongrain (Sors-tu.ca) ont visité différents coins du Canada pour D’une francophonie à l’autre. Ils y rencontraient des musiciens francophones, une initiative ajoutant un trop rare pont entre le Québec et le Canada francophone minoritaire.
Les enjeux de société
Dans la série originale de TFO, Une école pour tous, s.v.p, l’ex-journaliste Sophie Désautels se promène entre le Nouveau-Brunswick et le Québec pour comprendre comment le système scolaire s’occupe des enfants vivant avec un handicap, un trouble du spectre de l’autisme ou d’autres besoins particuliers. Sophie Désautels étant elle-même mère de Mathilde, une jeune adulte vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, la quête est personnelle, mais rejoint facilement le grand public.
Il existe également une version télédiffusée à TFO et AMI-télé. La version audio est disponible sur la plateforme Ohdio.
Sophie Désautels et sa fille Mathilde dans Imaginons une école pour tous, la version télévisuelle accompagnant le balado Une école pour tous, s.v.p. Capture d’écran TFO
Dans un autre ordre d’idées, le Centre Colibri a lancé il y a un an le balado Des mots sur des maux pour aborder les différentes formes de violence faite aux femmes, qu’elle soit conjugale, familiale ou systémique. En alternance, Nathalie Nadon, Mathilde Houtchégnon et Fayza Abdallaoui s’entretiennent avec des femmes qui ont utilisé les arts dans leurs démarches de guérison.
Le regroupement Action ontarienne contre la violence faite aux femmes a aussi sa série, Elles parlent. Karen Uwasen y reçoit différents experts dans une variété de sujets, dont la religion, les troubles alimentaires ou les tensions entre bureaucratie et féminisme, pour citer des épisodes récents.
Avec un angle plus niché, la deuxième saison du balado Franc Ouest de l’Association des Francophones des Kootenays Ouest, en Colombie-Britannique, met à l’honneur des femmes francophones adeptes de plein air. La proposition semble pointue, mais est assez bien faite pour intéresser tout un chacun. L’épisode le plus intéressant de cette saison intitulée Nature + Elles est le dernier, dans lequel 25 femmes se livrent dans une grande discussion où francophonie, parentalité, prise de risques, égalité des genres et même gestion des menstruations sont abordées intimement et sans tabous.
Les sports
Les partisans francophones des Sénateurs d’Ottawa peuvent profiter des analyses de La Brigade. Jean-Philippe Forgues, Jean-Philippe Fortin, Pascal Villeneuve et Stewart Sabourin y reçoivent des amateurs et des professionnels évoluant dans le domaine du hockey de la capitale.
Le sujet de discussion principal est bien sûr l’équipe des Sénateurs, mais une nouvelle série a été lancée dernièrement, sous le giron de La Brigade. Dans Chargée à bloc, Jean-Philippe Forgues et Beata Elliot se concentrent sur l’équipe de la Ligue professionnelle de hockey féminin, la Charge d’Ottawa.
À Toronto, les amateurs de basketball peuvent suivre l’évolution des Raptors grâce au journaliste sportif d’ONFR, Mickael Laviolle (qui tenait auparavant le balado Dinos Talk), et à son complice Patrick Bizidavyi. L’émission Franco Raptors est d’abord diffusée sur les ondes de CHOQ-FM pour ensuite être déposée sur les plateformes de baladodiffusion. Le segment Impact basket deviendra d’ailleurs une émission à part entière, mettant en lumière des francophones qui utilisent ce sport pour avoir un impact sur leur communauté.
D’autres clins d’œil
La Commission de la capitale nationale (CCN) a lancé Histoires de la capitale pour son 125e anniversaire. Le premier dirigeant de la CCN, Tobi Nussbaum, reçoit des experts en lien avec la CCN et son territoire. Par exemple, dans le premier épisode, on peut entendre Michel Prévost, président de la Société d’histoire de l’Outaouais et Heather Thompson, gestionnaire du programme du patrimoine de la CCN. Ils discutent des liens entre les deux rives et ne cachent pas les erreurs du passé, comme les expropriations dans le Vieux-Hull (Gatineau) ou sur les Plaines LeBreton (Ottawa). Certains épisodes sont en anglais et d’autres, en français.
Disponible en audio ou vidéo, le projet Helpez-moi ravit les fans de Sami Landry et Xénia Gould. Photo : Thomas Vaillancourt
Pour ceux qui souhaitent un pur divertissement, Sami Landry et Xénia Gould offrent un balado complètement décalé intitulé Helpez-moi. Même si elles sont établies à Montréal, les deux complices y vont à fond dans leur parler acadien pour prodiguer leurs meilleurs (et pires) conseils. Il faut accepter de plonger dans leur univers pour savourer cette proposition absurde.
Les listes de lecture
Pour ceux qui préféreraient les listes musicales, il est tout à fait possible de passer son temps des fêtes en découvrant des artistes de la francophonie canadienne. L’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) entretient son compte Spotify avec des listes comme Chansons festives, Nouveautés musicales APCM ou encore Rond Point – les 10 ans, pour découvrir les artistes qui sont passés par son programme de résidence.
De son côté, Réseau Ontario élabore une liste de lecture chaque année, pour mettre en lumière les artistes en vitrines à Contact ontarois.
Avec Les balados du Droit, qui proposent différentes séries et conversations sporadiques, le chroniqueur culturel Mario Boulianne partage aussi ses découvertes musicales avec Les Vendredis musique.
En résumé : un point de départ par champ d’intérêt
Moments de retrouvailles en famille, célébrations au coin du feu ou du sapin, tables ornées de repas réconfortants de la saison… Le temps des fêtes peut avoir l’air un peu différent pour les étudiants internationaux. D’un coin à l’autre de l’Ontario, ils nous racontent à quoi ressemble cette période souvent teintée de solitude et de mal du pays.
Travailler le jour de Noël dans une petite commune de l’Ontario, c’est une réalité pour beaucoup de jeunes étudiants internationaux comme Serigne Mbacke Ngom.
Le jeune homme originaire du Sénégal en a l’habitude puisqu’il s’agit déjà de son quatrième temps des fêtes au Canada. Cette année, il y voit une opportunité de récolter plus de fonds pour l’année à venir.
« Le gouvernement a diminué le nombre d’heures de travail pour les étudiants internationaux (durant les périodes de cours), donc on profite du temps des fêtes pour travailler plus et économiser plus d’argent », explique-t-il en référence au retour d’un plafond du nombre d’heures de travail permises pour les étudiants hors du campus depuis l’automne.
L’année dernière, l’étudiant en Baccalauréat en administration des affaires avait tout de même voulu marquer le coup : « L’année passée, je suis resté à Hearst, on avait juste fait un petit dîner avec mes deux amis internationaux vu qu’ici il n’y a pas grand-chose à faire ici. »
Serigne Mbacke Ngom étudie à l’Université de Hearst. Gracieuseté de Serigne Mbacke Ngom
Même constat à Toronto pour Nathalie Kuesso Keho Nimpa qui se prépare aussi à passer son quatrième Noël en terre canadienne. Pour la jeune femme originaire du Cameroun, il n’est pas non plus possible de rentrer au pays cette année.
Une décision motivée par le fait que la période est trop petite et le retour au Canada en serait rendu plus difficile émotionnellement.
« La première année où je suis arrivée, j’avais travaillé, je ne savais même pas que c’était possible de travailler à Noël donc c’était encore plus difficile de le vivre en voyant les autres en famille », confie-t-elle avant de préciser que beaucoup d’étudiants choisissent de travailler les jours fériés car le salaire y est majoré.
Nathalie Kuesso Keho Nimpa aimerait aller dans un marché de Noël canadien pour la première fois. Gracieuseté de Nathalie Kuesso Keho Nimpa
Une intégration difficile
Celle qui étudie en quatrième année en cultures numériques à l’Université de l’Ontario français se sent pourtant très nostalgique de cette période célébrée de manière très différente en Afrique.
« Au Cameroun, c’est une fête strictement religieuse autour de concerts et d’activités de commémorations de la nativité du Christ alors qu’ici c’est plus une célébration avec un dîner de Noël en famille », raconte-t-elle.
Ariane Goun, d’Ottawa, partage le même avis : « Quand on parle de Noël, on parle de la charité, mais ici les personnes sont beaucoup plus solitaires et repliées sur elles-mêmes alors que dans moi mon pays, en Côte d’Ivoire, ce n’est pas forcément le cas. »
Après trois temps des fêtes au Canada, l’étudiante de 27 ans juge que l’intégration y est plus difficile qu’en Afrique.
« J’ai remarqué que si tu veux vraiment discuter avec des personnes d’ici, il faut appartenir à une communauté comme faire du bénévolat ou d’autres activités de groupe. Le premier contact n’est pas facile. »
Ariane Goun est au Canada depuis 2012. Gracieuseté d’Ariane Goun
L’étudiante en deuxième année au baccalauréat en éducation a constaté la même chose à l’Université d’Ottawa : « Dans le programme d’éducation, beaucoup plus de personnes noires, donc les quelques Canadiens qu’on rencontre restent plus entre eux. L’inclusion est moins palpable. »
Comme l’année précédente, la jeune femme n’a pas de programme prévu pour le réveillon du Nouvel An, mais elle compte le passer avec sa sœur, qui habite également la capitale nationale.
« Bien que j’aie un parent ici, je sens quand même le manque de mes parents surtout avec le climat très froid qui accentue la solitude. »
Choc de cultures
L’intégration à des événements du temps des fêtes peut aussi s’avérer un peu complexe lorsqu’on ne partage pas les mêmes coutumes.
« Parfois la religion peut être un obstacle, parce que comme des fois tu peux avoir des amis de la région pour t’inviter à voir à boire, mais moi, comme je suis musulman, je préfère m’abstenir », reconnaît Serigne Mbacke Ngom.
Chafik El Aji, habitant à Sudbury, aimerait toutefois vivre ce temps des fêtes comme les locaux, « découvrir le vrai Noël, avec l’imagerie autour du Christ, les décors et tout ça, mais c’est malheureusement difficile à réaliser », se désole l’étudiant au Collège Boréal qui dit être gêné par l’aspect plutôt commercial que revêt le temps des fêtes ici.
« Chez nous, au Maroc, dès qu’on a une fête et qu’on sait qu’une personne est seule, on va l’inviter et lui faire vivre ces célébrations, mais ici, les personnes préfèrent le passer avec leur famille ou entre membres de la même communauté. »
Chafik El Aji organisait des événements avant de venir au Canada. Gracieuseté de Chafik El Aji
Le jeune homme compte y remédier lui-même en préparant une soirée très spéciale pour des amis, eux aussi loin des leurs.
Pour l’occasion, sa maman compte lui envoyer des repas depuis le Maroc et lui-même se rendra à Montréal afin de faire le plein de produits orientaux qui sont introuvables dans le Nord ontarien.
« Le but c’est de sentir l’ambiance du pays et du partage, car mes amis aussi vont ramener des plats de chez eux, et puis comme j’ai aussi dix années de disc-jockey derrière moi, je vais mixer avec de la bonne musique », anticipe l’étudiant en génie civil et minier dont ce sera le premier temps des fêtes.
Après une trentaine d’années à produire des films d’animation et des documentaires marquants à l’Office national du film du Canada (ONF), Julie Roy est aujourd’hui à la tête de Téléfilm Canada, l’organisme fédéral chargé de financer et de promouvoir le cinéma. Visionnaire et engagée, elle dédie sa carrière à faire briller le cinéma canadien, tant sur la scène nationale qu’internationale.
Nicolas St-Pierre est descripteur des matchs des Sénateurs d’Ottawa au hockey et de l’Atlético Ottawa au soccer, et président d’Intersport Productions, qui gère entre autres les négociations des droits de diffusion des rencontres sportives en français. Homme aux multiples talents, il était également, jusqu’au 12 décembre dernier, et ce depuis 16 ans, l’animateur de l’émission Dans le vestiaire sur Unique FM, le seul programme traitant de l’actualité sportive en français dans la capitale nationale.
LE CONTEXTE :
Pour des raisons budgétaires, la radio ottavienne a subitement décidé de supprimer l’émission historique de sa grille de programmation, malgré son unicité et sa popularité.
L’ENJEU :
Nicolas St-Pierre livre sa réaction sur cette nouvelle inattendue, revient sur ses seize années à la tête du programme et partage son point de vue sur la situation de la couverture des sports en français en Ontario.
« Quel a été votre réaction à l’annonce soudaine de l’arrêt de votre émission sportive sur Unique FM?
Ça faisait seize ans que j’animais l’émission. Seize ans! Ça a été un choc, bien qu’on s’attende toujours à ce que ça puisse arriver. On vivait avec une épée de Damoclès en sachant qu’il y avait des réalités économiques qui étaient devenues plus compliquées. Je ne m’attendais pas à ce que ça arrive là, peut-être qu’il y ait une reconfiguration à la fin de la saison, mais à ce moment-ci… J’ai été tout simplement pris de court. Je me suis retrouvé un peu surpris et abasourdi par la décision.
Aviez-vous eu des discussions avec la direction, comme quoi l’émission pouvait ne pas être reconduite?
Le discours que j’avais, l’été passé, c’était qu’on gardait le statu quo. Puis, on nous a dit qu’on allait de l’avant, que c’était le show sur lequel on voulait capitaliser. Pour moi, c’était du tout cuit, il n’y avait pas nécessairement matière à s’inquiéter pour la suite des choses dans les mois de diffusion. Avec l’expérience, je m’attendais à une remise en question au terme de chaque saison, chose qu’on a faite de façon récurrente, mais il n’y avait aucun signe qui me disait que le couperet allait tomber à ce moment-ci.
Vous avez été seize ans à l’antenne, ce n’est pas commun…
C’est une chose dont je peux être fier. Seize ans dans le paysage médiatique, surtout radiodiffusé, il n’y en a pas beaucoup. Juste là, d’être encore en ondes après tout ce temps, c’était plaisant de pouvoir avancer et de prolonger parce que, sans parler de record, c’est quand même un gros fait d’arme qui ramenait beaucoup de crédibilité aussi à l’émission.
Est-ce que vous avez des souvenirs qui reviennent, des moments incroyables?
Un des moments les plus incroyables, c’est quand la COVID est arrivée. On s’est retrouvé du jour au lendemain avec rien. La décision a été prise assez rapidement d’arrêter et d’attendre. Deux jours après, j’ai dit qu’on ne ferait pas ça. Je suis retourné voir le directeur général. J’ai dit qu’on allait faire un show sport pareil. Il y a beaucoup de monde qui m’a aidé là-dessus, dont Alex Saint-Jean, qui est devenu recherchiste pour nous. On a été capable, pendant tout ce temps-là, d’offrir une émission de radio sportive sans sport.
Dans cette période-là aussi, une des belles entrevues que j’ai eues, c’était avec Georges Saint-Pierre, qui avait été généreux. Ça a été une belle expérience, sérieusement, cette conversation-là. Il y en a d’autres aussi, comme M. Gary Bettman, le commissaire de la Ligue nationale de hockey, qui était venu faire un tour. Il y a tellement d’invités de qualité qu’on a eus et de grandes personnalités.
Nicolas St-Pierre continue son travail de commentateur dans la LNH et la PLC. Photo : Gracieuseté de Nicolas St-Pierre
De manière plus générale, la couverture des sports en français diminue en Ontario. On l’a vu notamment au Droit avec une réduction d’effectif et à Radio Canada à Toronto, qui n’a pas remplacé le départ de son journaliste sportif. Est-ce que cela vous inquiète?
Petite précision, Le Droit a changé son équipe, mais il y a quand même deux journalistes sportifs qui sont maintenant là, dont Zachary Mercier, qui était un de nos collaborateurs. Mais avec le départ de Marc Brassard et Sylvain Saint-Laurent, entre autres, ça a fait en sorte qu’il y a eu une reconfiguration de la façon dont ils couvrent le sport.
Pour revenir à la question initiale, c’est sûr qu’il n’y a rien de réjouissant en général dans le monde des médias en ce moment, parce qu’on est en train de vivre un grand chambardement. Malheureusement, en étant minoritaire en Ontario, on sent que la priorité n’est pas nécessairement sur la couverture francophone.
Alors oui, ça m’inquiète à un certain niveau, mais ce qui me réjouit un peu ou ce qui apaise mon niveau d’inquiétude, c’est que même en faisant face à ça, ce discours-là était quand même semblable seize ans en arrière, quand je suis arrivé.
Quels sont les motifs d’espoir de voir la situation s’améliorer?
La flamme est toujours là. Il y a toujours cette étincelle qui permet de croire que la lumière va arriver au bout du tunnel. Ça prend des purs et durs, ça prend des grands artisans, des gens qui y croient, vous et plusieurs autres d’ailleurs. Il ne faut pas baisser les bras. J’ai l’impression qu’il n’y en aura pas des centaines à vouloir reprendre derrière nous. À nous de montrer l’exemple, d’être là sur la première ligne, c’est important.
On peut s’inquiéter, mais je vois aussi beaucoup de positif. En espérant que les gens qui sont là n’abandonnent pas le bateau, parce que c’est important d’avoir de la relève, de cultiver justement cette flamme-là.
C’est à nous, les grands responsables, pour reprendre une expression bien populaire, « nos bras meurtris qui tiennent le flambeau ». On vous le tient bien haut puis on va le passer à l’autre génération.
Quelles sont les solutions face à des médias traditionnels qui délaissent le sport pour des raisons budgétaires?
L’union fait la force. Tu vas avoir plusieurs plateformes qui vont être détenues ou traitées par une entité. Tu vas avoir une concentration des postes. Ça va prendre des gens qui vont être beaucoup plus multidisciplinaires. Et même, si je reviens encore à 25, 30 ans passés, on disait la même chose. L’important maintenant pour les nouveaux artisans, c’est d’avoir plusieurs cordes à leur arc. Ça ne sera pas l’affaire d’un journaliste écrit ou d’un journaliste à l’électronique. Les personnes qui vont s’amener devront faire tout et tout d’elles-mêmes. Malheureusement, il y aura peut-être plusieurs appelés, mais pas beaucoup d’élus pour remplir ces postes-là, mais je pense que les meilleurs vont toujours remonter à la surface.
Pour finir, quelle est la suite pour vous?
Je suis encore descripteur des Sénateurs d’Ottawa et de l’Atlético d’Ottawa. On va voir s’il y a une autre antenne qui devra accueillir l’Atlético. Je n’ai pas encore eu de discussion avec Unique FM. Mais pour l’instant, je demeure à la description des Sénateurs.
La suite pour l’émission, je ne la connais pas, mais je souhaite qu’il y en ait une, parce que c’est un service qu’on doit remplir. Avec tous les sports qu’on retrouve dans la capitale maintenant, et en Ontario, je pense qu’on en a assez pour remplir non seulement une émission, mais une station au complet. Il y a du potentiel. Ça sera de savoir comment on va la livrer et sur quelle plateforme on va se retrouver. »
TORONTO. Le thermomètre affiche -15 degrés Celsius ce jeudi matin dans les rues de Parkdale Village. Dans ce quartier de l’Ouest torontois, le vent perce en rafale les vêtements des résidents qui s’agglutinent en file indienne devant une bâtisse en briques aux allures d’épicerie.
Quand le rideau de fer s’entrouvre enfin sur la rue Dunn, les premiers « visiteurs » s’y engouffrent, laissant au passage un ticket numéroté soigneusement conservé, preuve qu’ils viennent pour la première et unique fois de la semaine.
Charlotte Flameng connaît la plupart des usagers qui se pressent ici. Depuis deux ans, cette bénévole et travailleuse sociale originaire de Belgique se poste à l’entrée pour orienter des bénéficiaires chaque année plus nombreux.
« Les profils sont très variés, bien plus qu’avant, constate-t-elle. On voit des gens qui travaillent, d’autres qui ne travaillent pas, des jeunes, des plus âgés… Ils ne viennent pas ici occasionnellement, mais dépendent au contraire énormément de la nourriture qu’ils reçoivent ici. »
Charlotte Flameng est une des 300 bénévoles de la Parkdale Community Food Bank. Photo : ONFR/Rudy Chabannes
À l’intérieur de la banque, chacun remplit son chariot de courses ou son sac de fortune en fonction des restrictions de quantité notifiées à la main sur des étiquettes. Ici, on se sert en fonction de la taille de la famille. Sur les étals, on trouve des produits frais comme du lait, des pommes de terre, des oignons ou encore des oranges. Des boites de conserve et des pots de toutes sortes aussi : tomates, carottes, maïs, beurre de cacahuète… Sitôt remplis de fruits et légumes, les paniers se vident rapidement.
Les prix galopent, les salaires trottinent
Devant une armoire réfrigérée, Michael Stewart ouvre et ferme la petite porte vitrée, distribuant en cadence des bouteilles de lait. « Avec le coût de la vie, du loyer, de l’épicerie, la banque alimentaire devient un instrument important pour aider les gens à se nourrir et boucler la fin du mois », se désole ce bénévole qui a appris le français à Chicoutimi au Québec, avant d’étudier en France.
« La plupart du monde ici a un travail, observe-t-il. Mais quand tu vois que le salaire moyen est en-dessous du salaire vital, c’est impossible de vivre à Toronto. »
Parkdale Village, un quartier populaire de l’ouest torontois.
Une grille extérieure protège la banque durant les heures de fermeture.
Des bénévoles font le plein des étals avant une nouvelle vague d’usagers.
Pommes de terre, oignons, oranges sont collectés en fonction de la taille des familles selon un code de couleurs.
Jeremy Duffy, responsable des opérations, déballe des denrées.
Les denrées proviennent principalement de dons de particuliers et de grossistes.
La banque alimentaire accueille des populations très variées.
Parkdale Community Food Bank ouvre quatre jours par semaine.
Parkdale Village, un quartier populaire de l’ouest torontois.
Une grille extérieure protège la banque durant les heures de fermeture.
Des bénévoles font le plein des étals avant une nouvelle vague d’usagers.
Pommes de terre, oignons, oranges sont collectés en fonction de la taille des familles selon un code de couleurs.
Jeremy Duffy, responsable des opérations, déballe des denrées.
Les denrées proviennent principalement de dons de particuliers et de grossistes.
La banque alimentaire accueille des populations très variées.
Parkdale Community Food Bank ouvre quatre jours par semaine.
Parkdale Village, un quartier populaire de l’ouest torontois.
Une grille extérieure protège la banque durant les heures de fermeture.
Plus de 2 millions de Canadiens ont eu recours à une banque alimentaire en 2023, soit une hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. Une hausse de 90 % depuis 2019 à l’échelle du pays. Sans précédent. Les 653 banques alimentaires de l’Ontario ont cumulé à elles seules plus de 736 000 visites dont le tiers concernait des enfants. En hausse de 8 % sur un an.
Ce sont les données les plus récentes exposées dans un rapport de Banques alimentaires Canada. L’organisme appelle dans ses recommandations à « réparer un filet de sécurité sociale brisé, régler la crise du logement à loyer modique, aider les travailleurs à faible revenu à joindre les deux bouts et pallier l’insécurité alimentaire et la pauvreté ».
Un bond de 7 000 à 15 000 usagers en l’espace d’un an
Une autre organisation, Feed Ontario, évoque un million de visites dans les banques alimentaires entre avril 2023 et mars 2024, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’année dernière et une augmentation de 86 % depuis 2019-2020, dans une province où un Ontarien sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté.
Plus localement, le nombre de visites a même doublé en un an à Parkdale Community Food Bank. Les bénéficiaires sont passés d’environ 7 000 en octobre 2023 à près de 15 000 en octobre 2024.
Une fois payés le loyer et les services publics, il ne reste que 6,67 $ par jour dans la poche des consommateurs torontois de banque alimentaire en Ontario pour couvrir les dépenses essentielles comme la nourriture, les vêtements, les médicaments, les transports. Tel est le constat alarmant de Daily Bread, qui fédère les banques alimentaires du Grand Toronto.
Michael Stewart, un bénévole qui a appris le français à Chicoutimi au Québec et a étudié en France. Photo : ONFR/Rudy Chabannes
Pour faire face, la Parkdale Community Food Bank est passée de trois à quatre jours d’ouverture, a élargi ses horaires et s’apprête à déménager dans un lieu plus grand à 300 mètres de là, sur l’avenue Brock. « On a la chance de pouvoir compter sur plusieurs partenaires, la communtauté et des entreprises pour combler les besoins », salue Laurie Drake, présidente du conseil d’administration, qui peut compter sur la générosité des particuliers. Leurs dons représentent autour de 40 % des revenus de la banque.
« On fait beaucoup de désescalade avec des gens qui sont à bout »
— Charlotte Flameng, bénévole
Un coup d’œil dehors : la file ne désemplit pas. Les personnes dépourvues de ticket sont invitées à former une deuxième file plus loin, afin de prioriser les usagers « en règle », détenteurs du précieux ticket numéroté. La plupart sont compréhensifs et prennent leur mal en patience, d’autres tentent de forcer le passage en campant devant l’entrée. Les bénévoles redoublent alors de diplomatie pour les convaincre, les apaiser.
Charlotte Flameng enregistre un client à l’entrée de la banque alimentaire de la rue Dunn. Photo : ONFR/Rudy Chabannes
Charlotte Flameng use de tout son tact pour désamorcer des situations complexes au premier contact, à des moments où la santé mentale entre parfois en jeu. Il faut alors discuter, raisonner, rassurer, réconforter… Cela n’effraie pas cette travailleuse sociale de formation. « Parfois on appelle le 911 ou même la police, mais c’est vraiment le dernier recours », insiste-t-elle, estimant que les forces de l’ordre sont encore « mal formées » à ce type d’intervention.
« On fait beaucoup de désescalade avec des gens qui sont à bout. Leurs ennuis et traumastismes ressortent ici », confie celle qui se dit « fâchée avec l’état de la société : les prix qui augmentent plus vite que les salaires, le racisme, le manque d’accès à l’emploi et aux aides… ». En prêtant main forte comme bénévole, elle a « l’impression d’aider à quelque chose, traiter les gens au moins comme des êtres humains ».
« On leur offre de la nourriture, mais aussi un échange humain »
— Michael Stewart, bénévole
Michael Stewart n’en pense pas moins. Au-delà la nourriture, il envisage la banque alimentaire comme une bulle d’humanité et de réconfort. « Les gens que l’on croise habitent pour la plupart dans des gratte-ciel isolés. Ce lien avec les gens est très important. Un bonjour, parfois une plaisanterie, leur apporte du bonheur dans leur journée. On leur offre de la nourriture, mais aussi un échange humain. »
Tous partagent un certain dégout d’une société portée sur le gaspillage à l’heure où l’urgence sociale commande la sobriété et la solidarité. « C’est révoltant, c’est sûr. On peut le voir comme un problème sans aucun levier dessus. Ou bien on peut le constater et participer à ce genre d’initiatives et avoir un petit impact au jour le jour, semaine par semaine », conçoit Charlotte Flameng.
Face à l’explosion de la demande, la banque alimentaire explore en amont de nouvelles voies pour mettre la main sur des stocks invendus à bas coût. « On doit faire preuve de créativité en travaillant avec des grossistes, en allant chercher l’épicerie que les gens ne vont pas consommer ou en nouant des partenariats avec des corporations qui nous envoient leur inventaire en surplus, explique la présidente Laurie Drake. Ces relations nous permettent d’acheter la nourriture à faible coût, tout en diminuant le gaspillage. »
Au milieu de cette population aux langages multiples, les volontaires tentent de trouver dans leurs rangs la personne qui saura parler la langue recherchée quand l’anglais devient une barrière. Russe, espagnol, portugais… Ici, on est au contact de toutes sortes de langues, y compris le français.
« En ce moment, on voit des Ukrainiens, souvent de jeunes gens qualifiés qui travaillaient dans leur pays d’origine, relate Michael Stewart, la gorge serrée. Ils sont en quête d’emploi en Ontario, alors on essaye de leur donner des conseils pour s’en sortir. C’est déchirant », concède-t-il.
Dans quelques jours, la banque alimentaire déménagera 300 mètres plus loin, au coin de Queen Ouest et Brock. La détresse ordinaire, aussi, fera le déplacement.
Pour ce dernier épisode de notre série Micro & boussole en Saskatchewan, Rachel Crustin quitte Saskatoon pour explorer le hameau fransaskois de Saint-Denis. C’est là que Mario Lepage, alias Ponteix, a passé son enfance. Un grand lot de chansons furent enregistrées là-bas et plusieurs collaborations artistiques y ont fleuri. Mario explore les contrastes entre Montréal et son hameau d’origine, et s’ouvre sur son enfance et ses relations familiales. Rachel voudra-t-elle tout laisser de la vie citadine pour s’établir dans l’étendue saskatchewanaise?
Les proches du Franco-Torontois Gérard Parent lui rendront hommage ce samedi 21 décembre à la Paroisse du Sacré-Cœur de Toronto, lors d’une visitation et d’un service funèbre. Décédé le 10 décembre dernier, l’ex-directeur général des Centres d’accueil Héritage (CAH) aura laissé sa marque dans la francophonie de la Ville Reine.
« C’est quelqu’un qui a travaillé fort, avant et après (son passage comme directeur général), pour améliorer l’accès aux services en français en Ontario », affirme à ONFR l’actuelle directrice générale des CAH, Barbara Ceccarelli.
Gérard Parent a occupé ce poste de 2003 à 2012, guidant l’organisme pendant une décennie marquée par plusieurs changements.
Celle qui le considère comme un mentor affirme qu’il avait une énergie « conviviale » et « solaire ». « Quand je pense à lui, le mot qui me vient est que c’est quelqu’un de rayonnant, avec une grande énergie et une incroyable empathie » envers les clients et le personnel.
Depuis deux ans, il habitait lui-même aux CAH, organisme qui offre des services sociaux et de santé en français aux aînés et aux personnes vulnérables. Malgré un état de santé complexe, Gérard Parent continuait de s’engager comme il le pouvait dans la vie communautaire au sein de la structure.
« Il est parti la tête haute »
— Peter Hominuk, directeur général de l’AFO
Le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk a côtoyé Gérard Parent lorsque ce dernier était coordonnateur des services en français du ministère de la Santé de l’Ontario. Il confirme que l’homme de 71 ans « a toujours travaillé de façon très active et passionnée pour s’assurer que les francophones avaient accès à des services en français. »
Gérard Parent était aussi grandement impliqué auprès du Club Richelieu de Toronto ainsi qu’au Club de l’âge d’or de la Paroisse du Sacré-Cœur.
« On peut dire qu’il est parti la tête haute. Il n’a pas lâché de travailler pour sa communauté jusqu’à la fin, ajoute Peter Hominuk. C’est une perte pour la francophonie. »
Gérard Parent sera enterré au printemps à Iroquois Falls, dans le Nord de l’Ontario.
TORONTO – L’ex-directeur général de TVA Nouvelles et LCN avait quitté ses fonctions le 11 décembre dernier après 14 ans de services au sein du groupe québécois TVA. Il vient d’être nommé, ce mardi, président-directeur général de la chaine franco-ontarienne.
« Je suis fier et honoré de prendre les rênes de TFO, un média ancré dans la jeunesse et dans la production et la diffusion de contenus francophones qui sont uniques sur nos écrans », a déclaré par voie de communiqué M. Brassard-Bédard, qui prendra ses fonctions le 6 janvier prochain.
Journaliste de formation, il a étudié au Collège La Cité et à l’Université d’Ottawa, avant d’entamer sa carrière en tant que rédacteur-réviseur à Ottawa au sein du Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO), à l’époque connu sous le nom de Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (ROPFO).
M. Brassard-Bédard a ensuite travaillé à Radio-Canada durant huit ans, à Ottawa et à Toronto, où il a occupé les postes de recherchiste, réalisateur et chef de pupitre du Téléjournal Ontario.
Par la suite, il a rejoint les équipes du groupe médiatique TVA, au sein duquel il a travaillé près de 14 ans, dont quatre à titre de rédacteur en chef de la salle de nouvelles. Sous sa direction, le média québécois a opéré d’importantes compressions en 2023, mis fin aux bulletins de nouvelles locaux du week-end à Québec au printemps dernier et changé de studios.
Par voie de communiqué ce mardi, il s’est dit « déterminé à renforcer le rôle de TFO dans les années à venir, au service de notre jeunesse et des communautés francophones de l’Ontario ainsi que de celles vivant en situation minoritaire à travers le Canada. »
« L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) se réjouit de collaborer avec M. Brassard-Bédard, qui apporte avec lui près de quinze ans d’expérience en gestion dans le domaine des médias, a réagi son président Fabien Hébert. Son expertise, son leadership et sa connaissance de la réalité franco-ontarienne seront des atouts précieux pour faire rayonner davantage notre communauté. »
La ministre de l’Éducation, Jill Dunlop, a salué cette nomination et souligné le rôle de la chaine franco-ontarienne : « TFO joue un rôle essentiel en contribuant à l’éducation de langue française grâce à des récits créatifs et inspirants. J’ai hâte que nous travaillions ensemble pour favoriser la réussite de tous les élèves francophones. »
« TFO entre dans une nouvelle ère marquée par une industrie médiatique en grande transformation, a pour sa part déclaré Jean Lépine, président du Conseil d’administration de TFO. Le nouveau PDG utilisera sa vaste expérience dans les médias pour guider TFO vers de nouveaux sommets auprès d’un public en évolution. »
Se cuisiner un hamburger à Sudbury ne devrait pas être si compliqué que ça. Sauf s’il doit être halal et sans gluten!Vivre en région éloignée lorsqu’on suit une diète spécialisée vient avec son lot de défis. La journaliste Inès Rebei en sait quelque chose. Depuis qu’elle vit à Sudbury, il n’est pas toujours facile de trouver les aliments halal et sans gluten nécessaires à son alimentation. Dans sa quête pour trouver les ingrédients qu’il lui faut pour préparer un hamburger, Inès part rencontrer d’autres gens qui peinent, comme elle, à bien s’alimenter dans le Nord ontarien, et d’autres qui tentent de faire une différence.
OTTAWA – L’élu libéral de l’Est ontarien Francis Drouin fait partie d’un groupe de députés qui demande que Justin Trudeau démissionne.
« Je pense qu’il doit partir. La démission (de Chrystia Freeland) d’aujourd’hui en est un signe », a affirmé le représentant de Glengarry–Prescott–Russell sur les ondes de CBC en matinée.
Les appels à la démission de Justin Trudeau sont repartis de plus belle lundi matin avec la démission de la ministre des Finances Chrystia Freeland qui citait des désaccords avec le chef libéral pour quitter le cabinet. Cette annonce en matinée est survenue alors que la vice-première ministre aurait dû présenter la mise à jour économique d’automne.
C’est Dominic Leblanc qui sera dorénavant le ministre des Finances après une cérémonie d’assermentation qui a eu lieu à 16 h à Rideau Hall, au même moment où l’énoncé économique était déposé à la Chambre des communes par la Leader du gouvernement en Chambre, Karina Gould.
Le premier ministre s’est adressé à son caucus, réuni en urgence lundi soir où était aussi présente Mme Freeland. La plupart des députés et ministres ont ignoré les questions des journalistes à leur sortie.
« Aujourd’hui, c’était censé être la présentation d’un plan et maintenant nous parlons d’une ministre des Finances qui a démissionné et je ne vois pas comment cela pourrait aider le premier ministre et comment cela peut nous aider à parler des Canadiens », a expliqué Francis Drouin.
Questionné sur si Justin Trudeau devrait quitter, le député de Nickel-Belt Marc Serré a répondu « non » tandis que sa collègue dans Ottawa-Vanier, Mona Fortier a répondu à la même question « qu’on allait avoir une conversation », a-t-elle dit en lien avec une réunion du caucus libéral lundi soir.
« C’est sa décision, moi je me présente (aux prochaines élections) », a lancé la députée franco-ontarienne à ONFR.
« On a du travail à faire », argumente de son côté Marc Serré.
Le député acadien René Arseneault fait aussi partie de ce groupe de députés qui ont demandé à nouveau la démission de Justin Trudeau, après plusieurs appels dans les derniers mois.
« Ce qui se passe aujourd’hui est la chronique d’une mort annoncée, c’était complètement prévisible », a-t-il dit sur les ondes de Radio-Canada Acadie.
Please see my statement on the resignation of Finance Minister Freeland and the Prime Minister's leadership. pic.twitter.com/4KTagjKdEe
À l’instar de Patrick Weiler, le député d’Hamilton Chad Collins est un autre élu libéral qui a partagé que le premier ministre devrait partir tout comme son collègue de la région de Montréal, Anthony Housefather.
« Nous ne sommes pas unis », a d’ailleurs affirmé après la réunion du caucus Chad Collins, alors que son collègue torontois James Maloney affirmait le contraire quelques secondes auparavant.
Tandis que le chef conservateur Pierre Poilievre en appelle à des élections dès que possible, son homologue dans l’opposition, Jagmeet Singh a refusé d’adhérer à cette proposition exigeant simplement la démission de Justin Trudeau.
OTTAWA — Dans sa mise à jour économique d’automne présentée lundi, le gouvernement Trudeau indique qu’il compte utiliser l’intelligence artificielle (IA) de manière « accrue » pour effectuer la traduction dans la fonction publique.
Le gouvernement fédéral entend mener une stratégie dans le but d’augmenter l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein de la fonction publique « afin d’améliorer l’efficience et la prestation des services ».
« Le travail initial sera axé sur les secteurs où l’adoption de l’IA permet le mieux d’améliorer à court terme la qualité et l’efficience des activités du gouvernement, notamment l’utilisation accrue d’outils d’IA en traduction », est-il indiqué dans le document de plus de 300 pages.
Pour ce faire, le Bureau de la traduction sera notamment appelé à décoder le contenu traduit pour « produire des traductions exactes ».
« Le Bureau de la traduction conjugue son expertise linguistique, son savoir-faire technique et son esprit d’innovation pour mettre en place les technologies de traduction et d’interprétation les plus efficaces », précise la mise à jour économique.
Ces mesures feront partie d’une stratégie en matière d’intelligence artificielle, qui sera publiée au printemps prochain. Le fédéral soutient déjà utiliser l’intelligence artificielle pour la traduction, ce qui a « fait tomber les barrières linguistiques et rendu la rédaction et la traduction plus accessibles ».
La mise à jour économique d’automne a été assombrie lundi par la démission de Chrystia Freeland comme ministre des Finances en matinée. Dans une lettre adressée à Justin Trudeau, elle pointe du doigt un « désaccord », notamment sur la façon de dépenser du premier ministre. Elle explique que son désir de « préserver notre capacité fiscale » était incompatible avec la vision du premier ministre.
Le déficit monte à 60 milliards de dollars
En raison de nouvelles dépenses de 21 milliards, le déficit prévu pour 2023-2024 passe de près de 40 milliards à 61,9 milliards de dollars par rapport aux prévisions du budget du printemps dernier. Les 22 milliards de dollars de nouvelles dépenses cette année sont attribuables à près de 16 milliards supplémentaires en lien avec un passif sur les réclamations autochtones ainsi qu’un rajustement pour le soutien lié à la COVID-19 de 4,7 milliards.
Aucun équilibre budgétaire n’est prévu alors que le déficit budgétaire est prévu de se chiffrer à 23 milliards de dollars dans cinq ans, en 2029-2030.
OTTAWA — La ministre des Finances Chrystia Freeland a annoncé qu’elle quittait le cabinet, la même journée où elle se devait de présenter la mise à jour économique d’automne.
Celle qui était aussi la vice-première ministre en a fait l’annonce sur le réseau social X lundi matin dans une lettre adressée au premier ministre Trudeau où elle écorche aussi ce dernier.
« Vendredi dernier, vous m’avez dit que vous ne vouliez plus que je sois votre ministre des Finances et vous m’avez proposé un autre poste au sein du Cabinet. Après y avoir réfléchi, j’ai conclu qu’à mes yeux la seule voie honnête et viable est de démissionner du Cabinet », annonce-t-elle.
Elle indique à Justin Trudeau « qu’en prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible et que je ne possédais plus l’autorité qui l’accompagne ».
See my letter to the Prime Minister below // Veuillez trouver ma lettre au Premier ministre ci-dessous pic.twitter.com/NMMMcXUh7A
Elle explique son départ sur un « désaccord sur la meilleure voie à suivre pour le Canada » entre elle et le premier ministre. Depuis plus d’une semaine, des histoires dans le Globe and Mail faisait référence de tensions entre le bureau de Justin Trudeau et celui de la ministre des Finances, notamment sur les dépenses du gouvernement.
Chrystia Freeland s’était engagé à ce que le déficit ne dépasse pas les 40 milliards de dollars lors du budget du printemps de 2024, mais la semaine dernière, elle a laissé entendre qu’elle ne serait pas capable de respecter cette promesse.
Elle écrit que « le pays est confronté à un grand défi » avec Donald Trump qui menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur le Canada et que « nous devons prendre cette menace au sérieux ». Pour ce faire, elle estime que le gouvernement fédéral doit mieux gérer « notre capacité fiscale aujourd’hui, pour que nous puissions disposer des réserves dont nous pourrions avoir besoin lors d’une guerre tarifaire ».
« Je sais que les Canadiennes et Canadiens reconnaîtraient et respecteraient une telle approche. Ils savent quand nous travaillons pour eux et ils savent quand nous nous concentrons sur nous-mêmes. Il est inévitable que notre mandat au gouvernement prenne fin », indique-t-elle.
« Toutefois, la manière dont nous ferons face à la menace à laquelle notre pays est présentement confronté nous définira pour une génération, et peut-être pour bien plus longtemps », avertit-elle.
« C’est cette conviction qui a motivé mes efforts acharnés cet automne pour gérer nos dépenses de manière à nous donner la flexibilité dont nous aurons besoin pour relever les graves défis présentés par les États-Unis », ajoute-t-elle.
Depuis samedi, plusieurs items comme des vêtements et de la nourriture à emporter sont désormais exemptés de taxe sur les produits et services/taxe de vente harmonisée (TPS/TVH), une mesure qui coutera près de 3 milliards de dollars selon le Directeur parlementaire du budget. Autre mesure annoncée, une promesse d’envoyer un chèque de 250 $ en avril aux travailleurs canadiens gagnant moins de 150 000 $ par année.
Réagissant au départ de Mme Freeland, le chef conservateur Pierre Poilievre a appelé Jagmeet Singh à renverser le gouvernement libéral pour aller en élections dès que possible avant l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
« M. Trudeau devrait déposer la mise à jour économique cette après-midi et permettre un vote ce soir pour permettre à la Chambre des communes de montrer oui ou non si on a la confiance ou si on va aller en élection pour reprendre le contrôle de notre pays », a réclamé le chef conservateur en conférence de presse.
Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre. Crédit image : Stéphane Bédard
Plusieurs ministres démissionnaires
Cette dernière précise dans sa missive qu’elle restera députée dans sa circonscription de Toronto et qu’elle entend se représenter aux prochaines élections. Sa démission suit celle aussi du ministre du Logement Sean Fraser qui a annoncé lui aussi qu’il quitterait le cabinet, suite à un remaniement et qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections, citant des raisons familiales pour expliquer son départ.
Cela fait suite aux départs d’autres ministres depuis l’été de Pablo Rodriguez (Transports), Seamus O’Regan (Travail) et Randy Boissonnault (Emploi et Langues officielles). Filomena Tassi, Marie-Claude Bibeau, Carla Qualtrough et Dan Vandal ont annoncé qu’il ne seront pas candidats aux prochaines élections.
Ottawa doit présenter ce lundi en fin de journée son énoncé économique d’automne en principe, mais au moment de mettre à jour ce texte vers 11 h, l’embargo, prévu à 10 h, n’avait toujours pas été levé pour les journalistes.
Chrystia Freeland est au conseil des ministres depuis 2015, elle qui a occupé les rôles de ministre des Affaires étrangères et jusqu’à 2020. Elle est par la suite nommée ministre des Finances en août 2020. Elle a été élue pour la première fois en 2013 lors d’une élection partielle.
MISSISSAUGA – Réunis autour de Doug Ford ce lundi à Mississauga, les 12 autres premiers ministres provinciaux et territoriaux du Canada ont affiché un « front uni » face à la menace de tarifs douaniers américains à hauteur de 25 % au Canada.
Parmi les questions et thèmes discutés, il a été question de sécurité énergétique, de soins de santé et de relations canado-américaines, relatives à l’annonce du Donald Trump d’imposer une taxation de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada.
En conférence de presse cet après-midi, le premier ministre ontarien et président du Conseil de la fédération, Doug Ford, a ensuite annoncé que les premiers ministres du Canada feraient front uni malgré le « chaos à Ottawa », qualifiant la situation d’instable au fédéral, après la démission de la ministre de finances Chrystia Freeland.
Une volonté de prise de décisions basées sur des consensus concernant le commerce, la sécurité des frontières et de l’Arctique et les relations Canada-États-Unis.
« Jusqu’au 20 janvier quand Trump sera assermenté, nous allons rester unis et travailler ensemble. Il y aura beaucoup de forces de notre côté lorsqu’on négociera. Les seules personnes qui pâtiraient d’un manque de collaboration seraient les Canadiens et les Américains et qui serait le grand gagnant? La Chine et ses produits bon marché », a-t-il déploré.
La première ministre de l’Alberta Danielle Smith d’ajouter : « Notre énergie canadienne va rendre les prix moins couteux. Chaque province a des forces à avancer sur la table, minerais spéciaux et ressources naturelles. Voici les types d’arguments que nous allons avancer. »
« Il y a encore des problèmes à la frontière. Il faut investir de l’argent et des ressources humaines. Ça devrait être notre seule priorité »
— François Legault, premier ministre du Québec
Les premiers ministres exhortent également le gouvernement fédéral à accélérer l’atteinte de la cible fixée par l’OTAN de 2 % du PIB pour les dépenses en défense, en lien avec les infrastructures stratégiques et les implications plus larges pour le partenariat économique et de sécurité du Canada avec les États-Unis.
Les premiers ministres ont discuté de l’engagement du premier ministre fédéral quant à présenter un plan complet pour la sécurité frontalière, qui doit inclure les ressources humaines et financières supplémentaires et nécessaires.
« Notre priorité devrait être de s’assurer que nous avons réglé ce problème. Il (Donald Trump) a été clair, si vous ne traitez pas le problème des frontières, j’imposerai ce tarif de 25 %. Il y a encore des problèmes frontaliers c’est certain et il faut investir, ça devrait être notre seule priorité », a tranché François Legault, le premier ministre du Québec.
Un argument appuyé par Doug Ford qui évoque la nécessité d’appuyer la GRC pour sécuriser la frontière, ajoutant que c’est la responsabilité du gouvernement fédéral.
Les discussions entre les premiers ministres se poursuivront jusqu’au 20 janvier et le Conseil de la fédération se rendra à Washington en février « en vue de consolider encore davantage l’établissement de partenariats solides avec les États-Unis ».
L’ombre de l’arrivée au pouvoir de Trump aux États-Unis
À l’origine de cette menace, l’exigence de Trump que le Canada et le Mexique renforcent leurs frontières contre le flux migratoire illégal et le passage de drogues telles que le fentanyl.
Si de tels tarifs entraient en application, Doug Ford avait dèjà évoqué en plusieurs pistes de réplique comme couper les exportations d’électricité de l’Ontario ou encore imposer des frais douaniers sur le bourbon américain, une approche qui n’est pas partagée par d’autres provinces telles que le Québec ou l’Alberta.
Fin novembre, juste après l’annonce du président élu Donal Trump, les premiers ministres s’étaient réunis virtuellement avec le premier ministre canadien Justin Trudeau. Celui-ci avait appelé à l’unité entre les provinces et territoires pour faire front commun dans les négociations.
« Avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux États-Unis, cela n’a jamais été aussi important que les premiers ministres du Canada travaillent ensemble pour protéger les emplois canadiens et développer des partenariats plus solides des deux côtés de la frontière », a ainsi déclaré le premier ministre ontarien comme mot d’ordre des rencontres du Conseil de la fédération.
BRAMPTON – Le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) a officialisé ce jeudi l’ouverture d’un nouveau bureau à Brampton. Il s’agit du douzième point de service du CFGT, et du deuxième dans la région de Peel. Il vient compléter celui de Mississauga afin de répondre à la demande croissante des francophones de la ville.
Estelle Courty Duchon, présidente-directrice générale du CFGT, a coupé le ruban et inauguré cette antenne située au 60, rue Queen Est, au centre-ville de Brampton. Pour elle, cette ouverture représente un accès facilité aux services pour la communauté.
« C’est vraiment ça notre objectif, a-t-elle confié : faciliter la vie des gens pour qu’ils puissent accéder à des services près de chez eux. Dans la région de Peel, on a un bureau à Mississauga, et les gens nous disaient que ça prend une heure, deux heures parfois, juste pour faire le trajet. Ça n’a pas l’air long à vol d’oiseau, mais une fois dans sa voiture ou dans les transports en commun…
« On entendait un de nos clients tout à l’heure qui parlait de se déplacer avec trois jeunes enfants. Imaginez une ou deux heures de trajet pour, parfois, un rendez-vous qui dure une demi-heure. Ça ne fonctionne pas pour la plupart des gens. »
Le bureau du Centre francophone se trouve au sous-sol du bâtiment nommé « The Mill » dans l’unité L12. Photo : Mickael Laviolle/ONFR
Ce client, c’est Isidore Mbaga Manga. Arrivé du Cameroun il y a moins de deux mois, il a choisi de s’installer à Brampton avec sa femme et ses trois enfants car c’est une ville proche de l’aéroport. Venu au Canada pour travailler comme graphiste, il a bénéficié de l’aide du Centre francophone. Il illustre bien cet objectif de proximité décrit par Mme Courty Duchon.
« Le fait que le Centre francophone soit accessible à Brampton m’a permis de raccourcir mon trajet. Prendre le bus avec les enfants, c’est compliqué. J’en ai trois, donc forcément, au bout d’un moment, quand il faut changer de ligne, c’est un peu difficile. Ici, à Brampton, je prends un seul bus, je descends, et je fais le reste à pied. C’est beaucoup mieux pour nous en tant que famille, pour mieux nous organiser. Avoir accès à ce genre de services près de chez nous, c’est vraiment une bénédiction. »
Une population francophone croissante
L’ouverture de ce bureau répond à deux critères principaux : la croissance de la population francophone à Brampton, et les demandes directes des clients du CFGT, comme l’a expliqué Mme Courty Duchon.
Le CFDG a reçun un certificat de reconnaissance des mains de la représentante de la ville de Brampton. Photo : Mickael Laviolle
Lors du recensement de 2021, Brampton comptait plus de 9 275 résidents francophones, tandis que la région de Peel dans son ensemble en comptait environ 14 800. Des chiffres qui, selon les estimations, seraient encore plus élevés aujourd’hui.
« On espère être capables de servir peut-être 500 à 1 000 personnes par année, ici à Brampton », explique la PDG.
La demande pour des services francophones dans cette région n’est pas nouvelle. Elle était déjà inscrite dans le plan stratégique 2020-2025 de l’organisme. Cependant, le financement nécessaire pour concrétiser ce projet a été obtenu seulement en 2024, grâce à la région de Peel.
« On s’était dit que le jour où on serait capables de le faire – grâce à un financement – on le ferait, parce qu’on savait que le besoin était criant. »
Un système de rotation des services
Le centre offre quatre types de services : l’accueil des nouveaux arrivants, l’assistance en matière de logement, l’aide à l’emploi et le soutien juridique. Tous ces services sont disponibles dans ses trois bureaux, selon un système de rotation.
« L’ensemble des services sont demandés. On commence avec ce qu’on est capables d’offrir sur une base de rotation. Par exemple, on propose des services d’établissement, des services juridiques, et de l’aide pour le logement, détaille Mme Courty Duchon. Le logement, c’est une problématique majeure. Je pense que n’importe qui vivant dans la région du Grand Toronto sait de quoi je parle : c’est l’enfer!
Pour les services de santé, c’est plus complexe. Nous aimerions, un jour, ouvrir une clinique de soins primaires, mais cela nécessite des investissements particuliers. Aujourd’hui, ce n’est pas possible sans la structure appropriée. »
En plus des services d’aide reçus, Isidore Mbaga Manga a souligné le côté humain du CFGT. Photo : Mickael Laviolle/ONFR
Avant même l’ouverture officielle, Isidore Mbaga Manga avait déjà profité des services du nouveau bureau de Brampton.
« Le Centre francophone m’a aidé principalement pour l’emploi. Ils m’ont orienté vers plusieurs séances de recrutement avec des employeurs locaux. Quand on arrive en tant qu’immigrant, on ne pense pas forcément à réaliser son métier de rêve immédiatement. Il faut d’abord trouver un travail pour subvenir aux besoins, acheter une voiture, par exemple.
Ils m’ont aussi aidé sur le plan familial. Ma femme, qui ne parlait pas bien anglais, participe à des séances de discussion en anglais tous les samedis, ce qui l’aide beaucoup. »
Pour Estelle Courty Duchon, un aspect clé de l’expansion des services du CFGT est la collaboration avec les partenaires locaux.
« C’est important de comprendre qu’une organisation ne peut pas tout offrir. Nous proposons des services essentiels à la communauté, mais nos partenaires jouent un rôle tout aussi crucial. Notre mission, c’est de créer ces connexions pour répondre aux besoins des francophones. »
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